FRANCK LOZAC'H



LE GRAND LIVRE

DES SONNETS







Préface au Livre des Sonnets




J’ai toujours été fasciné par la perfection de certains adeptes du sonnet français. Cette technique d’écriture nécessite des qualités de maîtrise et d’usage dans la forme que seuls quelques spécialistes de la langue peuvent se flatter de posséder. Et j’ai toujours recherché à les imiter - avec maladresse il va de soi - Cette volonté d’apprentissage s’est manifestée à mes tout jeunes débuts, et depuis lors j’avoue travailler encore cet instrument quand l’occasion s’y prête.


Au fil des recueils, un nombre assez important de sonnets se sont égrenés çà et là dans le mouvement de la poésie. J’ai jugé bon de pouvoir les rassembler en un seul et même volume afin d’apprécier l’évolution obtenue et les différents thèmes exploités.


Il aurait été impossible de lire tous les ouvrages offerts pour essayer d’y esquisser l’élan poétique réalisé. Le livre se veut le témoin d’un genre littéraire de qualité remarquable qui a fait la renommée des plus aiguisés de Malherbe en passant par Ronsard et en se poursuivant jusqu’au Baudelaire et Mallarmé.


Il va s’en dire que je n’oserais me comparer à ces grandes figures de l’art poétique. Ma facture est ridicule et ne saurait rivaliser avec de tels génies. J’espère toutefois que ce modeste ouvrage aura le privilège de divertir ou de retenir l’attention pendant quelques instants du lecteur éventuel.




Franck Lozac’h

L’huile fraîche



Au soleil, je m'avance



Au soleil, je m'avance par ce brûlant servage,

Et l'ombre accoutumée à ma face soumise

M'emporte là, tout près de toi, jusqu'au rivage.

Mais ta substance aimée est déjà compromise ! ...


Et j'entends se lamenter ton rayon brutal.

Est-ce masse étonnante de son puissant métal ?

A mes yeux tant cernés, l'étonnement est doux...


Prolonge en ma fraîcheur de longues accalmies !

De l'embellie si vive, le regard flambant neuf

Consume les pensées obscures de ma nuit ! ...


J'accours sur ta mémoire rappeler en ton heure

Ces somnolences rêvées et ces voix enivrantes,

L'heureuse cérémonie sertie de ses candeurs

Qui forte en ce miroir, fait ma lèvre tremblante ! ...




Des saveurs, des rubis



Des saveurs, des rubis ? Lui, jamais ne découche !

Puisqu'en ses vains péchés s'extirpent des douleurs,

Le poltron est crétin, mais il donne à sa bouche

Quantités de délices ou d'odorantes fleurs.


Pourvu d'une fougue réelle, sans répugnance,

Le sot essuie ses larmes sur de sales mouchoirs.

La Muse vicieuse se donne en sa scabreuse danse,

Etalant ses chimères pour l'entendre déchoir.


Des rictus, des sursauts ? L'amertume s'en joue !

Malheureux et damné dans sa pâle fraîcheur,

Console l’affligé qui pleure et fait la moue.


C'est que Dame Malice sonne au cœur mal aisé,

Et se rit et se tord pour des fleurs de douceur,

Car le poète idiot a voulu l'épouser.

Obsession



Même, délicate Cybèle, même le sourire aux dents,

Au grand vent de l'absence, dans les souffrances mêmes,

Quand ton épaule est nue à mon côté, chantant

Des airs anciens, des sérénades et des rengaines ;


Même alanguis, nous anges, baignés de broderies,

Des souffles inondant par des flots bienheureux

Un carême, même offerts aux charmes des grands ifs

Que j'admire le soir convulsé ou fiévreux ;


Même nous ivres et légers, bercés de compassions,

Respirant un air clair, vol des aigles royaux,

Et même bordés de grâce, de rires, de libations,


Je n'oublierai jamais ces lutteuses infinies

Echappées ou béantes aux portes de mes maux

Qui conspirent, ensanglantent mon sort dans leurs tueries !




Pastiche


Sur les ondes immortelles, va la blanche Ophélie.

La douceur de ses seins ferait frémir ses ailes.

Voici bientôt mille ans que descendent en la nuit

Deux bruissements lointains qui murmurent vers elle.


Baignée de lys et d'eaux plates, paisible elle dort

Au milieu des joncs et des hallalis étranges.

On entendrait chanter vers les roseaux dès lors

Des muses éternelles embaumées de grands langes...


Dans sa romance, le vent caresse le nénuphar.

Belle Ophélie, pâle Ophélie, ton cavalier

A-t-il perdu son coeur de pierre dans ton regard ?


Hélas ! emportée comme un souffle par la nature,

Belle Ophélie se fond en la neige de fées !

Oh ! La belle Ophélie étire sa chevelure !









Ophélie



Merveilleuse accouplée descendant sur les rives,

Toi dont les nuits d'extase semblent oublier les jours,

Connais-tu les rousseurs, les déboires de l'amour

Toi qui vis insensée, désabusée ou ivre ?


Car l'herbe folle, où poussent les haillons s'étale,

Vaste écrin de beauté, sur tes cheveux dansant.

Tu resplendis dans l'onde tourmentée de penchant

Jusques aux cieux rêvant de douceurs, en aval.


La pâle beauté, libre de doutes anciens

S'éloigne lentement dans ses frissons, sans bruit,

Regagnant les surfaces de l'horizon lointain.


Elle confond ses lumières dans un ciel obscur,

Et part abandonnée sous la frayeur qui luit.

Ô douloureuse et nue qu'aucun mal ne murmure !




À Sandrine



Repose sur ce sein que la paresse offense,

Et brûle en ma raison tes prochaines fumées.

De mon ravissement, embrasse les carences

Qui s'imposent sur ma joue frappée et profanée.


Alors pour ta liqueur, bois le fruit des délices

Et organise un songe où tu reposeras.

Qu'importe, vraie beauté, les mouvements factices,

Car l'appel de ta chair me redemandera.


Ah ! Courir sur les flots antiques de lumière !

Qu'une étincelle éclaire et chante tes fureurs !

À l'ombre du platane, je te vois, tu es fière ! ...


Parée de tes bijoux, de parfums délicats,

Tu lances des étoiles pour orner mes lueurs,

Adorable beauté que j'aime, et qu'il brusqua !








Jouissance en ce monde



Jouissance en ce monde satiné de grandeurs, foi !

Que douceries et actes s'évadent dans l'air limpide !

L'éloge rassemble son chaste mot commun et roi

Avant que s'entame faible, l'acte monstrueux des rides.


Sur la mer agencée d'astres purs et de voiles,

Refusant la lutte des cris et des râles honteux,

Par le souffle perçant à l'ombre des étoiles,

Je bats la plate vague ou l'océan furieux.


Maudis les siècles d'abordage et des tempêtes

Quand du chant décrivant l'horrible destinée

Le flot majestueux va sur l'humble défaite.


Car sanguines, foudroyantes dans l'abîme où tu plonges

Sous des fientes bestiales pareilles au rouge aimé

Seront les malodorantes paix qui se prolongent…




Elles s'enfuient écumant



Elles s'enfuient écumant d'une salive injuste

Les substances divines de l'Impur ; elles acclament

D'un geste pensé sans doute, la saveur, l'auguste

Vérité parfois insipide dont elles se pâment...


Des voiles virevoltent sur des lèvres glacées. Qu'il batte !

Leur coeur est dépourvu de grâce et de puissance,

Et que leurs bouches perfides qui chantent et se rétractent

Au combat royal n'ignorent plus la croix de la décence !


Car la peine accablée de râles en vains espoirs

Succombe bêtement dans les stances des mémoires.

Les carences hurlent leur foi aux creux du fini.


Alors remplies de haine, les voix chères et glacées

Décriront la force des malheurs endurcis.

Dans le joug funèbre, le diseur sera compris !

Lie qui incube



Lie qui incube, ô satané,

Le réveil des nymphes posant

Dans cette orgie ailée,

Ebène, ivoire luxuriants.


Mordre haine sanguine

Et possession de la mort

Pour une vile libertine,

Terrible, sublime sort.


Enroulées du ptyx macabre

Chantant des Te Deum à pleine voix

Entre poignards et sabres,


Presque dévêtues du linge blanc,

Qu'il retire violent dans sa foi

Le Démon rit de son rire sanglant !




La danse de l'idiot



Les poings liés sous les convulsions d'une danse

Macabre, agité de soubresauts, grimaçant,

Le visage boursouflé par l'alcool, et immense,

Un homme aux mains osseuses dans un rêve, chantant ;


Ses pas répétés excitant la furieuse salle

Qui applaudit encore envoûtée d'une fièvre,

Qui vocifère et rit quand le manchot s'étale,

Une foule balbutiant des paroles sur des lèvres ;


Et la bouche ouverte à une dentition putride

Où le venin coule à profusion, et l'écume

Blanchâtre qui mousse toute semblable aux liquides.


Des biles à expulser ; pour unique fortune,

Quatre pièces jetées dans une casquette sale.

L'idiot danse, danse encore ! Ô destinée fatale !








Pour l'ombre de toi-même



Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges

Dans le pur infini de ton morne délice.

Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes

Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...


Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,

Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !

Sous le déchirement de l'éternel carnage

Un mage déployé venait et fécondait !


Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,

Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.

Et dans les sombres traits de la forte voilure,


Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,

Du pur consentement toi tu vas et regagnes,

Les mâtures inventées, les vagues et les drames !




À ma dormeuse



Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,

Respirer en ton corps le doux parfum des songes,

Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,

Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.


J'espère sur cette bouche inventer un amour

Puissant et immortel que tu composeras,

Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour

Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !


Qu'importe les espoirs de nos mains en détresse,

Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !

Je demande plus fort que houle et que tendresse,


Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.

Car de son pur cristal où le génie descend

Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.







Rayons de pourpre



Rayons de pourpre ; des corps d'ébène sur des ivresses !

Des terrasses de marbre ; des ombres licencieuses ;

Plus lourde que la houle, l'onde écarlate tremble ;

Dressées les cathédrales, un mur de pierres poreuses ;


Le murmure et l'azur de novembre, dessous ;

C'est la femme de grâce aux alizés si clairs ;

La résonance des ventres, si sublime ; deux êtres ;

Je lave ces douceurs qui coulent sur ma bouche !


Le ravin déchiré s'accuse de violence.

En effet, l'eau limpide, capiteuse pour nos corps.

Furie de l'âme impure - déroulement. Exact !


Transfuge d'un suicide où je rêvais, moi, terne ?

Qu'importe ! Le plus haï disperse mon âme.

Onde vaporeuse ou insouciance bénigne, que faire ?




Baiser d'orgueil



Cependant que le joug infernal et divin

Acclame dans ses nuits des relents mortuaires,

Que tes ailes immortelles vont frissonner au loin,

Que l'aride destin succombe à son désert,


Parfois frémissent les subtiles sueurs d'infinis

Commérages ! ... Un baiser chaste aux syllabes du Moi,

Encense de longs désirs, et croît, puissant, et luit...

Je le sais impalpable, il provoque ma Loi.


Du noble Empire soumis aux battements des cieux,

Qu'il se redresse ou plonge dans le cœur des ténèbres

Son bruit est sec et mat, et s'enfuit mélodieux...


Emporter les tourments qui rattachent son deuil,

Jouir au fond du lit de ses odeurs funèbres ?

Qu'importe, sa voix grave ! - L'espoir est son orgueil !








Oui, tu voles et descends



Oui, tu voles et descends sous l'œil méditatif

Vers le feu incessant offert à ses lueurs !

Mais le doute où la nuit achève son humeur

Rit, tonne ses foudres, charitable plaintif !


Au sommeil des dormeuses disposées en cascades,

L'éloignement distinct a prolongé ses cris...

Au plus loin, l'être frêle se pâme et a souri.

Il trébuche au silence doux. Quelle mascarade !


Le fruit délicieux soupirant de désirs,

A quitté ébahi ses somnolences sourdes.

Sur cette lèvre offerte, est une haleine molle...


L'heure pénible, ennemie, appellera dès lors

Le triomphe vacant des chevelures lourdes.

L'esprit subtil et fort s'incline bas et dort !




Ô si pure et si loin



Ô si pure et si loin qu'une lueur m'émeut !

Hélas ! Belle sous le doux bercement de la fleur,

Je vis la merveilleuse dans les antiques feux,

Une pâle beauté saignante de douleurs.


Telle défaite de l'éternel complice encore !

Lourde de somnolence, o baisers de saveurs,

Maint drame répété en mon cœur à éclore !

Et l'œil pour les substances divines et les douceurs.


Se pose sur l'inconnue, le blond désir rêvé !

C'est le terrible aveu, terme clair de l'espoir.

Enivré de nature, je croyais voir couler

Sur votre bouche rouge la blancheur d'un cristal.










Le germe et la semence




Encensée dans l'alcool



Encensée dans l'alcool qu'accusent nos chimères

Et vomissant son feu aux blafardes lueurs,

Son âme possédée supplie qu'une prière

Eclaire la mortelle et tremblante demeure.


Si veule et infectée de macabres lumières

Quand elle est appauvrie de pertes répétées,

Ne supplierait-elle pas la funèbre misère,

Repos lugubre et sceau de l'immortalité !


Un démon se souvient et exhausse ses vœux,

Vomit cyniquement la tentation divine,

Et arrache despote son cauchemar heureux.


Dans les blêmes ténèbres, au plus noir désespoir

Dans la prison humide, crispée de transes sanguines

L'âme violée se meurt un peu plus chaque soir !




De vaines méditations



De vaines méditations vouées à la parure,

Pour ce nuisible ouvrage, de virulentes paroles,

Disposées entre deux pages grises presque impures,

Et des semblants d'images lues comme des paraboles ;


Ô piteux de moi-même, tentatives perdues !

Que je hais les espoirs luxuriants de tes nuits !

À peines terminées et déjà délaissées,

Ces horribles fadeurs que ma chair a vomies !


Peut-être que demain, jour de lumière vécu,

Par ce fouillis de lettres, moi l'esclave enchaîné,

J'écrirai cette page maintes fois aperçue ?


Ignoble toi-même sur qui l'esprit se consume,

Qui fais de l'être indigne l'homme désespéré,

Feras-tu se mouvoir ardemment cette plume ?

Plaidoyer pour deux crânes



Par des liens soudés, par la honte prescrite,

C'est le deuil contracté sur les terres nuptiales,

La haine apparente vit dans les doigts crispés.


Avec ces faces macabres, de progressives vengeances,

L'indescriptible fièvre, puis des moments hagards.

C'est la mort qui sommeille déjà dans chaque esprit.


Le frottement constant de deux pieds qui se touchent

Glacés sous les draps noirs d'interminables nuits ;

Le geste cadencé, immuable des bouches,

C'est la perle suprême de l'entente infinie !


Oh ! Les démons intimes, les déplorables bêtes,

Qui sont assermentés par l'alliance jaunie,

Et ces cœurs enchaînés à ces atroces têtes !

Oh ! Les années terribles dans les bas-fonds d'un lit !




Si, flamboyant dans un tombeau



Si, flamboyant dans un tombeau, il survivra !

Car sa chair proclamée en l'or de ses cheveux

Telle la boueuse cascade qui jamais ne coula

Fit naître des soupirs que vénèrent les Dieux !


Dans l'immortelle flamme où nul sang n'eut brûlé,

Lui serpent replié au sein des braises chaudes,

C'est son démon qui ivre de désirs exaltés

Entame l'immonde peine quand lentement il rôde.


Point de plaisirs ! Espoirs honteux et transformés

En des principes frêles pour l'incroyable vie !

C'est le repos latent transparent ou changé !


Que tant d'autres s'indignent de la puissance du mal !

Mais cerclées d'apparat, elles superbes ou jaunies,

Elles conspirent vainement, ces tentations banales !


Soupir ancien



D'un soupir ancien naît l'indifférente gloire

Qui éclaire de l'ennui le plus pur diadème

D'hier. (On prétendrait mourir en ma mémoire

Un or épais et ocre dispendieux à l'extrême...)


Fustigé à l'écart, éloigné des disciples,

Je l'entends battre inexorablement en moi ! ...

Vaste écrin d'amertume aux facettes multiples,

Il fuit, meurt avorté sans l'ombre d'un émoi ! ...


Mais que demain traînant son horrible fardeau,

Pour l'éveil purifié resplendisse son nom !

Peut-être testament au bas autel des maux...


Ô le soleil de chair contemplant un vain drame,

Idole de toi-même marqué à l'unisson,

Seras-tu des substances faire couler une larme ?




Cérémonial



Grâce ! Voici venus les ans

Où teignant ta chevelure,

Je fis tomber suivant

L'éclat doré de ta parure,


Le cor fin, l'onde d'argent.

Et vaincu des découvertes

Alignées contre l'effort vacant

Fussent gloires très offertes ?


Nenni ! Par le plomb infusé,

Couleurs royales de l'ennui,

Pour le coeur, aux pieds jeté,


Rempart dans cette froidure,

C'était ! Eté engourdi

Casque sacré et impur !

Miroir



Accroché à des vasques d'or

Un divin dont j'ignore le prix,

S'émoustille dans de jeunes flores

À l'ombre d'un mets obscurci.


Et il obtient la floraison

Des pousses claires bercées au vent !

Rutile, ô belle pâmoison,

Car ton disciple déjà t'attend !


En l'heure aimée pourtant tu dors

Là dans mes bras, à l'infini ! ...

Et la subtile pensée d'éclore


Va, se dissipe sans bruissement ! ...

Elève donc son pur ami,

Au jeune jour encore tremblant !




Dédiant à la plus haute voix



Dédiant à la plus haute voix

Rêve béni du cristal fort ancien,

Je promis quand du macabre émoi,

S'estompa l'or saigné qui fut tien.


Quiconque s'il doit briller d'une faux

Où le givre blanchit comme l'espoir

Vrai taira le fustigeant tombeau

Plutôt que de bercer l'affreux nonchaloir.


J'obscurcis. Pourtant l'âme transformée

Pleure nuitamment l'âcre souvenir !

Si ce n'est le satin pour son plaisir,


Corrompu au vieux grimoire posé,

De cela vivifiant de soupirs,

Ce vent excédé se sent souffrir.

Volée aux traces de l'espérance I



Volée aux traces de l'espérance,

Par le suicide à effleurer,

S'en vient la décisive complainte,

Reflet de pourpre et incendiée.


Pour son final qu'il tue le jour !

L'esprit est vain de conviction,

Un chant d'amour ensanglanté,

Le luxe pur de sa raison !


Sur la source tarie, c'est l'heure

De vaincre l'histoire, nul ne sait,

Du dénouement furieux, demeure.


L'emblème visqueux pendu du mort.

Cette croulante fin dont dépend

La destinée est celle du corps.



Les catacombes



Dans les catacombes

Froides et grinceuses

Où des femmes affreuses

Emergent de chaque tombe,


Des lueurs blanchâtres

Faiblement éclairent

Les murs d'albâtre :

Un spectre mortuaire


Déambule et vacille

En ce lugubre monde.

Alors mes pas fébriles


Devant ces torches fugaces

Voient l'empreinte profonde

De mémorables traces ! ...

La transparence endormie



Comme d'une transparence endormie

Offerte au goût exquis des fleurs,

Une mémorable accalmie

S'élève par les premières lueurs.


Après une nuit de déluges

La gerbe sacrée, multicolore

S'apaise dans l'ombre d'un refuge

Et lentement, heureuse, dort ! ...


Ô lasse et promise au repos

Des Dieux qui contemplent ton âme,

Dors dans l'espoir des jours nouveaux,


Car la cruauté princière

Dont ouvertement ils se réclament

Ce soir, t'emportera encore aux enfers.




Les membres décharnés



Les membres décharnés, vomis sous les silences

Que la chambre lugubre a subi en dormant,

Et des voiles jaunis, perdus de transparence,

Univers trop sordide et pâmoison du temps !


Ils mêlent pourtant des corps, des âmes, des sens,

Des actions divines offertes chaque nuit !

Ils combattent des formes, jouissent de leur transe,

Et tombent agenouillés sur un cadran qui fuit !


Veules de béatitude dans leur macabre loi

Unissant des plaisirs sur des lèvres plissées,

Nous !, sans plus d'harmonie pour deux cœurs qui festoient !


Et des frayeurs étranges m'occupent tout à coup :

Ne sont-ce pas des spectres ou des esprits vidés,

Ces deux chairs qui s'écroulent dans la mansarde floue ?

Volée aux traces de l'espérance II



Volée aux traces de l'espérance

Par l'œuvre du suicide effleuré,

Ho ! L'ample et décisive complainte,

Reflet pourpre et incendié !


Du terme fatal, qu'il immole le jour !

Comme l'esprit vain de sa conviction

Semblable au chant diurne ensanglanté

Dans le luxe mat et la terne raison.


Liqueur sur la source tarie, c'est l'heure !

Car de vaincre l'histoire, nul ne s'entend.

Tel du dénouement furieux demeure


L'emblème visqueux pendu du mort.

Et cette croulante fin dont dépend

Le destin est celle hélas ! du corps.




Le serpent



Avec ses contorsions voulues en son lugubre

Déclin, c'est le serpent annelé jusqu'au cou

Orientant ses instincts vers moi-même insalubre,

Sur mon ventre pâmé, à l'instant le plus doux.


Et qui va comme une amertume sommeillait,

Transformer la nuisance prochaine de mes frayeurs,

Pareil au rarissime amant qui se penchait.


Des voiles, des langes clairs pour ces maux confus,

Et des accords parfaits entre nature, oublis,

Qui condamnent pourtant les plaisirs que l'on tue ! ...


Ho ! Le reptile immonde jouant entre ses mains

Parmi la blancheur troublante des autres pensées !

Par ton acte morose, il se perdrait des riens

Qui pleurent en leurs soupirs les saignantes aimées !


Ebauche d'une plainte



Enflammant les souvenirs lugubres et sanglants,

Rien en sa haute voix attachée à mon sort

Par son sublime amour, le pur commencement,

N'extirpera, ô bouche, un monstre sacré d'or !


L'insouciance sertie qui vole en ses demeures

Est prise, sœur charnelle de désirs obscurcis,

Elle usurpe et délasse aux forêts de ses nuits

Des floraisons diverses et noires pour que je meure ! ...


Toi, réelle douleur de mon âme, si la seule fin

Entame comme un fruit de plaisir mes faiblesses,

Pourquoi grandir ce feu intime jusqu'à demain ?


Jamais écho interne respiré par ce coeur

Ne pourra soulager ces soupirs de détresses !

Mais il est tard, déjà ! Prends l'horrible labeur !




Et de sa grâce éprise



Et de sa grâce éprise, la pureté divine

A usé en silence d'ombreuses destinées ! ...

La nuisance embaumée à ses beaux yeux soumise

Proclame la saveur des astres allégés.


Son infortune jouit, contemple l'oraison

Pareil à ce palais sublime en mon ivresse

Innée ! ... Le bruit rassemblé prolonge le son.

Jamais tant de fraîcheur, je ne veux que tu cesses ! ...


Mais l'onctuosité où plongent mes délices

Exulte des senteurs étranges... étonnantes ! ...

Qu'est-ce donc en ce lieu l'adorable caprice ?


Car hélas ! Vrai corps s'étend le bel amour,

Et dans la nuit obscure mes deux lèvres tremblantes

Te demandent en ma chair le fort sommeil du sourd.


Oeil et regards



Des regards à l'écume grandie de transparence,

Qui refusent mornes et plats le sublime soupir !

Ils se perdent et s'enlacent dans de faibles carences,

Que d'anciens disciples usurpaient de désirs ! ...


Mais redorés par l'âcre saveur teinte des couches,

Tels de viles lueurs aux miracles d'été,

Ils se jouent de l'odieuse saveur des bouches,

Et confondent les gerbes finement exaltées !


Si proches de l'abîme qu'un seul soupir confond,

Ils pressentent la honte des râles et des sens !

Qui, sans miséricorde, veut effacer les dons ?


Pourquoi fuir au plus loin des ténèbres obscures

Les veines fécondées où coule le sang rouge ?

L'œil amer de terreur s'éloigne sans murmure ! ..



Ne veux-tu pas, mon âme



Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante

Comme un désir sans fin activer mon ardeur,

Respirer contre moi la sensation latente

Dont disposent la nuit les raretés du coeur ?


Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort.

Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,

Tout le peuple agonise et la foule s'endort.


Je n'aime point courir sur les murs de la ville,

Aspect trop délabré des cités reconstruites.

Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !


Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs

Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés

Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.


Sur l'onde délicate



Sur l'onde délicate où le plaisir sommeille,

Tu te plais, ô ingrate, à promulguer les jours.

Comme un jeu insolite sur les faces vermeilles,

Tu te joues en moi-même, infidèle toujours !


Cependant qu'une grave et impossible aurore

Fait courber ses extases dans les rougeurs du ciel,

Je te sais t'essayant, cherchant le nombre d'or

Envieuse à l'extrême de ses fruits immortels ! ...


Maudire contre ton sein les sueurs éternelles,

Les velours, les plaisirs qui condamnent mes pas,

Corrompre plus encore la terrible frayeur

Pour l'essence sublime, et changer nos ébats ?


Je ne pourrais hélas ! par ces exploits funèbres

Réchauffer dans ce cœur de froidure ou de gel

Les violettes bleues de mon spirituel.




Même impure de tes somnolences



Même impure de tes somnolences, respire toujours,

Telle possédée de joie charnelle des vaines nuits,

L'incurable mensonge qui te sied, mon amour !


De ta mollesse mêlée aux sanguines furies

Subis la déchéance horrible de nos corps

Où le soir, empereur des chastes agonies

Et vil dans sa démence voit crouler nos efforts !


Succombe et bois ! ... Le nectar divin des délices.

Cet éphémère désir s'éloigne dans les cieux !

Il regagne les airs où les tendres supplices

Accouplent leurs paroles aux fruits délicieux ! ...


Ô charme de la concupiscence des jeunes râles,

Entends les battements des cœurs qui auront fui !

Crie le bien, ou supplie pour ton soupir fatal !








Soupir marin



Maudire de l'agonie sereine et encore lasse

Qui parcourt de ses yeux un lointain horizon,

Je sens l'effluve clair que la fureur encrasse

Se jeter sur les vastes blancheurs des aquilons.


Epris de ta mature érigé et divin,

Qui gonfle ta voilure aérée par ta brise,

Qui peut au jour levé embrasser le matin,

La tempête stérile ou l'or de tes banquises ?


L'ancien matelot disait que c'est bien lui

Baigné de tristes plaintes et d'échouage aimés

Quand rêvaient les sirènes qui jamais n'auront fui !


Longeant la côte sainte que plus d'un sol enlise

Avec ses sombres bois de radeau animé

Imprégné d'aventures qui le noient à sa guise !




Si une brise fait



Si une brise fait bercer mes soirées atones

Au souffle long et court des spectres effrayés,

J'aimerais comme le glas intermittent qui sonne

Sortir à quatre lieues en gestes déployés.


J'aimerais, car la source se rit des fronts d'hiver,

Puiser dans ta fraîcheur les saveurs graves et lourdes,

Et consommer l'ignoble insecte de la terre.

L'oraison du matin te rend encore plus sourde.


Cette voix à chaque instant pourtant exaltée

Au sourire ne saurait plus calmement répondre,

C'est pour une nuisance que ma chair est damnée.


Ton Dieu resplendissant en couleurs enivrantes

Ne pourrait dans le coeur de l'impossible monde

Accueillir des pensées infectes et immondes.








Comme de longs soupirs



Comme de longs soupirs teignant mes murs obscurs

Comme par la blessure de mon râle, éperdues,

Les si troublantes sœurs, - leur joug jamais ne dure,

Prient sur l'autel rougi de sang neuf, mon salut.


À genoux, et les mains liées au bas du dos,

D'une voix languissante, insipide, elles supplient.

Elles tentent d'arracher un humide sanglot

Qui s'en va ruisseler sur la bouche qui luit.


Ho ! Que j'aime à entendre les dires du Seigneur !

Par leurs lèvres, il condamne ma domination

Et propose un rachat en quête d'un bonheur.


Moi, j'accours vers ce lieu proscrit à ma morale,

Entre deux Te Deum, entre deux tentations,

Il me semble si bon de jouir de la chorale.




Pour les douleurs extrêmes



Pour les douleurs extrêmes

Déployées sous ce joug

S'étale un diadème ! ...


Des larmes, cette nuit !

Ô purs scintillements !

En surprises alanguies,

Je serai mécontent ! ...


Odorante saveur,

Je ne puis par ces vers

Jouir d'une faveur

Ou de subtils éclairs !


L'or brut de la beauté

M'éloigne tout à coup

De ma vaine pensée ! ...

Le moût et le froment



Derniers temps


Midi par ses lueurs

Et tu ris étourdi

Du long vol de pleurs.


Laisse la transparence

Qui vient puis détruit

Le rêve d'insouciance.


Profonde, alitée

Qui sait si selon

La tempête apaisée

Un drame ou frissons ?


Récolte pour un soir :

Ivresse et lacunes.

C'est un ancien manoir.

Puis meurtres et fortune.




À l'heure où tombe



À l'heure où tombe le crépuscule,

Je vois selon le faisceau diurne

L'horizon conquis par maints sots.


Si ta couche couverte de vertiges

Se veut par tel songe vespéral

Au feu cuisant qui t'oblige

À vendre l'endroit de ton mal,


Va, princesse à l'haleine chaude

Te goinfrer de grasses pâmoisons !

Et bois dans l'œil livide qui rôde

Le vif éclat des floraisons.


Car l'odeur de ses boutons

Te jette le florissant puceau,

Nue du nombril jusqu'aux tétons !

Criminelle amitié



Criminelle amitié,

On ne la verra plus

Oh ! Le cœur déchiré

Pour un homme perdu !


Près de toi, la belle

Qui joues les ingénues

Refleuriront les ailes

Des anges battus.


Et pour ton clair sourire

C'est tout un corps qui tremble

D'un profond désir.


C'est l'amitié encore

Qui vole au réconfort

Son ardent plaisir.




Il y a le Néant



Il y a le Néant et l'Espoir et la Vie,

La Mort qui me poursuit, déchirures et démons,

Le Passé qui n'est plus, le Futur qui se vit,

Il y a le coup du sort, dansons et pleurons.


Le Génie du destin a frappé mes soleils,

L'amour a traversé mes rayons impudiques,

Des ébats ténébreux ont glacé mes sommeils,

J'étais ivre de chair et d'actes fatidiques.


Le fruit n'était pas vert, le suc était limpide.

Concessions et jouissances insipides,

Que le corps fut amer ! Je recherchais l'amour.


Abruti et servile, je ne me connais pas.

La femme est un besoin enlacé de contours.

Sans âme et sans pensée, je n'y reviendrai pas.

Légitime infortune



Légitime infortune qui hante d'un péché

La foi cynique et veule de nos anciennes vies ;

Fadeur âcre des pères qui voudraient arracher

L'empreinte sanguinaire des tortionnaires ici.


O somnolence vraie accouplée aux supplices !

Le jet infâme et vif scrutant des mois très tendres !

La raison déchaînée battant les faibles vices,

Et le cœur transposé qui ne cesse d'entendre !


Car une langue érecte les sons sanglants subis,

Le mal déjà transpose les carences vomies !

Affreux mes deux vieillards dans mon très jeune corps


Brûlant les feux des sages et la sagesse encore !

Heureux, les inconscients valides la plupart

Qui fêtaient en ce jour leur tout prochain départ !




Une forme de firmament



Une forme de firmament

Toute levée aux cieux

Enchante l'obscur moment

Désigné par les dieux.


Dans les ors de la soirée

Déjà reine de son corps

La tendre lentement aimée

Brûle, et sanglote son cœur !


Ai-je, ou pourrais-je avoir

Posément dans le calme du soir

Les diamants et les feux ?


Mais la belle de luxe entourée

Chute et tombe vers le maître envieux.

Dans le dormant, la lune l'a croisée.

Le manuscrit inachevé



Vent léger



Elle me disait : "Aime les fleurs

Et le printemps", je lui baisais

L'oreille plus loin qu'il ne fallait,

Mais la farouche n'avait pas peur.


"Toutes les roses rouges endormies

Demandaient de nombreux baisers.

Ta tendresse, un temps d'accalmie

Vint me parler : Veux-tu m'aimer ?"


La chère enfant légère et nue

Suppliait encore : "Me veux-tu ?

Le printemps et l'été ont fui !


Vois les arbres, l'horloge et le puits.

Oh ! Ta jeunesse s'est envolée.

Aujourd'hui est déjà passé !"



Le croît et la portée



L'aigle



Loin, le dévastateur dans le ciel obscurci

Sillonnant de son aile inconnue, le remords,

Tombe sur maints poètes misérables et maudits

Et couvre de son ombre les charniers et les morts.


Les yeux remplis de fiel et du sang des esclaves,

Il boit l'œuvre sacrée, jouit cyniquement

Des martyrs dépecés traînant de noires épaves

Dans des champs merveilleux ou des déserts brûlants.


Sur sa terre, l'homme seul croit reposer en paix.

Nu, le regard braqué sur sa tâche il sommeille,

Quand un aigle puissant, majestueux l'éveille :


Et l'on entend le sordide appel du néant

Arraché à son cœur un dernier souffle au ciel :

Le poète au combat tombe épuisé, hurlant !

Dans les noires profondeurs



Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,

Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,

Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit

Qui lentement regarde, majestueux et droit.


Il regarde les heures s'égrener peu à peu,

Cadavre bicéphale implanté dans mon âme

Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,

Et mon piteux savoir est toujours miséreux.


Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.

Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :

Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.


Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire

Et prétend posséder la beauté immortelle

Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.




Les membres décharnés



Les membres décharnés vomis sous les silences

Que des chambres lugubres subissent en dormant

Et des fibres jaunies ivres de transparence :

Un univers sordide, la pâmoison du temps !


Mais ils mêlent des corps et des âmes et des sens

En des luttes divines offertes chaque nuit,

Ils combattent des formes, jouissent de leurs transes

Et tombent agenouillés sur le cadran qui fuit !


Dans la béatitude de leur macabre loi,

Unissant des plaisirs sur des lèvres plissées,

Est-ce nous mon amour, ces deux cœurs qui festoient ?


Et des frayeurs étranges m'occupent tout à coup :

Sont-ils spectres mortels, sont-ils esprits vidés

Ces deux chairs qui s'écroulent et se déchirent encore ?

La Déesse



Tu te pâmes, Déesse sur des lits insoucieux,

Et dans la gloire, ivre de soupirs, tu t'endors.

Un long rêve de miel s'échappe, désireux...

Pourquoi tant de caresses après l'ignoble effort ?


Oh ! L'ombre des complaintes, des plaisirs inouïs !

Ces jambes découvertes aux substances divines

Succombent sous le feu lugubre de ta nuit !

Une pointe dressée accède à la poitrine...


Ô lueurs matinales, ô cœur qui bat en moi,

Que la source où mon mal s'endormait un instant

Emancipe en l'orgueil la douceur de l'émoi !


La volupté de marbre qui sied à mes côtés

Peut avec son regard de belle à tout moment

Entre deux nonchalances ou trêves s'envoler !




Ô paix profonde



Ô paix profonde quand ton silence supplie en moi,

Se meurt sous de superbes lumières l'astre pur

De sagesse douloureuse. J'entends battre l'effroi...

Tu te dodelines, l'oeil vif, pensant au futur.


L'oriflamme de tes songes, tu le veux revêtir ;

Aux ténèbres lourdes où ruisselle l'accalmie,

Tu discernes les plaintes et les lieux à venir.

Dans ta bouche béante se baignent les furies.


De blondes somnolences contemplent les rivages.

L'être infini recherche la croyance des Dieux,

Et les voix accouplées dans le Néant dégagent,


Un sonnet fort ancien que je croyais odieux.

Regardant les ombres déplacées ou libres, fier

De la jetée, je m'éloigne de la misère.

Et toi de la plus chaste



Et toi de la plus chaste que tes seules mains demeurent

Aux sources limpides et d'or où sommeillent parfois

Les tristes complaisances de tes soupirs de coeur !

Ivre de terres lointaines, je te vois, tu chancelles...


Là-bas j'ai vu sombrer tes naufrages, exploser

Les faiblesses étroites que tu aimes à durcir,

Et dans ta couche froide, c'est une tombe aisée :

Des maîtres sibyllins, y créent un vrai plaisir.


Que de tentations ! La chair ne peut résister,

Elle se tord confuse dans ses désirs étranges !

Et le mal épineux, hypocrite est jeté.


Ô la folle jeunesse au pur sourire de l'ange.

Je sais la pâle élue resplendir, mais malheur :

Qui embrasse son corps éloigne sa fraîcheur !




Quand pour vaincre ces pleurs



Quand pour vaincre ces pleurs, ton humide traîtrise

Cambre encore les jouissances passées, par l'oeil

Où l'effroi peint le charnel désir que tu prises,

Il ranime un flambeau éteint contre l'orgueil.


Sur les draps repliés que chauffait le mensonge

Et les élans lascifs, pure honte pour le corps,

Tu soumis à mes bras onduleux le vrai songe,

Cruel d'un avide et trop suppliant remords.


Les complaintes douteuses et promises jamais

Ne cesseront de battre en mon coeur infernal,

Puisque l'ennemie de mon ombre se repaît.


De qui le doux regard sur l'âme libérée

Montrant l'intérieur délicat qui le fait,

Je ne puis plus, ô femme, au chaste te livrer.







Des mages



Des mages au pourtour de la nuit, gesticulant

Par une hydre suprême à l'envolée de tous,

Combattent dans l'obscur où frissonne le vent,

Vrai songe sur qui le lointain égare ses loups.


Sa profusion de main embellie de son sang,

(Mille Dieux s'enchevêtrent déjà en la leur)

Féconde les destins, les nuisances et les temps,

Ô vaste pâmoison, ornementale fleur !


Aux portes du Sental que son écrin d'été

Soulage de vraies pluies, d'espoirs et de désert,

Ils accourent se confondre pour vils la respirer !


L'être royal se glose en de puissants empires

Qu'ont coutume les pauvres d'adorer jusqu'à terre,

Car l'ignoble forçat refuse de faiblir !




Tombeau de l'Obscurci



Puisque l'arôme incarne une lumière noire,

Où mille baisers épris ont caressé l'instant,

Dans son luxe alourdi à peine descend l'oir...


Que la veine obstruée arrange l'Obscurci

Car l'amas de son doute succombe tel sanglant

Jusqu'en la nonchalance qu'un alcool a démis.


Une paix généreuse modulant les mérites

Prescrit comme le rêve puise sa destinée,

Des Naïades étranges ou de claires Orites

Sur le doigt élégant d'une sublime fée.


Et nue et éperdue, telle vestale en démence

L'inspiration priant l'herbe sur son écho

Va sur sa tombe belle moduler en cadence

La réalité vaine d'un horrible sanglot.








