FRANCK LOZAC'H





FLORILEGE




PRINCIPAUX OUVRAGES

 

1978 L'huile fraîche - Le germe et la semence -Parfums d'apaisement - Le sac et la cendre -

Le buis et le houx

1979 Le moût et le froment - Le manuscrit inachevé - Le croît et la portée -

La racine et la source

1980 Collages - Louanges du feu - Losanges - Isabelle (roman) - Les Interdits - Les oubliés

1981 Poïétique -Exil - Phrases - Prières - Ombres bleues - Sachet d’herbes

1982 Douleurs extrêmes - Sueurs sacrées - La reine Astride (théâtre érotique)

1983 Le livre blanc

1984 La mort du prince (théâtre) - Alexandre (tragédie) - Les sonnets

1985 Camille et Lucille (théâtre)

1986 La pute (théâtre)

1987-1992 Traduction de la Bible en alexandrins

1991-1992 Traduction du Coran en alexandrins

1993 Traduction de l'Enéïde en alexandrins (en préparation)

1993 Traduction des Ecrits Intertestamentaires en alexandrins

(Tomes IV de la Bible, collection Pléiade) - en préparation)

1993 Souffles nouveaux I

1994 - Traduction d'Andromaque d'Euripide - Traduction de Phèdre, de Sénèque

1995 Traduction d'Iphigénie d'Euripide - Traduction de l'Orestie d'Eschyle

Souffles nouveaux II - Grappillages

1995 Messages I - II - III - L’acte poétique

1996 Messages IV - V - VI - Eléments de réflexion

1997 Résonances I - II - III

1978 - 97 Journal

1990-94 Psaumes (Religion) - Sourates (Religion) - Pseudo-Isaïe (Religion) - Pseudo-Jérémie
(Religion) - Proverbes-Fragments (Religion)

Anthologies :

1993 Florilège

1996 Le Livre des sonnets - Morceaux choisis I - II - III

1997 Morceaux choisis IV - V

1978 - 97 Textes érotiques

 

 

 

FLORILEGE

 

Avertissement

 

Il m'a été demandé, voilà déjà quelques années par un rigoureux directeur de revue, de proposer une restriction d'oeuvre représentative de ce qu'il m'avait été permis de produire.

Je considérais l'exercice d'une difficulté extrême me sachant incapable d'être un réel critique de ma propre personne. Ce que je prétendais mériter quelque intérêt me semblait deux semaines plus tard dépourvu de tout contenu.

Je voyais plus encore une aberration à concevoir cet exercice devant la faible quantité de pages proposées. Comment réduire 200 000 vers en trente ou quarante feuilles ? Cela me paraissait impossible.

Je m'y suis toutefois essayé ou astreint par jeu de l'esprit. J'espère sincèrement que ce petit florilège qui n'a certes pas de vertu pédagogique aura l'avantage de divertir un peu le lecteur ou de le charmer quelques instants.

L'huile fraîche

A ma dormeuse

Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,

Respirer en ton corps le doux parfum des songes

Ni déplacer mon coeur sur tes seins endurcis

Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.

J'espère sur cette bouche inventer un amour

Puissant et immortel que tu composeras.

Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour

Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !

Qu'importe les espoirs de nos mains en détresse,

Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !

Je demande plus fort que houle et que tendresse,

Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.

Car de son pur cristal où le génie descend

Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.

A Sandrine

Repose sur ce sein que la paresse offense,

Et brûle en ma raison tes prochaines fumées.

De mon ravissement, embrasse mes carences

Qui s'imposent sur ma joue frappée et profanée.

Alors pour ta liqueur, bois le fruit des délices

Et organise un songe où tu reposeras

Qu'importe, vraie beauté, les mouvements factices,

Car l'appel de ta chair me redemandera.

Ah ! courir sur les flots antiques de lumière !

Qu'une étincelle éclaire et chante tes fureurs !

A l'ombre du platane, je te vois, tu es fière ! ...

Parée de tes bijoux, de parfums délicats,

Tu conçois des étoiles pour orner mes lueurs,

Adorable beauté que j'aime, et qu'il brusqua !

L'huile fraîche

Au soleil, je m'avance

Au soleil, je m'avance par ce brûlant servage,

Et l'ombre accoutumée à ma face soumise

M'emporte là, tout près de toi, jusqu'au rivage.

Mais ta substance aimée est déjà compromise !...

Que n'entends-je se plaindre ton rayon si brutal ?

Est-ce la masse étonnante de son puissant métal ?

A mes yeux tant cernés, l'étonnement est doux ...

Prolonge en ma fraîcheur de longues accalmies !

De l'embellie si vive, le regard flambant neuf

Consume les pensées obscures de ma nuit !...

J'accours sur ta mémoire rappeler en ton heure

Ces somnolences rêvées et ces voix enivrantes,

L'heureuse cérémonie sertie de ses candeurs

Qui forte du miroir, fait ma lèvre tremblante ! ..

Pour l'ombre de toi-même

Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? Toi, tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton génie propice !...

Lourd amas de vertus tournoyants dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !

Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de l'odieuse voilure,

Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !

L'huile fraîche

A Arthur Rimbaud

Il retiendra son souffle

Il retiendra son souffle, car lui ailé même dans les retombées de ses pluies, s'élève inlassablement. Il sonde les déluges, les tempêtes et les vents, et sous les vertes mers s'étalent les bruissements de ses eaux nouvelles.

Il confondra les cieux d'ocre, les horizons de l'amour, les vagues et les cataclysmes. Même dans la topaze de ses yeux, renaîtra l'éveil de l'enfance heureuse.

Au chant du golfe blanc, le visage de la vierge embrassera l'énergique appel du carillon du matin. Pour l'assaut de la nuit, circuleront les nuptiales rumeurs des astres étoilés. Et dans les miroitements des nébuleuses dorées, l'automne resplendira pour sa fatigue et sa langueur promises.

L'évasive multitude parmi les vapeurs brumes, bouche ouverte, lèche déjà les montagnes du printemps qui peintes aux couleurs de la lave mauve, trempent leur duvet de soie dans les lacs glacés.

L'empreinte diluée de son pas neigeux, et sa robe incrustée de minuscules diamants enveloppent le rivage de bronze et les couches de l'aurore.

Il détiendra la clé et du rêve et de l'instant de l'homme car lui seul est ange et poète ressuscités.

 

L'huile fraîche

Il brillait dans les yeux

Il brillait dans les yeux de ce rêveur ailé de lentes courses comme les fraîches vapeurs matinales se levaient dans les rayons à la teinture pastel.

Dans les sous-bois où la fleur suave abandonne un parfum printanier, ses souliers faisaient craquer les petites branches mortes. Et quand il eût franchi le vallon - le vallon de mousse - ses pas accompagnèrent l'écho lointain.

L'exil s'essayait à de folles transhumances, les fureurs s'enivraient de futiles préciosités et le jour descendait plus calme encore sur l'horizon limpide.

Il baignait et entourait son coeur de mélancolie. Son joug condamna d'admirables complaintes. Ses regards enflammés par un esprit malin changèrent en haine toute chose vécue.

Il but de ces liqueurs aigres et frelatées et transperça avec des aiguilles remplies de venin la face humainement désespérante.

 

L'huile fraîche

Il aurait voulu

Il aurait voulu des courses folles - démesurément folles - à travers la campagne, jouir des dernières chaleurs d'un automne avancé et marcher à la recherche d'espoirs perdus.

Il prévoyait dans toute sa candeur de fulgurantes et intensives excitations de l'âme, des sortes d'images transformées pourtant réelles suivant les lois internes de son esprit, suivant des pensées brutes tirées de son imaginaire.

Etaient-ce des rêves éveillés où le réel cotoie l'indécis, où l'excès est maître de ses interdits ? Une liberté d'action parfaite dans le miroir de sa jeunesse !

Une pierre jetée ricoche dans l'eau morne d'un bras de rivière et la lumière questionne le présent et son temporel.

Ce sont des vols d'étourneaux battant de l'aile, craintifs de la froidure. Ce sont des montagnes lointaines qui dansent là-bas. Puis la femme, belle et sensuelle qu'un espoir de conquête embrasse.

La magie est à répéter.

 

Il est un minuit

Il est un minuit qui se perd et que tu enjambes malgré toi. Certaines concordances dissidentes naissent du coffre des ombres. Des feuillées d'abeilles tourbillonnent par delà les minuits dans les grands regrets du mécanisme. Les tapis d'or placés sur les dômes d'azur ne sont que des succursales initiatrices de notre inconnu.

Léger comme l'envol virevoltant sur des incendies fraîchis, l'ange plonge dans les gaz et les étoffes et les mousselines argentées.

L'horloge teinte les douze doigts de la présente année et semblable aux modulations des cloches à venir, évade des sonorités comme l'Angélus ou la métamorphose du soir.

L'huile fraîche

Rien ne détruira

Rien ne détruira les frayeurs promises à son front si clair. Ni souffle ni violence n'épancheront de fièvres froides les douleurs de ses plaintes.

Il vit solitaire, et immortel, caché dans sa retraite au fond des bois. Il dort d'un sommeil paisible ou contemple la nuit les grands champs alentours.

Encensez la sagesse de son coeur ! Embrassez son calme mortel ! Ce sont ces bouches qui vous parlent, écoutez-le !

On se joue de lui pour un écrin de perles ? Qu'importe ! Personne n'admirera le diadème qui l'habite. Son secret divinement gardé sera seulement dévoilé au maître des lieux.

 

Il faut savoir

Il faut savoir que les perceptions n'étaient que des chuchotements indistincts, - Efforts, appels, supplications - Rien ! De vagues lueurs s'évadaient parfois sur les tempes comme de lentes lumières attirées par un miroir éclairaient une face promise au réel.

Des mois d'attente, des incendies soufflés par une brise légère, et des orchestres si mal dirigés comme dans les squares d'un Thabor ancien. O feux sauvages, ô complainte de toujours, je me souviendrai...

 

L'huile fraîche

Que le délassement

Que le délassement assombrisse les pensées élevées ! Que l'or battu parmi les treilles inonde les pages de transparence ! Que l'orgueil envoûté par un maléfice inhumain use de troublantes paroles en ces décennies de perdition ! O qu'une transfusion de sang neuf comme une gerbe d'allégresse emplisse mes veines !

Le passage étroit pour deux âmes accède aux caves de la déportation. Il nous faut être biens nés dans la solitude, - là est la dernière image de l'amour ! Vies de l'âme, ingratitude des râles, la volupté est bénie encore. La volupté contemple le monde. Elle va, elle vient et s'étonne dans les profondeurs du moi.

Stupide à noircir la feuille, dit l'ancien. Heureux présage de l'enfant, dit l'adulte. Déferlement animal, dit le sage.

A la cloche d'ivoire

A la cloche d'ivoire, comme drapé de mélancolies diverses, il hume les survivances alentour éteintes. Par le jeu des syllabes, le grand précipice offre des chaleurs à ses dépravations intimes. Son masque d'argent se désagrège petit à petit.

De l'éternelle et souffreteuse anecdote, on assure l'infini des jouissances. On promet un réel sublime que le sauvage doit faire naître en sa demeure. On détruit la rareté d'une force distincte ...

Immuable soir qui s'égare sous des nuées honteuses. Un coeur voué à la solitude sensuelle, use de tentations et fait de l'être impur un mémorable délice en ce jardin de terre.

 

L'huile fraîche

O solitude morne

O solitude morne et plate qui envahit l'être d'admirables torpeurs ! Jadis tu m'étais inconnue ... Pas un souffle de faiblesse pour respirer le calme mortuaire, la langueur et le déroulement infini du temps.

Comme je soupèse le bonheur de l'homme seul, sa survivance profonde dans l'âme insondable !... J'interviens posément, et goûte le luxe de la répartie. Je laisse confusément comme un monotone fleuve dans le cours de ses eaux, la folie sereine s'emporter vers des paysages perdus.

En amont, une source pure et claire que des montagnes chérissent avec tendresse. En aval, la beauté majestueuse, l'épanouissement de la pensée.

Eaux calmes, quand le silence règne en moi, comme je voudrais pour toujours m'endormir ...

Le germe et la semence

De royales prophéties

De royales prophéties que l'on distingue à peine,

Qui s'entassent lugubres dans de noires floraisons,

Des serpentins d'extase sur des lits étouffés,

Quand le doute remplit les profondeurs de l'âme.

C'est un nuage superbe décrivant un combat

Qui regagne les airs avec son Moi auguste,

Trop d'étonnantes syllabes mâchées et décriées

Que l'oracle ne peut contenir en un souffle.

Mais gracieux ou démis, vibrant ses souvenirs

Taché de fourberies, envieux de grandeurs

Tout ce joug est puissant avec ces malices.

Sont-ce des guerres ? Non, jamais. Des traces de l'ophelie

Fait par ces jeux incompris, des soleils de la terre,

Ou d'immenses farandoles, des hymnes de jouissances !

Ah ! vaincu, amoindri par des forces pesantes,

Ivre de lassitudes, et respirant les nuits

Jonglant sur les sentences de ce Dieu malveillant

C'est l'espoir qui décline vers des villes retrouvées

Sur des cités sans vie, pourtant monumentales !

Subirai-je des frissons, de blanches apothéoses,

Une espérance vaine pour ce feu déloyal ?

L'adulte se détourne en pleurant sur son rêve,

Et le voilà soumis à son cristal de gloire,

L'adulte se détourne pleurant sa survivance.

 

Le germe et la semence

D'un soupir ancien

D'un soupir ancien naît l'indifférente gloire

Qui éclaire de l'ennui le plus pur diadème

D'hier. (On prétendrait mourir en ma mémoire

Un or épais et ocre dispendieux à l'extrême ...)

Fustigé à l'écart, éloigné des disciples,

Je l'entends battre inexorablement en moi ! ...

Vaste écrin d'amertume aux facettes multiples,

Il fuit, meurt avorté sans l'ombre d'un émoi !...

Mais que demain traînant son horrible fardeau,

Pour l'éveil purifié resplendisse son nom !

Peut-être testament au bas autel des maux ...

O le soleil de chair contemplant un vain drame,

Idole de toi-même marqué à l'unisson,

Seras-tu des substances faire couler une larme ?

Venise

Et dans ce lieu fétide où dorment des gondoles,

L'eau morne et transparente fut raison de soupirs.

O sanglots répétés et si mouvantes violes,

Contre un ciel de grisailles qui semblait s'obscurcir.

De tendres barques glissaient sur l'étendue. Nos rêves

Profonds comme l'amour s'inclinaient lentement,

Et penchaient plus encore par la brise qui soulève,

Tremblaient, espoirs perdus, bercés au gré du temps.

Et toi, ô calme soeur, tu chantais ma faiblesse

Lorsqu'un vol de corbeaux foudroya le vrai ciel.

Pour noircir les souffrances d'une odieuse paresse,

Je vis dans tes yeux clairs les rayons d'un soleil,

D'un soleil pâlissant, or, rouge et fatigué

Qui semblait se mourir à l'orée de tes yeux.

J'y trouvais un déluge de larmes délaissées

Croyant à l'avenir de nos étés heureux.

Le germe et la semence

Cérémonial

Grâce ! Voici venus les ans

Où teignant ta chevelure,

Je fis tomber suivant

L'éclat doré de ta parure,

Le cor fini, l'onde d'argent.

Et vaincu des découvertes,

Alignées contre l'effort vacant,

Fussent gloires très offertes ?

Nenni ! Par le plomb infusé,

Couleurs royales de l'ennui,

Pour le coeur, aux pieds jetés

Rempart dans cette froidure,

C'était ! Eté engourdi,

Casque sacré et impurs !

Du démoniaque héros

Du démoniaque héros

Naquit qu'enfin je pleure

Dégustant l'outrance d'un tombeau

En signe d'éternelle demeure,

Que je sais séraphin parfois résigné

Est ombre de pales roses et ombre encore.

Au minuit du pétale déployé

Tel aspergeant le langoureux soupir,

Viole d'une flore ou violon ahuri !

Dégage le parfum désirable et détruit :

Au vase résigné tombent fleurs et jasmins

Que son sanglot transportait un matin !

Le germe et la semence

Miroir

Accroché à des vasques d'or

Un divin dont j'ignore le prix,

S'émoustille dans de blanches flores

A l'ombre d'un mets obscurci.

Et il obtient la floraison

Des pousses claires bercées au vent !

Rutile, ô belle pâmoison,

Car ton disciple déjà t'attend !

En l'heure aimée pourtant tu dors

Là dans mes bras, à l'infini !...

Et la subtile pensée d'éclore

Va, se dissipe sans bruissement!...

Elève donc son pur ami,

Au jeune jour encore tremblant !

Dédiant à la plus haute voix

Dédiant à la plus haute voix,

Rêve du cristal fort ancien,

Je promis quand du macabre émoi,

S'estompa l'or saigné qui fut tien.

Quiconque s'il doit briller d'une faux

Où le givre blanchit comme l'espoir

Vrai taira le fustigeant tombeau

Que de bercer l'affreux nonchaloir.

J'obscurcis. Pourtant l'âme transformée

Pleure nuitamment l'ocre souvenir !

Si ce n'est satin pour son plaisir,

Corrompu au vieux grimoire posé,

De cela vivifiant de soupirs,

Ce vent excédé se sent souffrir.

Le germe et la semence

Hanté et songeur

Hanté et songeur d'une tenture nue

Dont l'orgueil s'extasie encore

Se vit crouler ou qu'il s'exténue

Par maints rêves, un légitime remords.

Apparue et défaite telle en chevelure

Qui en ses âges parfois m'envahit,

Acclamée de soi-même en voilures,

O miroir jadis dans son minuit.

Vagabonde à la mémoire de l'oeil

Comme de mousseline sertie au passage

Pareillement au drame parfumé du deuil

S'éloigna à jamais du mince paysage.

Volée aux traces

Volée aux traces de l'espérance,

Par le suicide à effleurer,

S'en vient la décisive complainte,

Reflet de pourpre et incendiée.

Pour son fatal qu'il tue le jour !

L'esprit est vain de conviction

Un chant d'amour ensanglanté,

Le luxe pur de sa raison.

Sur la source tarie, c'est l'heure

De vaincre l'histoire, nul ne sait,

Du dénouement furieux, demeure,

L'emblème visqueux pendu du mort.

Cette croulante fin dont dépend

La destinée est celle du corps.

Le moût et le froment

Fraîcheurs spirituelles

Fraîcheurs spirituelles qui vagabondent à l'orée des moissons, envolées légères qui s'élèvent vers les cieux cristallins ! Jeune homme aux épaules solides, va et porte tes fruits sur les terres purifiées. Laisse l'insouciance et la rancune sur le seuil de ta porte. Là-bas les routes courbées et cahotantes déambulent. Mais l'effroi et la crainte unis et passionnés te font languir.

Je te préviens, ton orgueil doit me suivre. Moi, j'obscurcis tes secrets, je conjugue l'inertie, la force de tes vingt ans ! C'est le devoir aujourd'hui maudit, le bonheur de demain ! Toutes les voix de la délivrance mystifient le Temple court des repentirs. Toutes les traces des confrères sont à oublier. Il ne reste qu'une femme sensible qui indique la route à suivre ...

... Sueurs qui transpirent déjà par mes veines ! Et meurtres de l'enfance que j'ai abandonnés ! Eterniser son malheur est raison du pauvre ! La magnifique satisfaction de l'enjeu ! O l'immense succès que le temps saura apprécier !

... "Le fruit qui savamment a mûri, n'est point cueilli ? Doit-il pourrir dans la terre déjà grasse, dans la terre si féconde ? C'était un jus fraîchi pour les haleines assoiffées ..."

Ta vorace solitude grossit dans les bras d'un égoïste. L'aigreur se transforme en haine, et maudit toutes les facilités acquises par l'ordre des destinées, des forces présentes en ton esprit !

Que ton souffle enterré s'émeuve de chocs funèbres ! O justice de demain ! Et cette inexpérience, ce départ trop rapide seraient-ils les raisons des lugubres échecs ? Les précipitations d'une jeunesse impétueuse seraient-elles les principes de ces constantes erreurs ?