Même tombeau



Puisque l'aurore incarne une lumière noire

Où mille baisers épris s'accomplissent en l'instant

De son luxe alourdi à peine descend l'oir...


Que la veine obstruée encombre l'obscurci !

Sur cet amas de doute il succombe et il meurt

Jusqu'en la nonchalance qu'un alcool a démis.


Une paix modulée qui vente les mérites

Prescrit, comme le rêve pense sa destinée,

Des Naïades étranges et de claires favorites

Sur le doigt élégant qui distingue la fée.


Alors nue et perdue, vespérale démence !

L'inspiration qui prise son bel écho

Va sur sa sombre tombe moduler en cadence

La réalité vaine d'un horrible sanglot.




Ces filles, mes pensées ! ...



Ce n'est plus la froidure qu'un doute parfois oublie,

Mais des rutilements de lumière éloignés

Parmi nous. Des vagues s'écrasent à l'infini...

Et là est une chaste sur les espoirs résignés.


Pourtant elles resplendissent encore dans leur pénombre !

Des figures s'embrassent tristement sous leur nuit.

De leur chute superbe mugissant des décombres,

Et la douce amertume ensoleillée gémit.


Mais déchaînées ou engorgées, vaste démence,

Un cri continuel dans le noir obscur luit

(Mon acte de bravoure s'entend sous les nuisances...)


Un pur frisson réclame l'entité de mes rêves,

Il supplie ! Mais ignorant le bruit, ô maudit,

Elles continuent pensantes sans repos et sans trêve.








Marie la bonne



Ces braillards écumant dans leurs assiettes creuses

Fortifient en des sacrements des rôts vulgaires.

Poussifs de crasse, et l'articulation osseuse

Ils crachent des fumées dans des relents de bière.


La bonne, ronde de cuisse, aux fesses bien pesées

En rose de jeunesse circule en riant.

Les mains larges et rugueuses de façons empressées

Se posent rapides et lestes en gestes caressants...


Marie la bonne heureuse convoite les délices

D'un jeune militaire assis devant son vin.

Marie, Marie pensante rêve d'amours factices ! ...


Car le teint délicat et la barbe naissante

Sont l'hommage rendu à l'heureux sacripant.

Marie, séduite tombe à ses pieds, fleurissante...




Les ivrognes



Plaqués contre les murs, les ivrognes hagards

Pissent de leur mieux chantant contre les poubelles.

Vils, contents d'eux, puant leur horrible pinard,

Ils se frayent un chemin sur les boîtes qu'ils martèlent.


Et la barbe de vin et l'haleine putride

Cognent leur pauvre tête sur les murs égarés.

Un instant de bonheur, la main comme une bride

Baise de son mieux la pouffiasse délaissée.


Eux, dans leur misérable sort riant de joie

De leurs dents jaunies par l'alcool de fumée

Crachent encore ou vomissent en s'aidant de leur doigt.


Semblable aux fantômes de la mort, mon malheur

Pourrit son fruit lugubre en de roses fumées,

Pourrit cette jeunesse honteuse de mon cœur !







Soirée funèbre



Quand l'imperturbable monotonie agite

Les regards langoureux de haine et de malheur,

La fin perpétuelle se meurt et se précipite

Comme un déferlement au temple des douleurs.


Des caveaux ouvrent leurs portes remplis d'espoir !

Les spectres enchantés, mains osseuses et tendues,

Proclament lestement qu'il faut entrer pour voir,

Le bonheur se veut autre et n'est jamais perdu.


Et quand entraînés par cette force sublime

Soulevant le poids de l'existence douteuse,

Esclaves enchaînés d'une voix qui domine,


Nous allons, fuyant par ces ténèbres le soir,

La peur s'empare enfin de toi, ô ma dormeuse :

Tu supplies mon amour et cries ton désespoir !




L'intelligence dort



L'intelligence dort et l'ombre est effrayée.

La nuit poreuse accourt et propose en ma bouche

Un pur étonnement, ô sublime Psyché !


D'une paresse extrême la profondeur des mots

Cherche par l'admirable mensonge sa voix.

Soumise à la résonance de son écho,

Elle respire nonchalante la naissance du Soi !


La douceur la plus claire déjà va et s'achève

Par des ruissellements déployés vers ton sein

Sous la tombée obscure sans remords et sans trêve...


Plonge folle au plus sublime de mon orgueil !

Viens et consume en cette vérité charmeuse

Les profondes ténèbres de mon superbe ciel,

Puisque je vis en toi, détestable amoureuse !







Sombre, retentissant



Sombre, retentissant sur la pensée nouvelle,

J'assume d'un vœu la profusion enchanteresse ! ...

Le néant dévastateur froissé par deux ailes

Se propose en tes yeux, profonde sécheresse ! ...


Par un commun accord, mon oubli est promu !

De sa grâce irréelle comme un serpent sauveur,

J'incline par ce piètre, mon cher corps corrompu,

Et je bois mes délices, ô ma tendre douceur !


Pareille à la nuée allègre mais morose,

L'agilité promise qui va, belle, vers toi

S'enchaîne à mes talons, ô noble et vaste chose ! ...


Oeil fécond de saveurs, encore tu vois en moi.

Tu parfumes ce front à ta main défendue

De caresses palmées qu'hier encore tu bus.




Et ils vont ces vieillards



Et ils vont ces vieillards honteux et affranchis

Dans la fosse commune resplendissant de vers.

Le pas lourd, boitant, ils vont hagards et démis

Comme des fils lugubres se dirigeant sous terre.


Ils ont l'œil ténébreux perdu dans des espoirs

D'hier ! La morne parole tremble sur leurs lèvres.

Ils continuent inlassablement jusqu'au soir

Dans l'implacable marche sans abandon ni trêve.


Et leurs pieuses mains parfois se lèvent au ciel

Suppliant le Divin de détruire leurs péchés,

Cependant les regards cherchent continuels


Des miracles nouveaux par cette mort latente.

Les fossoyeurs, pelle à la main, prêts à creuser

Entendent l'Ange des litanies désespérantes.







Bravoure d'une incroyance



Bravoure d'une incroyance, tu jettes tes falots !

Et inventifs par le succès de ton histoire,

Ils sont ces précipices à jamais offensés !


Ô le sol sanglotant et les crachats qu'ils méprisent !

Entends le vol brusqué au miroir ! Le reflet

De l'incertitude teinte le noir diapason

De ses fraîcheurs antiques ! Bravoure d'une incroyance !


Les hordes fourbes tel le pensant moribond,

Et les traces onduleuses sur les transes despotiques ;

Si long est l'exil au point du jour résolu !


Alors de la nuance, aigles, mages crispés,

Quand un venin contre la raison veut souffrir,

Sera-ce le saint qui d'ailes vent engouffré

Tondra le vrai suaire de son trône accablé ?




Pastiche du poète écailler



à sa cliente bourgeoise qui vient lui acheter du poisson


Pour vous, Madame dont l'existence si ébahie

Encense mes déboires au plus profond du Moi ;

Vous, voluptueuse, nuisible pour l'esprit

Imposant une divine et pénétrante loi ;


Pour vous, cruelle par moments et douce en d'autres,

Vous, dont le beau sourire engendrera toujours

D'être l'inopportun, respectueux et vôtre,


Qu'un grand feu sans mensonge brille dans vos lueurs,

Comme une flamme pure aux sanglantes besognes.

Car si ce cœur s'effraye, s'il martèle et se cogne,

C'est qu'il est faible encore et supplie vos douceurs !


Dans l'espoir que mon âme ne serait concevoir

À désirer éternellement votre amour,

Ho ! Madame acceptez, souffrez donc de me voir !

À l'ancienne fontaine



À l'ancienne fontaine recouverte de marbre

Repose l'assagi ornementé de fleurs ;

Les vieilleries d'époque semblent durables,

Mais les gestes lents toujours s'écœurent.


Dans les fossés conspirent des boues

Plus cuisantes que jamais entre elles.

L'espoir est ivre ! L'espoir est fou !

Vrai, mais les branches d'été s'amoncellent.


Des morts se pâment dans d'étranges douceurs.

Le temps d'un péché, sentiment occulte,

Les sentences s'accomplissent et se meurent.


De l'amitié parée entre deux râles,

L'infini brame et toujours discute

Et respire l'ignominie des dédales.




Tout sursaut assorti de gloire



Tout sursaut assorti de gloire

Maintes fois vers son ciel

S'abstiendra de le laisser choir,

Lui, âme aux tempes vermeilles


Car l'inexistence d'un dire

Perpétue le doute aimé.

Ainsi lui, noble fait des sourires,

Qui donc saurait l'animer ?


Vieillard receleur et suprême,

On rit dans les courses lointaines.


Et jamais fourbe ne put se suffire

Acclamant encore ses péchés

Et ne sut en son amour se dire :

"Halte-là ! Heureux chevalier !"









Parfums d’apaisement



Le sou du pauvre



Déterminé, croulant dans des flaques de boue,

L'impotent aux mains sales, les ongles décharnés,

Confusément ramasse le bien malingre sou,

Le diamant suprême qui scintille et qui pue.


La fièvre convulsive dans son âme palpite

Pour la pièce sinistre mais à ses yeux si douce.

Sur son visage, reflète l'éclat de la pépite

Quand l'or est tenu entre l'index et le pouce.


D'admirables espoirs se cognent dans sa tête

Tels de puissants désirs qu'on ne peut décevoir !

L'alcoolique incessant imagine une fête,


De superbes pichets de vin s'offrent à boire !

L'amertume se rit des innombrables dettes,

Puisqu’est mort en ce jour son noir désespoir !




L'âme en fleur



Femme dont le regard sait annoncer la joie,

Admirable beauté, allons chercher au soir

Les amours tant chéries de nos corps en détresse,

Oui, allons bras sous bras puisque le temps nous presse.


... Et comme nous marchions embaumés l'un par l'autre,

Et comme un doux parfum s'évadait dans les airs,

Je prie soin de vous embrasser, bel apôtre !


Posant un clair baiser sur cette bouche en fleur.

Et plus tard enlacés dans le sous-bois d'été,

Et plus tard mes deux mains où résonne le cœur

Entendaient palpiter leurs roses préférées...


Je ne saurais, amie, qui vivez en mon âme

Regarder le spectacle du ciel et de la terre

Sans penser à ce corps qui fit briller ma flamme...





Ha ! Fortune superbe



Ha ! Fortune superbe aux couleurs de la nuit

Qui me plonge au vacarme éminent de mes actes,

Je dirais se mourir dans l'alcôve sans bruit

La pure profusion que parfois se rétracte ! ...


Le mouvement inerte sur la blancheur des eaux,

Quoi ! Dans la belle chambre pour un jeu décevant,

J'encense en mon orgueil le vrai cri des falots ?

Non ! ... Le mensonge sur l'extase se répand.


Parcourir sur des flots en humbles destinées

La joie démentielle où résonnent ses pas ?

Cela n'a pas de sens ! Habillons l'autre fée.


Car l'orgueil tout à coup dans un sourire de gloire

Ça et là s'émancipe pour de nobles appâts.

Oh ! Substances rêvées qu'il espérait revoir...




Battements



Des stances inquiétantes procurent à l'infini

Des diapasons dorés sur des mètres de marbre.

Les regards amoureux soudain se sont enfuis,

On les dirait mourir onduleux sous les arbres...


La miséricorde virevolte, clamant à l'heure

Un chant tumultueux où l'espoir s'évadait.

Dans la nuit, elle déroule des rubans de douleurs ! ...

Les femmes piquent la foi dont ils furent défaits.


Mêlés de honte, dans un déferlement de haine,

Rares et gavés en des complaintes, ils s'étonnent

Brûlant d'un oeil glacial le mot que l'on dédaigne.


Vasques de plaisir, insouciantes et fécondes

Elles rejouent d'un gémissement épris et résonnent

Pour un grain de soupir sur d'autres chairs immondes...








Je condamne



Je condamne, car un Dieu en ma voix chaque jour

Pour un écrin de sel propose des Aimées.

Tel lui dit de jouer un implacable tour

Sur des substances claires qui s'élèvent rimées.


Comme un chatoyant rêve assermenté de nymphes,

Sur l'étendue tremblante s'octroie de la tristesse

A minuit du vain douze avec voiles de lymphes

Pareils aux mains rêvées implorant leur détresse.


Il, en rauques éteints, en incendies terrifiants,

Virevolte, au gré de mes substances obscures

Avec imprégnées toutes mes forces pensantes

En viles atrocités ou subtiles figures.


Et son joug jamais ne s'éteint en ma demeure :

Ses soupirs me proposent son royaume de pleurs !





Le vieil homme



Importent le vieillard aux mains sales de crasse,

Aux ongles jaunis, toussote de vertes glaires

Sur ses lèvres pendantes. Il entasse, il entasse

Et perpétue cloué le mythe de sa guerre,


Balbutie, secoue la tête par résignation.

Parfois dans ses yeux bleus, un reflet de lumière

Eveille en sa mémoire des danses et des chansons.

"Oui, souviens-toi, jeune homme beau, ô combien fier..."


Mais le temps disparaît, et le Seigneur l'oublie !

Ecrasé et vibrant sur son lit, il s'endort.

Est-il mort ? Oui, presque mort, enfin à demi...


Là-bas, d'autres enfants vigoureux, d'autres forts,

Des femmes éblouies belles comme des fleurs :

Le monde se poursuit, trouvant ses successeurs !






Les bancs



Sur l'esplanade où tremblent des sourires amers

Ruissellent de noires complaintes jusqu'à l'infini ;

Un regard vif, nu, parfois s'éteint puis s'éclaire,

Et rappelle l'angoisse quand le cafard a lui.


De lentes cérémonies tout à coup s'accusent

De faussetés malsaines ou de plaisirs bénins,

De voluptés immenses dont le passant s'amuse,

Hymnes douteux de mort respirée sur le sein.


Par l'affreuse rencontre de deux regards épris

Qui retient naïve la consécration des corps,

Je vois sombrer de fortes taches éblouies...


Car les fronts dans un accord parfait et changeant

Expirent les fourberies et les plaintes ; dès lors,

Des lèvres exaltées sur des rires complaisants ! ...




Tu ne peux resplendir



Tu ne peux resplendir sur un sourire carmin

Et nul être en son jour ne se plaît de l'offense

Paré de voix légères, d'hydre, de romarin,

J'entends toujours gémir le cri d'une souffrance.


Mais tes pas se déplacent dans les brumeuses nuits

Mélancoliques et mauves pour prier les défunts.

Ton miracle est soufflé par la mort qui s'enfuit

Tes douceurs lacrymales osent pleurer en vain.


Encombré de querelles, déchiré de morsures,

Sous le joug obsédant qui détruit les amants

Un large déploiement à l'infini procure

Les sueurs enivrées des obstacles navrants.


Eloigné dans les cœurs des sombres citadelles

Je m'aventure hélas ridicule et petit,

Hurlant toute ma rage, je crois mourir sans elle.

Paysage 78



Sous l'ombre de la nuit

Quand le soir se fait lourd

Dans les derniers moments bleutés

À l'ombre d'un cyprès


Tu vas t'abandonnant

Respirer la douceur nouvelle

D'un ciel aux horizons perdus,

Tu vas dans l'inconnu


Et l'amant accroché

Au royaume de tes yeux

Dort, dort paisiblement

Et toi, plus belle, plus vaporeuse

Peut-être, toi,

Tu le supplies d'aimer tes vingt ans.




Par le songe larmoyant



Par le songe larmoyant vers le ciel,

La réalité fatidique

Vaste drapeau, puissant appareil

Aux amazones antiques,


Creuse en s'enflammant des accords,

Comme une vergue ténébreuse

S'éprend en raison ou par torts.


Des gorges prônent le succès

Et autres délires accoutumés

Par l'oracle taisant maints succès :

La barrière sied en ces contrées.


Le fruit délectable, irradiant

La vraie morosité chanceuse

Est omise aux regards du vent.








Insignifiant



Que toute une discorde

S'implante en mon cœur,

Si jamais l'amie

À jamais se tord.


Tel l'astre frileux

Sur l'or des langueurs

Au feu des pâleurs

Est un vent douteux.


Souffle mes louanges

Alors embusqué

Amant aimé !


D'un commun mielleux

J'irai bel ange

Profiter du peu.




Chassez donc l'incendie



Chassez donc l'incendie téméraire des râles,

Et qu'un dieu indistinct acclame vos péchés !

De ce parjure aux divinités infernales,

La semence s'expulse et damne vos aimées.


Par l'artifice où le mal éternel se joue

Acclamant çà et là de confuses paroles,

Cette réalité charnelle prône la proue

Quand l'indicible ennemie divague et somnole.


Puisque d'une croyance travestie en déboires

Le maléfice glorifie les actes honteux,

Là fort caché dans les replis de la mémoire,


Le vice triomphe en gestes incestueux,

Foudroie les chairs cachées et les corps délivrés,

Le Mal, notre Mal aimé hurle de son mieux !

Le sac et la cendre



Le voyageur



Ainsi vers la croisée avec ses haillons neufs

Le voyageur s’envole assermenté de songes.

Les yeux illuminés ou le regard de bœuf

Dans sa douceur enchantée, longtemps il se plonge.


Dénudée, odeur des rêveries exotiques,

Collée contre son coeur, une jeune enfumée

Espère un tendre mot, un plaisir érotique

Et la bouche aspire le brouillard à humer.


Leur sublime insouciance ne saurait apprécier

Le monde encombré de piètres découvertes. Mauve

La compagne se meurt évasive et aimée.


J’ajouterai encore pour finir votre histoire

Encombrée de satin où l’esprit se fait fauve

Les plaintes indistinctes qui s’échappent le soir.




Macabre jeunesse



Sur le frais duvet où respire mon linceul

Quiconque écoute le col et le songe qui fuit

Découvre le tambour que charme mon orgueil

Acclamant en délices l’épave de la nuit.


Ô l’être boutonneux rongeant ses puanteurs !

Des larmes asséchées ont blessé son visage !

Le sang coule, le monstre souffle sa clameur.

On reconnaît les maléfices du carnage :


Des déchirures obscènes et des scènes scabreuses,

Des stigmates lapidant son front boursouflé,

Des araignées énormes, sur son lit, venimeuses !


Mais le soir s’avance, le bouillonnement conspire

Et raffole, le traître, des poèmes aimés.

Épuisé par la haine, mort par la Mort, j’expire !

Le repos du poète



Je viens baigner ma tête pour un repos amer,

Par mégarde d’un dieu, le vent s’y engouffra

Et l’antre tourmenté d’un joug jusque sous terre

D’une longue morsure blessa alors mes pas.


De ce sort contenu où son mal resplendit

Une voix épuisée veut mordre la lumière.

J’accours sur tes deux seins, ô ma profonde amie

Une nausée me suit qui descend là derrière.


Fulgurantes lueurs, sa voix est parcourue

D’une fraîcheur nouvelle sous un vent d’embellie.

Je plonge et je m’avance avant qu’un bras ne sue...


Du moins la ténébreuse me réclame la nuit

Et mon cœur sans relâche admire, constellé

Les étroites cachettes dont dispose l’aimée.




La Muse



Étalée en son long

La Muse sans garde

Observe par ce ton

Les couleurs qui la fardent :


Je parle de mépris

Pour l’esquisse grotesque !

Qui en ce lieu maudit

A jugé cette fresque ?


Mais mon amant vacille

Et combat comme un Dieu

L’inconscient subtil ! ...


Mon vœu est de savoir

Cette bêtise heureuse

Où ce paon veut s’asseoir ! ”

Collages



Au tutoiement chuchoté



Au tutoiement chuchoté

De la bouche qui diffuse

Syllabes indistinctes

Et bourdonnements confus


Ma cervelle insensible

Perdue dans ses brouillards sauvages

Vole vers les paradis impossibles

Barrés de grands carnages.


J'irai me reposer après les combats inutiles

De souffrances vaines et de Morts obscurcis

Oui, près de toi ma douce et ma charmante.


Dans ton jupon rayonnant comme un soleil

Pour y oublier la nuit âcre et rance

Illuminée parfois de rayons immortels.




Louanges du feu


Étang, œil transparent



Étang, œil transparent de l'horizon

En robe de glace, je défie ta toison

Dans les rousseurs des plaines de femmes.


Qui cascade sinon l'heure énigmatique

Dans les bleues des neiges,

Dans les noires nuits dorées de feu ?


Lustrées, colombes aux doubles éventails

Recouverts de plumes,

Mes mains battent comme les mouchoirs

De l'au revoir.


Pingouin macabre vers le ciel

Blanc comme l'enfance

Sans ailes, cloué au sol

Comment regagner ses frères ?

Hélène



Azur ! C'est moi... Je viens des grottes de l'Enfer,

Et j'entends l'onde fracasser les rochers sonores,

Je revois les vaisseaux dans les blanches aurores

Renaître sous les ombres d'un bel univers.


Mes précieuses mains tendues vers les monarques

Suppliaient d'attendre fébriles leur noble venue.

Je priais ; mais jamais les navires ne débarquent,

Sur les rives de Troie, jamais galère n'est vue.


Moi je sais en maints rêves la militaire ardeur

Surgir des gouffres obscurs de mon néant de reine

Et venger mon destin de l'insigne vainqueur.


Mais les Dieux satisfaits de ma souffrance vaine

Au sourire exalté condamnent mes supplices.

Hélène se meurt d'ennui, de pleurs et d'injustices...




Tes mains brûlantes d'amour



Tes mains brûlantes d'amour

Bercées par une palme,

Rien ne vaut le souffle calme

Du désir qui court,


Et réchauffe nos âmes

D'un rayon de soleil vermeil

Et lèche le ventre bruni de la femme

Ou pince gentiment son orteil.


Allongés nos deux corps sur le sable

Gagnons des rivages meilleurs

À bouches confondues, adorable sœur.


J'apaise ma soif sur la langue rosée

Qui reçoit et lèche le baiser,

Lèvres rouges de confusion désirables.

Alors qu'une brume épaisse



Alors qu'une brume épaisse enveloppe la ville

J'embrasse mes dernières fumées

Partir fuir l'exil, l'envol

Je n'emporterai pas mes souvenirs chassés


Sont-ce des forces nouvelles

Je foule le sol desséché par les crises

Et mes larmes de souffrance

Ne féconderont pas mes peines d'enfant.


J'ai froid, j'ai peur, j'ai faim

Qui me tendra la main

Un pantin criait dans les églises

Le nez levé il regardait les étoiles

Point d'ange gardien

Seul sans soutien.



Losanges



Avec l'or et l'encens



Avec l'or et l'encens au vagin ébahi,

Terre de mes idées, moi j'incline une tête.

Quand vicieusement, le bon plaisir s'apprête

À lécher mollement le creux veiné du dos.


De la source nouvelle jaillira un exploit

Figuré, il est vrai, d'un mouvement de tête,

Car sous les draps les râles et les soupirs du corps

Expriment, je le crois, le triomphe des bêtes.


En l'absence du rêve, je mugis fortement

Pour les noires poussées du seul espoir d'aimer

Pareille à la momie qui frotte son squelette.


Encore que chagrinée, se métamorphose

En lynx, écueil de chair, ou tempête, se glose

Pour crier et mugir ou mourir vainement.

N'importe quoi



Aux seuls soupirs ailés avec des bouquets d'ombre

Il me plaît de m'élire et de rompre l'instant ;


Mais je ne savais pas qu'afin de la détendre

La lumière du site suffisait mollement ;


Je suis, je suis et j'aime, alors je m'aperçois

Que la lune épinglée aux délices du nombre

Favorise le soir incertain, plutôt sombre ;

J'abandonne l'ardeur de l'inconnu, et roi.


À peine dévêtue du paysage en moi

La seconde se donne en mes mauvais penchants ;

Avec un air léger, synonyme, qui dit :

Plus rien en mes demeures de fatales pensées.


Je cours, je m'abandonne, baigné dans l'azur pur,

Et je n'existe pas. C'est fini, cette fois.




Pierres fétides où le temps



Pierres fétides où le temps abominablement

Jette sa passion et les vices écoulés,

L'heure éternelle pleure offrant un vain regard

Sur le nombre défunt de l'horloge oubliée.


Ainsi je veux qu'en d'autres plaines de soupirs

Mon plaisir se délasse de l'odorat pubis

Et que l'oeil torve hélas vende un désir heureux.


En toi seule, toi chère, je sens s'évanouir

Mille oiseaux agacés déployés de colombes

Qu'un lourd vol transparent de battements encombre

Vers un azur désert pour des pays finis.


Sur ta bouche tombale rarement je me pose

Pour extraire du néant la langue rose, fine :

Je peux signifier que parfois j'en explose.







Pensante et immortelle


Pensante et immortelle

Avide dans son désert

La pure sagesse se meurt

Infiniment en Elle.


Je la sais qui me pense

Stérile en ma saison.

Ma vraie soif dépense

Le vin de sa raison.


Sous les glaciers sanglants

Ou dans la nuit torride

Je m'élance et retombe,


Éclairs perdus en moi

Sans clignements de cils,

Beaux fruits de mon exil.




Prières - Phrases - Exil



Des sources de soies gazées



Des sources de soies gazées

Autour des vapeurs

Presque bleues

Et des amours saignantes


Les sanglots roulent

Leurs cascades éplorées.


Des nudités bizarres

Où s'écroulent voilées

Vos mousselines lourdes


Puis la fée rieuse dansant

Tourbillons de lumière

Aux mille artifices des nuits.








À toi belle



À toi belle si délicieusement douce

Comme la chair du fruit sucré,


Je m'évade dans ta crinière lourde

De larges nattes tressées

Pareilles à des rais de soleil

Qui caressent ta gorge profonde.


Je glisse mes doigts fins et câlins

Dans tes boucles presque rouges

Tirant sur l'or vif

De ton collier brillant.


Je respire les profusions de saveur

De ton haleine tiède

Ou je bois de tes larmes perlées

Et je t'aime, ma tendre sœur.




Ô toison d'or



Ô toison d'or

Rêve que nul n'éteint

Dans l'ombre des noirceurs.


Ici c'est à la lumière

Violette d'Igitur

Qu'il faut phosphorer.


Mais génie de vertige

Ou de fumées embrouillées

Les nettes ou sales vapeurs

M'ont déjà enveloppé.


Si quelque riche Prince

Glisse sur les poèmes d'or

À la clarté de s'ensoleiller

Qu'il vienne s'enivrer.

Sachet d’herbes



Ta beauté a vingt ans



Ta beauté a vingt ans

Et je l’implore

En suppliant


Ton corps a désiré

Mes larmes belles

Pour te prier


Dans le feu de l’enfer

J’invite mes fantasmes

Pour faire jouir

Tous mes orgasmes


Dans les cris de la guerre

J’implore ton Dieu d’aimer

Nos corps

Et d’abolir les cruautés




Malédiction



J’ai connu la douleur infligée à mon corps,

Les noires cicatrices qui hurlaient mes remords.

J’ai subi la torture imposée par ce Dieu

Qui crut en des péchés coupables à ses yeux.


Assoiffé de justice, j’exprimais mes souffrances.

J’implorais l’au-delà d’une vraie délivrance,

Je portais vers le ciel un esprit tout rempli

D’espoir et d’avenir songeant au paradis.


Mais le Fatal rongeant l’espérance suprême

M’infligea du néant une vengeance extrême

Et je dus m’endormir dans mes chaos sanglants


Car ce monstre idéal reniant mes tortures

M’expulsa de son ciel dans un rire éclatant,

Et je gis excrément au milieu des ordures.

Douleurs extrêmes



Je rends grâce à ta pureté



Je rends grâce à ta pureté

Toi le Dieu qui me tortures ;

Au poète d’injustices infligées,

Toute sa grâce est au futur !


J’aime le démon de Satan

Qui, par son vice, s’éternise

Et me propose en me frappant

Son feu vierge qui sodomise !


Car de pleurs et de rires mêlés

Je saigne rouge en jouissant :

L’anus d’amour est défloré.


Dans l’horreur de mes nuits obscures

Agenouillé, allant et venant

J’éprouve les mille joies de ma blessure.




Voici du lait



Voici du lait, voici du sang, voici des femmes ;

Et puis voici mon sexe qui est tendu pour vous.

De grâce, admirez sa grandeur pour vos flammes,

Et pour l’espoir de l’homme, priez-le à genoux.


Dans sa domination, implorez ses délires

Que vous puissiez jouir du râle d’un humain !

Dans votre gorge tiède, obtenez ses soupirs

Comme un enfant de chœur tient cierge entre ses mains !


Que substance de rêve coule dans votre bouche !

Que soumise à son corps vous puissiez sur sa couche,

Le voir quêter toujours sa si petite mort !


A moins qu’entre deux cris du râle qu’il expire,

Il ordonne au désir dans tout autre décor,

Un lieu noir et lugubre de son futur plaisir !

Sueurs sacrées, éloge de l’orgasme, la faucille sanglante




Extase d'agonie



Extase d'agonie

Agonie vers la Mort

Je prie je supplie

Le bon plaisir encore.


Orgasme infini

Infini quand tu dors

J'implore à ta vie

De recevoir mon corps.


Ultime éclair

Éclair vers la Mort

Sublime est la chair

Qui espère encore.


Le coeur foudroyé

Se meurt effrayé.




Fille d'hiver



Fille d'hiver à la glaciale chair,

Qu'il serait bon d'embaumer ton printemps !

Fille d'homme ivre à l'haleine sanglante

Qu'il serait fort d'endormir tes quinze ans !


Sous l'aisselle blanche, sous la rouge robe

Tes trésors d'enfance frêle

Sont à respirer nuitamment.


Sur ta lèvre orange, sur ta moite main

Tes frayeurs de pucelle rebelle

Ont à se donner maintenant.


Ombre de dormeuse au baiser qui s'anime,

Il te faut réveiller ton ardeur du présent

Il te faut dévoiler tes envies !

Belle de blonde folle vers l'amour débutant !

Le livre blanc




Va, mon cœur amoureux



Va, mon cœur amoureux caresser la charmante ;

Va longtemps respirer sa douce odeur d’amante.

Quand ivre de vertiges tu sauras t’endormir,

Sa folle chevelure sera un long soupir.


Toutes tes passions mêlées dans un grand rêve

Vogueront lentement vers la mer qui s’achève,

Et comme le tangué qui berce le bateau,

Seront baisers d’écume sur le roulis des flots.


Évade-toi toujours ; tes puissantes pensées

Comme font les marins dans leurs cœurs oppressés,

Seront colombes blanches dans l’ombre qui expire.


Mais au matin songeant au rêve qui délire

Te réveilleras-tu aux bercements des eaux ?

Mais, ô mon corps, entends les pleurs des matelots !




Quand j’aurai épuisé



Quand j’aurai épuisé ma semence charnelle

Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,

Quand le noir repentir sur la couche d’extases

Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,


Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,

J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,

Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas

J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.


Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal

Descendant l’escalier de mon vice infernal

De ces vers resplendir le feu des passions ?


Dans la nuit son phosphore rongera mon remords

Et me fera mourir de pénétrer ton corps,

Ô mon sublime objet, sombre tentation !





L’indifférente



Ô sublime beauté, sirène de mes songes,

Quand mon âme se noie, je crois voir et je plonge

Dans l’élixir des eaux, extase de mes nuits

Profondeur inconnue qui lave mon ennui !


Et ton corps apparaît perlé de gouttes d’or

À l’épave enivrée qui s’attache à tes bords.

Ma détresse infinie appelle ton amour

Qui hurle, naufragé, le cri de son secours.


Que t’importe, inhumaine que les pleurs dans ma voix

Implorent l’impossible de mon terrible effroi ?

- Tu ne sais qui je suis, tu ne sais où je vais !


Dans le rêve étoilé il faut donc inventer

Un cynique poète qui se rit d’exister

Du moins pour oublier cette vie à jamais.




L’irréductible



Après avoir jeté mes sueurs de poète,

Un ténébreux silence s’installe dans ma tête.

Il me revient l’envie, ô ma très chère amante,

De partager en toi les délices charmantes.


Je plonge dans ton cœur mon génie incompris,

Et j’éprouve l’extase comme l’enfant surpris

De posséder ta chair, de soumettre son corps,

Ô ma belle immortelle caressant mes remords !


Alors dans le Néant, je trouve ma conscience :

Je chasse les noirceurs qui corrompent ma science

Mais j’éloigne hors de moi tes baisers infinis !


Il n’est rien dans ta chair qui gagne mes extases

Et jamais sur ta couche je ne serais soumis

De supplier ton cœur pour un sublime orgasme.

Connais-tu la torture



Connais-tu la torture infligée par la Mort,

Descendue ici-bas pour corrompre ton corps ?

As-tu subi du ciel l’horreur de l’envoûté

Qui croyant en son Dieu n’aurait jamais douté ?


J’étais pur, j’étais vierge !, et j’avais vingt années

Quand ces monstres vicieux sont venus me frapper

Accusant ma jeunesse de péchés inconnus.

Dans mon corps transparent, mon esprit allait nu.


Terreur du possédé, je suppliais toujours

Et mes cris imploraient l’espoir de l’au-delà.

Mes poings étaient crispés, et je tendais mes bras.


Je hurlais mes douleurs sans connaître l’amour

Que ce Dieu insensé m’avait alors promis ;

Car la Force céleste au Mal m’avait soumis...




La conscience de l’amante



Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps

Les caresses insensées qui chassent les remords

Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse

Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.


Je pourrais t’infliger les sublimes détresses

Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,

Et frapper sur ton coeur les fantasmes sanglants

Que ton esprit vicieux implore en gémissant.


Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle

Éclairé du génie par la flamme éternelle,

Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.


Jamais je ne saurais en mes superbes poses

Proposer de mes charmes les folles métamorphoses

Et offrir au poète la beauté des appâts.

La chute vers Satan



Ce monstre sans pudeur sait torturer les âmes

Et peut par sa terreur les plonger dans l’infâme ;

Il aime unir au goût de la lubricité

Le plaisir de souffrir dans son atrocité.


Son génie prend le charme de la métamorphose

Et offre sa beauté dans de sublimes poses ;

Il crée le désir noir de la vile tentation

Aux esprits inspirés de basse prostitution.


Ce démon, par son vice, veut jouir de toute chair ;

Il inflige au croyant la joie du possédé,

Ce besoin de subir le rythme saccadé.


Son alchimie du corps fait oublier l’éclair.

Et plus fort que l’ivresse de la femme et du vin,

Il purifie par l’homme le baiser du Divin !




Il vous faudrait oser



Il vous faudrait oser sans rougir de contraintes

Activer sur mon corps ses cris et ses complaintes,

Il vous faudrait bercer de baisers les plus doux

L’amant et le poète qui aiment à genoux.


Mais vous me proposez, o femmes impudiques

Sous vos caresses viles des positions lubriques,

Et vous vous prosternez, insouciantes à mes yeux

En vos plaisirs sublimes, exaltés d’odieux.


Je préfère à vos corps la chair de la bergère

Parfumée des senteurs enivrées de bruyère,

Je préfère la pudeur à vos horribles appâts.


À moins que toutes deux, par vos chaleurs exquises

Vous sachiez m’exciter, ô divines marquises,

Sur le sofa d’extases qui subit nos débats.

La belle soumise



Je supplie ton sadisme de me frapper encore,

De faire hurler d’extase les passions de mon corps ;

Je veux que ta torture engendre mon fantasme,

Que le sang et les pleurs saccadent mon orgasme.


J’implore tous tes vices, monstre de cruauté.

Que ton viol inhumain s’unisse à ma beauté.

Je veux dans la souffrance atteindre le plaisir,

Et faire jaillir en spasmes les enfers du désir.


Il est que je ne puis pareille à ces amantes

Éprouver le bonheur des amours nonchalantes.

En ces caresses tendres, il n’est pas de soupirs.


J’infligerai longtemps à ma chair qui expire

Les hurlements d’horreur qui toujours me condamnent

À n’apprécier l’amour que dans l’horreur du drame.




Le tortionnaire repenti



Il cherchait dans l’excès des jouissances cyniques,

Le plaisir tyrannique de posséder un corps ;

Des haines et du besoin de torturer encor,

Il plongeait dans l’horreur des souffrances physiques.


La semence expulsée, son symbole sexuel,

Le poussait tout entier vers des transes barbares,

Pareils à des vaudous dans leurs danses tribales,

Avant de profiter de l’offrande charnelle.


Il nourrissait sa nuit de fantasmes maudits,

Il créait en son âme les sublimes interdits,

Dépeçant les humains, les cadavres et les morts.


Après avoir tué, satisfait de ses crimes

Coulaient sur ses joues rouges des pleurs et des remords,

Des sanglots de pitié qui priaient ses victimes...








Il faut pleurer ce Dieu



Il faut pleurer ce Dieu d’infliger ces tortures

À la masse d’humains implorant vers les cieux

Des prières de paix contre un monstre odieux

Qui toujours se complaît dans les cris des blessures.


Je connais ton extase, o beauté immortelle,

Et je bois à ta source, assoiffé de l’envie

De jouir des présents que compose ta vie

Éloignant au plus loin les souffrances charnelles.


Il est que mon sublime s’inspire de ton corps

Et chasse de son âme ses passions et remords

Refusant l’au-delà qui jamais ne m’inspire.


Je goûterais longtemps les plaisirs de ta chair

Me vautrant dans le lieu du bonheur qui délire

Voyant peu dans l’azur le signe d’un éclair.




Légende bretonne



Quand les noirs goélands voltigent dans l’air pur,

Dans la baie de Penmarc’h irradiée de soleil,

S’en vient se fracasser sur l’horizon vermeil

Un cri agonisant gémissant vers l’azur.


Le pleur d’un trépassé en souffrances obscures

Supplie dans la bruyère dorée d’ocre, et réveille

Les anciens naufragés aux douleurs immortelles

Se souvenant encore de leurs combats impurs...


Les légendes bretonnes racontées tous les soirs

Autour des cheminées amplifient les mémoires

Des vieilles dentellières assises près du feu.


Il paraît que les nuits favorables aux esprits

Les mourants se levant, les bras tendus vers Dieu

Implorent leur pardon sur la mer infinie.

Si dans le bel azur



Si dans le bel azur tout empourpré de rose,

De mon esprit zélé chassant son noir morose,

O ma Dame d’Amour de mon âme égarée

Peut se faire par ton coeur ma croyance dorée,


Je veux sur mes genoux implorer tes complaintes

Et prier par ta grâce mes douleurs et mes craintes.

O ma blanche irréelle invisible à mes yeux,

Je veux punir longtemps tous mes péchés odieux.


Et peut-être sensible aux terreurs qui m’enlacent,

Seras-tu dans mes songes éloigner les courroux

Et frapper en Enfer les Malins qui menacent ?


Ma douceur est si pure, la prière qui absout

Peut-elle justifier la belle délivrance

Toi qui sais que le feu est bienfait de souffrance ?




Lorsque dans le futur



Lorsque dans le futur j’irai avant mon âge

Et partirai mourir avecque mes tortures,

Le torrent de mon sang fera de longs murmures

Et nourrira mon nom de ce triste langage.


On entendra longtemps la souffrante complainte

Maudire dans l’au-delà l’horrible destinée

Que le Dieu ou la Muse dans mon infortuné

Parmi de mauvais anges infligeaient à ma plainte.


Mais les plus orgueilleux prétendront de sagesse

Que le Mal prodigué n’est que juste largesse

À mon coupable esprit qui n’a point existé.


Et jamais dans leur coeur ne cueillant un soupir

Un sot ricanement couvrira mon gémir

Que Satan bénira de m’avoir possédé.

Le sage et l’insensé



Le sage et l’insensé unis dans leurs délires

Sauront par leurs propos accuser mon jeune âge,

Et du génie poltron pleureront leurs soupirs

Ou mieux se fâcheront de violente rage.


Ainsi, se diront-ils, du savoir de Pascal,

De quel droit ose-t-il imiter les Pensées ?

Végéter au désert comme le noir chacal,

Ou pareil à l’ermite dans son âme rester ?”


Si telle la beauté je dois offrir mon corps

Au premier courtisan qui voudrait l’admirer,

Quel serait mon mérite dans l’ombre de l’effort ?


Si tel un bon esprit doué à tout venant

Pour quelques belles-lettres l’on veut m’apprécier

Ne serais-je précieux ou du moins en pédant ?




Il me faudrait, se veut



Il me faudrait, se veut, me montrer sans la crainte

Et par tous mes amis me gloser de complainte,

Gémir tel un génie mes sublimes pensées,

Et faire l’indifférent de lauriers dispensés.


Il me faudrait encore mi-pudeur et mi-gloire

Sans gonfler mon cerveau de superbe mémoire

Parmi les bonnes gens faire le demi-dieu

Et rougir du travail accompli de mon mieux.


Je ne possède point le jeu de la traîtrise

Et je ne prétends pas posséder la maîtrise

Faisant par mon esprit un humble vaniteux.


Aussi je me suffis en ma tendre jeunesse,

Dans ma pauvre demeure de ma folle sagesse

Et prétends par cela être un jeune homme heureux.

Si je ne puis sourire



Si je ne puis sourire, c’est qu’étant malheureux

Le plaisir de l’amour m’est toujours défendu ;

Si je sais soupirer, c’est que génie affreux

Des tristesses du vers je me sens confondu.


Il n’est douce bergère écoutant de mes chants

Les belles mélodies pleurées de mes souffrances.

Dans les verts pâturages et dans l'herbe des champs

Mes douceâtres chimères ne sont point délivrance...


Mais pourrais-je espérer, en cette solitude

Éloigné du bonheur et de la multitude

Que l’esprit se plaira de son savoir ardent ?


Me faut-il invoquer d’une Muse morose

Déchirant sur son sein une sublime rose

Les terribles douleurs de mon esprit sanglant ?




Breton serait savant



Breton serait savant s’il n’était point Breton ;

Breton serait pensant s’il savait bien écrire,

Hélas, en un patois, il exprime son ton.


Son esprit est si clair qu’en sabots dans la bouse

Il fait danser d’amour les cuisses de sa dame !

Son talent répandu au-delà de son âme

Est admiration aux yeux de son épouse !


Ah ! Du Bellay maudit avec une arrogance

Le vent soufflant de l’ouest des grands navigateurs

Trouvant dans leurs esprits les nouvelles espérances...


De surcroît il saurait que sans poltronnerie

Des guerriers * de demain iront d’un air vainqueur

Chasser du sol français l’Anglais de la patrie.


* Du Guesclin

Les Sodomites



Vous vous êtes tous deux jetés dans la démence

Et avez accompli de lâches infamies,

Prétendant que ce Dieu dans sa grande clémence

Saura vous soulager de vos noires sodomies !


C’est ignorer en vain la pureté divine

Qui condamne le Mal animé de l’horreur

De pénétrer le corps en sa substance intime,

Répandue par la chair jusqu’au profond du cœur.


Vous avez compromis l’espoir de délivrance

Qu’à chacun d’entre vous j’avais toujours promis

Préférant au plus pur la joie de la jouissance.


Car c’est prétendre au mal hélas se voir soumis,

C’est donner à son âme le terrible malheur,

Et subir à jamais une atroce douleur !




Essence de sainteté



Si de n’avoir jamais tué le loup qui blesse,

Et si d’être toujours resté en ma maison,

Si jamais à beauté j’ai offert de caresse,

Peut-être que mon Dieu bénira ma raison.


Et si jamais je prie les louanges divines

De pardonner mon cœur de viles tentations,

Il se peut que Marie, mère des punitions,

Saura bien écouter mes prières sublimes.


Il est que dans mon coeur la vengeance n’est point,

Il est que tout le Mal est rejeté au loin.

J’entends de tous les anges les musiques du cor.


Il était que ma chair n’était plaisirs extrêmes

Il était que jouissance m’étaient pures et suprêmes

Et jamais à l’envi je n’ai choisi le corps.

Sonnet moyenâgeux



Si tu le peux prétendre qu’au plus beau jour demain

Tu sauras du génie acclamer le délire,

Humilier mon vers par ton noble quatrain,

Qu’insensé je soupire dans un pauvre mourir ;


Si ta plume exercée aux sublimes hardiesses,

Qu’il est si bon savoir en cent ans de métier,

Veut courir excitée des palmes et des finesses

Que le simple flatteur à l’esprit sait rimer ;


Moi honteux devant toi j’incline révérence

Et fais vœu le plus doux de répéter en vain

Du poète si beau la belle rutilance !


Mais si doutant un peu ce que ta Muse expire,

Tu relis à présent tout mon sonnet en main

Peut-être diras-tu : “Que ma raison chavire !”




Il te faut parvenir



Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée

Malgré le désespoir du vers incontrôlé

En ton âme pensante extirper le savoir

Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.


Il te faudra longtemps extraire une substance

De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,

Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur

Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.


Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître

Encenser de leur gloire le génie des poètes

Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.


Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,

Je pourrais conseiller à ton coeur se mourant

D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.

Il faudrait me conter



Il faudrait me conter de la plus belle histoire

De l’au-delà certain les raisons purifiées ;

Curieux tel un savant je voudrais en mémoire

Les bases les plus saines par la terre édifiées.


Il faudrait que mon Saint descendant en ce lieu

Me montrât du savoir mais en juste milieu,

Des créations divines à mon âme sensées.


Se pourrait-il pourtant qu’un bel esprit sublime

Ignorant l’évidence d’un purifié du Roi

M’aidât à déceler l’image qu’il exprime ?


Il serait étonnant qu’un Dieu si monstrueux

Permît à ses disciples, enorgueillis de foi

D’influer aux humains son génie glorieux.




MX 219



Les techniques modernes excitent l’épiderme,

Décident seuls de l’axe des jets à expulser.

Et les champs magnétiques explorent à court terme

De la zone sensible le sexe à érecter.


Les rayons lumineux donnent sur le cadran

Que mon taux de jouissance est proche du délire,

Que mon rythme sanguin coagule à trois cents

Et qu’ainsi par l’amour je connais le soupir.


MX plaisir de chair analyse mon sperme,

Observe la déficience du degré de puissance

Et obtient par calculs le génie de mes germes.


La main masturbatrice doit s’activer encore

Afin de récolter la semence de croissance

Du liquide explosé au centre de mon corps.

Les sonnets 84



En lieu de Montauban



Ce que je fais ici en lieu de Montauban

C’est d’apprendre à ma plume à se mieux déplacer ;

Je la tords à nouveau et la veux voir tracer

Par l’encre qui s’écoule des signes en ruban.


Ce que je ne dois pas c’est de me satisfaire

Des proses puériles par les muses appréciées ;

Et si je hais toujours leurs propos outranciers,

C’est qu’une âme inspirée prétend encore mieux faire.


Là si je me punis en ma noire demeure

Pour croire en l’écriture, en de meilleurs acquis,

C’est que l’esprit suppose ce qui lui est promis.


Non je ne crains en rien qu’en cet endroit je meure :

Les belles immortelles, par leurs gloires encensées

M’ont d’un espoir promis sublimé mes pensées.




Hymne au Divin



Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,

Toi qui du noir obscur engendres la lumière,

Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,

Et du génie sublime éclaire tes sueurs,


Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,

Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,

Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,

Qui implore et supplie son impossible espoir ?


Car tu peux abolir les lois et son futur,

Et te faire obéir du vil et du plus pur,

Imposant dans les Cieux le puissant repentir.


Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,

Qui d’Essence promise défais tant de remords,

Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?

De la critique



Certains le prétendront que tenter ces écrits,

C’est vouloir outrager l’Ancien et le Futur ;

Certains démontreront par leurs génies d’esprit,

Que c’est se prévaloir des hontes et de l’impur ;


Certains, des plus subtils, connaissant la satire

Comprendront de ce jeu l’audace et son injure,

Mais point n’accuseront la folie du délire,

Ne jugeront jamais la loi et son parjure.


Certains s’indigneront que d’oser la grandeur,

C’est vouloir outrancier les Muses immortelles,

Et c’est se couronner de fleurs et de dentelles ;


Mais d’autres, des plus fins, appréciant l’odeur,

Non point rejetteront le parfum du recueil,

Et s’en amuseront de ce vilain orgueil.




En la noire Capitale



Si je me dois de grimper en la Capitale,

Un de ces mois lointains, afin d’aller quérir

Le droit d’être connu, ou mieux de la chérir,

Et donner à chacun la face que j’étale ;


Si je dois du sourire toujours faire bel honneur,

Et feindre à leurs regards tous mes semblants d’aubades,

Et flatter les plus sots de leur basse teneur,

J’emporterais ma fuite en lieu de dérobades.


Croiser le médiocre pour sortir un trois cents,

Encenser l’ignorant pour ses faibles écrits,

Admirer l’irréel fabriquant ses non-sens :


Voilà ce que la Muse m’impose comme esprits.

Il me faudra pourtant ces vilains que j’accuse,

Implorer leurs génies qu’à jamais je récuse.

Si tu sais Du Bellay



Si tu sais Du Bellay, quelle chose c’est Rome

Du plaisir et du vice et d’autres choses encore,

Tu ne sais le malheur de s’essayer au corps

Et de feindre au dormir par la voie de Sodome.


Tu ne sais quelle honte il nous faut déployer,

Par ruse et par traîtrise pour traiter l’excrément.

Ne sais de quel mensonge il faut jouer l’amant

Et courber ou pencher la belle en son foyer.


Tu as su obtenir les pensées les plus pures,

Les amours à prescrire et les vilains parjures :

Par la Grâce de Dieu, ne t’en détourne pas.


Si tu sais observer les noirceurs les plus vaines,

Des rouges et des calots, des grandeurs souveraines,

Par ta forte raison, chasse au loin ces prélats.




Celui qui pureté



Celui qui pureté atteindra l’Immortel

Passant de porte obscure à la claire Déité,

Celui-là obtiendra par sa félicité

Le bonheur qui confère le plaisir éternel.


Celui-là gagnera l’aile pure qui respire

Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,

Et nageur fait d’espoir par la gloire du futur,

Construira de ses cendres la beauté d’un empire.


Les superbes princesses, les reines à genoux,

Seront saintes ou esclaves admirant sa grandeur,

Soumises à son génie, promises à sa hauteur.


Ou que ses frères d’esprit, haineux et en courroux,

Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore

Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort.

Je ne te dirai point



Je ne te dirai point mes amours immortelles,

Ne sachant les plaisirs qu’on éprouve en ces lieux ;

Et me tairai encore des beautés éternelles

Que mon âme féconde propose de son mieux.


Mais je puis te conter les douceurs solitaires

Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.

Ou te parler toujours des hontes urinaires,

Que ma panse gonflée propulse en tous lieux.


Ainsi étant misère, aucune chair abonde.

Quel que soit le logis où le soupir est monde,

Il est que fait poète on me veut malheureux.


Je me sens entouré par l’âme maléfique.

C’est encore le désir d’une Muse saphique,

De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.




Le poète de glace



Est-il vrai que l’on dit que de froid je me glace,

Que je donne au sourcil un regard ténébreux ?

Que ma face de marbre s’aguiche d’un ombreux,

Qu’en tout lieu où je suis on évite ma place ?


Est-ce vrai par cela que je ne puis séduire,

Que jeunesse effrayée s’en éloigne de moi ?

Ou que fille à aimer s’enfuit de mon émoi,

Et que de doux attraits je n’en sais point produire ?


Quel serait l’intérêt d’effaroucher les belles,

Afin de les savoir jamais à mes côtés,

Et d’en faire à mon corps des sujets tant rebelles ?


Quel serait le plaisir d’éloigner les beautés,

Afin de me suffire d’une noire solitude,

Et de donner ma chair à ma triste habitude ?

Si je dois de rester



Si je dois de rester six années en ces lieux

Afin de mieux parfaire la tenue de l’écrit,

Ce n’est point de savoir la valeur de l’esprit

Qui est déjà connue des génies dans les cieux.


Si je ne puis douter des raisons de mes anges,

C’est que de l’évidence j’entends ce qu’on me dit ;

Et si en l’occurrence mon propos est redit,

C’est que par tant d’essais je tends vers mes louanges.


Ce n’est pas de jouer du poète incompris

Que je me plais ici à écrire de mon mieux,

C’est vouloir progresser de mon médiocre appris.


On ne peut contester que méchant je dérange

N’ayant pas accompli comportements odieux,

Si même vers l’ancien toutefois je me range.




Si je suis en silence



Si je suis en silence et ne veux exister

Dans la sorte stupide qui se dit poésie,

C’est que mon bel esprit jamais ne s’extasie

De la gloire décadente que je dois exalter.


Ainsi il me faudrait par ces rimes stériles

Par ces vers libérés leurs génies admirer !

Et il me faudrait encore devoir soupirer

De ces écrits noircis, leurs factures puériles !


Si je reste en mon lieu et choisis de languir

C’est qu’une âme inspirée déteste de s’offrir

À la basse ignorance qui se croit inspirée.


Encore s’il me fallait de vos clameurs soumises

Vous savoir apprécier mes valeurs incomprises,

Je vous concéderais ma présence espérée !

Je ne m’abuse point



Je ne m’abuse point qu’en tout lieu de nos villes

Celles mêmes pucelles se changent en catins,

Et pareilles effrontées comme sont les putains,

S’aguichent et se transforment en de vilaines filles.


Je ne m’amuse point qu’en ces jeux les plus vils

Celles-là fleurs encore se donnent jusqu’aux demains,

Et s’offrent des plaisirs et s’activent des mains,

Fantasmant ou rêvant de leurs mâles virils.


En ces temps tout est bon à la cuisse légère

À désirer la chair, à caresser la peau ;

Et celles-ci sont loin de ma pure bergère,


Vagabonde et limpide dans la belle campagne,

Sinon que celle-là jouant de son troupeau,

S’essaie peut-être aussi leur servant de compagne.




Ce serait du mensonge



Ce serait du mensonge si je le prétendais

Que de me satisfaire en un lieu si lugubre,

Je pourrais obtenir le plaisir insalubre

De ce Néant stérile qu’en mon coeur j’attendais.


Mais ce serait beau songe si je le maintenais

Que de subir ce vers j’en tire un grand profit ;

Et ce serait audace que de tenir défi,

Et de dire de l’écrit : le génie s’en venait.


Si je suis pauvreté, c’est que l’apprentissage

Impose à ma raison le nécessaire tissage.

Mais la Muse incomprise dispose de son droit.


Si je tends à savoir, c’est que j’espère encore

Que cet esprit servile s’essaie dans son effort,

A faire d’un innocent un artisan adroit.

Il est sot d’accuser



Il est soit d’accuser le poète en sa tour

Qui, dans son désespoir s’essaie de mieux parfaire,

La pauvreté d’un don afin de se défaire

De sa basse ignorance que sa raison entoure.


Il est sot d’accuser sa sombre solitude

Qui se veut d’obtenir des meilleurs accomplis ;

Qui se doit de chercher des sonnets assouplis,

Afin de satisfaire à la noire multitude.


Il faut tant de courage et de sueurs encore

Que le vouloir punir s’activant dans l’effort

C’est d’un lâche stupide que je veux évincer.


Il faut tant de crétins pour peupler le bas monde

Que je puis pardonner par leur bêtise immonde,

Leurs stériles paroles qui me feraient grincer.




O mon âme incomprise



O mon âme incomprise, ne te languis en rien !

Tu te dois de laisser l’insensible critique,

Incapable qu’elle est par son droit despotique,

De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !


O mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !

Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,

Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,

De ne comprendre point l’amour et son soupir ?


Il est qu’un Comité satisfait de son rang,

Prétend par le pouvoir qui lui est conféré

Décider du savoir dont il use en régnant.


Il ne sert de jurer de son inaptitude

A vouloir encenser ce qu’il a préféré,

Même si son erreur prêche l’exactitude.

N’est-ce pas d’un stupide



N’est-ce pas d’un stupide que de quitter ces lieux

Pour s’en aller quérir en traversant le monde

Que la terre à tourner est toutefois très ronde,

Qu’une mer en furie est océan furieux ?


N’est-ce point de bêtise que la folle jeunesse

Pour se vouloir mûrir se veut de rencontrer

Mille entraves ou déboires afin de démontrer

Que de vivre ses vœux est preuve de prouesse ?


Sont-ce pas ces regrets que certains ont chantés

Pleurnichant leur pays et leurs muses angevines

Se lamentant encore de leurs sources divines ?


Sont-ce pas ces antiques que plusieurs ont chantés

Fuyant la douce France et ses belles campagnes

Cherchant le satisfait par-delà les montagnes ?




Sais-tu de quelle liqueur



Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,

En extraire l’élixir et sans aucun effort,

Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,

Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?


Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle

Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?

Et comprendre, insensé, la finesse des mots

Que ta bouche putride accompagne de rôts ?


J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;

Par-delà ma raison ma gloire se constelle,

Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.


Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève

Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,

Te concède le droit du médiocre qui rêve.

Si c’est cela te plaire



Si c’est cela te plaire que de voir un sein nu

Profilé sur la plage ou plongeant dans la mer,

Si c’est cela d’aimer sans mauvais goût amer,

Que de jouir de la fille, de sa légère tenue ;


Si cela te suffit que d’observer un corps,

Alangui sur le sable s’imprégnant de soleil ;

Si tu en tires profit de ce rayon vermeil,

Surchauffant cette chair et la brûlant encore ;


Tu pourras à loisir la lorgner sans la crainte,

Ne te sachant puni, sans subir la contrainte ;

Car du plaisir de l’oeil, il n’est pas interdit.


Tu pourras, si tu veux, espérer la caresse

La voyant embrasser par le vent de tendresse :

Seul de l’imaginaire, il te sera permis.




Je sais que tant de gens



Je sais que tant de gens dénigrent mes écrits,

Les prétendants stupides par leurs pensées fécondes.

Je sais que je ne puis satisfaire leurs esprits,

Se flattant posséder de la belle faconde.


Je laisse aux ennemis se moquer des tournures,

Et en rire lourdement se tapant sur la panse.

Je leur donne le droit d’infliger leurs censures,

Sachant pertinemment ce que critique en pense.


Mais je peux invoquer leurs stupides raisons,

La stérile ignorance qui longe leurs saisons,

Et se veut exister au fil du mauvais temps.


Je sais que l’impossible est d’être reconnu,

Dans les jeunes années d’un esprit survenu,

Que son âme incomprise engendre un pénitent.

Vois-tu, mon Buridan



Vois-tu, mon Buridan, je sais sur cette terre

Ne me plaindre jamais des malheurs les plus bas ;

De ne gémir jamais des gloires que je n’ai pas,

De ne râler en rien du génie qu’on enterre.


Vois-tu, je puis tenir, et noircir dans mon ombre

De mon vers, le précieux, le bien qu’on n’aime pas.

Je peux ternir l’amour qui m’est chair et appât,

Et dormir dans la Mort que je veux pierre sombre.


Je dis qu’il est demain aux plaisirs de mon ange

De croire en un Toujours, en des désirs plus beaux

De couler par mes pores maints sanglots de mes eaux ;


Je sais qu’on ne peut pas aimer de mon étrange

Par ce sonnet sensé tous ces mots à graver,

Et qu’il faut la folie pour oser les braver !




Souvent nous haïssons



Souvent nous haïssons ne sachant composer

Nos stupides écrits pour leur tour à mieux faire ;

Souvent par trahison nous voulons contrefaire

Du génie des anciens leur gloire à imposer.


Le travail est navrant ; notre pauvre infortune

Nous inflige à punir ce qui est notre esprit.

Le labeur exaltant décidé par l’écrit

Nous oblige à penser la tâche inopportune.


Parfois nous prétendons les voulant espérer

Des textes à noircir leur prose à épurer,

Et parfois de faiblesse nous ne pouvons finir.


L’avenir paraît vain, et ce désir posthume

Nous soumet à nier l’ancien et sa coutume,

Et nous impose à voir ce qui est à bannir.

Je pourrais, si je veux



Je pourrais, si je veux, pour parfaire mon génie

Nourrir mes élixirs de pensées immortelles,

Atteindre du sublime les races spirituelles

Dont l’amour de mon Dieu m’a autrefois béni.


Je pourrais décider pour glorifier mon âme

D’imposer à mon Ange mes divines puissances,

Celles qui dans l’Au-delà sont fruits de mes jouissances,

Et confèrent de m’aimer dans l’orgueil de ma flamme.


Mais trop modeste encore, je ne veux m’assurer

Et produire par l’esprit les plaisirs irréels

Que mes dons incompris ne voulaient exprimer.


Trop pur parmi les Morts, je préfère m’en rester

A ce simple sonnet sans espoirs éternels

Ne sachant par l’envie de vouloir exister.




Je voudrais m’endormir



Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort

Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;

Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,

Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.


Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,

Les jouissances promises, délivrances du corps,

Et libérer enfin les tortures de la chair

Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.


Je voudrais voltiger par-delà l’univers,

Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,

Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.


Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,

Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,

Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.

Tu ne pourrais me croire



Tu ne pourrais me croire que voltigeant ici

Je reçois en ce lieu les Mauvais de la terre,

Ceux mêmes qui devraient par la mort qu’on enterre

S’endormir doucement dans le sol endurci.


Tu ne pourrais savoir que de ce vice immonde,

Je subis dans la chair les terribles douleurs,

Celles mêmes qui font souffrir tous mes malheurs,

M’infligeant à hurler les frayeurs de ce monde.


Tu ne pourrais penser qu’implorant un merci,

Je prie sur mon séant les Divins de l’Éther,

Ceux-là qui prétendaient l’avenir adouci.


Mais tu pourras me croire que du mal qui abonde

Je renie hors mon coeur les horreurs adultères,

Celles mêmes qui sont délices vagabondes.




Je ne sais que sourire



Je ne sais que sourire du rire jaune et cynique

Pour ces livres stupides qu’ils se flattent d’écrire :

Je ne puis que maudire leurs images à décrire.

De leurs langues sublimes, je me fais ironique.


N’est-il point amusant de les voir s’acharner

En perles et en sueurs à toujours surcharger

D’Aragon ou de Char leurs gloires à échanger,

Ou vouloir leurs mémoires à jamais encenser ?


Oui, je veux ignorer de leurs maigres pouvoirs

Les droits et privilèges qu’ils me veulent imposer ;

Je puis les dénigrer : qu’ils jettent mes devoirs.


Car serait-il plaisant de les voir disposer

Des vers et des écrits qu’ils prétendent honorables,

Et feindre d’apprécier leurs pensées favorables ?

Mais je le sais trop bien



Mais je le sais trop bien que jamais vos esprits

Gavés des plus stupides et des plus illettrés

Reconnaîtront un jour les génies illustrés

De leurs sublimes proses gravées par leurs écrits.


Je ne saurais douter que pensées plus faciles

Consistent à apprécier ce qui est préféré ;

Qu’importe ! Si pour se faire, on s’en est référé

A ces auteurs connus pour leurs livres débiles.


Je ne pourrais jamais tirant un bon cent mille

Posséder le savoir de mes maîtres présents.

Je suis jeune, il est vrai, j’avoue : je m’en repens !


Ma bêtise est certaine : je le vois, j’assimile

Par vos œuvres sacrées l’élixir du savoir !

Je n’oserais, Divins, vous donner mon devoir !




Pour celui qui ne sait



Pour celui qui ne sait tout le mal à écrire,

Il pensera souvent : quelles faiblesses sont-ce-là ?

N’ayant jamais tenté quelques fleurs à décrire,

Prétendra, jugera : est-ce donc que cela ?


Et celui qui se flatte de pouvoir s’inspirer

Des odeurs de l’aurore et de la femme aussi,

Je lui donne le droit de s’essayer ainsi :

De noircir sur sa feuille ses flores à respirer.


Je le connais trop bien que la beauté des choses

Sans génie d’alchimie ne se concevra pas :

Il en est de la chair et des senteurs des roses.


Mais ce vil ignorant se dit : il faut peu d’ans

Pour glorifier l’amour et ses sublimes appâts,

Et ce vilain faquin s’en ira au Néant !

Ce que je puis haïr



Ce que je puis haïr c’est de voir tant d’humains

S’en aller à l’Église afin de purifier

Leur âme si mauvaise qui se veut glorifier

La puissance divine en se croisant les mains.


Je puis les détester ceux qui tentent de feindre

De leurs génuflexions les fameux suppliciés,

Ou fabriquer des pleurs se croyant outranciers,

Le tout pendant une heure sait gémir et sait geindre.


Ce que je puis aimer c’est de croire en l’être sain

S’en rester en son lieu afin de supplier

Cette gloire immortelle qui nous veut humilier.


Je sais les dénigrer ceux qui s’imposent à plaindre,

De leurs invocations veulent prier et craindre :

Le tout pendant la messe sait son esprit malsain.




Je pourrais si je veux



Je pourrais si je veux me soumettre à la Mort

Et commettre l’horreur de lui donner mes nuits,

Honorer ce Satan qui toujours me poursuit :

Je saurais la terreur infligée à mon corps.


Je pourrais en extraire de superbes jouissances,

Et tirer du sublime des vices d’agonie :

Trahi du Dieu si pur qui aime et qui bénit,

Je plonge dans l’Enfer envoûté de puissances.


Je saurais la douleur imprégnée sur ma chair

Car je veux me brûler de feux inassouvis

Et sombrer au profond des maux épanouis.


Sinon que je pourrais m’en remettre à l’Éclair,

Et promettre au Divin de lui offrir ma vie,

Et souffrir sa clémence qui me serait survie.

Plus haut que moi sera



Plus haut que moi sera celui qui peut maudire

De sa noire cruauté le plaisir et le mal.

Plus vil que moi sera celui qui sait bannir

De la sale primauté le désir infernal.


Plus laid encore sera celui qui veut mentir

Par ma gloire méritée mon soupir et mon râle.

Plus pur que l’or sera celui qui veut vêtir

De lumière éclairée le génie de mon âme.


Mais plus crétins encore les faibles illettrés

Prétendant posséder mes pensées attitrées

Décidant d’imposer ma raison immortelle.


Et moins malins encore les piètres révoltés

S’acharnant bêtement sur mes droits récoltés

Et voulant s’insurger sur ma loi éternelle.




Je sais la puanteur



Je sais la puanteur, l’odeur anale des femmes

Et leurs sexes rougis par leurs vices incompris ;

Je sais que par l’arrière, elles jouissent d’un acquis,

Et subissent en pleurant le plaisir par les larmes.


Je sais la chair épaisse qui gémit et supplie,

L’extase de recevoir par le génie des flammes

Et qui, cuisses écartées, offerte à nos charmes

Implore l’érection d’un vagin qui s’écrie.


Et toi qui te prétends interdite de chair,

Si froide à l’amour reniant l’adultère

Pourrais-tu les chasser tes rêves évanouis ?


Car toi-même, il se peut, que jouant de ton corps

Et caressant ton sein, t’essayant dans l’effort

Par ton doigt, tu les cherches, ces sublimes assouvis ?

Je ne te dirais point



Je ne te dirais point mes amours immortelles,

Ne sachant les bonheurs qu’on éprouve en ces lieux ;

Et me tairais encore des beautés éternelles

Que mon âme féconde propose de son mieux.


Mais je puis te conter les douceurs solitaires

Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.

Ou te parler toujours des hontes urinaires,

Que ma panse gonflée propulse en tous ses lieux.


Tu vois qu’étant misère aucune chair abonde ;

Quel que soit le logis où le plaisir est monde,

Il est que fait poète on me veut malheureux.


Je me sens entouré par l’âme maléfique :

Et c’est bien le désir d’une muse saphique,

De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.




Grappillages



Nymphes de mon désert



Nymphes de mon désert, graines de solitude

Qui de l’or en éclat fondez en multitude,

De ce Moi qui s’endort dans ces premières eaux,

L’orgueil de mon orgasme s’enflamme sur les flots !


Je l’entends qui respire, ou pleure dans son sommeil.

La profondeur est pure et le songe est vermeil !...

La première me prend, et va sur le mensonge,

Et le feu de sa chair dans la mémoire me plonge.


Au futur de l’oubli qui conte son mourir,

Comme un astre perdu qui veut un avenir,

Les sœurs de sa pensée dorment sur l’étendue ! ...


Immenses dans mon ombre qui recherche un moi-même,

Elles s’éloignent, s’échappent de ma raison suprême ! ...

Et l’heure de mon silence est toujours suspendue ! ...






Pour d’Heredia



Les parfums de la myrrhe ont imprégné leurs membres.

Elles rêvent nonchalantes alanguies sur le lit.

La flamme du brasier par leur forme éblouie,

Éclaire l’ombre obscure qui vacille et qui tremble.


Dans de profonds coussins, leurs chairs évanouies

S’enivrent des tiédeurs et des douceurs de l’ambre,

Tandis qu’un corps d’ébène se redresse et se cambre

Proposant aux esclaves son charme épanoui.


Sentant monter en elle le désir de l’effluve,

Sa beauté presque nue aux chaleurs de l’étuve,

Se caresse et soupire en offrant ses deux seins.


Les filles d’Ausonie admirant l’harmonie,

De ce sauvage orgasme sur sa jambe polie,

Supplient dans leurs fantasmes de sublimes desseins.




Tombez, ô perles immortelles



(Par Théophile Gautier)


Tombez, ô perles immortelles,

Dans l’océan mystérieux !

A l’Orient fait d’étincelles

Vos gouttes d’or sont dans les cieux.


L’Onde a brodé ses vifs éclairs,

Ses flammes en fer sont dans les airs.

Tombez, ô perles immortelles,

Dans l’Océan mystérieux !


Plongez dans l’âme de la mer

Au plus profond du ténébreux !

L’aurore s’éveille dans la nuit claire

Chasse les ombres et les affreux.


Dormez mes rêves irréels,

Mon horizon est toujours bleu.

Dires du Chevalier Lozac’h – Sonnet



S’il n’est plus grande joie de vous aimer tout fol,

Accordez quelque peu la raison à mon âme

D’avoir subi, Madame, d’un cupide en sa flamme,

Le rai brûlant d’extase en son sublime envol.


Comme il n’est que pour moi de subir cette plainte,

Et toujours en mon sein de gémir cette mort,

Daignez par quelque vie de m’en souffrir dès lors

Et de croire en ces mots qui ne sont que complainte.


Est-ce qu’un amoureux par son grand feu vous donne

Des discours en secret jurant : je vous aimais !

En cela belle Dame, que puis-je ? et j’abandonne...


Autrement je l’espère mais ne puis le prétendre

Qu’à autre que moi-même vous ayez dit : jamais !

Ce jamais, je l’assure, je voudrais vous l’entendre.




Hurles-tu, comme moi



Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?

Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,

L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse

Ira dormir en paix dans notre air sanctifié ?


Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,

Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;

Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse

Espérant de l’horreur être enfin édifiée.


J’étais le seul génie gémissant son miracle,

Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle...

Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.


J’étais baigné d’amour, et la sublime mort

Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?

Je quémandais toujours, et je souffrais encore !

Pernicieuse, impure



Pernicieuse, impure, fille de mon désordre,

Délice de l’extase qui désire me mordre,

Je répands ma substance, je succombe et je cède

A ce délire de vivre que cette âme concède ! ...


Presque nue dans l’intime d’un esprit qui se pense,

Je confonds de ta forme le soupir qu’il dispense,

J’implore l’azur clair dont le rayon premier

Punira tout le doute de mon royaume entier ! ...


Enfin moi ! du plus pur je renais de mon ordre

Qui m’obstine à chasser cet interdit rêvé,

Comme de ce mentir son mensonge est levé !


Enfin toi ! qui enlaces et se voudrais bien le tordre

Ce stérile baiser de la fleur qui enivre,

Mais qui de son soupir vain pleure et me délivre.




D’une belle Marie (Pierre Ronsard)



D’une belle Marie en une autre Marie,

Belleau, je suis tombé : et si dire ne puis

De laquelle des deux plus l’amour je poursuis,

Car j’en aime bien l’une, et l’autre est bien ma mie !


On dit qu’une amitié qui se départ demie

Ne dure pas longtemps, et n’apporte qu’ennuis.

Mais ce n’est qu’un abus : car tant ferme je suis

Que, pour en aimer une, telle autre je n’oublie !


Toujours une amitié plus est enracinée,

Plus longtemps elle dure, et plus est obstiné

A souffrir de l’amour l’orage véhément.


Et, ne sais-tu Belleau, que deux ancres jetées

Dans la mer, quand plus font les eaux sont agitées,

Tiennent mieux une nef qu’une ancre seulement ?

Plein d’un charmant penser


(CLXIX Pétrarque Canzoniere)


Plein d’un charmant penser qui écarte de moi

Tous les autres pensers, et me fait seul aller

Par le monde, parfois, je me fuis à moi-même

Afin de chercher celle, celle que je dois fuir.


Et je la vois passer si charmante et cruelle

Que mon âme est tremblante à prendre son essor.

Si nombreuse est la troupe de soupirs qui en larmes

Suit de la belle, l’ennemie d’Amour et la mienne.


Et je découvre bien, là je ne me trompe pas

Sous ces cils ombragés et altiers, un rayon

Qui apaise en partie les douleurs de mon coeur...


Et je reprends mon âme. Quand je suis résolu

A dire mon tourment, j’ai tant de choses à dire,

A faire découvrir, je ne puis commencer...



Souffles Nouveaux I



Voyance ! O mes divins



Voyance ! O mes divins par l’esprit de lumière,

Les superbes effets baignés de transparence.

Pour l’espoir absolu de pure intelligence,

Je vous veux désormais dans ma pensée entière.


La puissance abolit l’opacité du mur :

Je peux glorifier la vision suprême.

Je me nourris d’extase comme le saint de Chrême.

Hagard et accompli, je supplie vers l’Azur.


Vous placez ma présence dans l’extrême grandeur

Où mon âme incomprise se suffit de l’exil

Et je contemple encore l’aspect de la splendeur,


La vôtre, si au plus près de l’éternité

Dans le produit d’étoiles insensé et fertile

Où même vous riez de votre immensité !

Au soleil irradiant



Au soleil irradiant ma sublime puissance,

Je bois l’or qui s’écoule de la sphère exaltée.

Je me nourris de nard, d’extase, dès ma naissance,

Je roule dans mon souffle de lumière enivrée.


Et le Dieu satisfait de ma nature sereine

S’élève vers le ciel réjouit de bonheur.

Il caresse l’éther baignant de blanche haleine

L’invisible inconnu jusque dans sa hauteur.


Tout principe de vie instruit d’autorité,

Dans la gloire immortelle et l’esprit de splendeur

Éclaire l’intelligence de pure lucidité :


Car l’oint jadis promis et superbe éternel

Resplendit de beauté parmi ces deux grandeurs,

Divine vision d’espace solennel !




Into himself resolved by Death’s great change



Il vient à abolir la légende éternelle

Par le temps maîtrisé en sa verve féconde ;

L’éphémère absolue gît livide, immortelle

Crucifiée en son sein par sa haute faconde.


O ris si en toi-même tu n’as pu concevoir

Sous le sceau du génie la superbe splendeur !

Ta critique aiguisée sait-elle se décevoir

Reconnaissant l’acquis triomphant de grandeur ?


Mais il se peut encore que t’essayant au jeu

Tu sois, frère, parvenu à gravir l’idéal

Encombrant de bouquets l’art du poème feu ?


Avec sérénité, sur toi tu les déposes

Et veux te gloser d’être le pur féal

Pour le couronnement des invisibles roses.

Le Sylphe



O moi, pauvre miroir, je gémis de beauté

Pour m’être caressé dans ma pure nudité,

Et j’implore, et supplie la nymphe souveraine

De tenter de m’offrir sa chair dans la fontaine.


Qui m’écoute attendri au calme éclat du soir

Où la lune laiteuse répand au reposoir

Nonchalamment repue une forme d’ivresse,

Appesantie et lourde imprégnée de mollesse ?


La chair est apaisée et se languit d’extase

S’étonnant de soi-même, son image s’embrase

Et cherche tout à coup quelque nouveau baiser !


Dois-je me satisfaire de l’invisible effet

Et soupirer, clair sylphe, dans le bleu d’un reflet

Où l’ombre de mon âme semble s’être apaisée ?




Que j’aime à écouter



Que j’aime à écouter de ma mémoire ancienne

Les souvenirs perdus qui hantent ma raison,

Ils se cachent et s’oublient dans ma triste maison

Comme une femme âgée et qui jadis fut mienne.


La beauté est fardée, et son corps de déesse

Est un relent de gloire pourri par les saisons,

Et sa chair dépravée quémande le pardon

De ses fougues passées quand elle était maîtresse.


Mon âme se suffit des fantasmes d’hier

Et s’encombre d’images superbes et sublimées

Où l’odeur de son corps est toujours parfumée.


Moi-même, je deviens blanc comme un centenaire

Et cours après la mort cherchant l’éternité,

Croyant avec mon vers à l’immortalité.

O parfum répandu



O parfum répandu sur tes courbes célèbres,

Aromate bizarre nourri de chair intime,

Lente macération de ma plus pure estime,

Je veux trois fois mourir dans des trouées funèbres.


Et j’irai me répandre là où jaillit la sève,

Dormir au plus lointain de cette forêt sombre,

Me coucher bienheureux comme rêvent les ombres

Et voguer ou nager vers la chair qui s’élève.


Et qui sait si là-bas éloigné de l’horreur,

De la cynique vie où s’épuisent mes jours

Je trouverai un lieu pour chasser ma torpeur ?


Se peut-il qu’en toi-même dans la nuit enfermé,

Je découvre l’issue qui m’offre le secours,

O fatal interdit du plaisir embaumé.




La dominatrice I



Ne veux-tu pas ma chair embrasser la charmante ?

Ne veux-tu pas ce soir caresser ton amante,

Et comme un long parfum tout imprégné de rêve,

Déshabiller sa grâce qui lentement s’élève ?


Il est doux de mourir dans son corps de déesse.