Le moût et le froment

L'éruption

L'éruption ainsi métamorphosée libère ses fruits. Les feux règnent sous les clartés blanchâtres, et de larges fumées roulent sur des cieux neigeux. Plus loin, les chocs des tonnerres, l'éclair et sa foudre tombent sur des laves encore incandescentes. Les traînées sanglantes, troupeau incessant, mordent la terre lavée, brûlent l'herbe tannée.

Elle gonfle les volcans de braises, épuise les soufres qu'elle respire. Elle remplit les tranchées, les gorges luxuriantes, comme elle monte des sommets, avec des chaînes d'esclaves et des bruits immortels ! Des vengeances de Dieux, et comme des drames humains les pleurs dévastateurs de nos pensées divines !

Les torrents de chaleur frôlent les bouches. L'impénétrable venin circule dans les ombres finies. Lorsque les mensonges éclatent, les airs soulevés, les bourrasques de mots répercutent les frayeurs.

Ainsi ai-je vu

Ainsi ai-je vu de lourds chevaux traîner de superbes cohortes de sel. C'était au sortir du rêve. Oisive, entretenue par la fatigue du matin, l'imagination jouit, reine du lieu de la chambre. Elle conduit le repos jusqu'aux ports de l'inconnu. Encore du drôle peuplé de romantisme, des croissants de bonheurs comme des étapes successives. Elle égrène sa course puisque le sommeil gagne et condamne les premières heures du levée ! Quand je distribue les rôles de chacun, par de mesquines allusions, je les sais composer l'image sacrée et transformer à leur goût les règles de mon propre jeu.

Silence, distorsions comme des cambrures sur de planes figures, puis des mouvements cycliques dans des bourrasques d'eaux pleines : Elle se plaît avec l'impossible, rit de ses nombreuses découvertes. Amie de l'absolu, du négatif, femme ou démoniaque Circé qui est-elle ?

Le moût et le froment

Il a perdu les esplanades

Il a perdu les esplanades enlacées sous les sourires de guerres et les charmes frileux. Et les baisers brûlants comme des soupirs florentins liquéfient les pâles signatures d'un demain. Il avait aimé les fibres mauves ouvertes aux pétales des insouciances, et bleus les esprits respiraient lentement. Sur des bouches, l'haleine chaude avec des satins de bonheur frôlaient les tendres silences et les neiges aussi. Comme abaissées, des pentes multiformes ivres et libres, et c'étaient des duvets pour des brises raréfiées. Les pas tremblaient sur les couleurs, mais les spacieuses plaies contaient les délices de l'air. Plus loin transposée dans des courbes, une pluie fine de battements montaient vers des éclairs heureux.

Un jour la fluidité éloigna petit à petit l'étincelle verdoyante des fusions lourdes. Parfaite dans sa rondeur, elle dansait sur les fils bleutés de la vie et plongeait dans les intimités avares des silences. Contre les ailes d'or, les feuillages fondaient leurs écumes et leurs chaudes toisons. Les boutons de soie sous des sommeils de plaisirs ont soufflé les hymnes de froidures. Maintenant invitée pour les complaintes et les cris de l'enfance, elle laisse un à un les étés fuir dans les chaleurs boréales.

 

Les filigranes et les miroirs

Les filigranes et les miroirs réapparaissent trempés d'images troublées, et les frissons vieillissent les ombres de la nuit. Les jardins puis les miracles tombent et meurent sous les délectables souffles. Les fileuses consument les grâces sublimes des instants. Dans sa blancheur, elle épuise les plaies pensantes.

Le songe s'épuise et l'espoir s'ennuie. Bouleversée roulant parmi les meurtres de ses ombres, épousera-t-elle l'effet des voix entendues ou s'écroulera-t-elle sous le poids de ses faiblesses ? De nombres soulèvent déjà les passives déclarations et les chants règnent sur l'or défini.

Le moût et le froment

 

A part l'explication cosmique

A part l'explication cosmique, son poète reste un incompris. Sa plume enchante les symphonies. L'effort de minuit entreprend de faire le point sur le Beau. Il repart sans musique en vrai poète. Il se replie dans son corps vers d'autres noctambules.

Vibrant de ses cordes vocales mais écouté dans ses solitudes. Bras tendus aux portes des caves. A toucher de la main les sources de la jeunesse.

Soude-t-il les dégagements des eaux baignées dans la tourmente ? Le vol des airs suspendus à l'aile noire ? Terre plate recouverte de laves refroidies. Des flammes semblaient descendre ... Volcan !

Ce temps n'a de durée que pour le jeune homme. Fini son amalgame de chances, il rentre dans son Néant. Fleurs odorantes, pétales chagrinées, où vont les feuilles qui volent ? Dans l'Espace soulevé et tendu de son génie. Mais à choisir qu'il m'aurait plu de boire la mare sous les vents endiablés ! Couché sur les terres, de manger de cette boue comme un soleil. D'y lire les vols pour tout mois. Puis de chanter les rêves, sueurs des lits, baignés aux cris des fois anciennes.

Des espoirs vagabonds ruisselaient dans des libertés. Un vin de couleur remplaçait les jeux. Animalier, ce tour de force me prit aux poignets. Grâce aux vieux on prêche pour se bagarrer à la surprise des sales découvertes !

Et le coeur lutte contre les yeux, contre les sons qui roulent pupilles et corps dans leur immensité chaotique. Equilibrer les battements de mon bonheur !

Si un vent soufflant vient à mourir entre deux focs, comment son bonheur sera-t-il certain ?

Un dernier regard vers les astres aimés. Quelle réponse me témoignera plaisirs ou danses ? Hélas mon nom est piqué sur la page blanche.

Le moût et le froment

Un champ visuel

Un champ visuel limité que des murs blancs barricadent, et le poète assoiffé de mystères attend impassible et résigné sa mort. Il pensait à une intelligence supérieure, digne de sa forte condition. Il n'eut que rires et ricanements, et murmures aussi. Neuf mois se déroulèrent ainsi dans la bêtise et dans des brouillards de bruits.

Etroitement invincibles ces forces ne sont que le jouet de ma propre imagination, - à mes dépens. Je ne faisais pas courir la page sous des abords douteux, je ne faisais pas voler des ailes frottées à l'air de la nuit.

Des brumes lourdes et des ténèbres de pus noyaient des femmes et des êtres ensanglantés. A peine éclatés, à peine démis ces tares, ces déchets humains venaient se frotter à ma personne.

Putréfaction horribles, débris de chair ! Là des visages teigneux prétendaient s'imbiber de gloire. Marche sur ton corps car il est pourriture encore !

 

Ont-ils tué l'or

Ont-ils tué l'or d'une alchimie verbale ? Les puissants instincts ne parlent plus. Ils tombent dans les feux de l'absence. Il reste un vide immense où même les interrogations ne résonnent plus.

La faute est en moi-même. La voix était ailleurs. Les silences prouvent que je me suis trompé. En dilapidant la source de l'espoir, tu as voulu vivre une aventure impossible. Ta faiblesse véritable, c'était la vanité dans un travail bâclé. La passive insouciance est ta plainte fatale.

Mais ce renoncement pour ces erreurs pénibles, doit-il faire oublier les instants de bonheur et les grandeurs d'une rébellion enfantine ?

Le moût et le froment

Ce n'est plus une idée

Ce n'est plus une idée simple et compréhensive en peu de temps qui est ainsi exprimée, mais les caractères mêmes de la pensée qui sont explorés avec toute l'attention nécessaire. A moins qu'il faille envisager l'analyse avec plus de discernement, avec une rigueur incisive et efficace telle que personne encore n'avait osé s'y astreindre.

Pourquoi s'essayer à trouver des arguments, des preuves alors que le bon sens que chacun possède suffit à démontrer le contraire ?

Certains savent que nos vues ont fui à ce mélange trouble. Pourtant plusieurs chemins s'offraient à nous. Deux pouvaient être empruntés. Ils semblaient aisément praticables. L'un indique l'impuissance et le retour prononcé sur soi-même avec une jouissance ressentie dans la vie du malade. L'autre est plus dangereux, il est le sceau de la vie fatidique. On ne peut pas le fuir.

Une issue dernière comparée à cette porte ouverte sur le néant, chaque étape étant identique, impossible à dissocier de la précédente. Une mort qui serait le point idéal de stabilité comme un neutre, équilibre parfait.

C'est la chance révélatrice des destinées qui fit échouer l'expérience de l'emprisonnement. Une force magnétique qui conditionne les pensées, les change et les fait resurgir déformées comme par envoûtement. Tout l'esprit se voudrait autre, car il est conscient de sa perte : c'est un venin qui se diffuse en nous, une araignée qui enveloppe sa proie.

La conscience éclaire le possédé pour lui donner la raison de résister, mais comment lutter contre son destin ? On aimerait à comparer le destin à une machine infernale lancée que le conducteur serait incapable d'arrêter, à une espèce d'énorme bête besogneuse qui avancerait gueule écrasée, les pas alourdis par l'empreinte du temps.

La foi est l'unique guide puisque le Saint Livre détient la clé de la Vérité. Seul, l'apport divin peut lever les voiles, lui seul a prouvé l'Annonciation. Lui seul te sauvera des misères et des embûches de ta détestable vie.

Mais le rire divin éclate à mes oreilles, et fait trembler mon être, comme pour ironiser de mon piteux effort !

Le moût et le froment

Il te faudra

Il te faudra cette semaine vieillir les fruits exaltants et longtemps descendre les montagnes de rêves. Ils symbolisent déchets et crasses, putréfactions horribles, odeurs insoutenables que toi seul hélas !, tu oseras humer. Dans le désespoir de la solitude, les sens malgré un dégoût répugnant cherchent un bonheur vain, une délivrance et un air pur regretté. Ces roulis de peines déchireront un corps déjà noir de pus.

Images captivantes que la misère développe à une cadence effrénée avec l'horreur que cela inspire. L'une d'elle assassine les pages blondes qui vivent dans l'attente d'un lendemain. Elle détruit l'espoir, cette unique contemplation que tu t'essaies à conserver en toi. Je la sais brûler les tâches d'or épousées dans les ténèbres de son néant. Je la sais flamber les feuillets superbes dont l'existence est déjà compromise.

L'autre comme attelée de quatre chevaux dévale les sommets et les pentes de l'infortune avec l'agilité divine. Elle, parée de somptueux bijoux avance majestueusement tenant dans sa main droite les rênes de la postérité. Les coursiers bavent de l'écume par les naseaux, se cambrent et crachent des flammes qui vont se perdre dans l'infini. Elle seule sait les maîtriser.

Elle est ce corps svelte aux proportions harmonieuses, ce sourire éclatant qui lui donne la dignité de la femme forte de son avenir.

Ce sont du moins ces parties qui se chevauchent, qui se succèdent avec une vitesse, avec une rapidité incroyables. Elles glacent les intestins qui éclatent sous l'action du froid, qui explosent sous les regards vainqueurs de la femme.

Mais libéré ou prisonnier, sous le joug de l'incorruptible confusion, les sinuosités m'envahissent. Les éléments même de la déperdition s'acharnent sur les sueurs de l'insomnie. Des tremblements puis des bontés, des drames puis des voluptés et des raffinements luttent dans un tumulte de vice et de luxure.

Le moût et le froment

 

Engagement de deux colosses gigantesques qui s'écrasent et se relèvent, qui sont tonnerre et foudre, immortels et invincibles. Des sentences pour ces démons, de phénoménales vengeances pour retrouver la quiétude et la paix désirées.

Impitoyables ennemis et pourtant en harmonie avec moi-même. Mon âme crée les combats, les charniers et les artifices. Elle engendre des nuées de cauchemars, elle enveloppe d'étoffes gonflantes les cataclysmes subis, les catastrophes vénérées.

J'aime à comparer cette fresque étrange avec l'épique marasme qui détruit tout sur son passage, qui multiplie les dangers d'une vie vouée à l'étrange et au mystère.

Quand s'éteignent lentement les lumières vacillantes des chandeliers d'argent, les chambres consument encore les dernières lueurs qui s'enfuient : Or, palme et plaisirs ! Tout s'entrelace dans des coffrets immondes, tout respire les parfums discrets que juxtaposent dans de phosphorescentes fêtes des fantômes exhibés. Depuis que la porte laisse échapper les envolées divines par des trous béants, ils mystifient la raison pure et contribuent à haïr les actes sauvages.

Par manque de logique déterminante, hagards et bornés leurs mouvements irréfléchis restreignent les essais. Ils avortent les fruits dans des solutions troubles et inexpliquées. Le poids des fatigues retarde un exode désiré puisqu'ils font courber les protestations avec des fouets excrémentiels. Je m'explique : hier, les pensées les réactions se rejoignaient par l'essence inconnue mais révélée. Des complexités poreuses montaient irréelles sur des magmas de terres travaillées. On voyait s'élever les pulsions, il en résultait cette appréciation mouvante et incertaine.

A présent les conditions diffèrent. Je malaxe des rejets, et les substances inondent de caractères blanchâtres des oeuvres indéfinissables...

Le moût et le froment

 

Un non sens toujours, car s'accouplent des mots incapables d'exprimer une opération logique. Ils sont des groupements subtils de malfaçons, incohérents et pourtant harmonieux. Il déterminent le doute absolu que chacun doit posséder en soi. C'est l'incertitude pour le monde incompréhensible. C'est convaincre l'homme de son impuissance à se diriger soi-même.

Rien que des planifications et des regards braqués sur l'histoire ! Des illusions avec des instruments d'aucune efficacité. Vous brandissez des rapports, des analyses structurées et des conclusions, des bilan sur le devenir humain. Vos complexes machines sont vos cervelles grises qui restituent des amalgames approximatifs. Des millions de données pour d'insignifiants résultats ! Vous en êtes encore à la sorcellerie scientifique, vous plaisant à programmer des banalités, des débilités de rêves enfantins.

De là, vos ressources se désagrègent, vos profondes expériences n'accaparent que des vents incertains. Quand bien même de minuscules vérités s'offraient aux interprétations diverses, jamais vous n'obtiendrez la juste appréciation recherchée.

Je suis la pensée qu'exprime les intolérables mensonges que personne n'avait osé dépister, la splendide tricherie que vous n'observez que chez les autres, qui se cache en vous-même malgré votre bonne volonté et vos apparences trompeuses.

Vous vous propagez croyant manier avec habileté un appareil sans âme, un bureau sans sentiments, une sorte de divine force que vous contemplez comme l'irréfutable Messie.

Hommes de science, vous n'idolâtrez qu'un mémoire, que des fonctions irréfléchies. Vous vous plongez dans l'univers du chiffre sans espoir de conquêtes sur le mouvement des destinées et de ses révolutions.

Le manuscrit inachevé

Vision divine

En guise de croyance, une force à adorer.

L'Etre de Lumière qui ordonne.

Le flux de l'amour et le tourbillon lumineux,

Immuables dans toute leur sérénité.

Vit et semble renaître à chaque instant,

L'Etre s'éclaire de ses pensées.

Les ondes soufflées de vie à ma face.

Vent de joie inépuisable qui s'accélère.

Parfaite éternité, souveraineté divine.

Le raisonnement vif comme l'éclair :

Les images de mon enfance filent, sont lues.

Etapes de mon enfance. Procès libérateur.

Dieu : "Retourne d'où tu t'en viens."

Le passage dans le tunnel étroit. Retour.

L'immense faiblesse à réintégrer son corps.

C'est avec netteté

C'est avec netteté que je voyais, et tous les troubles de ma pensée n'étaient que d'insignifiants prétextes à des expériences captivantes. En effet, la plus infime observation pour une vicieuse opération devenait objet de fixation.

La nuit était favorable pour accomplir ces expériences, plus encore lorsque les sommeils difficiles à faire venir fixent l'esprit court et s'affolent des événements passés de la journée.

De quoi étaient composés ces manigances ou ces indéchiffrables flashs qui à peine compris ou interprétés s'effaçaient de la mémoire remplacés rapidement par d'autres flashs tout aussi éphémères ?

C'étaient des phrases ou des bribes de phrases qui venaient se fracasser à l'endroit de mon front accompagnées de sonorités diverses.

Le manuscrit inachevé

 

Je suis la Félicité

Je suis la Félicité, et je t'annonce de grands changements pour demain. Tu as d'abord défait toutes les acrobaties, les tangages de la cervelle, et vrai ils ont existé.

Tes recherches étaient donc à l'intérieur de l'homme. C'est l'idée, la seule trajectoire pour une aventure réalisable. Le reste est mesquin.. C'est un toi-même à développer et à chérir. L'enfant de l'impossible et les écrits et les découvertes ne formeront qu'un moule.

Le banal et les autres et l'amour : assez ! Moi ! moi seul contre cent mille fronts dans les déserts, les métropoles. (je serai un inconnu). Contre tous, glacé et fécond, - les puanteurs de nos distances !

Assez de salutations et des blêmes sourires pour les voisinages ! (je serai un solitaire), et mon grand plaisir sera pour l'émotion. On dégustera les heures glorieuses sans homme, sans raison. Je serai libre de croire en Dieu, et je lui parlerai.

Collages

Oui, aux portes des cieux

Oui, aux portes des cieux baignés d'anges étranges

Où se mêle l'abandon, se pense un rêve qui change.

Dans le mouvement imperceptible des nuits,

Cette angoisse morose est l'ennui de tes craintes,

Et son effroi stérile, puissant et infini

S'élève jusqu'à l'aurore imprégné de contraintes.

O soupirs vainement soufflés par mon orgueil !

O la lumière torve des derniers sacrements !

La racine interdite jette la feuille qu'elle cueille,

Absence de blanche sève distribué au temps.

Mais un délire encore m'arrache à mon sommeil.

Je veux par l'alchimie l'impétueux effort,

Et je renais d'or pur vers des faibles merveilles.

Mon âme est consumée et sa raison s'endort !

Et l'espace agrandi en rimes de rumeur

Offre l'objet stupide, tintamarre sans éclat,

Au maître de mes lieux sans pitié pour mon coeur,

Pourtant reconnaissant d'un quelconque débat !

Bercées dans des pâleurs

Bercées dans des pâleurs tes mains se sont lassées,

Ou enivrées dans l'or d'objets sonores, elles dansent

Puis se meurent, abandons dans les échos lointains.

Lentement vers la chair ténébreuse de honte,

La tienne roule encore sur la peau moite ou sèche

Qu'accompagne une bouche nourrie de ses baisers.

L'amante longuement affaiblie de péchés

Rêve sous ses douleurs à des pensées nuptiales

Endormies ... puis se dresse en fauve de désirs

Pour une chair jamais reposée et renaît !

Collages

Extases des amours, vous forces inconnues,

Existez dans le sein battant, hélas ! vaincu

Qui se propose encore pour connaître une mort

Plus précieuse, plus délicieuse que sa vie.

 

Un désir

Un désir de changer d'existence secoua mon âme tout à coup.

"Mon coeur, mon cher coeur défunt ne rêves-tu point à l'oubli et à la paresse ? Ne veux-tu pas noyer le chagrin qui t'obsède et t'éloigner, partir, fuir ? Regagner d'autres terres où ton corps travaillé par la vermine trouvera refuge ? Il te faut la langueur, la mollesse des hâles enivrantes parfumées de musc et de rêves des tropiques.

Oui, je crois voir une forêt de mâts baignés par la pureté bleue de l'Azur. Et j'entends déjà les chants lugubres des esclaves nègres, ivres de liberté, réconfortés par quelques bouteilles de rhum !

Comme tout ceci est beau et prenant mon coeur ! La houle berce mélodieusement ton corps et chasse l'ennui !"

Peut-être que le rêve et l'oubli m'éloignent de la triste réalité où mon âme s'était mise.