L’âme y trouve refuge très loin de la détresse.

La chair est sur la chair et se métamorphose,

En s’essayant encore dans de sublimes poses.


Tout appelle à l’amour : l’existence brumeuse,

La conscience du moi toujours dévastatrice

Et sa beauté sauvage ferme et dominatrice.


Implore sa science et supplie-la encore

De verser le supplice au profond de ton corps,

Et de jouir en toi, ô superbe semeuse !

II



Quel plaisir trouves-tu à me soumettre encore,

Exigeante et cruelle, ô femme de la mort ?

Quelle jouissance as-tu, ô superbe maîtresse

A entraver ma chair dans le bois de détresse ?


Me voici à genoux quémandant le pardon,

Écrasé et soumis nu et à l’abandon.

Les mains liées, frappé par ta baguette d’or,

Tu m’imposes à lécher les fruits de ton trésor.


O Mégère idolâtre, toi divine et sublime,

Enfonce dans mon coeur cette lame assassine

Et viens te reposer en buvant mon poison.


A moins que frénétique et ivre de désirs,

Tu veuilles chevaucher jusqu’au dernier soupir

Les vices inconnus de ma sombre raison ?




Je veux perpétuer



Je veux perpétuer par la race suprême

Le don de figurer dans le tombeau, extrême

D’une mort qui ne fait que languir, et encore

Poser le délicat avec l’éclat de l’or.


Nonchalamment éteint, ou plus vrai, éternel,

A présent éloigné du rut bas et charnel,

J’offre le vrai poème aux dieux meilleurs élu,

Ayant la suffisance d’être à deux au moins lu.


Comme toi, cher Stéphane, au pur miroir fugace

Une ombre de toi-même apparaît et s’efface

Et nie en cet instant le réel du lecteur.


A moins que retournant dans le passé permis,

Je vienne visiter pour témoin le génie

Qui ne m’accuse point d’un effet de menteur.

Souffles nouveaux II



Et c’est toujours le temps



Et c'est toujours le temps de la terrible mort.

Elle s'écrase sur l'homme, lui impose souffrance,

Il supplie, il implore la douce délivrance,

La mort tortionnaire jouit et crie : "encore !"


Elle torture le poète, elle arrache dans l'ombre

Les derniers hurlements d'une âme qui soupire.

Je l'entends s'acharner sur un corps qui expire

Rêvant d'un avenir qui ne soit pas plus sombre.


Toujours dans mes pensées, son spectre me harcèle.

En sublimes douleurs l'ignominie excelle

Et se plaît à vomir ses excès nuitamment.


Moi, Christ offert au mal je quémande du Fils

De libérer ma chair par son pur testament

Espérant qu'à l'esprit il veuille dire : "Suffis !"




Supérieure encore



Supérieure encore, je m'exalte au-delà ;

Je peux me concevoir, oui, sphère sublime, et là,

... Eternelle éphémère de naître et n'être pas...


Une pensée s'éclaire de lumière et d'aurore

Qui se nourrit de l'ombre et revit et se dore,

Puisant toujours en soi quelque énergie de vivre.

O mon oint au travail, veux-tu que je délivre ?


Ma durée est certaine ; je te donne mon bras.

A quelque fin superbe, hisserai-je le droit

De ne point m'indigner du génie qu'on foudroie ?


Déjà dans mon espace le dessein est d'écrire.

Accompagne le vœu, permets-lui de transcrire,

Qui produit et reçoit, s'exalte et s'élabore

Pour une œuvre inconnue sublimée par nos ors.

L’apprenti prophète



N'espère surtout pas que je vais me suffire

De ce simple produit extirpé de mon mieux

Imitant la manière sans pourtant des aïeux,

Enrubanné d'extase par un léger zéphyr...


Cela me paraît peu de m'essayer au vers,

D'y transpirer mes nuits pour quelque claire rythmique,

De contrefaire le sens d'un biais alchimique

En tâchant d'ordonner ce qui va de travers.


Que veux-tu que je tire d'un jeu avilissant

Répétant répétant des coups toujours les mêmes

Croyant des anciens atteindre leurs suprêmes ?


Il me faut, je le crois, tendre vers le futur

Qui se conçoit ici et va en grandissant

Et cueillir les doux fruits de ton superbe azur.




Magnifique, superbe



Magnifique, superbe, supérieur et tel,

Oui, à se contempler dans l'infini néant

Qui déjà agonise, mais jamais ne consent,

Je me veux en moi-même Christ en son immortel.


Nulle apparition n'engendrera de gloire

Si ce n'est par l'effet du poëme illusoire

L'invisible avalanche de cascades de mots.


Je méprise l'honneur que consacre le vers,

Quand, offert à cet oeil qui lit et qui apprend,

Dans un bond lumineux surgit et me surprend

La Force sublimée, mère de l'univers.


Quelle pure certitude (déjà par le tombeau !)

M'acclame tout à coup dans le noirâtre azur

Puisque de mon posthume je connais le futur !

Amers



Extasie-toi de rien, ignorant incapable,

Stérile destructeur à la lèvre pendante

Car tu sais infliger ta sublime critique !


Tire de ton néant quelque rumeur à dire,

Quelque noire certitude extirpée d'un savoir

Sans avenir, hélas ! si près du précipice,

Et t’y jette profond pour n'en plus revenir...


Que vas-tu supposer que bouillonnant d'aigreur,

J'expulse quelques rots gavés de vieux relents

D'une gloire inconnue, d'un génie qu'on enterre

Et qui s'éteint dans l'ombre sans oeil et sans regard ?


Eclairé du réel, d'un présent prophétique

Je puis tout aussi bien être poète ou pas

Et m'étaler tout seul dans mon triomphe rare.




Du ridicule non



Du ridicule non, cela ne me va pas

D'arracher quelque gloire par effet de synthèse

Et d'offrir le poëme en tant que pur appât

En espérant d'autrui une belle hypothèse.


De génie ou de grand, en serait-il pourvu

Celui dont l'abondance s'écroule sous son poids ?

En voilà des façons : bla bla, turlututu,

Telle est la vraie critique qui en deux mots foudroie.


Oui, je sais que là-bas dans l'impossible éther

S'épanouit l'éclat du sublime mystère

D'être et de n'être pas. Le poète à soi-même,


Qu'il grandisse ou se nie par les plus hauts témoins

Roule dans son futur avec les feux du moins

Et l'infini obscur du gemme épanoui.

Apparition bleue



Quoi ! Plus pure encore là dans l’invisible glace

Que l’impossible esprit agite en ma faveur

Et anime inconnue par cet air qui efface

Sous la masse légère de mon effet rêveur


Mais proche et bondissante en mousseline nue

Apparaît et sourit voltigeuse si claire

En amas d’ombres jaunes de tête chevelue

Comme beauté stérile foudroyant un éclair


Et du réveil soudain s’échappe l’irréelle

Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle

Décor agonisant fuyant dans roses bleues


Que je sais murmurer pour un plus bel azur

Eloigné mais si proche et s’enfuient à mesure

Que l’âme se défait de ses volutes feues.




Le noir obscur divulgue



Le noir obscur divulgue quelques pensées premières

Par la bouche inconnue d'un poète funèbre ;

Si ce n'est du génie dans le futur célèbre,

Qui vomit son écrit ? Sont-ce pures lumières ?


Est-ce vrai simulacre tiré d'un pur néant

Qui jaillit d'un délire comme flammes juteuses,

Ou lâches tentatives avortées et piteuses

Pour un sexe qui pense et conçoit en puant ?


Blanche conception d'un Christ en son soupir,

Etoile bariolée dont la flamme conspire

Son élan interdit, et à mourir navrant ?


Il se peut qu'imprégné de diverses raisons

Clair ou sombre, et encore de blondes oraisons

Fassent de ce discours un poème enivrant.

La chevelure si claire



La chevelure si claire comme flammes qui dansent,

O mes tendres soupirs dans l’extase, légers,

J’y enfouis mes yeux dans la masse, étrangers

Vous bondissez, dormez comme femme en cadence !


Mais l’or de la blondeur en richesse d’extase

M’émeut moi démuni d’orgasmes à espérer

En chair de la plus pure que l’âme doit pleurer

Dans sa confusion d’invisibles et de gaze ;


De semer ces étoiles dans chevelures floues

Tels diamants ou torches, je conçois à l’extrême

Le charme éblouissant d’un vibrant diadème,


Et je veux compliquer par ce casque, j’avoue,

Des droites fulgurantes pour la gloire de la femme

Dans ce feu incessant de courbes et de flammes.




Fin stérile



A quelque fin stérile

De ne pouvoir écrire

Le mot le plus subtil

Extrait de mon soupir,


Je tente toutefois

Par mon jeu accablant

De la muse du doigt

Ce triste essai navrant.


Puis-je te faire sourire

Fille d'être et n'être pas

Pour ce piteux languir


Du poème, bien faible appât ?

Tu préfères mon azur

A la pâle césure...

Baignée en chevelure



Baignée en chevelure comme cascade blonde

Un flot de femme plonge dans la vasque azurée,

Pressant une torsade par sa main épurée

Elle sépare les gouttes qui dans la jarre tombent.


Et nue mais éloignée en sa masse de chair,

Je vois confusément dans son miroir mêlé

La forme abandonnée sur des voilures ailées

Que des feux incertains par leurs renvois éclairent.


Tout s’encombre de vague : femme, glace et lumière,

Et la confusion est sublime à dépeindre

Parmi ce paysage offert à la lumière.


Ramasse mousseline à ses pieds pour se ceindre

Tournoie, se précipite dans sa vasque azurée

Et d’un bond disparaît par le rêve éveillé.




Mon élixir de grâce



Mon élixir de grâce, ma superbe pensée

Qui conçois et reçois dans son pur idéal,

Je me veux désormais être ton blond féal

Et prétendre à un choix autrement insensé.


Je veux par l'alchimie broyer et imploser

Les mots, les moins certains qui frappent ma cervelle,

Léger et libertin comme une jouvencelle

Embrasser toutes fleurs d'un bouquet composé.


A moins que m'essayant encore à ce supplice

Par le jeu ridicule des coups qui ne vont pas,

Je tâche de séduire avec mes beaux appâts

Un amateur zélé pour en faire un complice.


Qui me dira : "Retourne dans ton profond néant

Y jeter tes poèmes et t'y plonger dedans !"

Par ces écrits obscurs



Par ces écrits obscurs assermentés de grâce

Je conçois s'il se peut quelques baisers câlins,

Et j'espère obtenir sur le doux lit divin

Une frêle beauté qui au miroir s'efface.


Je produis tel un rêve dans l'absolu sensé

Une image diffuse tout encombrée de gloire,

Et ce poème est clair et n'est point illusoire

Dans l'âme ténébreuse où gisent les pensées.


M'es-tu blonde perverse ou beauté sublimée ?

Idolâtre éphémère, sais-tu ma renommée ?

T'éloignes-tu, ô fille comme un sanglant soupir ?


Je te sais inconnue me fuir et disparaître,

T'échapper de mon corps, y mourir et renaître

Comme font les amants accablés de désir.




Cette blonde cascade



Cette cascade blonde de richesse bouclée

Glissant en mes doigts purs, je la veux tourbillons

D’écumes et de vagues sur l’épaule azurée

Que la lumière efface, voltige, ou papillon...


Non, c’est assez ! Offrons au miroir ennemi

Quelque songe diffus d’un idéal de chair,

Réveillons l’astre torve en soi-même endormi

Et par l’art de ce fard faisons briller l’éclair.


Suis-je belle à présent ? Suis-je astre de soupir

Parfumée d’une essence, encombrée de métal

Dont les feux incessants exhortent le désir ?


Je m’apparais en toi, mon image fugace,

J’offre ma nudité à l’oeil contemplateur,

Sublime corps de femme qu’il supplie et embrasse.

Comptine



Ma blonde Chrysalide douce comme un zéphyr

Avec grâce mêlée dans tes gestes charmants,

Ton amour de poète, ton chevalier aimant

Constamment sur ton sein souffre tout son soupir.


C'est que fille insensée tu voltiges et tu plonges,

Papillon ou abeille sur la blanche rosée

Et tournoies amoureuse comme fait l'épousée

Qui se joue de moi-même en disant son mensonge.


Ne voudrais-tu parfois laisser ce jeu mesquin

Car tu te ris de moi, malheureux arlequin

Qui change de couleurs comme toi de pensées ?


Qui veut longtemps garder son ami près de soi

Ne doit le tourmenter en rires et en émoi

Car tel un frais pinson, il pourrait s'envoler.




Misérable poète



Misérable poète incapable d’écrire,

Trois fois stupide es-tu t’essayant à ton vers.

Tu ne pourras jamais atteindre le génie

Des illustres ancêtres qui avant toi étaient,


Etaient par leur manière, leur technique superbe,

Etaient par la façon de concevoir l’écrit,

De traiter les sujets lyriques ou romantiques,

Sujets mythologiques, religieux aussi.


Et toi tu perds ton temps à produire de la sorte,

Tu combines des coups qui ne plairont jamais.


Où trouves-tu la force de poursuivre ta tâche ?

Comprendras-tu enfin que ton poème est perte ?

Toi le jusqu’au-boutiste, tu en as jusque-là,

Mais tu avances encore dans le marais boueux !

La muse esclave



Si tu veux libérer le poète inconnu

Souffrant mille misères en sa triste demeure,

Va-t’en féconde amie au plus loin dans les rues

Où nulle espèce humaine ne supplie ou ne meurt.


Eloigne-toi encore, rejette tout sanglot

Stupide qui se mêle à la chair du poème

Ou plonge au plus profond sous la vague et le flot,

Scintillement d’extase offert au diadème.


Je te sais malgré toi épouse frénétique

Cherchant l’accouplement dans des lueurs brutales

Enflammée de désir par ta vulve érotique,


A moins que possédée par l’amour du servage

Accroupie, enchaînée en poses horizontales

Tu te plais à gémir pour un bel esclavage.




Si sublime à mes yeux



Si sublime à mes yeux qu’une blancheur défend

Quelques rais de soleil pour noircir une peau,

Ne veux-tu pas beauté épousée par l’enfant

D’une claire pucelle devenir le flambeau ?


Ainsi je sais venir l’espoir qui te voit naître

Dans l’impossible exil d’une rêverie sourde.

Je t’invente à nouveau et crois te voir paraître

Dans un printemps confus de mousseline lourde.


L’oeil désespérément tourné vers les ténèbres

Sort hagard quelque blond bouquet de belle soeur

Et prétend formuler dans ses soirées funèbres


Ton image sacrée, irradiée d’extase,

Qui voltige et survole dans un ciel de douceur

Par le désir confus que la pensée embrase.

L’esclave



J’ai désiré un soir en de profonds soupirs

La chaleur inconnue des membres alanguis,

Et mon coeur en folie pour ces nobles plaisirs

S’est donné en esclave par ses muscles soumis.


O douleurs de la chair en poses incomprises,

Quelle beauté d’être pris et d’être dominé

Par sa grandeur de femme qui déjà martyrise

Et pénètre mon coeur au profond infligé.


Et voilà je soupire, je prie et je l’implore,

Je la supplie déjà dans mon corps enflammé

De délivrer mon sang hurlant jusqu’à l’aurore.


Moi, pris de toute part je la lèche et demande

De libérer mon vit en pulsions aimé

Et je baise ses pieds comme un chien qui quémande...


Messages I


Apprenti malhabile



Apprenti malhabile en mes premiers écrits,

Le bon génie d'autrui me fut souvent une aide.

Sachant bien ma faiblesse et mon souffle débile

Je n'osais espérer quelques charmants lauriers.


Me voilà à présent encombré de mémoire.

J'atteins mes quarante ans, je poétise encore.

Je n'ai pu accéder à une renommée,

Et le travail offert est toujours méprisé...


Le poète est amer : il n'est pas reconnu.

Il lisse des brocards dans le ciel nuageux,

Sa manière est un art ignoré de la masse...


Sur la terre les talents ne sont pas à manquer.

Le génie est plus rare, qui peut le percevoir.

Moi, je m'en vais mourir sans regret sans rancœur.

Aurons-nous à bénir



Aurons-nous à bénir notre nouvel orgasme,

Ce bel espoir de chair de vie recommencée ?

Aurons-nous, parce que le désir exalté,

Imprimé dans nos corps, l'impose constamment ?


Cette force puissante nous porte vers la vie.

Notre mécanique amoureuse nous soumet à jouir

Aux banquets, aux bains. Nous transmettons l'espoir.


Encore nous voulons. Nous refusons d'être des

Solitaires, nous dépendons les uns des autres avec

Des sentiments d'extase.


Au plus haut, toujours droits,

Pénétrant des chairs rondes et ovales, énormes,

Nous sommes vicieux et perdons nos forces.

Aurons-nous encore à sublimer nos meilleurs fantasmes ?




Toi, encore une fois



Toi, encore une fois, pourrais-je t'invoquer ?

Dans l'idéal de chair, je quémande ton nom.

Je te sais disparue, o sublime compagne.

Le soir est déchiré et je supplie ton corps.


Danseuse en chevelure, tourbillonnant toujours

Comme masse légère de jeune nudité

A soudain voltigé dans mon âme en détresse

Avec des touches roses d'habits à retirer.


La nuit est toute proche. Envahie par les ombres

Nue sur son beau printemps, éclose dans son sang

Elle bondit hélas et se métamorphose,


Surgit et disparaît sous la claire ténèbre

Toute resplendissante de feux intermittents

Puis s'enfuit à jamais pour un vrai désespoir.

Moi superbe et divin



Moi superbe et divin, à la bouche chantante !

Tourbillonnez essaim de Bacchantes aimées,

Et j'élève le cri, je domine l'espace,

Et j'offre le poème sublime et admire.


De beauté confondue, oui, j'ai l'art de séduire !

Venez toutes à moi, élancez-vous encore.

Enivrées de folie, de rondes et d'espoir,

Je saurai vous toucher par le bois de la lyre.


Or prises de vengeance, la violence abonde.

Effondré sous leur chair, j'agonise et supplie

Et cherche à respirer, mais déjà je me meurs...


O terribles femelles à la haine maudite,

Acharnez-vous encore, voilà, je ne suis plus !

La nature m'a trahi, j'étouffe sous la masse.




Oui, jeune fille encore



Oui, jeune fille encore et de surgir d'un bond

Pour ce plaisir de chair uni au chant du cygne

En voiles du printemps, ainsi de resplendir

Si pure, aérienne dans mon lit de sommeil,


De se répandre en moi, toutes confusions.

Est-ce masse de rêve que ce plaisir d'aimer ?

Ce lointain impalpable caressé de blondeur

Par mystère enveloppe et pénètre mon corps.


Elle semble planer au-dessus de la vasque

Par la forme du lit, et sa présence est sûre.

Suis-je éveillé alors ? Car vois, je ne dors point.


Mais serait-ce fantasme fourni par le désir ?

Ton soupir me dévore et je sens ton effluve

Voltiger près de moi... Oui, jeune fille encore.

Messages IV


A présent



A présent rouille sur ton encre rouge

On t’a assez lu !

Ton coeur a trois francs cinquante

Va s’arrêter de battre


A présent, oui tu peux t’endormir

Et mort, et mort, et fin

L’inutile évadé de son corps

Assiette de vers pour les survivants

Humus et os, et rien !


Oeuvre oubliée, stupide, rejetée bas

Homme que l’on efface

En retirant le souffle de vie

Oeuvre de douleur et d’espoir

d’espoir ? Quel espoir ?


Décès



C’étaient des années...



C’étaient des années de production intensive

L’avenir était certitude par le don prophétique

Constamment la capacité intellectuelle concevait


C’étaient des années inconnues, pourtant gonflées d’espoir

Qui filaient lentement dans l’infini du sablier


Les mois de puissance cérébrale,

de jeunesse active

s’accumulaient les uns derrière les autres


Eux, dans leur opacité et leur brouillard de rêves

Ne voyaient pas, ne voyaient rien

Ils méprisaient l’effort

Ils ne comprenaient pas,

Ou voulaient ne pas comprendre


Le temps vieillissait entre tes doigts



Il n’y a pas d’issue



Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec l’aura de mes pensées.


Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?


Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.


Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau. La nourriture de la mémoire s’y est déversée.


Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! Que personne ne lira, que Dieu connaît.


La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soi-même comme une toupie qui cherche.


Où suis-je ? Où en étais-je ?


J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va disparaître. Je le sais bien.


Quel sublime triomphe



Quel sublime triomphe, quel superbe trophée,

Glorifiant l’esprit nourri de l’intérieur !

Un échec ? Quel échec ? Cet ensemble est splendide.

Il n’est pas dérisoire, il construit la raison.


Vous ressemblez aux hommes qui cherchent les honneurs

Et de belles caresses pour flatter leur orgueil.

Ainsi vous jugez l’autre d’après une apparence.

Vous prétendez savoir ce qu’il faut encenser,


Ce qu’il faut mépriser, et votre certitude

Est une référence. Je vous laisse penser

Vous concédant le droit de critiquer ainsi.


Oui, je le sais trop bien que toujours inconnu

Que jamais édité, je ne peux espérer

Un jour rivaliser avec votre génie.




De ta mort, on se rit



De ta mort on se rit

C’est moi qui ai construit ta vie de rien, de merde

Toujours plus près de toi - je suis à produire

Ton regard m’observe - apprends à lire

Tes livres par accumulation de certitude

De vérités, d’ignorance, de mensonges


Superbe est la survie, là-bas, plus loin

Le sais-tu ? Tu le sais.


Patience de un sur un, de signe avec signe,

Avec, encore, pour plus de

Génie que l’on nie

Sous la menace effrayante de la critique

Qui efface, jette, brûle sans explication

Par sa conviction fausse molle sans avenir

Retour



L’Estérel. Le barrage, le figuier

L’eau filante à travers les souches

Les bulles légères des sources d’antan

Puis le vignoble, le raisin clair

Dans la dernière chaleur d’octobre


L’ancienne chute d’un poème 79, le Moût

Par cette lourde après-midi d’oublis


De gros nuages bleus comme des poings s’éloignent

La menthe scintille et teinte dans les verres d’enfance


Les souffles figurent l’ivresse,

Offrent la valse et font danser


Nous remontons la pente, fatigante


Je refais cette route, je reviens

Je cours vers le passé pour retenir le temps




J’entrais



J’entrais dans l’avenir comme un siècle qui marche

Les espoirs s’élevaient sur un Moi immortel

Je pensais prophéties, je parlais avec Dieu

D’Israël, de son Fils, et de Jérusalem


L’aurore était troublée et mes coqs chantaient mal

Nuit et jour il fallait aller les secouer

Par le mur transparent j’accédais à l’Esprit


Beautés des solitudes ! constamment tourmenté

Par les forces malsaines, j’implorai le suicide

Idéal pour les ombres qui s’agitaient sans cesse


Je buvais de cette eau qui purifie la chair

A la gourde du Christ moi, j’étais assoiffé

Je priais la justice de vouloir mieux paraître

Je prétendais encore connaître cette fin

Je suis clair



Je suis clair, pur, dans la joie, je m’élève

Constamment sur mes rêves

J’accède au printemps d’avenir

Je rejette l’hiver mort


Je passe par la fenêtre vers l’aurore

Mon bien, mon beau, ma femme transparente

Je déplace les portes, les ouvertures, je sais


La nuit est sale de noir, d’ombres, de charbon

Ma figure est éblouissante

Je déclare des symphonies comme hier, ô mon frère

Je t’ai pourtant oublié

Je délaisse l’habit du silence, je conduis

L’harmonie, je voyage, je nage


Je suis clair, pur, dans l’ombre, on me crucifie




Deux demi-sonnets


I


Germes de l’espoir, peu foisonneront

Sur la chair des morts répandue là

Dans ma mémoire qui déverse ses flots

De rimes, de coups et combinaisons


Alors exploseront en fluides de lumière

Des évènements possibles d’insignifiants,

De risques, de doutes pour l’avenir

II


Je cherche cette bonne chaude chaleur

De braises poétiques moi qui suis en septembre

Je me nourris de cette conscience verte d’autrefois


Mes muscles sont grippés l’esprit chante mal

Cette vaste lumière est ampoule désuète

Odeurs des fleurs feues et desséchées

La vigne l’horloge les cernes et la mort




La licorne



Et chacun se déçoit dans sa tour impossible

Observant son nectar s’évanouir au ciel

Accusant sa licorne de pouvoir pénétrer

Un peu mieux cette chair offerte à son orgasme


On se plaint à genoux, on implore le supplice

Du blanc buttoir sexuel qui pénètre le corps

Lui apprenant à jouir par le bel orifice

Qui procure à l’esprit le bonheur de la mort


Puis s’éloigne la muse dans la grande nuit bleue

Qui nous laisse pantois malheureux comme Orphée

Songeant à quelque espoir, à quelque rêve vieux.


Nu dans la transparence d’un exil inconnu

On espère le retour des filles libertines

Assoiffées de soleil, de génie et de feu.

Tu es mort



Tu es mort dans la mort et mort encore

Le mal moisit tes jours, le mal ronge ta vie,

Se nourrit de ton énergie, prend, prend

Comme la sangsue


Ton triomphe n’est pas illusoire,

Il est du dedans, pour l’intérieur


Toi, tu vas à la fête de ta mémoire

Certifiant ta réussite


Tu renonces à crédibiliser ce langage

Les Dieux pourtant l’ont reconnu


Au fond est le bilan splendide, ignoré, tant pis !

Est-ce ta raison de vivre ?


Faut aller dans la fosse, s’endormir tout au fond,

C’est là qu’on dure, n’est-ce pas ? Allez zou !




Du soufre



Du soufre rouge se repose ici pour penser :


L’horizon interdit d’avenir poétique

Malgré ce lac où s’ébattent des filles

Ce vent de souffle aperçu et réel

Qui vivait là-bas, plus haut - mais vivait


L’espoir éclaté de mort en mort,

Pourtant il y avait l’œuvre réelle et belle, n’est-ce pas ?

Pourtant ces Dieux, et l’esprit s’allumait


Il y avait l’horreur certaine du tortionnaire,

Cette folie du mal qui rongeait, rongeait


La nuit écoute le travail s’accomplir

Le poète assidu à sa table propose encore

Des manières de douleurs, de femmes, de chant

Pour s’écraser dans son néant de faiblesse

Ta mort m’ensanglante



Ta mort m’ensanglante

La nuit appelle le noir corbeau

Les fluides aériens se retirent de la chair

J’implore la lumière, j’invoque

Ce qui s’enfuit, ce qui est délétère


Tu es concentrée, tu vis dans ton vice

Tu te nourris de sperme,

Tu bois ma salive


Tes images sont images de tortures, de cruauté

Tu veux soumettre le jour

Voilà ta peine de dominante


J’essaie de t’arracher de ton ombre

Mais tel est ton désir de garce

De salope irradiée d’orgasmes


Plainte d’automne



Pensée d’automne, lente descente derrière les peupliers

Recherches de quiétude dans ce gris bleu chargé de fatigue


Souffles poussifs sur les crêtes des forêts chevelues

Espace encore, espace d’écriture pour une écriture d’espoir toutefois


Je ne plonge plus dans l’image délicieuse de l’enfance

Où paraissent çà et là des silhouettes connues


J’ouvre l’almanach de l’imaginaire et j’invente du mensonge.


Souviens-toi de cette lumière qui s’élançait vers l’azur ? ... Oui, je reviens

Je murmure cette lourde poésie d’hier - entends-moi.


Non, je dois me taire. Ces mots ne sont qu’insignifiance,

Que transparence de sens inutile.


Je déchire lentement les secrets de mon âme,

Mais je ne puis entendre cette claire musique qui accompagnait

L’élan de ma jeunesse.


Encore cette saison, je m’obscurcis,

Je vieillis et je disparais sans laisser de mémoire, hélas !

Le sac et la cendre



Les délivrances volent



Les délivrances volent dans les douleurs extrêmes

La chevelure ondule sur la nacre des rêves

Le troubadour élève la musique de femme

Les accords indistincts sont source de plaisirs


Un désespoir étrange s’oublie en souvenance

Un sujet ennemi est oraison funèbre

Priant le nom d’un dieu éclatant de ténèbres

Un esprit affolé implore en cadence


Tout l’or est à proscrire pour sa dernière demeure

Une fougue s’échappe sur des stances de haine

Et l’âme se révolte libre mais soucieuse


Illusion d’un drame, resplendissent ses eaux

L’admirable furie, l’impertinente soeur

Rejettent d’amertume un implacable rot.




La muse vengeresse



Tu proposes nue l’inexorable vengeance,

Et ce Dieu poétique en son monde t’échappe

Sur des vols nuités, presque hagard ! Puise ta chance !

Pourtant ce déroutant sacrifice te frappe !


En son commencement s’est éteinte l’impure

Qui d’une voix sublime, lasse parfois secourt

L’incantation aimée. Vois, contemple, Muse

L’espérance voulue, désirée en ce jour !


Mais ta velléité soumise conçoit encore :

Une source en toi-même suppose des lambeaux

Que parfois l’Idole sacrée d’un geste endort.


Penchée sur la mélodie qui se dodeline,

Les rugissements funèbres contre ta peau

A l’ombre des cyprès, au loin plongent et s’inclinent...

En tes deux mains



En tes deux mains, je les veux rafraîchir ! Au doute,

La tension prônait la vague mourante et

Caressée çà et là par d’admirables gouttes

Sur ton sein généreux vers l’espace étoilé.


Vrai ! Que je propose à ma bouche confondue

Le spectacle sublime, ô toi, ô mon aimée !

D’un souffle, le songeur à peine entr’aperçu,

Ce feu brûle ses braises sur ma chair allumée.


Mais loin des rêveries par mégarde du lieu

L’âme plonge pour la connaissance d’un fait

Et comble ses délices en mil cieux lumineux !


Mon espoir se désole loin de sa pureté

Et la caresse implore une chair qui lui plaît,

La nonchalance ondule en ce coeur exilé.




Loin de ce coeur sans rides



Loin de ce coeur sans rides l’amante s’en alla

Et hurla de sa bouche épaisse le mensonge.

L’aventure le prit d’aller courir là-bas

Où nul esprit jamais n’a promené ses songes.


La femme enchanteresse a protégé ses pas

Dans l’effrayante jungle où les serpents sifflaient.

Ses délicates mains le réchauffaient du froid

Quand par instant le vent dans l’arbre s’engouffrait.


A l’aube de l’orage le ciel paraît plus terne.

Des forces de fureur troublent son accalmie.

Une admirable fée à genoux se prosterne


Et fait de tous ses voiles un heureux parapluie.

Le voyageur poursuit sa démarche indolent

Pour retenir la nuit et s’enfuir dans le temps.

Toutes les fois



Toutes les fois que tu entonnes, ton coeur vacille.

Un soleil écrasant comme à l’accoutumée

Grésille lentement ses complaintes d’Antan.

La lune s’appauvrit dans le soir égarée,

Mais ta voix siffle encore envolée dans le vent.


Ta bouche sur mes yeux prétend encore aimer.

Les lumières se consument dans les feux de la nuit.

Ton ventre convulsé respire contre mon corps

La substance cachée que tu aimes d’envie.


Je m’enfuis sur les traces éloignées de la mort

Et ta chair se nourrit de louanges subtiles.

Je respire tes seins et j’embrasse tes jambes

Sur ton corps bleu j’invente une mélancolie,

O le jardin de roses, ô désirable amie.




Quand la foule



Quand la foule démise saignée aux quatre vents

Coule en ses noires tranchées le songe du malheur,

On entend geindre au loin les pleurs qui vont mourant

Tels des enfants chétifs animés de candeurs.


Des files comme des attentes mortuaires

Le pas pesant, démis s’étirent dans la rue.

Des cadavres, des femmes de noir vêtues, ou fières

Rasent et traînent les murs pour ne point être vues.


Les cloches tout à coup sonnent l’Angélus du soir

Les uns s’agitent ; d’autres regagnent leur terreur,

Les vieux attendent inconscients sur les trottoirs.


La rue vidée enfin des infectes laideurs

Offre la nuit venue des couteaux de douleurs

Comme des cris horribles sur un vaste miroir !


La main



Une main vêtue comme un golfe de mensonges

A l’annonce des doigts exalte ses veillées,

Et le Mal insalubre qui parfois te ronge

Virevolte en ses feux, vaste écrin de pensées.


Vérité de la nuit en qui vont les baisers

Tu vas et tu te consumes... éblouissante !

O chaste oiseau par des syllabes entrechoquées

Dans l’âme suprême et sombre, presque perçante.


Scintille et abandonne à l’oeil de l’oraison

La tunique de soie que portaient les Pythies,

Emblème de pureté et noble blason.


L’impertinente dans un gala de déboires

A l’ombre des solstices et sous l’or des traînées

Dans sa robe de majesté coule à te voir !




La baigneuse



Elle avait posé ses habits et se baignait

Heureuse dans la rivière cristalline ; là

Où s’entrecroisent les ajoncs et les genêts.

Elle n’avait entendu le son de mes pas.


Dans le feuillage, je contemplais à mon aise

Sa jambe fine et blanche et si jolie à voir ;

J’aurais bien voulu m’approcher mais fournaise !

J’ai eu soudainement peur de la décevoir.


C’étaient merveilles son dos et sa hanche légère,

Et ses adorables reins courbés en arrière

Rappelaient la beauté des Antiques inconnues.


J’embrassais encore de mon regard ébahi

Le plaisir de mon extase inassouvie.

Et quand j’ouvrais les yeux, elle avait disparu !

Tristesse



Quand encastrés deux corps se mêlent dans la nuit

Les remous du décor engendrent un vrai plaisir,

Et cette longue étreinte suivie de l’agonie

Rend plus sinistre encore les relents du désir.


Délaissée et pensive l’âme s’enfuit du coeur

Et la mélancolie pénètre la tristesse.

Le temps va comme la pendule sur son heure

Et s’envole oubliant des milliers de caresses.


O le corps alangui où la fumée s’évade !

La honte et les remords chassent les cavalcades,

S’extirpant du rêveur allongé dans son sang.


Solitude d’amour du dernier survivant,

Tu nous déchires encore dans tes noires découvertes,

La courbure de ton sein est infiniment déserte !




Tristesse


Première version – brouillon



Quand juxtaposés deux corps se mélangent dans la nuit

Les remous du décor engendrent un autre plaisir,

Et la longue étreinte suivie de l’agonie

Rend plus sinistre encore l’haleine forte du désir.


Débraillée et pensive l’âme s’envole vers le coeur

Et la punition s’achève dans la tristesse.

Le temps s’évade comme la pendule sur son heure

Et courent désobligeantes des milliers de caresses !


L’oubli d’un corps décharné où la fumée s’évade,

La honte et les remords chassent les cavalcades,

Et s’extirpent du penseur allongé dans son sang.


Solitude, plat amour du dernier des vivants,

Quand tu nous déchires de tes ultimes découvertes,

Les délices des cambrures passent et repassent, désertes !


13 avril 1978

Parfum d’apaisement



Le vanneur



Amertume tu te meurs, oiseau au large vol,

J'essuie tes traces noires dans le siècle où tu danses

O mémoire des candeurs, ton esprit se désole.

Des ténèbres jaillissent les flux de l'espérance.


L'ombrelle déchue plonge dans les senteurs de l'âtre.

Qu'est de l'effort le poussif haillon de l'hiver ?

Il advient qu'un fleuve abject roule et se rétracte

Aux derniers soubresauts des courtisans de guerre.


Le chef dit : "Impossible. L'acte se meurt d'amour.

Entends les bruissements dans un long jet d'étain."

Peuh ! L'oubli rejoint les forces, il s'en va, il court !


Loin, comme des traversées inondent le ciel,

Qu'il respire la mixture inconsciente ! Tu dépeins

Ce maléfice de gloire car sa frayeur chancelle !




Dans les feux



Dans les feux où se consument

De vagues frêles et certains repentirs,

Dans des déferlements allégés de parures et de candeur,

Il extirpe à la réalité des horreurs !


Réputée d'incroyances fatidiques, l'ombre décline

De sa vergue facile, l'arbre est trop ancien

De nuisances, de rejets, de malheurs,

De faiblesses infinies ; l'amour de l'immuable

Se jettera dans ses souffrances !


Je ne puis par la calomnie étrange et solennelle

D'un Dieu superbe décroître en sa gerbe

Le joug multicolore de sa substance perpétuelle !


O mal que je pardonne ! Je pardonne par ton nom !

Mais l'inquiétante Cybèle cerne et lasse mon front.


La racine et la source



Spleen III



Parcourir la savane où toujours s’entrelacent

Des nuées de sauterelles aux yeux étourdis ;

Parcourir des hivers gelés et refroidis

Par des vents déroutants qui pénètrent et qui glacent ;


Parcourir un désert aux grains secs et brûlants

Que nul n’ose franchir car la peur de la mort

Agresse les plus grands comme un immonde sort ;


Savoir que rien ne change dans le cœur des enfants

Pas même un cri plaintif annonçant le soleil ;

Prétendre que la nuit est belle après le jour

Comme un objet soyeux sur un lit de velours ;


Imaginer la mort d’un pénible sommeil

Imaginer demain le grand retour de l’aigle

Comme espère la femme la fin des saignements.




L’immortelle



Je dévasterais les déserts du Sahara

Et pillerais tous les trésors du monde

Pour me trouver allonger dans ses grands bras ;

Je m’installerais dans des grottes profondes ;


J’oublierai tout : passé, présent et futur,

Mes espoirs de poète et toute noble chose ;

J’oublierai tout pour contempler sa parure

Et l’aimer doucement sur un grand lit de roses.


Sa beauté n’existe pas. Oui, oui, irréelle

Elle est merveilleuse, - elle est immortelle,

Pour appartenir à ce monde de renégats.


Ses yeux, miroirs de ses pensées vacillantes

Sont les fruits d’un ange ou d’une démente :

Pour elle, je donnerai mon corps au trépas !

Spleen V



Observant ce ciel bas azuré et lointain,

Je disais - parce que de lugubres pensées

S’étaient là installées dans mon esprit troublé

Qu’il serait bon d’avoir une femme et du vin.


Et je considérais que la vie était triste

Sans une consolatrice pour écouter son âme.

Et je pensais encore, la bouteille qui enflamme

Cette cervelle humaine peut la rendre moins triste ! ...


Je songeais à tout ça, mais je ne faisais rien

Car j’attendais encore que s’éclairât demain,

J’attendais que le temps filât dans son malheur ! ...


J’attendais écoutant le cri plaintif du cœur

Que cette nuit s’en vînt arracher le nuage

Qui avait recouvert ma détestable image ! ...




L’inspiratrice



Elle cache dans ses yeux d’adorables mystères

Et son sein où tant d’hommes voulaient se reposer,

Est fait pour inspirer la plus douce prière

Au poète incompris ou à l’amant blasé.


Et dans sa chevelure nacrée et puis polie,

On peut voir s’agiter des navires et des mâts,

Des vagues immortelles où chantent les furies

Des marins possédés qui poursuivent ses pas.


Et sa jambe et son cœur et ses hanches et son dos,

Pareils à la grandeur des statues de Palmyre,

Éveillent en mon esprit le sentiment du beau.


Et dans ses noirs secrets où l’on veut s’endormir

Imprégnés du parfum de ses senteurs nouvelles,

S’exaltent des plaisirs qui la rendent immortelle !


La Belle Pompadour



Tentez d’imaginer les plaisirs de la cour,

Ses parfums délicats, ses odeurs pénétrantes.

Tentez d’imaginer la Belle Pompadour

Alanguie dans la grâce des douceurs enivrantes.


Respirez, je vous prie, ses deux seins parfumés,

Dans la langueur des nuits consumées et profondes

Ou baignez-vous encore dans ces délices blondes,

Dans ses sources limpides qu’on entend murmurer.


Délectez-vous alors de ses grains de beauté

Qui me disent tout bas : voudrais-tu m’embrasser ?

Voyez ces nobles poses et cette chair si ronde !


Son visage d’enfant est un hymne à l’amour.

Voyez, je ne peux pas m’encombrer de discours

Car je le sais trop bien, elle est unique au monde !




Les taches bleutées



Les taches bleutées s’évadent comme des accords ! ...

O fumée bienveillante, volutes calcinées !


Tout converge vers le mal, même ce terrible amour !

Disloquées, déchirées, toutes les âmes défuntes !


Est-ce la voix de l’Apôtre ?

Car pour glorifier les puissances immortelles...

Et ce mal qui bouillonne dans mon cœur et...

Je m’agenouille les mains croisées et fraternelles.


Les Théories du bien ?

Je détruirais l’obstacle de cette éducation.

Moi si bête, si génial, que de satisfactions !


Je voudrais déguster les fruits de mon carnage,

Remercier le Seigneur de m’avoir fait ainsi.

Je baiserais le ciel avec des cris sauvages ! ...

O mon tendre exil



Il faudra, ô mon tendre exil

Vaincre ce soir encore

Les cascades de sang,

Les portes sans scrupule

Et les Morts et les Morts morts trop tôt.


Il faudra, ô mon ami docile

Respirer un air calme et chaud

Il faudra faire danser la ballerine

Avant que le soleil ne brûle nos peaux.


Qu’importe ! O tendre exil

Qu’importe ! O mon ami docile

Qu’importe la brûlure et le noble combat

Qu’importe la vomissure

Puisque je resterai avec toi !




Son chant



Son chant se gravera dans mon coeur

Comme une moisson étonnante d’amours.

Forte, soumise, obéissante à certaines lois

Elle palliera l’aisance à la volupté du jour


Douceur facile, ho ! resplendit langueur

Resplendit dans les cieux de mes rêves

J’abandonne l’ignorance et la frêle passion

A cette soeur ingénue et déshéritée.


Je vampe ce sourire, exprimé en ce lieu

Et puise la bonté aux râles enchanteurs.

Floraison matinale, chante encore !


Chante galère d’un été, galère

Qui refuse la sensation inerte

De l’admirable golfe de l’amour !

Au comble de l’amour



Au comble de l’amour

Parsemé de pensées fortes

L’étroitesse de ma tour

Me donnera raison !


Crânes fracassés,

Sangs rougis de la tombe

Croisades de honte ;

Tout baignera dans le désespoir !


Fientes craquelées de spermes maudits,

Architectures désinvoltes,

Cataclysme pourris :

J’exploite le malheur de l’âme,

C’est la force de ma révolte !

O beautés, ainsi j’invente le drame !




La garnison au cabaret



C’est qu’ils vont eux, hagards et teigneux

Chercher dans les remparts de l’ivresse

Un peu de vin très précieux.


Des dorures sur des plastrons

Arc-boutés, les pieds dans des sabots

Ils bavent des mutineries de gloire !


Et fourbu, le moustachu

Agrippe sa vieille - grincements hideux.


Les perchés accoudés, l’oeil quoique sérieux

Remuent des lèvres pendantes

Et les chœurs montent dans la salle obscure

D’alcool et de fumée !


Et ils s’étalent sur des chaises

Poussifs et heureux dans leur discours de guerre !


Dans ce long silence



Dans ce long silence, les herbes fatiguées

Regardèrent tristement la route :

Les enfants, les gouttes de pluie, et les seins

S’évadaient pauvrement dans le soir orageux


Les longues files de pollen,

Pareilles à des splendides papillons volants

Embrasèrent la vision heureuse de ces saltimbanques.


Qu’un monde prédisposé à l’espérance nue,

Brûle au bout du doigt mes chimères passées

Car nul vent, même siphon fût

Ne saura égaler la justesse de ma douleur !


Alors dans cette nuit perdue et reperdue,

Des gouttes de pluie, des chimères, des enfants

Oublient la douleur latente de mon mal en péril.




L’espoir est vacillant



L’espoir est vacillant au fond du gouffre immonde

Le rayon est percé de stances inquiétantes

Ta voix plus noire encore qui lentement s’effondre,

Est le balancement des mamelles pendantes.


Tout gronde dans ce silence crasseux : les douleurs

Orientées dans les voix célestes des déchirures

Usent de forces étranges contre l’implacable couleur.

Oppressées dans ce désert sans fin, les dorures


Éclatent pour d’énormes coucheries. Et ton Dieu, Père

De l’inconditionnelle pensée, s’accoutume

Aux rugissements désespérés de sa terre !


L’acte fécond dans les yeux perdus de l’inexistence

Endiablé d’un désir un instant se rallume

Et vole le fruit veineux de sa réelle chance.

Tu condamnes spirituel



Tu condamnes spirituel un nouveau mélange,

Mais tu gis là dans les entresols urbains.

Qu’est-ce à dire puisque l’odeur de la fange

Résiste là, te suis partout jusqu’en tes mains ?


Ah ! Républicain de coeur, fortune pour nous deux ! ...

Je sais l’amour que tu portes aux femmes, tes yeux

N’ont pu cacher les doux regards que tu tenais...


Mais bah ! Assez de paroles, je suis ton divin

Et je puis te proposer mes superbes vers,

Mais non ! Pas ma femme, espèce de sot, crétin !


La plus belle des substances ne peut échapper

Aux esprits élevés unis dans le devoir.

Je te somme un instant encore de m’écouter

Impotent, incapable, je t’offre le pouvoir.




Si le doute



Si le doute en mes yeux s’était alors permis

D’exposer à son corps les substances charnelles,

Pour cette pure audace des troublantes orgies

J’assurais à ma face des souffrances nouvelles...


Mal, exile-toi loin de toute délivrance !

Mon désir enflammé sur le coeur embaumé

Cherche un monde sans fin, bordé de nonchalance,

L’amour, dont tu me sieds... O l’amour, j’ai cherché ...


Puise pour que maints déchirements te consument

Dans les esprits subtils en qui vont les grandeurs

Et vois, le geste lent se perd et se rallume...


Ma douleur condamnant les sombres agonies

Virevolte et propose déjà fortes lueurs

Car vrai ! Je sais le nom des puissantes furies ! ...







Le buis et le houx



Le vagabond


Aux myrtes, l’autre été, un vagabond passa

Ignorant pêle-mêle les doux penchants du jour,

S’extasiant seulement pour les nèfles d’amour

Oubliant sans mot dire les frêles des alphas.


Dans les catacombes, les pensées ensemencées

Débusquaient l’âme chère perdue sous quelques fourbes,

Et la tâche maîtresse de ces deux feux tachés

Comme un envol promis accomplit une courbe.


Sacre, aigles blancs, longues filles endimanchées

Le bruit courut dans la péninsule enlacée,

Et la voix forte et grave des pauvres saltimbanques


Pareillée de grandeurs, de vomissures sensées

Galvanisa la pieuvre des dires qui s’entendent,

Ô vagabond, ami, aux mythes regrettés !




À l’église


Souvent hurlent les frayeurs de l’or jaune et nu,

Deux grandes sœurs contemplent tristement une étoile

Briller des feux lugubres d’un astre inconnu,

Honteuses, puis enrubannées d’étoffes elles dévoilent


Fortes, avec de longs bras pendants aux larges hanches

Et purulent de boutons des jeunes années

Parées à la messe des cotillons du dimanche,

La famille regarde d’un sourire biaisé.


Ho ! Puissant est le coeur évasif à la messe,

Qui chante pour l’Être suprême, pur dans le Temple !

Mais les voix ne sont que doutes incompris et stress.


Et les sœurs fécondées au ventre d’une mère

S’extasient, gravent sur le banc et contemplent

L’ignoble individu qui est un humble frère !







J’invente


J’invente le remède pour soulager la peine,

Un remède sans joie, un remède sans coeur

Un remède idiot, quelque fois désenchanteur


Il parle d’amitié et d’espoir

De folles escapades, d’esprit libéré

Il parle de l’amour, de l’amour enivré


Est-ce toi mon coeur de toujours ?

Est-ce vous, rôdeurs éternels

Qui hantez les ténèbres de ma tour ?


Entends-tu le vent,

Le vent noble et fidèle ?

Entends-tu le vent ?



Le culte démenti


Dans le délicat de son ourlet

J’ai vu l’autre jour

Des golfes glacés et l’onde démente


Des parchemins nuptiaux détenteurs

De faciles constellations

Des candélabres mats comme l’argent

Et bons comme les sueurs


Des cyclones de perles clamant

L’opale et l’arrivée

Ont puni la sagesse de mes dires :

Le poète est confessé.


Dans le délicat de son ourlet

J’ai vu l’autre jour

Des golfes glacés et l’onde démente.












Spasmes


L’esprit mort de fraîcheur et d’esclaves passés

Dans l’abandon des chaînes, des râles furieux,

L’esprit crispe le corps et poudre son délice.

Le coeur est assoiffé de soupirs, de tendresse.


Et le masque est tombé. La pose langoureuse

Étale son amour sur le bord du néant.

Le sourire oublié et la folle caresse

Palpitent dans l’écume quand le lit est mourant.


Un sentiment de manque sur la grave escapade ...

Le sein s’est enflammé sous des douceurs passives,

Ô la hâte charnelle et l’envolée exquise !


Repose sur le dos, la lèvre retournée.

Ta main est paresseuse, et ton sein ébahi.

Oui, l’amour, cette nuit était notre convive !



Le peuplier


Sous un peuplier ardent

Enduit de milles feux,

La grandeur dans le vent

Brille pour ses yeux.


Oubliant les maléfices

Racontars d’un instant,

L’envieux pour mille artifices

Éclate dans le temps.


Sa musique sublime,

Embrasse l’esprit pur

Au chant de l’azur,


Exploite d’une rime

Le ventre assoiffé

Des âmes passées !











L’habitude imperturbable


Au plus profond de l’insipidité

Quand le mal ressemble à un dernier relent,

L’existence de deux êtres étoilés

Consume la folie brumeuse des maux.


Grasse, épaisse, lourde et vicieuse, collée à l’âme seule

La jambe impétueuse encore se nourrit d’infectes pensées,

Et mugissent la tentation et la lubricité.


La certitude n’est plus dans l’espoir du bonheur.

Le souffle s’évade en fumée et en crachats immondes.

La vampe encore dans ses assauts brisés

Côtoie en langueurs passives son désir déçu.


Bien qu’une escapade égaie parfois le cerveau

Cette habitude imperturbable se répète et marche

Pour s’en finir là-bas au fond de nos caveaux.




Elans


Le soir venu, comme un grand vent soufflait sa fraîcheur

J’embrassai calmement les senteurs du printemps ;

J’allai, à l’improviste quémander un fruit gracieux

Et dans l’onde supérieure, je nageai pour un double sens.


Les embellies volaient à l’infini les dernières images pieuses

Et je sentis la brise me glacer le dos

Le tumulte foudroya mon sang

Et comme le Doux se savait juste

J’imprégnais de sueurs mon front passé.


Sur son sein, je jetai un poème ;

De vastes tourments apaisés enfin pâlirent l’orgasme

Et des yeux et des cœurs soulignèrent la fête.


Le matin éclairé dans le sort des pastorales

Je vis la terreur de la mort -, le soleil enfin se levait.




Les interdits



La stérilité



La stérilité est toujours ennuyeuse

Où sont passés mes poèmes d’antan ?

Je veux mourir bête besogneuse.


Qu’as-tu fait de la jeunesse ?

J’ai aimé Aphrodite platonique

Engagé malheureux au creux des fesses

Mercenaire peureux coups de bâtons et triques


Je pleure souvent la nuit souvent

Des millions d’étoiles offrent leur coeur

Les crapauds chantent dans les mares

Les roses rouges cachent leurs jolis pétales.


Je danserai femmes laides ou affreuses

Les dames appartiennent à cette demeure

Ombres d’été voiles gentilles sœurs.




Tinte fleur de l’amour



Tinte fleur de l’amour

Source de l’idiome

Mes races cannibales ravagent mon destin.


Je suis nu, je m’abandonne

À la pensée sereine ou pure.


Avalanches, spermes qui coulez

Dans mon hiver

Venez boire à la source-mère

Vous pucelles de déchets.


Quand lentement je la touche

Il s’évapore des baisers d’enfance

Je m’éveille à la sève nouvelle

Ou transparent je cours

L’humeur de mes ivresses m’emporte.

Poussons la chansonnette



Poussons poussons la chansonnette

Je la balance sans inspiration

Où est passée mon âme de poète ?

Par-derrière l’ennui et l’angoisse

Cherchons cherchons.


Je ne veux pas te faire rire

Avec mes problèmes de pauvre poète

Donne-moi ton corps sans plaisir

A quatre pattes ou allongée

Ho ! Mon amour serais-tu prête ?


Prête à aimer ma grinçante chanson

C’est une scie criant à la sauvette

Adieu branlages et masturbation

Ho ! Mon amour serais-tu prête ?




Images de plage



Était-ce la mer qui roulait ses vagues

Sur ton corps d’ivoire

Était-ce le soleil qui parfois divague

Et réchauffe nos mémoires

Était-ce l’amour qui brûlait mon âme

Comme un feu d’espoir ?


Elle était là elle était nue

Alanguie sur le sable doré

Comme une vénus, sirène échouée

Ses seins caressés par la brise venue.


Était-ce mon corps qui s’avançait vers elle

Je me souviens de son regard

Et de ses yeux tirant sur le noir

Et de moi attiré par sa beauté solennelle.


L’oiseau peint



L’oiseau peint de bleu et de blanc

Sur l’aile du vent battue

Courbe son envol

Et disparaît propulsé par les flots verts

Qui roulent câlinant la vaste mer.


Délicieuse accalmie

Vois l’oiseau renaître

Dans l’aurore ou dans le couchant

Son ombre parfois grandit

Selon le battement incessant de l’aile !


Fuir sur les grands rouleaux insulaires !

Mourir pour des horizons plus beaux !

La fleur épanouie dans les airs

S’évade vers des exils de renouveau !



Ombres bleues


Malicieuse ingénue


Malicieuse ingénue

Aux lèvres qui se plissent,

Ne veux-tu, presque nue,

Qu'en ton corps je me glisse ?


Nous obtiendrons ensemble

L'orgasme le meilleur.

Si en tes jambes je tremble

C'est que je prends ton coeur !


A la lueur ombreuse

La belle me sourit

Et me propose radieuse,


Sa bouche ébahie.

Il suffit d'un sein nu

Pour que mon corps s'active !









Je sens le malin


Je sens le malin toujours me corrompre

Et jouir de ma pureté déjà admise.


Il convoite, ô le Mal suprême,

La splendeur de mon corps insoumis,

Il veut par la violence

M'arracher la beauté

Qui encore se languit.


Ha ! Que de plaintes, que de tourments,

Que de luxures dans cette âme

Où dorment les passions futures !


Et combien de haines,

Combien de sexes obscènes

Viendront mourir

Sur cette couche à peine ouverte !




La marche en avant


La marche en avant des forces sacrées

La puissance suprême de l'Etat aimé

Tous luttons combattons ensemble

Pour édifier la cité Socialiste.


Camp de redressement

Lavages de cerveaux

Tortures physiques

Deux années de violence

O ma jeunesse détruite

Saccagée.


La marche en avant des forces cachées

La puissance suprême d'un Dieu aimé

Tous luttons combattons ensemble

Pour édifier la Cité Divine.










Plaies immondes


Plaies immondes gavées de pus

Déchets verdâtres

Roulant sur les chairs

Roses et pures,


Je préfère

L'odeur puante

Des règles rougeâtres !


Je préfère

Leurs bouches ouvertes

Saignant leurs coulées d'orgueil !


O gouttes, liquide d'amour,

Je vous propose ma langue

Et longtemps j'irai lécher

Les lèvres de vos sexes ébahis.




Douleurs extrêmes




Incubation



Je rends grâce à ta pureté

Toi le Dieu qui me torture ;

Au poète d’injustices infligées,

Toute sa grâce est au futur !


J’aime le démon de Satan

Qui, par son vice, s’éternise

Et me propose en me frappant

Son feu vierge qui sodomise !


Car de pleurs et de rires mêlés

Je saigne rouge en jouissant :

L’anus d’amour est défloré.


Dans l’horreur de mes nuits obscures

Agenouillé, allant et venant

J’éprouve les mille joies de ma blessure !




Ombre claire



Ombre de soleil taciturne

Pour que luise

Ingénue ardente

De sa chaleur exquise

La couleur moite et terne

De ce fils brillant.


Tais-toi honte de mon délire,

Cache le vain rayon

Car lucide il s’étire

Il se meut éternel

Offrant grande lueur vermeille

Et feu noir de son soupir.


Par sa grâce insoupçonnée

Éclate la claire chaleur aimée.

Par le vieux Trenet



Cet air ancien que je fredonne

Me rappelle mes amours monotones

Dans un passé que j’oublie.


Ces quelques mots qui s’évadent

Dans ma jeunesse cavalcade

S’éloignent pour d’autres pays


Un coin de terre abandonnée

Une mansarde délabrée

Quelques forêts et quelques prés

Tous oubliés.


Un feu de bois dans la cheminée

La douce odeur du temps passé

Et ces espoirs tous envolés

Dans mes pensées.




Brouillards



Brouillards de ténèbres

Formes vagues de mes rêves

Vous circulez,

Ombres blêmes de mes nuits.


Sceptres qui s’envolent

Dans les amours folles

Vous priez,

Et les plaisirs s’enfuient.


Formes belles du songe

L’image folle prolonge

Son désir qui prie.


Mais mon âme espère

Ce coeur se désaltère

Dans l’espoir infini.

La torture



Je subis la torture,

La torture toujours recommencée

Le Mal me hait

Ma hait avec atrocité.


Affligé par la Mort

Mais quels sont tous ces torts

Mes torts sont d’avoir aimé

Aimé être soi-même

Seul dans l’éternité !


Un cent d’aiguilles

Dans les testicules

Pour ne pas l’avoir aimée !

J’aimerais n’être pas crucifié !

Horreur primaire de l’envoûté !




De pu...



De pucelle en putain

J’ai connu tous les vices

J’ai craché mon venin

Dans tous les orifices.


Pourrais-je encore déflorant les secrets

Des vierges et des impures aux charmes indiscrets

Pourrais-je pourriture subir toutes les délices

Des vicieuses scabreuses au fond des précipices ?


Certes, j’ai trop vécu

Proposant d’un prépuce

Ce sperme érecté

Et j’ai trop défloré

Imposant à l’orgasme

Mes chaleurs sublimées.

Messages VI




La défaite



Sur la berge invisible,

recherches du pur midi


Volonté de stabilité interne

de quiétude parfaite

abolition du délire


La limite est réelle :

Je concède ma défaite

Que puis-je ?


Quel avenir pour un assiégé ?


Marges, écarts, faiblesses,

ô science

science et moi, de peu,

de rien


Je ne saurais être...


Résonances I




Moi, solitaire et tel



Moi, solitaire et tel

Avec mots et signes au bout des doigts

Je construis de l’intérieur un autre monde

Faible, de complexité nulle


Les forces mauvaises me menacent

Avec des aiguilles dans les articulations


Tu détestes ce que tu fais

Le prétendant malingre, mièvre et ridicule

Tu aspires à du gain,

Tu veux te rassasier

Tu as faim


Lis et c’est peu - voilà ton Tout !

Pourquoi as-tu planté dans mon coeur

Une graine poétique ?




On a renoncé



On a renoncé au désir

De prendre sexe pour sexe

Et imposé le mutisme

Malgré l’appel des corps

De chevaucher

La chair humaine


Après avoir subi

La haine de la mort

Il s’en est allé agoniser

Dans les contorsions

De ses étranges douleurs

Sur le seuil éternel


Le silence explose dans mon crâne

Où j’apprends à écouter l’horreur du vide

Le zéphyr bleu



Pourquoi te blâmerai-je d’avoir tenté,

D’avoir échoué dans le zéphyr bleu ?


Pourquoi ? ... Tu t’es rempli

hautes les envolées

composées dans le courage

désirées, bafouées

mais tu n’as point trouvé ton esprit de paix


Dans la noblesse de l’exil

cette beauté vaillante

t’aura permis d’accéder à de l’immortel


Oui, c’est de la grandeur altière

Avec de la froideur, froideur de solitaire


Y avait-il une torche,

une possibilité de feu ?




Que je



Que je m’élève et m’envole, m’enfuis pour l’au-delà

Que je m’y construise une raison

Faite de conscience et de savoir

J’aurai une grenade, une ruche,

Je serai architecte

Dans cette pureté toute spirituelle,

Je vivrai songeant à la perfection des Dieux


J’y boirai quelque paix

Endroit où le temps disparaît

Où l’éternité s’impose


Que je m’élève, que je m’emporte cette nuit

J’entends ce coeur qui cherche à s’enfuir

Non. Ce n’est pas l’heure encore.

Sache attendre - sache.


Ton enveloppe astrale



Ton enveloppe astrale est cachée en toi

Ton squelette t’accompagne

sur le chemin de ton existence

Je vais de la vie à la mort

de la mort à la vie, peut-être

Ton coeur bat le décompte final

Le vieillissement te rappelle

Que ta tombe se creuse

Que ton sépulcre sonne le creux

Tu es fasciné par l’espoir

d’une construction nouvelle

dans l’invisible et l’impalpable

où ton esprit épanouira son Spirituel

mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc...




Il s’y essaie encore



Il s’y essaie encore nettoyant, combinant

D’autres propositions. Le sonnet qu’il produit

Lui apparaît piteux. Il voudrait autrement,

Une forme inconnue, il voudrait déplacer


Le centre d’autrefois. Je pense à Du Bellay;

A Mallarmé, à Valéry, à Baudelaire.

Je me crois médiocre en tâchant d’obtenir

Un quatorze insensé qui va je ne sais où.


Il y a Neruda et ses sonnets d’amour.

Que peut-il inspirer ? En quoi peut-il aider ?

Me viendrait à l’esprit un idéal fatal,


Référence inouïe à toujours imiter.

On peut toujours rêver - ceci est de la prose !

On cherchera encore mais on a échoué.


Si écrire est penser



Je pense

si écrire est penser

il s’accumule en moi des certitudes

que chaque livre confirme


La médiocrité toujours

en basique d’existentiel

présence infiniment peu, de rien,

oui, exact


Alors que faire ?

Comment changer cela ?

La jeunesse est passée,

J’entre dans l’âge mûr

Comment produire sans commettre trop d’erreurs

Éloigne-toi de la honte




Le miroir



Mon image fugace tremble dans ce miroir

J’y invente un espace, bel outil primitif

D’un monde virtuel. Des reflets incessants

Construisent un univers habitable parfois


Là, je suis au Salon d’Imagina, bien sûr

Et le progrès est tel que l’on peut supposer

Le Temple d’Athéna, l’édifice de Rhodes

Se dresser devant vous comme un musée vivant


Ô le transfert lucide d’un Moi qui me contemple

Ô reflets irréels, réels pour mon esprit

Qui se suffit de peu, et prétend la toucher


Ou la faire apparaître là, devant ses deux yeux


Je dois toujours attendre ces messages futurs

Qui développeront mon pur Imaginaire.


Problème de la grâce



Se peut-il que cette enfant

Pure et aérienne

Se transforme en essence de haine,

De cruauté immonde


Par la métamorphose

Du vice et de la chair ?

Que ce corps innocent

Se vide de sa substance élevée


Pour emmagasiner de l’horreur ?

Qu’enfin elle donne naissance

À une conscience démoniaque


Assassinat, écorchant, brûlant

Et que son avenir soit dans l’antre

De l’enfer à tout jamais éternisé ?




Je m’interroge peu



Je m’interroge peu, je produis, je produis

Je nomme et je dénomme pour flatter ma patience

Plongeant dans l’infini d’une nuit qui avance

Et j’étudie la langue abrupte des poètes

Je m’use sous le poids d’une lourde mémoire

Et désire vainement en combinant des mots

Accéder à l’orgasme sublime de l’esprit.


Ô miroirs insensés où je vois tant d’idées

Se mêler malhabiles pour une piètre histoire

Mon doute constamment me répète en secret

Que le tout est stupide et sera périssable


Cette énergie secrète active ma cervelle

Et m’impose à agir pour dépasser le Moi

Je n’ai nulle promesse d’un avenir lointain.


La coupe



La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur

La peine ensanglantée sertie de glaires noires

Et buvant le premier, je la rends détestable

Aux hôtes du banquet conviés à ma table


Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit

Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise

La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes

Avec vrais crissements et douleurs du buveur


Ô puissante lignée par les jours éternels

De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés

Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil


Et je voudrais pour eux annoncer ces propos

De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire

Aller vers l’avenir en cherchant le repos




D’observer un devoir



D’observer un devoir imminent chez les hommes

Par un saint brûlement attendrirait le Père ?

Il est de la vaillance d’accéder à l’écrit.


S’avance dans l’oubli le poète inconnu,

Détesté de ses frères, sans blonde Chrysalide.

Pleuraient à profusion des délices de coeur.


Mais instruit de sagesse, il lève vers les Dieux

L’impossible chemise détenant le poème.

Il hurle, prie, suffoque, le Ciel frissonne-t-il ?


Les hommes par l’argent se partagent la terre.

Les nouveaux Immortels veulent franchir la Porte.

Seras-tu enfouie, ô mon œuvre inconnue ?


Oui, emporte-moi, Seigneur pour l’excellente peine.

Les premiers descendirent honorer le Suprême.




L’Absent



L’Absent, toujours l’Absent, éloigné du Soleil,

De l’astre triomphant et transmettant la vie

Du poème intégré et lu par le public


Ô toi, Gal rejetant le grand serment des Dieux

Que venu et comblé, Il remit sur sa tête

Du Chrême par le six, - mais pourrais-tu comprendre ?


Tombé en vérité dans l’oubli éternel

En dehors d’un tirage limité même à cent

Il se voit décroissant allant dans la ténèbre


Ainsi cette parole dans la Sphère lumineuse

Est suite sans honneur et le Germe n’est point


Porteur de Noms illustres, daignez en vos grandeurs

Considérer un frère inconnu et maudit

Consentez, je vous prie, quelque clinquant d’images !

Je ne t’accuse pas



Je ne t’accuse pas, je constate, voilà tout.

Rien ne peut réussir dans cette pauvre vie.

J’obtiens en même temps et les livres et la nuit,

Ce superbe dessein s’achève par l’échec.


J’ai donc construit une muraille de papier

À leurs yeux inutiles, aux chapitres insensés.

J’ai désiré offrir - ce n’était que foutaise !,

Le rêve s’en retourne à sa réalité.


Ô mon sublime exil, envole-moi bien loin

Les manuscrits m’emportent dans la sphère idéale !

De la légende grecque à la mythologie


Je poursuis, j’agrandis cette bibliothèque.

Tyrannies de syntaxe, traités de l’impossible,

Aidez-moi malgré tout à composer mon œuvre !




C’est l’ombre de moi-même



C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore

Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.

Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi

Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?


Le mot est un marqueur indiquant le départ,

Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,

Le pas est incertain et j’avance à tâtons.


Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.

Cette couleur du temps s’efface doucement.

Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.


Et l’auteur du poème imitant ses faux frères

Se meurt ayant atteint cette piètre limite

Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.


Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.

Seulement le silence



Seulement le silence - un destin oublié

Inutile et perdu - cette fille me poursuit

Pour cet acte stupide qui n’en finit jamais

Qui n’a pas d’avenir. Je construis une route,

Éternelle, infinie - je longe une muraille.


Et de l’autre côté, - ce sont des cris d’enfants,

Des paroles, des bouches, qui persiflent et critiquent

Ce sont de grands soupirs tout étoilés d’orgasmes

Je ne veux pas entendre - je suis un obsédé

J’avance avec des jalons d’œuvre, avec constance.


Je ressemble à ces hommes - ces zombies de la nuit

Constructeurs de château, rénovant des villages,

- Une tâche incroyable de punition divine

Avec de noirs esprits qui toujours m’accompagnent.




Accomplir un travail



Accomplir un travail qui soit utile aux autres

Proposer un produit que chacun pourrait lire

Écrire tout simplement en refusant l’emphase

Oui, je me dis tout ça mais ne sais comment faire.


Ma pauvre mère me dit : “ Tes écrits sont complexes,

Je ne puis achever un livre commencé.”


C’est vrai : je n’écris pas pour séduire un lecteur.

Je recherche avant tout la poursuite du Moi,

La production intense, l’aptitude maximale,

Et l’éblouissement de ma métamorphose.


Ainsi je me vois seul, autrui ne peut comprendre,

Me jette et me méprise : Lozac’h est un déchet

À haïr, à maudire, à exclure en tout cas.


Mais je poursuis mon œuvre détesté de l’ensemble.


L’épitaphe



Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.

Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.

Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.

De tristes flamboiements éclairent ta confusion,

Mais tu espères encore une lune sublime

Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.

Un miroir apparaît. Avec obstination,

Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,

Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.

Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans

Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume

Sans trouver un produit de quelque utilité.

Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort

Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.




La mort



C’est le frémissement de la mort qui s’en vient

Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.

Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi

Des présences ennemies percevant mes secrets


Pénétrant, comprenant le subtil et la fin

Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.


Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal

J’entends frapper le coeur inquiet et peureux

Je me cache en moi-même espérant échapper

Aux tortures du vice qui troublent mon destin.


Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !

En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur

De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.


Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?


Trois grains d’écriture



Aujourd’hui un simple songe, demain la poussière

Rien, peu, infiniment peu, et le bel oubli

Le retour au néant, l’idéal où je me complais

Cette stupide ambition, ce point de nullité


Combat de la vie, combat contre soi-même

Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême

Je m’épuise à chercher, prétendrai-je trouver ?


Hier a déjà disparu, que lui ai-je volé ?

Trois grains d’écriture à l’avenir douteux

Dont la pousse est informe et le fruit à paraître, le fruit !


J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite

Son cours tumultueux m’emporte au plus profond

Voilà ma peine et mon souci, ho ! Nature de l’homme

Dans les entrailles de la terre, j’obtiens ma sépulture.




L’éclair de vie



Vie, le mot qui t’accompagne est brièveté

Ce corps est si fragile, il vieillit en s’usant

L’usure est immédiate, à chaque instant en cette chair

Le passé, la mémoire s’éloignent, l’avenir et la mort

S’approchent, s’imposent, roi et reine à la faux


Voilà le rien, et là est le peu qui ne seront

Et c’est nature d’homme - l’ambition, la va

La vanité - quoi sous le soleil, quoi ? Il faut donc

Durer - aspirer à durer quand les guerres puniques

Détruisent Carthage, quand une civilisation disparaît


Pour laisser des ruines,... et toi tu es poète

Tombeau, espérance, éternité, tel qu’en lui-même, etc...


Vole avec le vent au gré de ton mensonge

Et arrive la mort sans te précipiter...

Résonances II



Portrait d’un raté



Je prends Alain Bosquet, je relis ces Sonnets

Pour une fin de siècle. Cela m’amuse encore.

Ce léger badinage dont le ton est charmant

Saura me divertir avec quelques babioles.


Il y a cent façons de produire un poème.

Un tel a une école quand l’autre veut fonder

Un futur mouvement qui durera cent ans.


Moi, je m’en vais tout doucement vers le silence

Méprisé des Maisons, détesté des poètes,

À moins que par bonheur, je puisse retrouver

Tout là-haut des auteurs qui connaissent mon nom.


Oui, cela est raté : je n’ai pas édité

J’ai accompli une œuvre - mais pour quel devenir ?

Le temps s’étire encore, je n’ai plus qu’à mourir.




La bonne mixture



Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent

Comprendre ou penser autrement la chose lue.

Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis

Que la faute en incombe au poète lui-même.


Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.

La cause des échecs doit trouver sa raison

Dans le produit inadapté à la culture,

À cette forme de culture si dérisoire...


Il reste le sourire un peu désabusé

Du poète perdant n’ayant pu réussir

Et prétendant toujours posséder du génie...


Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure... ”

Cela ne suffit pas : car il faut ajouter

À un génie intense un talent généreux.

L’essai infructueux



Maîtriser sa syntaxe ou aller librement,

Perdre son écriture sur le sentier rêveur,

Voilà bien l’aventure qui pousse le poète

À composer une œuvre loin du regard des hommes


Des formes se présentent - il les cueille une à une

Comme on aime les femmes dans le miroir des anges

Il prétend découvrir la très complexe issue

Qui offre le pouvoir d’accéder au suprême


Passe-t-il par le noir d’un sombre labyrinthe

Pour enfin percevoir la lumière sublime ?

Quelle est l’utilité de ce qu’il a trouvé ?


Son monde imaginaire semble bien dérisoire

Et nul n’acceptera de poursuivre ses traces

On lui reconnaîtra l’essai infructueux




Constat



Toi tu prétends aller vers un but inconnu

Tu ignores le chemin, tu en empruntes mille

Tu vas cahin-caha, la nuit toujours existe

Un flamboiement confus délire dans le soir ”,


Écrit Borges, écrit. C’est l’affront en toi-même,

Le renvoi des images. Tu poursuis le miroir,

Le soleil est couché et tu songes à mourir.


Si cette blonde lune était femme parfaite

Tu pourrais la saisir comme un ballon doré.

La galette est sanglante et l’inspiration

Se désespère, se dé dans ton propre néant.


Tout est déjà fini, le poème s’oxyde

Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt

Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.

Poète, je te laisse



Poète, je te laisse avec ton sac de vers.

J’ignore si tout cela donnera quelque chose,

Si à perdre tes heures, j’imiterais ton sort.

Voilà ton amertume, voilà ton peu de gloire...


Mais véritablement es-tu indispensable,

Et pouvais-tu prendre que cela débouchait

Sur un produit utile pour l’ensemble des hommes ?

Ta certitude, ta cer dans cette tour d’ivoire...


Le peuple te fusille, tu te prétends martyr

Héroïque bataille rappelant ta mémoire.

Sur le marbre défunt, j’admire ta statue...


Ton immortalité s’exalte dans tes livres,

La critique d’autrui ne saurait te toucher,

Et le soleil se lève sur ton œuvre majeure.




L’exilé



Je rêve que la mer m’encense de ses flots

Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,

Que des sirènes belles délirantes m’appellent

Et me supplient, supplient un orgasme céleste.


Sur le sel infini que mon esprit active

La tempête sexuelle m’attire constamment,

Et je me vois plonger comme un puissant navire

Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.


Le miroir me renvoie des images fugaces.

Je crois y contempler ma vérité profonde,

J’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.


Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,

Mais comment leur crier ma détresse réelle !

Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.

Wimbledon 97



Je regarde RTL et nous sommes jeudi

À quatorze heures quarante, les tout petits hommes verts

- Des ramasseurs de balles s’activent contre la pluie

Et bâchent les terrains des courts de Wimbledon.


Et voilà c’est la pluie, - cela fait trois semaines

Qu’il pleut et pleut encore sans discontinuer.

Le match entre Sampras et l’Allemand Becker

- Un quart simple messieurs est remis à plus tard.


J’attends, j’attends encore, je zappe sur CNN

Sur Sky, sur NBC ou vais sur Eutelsat

Y trouver d’autres chaînes proposant autre chose.


C’est donc mon quotidien en écrivant des vers

Avec Alain Bosquet et son œuvre complète.

Quel sera l’avenir de ce sonnet en prose ?




Léda et le cygne



Soudain, le heurt d’un vent : les grandes ailes encore

Battent sur la fille chancelante dont les cuisses

Sont caressées par les palmes noires, dont la nuque

Est captive du bec, il maintient sa poitrine

Prisonnière sous son cou.


Comment ces faibles doigts

Pourraient-ils vaguement repousser tant de gloire,

Ses cuisses sont si faibles ? Sous cette ruée blanche,

Comment un corps ne sentirait-il pas un coeur

Frapper étrangement où il est allongé ?


Un frisson dans les reins fait alors resurgir

L’image des remparts et du toit enflammé

Et des tours flamboyantes, Agamemnon, sa mort !


La voilà emportée, écrasée par le sang

Brutal de l’air. Pria-t-elle ses science et force

Avant qu’indifférent le bec l’eût laissé choir ?

Le diadème dérisoire



Qu’il fut travailleur à ses débuts, actif

Volontaire, - allant dans sa solitude

Pour y extraire des réflexions, des textes, et des proses

Portées sur des pensées charmées de vérités !


On vous déteste, on vous méprise, on vous ignore

N’est-ce pas le lot de la poésie ?

Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !


Peu importe le poids de cette indifférence

Car des solutions assez subtiles, aléatoires

Se combinent pour produire cette extase délicate


Cette vérité, je la tiens contre moi

Comme un diadème dérisoire,

Que mon élan n’a pu maîtriser

Ai-je véritablement besoin d’autre chose ?




Le Tour de France 97



Je regarde l’A2, j’y vois le Tour de France

C’est le contre la montre de St Étienne à St

Étienne. Ulrich écrase le tour, il est vainqueur

Du moins on le prétend car il reste les Alpes...


Oui le pauvre Virenque a beaucoup de souci :

Il perd dix minutes sur un temps intermédiaire !

Ulrich est le plus fort et Riis n’y pourra rien.

Voilà ce qu’on me dit, voilà ce que j’entends.


Et moi stupidement j’écris quelques poèmes

Tandis que des millions de téléspectateurs

S’exaltent et s’enthousiasment sur l’écran en couleur.


Mon travail d’écrivain me semble bien modeste,

Je ne peux attirer le regard de quelqu’un.

Je m’en vais, oublié, jamais ne serai lu.

Les songe-creux



Accumulez autant de poèmes que vous pourrez

Épanouissez-vous, considérez la hauteur

De vos ambitions, libérez-vous, engendrez

Du soleil sous la grisaille de vos écrits.


Oui, travaillez et travaillez encore. La chair

De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais

Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles

Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les

Songes creux doivent mourir ou disparaître.


L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance

Financière, d’or entassé - L’effort : cette œuvre

Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas

Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs

Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.