Collages

Un oint

Un oint s'était emparé de la pure beauté. Il convoitait sa silhouette comme une ombre à histoire. Le rêve s'éclipse. La réalité apparaît. Que de plantureux soleils entre tes cuisses très douces ! Les lumineux rayons de l'amour resplendissent à la porte de la jouissance. Mais je me baigne pour ton corps dans les moiteurs de ton vagin !

Le jeune homme de ses dix-huit ans armés se transforme en prince vainqueur. Je t'épouse et te prends comme la folie accompagne les plus nobles !

Nos masses fumantes d'amour sont mortes évanouies sur le lit fatigué.

Le passé fraîchit. Hier s'éteint :

Que ne suis-je aujourd'hui qu'une forme d'ombre, qu'un spectre d'hallucinations ou de fantasmes ?

 

Un jour

Un jour, je fus assis à l'ombre de son Ombre et c'était le chêne. On me chassa avec des cordes serrées autour du cou. Je m'endormis dans les herbes et la bruyère. On me livra aux sorcières et aux démons. Je criais avec tout mon corps. On m'invita aux fêtes de la boisson, et mes pas me précipitèrent dans la honte de l'amour.

Je me suis défait du nombre, enfant agile parmi les grands. Je me suis évanoui à quatre heures sonnantes. Quel carnage dans la frêle tête à idées ! Peut-être ne suis-je qu'un sot ? Tout cela n'est que du rêve ?

Fort de l'inexpérience, je me bats contre des Morts et je roule mes nuits perverses dans l'enivrement de la femme. L'odeur n'éloigne pas la haine. O tête incestueuse, écoeurement divin, femme sans lait, enfance sans chair, c'est à vous que je m'adresse !

 

Collages

Des vagins de reines

Des vagins de reines, des lieux de jouissance martyrisés par le pouvoir des hommes.

Les générations des poètes crachent le feu. L'exil au plus près de la femme. C'est bien une sorcière bourrée de recettes alchimiques des grands inspirés.

Des alcools hors de toute raison. Les vins coulent sur des draps de soie multicolores. Par delà les cordes rouges et les baldaquins élégants, les couches superbes ont éveillé l'ébat des amours.

De larges baies ouvertes absorbent les rayons d'or, les ruisseaux du Sceau Divin et les pluies de bonheur chaud.

Les images par l'arc-en-ciel transpirent des gouttes d'orgasme, des silhouettes d'ombres, des effets très curieux.

C'est le lever. Aux champs face au château, des pauvres s'activent et sèment pour nos sports favoris.

Louanges du feu

Hélène

Azur ! c'est moi ... Je viens des grottes de l'Enfer,

Et j'entends l'onde fracasser les rochers sonores,

Je revois les galères dans les blanches aurores

Renaître dans les ombres d'un plus bel univers.

Mes précieuses mains tendues vers les monarques

Suppliaient d'attendre fébriles leur noble venue.

Je priais ; mais jamais les navires ne débarquent,

Sur les rives de Troie, jamais galère n'est vue.

Moi je sais en maints rêves la militaire ardeur

Surgir des gouffres obscurs de mon néant de reine

Et venger mon destin de l'insigne vainqueur.

Mais les Dieux satisfaits de ma souffrance vaine

Au sourire exalté condamnent mes supplices.

Hélène se meurt d'attente, de pleurs et d'injustices ..

Etude sinistre

Etude sinistre ou ville de ton maître en délire,

Ne sais-tu pas, folie, quelles heures d'élévation

Attendent patiemment l'ange ailé de soupirs

Dans les méandres infimes de ton obstination ?

Je sais l'homme têtu parfois m'appartenir

Gâchant tout son génie pour un voeu humiliant,

La conquête de soi pour enfin en finir

Et gagner le combat au destin éreintant.

Moi je perds des années à jouer de la lyre.

Le poème est médiocre, achevons la bêtise !

Parfois je pleure de honte, parfois je fais sourire,

Mais je poursuis l'écrit que la pensée attise !

Louanges du feu

Viens plus près

Viens plus près ma cruelle car tu sais que je t'aime,

Et je veux sur ton corps apaiser mes baisers

Plus rugueux et plus secs que le tigre cruel !

Aux amants fatigués, le vice est toléré !

Alors dans la souffrance de la couche secrète,

Je brûlerai tes seins de morsures enflammées

Pour voir si la succion de mes dents indiscrètes

A ton coeur trop éteint sera le ranimer !

Mes ongles sont pareils aux lames étincelantes !...

Dans ta chair impie, je serai les enfoncer.

Que ton sang roule sur tes reins, saccades brillantes

Et rouges, mon tigre sensuel et indompté !

Fi de ton espace

Fi de ton espace, les placides plaies chutent dans ma bouche,. Silence, sarcasmes furieux : choix, et c'est mon orgueil !

A vous ! à vous, je me donne à vous, gongs incertains ! Saveurs du silence, éternelles retombées de l'esprit impartial !

Et je mugis dans cette excellente haleine les rêves qui percent comme l'abcès ! Je me veux cheval, race spirituelle et vagabonde.

Mais lourde est la teneur des propos. J'ouvre les portes d'écume par principe. C'est à vous que j'offre.

Fruit offert à ma souffrance, ou force sanglée dans des principes. Femme fidèle, c'est à vous que je donne.

Ronce amère, ma ronce amère,

Bave, écume en cette demeure, race de mes étés puants,

Finissons-en, qu'enfin je gagne les demeures étroites !

Sel et larmes de pleurs, palme éventrée par la délivrance sans croire en Vous !

Je me donne à l'accoutumée fort des danses.

Poïétique

Objet indistinct

Objet indistinct ; noirceurs éphémères de l'intellect. O la puissance totale de soi ! Et ces visions brouillées compensations tardives d'un rêve en oubli ? Et ces jeux et ces règles invisibles, accouplés dans le plus abstrait des desseins ?

La dynastie des très riches - l'effort violent du défavorisé. O race, race d'hommes accomplis ! Nous chercherons encore !

***

Mémoire. Diphtongues et syllabes dans ma cervelle. Accumulations d'idées fixes. Penchants, renversements, attentes. Espoirs d'un temps infini. Etrange conquête de l'indécise échappée. Valeurs intuitives comme repères du temps et de l'espace.

Modulations des termes employés. Architecture indépendante de ma volonté. Saturation vers le son aigu qui crisse ses avant-dernières. Puis ce silence qui résiste ... qui résiste.

Explosions. Rumeurs de multiples voix coordonnées en une seule - la mienne.

***

Pour que, subtilité sonore, le vers soit intense jusqu'à son exquise vibration finale.

Quelque explosion buccale par la lèvre diffuse, haute note dans l'oreille amoureuse.

Certains crissements entendus en mélodies ! - Amateurs barbares.

La libération du son comme une retenue qui s'écoute, joue au rythme des corde vocales.

***

Poïétique

L'influence, instrument d'autrui - son oeuvre par l'effort du copiste même vulgaire affirme le style traduit.

Du choix de ses maîtres. Après l'ignorance, la virginité littéraire - opération de croissance rationnelle.

Etude de structure, de rythme alangui ou resserré, et maints avantages encore. L'important : se faire Autre.

Puis la haine de Soi : médiocre et terne. Et traiter l'Admirable de coupable, de cause de son échec.

La découverte des invisibles - les règles.

 

Eloge de l'orgasme

O femmes

O femmes plus délicates que le vent, j'aspire à la sainte beauté, à l'effluve vaine de mes pensées. Je vous hais, et vous supplie encore !

Invoque ton délire ; supplie-le dans ton fantasme. Et ton âme qui court de femmes en femmes, de poèmes en soupirs pourra enfin le transcrire.

L'aurore tiède de son souffle blème, j'ai dit l'aurore - et ses milliers de feux qui se meurent dans la clarté - j'ai dit l'amour. Il me souvient de mes orgasmes ...

***

O les filles sublimées de jouissance exquise, ô les femmes parfumées de senteur divine, j'offre mes semences aux moiteurs froides de l'été, je donne mes délivrances aux sueurs étranges de mon passé.

Qu'elles existent, qu'elles soient, elles seront toutes des magiciennes du fantasme et de l'orgasme, ô toutes belles que j'ai à jamais et toujours désirées.

***

Eloge de l'orgasme

C'est donc la femelle à l'ongle acide, et les hommes se meurent de souffrances autour. C'est donc elle, la femme à la robe citrine et les formes d'hommes pleurent de jouissances et d'amours.

Et toi plus belle que mes douleurs, tu gis dans l'orgasme de mes pensées. Ne te saurais-je douce immortelle qu'en des plaisirs d'images, qu'en des fantasmes d'idées ?

Le fruit s'expulse lentement dans les déchirements de tes soupirs. Le fruit se propose, face rose dans les hurlements de tes nuits.

***

Cette grande fille blonde à l'aisselle moite et l'on respire déjà son odeur de reine - cette longue fille si belle dont les baisers miroitent les senteurs des haleines.

J'étouffe sa lèvre sur ma lèvre qui perle, tel un diamant d'eau pur, l'élixir de mes rêves - tel un fruit se mourant d'être sur le plaisir de ses braises.

Et vous je vous invite à me distraire à ne point me calomnier. Je vous conseille de proposer le rêve, ou d'invoquer le songe.

***

Ombre d'or qui soupire à l'ombre de la mort, expulse tes dernières touffes d'air pur, propose ton ultime spasme de jouissance.

O clarté vaine qui danse sur les flammes de l'espoir, voltige et baigne ta candeur première, et fais saigner ta douceur d'ignorance.

Le livre blanc

Va, mon coeur amoureux

Va, mon coeur amoureux caresser la charmante :

Va longtemps respirer sa douce odeur d'amante.

Quand ivre de vertiges tu sauras t'endormir,

Sa folle chevelure sera un long soupir.

Toutes tes passions mêlées dans un grand rêve,

Vogueront lentement vers la mer qui s'achève

Et comme le tangui qui berce le bateau,

Seront baisers d'écume sur le roulis des flots.

Evade-toi toujours ; tes puissantes pensées

Comme font les marins dans leurs coeurs oppressés,

Seront colombes blanches dans l'ombre qui expire.

Mais au matin songeant au rêve qui délire

Te réveilleras-tu aux bercements des flots ?

Mais ô mon corps, entends les pleurs des matelots !

Quand j'aurais épuisé

Quand j'aurais épuisé ma semence charnelle

Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,

Quand le noir repentir sur la couche d'extases

Saura trop me punir de l'horreur des orgasmes,

Je plongerai mon coeur dans mes froides ténèbres,

J'éclairerai mon âme de ses torches funèbres,

Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas

J'irai maudire mon corps d'apprécier tes appâts.

Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal

Descendant l'escalier de mon vice infernal

De ce vers resplendir le feu de ma passion ?

Dans la nuit son phosphore rongera mes remors

Et me fera mourir de pénétrer ton corps,

O mon sublime objet, terrible tentation !

Le livre blanc

Je supplie ton sadisme

Je supplie ton sadisme de me frapper encore,

De faire hurler d'extase les passions de mon corps ;

Je veux que ta torture engendre mon fantasme,

Que le sang et les pleurs saccadent mon orgasme.

J'implore tous tes vices, monstre de cruauté.

Que ton viol inhumain s'unit à ma beauté.

Je veux dans ma souffrance atteindre le plaisir,

Et faire jaillir en spasmes les enfers du désir.

Il est que je ne puis pareille à ces amantes

Eprouver le bonheur des amours nonchalantes

En ces caresses tendres, il n'est pas de soupirs.

J'infligerai longtemps à ma chair qui expire

Les hurlements d'horreur qui toujours me condamnent

A n'apprécier l'amour que dans l'horreur du drame.

O sublime beauté

O sublime beauté, sirène de mes songes,

Quand mon âme se noie je crois voir et je plonge

Dans l'élixir des eaux, extase de mes nuits,

Profondeur inconnue qui lave mon ennui !

Et ton corps apparaît perlé de gouttes d'or

A l'épave enivrée qui s'attache à tes bords.

Ma détresse infinie appelle ton amour

Qui hurle, naufragé, le cri de son secours.

Que t'importe inhumaine que mes pleurs dans ma voix

Implorent l'impossible de mon terrible effroi,

Tu ne sais qui je suis, tu ne sais où je vais.

Dans le rêve étoilé il se faut inventer

Le superbe qui se joue à jamais d'exister

Du moins pour oublier son atroce mauvais !

Sueurs sacrées

Expulse les sueurs

Expulse les sueurs sacrées, extases du Bien et du Mal organes du savoir et du sexe.

Belle solitude d'ivresse. Ame vierge entourée du Néant invisible à leurs yeux, insensible à leur coeurs, tu proposes le poème jamais lu, toujours vin et jamais bu.

S'il te faut l'image, l'horrible facilité, la terrible inutilité, je me tais et je te hais. Cherche dans ta cervelle, crache sur ton fantasme et créée ton monde, possède l'immonde.

***

A toujours contempler, tu connaîtras la jouissance d'admirer ton néant. Dans l'image du mensonge, tu obtiendras ton exil, ta seule force pour t'enfuir.

***

L'aube laiteuse engendre le soleil tremblant du vieillard sénile. Toute vie exprime la mort. Tout cri de vie explique le remord de vivre. Sur ton sein de femme, je me suis déjà plu.

Plus je pense, plus je souffre. Plus j'orgasme, plus je prêtrise. Je pourrais ignorer mes actes de vie, si je ne me savais moi-même.

***

Appelle la Mort, ton bel espoir. Dans l'éternelle nuit, elle vomit ses torrents d'éclairs, phosphore et savoir. A toi de dépecer le coeur de la chair, l'ignoble du sublime.

Toujours dans ta torture, supplie ton innocence. A te frapper, ils s'habituent pour leur plaisir.

Une idée d'initiative, d'invincible tentation ; imperceptible probable, respecté pour sa recherche.

***

Sueurs sacrées

Dans le chemin des invisibles, si tu croises la beauté du Savoir, viole-la, frappe-la jusqu'à lui faire cracher, vomir ou saigner la connaissance interdite, les sublimes secrets du Bien et du Mal.

A l'ombre molle, succombent les fleurs folles. A l'aube claire, s'exaltent les flammes qui espèrent. Du néant au savoir l'incompétence sublime s'exalte jusqu'à l'obtention de l'impossible devenir.

***

Quand tu seras capable d'éprouver le vrai plaisir de la souffrance, ils s'échapperont en hurlant ceux dont le désir était dans ton doute sexuel, spirituel.

Aigre dans la torture, le châtiment dure. Facile est le plaisir du Dieu à faire souffrir nos corps.

Tu donneras au feu, le sang du Texte Sacré. Tu préféreras l'ignorance à l'audace remplie du Mal : l'insouciance.

Les sonnets

Celui qui pureté

Celui qui pureté atteindra l'Immortel

Passant de porte obscure à la claire Déité,

Celui-là obtiendra par sa félicité

Le bonheur qui confère le plaisir éternel.

Celui-là gagnera l'aile pure qui respire

Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,

Et nageur fait d'espoir par la gloire du futur,

Construira de ses cendres la beauté d'un empire.

Les superbes princesses, les reines à genoux,

Seront Saintes ou esclaves admirant sa grandeur,

Soumises à son génie, promises à sa hauteur.

Ou que ses frères d'esprit, haineux et en courroux,

Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore

Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort.

Je ne m'abuse point

Je ne m'abuse point qu'en tout lieu de nos villes

Celles-mêmes pucelles se changent en catins,

Et pareilles effrontées comme sont les putains,

S'aguichent et se transforment en de vilaines filles.

Je ne m'amuse point qu'en ces jeux les plus vils

Celles-là fleurs encore se donnent jusqu'aux demains,

Et s'offrent des plaisirs et s'activent des mains,

Fantasmant ou rêvant de leurs mâles virils.

En ces temps tout est bon, à la cuisse légère

A désirer la chair, à caresser la peau ;

Et celles-ci sont loin de ma pure bergère,

Vagabonde et limpide, dans la belle campagne,

Sinon que celle-là, jouant de son troupeau,

S'essaie peut-être aussi leur servant de compagne.

Les sonnets

O mon âme incomprise

O mon âme incomprise, ne te languis en rien !

Tu te dois de laisser l'insensible critique,

Incapable qu'elle est par son droit despotique,

De savoir séparer l'ivraie de son bon grain !

O mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !

Tu ne peux l'ignorant de toujours l'accuser,

Innocent qu'il sera, ne veux-tu l'excuser,

De ne comprendre point l'amour et son soupir ?

Il est qu'un Comité satisfait de son rang,

Prétend par le pouvoir qui lui est conféré

Décider du savoir dont il use en régnant.

Il ne sert de jurer de son inaptitude

A vouloir encenser ce qu'il a préféré

Même si son erreur prêche l'exactitude.

Vois-tu mon Buridan

Vois-tu mon Buridan, je sais sur cette terre

Ne me plaindre jamais des malheurs les plus bas ;

De ne gémir jamais des gloires que je n'ai pas,

De ne râler en rien du génie qu'on enterre.

Vois-tu, je puis tenir, et noircir dans mon ombre

De mon vers, le précieux, le bien qu'on n'aime pas.

Je peux ternir l'amour qui m'est chair et appât,

Et dormir dans la Mort que je veux pierre sombre.

Je dis qu'il est demain aux plaisirs de mon ange

De croire en un Toujours, en des désirs si beaux,

De couler par mes pores maints sanglots de mes eaux,

Je sais qu'on ne peut pas aimer de mon étrange

De ce sonnet sensé, tous ces mots à graver.

Qu'il leur faut la folie pour oser les braver !

Chemise d'ensemble

Nymphes de mon désert

Nymphes de mon désert, graines de solitude

Qui de l'or en éclat unissent la multitude

De ce moi qui s'endort dans ces premières eaux !

L'orgueil de mon orgasme s'enflamme sur les flots !

Je l'entends qui respire, soupir dans son sommeil.

La profondeur est pure et le songe est vermeil.

La première me prend, s'étend sur le mensonge,

Et le feu de sa chair dans ma mémoire me plonge.

Au futur de l'oubli qui conte son mourir,

Comme un astre perdu qui pleure un avenir,

Les soeurs de sa pensée s'étirent sur l'étendue !...

Immenses dans son ombre qui recherche un moi-même,

Elles s'éloignent et s'échappent à ma raison suprême !...

Et l'heure de mon silence est toujours suspendue !...

Pernicieuses et impures

Pernicieuses et impures, filles de mon désordre,

Délices de mes extases qui désirent me mordre,

Je répands ma substance, je succombe et je cède

A ce délire de vivre que cette âme concède !...

Presque nues dans l'intime d'un esprit qui se pense,

Je confonds de vos formes le soupir qu'il dispense,

Et j'implore l'azur clair dont le rayon premier

Punira tout le doute de mon royaume entier !...

Enfin moi ! et du plus pur je renais de mon ordre

Qui m'obstine à chasser cet interdit rêvé,

Comme de ce mentir son mensonge est levé !

Enfin toi ! qui enlaces et se veux de le tordre

Ce stérile baiser de la fleur qui enivre,

Mais qui de son soupir vain pleure et me délivre.

Chemise d'ensemble

Au soleil irradiant

Au soleil irradiant ma sublime puissance,

Je bois l'or qui s'écoule de la sphère exaltée.

Je me nourris de nard, d'extase, dès ma naissance,

Je roule dans son souffle de lumière enivrée.

Et le Dieu satisfait de ma nature sereine

S'élève vers le ciel réjouit de bonheur.

Il caresse l'éther baignant de blanche haleine

L'invisible inconnu jusque dans sa hauteur.

Tout principe de vie instruit d'autorité,

Dans la gloire immortelle et l'esprit de splendeur

Eclaire l'intelligence de pure lucidité :

Le oint jadis promis et superbe éternel

Resplendit de beauté parmi ces deux grandeurs,

O divine vision d'espace solennel !

Voyance ! O mes divins

Voyance ! O mes divins par l'esprit de lumière,

Les superbes effets baignés de transparence

Pour l'espoir absolu de pure intelligence,

Je vous veux désormais dans ma pensée entière.

La puissance abolit l'opacité du mur :

Je peux glorifier la vision suprême.