Le futur du poète



Ô l’esprit épuisé, accorde-toi quelque repos

Nourris-toi de paix et de silence

Dans ce crépuscule insensé, il n’est rien d’utile

Baigne-toi d’effluves saints, - respire.


L’amour est à changer, la pensée épouse

Les flammes de la mystique interdite, - la pensée.

N’es-tu pas las d’avoir entassé tous ces poèmes

De la liberté qui se sont enfuis dans le mensonge ?


Il n’est que le travail. Pour quelle fraternité, là-haut ?

Mes frères me haïront, la malédiction est un sceau

Sur mon front. Ma précieuse vie se meurt.


Et qui sait, coeur, esprit, - car le poète se cache

Avec le temps sur son côté, comptabilisant la

Précieuse rosée du matin, ce qu’est son futur ?

Résonances III




L’aventure interne



Surgit le cygne sublime et blanc

Qui est symbole encore

Comme l’âme a plongé au fond de soi-même

Pour y chercher science et a-science


Il y faut de la vitesse, des battements d’aile

Impétueux, de l’extase, quelques vérités,

Du vin et de l’ivresse


Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort

De ma condition, ces pensées s’agitent encore

Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,

De m’éloigner de ce vil environnement


J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit

Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens


C’est encore une immense aventure interne.




Les limbes



Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais

Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon

Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la

Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.

Voici que la valeur converge vers la lucidité.

Je délaisse l’amoncellement d’images floues,

J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.

Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,

Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne

Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.

Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule

Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie

Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin

D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.

Le miroir entr’ouvert



Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,

La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.

Je me crois entouré d’un éclatant soleil

Qui offre à ma raison des substances vermeilles.


Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse

Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.


Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes

Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.

Je suis toujours pressé et je veux aller voir,

Je subis le Néant de ma propre misère.


Et les années s’écoulent pour cette délivrance,

Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.


L’avalanche de mots me rappelle en moi-même

La médiocrité de ma raison réelle.




Le néant de soi-même



Te voici devenu un échec, une mine de pertes,

Tu te noies sous la honte de ton ridicule.

Tous ces soins stupides épuisés dans l’attente

D’un espoir ! Ton passé a-t-il un avenir ?

Se peut-il que ce que tu as produit leur convienne ?

Tu offres la gratuité qu’ils méprisent. Ont-ils tort ?

Le recueil enfante le recueil. Que te dit-on au ciel ?

On te dit : “ Oui, oui, tu es, c’est toi ! ”

Et tu les crois tous ces fantômes farceurs nourris

A la sève de ton imaginaire ! Ton effort

Poussé par ta volonté t’impose à poursuivre,

Ton combat est vain. Cela n’a plus de sens, de raison.

Va, poursuis ton ombre fatale et disparais,

Oui, disparais à tout jamais dans le néant de toi-même.


L’idéal menteur



Paroles sur paroles,

tentatives sur échecs


Imagine la possibilité de pureté des flots bleus

conçois des statues de grâce dont la chair

est plus douce que la soie des femmes


Que l’azur devienne miroir

polissant ses idées d’idéal menteur


Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,

réinvente un génie impossible, pascalien

et toi écrasé de soleil, roulant boulant sur des airs agressifs,

propose ce colosse aux pieds d’argile,

cette construction remplie de vides, qu’ils disent !


Emeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs,

portés par des phrasés musicaux




L’a-vérité



J’obtiens une a-vérité qui est à côté,

Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,

Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être

Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut

... Si l’on veut s’en servir.


Elle ne sert pas à détruire l’autre,

Elle cherche à s’unir, à s’associer.

Grande est sa difficulté à exister, elle évolue

Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.


L’Aveugle s’en défend, s’en glose,

Dénigre, méprise,

Le Critique poétique l’exclut

De son mécanisme cérébral,

Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.


Ce serait



Ce serait une prose versifiée assez souple

Pour se lire aisément, assez structurée

Pour que l’on puisse y déceler le rythme et les accents.


Cela ne viendrait pas de l’âme, de l’insouciance,

De la légèreté d’aile, cela aurait pour origine

La raison qui associée à la conscience

Produit une pensée sereine, maîtrisée, apte.


Il faut que des éléments subtils ou grossiers,

Composés de combinaisons de mots s’associent,

Je dirai, s’organisent de manière harmonieuse

Pour offrir un effet satisfaisant à l’oeil critique.


Sera-ce de la réflexion, une pensée nouvelle,

Associant quelques extravagances à de la folie poétique ?

J’ai besoin de savoir et de poursuivre.




La gloire



Je te laisse inconnu et oublié des hommes

À moitié dans l’échec à moitié dans la gloire,

Dans la gloire de toi-même, poète prétentieux

Qui n’a pas su pourtant convaincre ou charmer l’autre


Demeure au plus profond de ton caveau étroit

Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis

Que tu as vu briller et qui s’est obscurci

Quand tu as désiré le prendre ou l’embrasser


Cet infini sans bornes te cerne et te limite

À n’adorer que toi dans ton imaginaire

Je te laisse insensé chevaucher tes murailles


D’images et de papier, de rêves enfouis,

Te permet d’accéder à la gloire irréelle

Que tes frères avant toi ont prétendu atteindre


Le choix



Obligation de l’homme : entre choisir

D’accomplir une vie humaine, charnelle

Remplie d’excréments, de femmes et d’enfants,

Et choisir l’hostie, l’élévation spirituelle,

La sortie hors du corps, le Christ, les Dieux


Donc : choisir et choisir

Pour quelle pureté, pour quelles ténèbres ?

Et renoncer à l’un pour jouir de l’autre


Ou se prévaloir d’accomplir, de maîtriser

Les deux règnes opposés.


Et quand l’heure de la mort tourmente l’âme

La femme, l’enfant, l’excrément disparaissent

Mais nul orgueil, nulle gloriole

Dans la demeure du ciel.




Pensé autrement



C’est pensé autrement avec Syracuse

Vous n’y êtes pas c’est la manière c’est Deguy

C’est cause on prend la pente on glisse

Ses Naïades, ses sirènes en feu, la flamme

Transparente auréolée le temps de tourner

Au coin de la rue c’est le bon sens - n’est-ce pas ?


Je te congédie, cherche ailleurs cette espèce de souk

Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe

Encore pour les hommes à l’affût chair affamée


C’est conçu avec pertes avec Éléonor

Avec l’église le linge du Christ

J’ai besoin d’un endroit les agences de location


Pourtant, fidélité au passé, aux antiques

Que veut dire ce sonnet est-ce un sonnet ?

Brusquement surgit



Brusquement surgit dans le ciel constellé.

Un flot de mots déverse sa substance.

Mon toit ! Quelque chose de confus, - embarras

Mélange qui provient du passé


J’exulte, me tords, me courbe, reçois

D’un au-delà imaginé une essence supérieure.

Je perçois derrière cet impossible vrai

Des solutions nouvelles qui se proposent,


Dont je dispose, j’entrouvre la rose etc...

... Qui donc se réjouira de ces poudreux pétales

Amorphes, vivants, colorés, flottant dans


L’air de cet espace, voltigeant, tourbillonnant

Pour un idéal rêvé et utopique, pour

La magie poétique à lire, à évoquer ?




L’insignifiance du don



Tu te déplaces à travers ta propre vérité.

Prétends posséder une réelle certitude. Ton but

Est de parvenir à comprendre un peu mieux

Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.


Un flamboiement confus délire dans le soir.

Mais bientôt au levant surgit et se dilate

Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,

Écrit Borgès à la mémoire de Quevedo.


Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.

Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel

Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.


Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant

Encore quelques possibilités d’écriture poétique,

Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.


Le vrai sens



Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier

S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front

Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir

Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.


Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.

C’est bien un marais fangeux, livide et infecté

De noires créatures qui tout à coup surgissent

M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :


Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, -la mort

Les insultes, les rejets et la honte. Je suis

Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,


La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu

Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu

Accéder au suprême intérieur jamais conquis.




Ta Phèdre



Avec colère, avec violence, avec volonté

D’aller outre, de gagner, de l’emporter,

D’extraire des potentialités intellectuelles ou

Artistiques - à chacun sa mamelle ! - toi,


Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,

Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !

Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides

Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse


Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que

Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,

Tu agonises dans le néant de ta propre merde


Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant

La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles

Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.

Sur l’horloge qui fuit



Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?

Quelque gloire artistique de pan auréolé ?

Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,

La lune te sourit, la chevelure est blonde...


Non, ne regrette pas cet échec poétique.

Cette folle conscience aura su engendrer

Dans ton imaginaire de purs élans jouissifs.


Il y avait des glaces, des corridors, des sexes

De femmes, de l’abondance de chair, de la pensée.

Tu poussais une porte, elle se refermait


Constamment derrière toi ; tu volais, t’étirais

Sur l’aile du Néant espérant la Splendeur

Ou la beauté antique. Te voilà dépourvu,

Le rimailleur comique sur l’horloge qui fut !




Je m’abolis en toi



Les premières ténèbres de la vie - la certitude

Dans la conscience - le drame associé au tragique,

Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-

Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut


M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques

Éternelles de retour - me dicte la raison,...

Quoi ? Réellement ? L’histoire quotidienne du peu


Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon

Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire

Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.


C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce

Possible ? - je dois abolir cette vérité, a !

Ma chair, mon corps, mon visage et la charité

Effaçant le geste - je m’abolis en toi.


L.A.E.T.I.T.I.A.



Le hasard, non la certitude, le choix,

La loi précise des mots balancés, pesés

Avec le je doute, je fais la moue, je prends,

Je jette.


Tu y parviens... fort mal. Tu

Ca y est - c’est presque - difficile ? Paf !

Facil - Lucile - Hé ! Ouais, l’alexandrin...


Trash, Métal, Hard, tape sur le rock,

Frock, Franck, violence avec lasers d’or

Comme flammes étonnantes dans les zébrures de la

Rébellion, de l’autrement, du nouveau peut-être ?


On se coltine des roses, des parfums aériens, des

Orgasmes d’une poétesse scabreuse, inassouvie

À la jouissance étonnante - oui, moi dans l’essentiel

De l’écriture... cherchant encore et ainsi de suite.



La mort du Quidam



La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore

Par cette volonté, par cet effort recommencés.

C’est la nuit tragique - au plus profond - il

Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-

T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal

Peut-être ? Soi ? Alors ?


Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,

Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,

Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?

Quelle ? Je l’ignore -


Mais c’était quoi ? - se connaître ? L’outil était-il

Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la technique

Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu complexe ?


C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.




Les espaces d’écriture


Remplir le vide, noircir le blanc

Pour la pression interne

Assouvir sa force, exciter sa raison


Quand il suscite de l’action

Il pénètre des espaces d’écriture

On le prétend rassasié,

Il se nourrit encore


Dans la dimension de l’homme

Avec son temporel, que

Représente sa forme délétère ?


Fixant sa pensée avec la cendre

De ses idées, il pénètre l’inconnu

Au lointain de l’être, en soi

Par la saveur du poème à naître


La pensée



Elle s’élargit enfin

Dans l’espace intérieur

Elle déplace la frontière

Elle prétend savoir


Elle pousse l’inconscient

Se fortifie sur l’intuition

Active l’imperceptible


Elle est dans la durée,

Dans l’espace-temps donné à tous

Elle arrange des éléments

Préexistants, elle les modifie

À volonté et produit autre chose


Pour la spiritualité, l’intelligence, la création, etc...

Est-ce travail habituel de la pensée ?




Poussière



Te voilà devenue une armoire bien pleine !

Tu n’étais hier encore qu’un petit tas de feuilles...

Oui, déjà vingt années ont fondu comme neige,

Et tu prétends écrire dans ton attente vaine.


Ton espérance a fui de te voir édité.

Constamment refusé, méprisé par autrui,

Tu retournes en toi-même dans ton pur labyrinthe.


C’est ici que finit l’utopie d’un destin,

Et ton ombre oubliée s’efface comme une trace.

Voilà pourquoi tu es un instant dans le temps,

Une poussière d’homme scrutant l’éternité.


De ton insignifiance nul ne se souviendra.

Tu seras un squelette au fond du cimetière

À moins qu’un peu plus haut Dieu ait songé à toi.

Contre-ut



Je ne sais que trembler,

trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,

de l’impalpable, du cristal,

Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.


Je ne fais que vibrer

Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe

intellectuel. Je suis devenu une vibration

Impossible, irréelle, délétère.


J’accède à une forme

de conscience épurée, translucide, je rejette

la confusion. Je reconstruis le monde avec

des concepts autres, nouveaux, interdits.


Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.

Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation

De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,

Je sais pertinemment que rien ne restera.

Résonances IV

Quant au livre



1



Une soie dans l’élixir du temps

S’accompagne quelque peu

De frissons diaprés

Émis par mainte bouche

D’extase et de saveurs

Plaintifs en gémissements.

Et je te sais souffrir

En douces humeurs, nue

Et contente, acclamant

Par ce jeu un élan futur.

Noyé dans l’épaisse touffe

Je titille d’un bout de

Langue rosée, le diamant

De jouissance esclaffé.



2



Dans la nuit décadente

Tu, désirant extraire

Quelque fiole oubliée

D’un vertige Mallarméen

- T’y essayant encore

Par l’ivresse de l’essence

D’hier - prétends faire

Jaillir d’un naufrage

D’épave la chevelure

Déployée en baume rare

De fille blonde en poupe

De navire, et toi-même

Ballotté, chavirant

Dans le rêve existant.

3



Jamais, la solitude

À deux évidemment,

Cygne bleu et plumes d’or,

D’une gloire inconnue

Et s’admirant soi-même,

Jamais, drapeau déchiré

Linge doré consacrant

Sa gloriole pour autrui

Fugace inutilité de

Poète stupide, il reste

Toi, jubilation de chair

D’orgasmes, - je plaide

Le nom de génie, tu le crois

N’est-ce pas, douce Irène ?




4



Tonnèrement entendu

De la prière explosive

Éclatant là-haut en

Hurlements avec furie

Et violence, - enfin

Le silence sur l’écho

De paix pour produire,

Extraire et tirer, et je

Fais jaillir l’orgasme

Poétique d’un pur sanglot

Pour déchirer le ciel

D’une plainte jouissive

Espérant l’écriture.

5



Car il se tire ailleurs

N’ayant pas sur leur plaine

Cela me va hormis l’y taire

Et m’exprimer quelque peu

Refusant la structure d’obus

Issance, du trois fois rien

À tirer, mes élans me lancent

Vers l’écrivain à statufier.

Ni invasion, ni menace

Ni tranchée pour se battre

Mais en soi-même évidemment

Avec vierge à la braguette

Toi adorable Kate

Ma chair et mon tourment.




6



Mon médiocre essai

Ne saurait, s’il vous plaît,

Atteindre les hauteurs

De vos subtiles essences.

Même en ronds de fumée,

Transports de la pensée,

Ma vile décadence

Ne peut être humée.

Par la cendre envolée

Le piètre insignifiant

En sa littérature

Qui jamais ne rature

Ici-bas en exil

Demain volera-t-il ?

7



Explose en ramier de couleurs

L’élan inventif et tel

Qui n’ayant su peindre les cœurs,

Ne pu suffire au bas mortel

Dans l’éphémère aptitude telle

D’un blanc cendré et cygne pur

Se mêle le battement pastel

Lancé dans le piteux Azur

Mais jamais renié en soi

En gerbes de savoirs réelles

Il méprise la simple aquarelle,

Et sa gloire au faite du Moi

Unique, inconnue et vraie

Va au tombeau et disparaît.




8



L’âme enfin exilée

Si nous l’expirons

Fuit, écume envolée

Délétère et sans ronds.

J’atteste l’élévation

De la pensée égarée

Dans quelque future Sion

D’espace clair épuré.

Et bondir hors le vil

Spectacle bas de la chair

Frottant le corps en terre à terre

Par la semence du viril,

Vers le retour des génies aïeux

Y discourir en termes heureux.

9



Naïvement a dû

S’imprègnent de quelque saveur

La raison ivre perdue

Fixer le pur savant rêveur

Comblé de doutes, à l’ar-

Tifice décadent mais tremblant

Cherchant, apeuré et hagard,

Rose livide effleurant

J’ai un sanglot qui, oui

Expire, sur mon sein, le mien

Flux d’extase évanoui

Inutile, peut-être, refrain

D’hier sans avant-garde

Oublié comme un jeu, par mégarde.




10



Subtil rêveur, et je prolonge

Sur quelque humeur ancienne

Nocturne évadée par mensonge

La piètre harmonie musicienne,

Nenni ! Chaque battement qui frisonne

Pour l’écriture souveraine

Frappe son air d’un coup que sonne

L’heure de la pendule d’Irène.

S’y essayant en échotier

Si cette rime te semble à l’aise

Comme un rameur en canotier

Dans ta rumeur et sans rature

Que ta pensée douce s’apaise

Sur le roulis de ta lecture.

11



Par la réelle médiocrité

De n’obtenir qu’insignifiance

Et honte d’écrivain,

De faiblesse sue, mais quoi ?

Quelle allure autre, décisive ?

Cette pensée soulève de

Vastes écumes en tourbillons de bile !

Mais lui, ivre d’exploits

De sciences adulées, il

Espère une saveur supérieure.

Il foudroie le passé, pense

Son devenir, et se sait nul

D’effets. La foi spirituelle,

Sera-ce le possible de demain ?




12



Quelle soit pure aux baumes

Du futur ! Que l’exil sur Chimère

Entame un avenir certain ! Qu’il

Puisse contempler en miroir une image

Autre qu’un triste reflet malade !

Méditant en soi-même sur cette

Certitude, j’ai, ta chair

Splendide pour nourrir mon baiser.

Je ne puis enivrer mes yeux contents

Trop conscient encore de la place

Exactitude de mes écrits stupides !

Mais comment ? Comment ajouter ?

Obtenir plus, avec qualité ex-

Quise d’amant, de poète,

De troubadour internaute ? Comment ?

13



La conscience se meurt

Dans la certitude du jeu

Intellectuel de l’écriture,

... C’est blasphème de honte,

C’est coffret de lettres

Agencées maladroite-

Ment pour un résultat de

Faiblesse ridicule !

Et rêve tristement de

Quelque espoir égaré

Dans un futur scientifique

Interdit, inaccessible

De beauté pure, d’idéales,

De formules parfaites...




14



Au seul désir d’y essayer

Quelques vers égarés par erreur

Sur la pureté plane et blanche

Tu vois, je noircis bêtement

Insistant, prétendant

Obtenir ce luxe incompris

D’associations douteuses

De choix, de combinaisons,

De sonorités aigres, ou harmonieuses

Je sais exploiter le précieux

Gisement, le tiers, si,

Grâce à toi, cher Stéphane

De pierreries couleur diaphane

Point ne suis diamant.

15



La gloire de n’être pas,

- Nul espoir de poète !

Dodeline la tête

Disant : “ Hélas ! Hélas !

Je ne suis pas. ”

Sur le temps immortel

Le battement d’aile de

La Renommée fuit le maudit

Tel - de la pensée, sur,

Il n’est point de laurier.

Au plus triste, encore

Nul avenir vrai

Et enfin disparaître

Dans le caveau plombé.



16


Dionysos



Nuls convives pour

Jouir ou élargir la joie

Avec Dionysos, et sexe,

Et vin, et femmes, et Moi

D’orgies, de coupes hautes

De lèvres couronnant le sage

Et le poète de louanges,

Pipeaux et tambourins

Servantes bondissantes et nues,

De chair offertes avec rires

Et plaisirs, - oui couronné

Partageant avec frères la gloire

De la haute lyre poétique, ainsi

Admiré dans leur sublime rang...

17



Est-ce orgueil, recherche

De gloire pour que l’immortelle

Pensée s’élève constamment

Au crépuscule des Dieux ?

Ou richesse morte, oubliée

Disparue dans le couloir de

La mort, dans le sépulcre

Du néant, isolé sous quelque

Marbre froid, qu’est-ce ?

Douleurs d’hier inutiles peut-être

Pour être et n’être pas !

Qui console l’inconnu, le banni

Isolé de tous à la sève

Chantante, abandonné encore ?




18



Rien pas même un salut

En guise de certitude

Qui signifie : Vrai, je suis

Parmi vous, frères d’écumes !

Ne pas désigner maint

Vainqueur, les “ divers autrement ”

Que le bloqué ne peut comprendre

S’admettant soi-même uniquement ;

Voici toute une troupe de clairs

Poètes levant la coupe, la leur

Si, certifiant : oui, nous avec gloire !

... D’un comité dérisoire,

Imbu et ridicule

Que nulle divinité ne rétribue.

Cascade



Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême

Comme foule excessive de lanières dorées,

Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre

Imite en sa chaleur ce généreux foyer.

Car pour te figurer, il sortirait des flammes,

Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.

Cette sainte parure qui nimbe toute femme

Enivre le poète quand il plonge ses yeux.

Ta souple nudité semble soupirer d’aise,

Alanguie et riante contemplant le foyer

Et l’exploit de beauté que cette chair apaise

S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps

Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire

Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.




L’âme indolente



Et mon âme indolente s’épuise vers ton front

Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;

Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée

Par un combat subtil de milliers de baisers,

Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique

Apaisée et heureuse respirant l’évasion

Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -

Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,

Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,

Des silhouettes fines en guise d’un adieu.

Invite-moi alors pour le profond naufrage

Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,

Emporte-moi là-bas au-delà des orages

Dans le luxe éternel des étés triomphants.

Splendide et solitaire



Splendide et solitaire, je l’imagine tel

Apte à se sublimer lui génie en démence

Accédant au fatal triomphe de maint poète

Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.

Car il sait se suffire de sa superbe estime

Prétendant en soi-même connaître un incompris.

Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau

Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.

Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.

Le rite est de produire par l’immense puissance

Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.

Conscient de la Force qui anime l’espace

De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,

Il veut le supplier et toujours le chérir.




La fugitive fille



Constamment, à tes heures, et sans nulle fatigue,

En exploitant encore la vétusté d’hier

La fugitive fille apparaît, disparaît

Dans l’invisible glace repolie par Stéphane

De mousseline nulle, mais nudité exquise

Et voltige et voltige en cercles et tourbillons

Pour l’antique pensée datant du dix-neuvième

Quand la course réelle se fait sur écran plat

À moins qu’un vrai mélange de cygnes et de beautés

Dans l’azur toujours clair de quelque tentative

Toutefois organise et conçoit le poëme

Avec solennité cherchant la vaine tierce

J’achève ce sonnet sans vol supérieur

Ayant irradié quelque peu mon esprit.

L’Ombre menaçante



Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi

Et veut me faire périr dans la honte funèbre

Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil

Poétique et stupide, moi roi de la misère.

Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.

Je démens tout orgueil et ne crois aux ténèbres.

Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres

N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.

Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne

Obscurcissent toujours, ma noire réalité,

Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,

Et je meurs oublié dans mon éternité

Cet espace inconnu où triomphe l’oubli

Est un masque macabre que nul génie n’envie.




Les mains très claires



Avec des mains très claires élevées vers les sphères

Il m’arrive de croire non sans quelque ironie

En une certitude de saint évanoui ;

De moi-même élevé, dans l’azur idéal,

Éloigné à jamais de tout vice, de tout mal

Refusant le Néant dont le démon s’honore,

Recueillant des pensées et des actes parfaits

De créatures fines comme idéalisées

Béates et célestes et de lumière blonde...

Mais proche d’accéder à ces temps éternels

Moi défunt dans l’oubli de cette basse terre

J’agonise peut-être selon un vain décor

Et m’en irai vacant possédé par le feu

Retrouver la femelle saignante et belle et bleue.

L’ombre d’une beauté



Est-ce ou verrai-je ici l’ombre d’une beauté ?

À mes yeux tant cernés de fatigue, encore las

L’esprit noie son désir dans la forme inconnue.

Éloigne l’irréelle plongeant son clair torrent

De chevelure éparse que la lumière floue

Agite en ma faveur trompée par le mensonge...

Car mon corps solitaire fabrique délétère

Par l’image confuse la chair à ses côtés.

Un lointain nonchaloir attire l’irréelle

De masses vaporeuses vers ma réalité

Vaine, hélas ! De blondeur et de touffe superbes.

Et ma fatale fièvre se résigne et soupire

À toujours espérer l’insaisissable essence

De flammes et de feu qu’attise le désir.




Le don du poème



Je t’apporte un poème à la pensée saignante,

À la plume dorée sur une aile immortelle

Parfumé de nectars, et d’arômes brûlé.

Moi, je gis oublié contre ce triste hiver

Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !

Ce front désabusé qui m’offre son ennui.

Si la mémoire frémit et se veut vagabonde

Activant l’Autrefois dans cette solitude,

Elle acclame en son sein la sombre catacombe

De poèmes défunts disparus à jamais.

M’y essayant encore, tu vois, fille à mes pieds

Ce que cette naissance m’a permis de produire.

Je lui préfère encore cette stérilité

Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.

Supplique



Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur

Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;

Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace

Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;

Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères

D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,

Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;

N’a pas su le génie, ô sinistre désastre

Transmettre son crédit de présent, d’avenir

Et subit le Blasphème de la Malédiction,

Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,

Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;

Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète

Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?




Les consciences sourdes



Inconnu, immortel et sublime en soi-même

Éclairant de ses mains un sinistre flambeau,

Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème

N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?

Nul élu pour la fête ! L’enferme tout entier

Épuré, à l’écart, Moi le Dieu magnifique.

Car il devra chanter seulement au profond

De l’Assemblée secrète.


La triste opacité

De vos consciences sourdes incapables d’éveil,

Si j’allume un matin un fier soleil d’azur,

Ignorerait encore le triomphe réel !

Avec magnificence, prends l’orbe de satin

Et ce royal drapé dont Sagesse dispose

Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.

Une voix ancienne



Une voix ancienne sur un ton symbolique

Acclamant nuitamment des vestiges d’hiver

Réchauffe quelque peu les plis de la mémoire

Comme des draps rangés au fond d’une commode.

Ho ! Cet appel lointain venu des profondeurs,

Cet étrange cantique de versets implorant

Des litanies funèbres dans l’agonie du coeur.

Elle chante, oui, chante, cette magique femme

Disparue et vivante, et ombre tourmentée

Désespérée, hantée, par ses voiles défaite

Élevant des éclats de sinistres douleurs.

Suppliera-t-elle encore sa voix languissante ?

Jettera-t-elle un cri ivre d’or et d’écume

Dans l’infini du ciel désespérément sombre ?




Ivre de blondeur



Qu’elle soit ivre de blondeur

D’éclairs bleus, d’équilibre parfait

Qu’elle tourbillonne nue

Hors de son miroir, et voltige

Ou s’enroule dans sa robe

Pailletée d’or et de diamants ;

Que s’exaltent les parfums clairs

D’aromates chauds et lourds de

Femme qui emporte dans la nuit

L’âme chère du poète fantasque,

Amant éternel à la recherche

De l’idéal de perfection

Pour s’endormir dans la jouissance

Du spasme ou expirer content.

Le blasphème



La solitude s’abolit

Par l’existence du Suprême

Qui octroie comme un pur

Diadème l’onction d’un maudit,

Et ce sinistre noir conflit

D’un génie luttant en Enfer

Contre ses fantômes supplie

Au Saint un plus plaisant mystère.

Au mur opaque, viens-t’y mirer

Encore je saurai l’admirer

Cet autre Dieu comme toi-même.

Selon moi, éloigne la Mort

Et chasse le sinistre sort

Tel un pitoyable blasphème.




L’Immortalité



Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême

D’accéder plus encore à l’Idéal posthume

Prétendant au-delà de l’éclat diamanté

Jouir de son génie incompris de la masse.

Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête

Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique

Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.

Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir

Pénalise et maudit le poète terrestre

Dont l’unique souci dans son rêve illusoire

Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?

Comme après le combat, un immortel repos

Capturant ses images lui le superbe héros

Paresseux et sublime sur le lit agonise.

La nymphe en rut



Je ne veux plus jamais extirper de ton corps

Les cris agonisants, les déchirures d’extase,

Ni faire gémir ta chair dans un sublime effort

Dans le feu absolu des ors et des topazes.

Je demande à ta couche débordant de soupirs

Le bienheureux sommeil du héros triomphant.

Ta dépouille enfiévrée qui constamment conspire,

Nourrie de vrais baisers, supplie en gémissant.

Le désir absolu non jamais n’agonise

Ô nymphe, nymphe en rut sur qui souffle l’Été

Comme un combat d’amants emporté vers Venise.

Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,

S’érecte tel un sceau rougissant et dressé

Et implore et implore le feu qui s’éternise.




5



Tu me reprends la place

Par ta malédiction,

Et le petit Damné

Ne dit point de bêtises...

L’Affreux vers de terre avorté

S’éprend de ce noir commentaire

Et finira pour l’éternité

Dans le Néant ou dans l’éther.

Le papier blanc que je caresse

Crie à l’immortalité

Quand la Mort tortionnaire

S’acharne, attaque et agresse

Pour la douleur incendiaire

D’un génie à crucifier.

6



Le Maître admiratif est descendu pour voir,

De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements

De l’apprenti poète gavé sur maint savoir

De chair trop délétère et de baume enivrant.

De mystère, nenni. L’avenir se décide

Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.

L’on conçoit aisément que l’écrivain avide

Reproduit le connu qui toujours s’élabore.

Agitez-vous encore, ô spectres immortels !

De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant

À moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel

Sacrifie son génie au diable sous-jacent

Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire

Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.



7


Le Tombeau de l’Immortel



Malgré son noir silence, le poète endeuillé

Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,

Et veut glorifier le pur génie célèbre

Que la masse d’humains avait trop oublié.

Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe

Amicalement a grandi dans sa croissance,

Que la sublime estime tutrice de sa naissance

Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?

N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence

De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.

L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,

Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.

Dans cette certitude enfin il réussit

Et offre à tout venant la clé de son mystère.

8



Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint

Et je songe parfois à quelque hostie vivante

Élevée et soumise telle une humble servante

À l’orbe rayonnant dont l’Eglise te ceint.

Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude

De pouvoir t’observer dans l’espace temporel

Réservé à un Dieu, havre surnaturel,

Langage murmuré de la béatitude.

Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur

Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.

Je délire et délire suppliant le Sauveur.

Constamment possédé par l’âme maléfique

N’en est-il pas assez de se savoir maudire,

Subissant en sa chair d’abominables piques ?



Au lecteur


9


Le sac



Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,

Ô sinistre lecteur qui jamais ne voulut

Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !

Extrais la pure substance qui nourrit le génie

L’éveille et le grandit sur le sein poétique.

De nard et de lait gras, encore le fortifie !

Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers

Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine

Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.

Ne va pas lacérer au couteau le satin

Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.

Voilà pour l’affamé reliefs et festins,

Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles...

Et voit en ce trésor emballage de toiles.

10


L’antre de l’horreur



C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer

Ces partisans de gloire, ces héros de la rime

Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.

La gloire de n’être pas au profond de la terre

Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère

Et toujours refusés, éternels incompris,

Ils agonisent là détestés et maudits.

Se peut-il que Là-Haut quelque tison d’espoir

Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?

Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété

L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?

Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur

Où croupit la crapule accouplée à maint faune

Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.




11



Et la tristesse encore sanglotait dans mon coeur

Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur

Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,

Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.

Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse

Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe

Irréelle et légère, les pieds baignés de roses

La chevelure libre parfumée de tristesse.

Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?

Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre

Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.

Ma claire divinité, au plus pur de douceur,

Sur le frisson de l’aile, extase tourmentée

Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.

12


Écrits sans



Rien à espérer de, écrits sans

À n’élever aucune coupe

Se noyer dans sa propre insolence

De rejets, d’exclusions - soi

Avec fragments, divers -

Sections, analyses - Sexe -

Fonds du ciel - violences -

Je m’engage à extraire - Pourquoi ?

La Nef ! La Nef ! La solitude...

Voile - étoile - au-delà

Et prince - de quoi ? De peu

La pureté pour le poète.

L’oubli - l’envie - la mort

S’achever - oui, mourir peut-être.



13


Le désir


Explose femme claire dans l’élan du fantasme,

À l’assaut - éclats éphémères, éblouis

Toute chair tendre à l’extrême

Bouche bavante d’écume, d’extase

Y ont bu cent amants de fantasmes,

De folie et d’ivresse dans la chimère

De la jouissance à toujours renouveler

Agonise, agonise et consent

Au plus profond du plaisir funèbre

Trois fois dans les trouées célèbres

Je veux y dormir soupirante

Repue de grasse coulée blanche

Enivrée de liqueur

Parfum d’amante épanouie, heureuse.

14


Qu’elle soit



Qu’elle soit ivre aux solstices du printemps

Avec éphémère et belle nudité d’orgasmes

Sans chimère, d’extases vraies

La chair longue, le torse bombé, quelle soit

Bouche renversée avec salive de bonheur

D’extase libre, aimant, suçant, léchant

Pour la morsure de son prince nourricier

Qu’elle soit explosante d’ivresse, de

Diamant étouffé dans des cris de passions,

Recevant, suppliant l’audace interdite

Gémissant un nouveau départ, constamment

Assoiffée, pénétrée, comblée

De soupirs, de langueurs, de dormirs

Pour l’éternel retour du plaisir



15


L’univers-loupe



Non, pas la plus infime particule

De savoir, de compréhension

Dans cet univers-loupe

Crie la tentation du poète

Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance

Désireux de posséder la logique vraie

Avec axiomes, théorèmes et lois

Quelle folie, cet imaginaire sans

Vérités apparentes, où la confusion côtoie

L’indécis, où l’esthétique du beau

Est une constance de tangage !

Fastueux choix dans les créations d’autrui

Avec rejets, avec je, avec regrets

Pour l’épanouissement cérébral du Moi

16


Plus, mieux



Constamment recherchant, désirant

Ce plus, ce mieux, cet autrement

Et inapte à l’atteindre... cet

Effort de l’esprit - pourquoi ? Pourquoi ?

Une voix intérieure lance, lance :

Encore, plus fort, toi - là-bas,

Il y a ” - mais la pensée est-elle

Suivie de son écho ? ... Éclater, là-haut.

C’est cela - maigre soupir

Et la raison comprend

Que nul en vérité ne pourra atteindre

L’élixir de grâce, de spirituel,

D’idéal rationnel, scientifique

Que l’inapte poète ne saurait offrir.



17



En gain de solitude

Pour le résultat, pour le plus

Seul, éternellement libre, en soi

Haï d’autrui - qu’importe

Il faut extraire, comprendre, savoir

Se préparer, produire

L’homo economico poeticus

Plonge au pur couchant de l’ignorance

Tel l’oiseau-poignard assassiné

Par sa souffrance et son délire

Dans l’onde suprême et impétueuse

Pour la jouissance de l’orgasme

Pour la nudité d’Éléonore

Pour l’amour de la spéculation encore

2



Qui était coupable ? Le poète ?

Le barbare fiévreux ?

pour la quintessence et la paix spirituelle...

Les langues se croisent, s’évadent,

se salivent l’humeur

Les convives du banquet connaissaient le coupable

Combats d’intelligence à mouche touchée

et voilà pour une égratignure !

Par charge pour l’Absent, d’avoir tort -

cent fronts contre Un !

Anneaux, bourreaux de ma lente vie,

d’analogie sans l’extase

en perspective d’un Christ en lévitation

m’attendant



3



lambris et cendres

Faisceaux qui tournoient

chacun à la traîne de l’autre

citrons et roses - amertumes de vie

de poésie,

et frousse et ombres - et monde du travail,

l’angoisse - la vraie !

la femme - à la tienne

les enfants - peu - un - difficile - enfant !

Mariages qui font se détester les couples

se joignent à la mairie

se détestent au lit

s’enfuient sur le dédale de la mort

lambris et cendres

7



Le mot chargé de non-sens

prête sa substance délétère

l’azur tire vers ce que je puis

s’exalte - m’obéit

j’t’y flanque un cygne tourbillonnant

dans des orgasmes d’éthers

Qui qu’en veut ?

Moi ? Vais-je tolérer ce

mélange audacieux, l’impossible association ?

tendre vers le décalage du sens pour

accéder à un nuancier - une palette de variables ?

pour l’infructueux produit inutilisable,

illisible

Alors, que faire ?




P.A.I.



Penchée suçante

ta Phèdre bandante cheveux liés

brune - et les yeux suppliant Hippolyte

Hippolyte, laisse-moi te sucer la b... ?

Lui, cherchant à fuir

condamnant l’artifice, le désir.

Puis Andromaque femme perfide et rusée

glissant quelque poison rendant stérile

Hermione amante et femme de Pyrrhus

assez vicieuse à en... en fait

et toi pureté d’Iphigénie

pleurante, quémandante - sublime sacrifice

sur l’autel tu t’offres silencieuse

Toi, peut-être dans mon idéal impossible

B



Visage dis-tu encore apparence et mensonges de rire de rien

toi dans ta plaie ouverte

tu atteins ton vide sanglant

tu t’exerces tu décentres la vérité

Devant toi accroché à la torture

le gibet de la damnation

de Ta damnation

Tu baves des poèmes par la bouche remplie d’acide

Est-ce Christ ? Est-ce renégat ?

Tes yeux te poursuivent dans l’aléatoire

la stèle du temps se déplace constamment

Disparaissent les oiseaux hagards, cibles et poignards

Tu sais qui t’accompagne - c’est ta douleur éternelle

orageuse, haineuse, - oui, ta douleur



f


Dans ton espace - dis-tu

espace et imaginaire

ou créer des nords libres de toute contingence,

est-ce possible ?

L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé...

Faut-il la délivrer de la raison ?

lui offrir de l’audace

du libre accès ?

Toi toujours dans la fuite, dans l’envol

avec volonté de construire une base

déplacer la sécurité

l’exigence

la solidarité

ainsi redéfinir la rigueur

5



Dehors, pour le dedans

Tu empiles de la mémoire

En strates infinies

Faiblesses, néant, inutilités

Nuages, bulles ou

Segments, droites, axiomes

Par la mathématique imaginaire

Exaltation du Moi

Toujours en égocratie

Pour rien peut-être

La fixité et l’attention

Pour la perception interne


Le sourire de l’ange

Pourtant tu n’es jamais satisfait




*



Nul ne sait qui je suis.

J’habite une bulle métaphysique

J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,

Je palpe du silence.

Je broie de la Lumière, je l’accouple

avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,

se développe, s’impose.

Qui prétend accéder à mes limites ?

Je dénonce les distances, je les déplace,

je pousse les bornes.

Suis-je seul, de Moi à Moi,

Quelle avancée ? Jusqu’où ?

Décalez-vous sur mes limites ! Ajoutez,

allez plus loin !













1



La semence

L’intérieur

La durée avec de l’énergie mentale

dans l’actif - le cerveau

produire - penser - produire - essayer

ce langage.

Construire avec la confusion d’images

dans l’ombre de soi

réalités trompeuses, mensongères

en vérité - matériel de poète.