Je me nourris d'extase comme le saint de Chrême.

Hagard et accompli, je supplie vers l'Azur.

Vous placez ma présence dans l'extrême grandeur

Où mon âme incomprise se suffit de l'exil

Et je contemple encore l'aspect de la splendeur,

La vôtre, si au plus près de l'éternité

Dans le produit d'étoiles insensé et fertile

Où même vous riez de votre immensité !

Alexandre

Acte II - Scène I

Argone, Alexandre,

Argone

Restez, Seigneur, Restez ! Il suffit d'un instant.

Je ne vous retiendrai que pour un court moment.

Ne fuyez point encore ! Je veux m'entretenir,

Et exprimer enfin ce qu'Argone doit dire.

Trop souvent animée du désir de vous voir,

Je patientais en vain du droit d'apercevoir

L'ombre de mon époux dans ce sombre palais,

Mais je croyais hélas ne le croiser jamais.

Vous-même décidé à laisser votre Argone,

Vous prétendez encor que la loi vous ordonne

De quitter cette salle, et de n'en plus paraître

Comme à d'autres raisons, vous devez vous remettre.

Cesserez-vous, Seigneur, de vouloir vous enfuir

Et d'ignorer toujours ce qu'il vous faut séduire ?

Feindrez-vous de savoir qu'il vous faut épouser

Argone la princesse dont vous vous abusez ?

Je ne puis tolérer de votre indifférence

L'intérêt médiocre que vous fait ma présence.

Et je veux vous prouver que ce comportement

Attise dans mon âme ce fol emportement.

Alexandre

Quelle haine farouche tout à coup vous anime ?

Calmez, Madame, calmez l'esprit qui vous domine.

Et tentez d'apaiser en de simples propos,

La violence verbale en usant d'autres mots.

Que vous sert de jurer, de crier votre outrance ?

Une bouche en colère ignore la tolérance,

Et sa lèvre en furie se nourrit de l'excès

Qui ne produit en vous qu'un stupide procès.

Ce n'est point sur ce ton indigne d'une Reine

Qu'une pensée émise se prétendait sereine.

Alexandre

Argone

Et sur quel autre ton la princesse trahie

Se pourrait exprimer par l'aigreur envahie ?

Je vous prie d'excuser de cette humeur haineuse,

Les ampleurs et l'effet de mon âme amoureuse.

Si je puis m'accuser de ce trouble certain,

C'est qu'un coeur confondu veut voiler son chagrin.

Mes propos insensés cachaient ce désespoir

De toujours vous chercher, de ne jamais vous voir ;

Et mes regards perdus de vouloir vous trouver,

Imploraient un amour qui semblait s'éloigner.

Si je suis rassurée du désir d'Alexandre,

Le plaisir que j'en tire est encore de l'entendre !

Si je ne puis douter du devoir de mon roi,

L'espoir qu'il m'a promis est d'accomplir sa loi !

Alexandre

Toujours je vous l'ai dit, je vous choisis Argone.

Et mon coeur en émoi à vos pieds s'abandonne.

Tel que je l'ai juré, je dois vous épouser :

Et ma raison s'étonne de vous voir jalouser.

Jamais dans ce royaume une plus tendre face

N'égale la beauté que vous paraît la grâce.

Car jamais la nature n'a vêtu tant d'attraits

Qui flattent ce visage de ces sublimes traits.

Alexandre apprécie la douceur de vos charmes.

Votre Empereur s'émeut quand s'écoulent vos larmes ;

Il admire de trop les lumières dans vos yeux,

Qui brûlent leurs chaleurs et leurs feux merveilleux.

Oserais-je le dire quand mon ardeur s'éveille

Que ma chair enivrée des transports du sommeil,

Attisée par l'envie, de plaisirs soupirants

Exalte les désirs de sa chair expirants.

De quelle autre façon pour satisfaire Argone,

Parviendrais-je à prouver l'amour que je lui donne ?

Si ce n'est suffisant, comment lui démontrer

Que l'Empereur la cherche, et la veut rencontrer ?

Alexandre

Argone

Quels heureux sentiments vous animent, Alexandre !

Et quelle joie extrême me comble à vous entendre !

De sinistres douleurs me troublaient quelquefois,

Et encombraient mon âme de tristesse et d'effroi.

Vos amours exaltées par la beauté d'Argone

Ne résistent à l'envie que le désir leur donne.

Ces soupirs exprimés vous ont trop confondu,

En déclarant l'aveu que j'ai tant attendu.

Mais c'est assez, Seigneur. L'Empire vous appelle.

Et le ciel peu à peu de lumière se constelle.

Argone est satisfaite, et ne doit retenir

Alexandre affairé des charges à accomplir.

Scène III

Argone, Cléone

Entendais-tu Cléone, ce que disait son âme ?

Ecoutais-tu la force qui animait sa flamme ?

Je ne pouvais douter qu'il m e cachait toujours,

Le bien que mon esprit cherchait de son amour.

Je ne saurais le croire que son désir ardent,

Eût pu à mon égard devenir évident,

Que sa pensée promise exprimât tant de joie

A dévoiler son coeur au secret autrefois !

Quel prodige à mes yeux éclaire ses lueurs !

Et quelle sublime foi domine ses fueurs !

Son feu que je jurais éteint à tout jamais,

S'illumine à nouveau et brille désormais !

Alexandre

Acte IV

Scène première

Ephilie, Céphise

Ephilie

Quelle que soit ma pensée, mon âme est dérangée,

Et ma pauvre raison est toujours ravagée :

De sinistres tourments remplissent sa mémoire.

Cette mouvante image ne m'est point illusoire.

De noires inquiétudes encombrent mon esprit

Son malheur est haineux, et il m'est incompris ;

Il paraît me damner à souffrir son horreur,

Ou soumettre Ephilie à subir la terreur,

L'impalpable m'entend semblable à des présences,

A chacun invisibles, mais dont les existences

Enveloppent et entourent de simples créatures,

Et aux vivants s'intègrent comme des impostures.

Cette moite atmosphère est propice au délire.

La conscience craint en invoquant le pire.

Elle se remplit de doutes. Et une ombre, un effroi

La condamnent à l'angoisse jusqu'à son désarroi.

Vois-tu ma chère Céphise, ce que croit Ephilie :

L'irréel, le mentir s'animent et s'amplifient.

Et quels que soient ce trouble et ses pressentiments,

Cet esprit et ce corps s'agitent en vains tourments.

Céphise

Madame, je vous conjure de chasser tant de craintes,

D'éloigner hors de vous ces mauvaises complaintes.

Je peux vous assurer qu'Ephilie sans danger,

Doit pouvoir du présent le mieux envisager.

Vous semblez ignorer votre heureux privilège :

Alexandre amoureux par ses lois vous protège,

Et son ordre interdit qu'Ephilie prisonnière

Soit traitée par ces soins en vulgaire dernière.

Décidez, demandez : l'Empereur à genoux

Alexandre

Commande l'impossible uniquement pour vous.

Plus encore, ordonnez : cette joie de vous plaire

Le consacre au sublime ne sachant s'y soustraire.

Vous paraissez émue sans pouvoir signifier

Par quelconque réel ces maux à justifier.

Délassez-vous, Madame. Et l'esprit en repos,

Retrouvant ses raisons changera ses propos.

Ephilie

Je ne peux soulager mon âme en mouvement.

Elle s'empare de moi quelque soit le moment.

Quand bien même la nuit, je cherche à la clamer,

Elle brise mon sommeil se plaisant à bramer.

Dans ce profond silence, je l'entends s'approcher.

Et son spectre est affreux. Je ne sais l'arracher.

Il s'accroche à mon corps. Il s'anime ou il danse,

Ou se plaît à jouir de ma faible impuissance.

Dans ce couloir de marbre, je le sens me poursuivre.

Il se rit de moi-même, et m'interdit de vivre.

Je le crois disparu, mais sa chair invisible

Démontre à chaque instant sa présence nuisible.

Céphise

Je vous supplie, Madame, de maîtriser vos peurs

Qui ne sont que l'effet de mirages trompeurs.

Ephilie

Je le sais, ma Céphise, mais ne puis-je douter

Que ma mort en ces lieux est encore souhaitée ?

Ne serait-il heureux de détruire Ephilie :

La faisant disparaître, du moins se résilie

L'hyménée interdit qu'espérait Alexandre,

Alexandre

Et que croyait ce roi par son ordre prétendre ?

Ne faut-il davantage que la cour, le palais

Détruisent la nuisance d'Ephilie à jamais ?

Ne faut-il employer ce moyen radical

Qui l'envoie au trépas par cet arrêt fatal ?

Ma Céphise, tu le sais, que la nécessité

M'inflige de mourir par une atrocité.

Céphise

Je vous implore, Madame, de penser autrement,

Et je vous prie encore de voir différemment.

Vous semblez oublier la foudre qu'Alexandre :

Dans le coeur d'Ephilie, il cherche à la répandre.

Vous ignorez hélas que sous sa protection,

Jamais il n'admettra votre disparition !

Ephilie

Que cette douce voix atteigne son esprit !

Que ton tendre propos lui soit enfin compris !

Céphise

Que craindrez-vous, Madame, quand il sera uni

Pour ce nouveau bonheur, par la reine béni ?

Serez-vous inquiète quand Argone à sa main,

Scellera l'hyménée, et ceci dès demain ?

Les convives se pressent pour la fête suprême,

Et tous les invités sont dans la joie extrême.

L'union attendue ne sera retardée :

Ce qui doit s'accoupler est déjà décidé.

Ce nuptial effet sera de gracier,

Ephilie ! la maudite sera remerciée !

Et au plus tôt, Madame, expulsée du palais

Libre enfin vous serez de partir désormais.

Oui, cette longue attente achevée dans un peu d'heures,

Alexandre

Vous permettra de fuir cette sombre demeure.

Et vous retrouverez la patrie et vos biens,

Distribuant l'amour qu'appellent vos anciens !

Je crois imaginer que la gloire vous attend,

Et le peuple en liesse qui vers la place descend !

Je les revoie, Madame, exprimer leurs bonheurs,

Acclamer leur princesse dans la joie ou les pleurs !

L'ancien testament

LA GENESE

I - LES ORIGINES DU MONDE

ET DE L'HUMANITE

I - LA CREATION ET LA CHUTE

Premier récit de la création

I.1 Au commencement, Dieu fit le ciel et la terre.

2 Or la terre était vague et inorganisée.

L'obscurité était au-dessus de l'abîme,

Le souffle de Dieu planait sur la face des eaux.

3 Dieu dit : "Que la lumière soit, et la lumière fut".

4 Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu fit

La déparation de la lumière des ténèbres.

5 Dieu appela la lumière Jour, il appela

Les ténèbres, Nuit. Il y eut un soir, il y eut

Un matin, premier jour. 6 Et Dieu dit : "Qu'il y ait

Un firmament au milieu des eaux, qu'il sépare

Les eaux d'avec les eaux". Et il en fut ainsi.

7 Dieu fit le firmament qui sépara les eaux

Qui sont sous le firmament avec ques les eaux

Qui sont sur le firmament, 8 et Dieu appela

Le firmament, Ciel. Alors il y eut un soir,

Et il y eut un matin : second jour.

L'ancien testament

9 Dieu dit :

"Que les eaux sous le ciel s'amassent en un seul lieu !

Que le sol apparaisse !" Et il en fut ainsi.

Dieu appela le sol, terre, la masse des eaux, mer.

Et Dieu vit que cela était bien. 11 Et Dieu dit :

"Que la terre fasse pousser de la verdure, des herbes

Portant de la semence, et des arbres fruitiers

Faisant du fruit sur la terre selon leur espèce

Portant de la semence". Et il en fut ainsi.

12 Et la terre fit pousser de la verdure, des herbes

Portant de la semence, et des arbres fruitiers

Faisant du fruit sur la terre selon leur espèce

Portant de la semence.

Et Dieu vit que cela

Etait bien. 13 Et il y eut un soit, il y eut

Un matin : troisième jour. 14 Et Dieu dit : "Qu'il y ait

Des lustres au firmament des cieux pour séparer

Le jour d'avec la nuit. Ils serviront de signes

Pour les saisons, pour les jours et pour les années.

15 Il serviront de lustres au firmament des cieux

Pour éclairer la terre". Et il en fut ainsi.

16 Dieu fit les deux plus grands lustres avec le plus grand

Pour dominer le jour, avec le petit lustre

Pour dominer la nuit ainsi que les étoiles.

Alors Dieu plaça au firmament des cieux

Pour éclairer la terre 18 pour dominer le jour,

La nuit, pour séparer la lumière des ténèbres,

Et Dieu vit que cela était bien. 19 Il y eut

Un soir, il y eut un matin : quatrième jour.

L'ancien testament

20 Dieu dit : "Que les eaux pullulent d'un pullulement

D'êtres vivants, que des oiseaux volent au-dessus

De la terre sur la face du firmament des cieux",

Et il en fut ainsi. 21 Dieu fit les grands dragons

Tous les êtres vivants qui se meuvent dans les eaux

Où ils pullulent selon leur espèce, ce qui vole

Ailé selon son espèce, et Dieu vit que cela

Etait bien. 22 Dieu les bénit en disant : "Croissez

Et multipliez-vous et remplissez les eaux

Dans les mers, et que les volatiles sur la terre

Se multiplient". 23 Il y eut un soir, il y eut

Un matin, cinquième jour.

24 Et Dieu dit : "Que la terre

Produise des êtres vivants selon leur espèce :

Bestiaux, reptiles, bêtes sauvages selon leur espèce

Et tous les reptiles du sol selon leur espèce",

Et il en fut ainsi. 25 Alors Dieu fit les bêtes

Sauvages selon leur espèce, selon leur espèce

Les bestiaux, selon leur espèce tous les reptiles

Du sol. (Ainsi) Dieu vit que cela était bien.

26 Et Dieu dit : "Faisons un homme selon notre image

Selon notre ressemblance. Qu'ils aient autorité

Sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel,

Sur les bestiaux et sur toutes les bêtes sauvages,

Et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre".

27 Dieu créa l'homme à son image, à son image

Il le créa. Il les créa mâle et femelle.

28 Et Dieu les bénit. Ainsi Dieu leur dit : "Croissez

Multipliez-vous, soumettez-la. Dominez

Sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel,

Et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre".

29 Dieu voici que je vous ai donné toute herbe

Portant de la semence qui est à la surface

De toute la terre, de tous les arbres qui ont fait des fruits

Portant de la semence. Ainsi ils serviront

Pour votre nourriture.

Premier Livre de Samuel

III - SAUL ET DAVID.

I - DAVID A LA COUR

Onction de David

16 1 Et Yahvé dit

A Samuel : "Jusques à quand mèneras-tu

Le deuil de Saül, c'est moi qui l'ai rejeté

Pour qu'il ne soit plus roi sur Israël. Emplis

Ta corne d'huile, va ! Je t'envoie vers Isaï

De Bethléem, car je me suis choisi un roi

Parmi ses fils".

2 Samuel dit : "Comment irai-je ?

Si Saül l'apprend, il me tuera !"

Yahvé dit :

"Ainsi tu prendras de ta main une génisse

Et tu diras : "je suis venu pour sacrifier

A Yahvé. 3 Et tu inviteras Isaï

Au sacrifice, et moi, je te ferai savoir

Ce que tu auras à faire, tu oindras pour moi

Celui que je te dirai".

4 Samuel fit donc

Ce qu'avait dit Yahvé, il vint à Bethléem.

Les anciens de la ville arrivèrent en tremblant

A sa rencontre, ils dirent : "Serait-ce pour la paix

Que tu viens ?" 5 Il dit : "Pour la paix : je suis venu

Pour sacrifier à Yahvé, sanctifiez-vous,

Vous viendrez au sacrifice avec moi".

Premier Livre de Samuel

Alors

Il sanctifia Isaï et ses fils, il les

Invita au sacrifice. 6 Dès qu'ils furent entrés,

Il vit Eliab et lui dit : "C'est vraiment son oint

Qui est devant Yahvé !" 7 Yahvé à Samuel

Dit : "Mais ne considère pas son apparence

Ni la hauteur de sa taille, je l'ai dédaigné :

Car Dieu ne voit pas comme voit l'homme, puisque l'homme

Voit ce qui paraît aux yeux, Yahvé voit le coeur".

8 Alors Isaï appela Abinadab

Et le fit passer devant Samuel, qui dit :

"Celui-ci non plus, Yahvé ne l'a pas choisi !"

9 Isaï fit passer Shammah, Samuel dit :

"Celui-ci non plus, Yahvé ne l'a pas choisi !"

10 Isaï fit ainsi passer sept de ses fils

Devant Samuel, Samuel à Isaï

Dit : "Non, Yahvé n'a choisi aucun de ceux-là".

11 Et Samuel dit à Isaï : "Sont-ce-là

Tous les jeunes gens ?" Il dit ceci : "Il reste encore

Le plus petit, voilà qu'il est en train de faire

Paître le petit bétail !"

Alors Samuel

Dit à Isaï : "Envoie-le quérir, puisque

Nous n'irons pas à table tant qu'il n'est venu

Ici". 12 Il envoya et il le fit venir.

Celui-ci était roux, il avait de beaux yeux,

Une bonne apparence. Yahvé dit : "Lève-toi,

Oins-le, car c'est lui !"

13 Samuel prit la corne d'huile,

Il l'oignit au milieu de ses frères, et l'esprit

De Yahvé, dès ce jour et dans la suite fondit

Sur David. Samuel se leva, et s'en fut

A Ramah.

Premier Livre de Samuel

David entre au service de Saül.

14 L'esprit de Yahvé se retira

De Saül, et un esprit mauvais suscité

Par Yahvé se mit à l'épouvanter. 15 Alors

Les serviteurs de Yahvé lui dirent : "Voici donc

Qu'un mauvais esprit de Dieu te fait des terreurs.

16 Que notre Seigneur parle ! Car tes serviteurs sont

Devant toi, et ils chercheront un homme sachant

Jouer de la cithare : dès que sera sur toi

Le mauvais esprit de Dieu, il en jouera donc

De la main, tu te trouveras mieux".

17 Saül dit

A ses serviteurs : "Voyez bien à me trouver

Un homme qui joue bien, et vous me l'amènerez."

18 L'un des garçons prit la parole et dit : "Voici

Que j'ai vu un fils d'Isaï de Bethléem

Qui sait jouer de la musique, et c'est un brave

De valeur, et un homme de guerre, à la parole

Intelligente ; il a belle tournure, Yahvé est

Avec lui."

19 Saül envoya des messagers

Vers Isaï et il dit : "Envoi-moi David

Ton fils qui se trouve avec le petit bétail".

20 Isaï prit cinq pains et une outre de vin,

Ainsi qu'un chevreau qu'il envoya à Saül

Par la main de David, son fils. 21 David vint donc

Vers Saül et se tint devant lui ; celui-ci

L'aima beaucoup, et il devint son porteur d'armes.

22 Puis Saül fit dire à Isaï : "Que David

Je te prie, se tienne devant moi car il a

Trouvé grâce à mes yeux !"

23 Quand un esprit de Dieu

Etait sur Saül, David prenait la cithare

Et en jouait de sa main. Saül en était

Soulagé et se trouvait mieux : l'esprit mauvais

Se retirait loin de lui.

Les psaumes

PSAUME 1

Les deux voies.

1 Heureux l'homme qui refuse les conseils des méchants,

Et qui n'emprunte pas le chemin des pécheurs,

Et qui n'a pas siégé au milieu des railleurs,

2 Mais qui prend son plaisir en la Loi de Yahvé,

Qui médite sa Loi tout le jour et la nuit.

3 Il est l'arbre planté près du cours du ruisseau

Qui distribue son fruit en son temps de saison.

Son feuillage reste vert. Ce qu'il fait, réussit.

4 Il n'en va pas de même de ceux qui sont méchants.

Ils sont comme la bale emportée par le vent.