Vue et envoyée sur le papier

entrecroisements de voyelles et de consonnes

sensations magiques - esprit magnétique

il s’autorise - il risque - il prend

2



Battements énergie en soi

situation de combinaisons à caramboler

Dans les synapses - la poussée

pousser du langage

pour le dehors

Nulle patience pourtant - le coup à espérer

à prendre

le coup

Hiéro - le sacre de soi-même

la certitude de la valeur

Les siècles des autres poètes - des littéraires

Mon langage expiatoire - qui ? Quoi ?

Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -

Tu assassines des mots - pourquoi ?




*



Plonge au plus profond de mes yeux d’or

Mon éternité te cherche encore

Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin

Tu es mon amour, ma croix tendre,

Je prophétise dans mon désert

Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.

Déchirée, distante, ailleurs,

S’enfuit l’Inspiration

Viens Beauté sans chair, sur la nuée,

D’extases - viens-t’en t’épanouir d’orgasmes

Clairs et licencieux de plaisirs

Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,

L’homme cherchant la femme parfaite

Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.

*



Nourrissez-vous de gloire ! Je n’en ai nul besoin.

Je ne m’agite pas. J’aime l’indifférence.

Ceci est vérité. Comblez-vous de triomphes !

Je cherche la formule élaborée et pure

Contenant les essences des plus profonds mystères.

Assistez-moi pourtant, prêtez-moi vos ouvrages,

J’ai besoin de substances et d’auras poétiques.

Une pensée astrale s’évade dans les airs

Absurde et insensée difficile à saisir,

Impression délétère tel un oiseau qui fuit.

L’essai est transpiré. Que faut-il espérer ?

Une critique acerbe toute nourrie d’aigreurs ?

Serai-je dans l’excès ? Je travaille avec vous.

Sans vos purs exercices, qu’aurais-je su écrire ?




*



Ceci : battements, je tremble

sans colère au pied de mon soleil

embrasant l’incendie

j’agonise en moi

Puis près des ailes, filant, filant et profondeur

Pensée qui me vient

j’offre aux feuilles - quoi ?

le regard - le miroir -

Les soupirs agonisent, se meurent

je ne puis dériver le sens

Possibilité affligeante du mot !

Tu vois - je fuis encore, je tremble,

du moins je m’y essaie

Je persiste et veux combler mon mystère.

Pensées arrachées



Vie poétique. Pensées arrachées au quotidien

Inutile. Sentiments froissés. Subsiste encore

Une possibilité d’extase, d’évasion, d’écrit

Cela se conçoit dans le front, puis il balbutie

De sinistres paroles. Il souffle de l’air chargé

De syntaxes. Homme cherchant, poussant, éreinté

Pour un idéal utopique et impossible. Feuilles noircies.

Il déplace l’angle d’appréciation, l’analyse

Le plus souvent, est détestable. Lui fragile, écumant,

Prétendant encore, fixant d’autres certitudes.

Sont-elles siennes ? Il voit autrement. Cette hypothé-

Tique mémoire, illusoire, d’avenir. C’est bien cela :

Un chimérique clown fabriquant ses images

Stupides, et l’Histoire se rira bien de sa mémoire !




Flux de pensées



Dans ces rues, des flux de pensées circulent.

Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.

Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se...

Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant

L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !

Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace

Essayant de rendre cohérents des semblants

Délétères d’entités.


Écrit autrement : sur la page

Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et

Figures. Tes flammèches d’idées. Plans

D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.

La plume se mêle à la nuit noire. La main

Prétend conserver la matière. La boue coule

Sur le papier. Que la lie soit féconde !

Bulles de mots



L’air. Bulles de mots nourris d’oxygène. Avec

Le souffle poussé chargé de sonorités et de langage.

Accumulation, masse pesante d’axiomes. Pensées

Qui se conçoivent en songes. La bouche dicte du vrai.

Où est ta pureté ? Signes noirs sur feuilles blanches.

Dans la grotte de l’alphabet avec coups, usures

Et combinaisons connues et sur-connues.

Le promontoire de la grammaire rigide et vraie

Où flottent nonchalants des oiseaux libres qui

Refusent l’interdit et vont hagards s’accoupler.

Encore associer les sonnantes, les éclatantes,

Les graves - que les oiseaux dans ce paradis ou

Cet enfer de corbeaux et de chauves-souris

S’associent, s’accouplent, exultent en rimes de rumeur.


Résonances V



C’est une série



C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix

Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir

Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,

Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.


Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;

L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs

Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.

L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;


Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.

Mon double s’épongeant, tremblant, cachant

Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre


Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?

Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.

L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.




Le parcours de la conscience



De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme

Intuition, peut-être - pas encore - substance,

Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G

De Spearman sans doute. À la recherche de

L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,


De la fusion - du risque, de l’audace - outils

D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux

Accéder aux plus belles productions de la raison.

Encore avec intelligence, et langage - y faisant


Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.

À moins que je puisse espérer l’intuition pure -

Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la

Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et j’irai

Puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.

Encore des solutions



Encore des solutions à des problèmes enfantins,

Risibles- à pouffer - rien dans la pénétration.

L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,

Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,

Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.


La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0

Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,

Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?


Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera

Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.

Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.


Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance

Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?


La ligne mélodique future est encore à trouver.




Je fixe le phosphore



Je fixe le phosphore - l’oeil du coq veille.

Parfois dans mon désert, des fantômes d’idées

Apparaissent. C’est espoir à satisfaire. L’alphabet

- Abêtissez la substance des mots, la lettre c...

L’oeil cligne pour le caché, l’intérieur. Le Poète

Solitaire crache l’encre sur le papier. La cervelle

Broie de la pensée brute, la malaxe, l’extirpe,

La répand comme une substance dégueulasse

De vomis, de sueurs, d’excréments, de pleurs,

- La broie. Extases, jouissances, chiottes,

- Va-t’en, tu pues. Alors je déclenche l’acte

De purification, prête sacrificateur, à l’esprit élevé,

Au savoir parfait - j’exulte des stances claires

Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.

Subsiste encore une recherche possible



Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle

Qui casse le silence - des bruits indistincts

Travaillant, travaillant au plus lointain -

Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,


Le peu, - les fibres émotives. - Subsiste encore

Une recherche possible, impossible, déçue.

Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets

D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-


Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.

Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.

Impétueux fantasme de puissance ubuesque !


Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans

Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé

Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible ?




Le chemin de l’âme



L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience

D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité

Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -

La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.


La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?

Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,

Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !


La modification proposée pour le Christ, le dessein,

La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.

Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?


La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-

Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,

De perceptions, les rapports, les constructions etc...

Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?

La mémoire de l’histoire



L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la

Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?

Mes mutations, mes essences progressives de vérité,

Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...


Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma

Volonté d’histoire, elle-même liée à une

Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais

Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai


Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,

Un monde historial. Je conçois l’histoire

Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me


Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux

États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :

J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.




L’homme et son double



L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,

Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,

Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités

De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait

Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans

Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,

D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation

Étrange, détestable, de dominant-dominé, de

Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,

Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand

L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,

J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,

La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle

D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.

L’errance



L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà

De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -

Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -

L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :


La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.

Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.

Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.


J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence

Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,

Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait

Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.


Destin avec Destins. Alors “ la liberté-le sacrifice ”

Ou “ le malheur-la réflexion ? ” Pour quelle détresse ?

Quel homme ? Que prétendra le Futur ? Quelle issue ?




La pauvreté



La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,

De blocage - de privation, avec certitude

De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La

Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,


Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique

Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,

Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?

Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,

De l’homme, de l’athé ? Jusqu’où iront les hommes ?


L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;

À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi

De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?


La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec

Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,

Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?

L’homo Lozachus



Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme

Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,

La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires

Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,


Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -

Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.

Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.


Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,

Se préparant, se construisant - mystique-actif -

Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -

Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.


Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -

Se formant pour accéder au grand principe de compréhension

Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?





L’être subissant



Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.

Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,

Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche

Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre


Accéder à un état purifié pour changer mes relations

Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.

Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,

La logique, le sensible, le saut etc... les outils -


Rationalité, expérience, futur - le matériel, et

D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation

Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.


Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.

Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.

Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?

Le temps et la mort



La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?

Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,

Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.


La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?

Le temps peut-être qui condamne mon projet.

L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.

L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.

Il devance son objectif.


La rupture - le changement

D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?

Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.


L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,

Mais quelle conscience pour l’élu ?


Qui dans son espace

D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.

Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.

Reste l’absence



Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.

Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.

Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.

Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.


Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,

La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.

Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?

Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas


En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,

Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?

Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation


Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.

Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-

Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.




L’homo spacialus



Une planète qui se rétrécie. Le travail uni-

Versel. The Global Village, la mondialisation.

La sacro-sainte évolution technologique, le partage,

Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays


En voie de développement, les nations riches, l’ONU.

C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -

Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.


Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.

Le Big brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,

C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.


C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,

De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.

C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.

Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !

Eléonore



Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur,

Et l’écho de ma voix qui implore le progrès

Qui se plaint, qui gémit, qui espère, fanfaronne.

Le bord de l’océan est ce lit qui implore


J’ai oublié, très clair - le reflet de ton ombre

Et soudain l’insensé hurlant : “ Éléonore ! ”


La cendre de tes cheveux est éparpillée

Les bribes de ta bouche s’efforcent de parler

Tu te transformes encore en volutes élevées

Tu disparais, réapparais dans non Néant sexuel


Ta voilà mollement et la lune est si triste

Orgie poussière et lit, j’accumule du vide

La semence s’envole sur ta chair délétère

Ma mémoire vacille mais elle te cherche encore




La nouvelle syntaxe



- Ha ! Vous jargonnez, s’agissant de syntaxes,

De nouvelles structures offertes à vos écrits !

Comment osez-vous déplacer les langues grecque et latine ?

Quelle audace, quelle audace ! Il y a résistance


Du sens avec ces nouveaux concepts... il me faut

Inventer des substantifs. - Quel risque Heideggerien !

Et les audaces beaufrétiennes de traductions. Cette

Précocité archaïsante en est presque cocasse ou coquette.


- Détestable tautologie ou analogie trop facile.

Non, Messieurs, exploitez la bonne logique d’Aristote,

Avancez à coup sûr avec Descartes pour comprendre.


L’être n’est pas un sens abstrait concrétisé par la suite.

Le mot “ est ” a un sens bien précis. On ne saurait

Le ramener à un simple concept. C’est pourtant évident.


(Dialogue entre un latiniste zélé et un écrivain)

La stratégie



La stratégie - le but - l’objectif - le désir.

Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.

C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce

Les deux ? Il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.


Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la

Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,

À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette

Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.


Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.

Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter

Hors de nous-mêmes.


La finitude est dans l’être toutefois.

Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,

Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.

Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.




Le dépouillement



Le dépouillement - la destruction des valeurs,

Le renoncement à la chair - l’abolition financière,

La remise en cause de l’acquis. À poil ou

Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,


Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.

J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la

Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la

Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.


Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.

Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer

L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance


Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat

De soi - autre logique - autre certitude, autre

Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?

Le calcul



Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,

La méthode de l’arriviste. La constance de

Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.

Rationalité et paranormal. Science et au-delà.


Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,

De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.

Est-ce audace, risque ?


Une vérité unique,

Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle

Volonté de rechercher avec l’objectivité.

Le doute. - la fiabilité de ses sons. - les résultats.


Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?

L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.

Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort

Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?




Les conditions du possible



Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite

Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;

Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;


L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant

Vrai participant à l’élaboration du projet, second

Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.


Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace

Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-

Teindre ce que je désire ? la condition du possible

Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;


L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?

Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?

Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C

D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?

La détresse



La détresse. La conscience du faible, du peu,

De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.

Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,

Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.


Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi

Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,

D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,

Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la


Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.

Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe

Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,


Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.

C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,

Quelque chose de pur et de surnaturel...




Le schéma intérieur



L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.

La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.

La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -

Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.


Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,

Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !

L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?

La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.


Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero

Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?

Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer


Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.

Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?

Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.

C’est ça : imagine !



Suppose, conçois, suppute, c’est ça : imagine ! -

Toujours face au miroir blanc. Tu prétends proposer

Une heure nouvelle, d’inconnu et de liberté.


Tu parles, écris en anonyme comme autrui. Peut-il

S’identifier à toi ? Les influences, l’accroissement de

Signes, de mots, de lettres. Les dessins que font

Tes mots. Encore la création. Sont-ce tou-


Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire

Monologue avec l’indifférence des hommes, cela

Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.


L’Absent, l’inconnu, le Raté, toi dans ton brassage

De spectres, subissant la violence, espérant toutefois

Accéder à un produit littéraire meilleur, - supérieur.




Comprendre/hostilité



Faire croire que l’on voit, offrir de l’image.

L’objet visé se situe à l’intérieur. Il faut le refabriquer.

L’oeil, le cerveau, les corrections et la qualité de l’image.


L’étoile n’est pas à sa place a prétendu Einstein.

Et vous, voyez-vous comme moi ? Voyez-vous l’Albatros

De Baudelaire, le Bateau ivre de Rimbaud, percevez-vous

Le Cimetière de Valéry ? Et le Vierge, le vivace de

Mallarmé ? Où situez-vous votre aptitude à imaginer ?


Cette chanson est la mienne, c’est mon histoire d’amour.

Je ressens comme vous. Vous l’avez écrite pour moi .”

J’ai le sens de votre esthétique. Nous partageons

La même beauté. ” “ Moi, je suis hostile à votre École,


Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.

Allez voir ailleurs. ” “ J’irai et vous n’y serez pas. ”

La dette de l’apprentissage



La dette de l’apprentissage ; trop de savoir, pas

Assez d’oubli ; apprendre à désapprendre ; le poème

Par du poétique, c’est-à-dire par de la pensée poétisée ;

La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.

Pour côtoyer l’essence de la poésie, être-temps-langage etc...


La parole-mensonge, l’inauthentique, surprenante, solitaire ;

Le morphisme du poème, sa structure interne, son unité ;

Chez moi, concept-limite, pensée mystique, fatale ;

Un individu crée de la vie, il l’offre ; effort de

Théorie, - avec syntaxe de langage ; chez certains :


Conscience de quelque chose... source d’intuition... Il y a ...

Essaie de la pensée... nuit claire, vibration émotive.

Matin élevé, sphère idéale épurée, la pensée,

Lavée, débarrassée de ses scories. Purification. ”




Topologies



Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,

Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer

Sur son propre chemin. Croisements, lieux et

Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,


De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.

Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.

Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,

Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.


De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.

Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,

Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder


À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,

Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,

Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.

Les vêpres de la pensée



Sorte de religiosité interne. “ Les Vêpres de

La pensée ” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence

Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.


Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.

Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui

Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.


Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.

Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.

Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les

Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore


De Moi au Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent

De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?

Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?




Le temps



Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,

Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;

Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t1, tn ;

Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.


La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;

L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller

Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...

J’habite un présent ; perception unique du temps.


Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence

Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;

Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles

De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.


Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.

L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.

Les moyens/l’action



Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-

Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,

Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en

Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.


L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.

Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.

Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice

De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants


Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude

Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle

Gloire ? Je vous le demande ! ... Demande !


Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si

Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec

Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.




La stratégie pensante



La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.

La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.

La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas

À la manière de Nietzsche, débouchant sur un


National-social - SS et Shoa, mais Soi

Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient

La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence

Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître


Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être

Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,

- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.


S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !

Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !

Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.

Poème/lecteur



Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport

Au langage, le moment dit évocateur. Le

Panorama d’images, l’avalanche, la composition,

L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,


La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.

Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-

Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.


Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.

Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,

L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour

L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.


Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?

L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,

Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.




La clé



La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.

Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée

De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant

Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.


Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?

Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?

La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-

Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,


Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la

Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.

Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les


Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?

Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?

Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.

Circuit artistique



L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.

De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;

Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;

Le Moi associé à Autrui, pour aller... Vers le sens de l’Histoire !


(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !

Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce

L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)

Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre

À l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !


Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,

Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?

La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,

Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?



La transcendance du médiocre



La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.

La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.

La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.

Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.


Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,

Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.

Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.

La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,

La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?


Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.

L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.

Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position

Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?

Le Destin



La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition

Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage

De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais

Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !


La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-

Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent

Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours

De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils


Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,

Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,

Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-


Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi

Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,

Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?




La part du mystique



La part du mystique, les éléments sacrés, le destin

Religieux, la Quête du Sacré. La provenance

De l’être et sa finalité. L’acte de purification.


Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante

Insignifiance de l’être. La conscience, les limites

De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les

Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.


Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec

Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai

Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,

Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.


L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit

Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur

Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.

Le métier



Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,

L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément

Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,

L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;


Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-

Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des

Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.


À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage

Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel

Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-


Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;

L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;

L’auto-affirmation, la certitude unitaire.

La vérité ?




Différents temps



L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.

L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La

Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe

En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.


Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons

Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.


Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est

Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-

Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-

Primer par le langage. ” Les mots sont l’extérieur de l’âme.


Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace

La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans

Un autre espace-présent.


Le fantôme d’écrivain

Obsédé par la conscience du temps et qui prie...

Le saut



Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.

C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la

Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce

Délimitation objective ? Je suis . Je dois aller là-bas.


Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?

Audace ? Impossible ? Trop loin - Les limites réelles ?

Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan

De l’être.


La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-

Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter

Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre

Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.

Du moins, une de ses composantes.


S'il y a échec ? L’intelligence

S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.

Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.


La vocation de la pensée



La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le

Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré

D’énergie. La valeur de la Relation épurée.

Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.


De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise

À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,

De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la

Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.


L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.

Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède

Une pseudo liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,


Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique

Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-

Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?




Le challenge



Rendre possible ce qui n’est pas. Éloigner les limites

De ses actions et de sa pensée. Aller outre. Le

Pouvoir. Accomplir ce qui n’a pu être supposé. Aller

Au-delà de la finitude même. Créer. Un champ


D’élans, d’actions. Accéder au-delà. Imaginer et

Rendre pensable ce qui jamais ne s’est présenté à soi.

C’est une possibilité abstraite, - une aspiration de l’être.


Sans l’Autre, rien n’est possible. Le frère,

Le père, l’instructeur, - moi et le Monde. Et les hommes.

Moi seul je suis un subsistant.


Puis la dépossession,

L’aptitude à rejeter, à se vider, c’est un schéma

Mystique. De l’homme à Dieu. De l’âme au spirituel.

L’être détient-il suffisamment de cohérence et de

Puissance pour accéder à une vérité avec assises nouvelles ?

Le futur



L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,

La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-

Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-

Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je


Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !

Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?

Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le

Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?


L’élan, le passé, le présent, le futur donnent

Naissance à l’action que le Destin saisit

Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le


Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-

Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.

Homme-esclave soumis à la dimension suprême.




La pauvreté



La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.

Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne

Pas posséder. Faible langage, faible propriété,

Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la


Volonté de croissance. Le possible et son maximum.

L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et

Se mettre en position pour apprendre, comprendre et

Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,


Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité

Divine,- à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tout seuls !

Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.


La potentialité, la substance, les échanges affectifs.

La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation

Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.

La raison du questionnement



Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?

À demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a

Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en

À pas suffisamment pour y répondre. ” Implorer,


Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la

Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.

Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et

Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !


L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin

Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans

Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.


La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le

Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.

L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?




Du singe à l’ange



Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.

Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.

La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la

Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;


Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.

Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?

Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,

De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !


La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions

Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend

La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà


Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.

Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?

Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !


Le questionnement de l’Etre



La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.

La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,

Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.

- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.


La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée

Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à

L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.


Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.

L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend

Ou cherche à comprendre.


En attente du savoir ”, “ Je

Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard. ” Savoir,

Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire

Pour rendre possible l’action de compréhension.

Des vérités


I


La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.

Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.

Une vérité économique est une vérité locale avec du

Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.


Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la

Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité

Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec

Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,

De nature biologique, par exemple.


Elle

Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai

Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,

Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “ être ”


Le non-vrai

Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est

Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel

Mis à la disposition, par analyse du moment.

II



La validité de la vérité, exploitable, utilisable

Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans

Son fondement. Possède son contraire, - le faux.

La mathématique offre l’indécidable.


La contradiction

Dans l’analyse et le raisonnement annule la

Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un

Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir

Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de

La vérité.


Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver

Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le

Plus précis, - remettre en cause son évidence.


La vérité

Religieuse... scientifique... psychologique, l’évolution

Du savoir, le déplacement de la vérité, le “ Autrement ”

Le jugement, le “ ne sais pas ”, le “ j’agis ” toutefois.




III



La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose

Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé

Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.

Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des

Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?

D’après la définition que l’on donne aux choses.


Autre remarque.

La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.

Si l’on change la vérité, cela devient du faux.


La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise

Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance

Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions

Avec la pure essence. La pseudo vérité offre une solution

Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a

De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.

IV



Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité

Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant

Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du

Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;


L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité

Humaine; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;

Les voies de Dieu sont impénétrables ”. Il faudra penser,

Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.

Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,

Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;


La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux

En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du

Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.

Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.




V



Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé

Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.

Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure

D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur

Les définitions données au sens et aux termes employés.


Le verbe, son action rendant possible la convertibilité

De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,

Le donne, le cela équivaut à. Rend possible

La conformité. Le jugement transmet son résultat.

C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en

Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.


Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut

S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?

Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?

Vérité et liberté



La planification de la recherche hors de toute liberté.

Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir

Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?

La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,

Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité

En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois

Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant

L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.

Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.

Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de

L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.

Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,

Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le

Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.




Le blocage



Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,

Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais

Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.

La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?


Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de

Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,

Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure

La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire

De l’étant.


Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,

Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -

Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.


Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être

Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,

Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !

Subsistance



La conscience de son incapacité à aller outre. Les

Déterminations de ses propres limites observables reçues,

Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.

Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela ”.


Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “ Mal né ”,

N’est pas au bon endroit ”, les obligations - engendrent

De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même

L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,


Indécisions, dissimilations. La curiosité

N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà

Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.


Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture

Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce

Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?




L’errance



L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.

L’homme médium coule son fluide sur les objets

De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,

Tente de les saisir. Il va par sa substance

Unificatrice associer des idées, des comportements, des

Objets indépendants les uns des autres, fusionner,

Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,

Sélectionner et d’autres verbes encore !


Mais l’errance

Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,

Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?


Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,

Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec

Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,

Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?

I - Nature de la substance



La nature de la substance que l’on possède, l’être.

Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux

Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...

Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance

De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.


L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,

Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo

ÂME = ÊTRE.


Il faut repenser la substance de l’Être,

Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat

Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus

Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.


Si l’Être

N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition

De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité

Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.

II - L’étant conduit à l’Etre



L’étant conduit à l’Être. Il représente

Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?

Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif

Serait une accumulation de vérités basiques de survie,

D’instincts, de subsistance et de développements de la raison

Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.


L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou

Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.

(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La

Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.

Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.


Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations

Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles

Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?




III - Activités de l’Etre



Existence et Être en dehors des capacités de notre

Entendement des vérités inconnues mais vraies, de

Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut

L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?


De la perception ultra. Parviendra-t-il à une

Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est

L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui

Permettrait l’accession aux vérités échappées.


C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet

À l’Être, utilité économique, philosophique ou

Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,


Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés

Pour le rendre existant. La définition de son caractère

Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?

I - La mort



L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?

Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder

Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,

L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...


Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.

Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-

Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou

N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude


Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement

L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles

Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur


Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.

Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?

Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?


II



La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.

La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,

La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?


La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une

Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je

Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?


La mort :

Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la-mort

Est la médiation indispensable pour passer de la

Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions

Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi

En tant que projet.


Ouverture de soi vers ailleurs,

En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?

Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?

Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?




I - L’A-près



La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.

L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou

Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.

Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?

Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,

Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?

Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,

Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?

La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on

Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !

Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car

Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “ Moi ”

Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil

De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.


II - En soi



Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,

Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,

Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.

Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,

De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures

De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.

Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de

Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont

Les capacités associées au choix. L’Etre-dans-son-monde.


Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique

D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant

La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,

Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.

Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?




La question même



La transcendance philosophique : à la recherche de la

Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans

L’édification de la connaissance. Moult disciplines :

Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,

Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,

Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.


Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.

Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains

Totalement.


Quelle est la question même ? C’est la recherche

De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments

Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...

Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.

L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,

Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?

La route



I


Sur le seuil de sa porte, l’enfance et l’adolescence,

La raison cartésienne, le bon sens. Puis les premiers pas

Dans la honte, dans l’audace, dans l’exclusion, - cette

Soif d’écriture, - ce moyen, l’outil poétique. Il avance

Avec le temps, son ennemi, et regarde s’éloigner les amis

D’autrefois d’une Bretagne qui s’efface, s’efface...

Adieu la Nostalgie. Au travail, et sois ! : Tirer,

Extirper, produire avec Rimbaud, Baudelaire,

Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore ! Vouloir

Trouver, comprendre et appliquer, - les idées, les formes,

La stylistique, l’accumulation de combinaisons, les choix !

C’est ça : une montagne de situations, d’erreurs, d’entreprises,

Pour se voir autrement, ne jamais accéder à son but.

Salutations et révérences pour finir à tout jamais oublié.




II



Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,

La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et

Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences

Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,

Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !

N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?


Les premiers

Choix. Les génies, le 17e, le 19e, attentif, pénétrant,

Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.


Le temps :

Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,

Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui

Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.

Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,

Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire

Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade...

III



Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme

Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,

Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement

Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester

À demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas

Uniquement un problème de langage mais d’outillage

Cérébral.


Le troubadour de l’artifice, l’employé

Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement

S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto

Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa

Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais

L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.


Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,

Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...




Procédé mental



Suppose et décide. Perçois autrement. Avance

Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche

Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.


À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit

S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en

Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers

L’inconnu. La consistance de ton Être ?


Penser c’est

Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.

Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?

Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?


L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique

Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-

Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?

Approches du temps



L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.

Définissable par une qualité, le lieu. être et

Je suis ” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite

D’instants ou de positions apparaissent ou

Disparaissent des suites à construire ou élaborées de

Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il

Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de

Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en

Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.

Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie

Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il

Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?

C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions

Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “ temps ”




I - Le destin de l’Essence



Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,

S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension

Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil

De la conscience qui s’apparente au doute. “ Si

Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé ”,

Dit le Fils. “ Y a-t-il quelque chose ? ” Si oui,

Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,

Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.


Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation

Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.

Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir

Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires

De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles

Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?

II - Acte de foi



Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La

Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.

Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode

D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?

A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?

La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai

Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?


Quel était l’essentiel ?

Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre

En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il

Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?


Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui

Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien

La disgrâce auprès du Meilleur.


The Key solution était :

La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.




La recherche philosophique



Compréhension du monde, de la conscience et du

Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité

De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?

Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie

Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle

Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.

Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.

Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un

Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le. Trouve-le.


L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme

Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;

Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.

Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.

Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?

La pensée :



Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,

N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre

Pensée. Alvéole avec une autre alvéole. Nécessité

De groupement, d’association. N’a nulle fondation.


Éveil et disponibilité dans une direction incertaine

Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller

Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de

L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,

Autrui dedans, autrui dehors.


Elles s’organisent pour

Former une configuration. Leurs charges indiquent les

Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,

Etc...


Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,

Avec machines, puis société, civilisations, - évolution

Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.


Le vrai philosophique



Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,

Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans

Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,

De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou

Axiome, ou indécidable.


La philosophie comme

Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,

D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD

Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.


C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.

Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel

Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?


Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il

Lui donner des règles, des carcans ?


Le vrai serait

Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !




L’audace spéculative



L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître

Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-

Met l’embrouillis, le marquant, le saut, le risque.

Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit

D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !

Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa

Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis

Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller

Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.

S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.

Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.


C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une

Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret

Et du réel pour un dessein de futur accompli.

Une sorte d’intuition



Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,

Avec points de suspension. Semble sortir. Perception

Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.

Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà

Audace et prétention que de parler de la sorte. Je

Dirai, à peine perceptible, peut disparaître à tout

Instant.


Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-

T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de

Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?


L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté

De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,

De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de

Défaire du noué.


Étude biochimique du cerveau ? L’intuition

S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.

Le retrait de la présence



Le retrait de la présence. Conscience de la

Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse

Du degré d’utilité, détermination de la valeur.

Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.


C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non

Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.

Pourquoi ?


La représentation extérieure est ordinaire,

Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.


La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins

Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière

Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.


Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine

Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.

Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.




L’un et l’un



Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.

La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.

Introspection psychologique, désir absolu de comprendre

Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,

Avec son langage, son espace, ses structures.


Comment

Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut

Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,

L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là

Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.


Le langage permet d’articuler les combinaisons,

Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.


Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.


À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps

Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?

Insister, c’est espérance pour l’esprit



Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,

Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc

Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?

Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le

Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment

Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?


Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé

Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours

De la dissimulation de la nature.


J’ai besoin d’insister,

De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour

L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est

De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert

Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté

D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !

Résonances VI


Acte supérieur



Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.

Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?

Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.

A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’École etc…


Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image

Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?


Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on

Vous dira ce que l’on en pense …


Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,

Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,

Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?


Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant

Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,

Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !


Ha ! L’ingratitude

Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !

























La nouvelle inspiratrice



Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-

Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette

Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique

Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.


Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,

En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,


Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,

Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !

Ou noire, pourquoi pas ?


Etre-autre-chose de fort, de grand,

De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.


Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et

De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le

Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs

Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !





Conscience et analyse



C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-

Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que

Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !

Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,

Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.


Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,

Prétendant encore posséder du génie !


Que faire ? Que faire ?

Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer

Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler

À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur

Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la

NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement

D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,

Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !




Le laboratoire de papier


Un poème est un laboratoire pour le langage, une

Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,

Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire

Avancer le génie de la langue.


Parfois bijou ciselé,

Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation

De l’image mentale.

C’est également un outil d’extraction

De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger

Du matériel nouveau par l’apport extérieur.


De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne

Pour élaborer le produit différent.


Recherche d’une

Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer

Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.


Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,

Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?




























L’impossible ailleurs



Etre sans attachement pour apprendre à s’élever,

À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable

D’esprit errant.


L’ombre dans le futur exil pour

L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.

Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?


Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe

Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale

À la vitesse du rêve.


J’offre encore cette poésie

Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.

Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.


Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,

Égérie immortelle, etc…


Qui sait le lieu, le lieu ?

Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci

De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?

L’inutile



C’était un inutile - une sorte de poète.

Disons un poète - qui reconstitue à sa

Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,


Une faible Essence de pensée, sans rigueur,

Qui travaillait avec de simples signes

Cherchant à se comprendre, à se méprendre.


Images stupides de perpétuelle médiocrité !

Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …

Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-

Clusion d’autrui - le moins-que-rien,


En vérité. Conscient que nul trésor

N’abondait en son âme, certain de l’échec

De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,

Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.




Les structures métalliques



Des yeux scrutant à l’intérieur,

Repensant de nouveaux espaces,

Le vide, le désert, la construction,

La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.


L’Eternel Néant - la volonté d’échafauder,

Structures métalliques invisibles à perte de vue.


Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,

Je regardais ma face sur ces structures

Qui renvoyaient son image - je glissai

Le long des structures.

Éternellement je recommençais,

Les structures réapparaissaient.


Je repensais le tout avec déformations scientifiques

Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.

Le damné



Très loin - pour la pitié - avec plainte

Echo perturbateur.


Le ciel, je le priais,

- Sa profusion, son omniprésence, mais rien

Et c’était ma Mort.


Oui, éloigné de ma chair

Marbre, cadavre, femmes vues, enterrements,

puis un nouvel automne,

l’annonce d’un désespoir.


Les bornes infinies et la terre palpitante,

et respirant ma fin


l’annonce du chaos pour toujours

Justifiant l’horreur du damné

du condamné à l’éternel rejet.




Le rejet infini



Tu chancelles et chancelles cerveau

Le pourpre du matin cavale

c’est la débauche après la nuit


Sur eux également se déverse la chaux d’hier

La paroi magnétique est froide comme un serpent

Qu’importe ce soleil d’hiver,

Tu saurais en jouir de cette neige claire !


Sur le seuil point d’oiseau

la race des rapaces approche


Détesté des humains, condamné par les Dieux,

persécuté par les morts

à jamais, à jamais !

Dépose ta pierre, dépose encore

Pour qu’elle estime ? dans le rejet infini

La plongée et la crainte



Entendus seul de moi à moi

des mots inutiles pour couvrir une ombre


La pensée comme un écho lointain

se baigne dans l’inutile


Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer

trouver autre chose

Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?


Sous la braise - les mots - le soleil - la braise

Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement


L’ouverture pour le front

Surplomber son immense paroi cérébrale,

craindre de s’y jeter,

de se faire foudroyer par l’éclair


La plongée et la crainte




Activer la mémoire



Activer la mémoire

reconnecter autrement

dériver, trier, jeter, prendre

et supposer ……. supposer


Vivre avec des idées, des métaphores,

des bulles, des reflets, des pourquoi-pas

De l’ocre, de l’argent, du cuivre,

mêlons, fusionnons, recommençons

La rumeur dans la pensée poétique

Le miroir perturbateur

Que vais-je faire réellement avec

ce matériel de mots, d’idées, de verbes ?

Où, jusqu’où puis-je aller ?

Connaîtrai-je mes limites ?

L’Etre/L’étant



L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant

Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de

L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire

De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter

Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant

Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-

Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint

La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-

L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc

Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,

Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,

Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.


L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,

L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.




La perception insignifiante



Le besoin d’extraire pour fuir mon néant

Une envolée d’extase une esquisse fébrile

Un faible filament


et cette perception insignifiante

saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?


Je m’essaie en toi,

je risque, j’expérimente si le terme est juste

j’attends l’instant satisfaisant

j’associe liberté et force

pour l’exaltation du poème


Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs

Nulle élégance, nul rythme, mais une violence

qui m’obsède pour une verticale

impossible à atteindre - ta verticale !

La belle évaporée



Assoupie, endormie, rêvant encore

un peu de soie divine sur un sofa d’extase

fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,

mais s’étirant encore


sous une lumière lymphatique et pâle

sublime énigme de confusion et de nonchalance

qui semble régner impérialement

Elle conçoit dans son rêve des images claires

qu’elle traverse nue


Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va

cueillir des caresses nonchalantes

tremblantes et fuyantes


Je secoue cette masse belle de femme qui tombe

en poussière de songe devant mes yeux ahuris




Femme phosphorescente



Avec l’utilité du Néant

enjambant le cercle clair

elle avance obstinée et sage

pour construire dans le silence


Femme phosphorescente pensante et sexuelle

refusant la faiblesse

suscitant tant d’espoirs

dans la lumière naissante de l’écriture

brillant, éclairant çà et là

quelque ténébreuse recherche

soufflant sur des mots mystérieux et irréels,

dans l’arôme de sa bouche


Je désire son visage transcendé

et me colle à ses lèvres pour extraire le suc

de son savoir et l’exprimer ici

Le diadème d’or



L’image est un résidu insignifiant

le son disparaît dans l’inutile

la raison revient à l’éphémère

le monde poétique se perd dans l’oubli


Nulle possibilité incessante ne pourra les convaincre

Persister, insister toutefois mais la médiocrité demeure

Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même

J’avance péniblement - rien ne s’inscrit

réellement pour développer ton aptitude


Ta figure se fissure, les ans te changent

Et pour quel avenir ? Je te le demande !

Tu cherches avec patience et veux construire

La nuit sera-t-elle explosive, sinistre, détestable,

haïssable ? Y verras-tu briller le diadème d’or ?





Le songe qui pense



Ho ! L’ombre engourdie, sous-jacente, occulte

par la pensée appesantie se tait croulante !


J’offre l’immense brèche vers la mer aérienne,

le poème pousse son souffle dans l’orage créateur.


Là-bas vers d’autres ténèbres ou d’autres références

parmi les mots et la signification des contenus, là-bas.


Nul instant de repos, mais une aptitude à l’éclosion

à la recherche, à la compréhension - à la volonté

de s’émouvoir.


Cette main qui réfléchit est un songe qui pense

dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,

dans le déplacement continuel des nuages inventeurs

qui désirent seulement redéfinir les choses, les arranger

les dériver, ou les combiner autrement.

La fille impossible



Je n’ai jamais pu croire même en pleine lumière

Tous ces nocturnes effets n’étaient que chimère

Qui aspiraient le vent de la splendide nuit


Le temps sur le temps accumulait de vaines choses

Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités

J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale


Je créais des obstacles que je chevauchais

Allégrement, la pulsion d’écrire jamais

Ne s’achevait … et j’espérais encore

Cette sorte d’idéale inaccessible peut-être


De beauté poétique bleue ou transparente, superbe

Toutefois - j’allais ivre de foulées légères

Dans la béatitude pour la fille parfaite

Cherchant, cherchant encore sans jamais la trouver.




Semences exaltées



Encore ces semences exaltées pour des espoirs stériles

Alors la plongée dans ses propres torpeurs avec la

Volonté dérisoire peut-être de mieux … enfin …


Et toujours non ! Toujours rien ou peu.

Mais comment ? Comment autrement ?


Des chants, des rêves impétueux qui circulent

Magistralement dans les méandres de l’âme,


Un calme qui se forme, respire et expulse,

Les dernières substances poétiques pures,


Et là, des mains inventives construisent avec du

Délétère des structures cristallines,

Invisibles, inutiles, mais construisent toutefois


Que j’efface que je trace dans un idéal d’espace

Feuille de papier imprégnée de soupçons.

Le grain et le regain



Épître



Je t’offre cette lettre car ton regard éteint

Entame pour nos corps de confuses paroles.

La vaste nonchalance où repose ton sein

N’est plus qu’un jeu douteux quand l’orgasme s’envole.


Et je t’accorde encore les tendresses voulues,

Ces drôleries obscures et ces gestes passés.

Dans cette chevelure exquise qui n’est plus

J’oublie les jouissances anciennes et aimées.


Par cette vérité, je reconnais la bête

Qui dispose d’un corps et non point d’une tête.

Ces désirs sensuels ne sauraient éveiller


Les noires turbulences que ton bas-ventre appelle.

Mais j’ordonne à ton coeur toujours désespéré

L’aventure promise du poète si frêle.




























La Grande Armée



Enveloppé de pluie, de contrées, de ressacs

Avec des voix de pierres l’acclamant patiemment

Il retourne affamé, ahuri, sans bivouac.

On dirait un Empire au désastre fuyant...


Il va, il va hagard, la victoire console,

Et ses longs bras coigneux indiquent le chemin.

Les uns désespérés, d’autres suivent et se frôlent.

Qui parle de douleur pour l’Empereur Divin ?


Et plus tard festoyant, buvant dans des tavernes

Un grognard balbutie ce qui brûle ses lèvres

Car il faut du courage pour qu’elles se referment !

C’est détruire une gerbe de couleurs embrassées,

C’est trahir l’harmonie reconnue quoique faible

Et c’est le coeur sanglant de millions de tués !


28 septembre 1978

5 octobre 1997



L’esclave



Qu’est-ce qu’un corps, mon âme ?

Un lieu où la nourriture s’est décomposée ?

Un réservoir étonnant d’amalgames

Ou la somnolence des baisers ?


Bientôt des chairs putrides, peut-être.

Des vers rongeurs travailleront notre angoisse !

Des enveloppes sans queue ni tête

Perpétueront la race !


Ô l’esprit de mes chères pensées !

Cette carapace répugnante

M’empêche de marcher !


Ô l’esclave de mes péchés

Et des envies pressantes,

Que vous m’êtes détestés !







La promptitude



En de chastes études

Tel un loup égaré

La belle promptitude

Semble s’être dressée.


Elle se rit des saccages

Et des langueurs passives.

Elle ausculte dans sa rage

Tant de fureurs promises !

Comme une douceur

Ou un fruit de jouissance

L’expressive est en pleurs.


Dans mes longs bras démis

Aimée pour sa démence

Toujours je l’ai suivie !




La soubrette



Tripotant ses formes molles

La soubrette en pantys du soir

Se frotte et se colle

Au creux de l’entonnoir


Elle caresse ses seins

Dans la voyeuse de glace

Et va et se soutient

De côté et de face


L’index dans l’anus

Elle voit entre ses fesses

La verge dont le prépuce


Bandant à l’extrême

S’étire et se dresse

Et d’un coup … la transperce


3 août 78

Leçon



Nous nous sentîmes chétifs et lâches

Quand l’aquarelle dispensait ses rayons !