5 C'est pourquoi les méchants ne tiendront pas débout

Lors de leur jugement, pas plus que les pécheurs

Dans l'assemblée des justes. 6 C'est Yahvé qui connaît

La voie des justes, mais la voie des méchants se perd.

PSAUME 45

Epithalame royal

1 Du maître de chant. Et sur l'air : des lys ... des fils

De Coré. Poème. Chant d'amour.

2 Mon coeur s'agite

En belles paroles. Je vais dire mes poèmes au roi.

Que ma langue soit la plume d'un habile écrivain !

3 Tu es beau, le plus beau parmi les fils d'Adam.

La grâce est répandue et elle coule sur tes lèvres.

C'est pourquoi Elohim t'a béni pour toujours.

4 Ceins ton glaive à ta hanche, ô héros ! Dans le faste

Et l'éclat, 5 bande ton arc, bondis et chevauche

Pour la cause de loyauté, de la douceur,

De la justice. Ta droite t'enseigne des exploits !

6 Que tes flèches sont aiguës ! Les peuples sont sous toi!

Et elles percent le coeur des ennemis du roi !

7 Ton trône subsistera à jamais, à jamais !

Un spectre de droiture que ton spectre royal !

8 Tu aimes la justice et détestes le mal !

C'est pourquoi Elohim, ton Dieu, t'a oint d'une huile

D'allégresse, de préférence à tes compagnons.

La myrrhe et l'aloès et la cannelle parfument

9 Tous tes habits. Et sortant des palais d'ivoire,

Les luths te réjouissent.

10 Parmi tes favorites

Il est des filles de roi. A ta droite est la reine

Parée de l'or d'Orphir, qui se trouve debout.

11 Ma fille, écoute, regarde et tends bien ton oreille.

Et oublie ton peuple et la maison de ton père !

12 Que le roi s'éprenne de ta grande beauté !

Puisqu'il est ton Seigneur, courbe-toi devant lui !

13 Ainsi la fille de Tyr est chargée de présents,

Et les gens opulents adoucissent ta face.

14 Resplendissante, la fille du roi fait son entrée

Parée de tissus d'or. 15 En habits diaprés,

Elle est conduite au roi. Des vierges sont à sa suite.

Les psaumes

On mène des compagnes qui te sont destinées.

16 Dans la joie, l'allégresse, elles pénètrent au palais.

17 A la place de tes pères, te viendront des fils.

Tu en feras des princes sur tout le territoire.

18 Je veux redire encore ton nom dans tous les âges.

Que les peuples te louent à jamais, à jamais !

PSAUME 110

Le sacerdoce du Messie.

1 De David. Psaume.

Oracle de Yahvé donné

A mon Seigneur : "Assieds-toi à ma droite jusqu'à

Ce que je fasse de tes adversaires l'escabeau

De tes pieds !"

2 Le spectre de ta puissance, Yahvé

L'étendra depuis Sion : domine au milieu

De tes ennemis !

3 En toi la noblesse, au jour

De ta naissance accompagné d'honneurs sacrés,

Dès le sein, et à toi, dès l'aurore, la rosée

De ta jeunesse !

4 C'est ainsi : Yahvé l'a juré,

Et il ne s'en repentira pas : "Tu es prêtre

A jamais à la manière de Melchisédech".

5 Adonaï est à ta droite, il brise les rois

Au jours de sa colère, il juge les nations :

C'est plein de cadavres, dont il a brisé la tête

Sur l'étendue de la terre.

7 Au torrent il boit

En chemin, c'est pourquoi il relève la tête.

Les cinq rouleaux

I - LE CANTIQUE DES CANTIQUES

1 Le cantique des cantiques qui est de Salomon.

2 Qu'il me baise des baisers de sa bouche !...3 Car tes

Caresses sont meilleures que le vin, tes parfums

Sont agréables à respirer, et ton nom est

Une huile qui se répand. Et voilà pourquoi

Les jeunes filles t'aiment ! 4 Entraîne-moi, courons

Après toi ! .. Quand le roi dans ses appartements

M'aura introduite, nous exulterons, grâce à toi

Nous nous réjouirons, et nous évoquerons

Tes caresses meilleures que le vin. Et l'on t'aime

Avec raison.

Premier Poème.

5 Je suis noire mais jolie, filles de

Jérusalem, comme les tentes de Cédar,

Comme les pavillons de Salomon. Aussi

Ne faites pas attention à mon teint noirâtre

Car le soleil m'a hâlée. Les fils de ma mère

Se sont irrités contre moi : ils m'avaient mise

A garder les vignes, mais ma vigne, je ne l'ai pas

Gardée.

Fais-mois savoir, ô l'aimé de mon âme

Où tu mènes paître le troupeau à midi,

Où tu le fais coucher pour que je ne sois pas

Comme celle qui se cache auprès des troupeaux

De tes compagnons.

7 O la plus belle des femmes,

Si tu ne le sais pas, sur la trace des brebis

Sors, et fais paître les chevrettes près des demeures

Des bergers.

A une cavale parmi les chars

Des Pharaons, je te compare, ô ma compagne.

Tes joues sont jolies parmi les colliers, ton cou

Parmi les perles : nous te ferons des colliers d'or

Avec des pointes d'argent.

Comme on faisait cercle

Autour du roi, mon nard a donné son odeur :

C'est un sachet de myrrhe, mon bien-aimé pour moi,

Et il repose entre mes seins ; c'est une grappe

De henné, mon bien-aimé, pour moi, au milieu

Des vignes d'Engadi.

Que tu es belle, ma

Compagne, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes !

Que tu es beau, mon bien-aimé, combien gracieux !

Et les poutres de notre maison sont de cèdre,

Nos lambris sont de cyprès.

Je suis le narcisse

De Saron, le lis des vallées. Et tel un lis

Parmi les épines, telle ma compagne parmi

Les filles.

Tel un pommier parmi les arbres du

Bois, tel est mon bien-aimé parmi les garçons.

A son ombre j'ai désiré m'asseoir, son fruit

Est doux à mon palais. Et il m'a introduite

Dans la maison de vin, dont l'enseigne au-dessus

De moi, était Amour ! Soutenez-moi avec

Des gâteaux, réconfortez-moi avec des pommes,

Car je suis malade d'amour : sa main gauche est

Sous sa tête, sa droite m'enlace.

Je vous adjure,

Filles de Jérusalem, par les gazelles ou

Par les biches des champs, n'éveillez pas l'Amour,

Ne le réveillez pas jusqu'à ce qu'elle le veuille !

Second poème.

8 C'est la voix de mon bien-aimé ! C'est lui qui vient,

Bondissant par-dessus les montagnes, et sautant

Par-dessus les collines ! Mon bien-aimé ressemble

A une gazelle ou au jeune faon des biches.

Et le voici qui s'arrête derrière notre mur,

Par les fenêtres regardant, par les grillages

Guettant.

Mon bien-aimé a pris la parole et

Il m'a dit : Debout ! Ma compagne, ma belle, et viens

Car voici que l'hiver est passé, et la pluie

A cessé, elle s'en est allée, dans le pays

Les fleurs sont apparues le temps de la chanson

Est arrivé et la voix de la tourterelle

S'est fait entendre dans nos campagnes, le figuier

A produit ses fruits verts, les vignes en bouton

Ont répandu leur odeur ! Debout ! Ma compagne,

Ma belle et viens. Cachée dans le creux des rochers

Et dans le secret du raidillon, ma colombe

Fais-moi voir ton visage et entendre ta voix,

Car ta voix est douce et ton visage est charmant.

Prenez pour nous les renards, les petits renards

Qui ravagent les vignes, nos vignes sont en fleur.

Mon bien-aimé est à moi, moi je suis à lui,

Lui qui paît parmi les lis avant que le vent

Du jour ne souffle et que les ombres ne deviennent

Fuyantes, reviens, sois semblable, mon bien-aimé

A une gazelle ou au jeune faon des biches

Sur les montagnes de l'horizon. Sur ma couche,

Durant les nuits, j'ai cherché l'aimé de mon âme,

Et je l'ai cherché, mais je ne l'ai point trouvé !

Je me lèverai donc et je circulerai

Par la ville, dans les bazars et sur les places, je

Chercherai l'aimé de mon âme, je l'ai cherché

Et je ne l'ai point trouvé !

Ils m'ont rencontrée,

Les gardiens, ceux qui ont circulé par la ville :

"Avez-vous vu l'aimé de mon âme ?" Mais à peine

Les ai-je dépassés que je l'avais trouvé

L'aimé de mon âme. Je l'ai saisi et ne le

Lâcherai pas jusqu'à l'avoir fait pénétrer

Dans la maison de ma mère, dans l'appartement

De celle qui m'a conçue.

Le nouveau testament

EVANGILE SELON JEAN

PROLOGUE

I 1 Au commencement était le Verbe, et le Verbe

Etait auprès de Dieu, le Verbe était Dieu.

2 Il était au commencement auprès de Dieu.

3 Par lui tout a paru, sans lui rien a paru

De ce qui est paru. 4 En lui était la vie,

La vie était la lumière des hommes ; 5 la lumière

Brille dans les ténèbres, les ténèbres n'ont pu

L'arrêter.

6 Paru un homme envoyé de Dieu ;

Son nom était Jean, 7 et il vint en témoignage

Pour rendre témoignage à la lumière afin

Que tous crussent par lui. 8 Celui-là n'était pas

La lumière, mais il devait rendre témoignage

A la lumière.

9 Car la lumière, la véritable

Qui illumine tout homme venait dans le monde.

1O Il était dans le monde, et le monde a paru

Par lui, et le monde ne l'a pas connu.

11 Il est venu chez lui, et les siens ne l'ont pas

Accueilli; 12 A tous ceux qui l'ont reçu, il a

Donné pouvoir de devenir enfants de Dieu,

A ceux qui croient en son Nom, 13 qui ne sont pas nés

Du sang, ni d'un vouloir de chair, ni d'un vouloir

D'homme, mais de Dieu. 14 Et le Verbe est devenu chair.

Il a séjourné parmi nous. Et nous avons

Contemplé sa gloire, gloire comme celle que tient

De son Père un Fils unique, qui est plein de grâce

Et de Vérité.

15 Jean témoigne à son sujet,

Et il crie ceci : "C'était celui dont j'ai dit :

Celui qui s'en vient après moi est passé

Devant moi, parce que, avant moi, il était".

16 Car de sa plénitude, nous avons tout reçu,

Grâce sur grâce ; 17 car la Loi a été donnée

Par Moïse, pourtant la grâce et la vérité

Sont venues par Jésus Christ. 18 Aussi, Dieu, personne

Ne l'a jamais vu ; un Dieu, Fils unique qui est

Dans le sein du Père, Celui-là l'a fait connaître.

I - LA PREMIERE PAQUE

A - LA SEMAINE INAUGURALE

Le témoignage de Jean.

19 Et tel est le témoignage de Jean, lorsque,

De Jérusalem des Juifs lui ont envoyé

Des prêtres avec des Lévites pour l'interroger :

"Qui es-tu ?" 20 Il l'avoua, il ne nia pas,

Et il l'avoua "Moi, je ne suis pas le Christ".

21 Et ils l'interrogèrent : "Quoi donc, Es-tu Elie ?"

Il dit : "Je ne le suis pas" - "Es-tu le prophète ?"

Il répondit :"NON". 22 Ils lui dirent donc : "Qui es-tu?"

Que nous rendions la réponse à ceux qui nous ont

Envoyés. "Que dis-tu de toi-même ?" "Je suis la voix

Déclara-t-il de celui qui clame au désert :

Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit

Isaïe, le prophète".

24 Les envoyés étaient

Des Pharisiens. 25 Ils l'interrogèrent et lui dirent :

"Pourquoi donc baptises-tu si tu n'es ni le Christ,

Ni Elie, ni le prophète ?" Jean leur répondit,

Et dit : "Moi, je baptise dans l'eau ; au milieu

De vous est quelqu'un que vous ne connaissez pas,

27 Celui qui vient après moi, je ne suis pas digne,

Moi, de délier la courroie de sa chaussure".

28 Cela se passa à Béthamie, au-delà

Du Jourdain, où Jean se trouvait à baptiser.

29 Le lendemain, il regarde venir Jésus

Qui venait vers lui, et il dit : "Voici l'Agneau

Qui enlève le péché du monde. 3O C'est celui

Pour lequel moi j'ai dit : "Après moi vient un homme

Qui est passé devant moi, puisque, avant moi,

Il était. 31 Et moi, je ne le reconnaissais pas,

Mais pour qu'il fût manifesté à Israël,

Voilà pourquoi je suis venu, moi, baptisant

Dans l'eau".

2 Et Jean témoigna en disant : "J'ai vu

L'Esprit descendre, comme une colombe qui venait

Du ciel, et il est demeuré sur lui. 33 Et moi

Je ne le connaissais pas, mais Celui qui m'a

Envoyé baptiser dans l'eau m'a dit : Celui

Sur lequel tu verras l'Esprit descendre, sur lui

Demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint.

34 Et moi j'ai vu, et j'ai témoigné que c'est lui,

L'Elu de Dieu."

Les premiers disciples.

35 Et le lendemain, de nouveau

Jean se tenait là avec deux de ses disciples

36 Regardant Jésus qui passait, il dit : "Voici

L'Agneau de Dieu".

37 Les deux disciples l'entendirent

Parler, ils suivirent Jésus. 38 Mais se retournant

Et les voyant qui le suivaient, Jésus leur dit :

"Que cherchez-vous ?" Et ils lui dirent ceci :

"Rabbi (mot qui veut dire : Maître), où demeures-tu ?"

39 Il leur dit : "Venez et vous verrez". Et ils vinrent

Et virent où il demeurait, et ils demeurèrent

Chez lui ce jour-là, c'était vers la dixième heure.

40 Or, André, le frère de Simon-Pierre était l'un

Des deux qui avaient entendu Jean et suivi

Jésus. 41 Et il trouve d'abord son frère Simon

Et il lui dit : "Nous avons trouvé le Messie !"

(Ce qui veut dire Christ). 42 Il l'amena à Jésus

Et le regardant, Jésus dit : "Tu es Simon,

Le fils de Jean ; et tu t'appelleras Képhas".

(Ce qui signifie : Pierre).

L'APOCALYPSE

II - LE CHATIMENT DE BABYLONE

La Prostituée fameuse.

17 1 Un des sept anges

Qui avaient les sept coupes vint, et il parla

Avec moi en disant : ""Ici ! que je te montre

Le jugement de la grande prostituée

Qui est assise sur les grandes eaux, 2 avec

Qui les rois de la terre se sont prostitués,

Les habitants de la terre se sont enivrés

Du vin de sa prostitution.

3 Il m'emporta

En esprit au désert. Et je vis une femme

Assise sur une bête écarlate à sept têtes

Avec dix cornes, pleine de noms blasphématoires.

4 La femme était vêtue de pourpre et d'écarlate,

Toute dorée d'or, de pierres précieuses et de perles.

Elle avait dans sa main une coupe d'or pleine

D'abominations avec les impuretés

De sa prostitution, et sur son front un nom

Ecrit, - un mystère : Babylone la grande, mère

Des prostituées et des abominations

De la terre.

6 Je vis cette femme s'enivrer

Du sang des saints, du sang des témoins de Jésus.

Aussi je m'étonnais d'un grand étonnement

En la voyant. 7 Alors l'ange me dit : "Pourquoi

T'étonner ? Car moi, je te dirai le mystère

De la Femme et de la Bête qui la porte, de celle

Qui a les sept têtes et les dix cornes.

Symbolisme de la Bête et de la Prostituée

Or la Bête

Que tu as vue était, elle n'est plus. Et elle va

Monter de l'Abîme et aller à sa perte. Ceux

Qui sont sur terre, dont le nom ne se trouve pas

Ecrit, dès l'origine sur le Livre de vie,

S'étonneront de voir la Bête, car elle était,

Elle n'est plus et elle reparaîtra. 9 Ici est

L'intelligence, et la sagesse : les sept têtes sont

Sept montagnes sur lesquelles la Femme est assise.

Ce sont également sept rois, 10 cinq sont tombés,

L'un existe et l'autre n'est pas encore venu,

Pourtant quand il viendra, il doit demeurer peu.

11 Et la Bête qui n'est plus et qui était est

Elle-même un huitième roi ; et elle est des sept,

Elle va à sa perte. 12 "Les dix cornes que tu as

Vues sont dix rois, mais ils n'ont pas reçu

La royauté, ils reçoivent pouvoir de rois

Pour une heure, avec la Bête. 13 Ils n'ont qu'un dessein,

Ils donnent leur puissance et pouvoir en la Bête.

14 Ceux-là feront la guerre à l'Agneau et l'Agneau

Les vaincra, parce qu'il est Seigneur des seigneurs

Et Roi des rois, et avec lui ses appelés

Ses élus, ses fidèles."

15 Et il me dit : "Les eaux

Que tu as vues, là où la Prostituée est

Assise, ce sont des peuples, des foules, des nations

Et des langues. 16 Et les dix cornes que tu as vues

Avec la Bête haïront la Prostituée,

Ils la rendront déserte et nue, ils mangeront

Ses chairs et ils consumeront par le feu.

17 Puisque Dieu leur a mis au coeur d'exécuter

Son dessein, et d'exécuter un seul dessein,

De donner leur royauté à la Bête, jusqu'à

Ce que soient achevées les paroles de Dieu

La femme que tu as vue, c'est la grande ville

Qui a la royauté sur les rois de la terre."

Un Ange annonce la chute de Babylone.

18 1 Après cela, je vis un autre ange descendre

Du ciel avec un grand pouvoir, et la terre fut

Illuminée de sa gloire. D'une voix puissante,

Il s'écria : ("Elle est tombée, elle est tombée,

Babylone la grande, et elle est devenue

Une demeure de démons et un repaire

Pour tout oiseau impur et détesté, puisque

Toutes les nations ont bu du vin de fureur

De sa prostitution, puisque les rois

De la terre se sont prostitués avec elle,

Et les marchands de la terre se sont enrichis

De la puissance de son luxe".

Le peuple de Dieu doit s'enfuir.

4 Et j'entendis

Une autre voix provenant du ciel, qui disait :

"Sortez donc de chez elle, ô mon peuple, pour ne pas

Vous associer à ses péchés et pour ne pas

Recevoir de ses plaies. 5 Car ses péchés se sont

Amoncelés jusqu'au ciel, Dieu s'est rappelé

Ses injustices. 6 Payez-la comme elle a payé,

Rendez-lui au double de ses oeuvres ; dans la coupe

Où elle a versé, versez-lui le double. 7 Autant

Elle a étalé de gloire et de luxe, autant

Donnez-lui de torture et de deuil. Car elle dit

En son coeur, je trône en reine, je ne suis pas veuve

Et je ne verrai pas le deuil. 8 Voilà pourquoi,

En un seul jour s'en viendront ses plaies : peste et deuil

Et famine. Elle sera consumée par le feu,

Parce qu'il est puissant le Seigneur Dieu qui l'a

Jugée"

.

Le Coran

SOURATE C

Les coursiers rapides

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde

Le Miséricordieux.

1 Par les coursiers rapides, haletants ! 2 Ceux qui font

Jaillir des étincelles ; 3 ceux qui surgissent à l'aube ;

4 Ceux qui font voler la poussière ; 5 ceux qui pénètrent

Au centre de Jama’a !

6 Oui, l'homme est ingrat

Envers son Seigneur : 7 il est témoin de cela,

8 Pourtant son amour des richesses est le plus fort.

9 Ne sait-il pas qu'au moment où le contenu

Des tombeaux sera bouleversé, 10 et celui

Des coeurs exposé en pleine lumière, 11 ce jour-là,

Leur Seigneur sera parfaitement informé

De tout ce qui les concerne ?

Le Coran

SOURATE CI

Celle qui fracasse

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde,

Le Miséricordieux.

1 Celle qui fracasse ! 2 Qu'est-ce donc que celle qui fracasse ?

3 Mais comment sauras-tu ce qu'est celle qui fracasse ?

4 Ce sera le Jour où les hommes seront semblables

A des papillons dispersés 5 et les montagnes

A des flocons de laine teinte.

6 Celui dont les oeuvres

Seront lourdes 7 connaîtra une vie heureuse, 8 celui

Dont les oeuvres seront légères 9 aura un abîme

Pour demeure.

10 Mais comment pourras-tu le connaître ?

11 C'est un feu ardent.

 

SOURATE CII

La rivalité

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde

Le Miséricordieux.

1 La rivalité vous distrait 2 jusqu'au moment

Où vous visiterez les tombes.

3 Non ! ... Vous saurez

Bientôt ! 4 Encore une fois : vous saurez bientôt !

Le Coran

5 Non !...

Mais si vous le saviez de science certaine !

6 Vous verrez sûrement la Fournaise ; 7 avec l'oeil

De la certitude, vous la verrez. 8 Ce jour-là

On vous demandera compte des plaisirs passés.

 

SOURATE CIV

Le calomnieur

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde,

Le Miséricordieux.

1 Malheur au calomniateur, au médisant

2 Qui amasse les richesses et les compte !

3 Il pense

Que ses richesses le rendront immortel ! 4 Et non ! ...

Il sera précipité dans la Houtama.

5 Mais comment saurais-tu ce qu'est la Houtama ?

6 C'est le Feu de Dieu, le feu allumé 7 qui prend

Jusqu'aux entrailles.

8 Il se refermera sur eux

9 En longues colonnes.

SOURATE XCV

Le figuier

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde

Le Miséricordieux.

1 Par le figuier et par l'olivier ! 2 Par le Mont

Sinaï ! 3 par ce territoire sacré !

Le Coran

4 Oui,

Nous avons créé l'homme dans la forme parfaite ;

5 Nous l'avons renvoyé aux plus bas des degrés,

6 Excepté ceux qui auront cru et qui auront

Accompli des bonnes oeuvres, une récompense

Sans fin leur sera destinée.

7 Après cela

Qui est-ce qui t'incite à traiter de mensonge

Le Jugement ? 8 Car Dieu n'est-il pas le plus juste des juges ?

SOURATE XCVI

La caillot de sang

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde,

Le Miséricordieux.

1 Lis au Nom de ton Seigneur qui a créé tout !

2 Et qui a crée l'homme d'un caillot de sang.

3 Lis ! ...

Car ton Seigneur est le Très-Généreux 4 qui a

Instruit l'homme au moyen du calame 5 et lui a

Enseigné ce qu'il ignorait.

6 Bien au contraire !

Car l'homme est rebelle 7 dès qu'il se voit dans l'aisance

8 - Oui, le retour se fera bien vers ton Seigneur -

9 As-tu vu celui qui empêchait de prier

10 Un serviteur de Dieu ?

11 As-tu vu s'il était

Dans la bonne voie 12 et s'il ordonnait la piété ?

13 As-tu vu s'il criait au mensonge et s'il voulait

S'en détourner ? 14 Ne sait-il pas que Dieu voit tout ?

Le Coran

15 Bien au contraire ! Mais s'il ne cesse pas, alors

Nous le traînerons par le toupet de son front,

16 De son front menteur et pécheur.

 

SOURATE CVIII

La preuve décisive

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde,

Le Miséricordieux.

1 Les incrédules parmi les gens qui ont le Livre

Avec les polythéistes ne changeront pas

Tant que la preuve décisive ne leur sera pas parvenue.

2 C'est un Prophète envoyé par Dieu

Qui dit des feuillets purifiés 3 contenant

Des Ecritures immuables.

4 Ceux qui ont reçu

Le Livre ne se sont divisés en sectes qu'après

La venue de la preuve décisive.

5 Et pourtant

On leur avait ordonné comme de vrais croyants

Qui lui rendent un culte sincère, d'adorer Dieu ;

De s'acquitter de la prière ; de faire l'aumône

- Telle est la Religion vraie ! -

Le Coran

SOURATE XCIII

La clarté du jour

Au nom de Dieu :

Celui qui fait miséricorde,

Le Miséricordieux.

1 Par la clarté du jour !... 2 Par la nuit qui s'étend !

3 Ton Seigneur ne t'a point oublié ni haï !

4 La vie future vaut mieux pour toi que celle ci,

Oui.

5 Ton Seigneur t'accordera bientôt ses dons,

Tu seras satisfait.

6 Ne t'a-t-il pas trouvé

Orphelin, et il t'a procuré un refuge.

7 Il t'a trouvé errant alors il t'a guidé.

8 Il t'a trouvé pauvre alors il t'a enrichi.

9 L'orphelin, ne le brime pas.

10 Et le mendiant,

Ne le repousse pas.

11 Mais raconte plutôt

Les bienfaits de ton Seigneur.

Livre I - extraits

L'ENEIDE

Enée parle à sa mère, Vénus

 

Or,

Le pieux Enée qui avait consacré sa nuit

A réfléchir, à l'apparition du premier

Rayon de la bonne lumière se lève et sort.

Il veut explorer ces lieux inconnus, savoir

Sur quels bords les vents l'ont poussé, si ce pays

Qu'il voit inculte, est habité par des hommes

Ou des bêtes sauvages, et rapporter à ses

Compagnons ses découvertes. Il cache sa flotte

Dans un enfoncement des bois, sous une voûte

De rochers, entourée d'arbres et d'ombres touffues.

Lui-même se met en route accompagné du seul

Achate, balançant à la main deux javelots

Armés d'un large fer.

Sa mère s'offre à sa vue

Au milieu de la forêt, elle avait les traits,

Le costume et les armes d'une vierge de Sparte,

Ou telle la Thrace Harpalyce quand elle fatigue

Ses chevaux, et devance à la course le survol

De l'Eurus. Vêtue en chasseresse, elle avait

Suspendu à ses épaules l'arc flexible, selon

L'usage, et elle avait laissé sa chevelure

Flotter au caprice du vent, sa jambe nue

Jusqu'au genou, et les plis flottant de sa robe

Relevés par un noeud. "Hé ! Jeunes gens, fit-elle

La première, dites-moi si vous n'avez pas vu

Par hasard une de mes soeurs errer ici,

Armée d'un carquois et couverte de la peau

De lynx tachetée, chasser à grands cris la course

D'un sanglier écumant ?"

Livre I - extraits

Ainsi Vénus parle,

Et le fils de Vénus lui répond : "Je n'ai vu

Ni entendu aucune de tes soeurs, o vierge

Que je ne sais comment nommer. Car tu n'as pas

L'air d'une mortelle et ta voix n'a pas le son

Humain. Déesse, certainement (es-tu la soeur

De Thébus, ou du sang des Nymphes ?), sois nous propice,

Et allège, qui que tu sois, notre lourde tâche.

Sous quels cieux, sous quelles rives, sommes-nous jetés ?

Fais-le nous savoir. Nous ignorons tout, les lieux

Les hommes, nous errons ici poussés par le vent

Et les vastes flots ? Et nos mains feront tomber

Plus d'une victime devant tes autels."

Alors

Vénus : "Je ne suis pas digne d'un tel honneur.

C'est l'usage des vierges Tyriennes de porter

Les carquois, de chausser le cothurne de pourpre

Jusqu'aux jambes.

Tu vois là le royaume punique,

En état Tyrien et la ville d'Agénor,

Mais le pays appartient aux Lybiens, race

Indomptable et guerrière. Le pouvoir appartient

A Didon qui a quitté la Ville de Tyr

Pour fuir son frère. L'histoire de ses malheurs est longue,

Longues ses péripéties : j'en effleurerai

Les faits les plus importants.

Son mari Sychée

Etait le plus riche des Seigneurs de Phénicie,

La malheureuse le chérissait d'un grand amour.

Son père la lui avait donnée vierge et l'avait

Mariée sous les premiers auspices de l'hymen.

Son frère, qui possédait le royaume de Tyr

Pygmalion, était le plus abominable

Des scélérats. Une haine furieuse se mit

Livre I - extraits

Entre les deux beaux-frères, et l'impie aveuglé

Par son amour de l'or surprend et tue Sychée

En secret au pied de son autel, sans pitié

Pour l'amour de sa soeur. Le forfait demeura

Longtemps caché, et il fit preuve d'impostures,

Trompant d'un vain espoir l'amante désolée.

Elle vit dans son sommeil l'ombre de son mari,

Privé de sépulture, le visage recouvert

D'une pâleur étrange : il lui montra l'autel

Sanglant, sa poitrine traversée d'une lame,

Et il lui dévoila le mystérieux crime

Commis dans son palais. Puis il lui conseilla

De fuir en toute hâte, de quitter sa patrie

Et pour l'aider dans son voyage il lui montra

D'anciens trésors enfouis sous la terre, amas

Ignoré d'argent et d'or.

Remplie de frayeur

Didon se préparait à fuir et recherchait

Des compagnons. Autour d'elle se rassemblent ceux

Qui avaient éprouvé une haine féroce

Et un âpre sentiment de crainte à l'égard

Du tyran. Ils s'emparent de vaisseaux qui allaient

Par hasard, appareiller. Ils les chargent d'or

Et les richesses que l'avide Pygmalion

Avait convoitées, sont emportées sur la mer.

Une femme a tout conduit. Arrivés au lieu

Où tu verras aujourd'hui d'énormes remparts

Et la citadelle imposante de la nouvelle

Carthage, ils achetèrent tout le sol qu'on pouvait

Entourer avec la peau d'un taureau, d'où son

Nom de Byrsa. Mais vous enfin, qui êtes-vous ?

D'où venez-vous ? Où allez-vous ?

Livre I - extraits

A ces questions

Il soupire, tirant sa voix du fond de sa poitrine :

"O déesse, dit-il si je remontais jusqu'à

L'origine première de mes maux, si tu avais

Le loisir d'en écouter le récit, Vesper,

Avant la fin de mon récit, aurait fermé

Les portes de l'Olympe et du jour.

Livre III - extraits

L'ENEIDE

Enée rencontre Andromaque.

En ce moment par hasard, dans un bois sacré

Devant la ville, près de l'onde d'un Simoïs

Menteur, Andromaque offrait aux cendres d'Hector

Les mets accoutumés et les présents funèbres.

Elles invoquait les Mânes près d'un tombeau d'Hector

Vide hélas, paré de vert gazon. Elle l'avait

Consacré avec deux autels, source de larmes.

Dès qu'elle m'aperçut et qu'elle vit autour de moi

Les armes de Troie, éperdue, épouvantée

D'un signe prodige, elle demeura à ma vue

Figée ; la chaleur de la vie abandonna

Ses os, elle s'évanouit et ce n'est qu'après

Un long silence qu'elle me dit : "Est-ce bien toi

Que je vois ? Es-tu vraiment ce que tu annonces,

Fils d'une déesse ? Es-tu vivant ? Ou, si la

Bonne lumière s'est effacée pour toi, Hector,

Où est-il ?" Elle dit, elle fond en larmes et remplit

Tout le lieu de ses cris.

Livre III - extraits

Devant son désespoir

Je ne sais que répondre à cette âme en douleur.

Bouleversé moi-même, je balbutie en mots

Entrecoupés : "Je suis bien vivant et je traîne

Ma vie dans les pires détresses. N'aie aucun doute

Ce que tu vois est vrai. Hélas ! Toi-même, d'un tel

Epoux dépossédée, quel destin connais-tu ?

Ou quelle fortune digne de toi t'a accueillie ?

Est-ce bien toi l'Andromaque d'Hector ? Es-tu

La femme de Pyrrhus ?"

Elle baissa le visage

Et la voix et me dit : "O heureuse entre toutes

Les filles de Priam, condamnée à mourir

Sur le tombeau d'un ennemi, devant les hauts

Murs de Troie : elle n'a pas eu à subir les chances

Du sort et n'a pas touché en captive le lit

D'un vainqueur et d'un maître. Après l'embrasement

De notre patrie, nous emportées à travers

Des mers lointaines, nous avons enduré l'orgueil

Du fils d'Achille et son insolente jeunesse,

Et nous avons enfanté dans la servitude.

Puis il suivit la Lédéenne Hermione

Et rêvant d'un hymen lancédénonien

Il m'a passé moi son esclave à son esclave

Hélémus, comme une chose. Enflammé d'amour

Pour l'épouse qui lui était ravie, harcelé

Par les Furies vengeresses, Oreste surprend

Son rival sans défense devant l'autel d'Achille.

Et l'égorge à l'improviste. Mort, Néoptolène,

Une partie de ce royaume à Hélénus

Revint ; c'est en souvenir du troyen Chaon

Qu'il donna le nom de Chaonie aux campagnes

Et à tout le pays. De plus, il éleva

Sur ces hauteurs une autre Pergane, citadelle

D'Ilion.

Livre III - extraits

Mais quels vents, quels destins ont conduit

Ta course ? Ou quel dieu sans t'avertir t'a jeté

Sur nos rivages ? Et le petit Ascagne ? Vit-il,

Respire-t-il encore ? Quand il te fut donné,

déjà Troie ... Et tout enfant qu'il est, sent-il

Qu'il a perdu sa mère ? L'exemple de son père

Enée et de son oncle Hector l'excite-t-il

A imiter l'antique vertu et le mâle

Courage de ses ancêtres ?"

Ainsi parlait-elle

En pleurant, tout en continuant de pousser

De longs gémissements, quand le fils de Priam,

Le héros Hélémus, au milieu d'une escorte

Nombreuse s'avance hors des remparts. Il reconnaît

Ses compatriotes, et heureux il les conduit

A son palais, chacune de ses paroles était

Mouillée de larmes.

Je m'approche et je reconnais

Une petite Troie, une Pergame bâtie

A l'image de la grande, un ruisseau à sec

Du nom de Xanthe, et je baise le seuil de

La porte Scée. Comme moi, les Troyens jouissent

En même temps que moi de cette ville amie :

Le roi les recevait sous de vastes portiques ;

Au milieu de la cour intérieure, avec

Les dons de Bacchus, ils faisaient des libations

De vin, devant des mets servis dans les plats d'or,

La coupe à la main.

Livre III - extraits

Déjà un jour puis un autre

Ont passé ; déjà les souffles du ciel invitent

Nos voiles, et l'Auster gonfle la voile de lin.

Je vais trouver le roi devin et je lui dis :

"Enfant de Troie, interprète des dieux, écho

Des vouloirs de Phébus, du trépied prophétique,

Du laurier de Claros, toi qui comprends les astres,

Les langues des oiseaux et leur vol en avant,

Parle-moi, je t'en prie, des oracles remplis

D'espoir m'ont prédit une course et tous les dieux

M'ont persuadé d'atteindre l'Italie et

De tenter ces terres lointaines. Seule la Harpye

Céléno m'annonce un prodige d'une nouvelle

Espèce, que l'on n'ose évoquer et me menace

De lugubre vengeance des dieux et de faim

Abominable ; quels sont les premiers périls que

J'ai à éviter, et par quel moyen surmonter

De si grands obstacles ?"

Souffles nouveaux I

I

O toi qui plonges

O toi qui plonges dans le lourd sommeil sans images, conçois quelque peu par cette substance autre ...

Tu m'es espoir par la pureté du Oint et sur l'onde inventive, tu oscilles ou tu penses y découvrir le futur d'un secret.

Ou mieux, tu es le souffle gonflé d'idées sereines, l'algèbre complexe d'un élixir à découvrir, à déceler là au plus loin, au plus proche pourtant de la raison diffuse.

Tu m'es l'approche insoupçonnée, la brise d'aile légère dans le battement envolé, et je dois te saisir, ombre belle d'idée fraîche comme une femme imagée.

Ou lentement tu descends les marches pour caresser le pur miroir d'eau fugitive, Princesse chaste aux pieds rêvés.

Et je dois te capturer dans la transparence de ma pensée, quand à peine saisie, tu m'es échappée.

Et je dois te concevoir dans la claire essence d'un concept supérieur ...

O folie ! o l'audace ! Oser te comparer de la sorte à la femme, toi mon principe d'élévation, toi ma spéculation de l'esprit.

Je délaisse la terre de chair d'ombres et d'odeurs où la forme de femme est repos de mon corps.

Je vous cherche, grains de lumière pensés.

Concevez plus sereinement, o mes grains de lumière dans mon vide intérieur, comme météorites brûlées dans l'atmosphère. Mon ciel, ma mer dans leur calme apaisé, et c'est douceur encore sous l'égide de Pollux.

Souffles nouveaux I

O femme alanguie dans sa chair, et qui repose entre mes bras au plus clair de la nuit, qui donc en moi écoute le pur gémissement de ta faiblesse. M'es-tu démon ? M'es-tu captive ? Ou le mal apaisé ? M'es-tu captive et soumise ou belle d'abandon dans l'évanouissement de ta chair ?

Solitude, au plus profond de l'homme ! Celle qui se répand sur mon épaule, lourde de chair et d'abandon, comprendra-t-elle un jour le secret de mon songe ?

Splendide solitude au sublime de l'homme ... Je te hais seulement pour ta source de femme, je respire confusément tes paillettes d'or ...

 

 

II

Et ce oint sublimé

Et ce oint sublimé chez les hommes : Prophéties ! Prophéties ! Paroles naissantes inspirées par les Dieux, et tout ce souffle ailé, substances nourricières pour les générations autres, pour les fils et les filles plus pures peut-être ... de comprendre l'annonce faite.

Nulle âme encore ne peut y prendre le message. Qu'on le bâllonne donc ! Le convainc de se taire dans l'assemblée silencieuse, dans la haute assemblée insouciante des paroles d'avenir !

La belle perte de syllabes confuse roule dans la bouche de l'interdit, se mêle à la salive, à l'huile salivée. Les yeux lumineux brûlent d'un sel supérieur, et contemplent la beauté du Fils, soupirant, soupirant hélas !...

Je contemple et j'ai souci d'extase dans l'invisible à créer : ombre de femme et miel de femme, comme embarcation légère sur des mouvements de tanguis et de voiles agitées encore.

Souffles nouveaux I

Voici l'amante endormie qui respire imprégnée de songe, soufflée de mensonges à la première heure bleue. Elle-même est fleur épanouie et reposée.

C'est elle qui sommeille dans la pénombre du jour dans son amas confus de formes lourdes et d'étoffes épaisses et drapées. Là dans son avalanche, elle dort.

Et moi, je veille celle qui ne m'entend pas.

O rêveuse jusqu'à moi hors de toi, temps d'images, qui médite dans l'inconnu des hommes, comme pensée très pure dans l'espace aérien, que n'es-tu donc que l'imperceptible certitude de vérité, qui côtoie le mensonge, le roule, le soude comme la femme experte ?

Observe-moi enfin : je m'éveille, je m'éclaire tout à coup, je prends science de ta haute naissance, le front marqué du sceau divin ; quel subtil bruissement approche encore tout près de toi ?

Vocation qui s'ouvre sur l'ordre, de l'illuminé de sphères et de lumières ! O splendeur de la Force sublime ! O Toi éternellement pur qui se consume et renaît dans l'instant, dois-je le dire ?...

Me seras-tu promesse ? Prompte à m'enrichir dans ta plus haute estime, et dans l'imitation de toi-même ? Parle encore, o sublime despote. Dans ton assiduité à revenir, veuille m'instruire pour la quête du plus pur.

Me seras-tu savoir ? Qui pousse en moi cet appel désespéré de l'avide à nourrir ? Je bois à ta lumière les rayons suprêmes de la connaissance.

Souffles nouveaux I

La dominatrice

I

Ne veux-tu pas ma chair embrasser la charmante ?

Ne veux-tu pas ce soir caresser ton amante ?

Et comme un long parfum tout imprégné de rêve,

Déshabiller sa grâce qui lentement s'élève ?

Il est doux de mourir dans son corps de déesse.

L'âme y trouve refuge très loin de la détresse.

La chair est sur la chair et se métamorphose

En s'essayant encore dans de sublimes poses.

Tout appelle à l'amour : l'existence brumeuse,

La conscience du moi toujours dévastatrice

Et sa beauté sauvage ferme et dominatrice.

Implore sa science et supplie-la encore

De verser le supplice au profond de ton corps,

Et de jouir en toi, ô superbe semeuse !

II

Quel plaisir trouves-tu à me soumettre encore,

Exigente et cruelle, ô femme de la mort ?

Quelle jouissance as-tu ô superbe maîtresse

A entourer ma chair dans le bois de détresse ?

Me voici à genoux quémandant le pardon,

Ecrasé et soumis nu et à l'abandon.

Les mains liées, frappé par ta baguette d'or,

Tu m'imposes à lécher les fruits de ton trésor.

O Mégère idolâtre, ô divine, ô sublime,

Enfonce dans mon coeur cette lame assassine

Et viens te reposer en buvant mon poison.

A moins que frénétique et ivre de désirs

Tu veuilles chevaucher jusqu'au dernier soupir

Les vices inconnus de ma sombre raison.

Souffles nouveaux I

Into himself resolved by death's great change

Il vient à abolir la légende éternelle

Par le temps maîtrisé en sa verve féconde ;

L'éphémère absolue gît livide, immortelle

Crucifiée en son sein par sa haute faconde.

O ris si en toi-même tu n'as pu concevoir

Sous le sceau du génie la superbe splendeur !

Ta critique aiguisée sait-elle se décevoir

Reconnaissant l'acquis triomphant de grandeur ?

Mais il se peut encore que t'essayait au jeu

Tu sois, frère, parvenu à gravir l'idéal

Encombrant de bouquets l'art du poème feu ?

Avec sérénité, sur toi tu les déposes

Et tu veux te gloser d'être le pur féal

Pour le couronnement des invisibles roses.

Je veux perpétuer

Je veux perpétuer par la race suprême

Le don de figurer dans le tombeau, extrême

D'une mort qui ne fait que languir, et encore

Poser le délicat avec l'éclat de l'or.

Nonchalemment éteint, ou plus vrai, éternel,

A présent éloigné du rut bas et charnel,

J'offre le vrai poème aux dieux meilleurs élu

Ayant la suffisance d'être à deux au moins lu.

Comme toi, Cher Stéphane au pur miroir fugace

Une ombre de toi-même apparaît et s'efface

Et nie en cet instant le réel du lecteur.

A moins que retournant dans le passé permis,

Je vienne visiter pour témoin le Génie

Qui ne m'accuse point d'un effet de menteur.

Souffles nouveaux I

V

Magnifique au loin l'Epouse

Magnifique au loin l'Epouse, et l'espérance insoupçonnée !... Chant de fiançailles, ô vous, je vous consacre mon souffle : j'offre ma clameur belle, supérieure encore et qui s'engouffre dans la chambre nuptiale. Si ce n'est ce délire d'excès et de forme, avec quelles faveurs promises témoignerai-je ?

Il me vient à l'esprit d'essayer ces quelques mots, je me dois de les combiner dans un délire raisonné, dans une audace maîtrisée. N'est-ce pas là le jeu que d'y trouver son plaisir ?

Oui, mes Dieux, je m'y consacre avec soin, avant qu'elle s'enfuit dans l'éther incompris, cette grande fille vierge de chair, d'étoiles incessantes composée.

Je me dois de produire l'écrit, il me faut concevoir l'écrit. Je l'honorerai de profusion divine. N'est-ce point grande oeuvre que d'agir ainsi ? Qui dirige le texte ?

O vous mes sublimes donateurs, je vous retourne tous les biens que vous m'avez remis : j'ai entendu l'ordre, j'étais présent quand le message fut transmis. Oui, le bel ouvrage se propose et se fortifie. N'est-ce point obéissance à l'appel de la Voix ?

Je parlerai de vous plus tard.

O brise, berce ma naissance ! Inonde-la de souffles purs. Que ma faveur repose au vrai soupir de vent léger !

Substance qui conçoit, qui reçoit l'éphémère parole de toute vérité certifiée. Oui ! au plus beau de l'être, se pense un être qui change.

Extase d'être dans ta chair, en moi-même repu, au délice de m'entendre. L'élan du murmure me dicte tout à coup de produire par ce battement de cil, par ce soupçon d'insignifiance ... et j'émets des sonorités diverses, des pulsions d'écrit. Tant de choses qui sur l'instant s'obtiennent ... Ai-je l'étonnement ?

Souffles nouveaux I

Et moi que suis-je au fond de ma chair, dans la certitude du Fils avec souffle vrai de son Père, avec voyance d'intelligence des Frères, des Dieux ?

La main qui pince le calame, uniquement ; qui se berce de paroles faciles, qui produit qui accumule par le poème ; réellement n'est-ce que cela ?

Comme il advint à celui qui très longtemps, sentinelle de son ombre, attendait en vain l'explication du message.

Pour moi, toute la confiance des Dieux, je suis le serviteur. Ne me dessaisissez pas, o belles clartés, mais que suis-je dans l'immense sérénité, dans cette certitude éternelle, effrayante !

 

Souffles nouveaux II

Baignée en chevelure

Baignée en chevelure comme cascade blonde

Un flot de femme plonge dans la vasque azurée,

Pressant une torsade par sa main épurée

Elle sépare les gouttes qui dans la jarre tombent.

Et nue et éloignée en sa masse de chair

Je vois confusément dans son miroir mêlé

La forme abandonnée sur des voilures ailées

Que des feux incertains par leurs renvois éclairent.

Tout s'encombre de vague : femme, glace et lumière,

Et la confusion est sublime à dépeindre

Parmi ce paysage offert à la lumière.

Ramasse mousseline à ses pieds pour se ceindre

Tournoie, se précipite dans sa vague azurée

Et d'un bond disparaît par le rêve éveillé.

Souffles nouveaux II

La chevelure si claire

La chevelure si claire comme flammes qui dansent,

O mes soupirs si purs dans l'extase, légers,

J'y enfouis mes yeux dans la masse, étrangers

Vous bondissez, dormez comme femme en cadence !

Mais l'or de la blondeur en richesse d'extase

M'émeut moi démuni d'orgasmes à espérer

En chair de la plus pure que l'âme doit pleurer

Dans sa confusion d'invisible et de gaze ;

De semer ces étoiles dans chevelures floues

Tels diamants ou torches, je conçois à l'extrême

Le charme éblouissant d'un vibrant diadème,

Et je veux compliquer par ce casque, j'avoue,

Des droites fulgurantes pour la gloire de la femme

Dans ce feu incessant de courbes et de flammes.

Apparition bleue

Quoi ! Plus pure encore là dans l'invisible glace

Que l'impossible esprit agite en ma faveur

Et anime inconnue par cet air qui efface

Sous la masse légère de mon effet rêveur

Mais proche et bondissante en mousseline nue

Apparaît et sourit voltigeuse si claire

En amas d'ombres jaunes de tête chevelue

Comme beauté stérile foudroyant un éclair

Près du réveil soudain s'échappe l'irréelle

Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle

Décor agonisant fuyant dans roses bleues

Que je sais murmurer pour un plus bref azur

Eloignée mais si proche et s'enfuient à mesure

Que l'âme se défait de ses volutes feues

Souffles nouveaux II

Cette blonde cascade

Cette blonde cascade de richesse bouclée

Glissant en mes doigts purs, je la veux tourbillons

D'écume et de vagues sur l'épaule azurée

Que la lumière efface, voltige, ou papillon ...

Non, c'est assez ! Offrons au miroir ennemi

Quelque songe diffus d'un idéal de chair,

Réveillons l'astre torve en soi-même endormi

Et par l'art de ce fard faisons briller l'éclair.

Suis-je belle à présent ? suis-je astre de soupir

Parfumée d'une essence, encombrée de métal

Dont les feux incessants exhortent le désir ?

Je m'apparais en toi, mon image fugace,

J'offre ma nudité à l'oeil contemplateur,

Sublime corps de femme qu'il supplie et embrasse.

Messages I

L'homme s'exhale

L'homme s'exhale inexorablement.

L'homme dont la recherche interne est de comprendre. Il se nourrit d'autrui, s'instruit de l'inconnu et tente par l'alchimique effort de réduire, d'étendre, d'élever.

L'homme qui use de prémonitions, d'avenirs proches, se plonge dans le passé, et se construit de l'intérieur.

Aux uns, l'insignifiance de la poésie. Aux autres la sublimation du verbe.

Offrir cette création, orienter la lumière, pour qui ?

Nous tentons stupidement de plaire, mais la clé de la métaphore est seulement accessible à l'élite.

Nous superposons des dimensions et des espaces les uns sur les autres, nous franchissons des portes au-delà de l'audace et pénétrons dans l'invisible. Mais qui pour nous suivre ?

Cent chairs de femmes

Cent chairs de femmes resplendissant ici

Eblouissant de fleurs parfumées et de musc

Se répandent sublimes dans l'âme ébahie

Superbes et irréelles par profusion d'images

Alanguies sur sofas et sur litières de roses

En cascades de corps de blondeurs amoncelées

Que je sais interdite d'extases, évanouies

A la lune halée d'images et de phosphores

Et moi de vertiges pris maîtrisant mes délires

Etonnante folie de fantasmes interdits

Pour l'adoration de peaux et de substances

Dans l'esprit inventif du poète amoureux

 

 

La pensée intérieure

La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :

Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent comme des boules multicolores,

Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères,

Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et incompris,

Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables,

Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade,

Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,

Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se draper de signes lumineux :

Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui respirent les parfums aériens,

Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.

Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint.

Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de néant.

Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.

Parle-moi, ô fille. Est-ce toi ? fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ?

Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des habits déchirés,

Il y a ta chevelure d'or.

 

N'y a-t-il pas de bouleversantes femmes qui tourbillonnent sur l'herbe sacrée, dans l'essaim vert et les feuilles d'or ?

Je crois entendre des cris là-bas de femmes claires qui circulent vers l'aube chantante.

Non, il n'y a pas de mort, il y a la vie au bord de cette source aveuglée pourtant.

La beauté est difficile à voir. Je la cherche près de la source, loin des ruelles. Elle brillera peut-être dans la nuit immortelle.

Me voilà à présent assis sous l'arbre de tourmaline, quémandant quelques explications, tandis que de superbes vierges s'offrent voilées de mousseline.

Mais quelle importance ? Pour quelle utilité ? En moi-même se construit cette géométrie interdite de poète, cette volonté mathématique de chiffres et d'invisibles structures. Hélas, Hélas ! Ce n'est qu'un mirage.

Voici la nuit saignante avec ses tessons de vers, ses corps de poignards dans la rose écartelée, voici la nuit avec cette fille de fleur qui hurle, et son sang gicle et se répand sur sa robe blanche.

Voici la nuit avec ses lumières de laser coupantes, avec son silex moderne et ses invisibles douleurs,

Voici la nuit qui arrache, qui écorche,

Le poète souffre, hurle, plonge dans la poussière et supplie.

Faut-il ramper ? Faut-il gémir ?

Quelles possibilités nouvelles pour que l'esprit inventif s'élève plus pur encore, pour que flammes et incendies irradient l'intérieur du crâne, pour que source et images viennent féconder l'univers spéculatif ?

 

 

Messages II

La soumise

Plaintes de femmes dans le mugissement du plaisir, râles de femmes dans l'orgasme de la nuit, qu'il est doux d'entendre femmes pleurer d'extase, de voir le bonheur versé sur les larmes de l'amante !

Toi, le Dominateur qui prends et qui exiges, observe ton esclave suppliante et comblée.

Soupirs de femmes mêlés de chevelure et de salive, amas de chair fraîche, quémandant une ivresse, douceur plaintive, o mon délice, quel corps allongé fut plus aimé ?

Mon maître, mon sublime supplice, vois, je t'implore encore, moi femme soumise et dominée !

Femme suis prise et à prendre en tout endroit où me pousse ma convoitise, à la recherche de l'Amant. Qu'il piétine, qu'il meurtrisse sans offenser, sans blesser ! La chair est offerte, le corps s'ouvre, nulle gène, nulle honte. A toi, prends-moi avec décence, prends-moi.

Oui, moi, soumise à ta puissance de cheval fougueux, implorant tes saillies et tes reprises en ma chair ! Oui, toi, mille foudres explosant d'orgasmes et de sel liquide !

O maître qui commandes et ordonnes, tu sais trop bien l'usage des larmes, des plaintes de jouissances ! Pourras-tu apaiser ces lieux à dilater, à soumettre et à prendre ? Vois, je t'implore. J'implore ta langue, ton souffle chaud, consacre-moi à ton supplice telle une offrande royale.

Frapperas-tu, maître Divin ? Espoir du délice, chair à prendre. Délivre mon impatience, je ne puis implorer plus longtemps.

Tu frapperas, promets-le ! Avec puissance, ta réponse sera forte. Parle-moi, ô mon tyran. Et avec plus de prise, m'assailles et m'enveloppes.

Tu frapperas, ô mon despote ! Entends hurler l'esclave qui pousse un grand cri déchiré de femelle à sevrer. Le corps s'écroule et veut être comblé. Par-delà l'interdit, pénètre-moi encore. Que j'explose radieuse, illuminée !

Toi, mon Dieu, viole-moi par le délice du viol, arrache à ma raison le hurlement de la femme dilatée. Emporte-moi là-bas où la raison divague et nourris-moi encore d'images à transformer.

La cité intérieure

Environné d'espoirs

Souffle immense de rumeurs

Grandes silhouettes impalpables

Alors je pense, j'entends

Je conçois

les perceptions sont irréelles

Inaudibles - tout se fait et se défait

Autour de moi.

Donc j'avance dans mon centre

Dans ma pensée circulaire.

Oui, j'avance

Au milieu des graines illuminées

de phosphore, de néant

de certitude et d'imbécillité

J'avance de manière sereine.

J'entends un murmure plaintif

Y-a-t-il bourdonnements d'images ?

A présent je produis quelque peu

Je tire des signes

Un espoir est planté dans la cervelle

comme un drapeau noir sur blanc

comme des signes sur une feuille de papier.

Le poème s'élabore.

Voilà,

Dans ma ville poétique,

Je réveille les néons,

Quelques lampes s'éclairent

Je prends en moi, je vole à autrui

Je déambule sur les traces de mes idées

bric-à-bric d'étincelles

Maintenant je marche

à droite, à gauche, je décris ce que je vois.

Façade belle de femme,

serrure de sexes

odeur de salpêtre

Oui, comme une statue de marbre

puis portique, comme intérieure

Va-et-vient du passant

balance, oscillations

et toujours ces silhouettes

formes impalpables, inexplicables

mais présentes

Je cherche dans cette rue l'extase

Mes yeux chavirent, brillent,

miroirs captivants.

L'avenir toujours est interne,

occulte, sous un flot de transparences

sous des folies de merveilles

Il brille de femmes, de feu, d'orgasme

Tout se mêle, se dissipe, se recrée

dans la grandeur du Temple

On entend des voix monter, supplier,

Quémander,

On entend des gémissements

l'âme se plaint, interroge et veut jouir

comme une fille en rut dans l'épanouissement.

Les souffles lentement s'éloignent.

Me voilà à nouveau titubant

cherchant

un principe absolu qui m'échappe

qui m'égare.

Au milieu des réverbères,

je tiens ma lanterne

allumée de certitude

certitude ?

A rire

Me voilà couvert de la cendre des étoiles !

Je cherche un nouveau quartier

un lieu où l'être comprendrait

sa durée, son génie, son invention.

Une porte pour l'être ?

Non ! une voie sans issue

je cherche encore

donc j'écris.

Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle,

va puiser dans la mémoire quelques possibilités

la ténacité persiste

elle ressasse et veut exploiter.

Au centre de la place,

il y a un jet d'eau,

un arbre fluorescent,

est-ce pensée suprême

est-ce coeur de la ville ?

J'avance à grands pas

dans la cité solitaire

Les immeubles couvrent de les ombres

le seul passant hagard que je suis.

Je cours mais je me crois immobile

je suis comme soufflé, aidé par mes pensées

pourtant je n'ai pas même l'impression

d'avoir marché.

Je crois être resté moi-même,

au même endroit ...

Le temps semble le même,

et instable à la fois.

Oui, j'écrivais donc

à la lumière de ma cité

dans le dédale de ma raison

en absolu de croyance

en certitude d'éternité

et de prétention.

 

Ainsi j'achève l'acte,

le mouvement de mon propos

avec conscience de perte

et de faiblesse

avec l'espoir de chasser l'infamie.

Je me parle encore, mais l'autre dort.

Entends-tu ? Non je dors.

J'avance dans le noir, seul.

 

Messages III

Elle et moi

 

Elle et moi pensons là, qui espérons, comme des personnages antiques. (N’est-ce pas pour transformer l’acidité veule en excréments du soir, pour poursuivre l’incohérence de l’acte avec effets sublimes à attendre dans ma tête messianique ?)

Me voilà, crétin expliquant à l’autre, à toi, idéale de femme-fille, qui t’accouple par l’encre de ce sperme à ma superbe figure. Et --- vus dans le lointain,

Sur l’aisance de mes dires, sur le contrefort glacial de cette création feue, pour savoir si ton coït de sommeil engendre quelques traces de génialité, sur cette ombre écumante ...

Silence de la désespérée --- pourtant elle m’aide, monstrueuse salope auréolée de gloire, jusqu’à l’expulsion énorme.

... enfin, son visqueux trou du cul gluant, viens que je te défonce, et te fasse sublimer des orgasmes audacieux.

Silence de la désespérée : "A l’aide ! je reconnais qu’il m’aime --- nous parviendrons à produire ce punk de merde pour l’écriture nouvelle".

 

 

Messages IV

Je sais mille espoirs

Je sais mille espoirs et le mien seul c’est moi sur une table encombrée de livres

main nerveuse écrivant pensée pénétrante imprégnée dans la feuille

soudain explose en braises de mots chauds dictant à mon corps

par le pouvoir de l’oeil

J’ai plongé dans mille encres d’écriture bu des hectolitres d’eau claire

condamnant ma jeunesse au supplice poétique bourrés d’étamines observant mes vieilles fleurs séchées qui constellèrent ma tête

Oui, il est un avenir dans un monde d’indifférence la passion, la force, l’énergie y cohabitent oui

Être vivant en tout temps avec sa vérité, je l’ai bien su

j’espère encore

 

Alors le temps ...

Alors le temps est ennemi, est ami avec lequel il faut composer, toujours présent si près comme une grosse goutte invisible qui s’ajoute sur la goutte la fait disparaître et prend sa place

Moi, je prétends à ma luminosité, à ma certitude intérieure, et dans ce bleu très pur, je vois l’éclair éternel et sublime oui, je vois

Je vis avec le temps où se noircit lentement la jeunesse et la vieillesse rieuse m’offre ses bras le blanc semble s’enfuir le noir est éblouissant

Je ne serai jamais mes yeux le savent je me tourne vers la mort qui m’accueille dans une explosion de bonheur

Fragment de ciel

I

Ce fragment de ciel, la poésie s’éteint nerveusement.

Là-bas, il y a la source nourrie de lumière.

Encore des vérités d’écriture, de formes inconnues, anonymes, de jeunesse, de vieillesse, - à oublier, qui s’en iront mourir - (C’était à prévoir)

Vêtues de leur mieux, incomprises pourtant.

Mauvaise étoile, sale lune, blafarde et inutile. Rien ne scintille, rien ne brille, tout semble mort.

 

II

Sous ce fragment de ciel, est suspendue une fille accrochée par ces mamelles éclatantes de douleurs la marée baveuse, laiteuse remonte vers elle irrésistiblement.

[Je sais étrange composition sans symbolique analytique]

ainsi je poursuis

C’était donc le monde, le mien refusé

monde unitaire où je courais, marchais, dormais (etc...)

construisant avec des accidents de langage,

des débris éclatants sans génie, sans lumière,

travail de rien - disaient-ils, disaient-ils

et s’ils avaient raison ?

Je me jette, j’insiste, j’espère

de nouveaux espaces de liberté

Je déverse ma rage accumulant, accumulant encore

Pour qui ?

III

Sur ce fragment de ciel, l’agression noire pluie de grêlons spectrale le poème râle, lutte pour survivre,

" je ne veux point mourir - je dois survivre

Bien sûr qu’ils existent - Vous ne les voyez pas ?

Vous ne les voyez pas ? N’ai-je pas lutté pour produire, moi ? "

 

IV

Une nouvelle vague auréolée de plumes constellée de clous, de couteaux etc...

Me voici tout à coup avec mes quatre laquais qui rôdent et agressent

dans des vêtements invisibles

rempli d’aigreurs et de haine

ainsi ça recommence

et ce lieu parfait pour ma solitude quelle solitude ? entourée d’ombres, d’invisibles à occire je reprends le mouvement à produire

Oui, ici, encore, avec toute l’innocence d’une créature redescendue

La chair est bafouée ? La chair ? Mais je le sais !

Ce n’est que du sang blanc, qu’ignorance ne voit (confession, pour qui ?)

Je poursuis : encore seul, avec mes Dieux

sur ma terre déchirante, ceint d’ombres

pour finir rampant, vieux vers détesté

je m’enfonce dans le rien

 

 

V

Tu le sais, toi qui pénètres dans le vent dépouillé de toute espérance

sans lecture d’un littéraire

nulle compréhension

bravant le suicide, - et pour cause !

Est-ce récitatif que ces morceaux de formes à coller, à accoupler ?

Encore, j’écris : je fus donc prophète, inconnu, irréel aux hommes, saint et oint, mais qui le croirait ?

J’existe et ma solitude est sublime

mon avenir est désespérant

Il y a encore ce fragment de ciel

 

VI

L’âme est ignorée : elle triomphe dans sa défaite elle se glorifie - a-t-elle raison ?

 

 

Messages V

Retourne d’où tu t’en viens.

Jamais

quand bien même

des possibilités extrêmes

infaillibles

réelles dans le futur

certifiées par un Dieu

Jamais

Moi, Moi, désespéré

trahi, haï

combinant, cherchant, certifiant

Jamais nourri par des génies

le leurs

produisant avec désespoir

avec moult moyens

J’avance poussé par le Mal

redressant mon envol

bondissant, hors et jaillissant

Moi, oui,

très à l’intérieur de l’écume,

soulèvement, enfoui dans la profondeur d’un cauchemar

boiteux, à la Poe,

Néant, béant d’une chambre maudite

refusant l’adaptation à l’autre, aux autres

à autrui,

Perché et maître reconnaissant le Nombre

le même,

 

limité dans son extrême

à un double-six de syllabes

ou de pieds

J’hésite, je veux et ne peux pas

en maniaque, métromaniaque

poursuivre l’essai

dans ces calculs nouveaux

je combine encore

J’espère être pour l’Esprit mien

dans le triomphe de ma tempête

fabriquant le secret

inconnu à l’homme

emporte, emporte-moi nef

bouillonnant d’une splendide tête

pour des contrées nouvelles

J’intègre la probabilité nulle

de gains, de crédit, d’avenir terrestre

Nourri de démons ridicules

désireux de les chasser

La mer ! La mer !

rejetant la femme

fantôme d’espoir, passé

illusion d’orgasme

hantée de blondeur née

de chair bleu turquoise

 

Oui, solitaire et tel

prince amer de l’exil

dans l’éblouissement pléthorique

frère du dérisoire

J’avance

possédé par l’oeil fatidique

Poète expiatoire du ciel

bouc innocent et incompris,

de la seigneuriale divinité

Lucide mais feignant

gonflé de certitude et

allant en soi-même,

Moi

Avec conscience, sans vertige

par temps de souffrance

sur mon rock

cherchant la production immense

Existera-t-il

autrement que poète virtuel et céleste

commencera-t-il

constamment nié

Du moins Il s’illumine

Maudit, maudit

par cent aiguilles dans la chair

portant la honte et le ridicule

de la vaine profession

 

Ce serait ...

mais Christ choit

dans l’écume sinistre de l’insignifiant

se souvenant pourtant

de quelque rare baume émané

par la Force

Il travaille sans délire

pour remplir son gouffre

Je dis : Rien n’aura lieu

mais élévation d’absence toutefois

fondée non sur l’espoir

L’acte est plein de certitudes ... est-ce ?

Je réponds : oui

sans perfection réelle,

nourri d’absence

excepté pour l’au-delà peut-être

hors d’intérêt

pour toute vérité humaine

mais cherchant encore

 

construisant avec moi-même

Pour Orion, éloigné, si proche des Pléiades de feux, d’apprentissage, que sais-je

donc

Une constellation de livres

née pour s’en retourner dans l’espace inconnu

pour accéder à cette pierre de faite

rejetée de tous

La divine parole était un coup de dé

 

 

La femme insecte

Je sortis de mon cauchemar, couvert de sueurs glacées, j’allumais rapidement la lampe de chevet et vis, face à moi, à quelques mètres du lit cette étonnante fille cruelle avec des ailes de papillon qui m’observait dans une fixité étrange. Les ailes commençaient à tournoyer dans une sorte de ballet bizarre, difficile à décrire. La lumière jaunissante de la pièce éclairait çà et là dans un jeu d’ombre la femme-insecte venue pur me faire jouir ou souffrir. Je bondis hors du lit, nu, en érection et m’approchais d’elle. Ma respiration était saccadée, j’étais pantelant, frémissant et angoissé, mais attiré irrésistiblement par cette curieuse femelle. De son regard métal, elle m’obligea à m’agenouiller. J’obéis lentement et plongeais mon visage contre son buisson noir et brillant. Je buvais crispé l’odeur acide et molle de ses lubrifications vaginales. Je passais ma langue avec dextérité dans la fente humide de son sexe et me concentrais pleinement sur son petit bouton rose gonflé de sang.

D’une voix légère et claire, elle me demande :

- Où avez-vous appris à faire çà ?

- Constamment je le fais. C’est une manière de rendre hommage au lieu qui m’a vu naître ...

Puis je me relevais. Avec délicatesse, je lui fis faire un demi-tour sur elle-même, et je pus admirer l’étrange conception de sa chair féminine. Au-dessus du fessier, à la hauteur du creux des reins, l’on pouvait observer une touffe épaisse de poils. J’écartais délicatement cette zone unique, et vis un deuxième sexe comportant une autre fente, des lèvres plus larges et au milieu des lèvres, un sexe d’enfant de quatre à cinq centimètres de long, en position repos. Il s’agissait du second clitoris, volumineux cette fois et totalement adapté à la langue et aux muqueuses internes de l’homme. Je m’efforçais de lui faire une sorte de fellation délicate et subtile, lapant doucement cette zone sensible. Ses ailes se mirent à frémir et je l’entendis de sa voix cristalline gémir avec plaisir.

- Oui, encore, bien lentement. Oui, oui, que j’aime ! ...

Cette délicate caresse dura pendant un long moment, puis la sachant sur le point de jouir, je décidais de pénétrer cette touffe noir chargée de muqueuses et d’odeurs vaginales Mon sexe toujours en érection se glissa aisément dans cette ouverture secrète. Le pénis y était emprisonné comme dans une cachette sûre et délicieuse. Je sentis monter en moi la sève de l’orgasme, je décidais de l’accompagner en saccadant de manière plus forte le coulissement intime, je poussais des petits soupirs qui se mêlaient à des grognements légers. Ne pouvant plus me retenir, je laissais exploser mon pénis dans sa chair en feu et donnais de violentes saccades de sperme dans le bas de ses reins. L’éblouissement était total, et je perdis connaissance sous l’effet de la jouissance dévastatrice. Quand j’ouvris les yeux, la femme-insecte avait disparu. Je regagnai mon lit pour m’y réveiller quelques heures plus tard.

 

 

Non pas un monde, mais des mondes

Non pas un monde, mais des mondes

inclus, s’ignorant dans des espaces

où le temps varie

où le temps décide de l’existence

avec un catalyseur

un instrument de passage

de convertibilité

pourtant incapables de communiquer les uns les autres,

interdits d’accéder à du franchissable

Passer d’un monde à l’autre c’est mourir

Là-bas, j’étais mort je suis redevenu vivant

Là-bas, c’est la connaissance du futur

donc un autre monde

Là-bas, je serai ici, je n’existe pas

Être ici est impossible

mourir ce n’est pas être

mais c’est s’en retourner à son néant

Je sais ma survie

Je ne recherchai ni consolation

ni espoir d’avenir pourtant

 

 

Messages VI

Enfouies les racines

Enfouies les racines

A l’intérieur. Sur le bord des lèvres,

Le murmuré, le poussé,

Exil au plus profond :

L’esprit cherche ce qu’il y a,

ce qu’il croît.

Plongée qui n’en finit pas.

Oui, la mienne, encore,

Dans l’errance maîtrisée

Sur l’aile de l’Esprit.

Il faut produire de la parole.

L’inspi, l’inspi offre, espère,

Une fuite par le haut.

A tisser, à construire

Perception fragile,

C’est encore de la plainte inaudible,

Pour une ligne de sillage sur le papier.

Obscurcir ? Quoi ?

dans l’oubli du néant, on y songe

on y songe

Pensées brisées, basculées, tordues

et bondissantes

dans l’orgueil de l’espace intime

Donc c’est l’appel du souffle

il faut mémoriser,

inscrire cette perception

avec souffrance - il faut

Mes yeux, orifices de l’écriture

Gavés d’ombres lisent ce fini

et le méprisent.

Soir d’ignorance

Soir d’ignorance quelle médiocrité autour de moi, d’imbécillités et de bêtise ambulante

J’ai l’intensité d’une force inconnue invisible et pourtant puissante comme autrefois époque où je marchais en moi-même avide d’intelligence pénétrant les espaces inexplorés de ma première jeunesse remplis d’espoirs lugubres constellé de lumières fluorescentes la pensée gravitait autour de moi

Dieux, mes Dieux et quelle certitude où j’espère allègrement comme un esprit léger embraser un Moi puissant

Ils étaient tapis dans l’ombre obscure avec présences de violences occultes accédant à la chair, l’humiliant, l’abêtissant aiguilles affûtées

Puis une graine de semence comme une parcelle d’avenir malgré le fardeau du mal et je voulais aller au fond la violence m’a pétrifié, frustré, interdit

Le Vouloir était fort les choses associées à l’actif agité et fécond plongeaient dans la profondeur

Les femmes n’étaient que rêves de chair insoupçonnées et inutiles c’est pourtant ces femmes qui ponctionnent le temps et transforment le travail en plaisir délétère, éphémère, enfui ;.

A présent je gémis conscient de mon impuissance crispant les poings cherchant à imaginer l’écrit d’exception de perfection inaccessible

J’ai récolté des soupirs au milieu de sources s’y exhale parfois un écho lointain d’oublis, d’espoirs avec résonances faibles faibles

Y surnagent des possibilités poétiques semblant s’aimer O baiser aériens avec serments avec discours

Puis j’accède à cette extraordinaire beauté qui règne dans la plénitude absolue avec été resplendissant d’orgasmes

Dieux, mes Dieux et quelle certitude où j’espère allègrement comme un esprit léger embrasser un Moi puissant

Cette inspiration offerte d’en haut qui illumine ma solitude intérieure, qui déplace les bornes de mes rêves et me permet

Oui, friction d’idées de têtes pleines, doublement élaborées, avec poussées de volonté de savoir pour le livre nouveau !

Résonances I

L’écrit/le risque/le cul

L’écriture / la production/ La fille belle, invisible, ima

L’espoir / la volonté ginée, d’impossible perfection /

Intellectuelle / l’avenir Le sexe / le sexe / l’érection /

Mon manque / ma certitude L’éjac / l’éjac cul / la tion

De faiblesse, d’inutilité / Le fouet / les menottes / les pieds,

La formation / Dieu comprendra La jouissance / dominant / dominé /

Le Saint aidera / - je m’en Encu / Enculé au quotidien

Sortirai / Ils ont des consciences / Par les banques le pouvoir /

Ils peuvent juger / le temps implac le travail / le profit etc...

cable qui file, fuit, dis / Tranche de vie - quoi ! -

Paraît.

La crainte, constante / l’avertissement /

La détermination / le risque /

La bêtise, le ridicule / le vouloir

Le progrès, le savant / Pourquoi

Cette peur ? N’est-il pas là ? pas là ?

1

La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur

La peine ensanglantée sertie de glaires noires

Et buvant le premier, je la rends détestable

Aux hôtes du banquet conviés à ma table

Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit

Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise

La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes

Avec vrais crissements et douleurs du buveur

O puissante lignée par les jours éternels

De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés

Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil

Et je voudrais pour eux annoncer ces propos

De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire

Aller vers l’avenir en cherchant le repos

Marche

Marche qui conçoit l’espace comme une certitude

où j’écarte l’asphalte, le droit à l’interdit

en fait : j’exulte

Donc j’avance sans chaîne, sans traverse, pénètre,

m’indispose et prétends.

Je peux un geste vers elle,

je l’épuise des yeux, la prends, la reprends, ne sais ... comme personne : je l’emporte !

Route jalonnée de femmes, de comparaisons, de sexes tendus, de sachants, de sensuels, de Mois en vérité !

Je pousse nu sur l’un sur l’autre de mes pieds

Ai-je besoin de vous revoir - non, je continue, je poursuis

La piété me force à lécher - je lèche - j’aime

Le dessein élaboré d’une âme qui espère

je n’ai pas à me retourner

Il aimerait comprendre, trouver

Le mouvement de l’eau poursuivi

là-haut les nuages

L’avancée sur le chemin, encore encore.

 

 

Résonances II

La Dentellière

C’est entre ces deux extrêmes

De flux de sperme

Et de flux de sang

Que la dentellière

Tisse le souffle de vie

Entre ces deux puissances

Contraires et complémentaires

Le corps jouit et supplie,

L’âme épouse les méandres

Du corps - est-ce donc cela

L’existence de l’homme

Avant d’atteindre l’éternel

Ou de plonger dans son Néant ?

Léda et le cygne

Soudain, le heurt d’un vent : les grandes ailes encore

Battent sur la fille chancelante dont les cuisses

Sont caressées par les palmes noires, dont la nuque

Est captive du bec, il maintient sa poitrine

Prisonnière sous son cou.

Comment ces faibles doigts

Pourraient-ils vaguement repoussés tant de gloire,

Ses cuisses sont si faibles ? Sous cette ruée blanche,

Comment un corps ne sentirait-il pas un coeur

Frapper étrangement où il est allongé ?

Un frisson dans les reins fait alors resurgir

L’image des remparts et du toit enflammé

Et des tours flamboyantes, Agamemnon, sa mort !

La voilà emportée, écrasée par le sang

Brutal de l’air. Pria-t-elle ses science et force

Avant qu’indifférent le bec l’eût laissé choir ?

1

S’inspirer. Exploiter l’autre, le tordre, lui extirper quelque substance. Secouer le poème, en faire tomber des fruits d’images - produire

Un peut de toi avec moi. Tu vois, tu existes encore, - je suis une brindille de ta ramification, un élément nouveau, variable de ton identité.

C’est notre histoire, n’est-ce pas ?

2

Toi - ils prétendent que non, allez voir ailleurs. Alors tu y vas. Ailleurs, on te dit : " -Non, ceci n’est pas pour moi. Je n’y peux rien. Cela ne m’intéresse pas ".

Je vous jugerai avec l’instrument que vous avez utilisé pour juger. Et s’il avait quelque aptitude ...

Quelle valeur, lui ai-je donné, moi ? Quelle valeur ?

3

Ta verticale est lumineuse

Je parfume ton orgasme

avec mes senteurs sexuelles

Triangle, femme, ventre, abondance

Sur ta bouche,

deux fois deux

ton corps demande la mort

bête secouée de spasmes étranges

C’est encore notre histoire

4

Imaginer et plaire

pour qui ?

Balance ta semence

l’entrecroisement d’une ténèbre

et rien, hélas !

 

 

 

 

 

FLORILEGE

 

Avertissement 3

L'huile fraîche

A ma dormeuse 4

A Sandrine 4

A soleil, j'avance 5

Pour l'ombre de toi-même 5

Il retiendra son souffle 6

Il brillait dans les yeux 7

Il aurait voulu 8

Il est un minuit 8

Rien de détruira 9

Il faut savoir 9

Que le délassement 10

A la cloche d'ivoire 11

O solitude morne 11

Le germe et la semence

De royales prophéties 12

Soupir ancien 13

Venise 13

Cérémonial 14

Du démoniaque héros 14

Miroir 15

Dédiant à la plus haute voix 15

Hanté et songeur 16

Volée aux traces 16

Le moût et le froment

Fraîcheurs spirituelles 17

L'éruption 18

Ainsi ai-je vu 18

Il a perdu les esplanades 19

Les filigranes et les miroirs 19

A part l'explication cosmique 20

Un champ visuel 21

Ont-ils tué l'or 21

Ce n'est plus une idée 22

Il te faudra 23

Le manuscrit inachevé

Vision divine 26

C'est avec netteté 26

Je suis la Félicité 27

Collages

Oui, aux portes des cieux 28

Bercées dans des pâleurs 28

Un désir 29

Un oint 30

Un jour 30

Des vagins de reines 31

Louanges du feu

Hélène 32

Etude sinistre 32

Viens plus près 33

Fi de ton espace 33

Poïétique

Objet indistinct 34

Eloge de l'orgasme

O femmes 35

Le livre blanc

Va, mon coeur amoureux 37

Quand j'aurais épuisé 37

Je supplie ton sadisme 38

O sublime beauté 38

Sueurs sacrées

Expulse les sueurs 39

Les sonnets

Celui qui pureté 41

Je ne m'abuse point 41

O mon âme incomprise 42

Vois-tu mon Buridan 42

Chemise d'ensemble

Nymphes de mon désert 43

Pernicieuses et impures 43

Au soleil irradiant 44

Voyance ! O mes divins 44

Alexandre

Acte II - Scène I - Argone, ALexandre 45

Acte IV - Scène 1ère - Ephilie, Céphise 48

L'ancien testament

La Genèse - Premier récit de la création 51

Premier livre de Samuel,

Onction de David 54

Les Psaumes

Psaume 1 - les deux voies 57

Psaume 45 - Epithalame royal 57

Psaume 110 - Le sacerdoce du Messie 59

Les cinq rouleaux

Le cantique des cantiques 60

Le nouveau testament

Evangile selon St Jean - Prologue 64

L'apocalypse - La Prostituée fameuse 67

Le Coran

Sourate C - Les coursiers rapides 70

Sourate CI - Celle qui fracasse 71

Sourate CII - La rivalité 71

Sourate CIV - Le calomnieur 72

Sourate XCV - Le figuier 72

Sourate XCVI - Le caillot de sang 73

Sourate CVIII - La preuve décisive 74

Sourate XCIII - La clarté du jour 75

L'Enéide

Livre I - Enée parle à sa mère, Vénus 76

Livre III - Enée rencontre Andromaque 79

Souffles nouveaux I

O toi qui plonges 83

Et ce oint sublimé 84

La dominatrice I et II 86

Into himself resolved by death's great change 87

Je veux perpétuer 87

Magnifique au loin l'Epouse 88

Souffles nouveaux II

Baignée en chevelure 89

La chevelure si claire 90

Apparition bleue 90

Cette blonde cascade 91

Messages I

L’homme s’exhale 91

Cent chairs de femmes 91

La pensée intérieure 92

Messages II

La soumise 94

La cité intérieure 95

Messages III

Elle et moi 99

 

Messages IV

Je sais mille espoirs 100

Alors le temps 100

Fragment de ciel I 101

II 101

III 102

IV 102

V 103

VI 103

Messages V

Retourne d’où tu t’en viens 104

La femme insecte 108

Non pas un onde, mais des mondes 109

Messages VI

Enfouies les racines 110

Soir d’ignorance 111

Résonances I

L’écrit/le risque/le cul 112

Marche 113

Résonances II

La Dentellière 114

Léda et le cygne 114

1 115

2 115

3 115

4 115