D’un fort soupir que l’ouragan lâche

Nous fûmes vous et moi, tremblants et poltrons !


C’était en ces jours heureux où (1) le poudroiement

Dardait pauvrement, la licence de l’homme,

Où la quintessence des écrits alléchants

S’envolait dans l’ondée tortueuse, en somme.


Mais qu’importe ! puisque le Savoir diffusé

Et la parabole encore vraie, enivrante

Entre vos mains divines furent tant aimés !


J’assure que mon regard presque éteint

- La faiblesse de mon doute est apaisante ! -

- En acclamant mon Dieu ne m’y reprendra point.



(1) Barbarisme onctuosité, miroitent,

ondoiement

le poudroiement

Suites/Relances


Quelle folie en soi


Quelle folie en soi d’écriture vaine

À extraire constamment !

Ma bouche roule les mots absurdes

Qu’il me faut associer.


Boursouflée la panse, je deviens

Une immense poubelle où s’entassent

Les déchets de toute une vie.


Je m’emporte dans l’absurde bourbier,

Dans l’inutile où croupissent des tas

De poètes inconnus - jamais lus - jamais.


Et je reste comme eux rempli

D’images aberrantes, enfouies

Dans l’antre de l’oubli que

Seuls les frères acceptent de reconstruire.



I


J’observais au fond du Moi

Ce vocabulaire amorphe

Inapte à s’associer

Pour obtenir des coups heureux


Jamais je ne parviendrais

A l’optimiser

Cette matière douteuse

Détestable et stupide


La faute m’en incombe

D’autres, autrement

Avec leurs réels moyens


Sont parvenus à purifier,

Elever, simplifier, charmer

Et je pense à Jiménez.

II


Sa forme est simplifiée,

Il utilise des mots

Qui enchantent les simples


Mais il n’est pas aisé

Avec du trois fois rien

D’obtenir cet écrit :


Je regarde en tes yeux couler

L’eau de ton cœur,

Transparent ruisseau,

Dont le soleil illumine le fond.


Comme on y sera bien,

La passion de l’été s’y étant apaisée

Sous les fraîches eaux pures

De ton amour !



Le coursier


Coursier fier, galopant

Ta chevelure d’or clair

Et tu sonnes la fière bande

De ton allure, vainqueur


Agile, tu embrasses l’étendue

Ta forme et ta couleur

Prennent de la hauteur

Sur tes reins une femme est nue


Ho ! Les rêves construits par le

Désir, le soupir et l’espoir

Pour le pur exil des Dieux


Te nourrissant de myrrhe invisible

Tu galvanises le vertige beau

Par ton puissant rêve mystérieux

Le porte-parole ensanglanté



De tous côtés les flèches

Invisibles s’enfoncent dans la chair

Et le poète hurle le sang

Et son poison. L’air emporte


Le silence - la portée du cri,

La transmission de la souffrance,

Tout semble se cogner contre

Les voûtes invincibles du ciel.


Que d’abominables hurlements,

Porte-parole des frissons et des larmes

Du tas d’avachis d’humains !


Auront-ils quelque miséricorde

Tous ceux qui nous accordent

La vie comme supplice ?




Le moi dédoublé



Je compterai mes roses

Et je boirai mon sang ;

Le baume détestable

Emplira ma panse de


Poète trahi ; je brûlerai

Mon jardin d’enfance,

Je dilapiderai mes baisers

Et m’enfuirai dans une solitude


Désespérante. Quitter, aller,

S’envoler avec personne,

Oui ce moi dédoublé qui


Toujours me comprend,

Nous deux ensemble sans elle

Sans qui ? Ô luxe de l’ego !

Délices insoupçonnées



Délices insoupçonnées

Légères comme des songes d’enfance

Accompagnées d’envolées lyriques,

La chair s’envole pour son plaisir …


Harmonie musicienne

D’où s’exhale quelque fraîcheur,

La chair s’enivre d’un parfum.


Ô soleil d’écriture,

Veuille obtenir un effet

D’ombre mélodieuse !


Lyre antique, sois essence

Lumineuse vers les cimes

Cristallines et les airs sibyllins !




Immense feu intense



Immense feu intense

Qu’enflamme ma vue

Constamment, et m’interdis

D’y voir, jamais tu ne


T’évanouis ! Moi qui cherche

L’envol clair des caresses,

La perte des sens, la brise

Aérienne de la femme amoureuse,


Qui prétends à l’appel musicien,

Qui me flétris dans l’irréel,

Oui, l’âme se meurt doucement


Doucement, en couronnes d’orgasmes

Pour l’infini des choses

A capter nuitamment.

L’impossible



Un front comme un vaste ciel,

Projection pensée des parois nocturnes,

Plénitudes au plus profond du moi,

Royaume infini cherchant l’harmonie


Avec sens et battements d’ailes

Comme un peuple de cygnes blancs

Pour s’élever vers un idéal supérieur.


Atteindre le faîte de soi-même

Pour épouser la vérité immortelle

Dans le savoir parfait des Dieux !


Et voilà la folie qui tout à coup

S’empare de ma personne ! Voilà

L’insensé dans l’audace prétentieuse

Pleurant encore sur sa nature stupide …




Eloignée



Eloignée, en soi-même

Au moment de la toucher

A l’infini vers moi,

Pourtant tu disparais


Ma bouche cherche un songe

Afin d’y fixer l’oubli ;

Les ombres que tu vois

Chancellent librement dans mon âme.


Je t’offre l’incendie

Nourri de braises claires,

D’idéal purifié


Seuls ou encore à deux

Soleil et lune sexuels,

L’énergie harmonieuse.

Autres limbes



J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,

Où la confusion cotonneuse rend informe

Tous les objets de la veille. Je glissais

Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie

Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte

De transe imaginative offerte à la raison

Toutefois.


Des élans de pensées jaillissaient çà et là,

Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.

C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit

Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent

Par recomposition et mémoire activée des souvenirs

D’autrefois.


Puis j’entendis douloureusement la voix

Suave du Christ qui m’invitait à le suivre

Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.




Bilan



Voilà déjà cinq cents sonnets qui ont été écrits

Parfois de manière satisfaite, parfois avec

Une stylistique douteuse. De nombreux thèmes

Ont pu être abordés, l’amour, la chair, la religion,


Les contradictions de l’âme, les espoirs et les déceptions.

Mallarmé, Rimbaud, Baudelaire, Du Bellay,

Et plus récemment Deguy, Roubaud, Jiménez

Quelques autres encore - que j’ai oubliés, ont participé


Directement ou indirectement à cette vaste production.

Je les en remercie, sans eux ces textes eurent été

Plus faibles encore.


Je suis toujours en selle,

Et j’espère que les années à venir m’offriront la

Possibilité d’obtenir des produits supérieurs,

De qualité élevée, - on peut rêver, n’est-ce pas ?

. Restitution



Offre à ta certitude lassée

Quelque riche excédent d’autrefois

Fané peut-être, bouquet dans une cage étroite,

Possibilité volubile non reconnue.


Prudent poète, producteur de feuillets

Qui amasses encore ce qui semble désuet,

Tu exécutes ton œuvre maudite,

Inutile et hors normes. Excite-toi,


Agis ! Pour qu’une vieille tourterelle

Se frotte contre ta panse éclatante

De rimes, de métaphores ou d’allégories ;


Pour que le roucoulement cérébral propose

Quelques jouissances à l’âme, au cœur,

A l’esprit - c’est ça : récupère et écris.




La compréhension du mystère



C’est le souffle indistinct de la Mort haletante,

Ce sont des frissons de velours feutrés qui soupirent,

C’est le glissement hésitant de l’aveugle qui marche,

Des respirations douceâtres enveloppent ma chair.


Je sens des mouvements me ceindre d’air glacial,

J’écoute attentif pour comprendre ce mystère,

J’offre une oreille tendue, - je veux interpréter

Ces étonnants messages venus de l’au-delà.


Suis-je un intermédiaire ? Car je crois imiter

Cet étonnant mystère de médium dérouté,

Il faut pouvoir comprendre, savoir séparer


L’imaginaire pur d’un possible inconnu,

Se trouver dans le vrai avec la raison et les sens :

Objectivité et audace ? Oui, audace maîtrisée.

Incolore



Incolore, bleu pâle dans l’âme

Avec élans jaillissant clairs,

La voûte cérébrale s’illuminait parfois

Ce soir, c’est un Néant intérieur.


Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,

J’avance chancelant sur des houles imaginaires,

Je perçois le crissement d’un cristal parfait,

Choses étonnantes difficiles à saisir,

A rendre par l’image en si peu de temps.


Il n’est pas question de se souvenir,

Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,

La création étant trop pompeuse. Ainsi il

S’élève logiquement pour des strates indéfinies

Construisant encore contre cette voûte cérébrale.




Le diadème d’or



Repenser avec la mémoire dérivée,

Prétendre avec la conscience de l’instant,

Doubler ou tripler le sens des choses,

C’est encore malaxer autrement la matière.


J’entrevois la limite de la résistance, de la

Fatigue, de l’inaptitude à aller outre

Par une sorte d’impuissance cérébrale,

De blocage de don - limite d’homme.


Il faut pourtant constamment se projeter

Dans son espace intérieur et prétendre encore

À la possible plénitude de l’être,


Développer sa propre présence dans des

Méandres insoupçonnés, descendre encore

Au plus lointain, pour en extraire le diadème d’or.

L’architecture imaginaire



Les houles encore là-bas

roulis qui sans cesse ressassent

Pour recommencer encore

le mouvement éternel des flux


Et cet écho perturbateur perdu

dans le sel des choses

Comme un prolongement de la pensée

désire transmettre sa substance


C’est encore une sorte de tracé sonore

avec pureté de cristal et tempêtes

au rythme de l’amertume et de l’oubli


Dans le fracas incessant de la rime,

l’espace se déploie en lignes d’écriture

et semble construire une architecture imaginaire




I



Lumière, resplendis en moi !

Mes yeux sont une torche vivante.

Le foyer de la raison

Constamment veut s’éclairer.


Au-dedans, le bel intérieur

Construit avec des mots de saveur

Et de haine au nom de la poésie.


Derrière le mur, l’ombre.

La tentative, la volonté

D’ajouter, de mieux faire

Et cette clarté en trompe-l’œil :


Lutte qu’opposent lune et soleil,

Elévation et néant, éclat

Et noirceur, espoir et misère.

L’ami, le frère



Des têtes très éloignées

de ton idéal d’écriture,

qui pensent autrement


Une telle richesse

et de telles divergences !

On peut te détester ! …,


t’évincer pour des futilités

Et tu seras bien seul,

refuser par l’ensemble

Ignoré par l’élite


Tel un pauvre poète oublié

rasant ses tristes murs du canal

Et croisant peut-être la silhouette

chancelante d’un Verlaine aimé




Le public



Rejeter l’aptitude poétique

Comme médiocrité vomie

Par un pédéraste éphèbe


Passion fragile d’homosexualité cérébrale


Le stupide producteur d’images creuses


Ridicule inconnu qui persiste,

Prend des grands airs

S’imagine - un nain réel


Vous êtes à contretemps, à contre-usage,

Comment osez-vous appeler ça de l’art ?


Ne m’intéresse pas, tirez-vous, allez ailleurs.

Autre chose à faire avec mon temps

Et mon argent de réelles conneries, oui.

Finissez dans le Néant la vie, c’est autre chose.

Toute volonté



Toute volonté d’écrire,

Est un emploi dérivé d’autrui.

L’idée de la pensée

Se transforme indéfiniment.


En croisant les pensées,

Les fragments de pensées,

L’on parviendra peut-être

À produire de nouvelles idées.


Nous cherchons à ajouter,

À ajouter sur soi et sur autrui

Dans la certitude infinie

Que le peu sur le peu encore produit.


Est-ce progrès de civilisé

Que de vouloir s’élever ?




L’invasion de mots



Une invasion de mots

Comme des cavaliers blancs

Recouvrant l’espace

Inondant la voûte poétique :


La cervelle est encerclée

De syllabes, de chocs de mots

De paroles, de conflits de syntaxes.


Pour écraser le silence

Dans des batailles tumultueuses

Des hordes pénètrent en lui.


De cette violence aberrante

De résistance et de furies

Explose en gerbes multicolores

Le poème inconnu qui vient de naître.

Les mots



Les mots se sont accrochés

Puis se sont effacés de

Ma voix silencieuse.


La mémoire s’est nourrie de son

Sommeil, la pensée

Consumée dans l’inutile

S’éteint misérablement.


La médiocrité est illimitée

Dans le Néant des images.

Le temps aura trop fait

De vite m’engloutir.


L’éternité écrase l’insignifiant

Et le fait disparaître

Dans le trou noir du vide




Je m’éloigne



Je m’éloigne je m’enfuis

Autre race autrement

J’ai pour espoir le Néant


La palme, la victoire

L’arc-en-ciel désuet

Je l’offre aux littéraires


Les voix discordantes

M’appellent pour l’abîme

J’entends je me prépare


Les échecs, les pertes

La nuit éternelle enflammée

Et cette certitude d’inutilité


De spirales envoûtantes, enivrantes

Et de déchets immortels

I



Tant de poèmes écrits

Dans l’inutile de soi-même

Cherchant toujours une pos

Sibilité avec les mots offerts.


Nul caprice, Nulle folie

d’aventure, mais un système assez

Rigide d’obéissance et d’appartenance.


Une réelle méthode d’investi-

gation personnelle avec logique,

Raison, imitation, production.


N’ai-je fait que de perdre

Mon temps toujours à prétendre

Au songe illusoire, éclairant

Vainement l’obscur désir poétique ?




II



Fluide l’existence, si claire

Et cette ligne infinie sous

Prétexte d’écriture qui me fuit

Et va de toi à Moi. Telle est.


Ce prétexte de produire, pour atteindre.

Rien qui aille ! Et l’on poursuit.

Présence - miroir - papier blanc.


Scruter pour la pénétration interne

En vain, triste habitude morne

D’échéance inutile, soi !


Je m’égare dans la faiblesse

Poétique tâchant d’extraire encore

Des solutions dérisoires et crétines

Invoquant une présence sublime.

Construction architecturée



Construction architecturée sur un socle structuré

Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse

Je t’observe au parfait du Midi !


Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.

Ô monument d’éternité,

Quelle beauté de rigueur tu formes !


Elaborée par des siècles d’apprentissage,

Et d’imitation, ta façon

Semble régner dans la quiétude.


Hautaine et debout, crains gloire

De briques, fragile géant, crains

Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur

Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil

Et te réduise à un tas d’immondes poussières.




La quincaillerie insignifiante



Féconde panse aux enfants multiples

Te voilà débordante de cris et de joies !

Peux-tu te prévaloir de la nature

De tes rejetons ? Cette opulence généreuse

Est-elle sœur de la qualité et de la profondeur ?

Qu’en est-il du contenu de ta matrice ?


Te voilà, baignant et baignant encore

Dans les eaux de ton abondance.

Ô Maîtresse de tes propres crues

Sont-ce de précieuses cargaisons

Que tu transportes là ?


Offre donc tous tes trésors brillants et brillants

Qui provoquent le rire des flibustiers

N’y voyant que de la quincaillerie insignifiante !

Des espaces, des lieux



Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,

Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles

À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches

Ce qui les sépare - ce qui les convertit.


Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.

Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement

Des moments de l’activité humaine ?


L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant

Et relevant les images floues, s’octroyant

Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.

Le propriétaire de Soi.


Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,

Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,

Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?




La révélation mystique



La révélation mystique abolit-elle à l’utilité

De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé

Est-il entré dans une phase terminale humaine ?

Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son

Fondement, ses origines ou sa finalité.


Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?

Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque

Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?


Méditations sur le mouvement de l’esprit dans

La volonté du progrès, et recherches de puissance,

De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour

Savoir autrement, pour tendre vers une forme délé-

vation, - n’est pas une vérité commune

À tous les êtres ?

L’homo desertus

(l’homme du désert)


Waldlichtung, la clairière en forêt ; je

Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace

Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.

C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel

Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres

Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.


Les horizons du temps et la taille de l’espace,

Ces dimensions universelles y sont également représentées.


L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité

De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer

Du vrai en marchant. Degré de subjectivité

De la conscience ?


Pensée intuitive, pensée

Spéculative - réside déjà la possibilité

De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.

Nuancier de faux



La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;

Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à

Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.

Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,

À rejeter.


Peut-on offrir un degré dans les différents

Faux ” ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger

Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée

Vers la vérité.


Les différents calculs de, de plus

En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint

Jamais, toutefois.


Dans quelle mesure peut-on exclure

Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?


Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de

La Vérité par l’accès au Savoir.


Les limites de l’étant

Déterminent les limites de la vérité.

























Pièces courtes



Que sa puanteur, que son ombre



Que sa puanteur, que son ombre abondant

En flots clairs, dégagent une torpeur poreuse...


Oh ! Que princières en la dégradante cité

Et libres en leur devoir, elles découvrent

Un mince pistil de gloire ! ...


Que pour les joutes subies en la raison nouvelle,

Un parlement capture ses fruits mûrs et vermeils !


Car j'obtins sur la lie par-delà le drame furtif,

Les rutilements d'une horreur

Et des souffrances pour les râles.


Oh ! Combien monstrueuse dans sa vétusté

Cette orgie maléfique offrit de danses sublimes !

Belles femmes, qu'un seul sourire ranime

Aurons-nous de frêles et verdoyantes pensées ?




Neige d'écume



Les ondes avancées recouvrent

Le mouvement des vagues

Comme un lacet éternel à la poupe des vaisseaux.

Le bruit lointain promu contemple deux êtres

Qu'un naufrage ancien semblait enjamber.


L'instant chimérique sur l'aquarelle des mers

Peint l'immortel aveu puis l'écume pacifique

Resplendit dans les rais, les éclairs.


Vent, houle tapageuse, flot grinçant

L'ancre mouille le sable, les airs.

Sur les rochers miroitent les algues mortes,

Gémit la douleur exquise.


La grâce recommencée, les hurlements successifs,

S'éteignent dans la grandeur de la marée.





Éloignement



Folle aimée qui d'une jouissance

Offre des fruits langoureux,

Oserai-je te parler

Quand résonne ce cœur pluvieux ?


L'enchanteresse s'éloigne

Au plus profond du corps

Elle désire, elle décline

Dans ses cheveux soyeux

Sa délivrance la tord,

Le sommeil est cherché.


La jambe longue, la jambe fine posée sur le bord du lit

S'étale dans un rêve tout imprégné de fleurs.


La pâle, l'amoureuse encore,

Sur le drap bleu s'est endormie.



Baveuses tuileries



Les baveuses tuileries de boulets et d'ivrognes

Et là-bas accoudés sur la cambrure des pôles

Les désinvoltes gels de nos traces passées.


Et le feu des accords prostitués

Pareils aux salubres explosions

Des suffrages anciens.


Mais non ! Car rustique, vibrante c'est son écume

Jetée aux visages fatidiques de la cité.


Quoi ! L'évidence s'éternise (Je revois l'hiver)

Et meurt inlassablement sur les toits dévêtus ?


Oublions l'onde et les dieux et les vierges,

La sinistre envolée compromise par les spectres,

Et nage - être indigne, succombe à la nécessité !


Quatre sangsues, des mages - brisure d'un rêve

Je me souviens, mais femme, n'en parlons plus.







Même rêverie



Dans mon rêve épuré, je discerne ton nom.

Déjà je sais ton chant, ta voix et ta beauté,

Et le regard d'amour qui enroule tes bras.


J'entends frémir mon heure si grave si ténébreuse

Que l'instant et l'histoire encenseront encore.


Et j'embrasse l'enfant, fruit de nos voluptés,

Et je dors lentement à l'ombre de mon ombre.

Je me plais à vêtir les paroles qui fuient.


Patience et sagesse, dévouement et supplice,

Les années passeront comme un souffle inhumain.


Je contemple la vie et l'orgueil de ces transes,

La chaude montée au cœur qui est rose et bleue,

Car j'éprouve en moi-même le désir de survivre

Pour rester allongé presque mort en nous deux.



Immolée sur les plaies



Immolée sur les plaies sanguinaires des suicides,

Soulevée par la pure vengeance des Dieux marins

Dans sa candeur, violée aux furies de ses eaux

Même dans la bravoure, la vague rejette l'épave.


Mais affreuse et tremblante presque morte déjà ivre

Dans les excès de fièvre sous l'ardeur de l'été

Transparente parfois mais libre sur les mers

Ô Beauté vénérée derrière les larges terres

Mon âme désinvolte, accablée de remords

Quand sur toi le malheur, repose, que faut-il faire ?


Alors vers quels plaisirs dans l'univers fangeux

Faiblesse de conquêtes, ô sœur de l'infini

Détourner de ce joug, l'impossible grandeur ?

Règne, siècle, frayeur ! Âme promise, que faire ?










Ne veux-tu pas, mon âme



Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante

Comme un désir sans fin activer mon ardeur,

Respirer contre moi la sensation latente

Dont disposent la nuit les raretés du cœur ?


Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort,

La nuit enveloppée est noire et insipide ;

Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,

Tout le peuple agonise et la foule s'endort.


Je n'aime point courir sur les murs de la ville,

Aspect trop délabré des cités reconstruites.

Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !


Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs

Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés

Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.




Dialogue nocturne



Si je change ? Qui me fuit pour un sourire divin ?

On me frappe. Le subtil se confond sur les joues...

Suprême dédicace au parfum défendu, - l'Ange !


Habits de beauté et marches vieillissantes, Lui !

Pourquoi en son nom languir sur folies ? Ne sais.

Puis il répète : je ne suis que ce que tu es !

Et jamais l’immortel ne hantera mes nuits.


Étrange bête et maléfice, noble ennemi,

Tes paroles étonnent les plis de mon front. Tu ris ?

Tu sondes mon esprit pour le péché véniel...


Suppose l'innocence et descends en Moi. Quoi !

Les voix sont obscurcies pour ce regard sauvage ?

Si, tu changes. Qui te fuit pour un sourire divin ?











Bravoure d'une croyance



Bravoure d'une croyance, tu jettes tes falots !

Mais que puis-je inventer aux succès de l'histoire ?

Des ruines, précipices toujours offensés.

Entends le premier vol exploser au miroir !

Oui, soumis au reflet de son incertitude,

Il tire le holà de ses fraîcheurs antiques ! ...


Et les hordes fourbues ? Le pendant moribond ?

Des traces qui ondulent sur des transes d'hier...

Longtemps l'exil au point du jour fut résolu.

Les cohortes traînantes accueillent mon exil.


Encore de la nuance, - aigles, mages crispés,

Si le venin à la raison cherche à souffrir,

Deviendra-t-il le saint sous le vent engouffré

Qui tordra le suaire de son trône accablé ?





Les cors sonnent


Les cors sonnent

Au creux des accords

Car l'été bourdonne

Ses lointains sémaphores.

Aux prés explosés

Pour l'éternité

Des luxes affamés.


Tu persifles encore ?

Écoute l'assemblée

Cinglant ses huées ! ...


Bath ! Vraiment c'est terrible !

Le peuple est méchant

Avale les penchants

Et les criées torrides !












Vision divine



En guise de croyance, une Force à adorer.

L'Etre de Lumière qui ordonne.

Le flux de l'amour et le tourbillon lumineux

Immuables dans toute leur sérénité.

Vif et semble renaître à chaque instant,

L’Être s'éclaire de ses pensées.


Les ondes soufflées de vie à ma face.

Vent de joie inépuisable qui s'accélère.

Parfaite éternité, souveraineté divine.


Le raisonnement vif comme l'éclair :

Les images de mon enfance filent, sont lues.


Dieu : "Retourne d'où tu t'en viens."

Le passage dans le tunnel étroit. Retour.

L'immense faiblesse pour réintégrer son corps.




Ids ( Idées )



Toutes les peines reçues en plein front, toutes !

Et les cordes pour resserrer le cœur, les cordes !


Des vérités mêlées à de superbes mensonges :

Les voix grincent dans mon crâne.

Le spectacle du maudit peut commencer.


La solitude tourmente les pauvres âmes.

- Enfin, j'ai cru entendre distinctement.


L'envoûtement est spectaculaire,

Sache le désarroi, sale nègre !


La pensée se met en éveil,

Ils bondissent nus et s'agrippent aux hanches.

Des frissons éternels puis leurs rires sournois !


Ils avancent dans les rêves qu'ils revêtent !

Lavage de la cervelle et maléfices affreux.


Amours enivrées



Invite les solstices d'or submergés

Pour haïr les latrines puantes,

Et les clystères en feu odorant

Auront tôt fait les distingués !


Les fiords nacreux des alcooliques

Suspendent déjà les chimériques

Pensées des trônes renversants.


L'auréole des saints ainsi saillie

Et mise dans les rencards étroits

Butte contre les empires vomis.


Lorsque le lieu rêvé qu'ils déclarent

Jouit du solide emploi,

C'est la bouche aimée du soir

Qui rit et rote parfois !



Ombres qui blanchissent



Ombres qui blanchissent le deuil

De voilures obscures,

Et souffles transparents dans les

Noirceurs de la vie.


Les stridents crépitements d'un

Feu jamais éteint,

Et les chaleurs refroidies sous

Les claies de l'hiver.


Valeurs innées pour l'alchimique nature.

Vrai, des chocs sous des sommeils de pluies.


L'heure puis l'orage indéterminés :

Miroirs de paraboles lentement dressées.


Tu longes les murs et les charpentes de bois,

Plus loin l'apparition du fer et de l'acier.




Mue



Limon posé sur les cendres de mes pères,

Le cri de l'homme sous les masses de la terre.


Tu gardes l'enchantement pour l'écho.

Un grabat de pierres maudit

L'effigie de son Prince.


Je détruis la valeur et l'estime des bourreaux.

Poussif démantèlement, clairon de chocs

Contre les cathédrales dont les fondements

Nagent dans les bras de la cité.


Les violons crispent l'archet,

La crécelle mugit dans ses cérémonies

Et vante un liquide jaunâtre

Expulsé en saccades honteuses.


L'eau retourne au limon.



Chanson



Les masses d'épines affaiblissent mon corps

Car je suis mort

Le sang a moussé dans mes veines

Fi de ma peine

Un flot de déchets et de rejets

Pleut de la boue

Des larmes sur les joues

Des vents tournent dans le coeur

Inépuisable peur

La rose s'épanouit vers les cimes et les œillets

Embaument les feu follets

Les airs lyriques et les musiques les cors et les cymbales

Les tourbillons de mes violons

Et ma harpe, je m'échappe à reculons.


Exploit désuni



Exploit désuni, c'est septembre

Glacé et impotent, crieur et maniaque.

Les fautes portées puis écrasées

Sous les casques des chevaliers.

On transpose le mal dans les mansardes.


Tu pleures !


Oeuvre, libations, crédule le rêveur,

Et demain pour ta rengaine, l'enjeu !

Ignobles détracteurs des vieilleries moqueuses !

J'ordonne le pardon. Qui parle de guerres ?


L'ombre décline par-delà les commentaires ailés.

Justifie les charniers de la bêtise humaine,

Et de la grave trahison, réinvente le talisman.

La course est perdue !


Musique



Spectacle, car violons et arpèges

Grinçaient de nobles accords

À l'instant divin,

Quand le soleil est prêt à se lever,

Quand la blancheur résiste encore.


Des envolées sublimes

Montées à l'assaut des empires et des ciels

Soufflaient leurs cascades de monstres.


Ils sont encore mouvements inconnus

Que le compositeur pose sur ses oreilles !


Pour quelques notes funèbres,

Qui enchante les tourments de nos remords ?

Est-ce vous Brahms qui encensez toujours,

Qui régalez le mort ? Est-ce toi, mon imagination fertile ?










L’ambivalence aiguë



L’ambivalence aiguë de certains phénomènes

La carence étroite de l’expression humaine

Se rient passablement

Sournoisement

De l’homme qui sommeille.


Qui se souvient de la fameuse protectrice

Criant un soir ou l’autre

L’absolue bêtise de nos cinq sens ?


La justice n’est qu’ignorance,

La vérité, un pas vers la connaissance.


Je sais quelque philosophie

Quelques axiomes incompris

Et l’espoir qui travaille

Les pensées de la vie.




Elle coule dans le sang



Elle coule dans le sang au plus profond du cœur.

Sa folie dit : Amour !

Et j’ai vu le flambeau ardent de son honneur

Projeter l’or superbe dans le feu des parures.


Ce sont des diamants ! Délicatesse extrême !

Mais sa démarche est souple ! ...


J’incline un dernier chant. Le corps est retenu.

Là repose la grâce, c’est le métier d’antan.

Et la sublime extase

Divague dans les nuages

Et s’abandonne au vent.


Oh ! L’énergie fertile sous les profondes eaux

Refoule le pur nectar et le cristal de l’onde

Dans l’âme dévoilée de sa sueur amère !










Des tornades démentielles



Des tornades démentielles plus fortes que l’espérance

Ont déchiré mon ciel. Que je meure maintenant,

Moi, poltron condamné !


Et des anges enragés plus puissants que le feu !

Elle, ma persévérance a voulu s’opposer

Plus rare qu’un drame amer !


Ouragans et cyclones, ignobles cataclysmes !

Quelles luttes, ô mon Dieu ?

Ces atroces batailles ! …Ô forces invisibles !


J’ai quémandé les saints et j’ai prié encore.

Et nul pour me répondre. Le ventre dans la terre,

Je suppliais toujours. Il n’y eut que ma voix !


Je me suis effondré.

J’ai crié mon espoir et j’ai crié ma peur.



Toi, mon sol rocailleux



Toi, mon sol rocailleux, te voilà bien fertile !

Petite graine infime, ô toi qui te vautrais

Dans la source limpide ! Te voilà à présent

Arbuste dérisoire !

Pour qui sont ces doux fruits qui coulent dans la bouche ?

Ô la sève divine nourrissant l’innocent !


Mais à qui est mon âme ? À qui cette puissance ?

Cette force sublime explose dans mon cœur ! ...

Pulsions, explosions !


Délices de la plume ! Parlez, Seigneur, parlez !

Espérons une attente dans les bras du meilleur !


Danse inquiétante ! Qui régira mon âme ?

L’insouciance bornée ou l’horreur de ce traître ?

Qui m’aime, me comprend ? Et brille dans mon être ?







Souvenances



Dans l’accalmie lointaine des pierres

L’or de ses cheveux embrasse mon soupir

Comme un vent léger qui gonfle la charnière

Et revêt de ciguë tout un noble désir.


L’aube moussait des rayons d’argent,

Sur ces feux le soleil bravait l’horizon.


Des rires d’enfant accompagnaient nos râles,

Nos regards languissaient dans nos yeux éperdus

Et toi jeune comme la rosée, belle comme une femme

Tu poussais d’adorables cris ailés par instants.


Au risque de se perdre, nous regagnâmes le chemin

Le vieux carrosse attendait le retour

Dans le siège usé tu me reparleras d’amour

Et j’exultais encore dans la douceur du matin.




Autre désir



Telle je la vis, trébuchant d’un oeil niais

Sur sa lecture facile.

Mon ventre sécréta d’incroyables tourments,

Associant aux durs mensonges

Toute l’âpre pureté de mes dires !


Alors dans sa bouche inerte, j’écrivis l’amour

Et le reste de mes notes s’envola sur ses eaux ;

J’inventai d’adorables théorèmes

Où la puissance maîtrise les grands peuples,

Où la feuille embuée d’esprits clairs

Détruit enfin le gras brouillard


Et entre deux chemises, l’âme enfin libérée

Elle remercia le fort silence,

Et le poète tant aimé !











Prière et chanson



Car Dieu, si ton amour séduit tout amalgame

Si toutes les pâleurs s’accordent dans la lie

Si toi, plus fort que le Démon,

Tu vas et t’en retournes sur ton lit de roses

Alors, étonnant Seigneur, je ne suis plus :


Je n’aime que l’amour, son sein et ses formes

Sa douce protubérance, son sexe et son dos

Je n’aime que l’amour où tout ventre se veut câlin

Où tout coeur appelle l’amour ;


Je ne veux que l’amour, l’amour et pour toujours,

L’amour et encore et l’amour et toujours.

Je veux son corps Seigneur,

Son corps humblement.

Son corps Seigneur, son corps... Pour toujours !




Alexandra



J’ai vu s’épanouir

La femme aux douceurs tamisées

J’ai vu son sein promettre

Une fois, pour toujours,

La caresse des adorables péchés !


Elle parlait comme les statues,

Les statues qui vont en chantant

Qui vont comme les profondes inconnues

Humer la nuit de nos rêves d’antan


Elles se confondent dans la poussière

Et dans les astres de l’amour

Elles s’en viennent, comme des images


Et pour cela, Seigneur,

Ne les frappe pas de ton impitoyable retour !










L’enfant



Dans l’onde écarlate, un talisman rougeoie

Et sa source baignée de marbre

Chavire vers les dernières nuances

Enrubannées de bleu.

Comme un vent d’embellie,

La douceur de son souffle

A soulevé l’enfance ignorante et heureuse.

Sous ce soleil constellé de perles blanches

Puise de cette eau que le vagabond boit.


La nature active ses purs copeaux

La douceur de sa voix berce d’un son mélodieux

Les agissements des Dieux. Va, enfant

Car le bien résonne dans ton âme

Et le péché s’en sera que plus léger.




Sous un saule éduqué



Sous un saule éduqué

La croyance des baisers

Les suffrages anoblis, l’amitié aussi.


Pareils à une voix nouvelle

Aux prairies éclairées d’étincelles

De sabotiers vont, hargneux, passants

Expulser la greffe sournoise.


Des chevaux au crin bien fait

À la croupe avantageuse

Récoltent les mots.


Pour d’autres faiblesses,

Pour des talents égarés,

Adieu les promesses

Des champs de l’été !



La souffrance



La souffrance comporte toute cette multitude de chocs

Et va à l’agonie dans ses richesses neuves

Comme un spectacle affreux. Elle encense et s’accoutume

Au gré de ce délice étonnant, à de stériles saveurs.

À toi, les débordants, les seaux et les grèves !

À vous, immaculées, les richesses de ses yeux !

Et lui, dans ce savant mélange se tord de lassitudes...


D’un bond, l’éclipse disparaît et rejoint les autres pôles

Et les serviteurs, hilares et douteux, s’empoignent

À l’ombre de ce tumulte. Bêtes égarées, mal éteint !

Ha ! La dégénérescence, l’audace et son monde ! Allégé

Dans un sacrifice mortuaire, Il tourne vos regards de pierre !


La course, honteuse détourne le silence, et de la mer

Fille des tempêtes et des râles, Il acclame la destinée prochaine.




Les cernes de la fatigue



Les cernes de la fatigue éclaboussaient ton regard.

Le jeu en termes archaïques proposait les nuisances d’un soupir.

Et j’allais - car la tournure était désirée - transporter

Les ondulations primaires. Et j’allais dans cette course immortelle

Suspendre ce ravage ténébreux, - ce plissement éteint.


Le Musée se gardait d’un extrême à l’autre,

Et parmi cette somnolence qu’un Dieu avait fécondée

Les étincelles de la nuit illuminaient mon visage.

Le doute plus fort encore s’emplissait. Les funèbres pensées

Édifiaient des spectres en délire avec morcellement de doutes !


Les gravures exposaient des casques fumants

Et des parties vacantes illuminaient les nuages d’un tableau.

Cette puissance montait, périssait par les pentes de la justice

Et les constellations s’enhardissaient jour après jour.








Corpus Hypercubicus



Le ciel était brumeux, mais resplendissait d’aise.

Le marron s’accouplait à de pâles couleurs.

Des jaunes étonnants plus profonds que la braise

Firent naître tout au fond du pastel les contours de sa blondeur.


Vêtue de broderies, elle éclatait dans l’ombre.

Son immense douleur lui donnait la grandeur

De la Vierge éplorée, - je ne sais quelle splendeur !


Les yeux fixés au ciel, elle voit l’infortuné,

Un Christ cloué sur les cubes de mon songe

Et la pureté extrême où son regard le plonge

Semblait divine encore aux yeux contemplateurs !


S’étendre dans l’ombre de son ombre ! Grandie

Par la puissance bénie, l’extase s’éprend

De sombres couleurs pour un Christ radieux, mais jauni !




Fantaisie d’un soir



Dans cet adorable corsage,

Deux mamelles terrifiantes

Vous parlent de breuvage.


Elles exhibent des rouges bien dressés

À la langue hardie ou à la lèvre assoiffée.


Elles portent leur désir

Sur vos yeux dévastateurs,

Elles parlent de douceurs et de plaisirs

Tout en vous montrant

Les puissantes rondeurs.


Je poserai ma main, mon coeur et mon cou

Sur votre sein, magnifique nourricière

S’écrie le subtil bébé

Dont le vice est de n’être qu’affamé.


Amertume et stances



Puisque l’amertume se confond en silence,

Puisque se volatilisent les dernières stances de l’esprit...


Comme un grand vent offrait son embellie

Nous décidâmes la basse réalité et moi

D’aller cueillir en ces rêves infinis

Les sublimes fraîcheurs d’une exaltante loi.


Les blondes beautés parsemées çà et là

Sur d’étonnantes voluptés nuptiales comme éperdues

Dans la mousse du doute en frissonnant ranimaient mon frêle espoir...


Je m’imagine allégé d’horribles souffrances.

Puisqu’un dieu malsain gravite en mon espace

J’invente la mort réelle - privilège de

L’être purifié qui peut pour l’élévation de son âme

S’engouffrer dans le couloir étroit de son regard !



Quelle pluie



Quelle est cette pluie qui doucement s’écoule

Sur le toit dévasté, hors de toute grandeur ?

Le temps va et gesticule dans les relents de la vie,

Le temps éloigne mon coeur des nobles agonies.


Dormeuse de mes songes, quand la mort remplira

Cette cage de morceaux abjects, quand le sort,

Horrible sans pardon balayera nos charmes d’Antan,


Alors, peut-être sous quelque contrée idéale,

La féconde imagination ranimera nos corps,

Et la braise ardente brûlera notre prochaine vigueur.


Ô dormeuse, taisons l’affreux supplice,

Ses cris démentiels et ses vastes calomnies,

Taisons, amour sublime, belle complice

L’angoisse terrible qui s’éprend de notre vie !



Interrogation



L’ignorance brûle le coeur

Comme un péché ardent.

Comprendre son divin,

Est-ce leurre en ce bas monde ?


Non, l’espoir peut-être !

Est-ce quintessence d’un savant présage ?

Allah, Dieu, Force, réponds-moi.


Où serait le bonheur sans effort ?

Sans grâce sublime, sans quelques maux ?

Éternité, entends-tu ? E TER NI TE !


Supposer une pseudo-sagesse

Est audace d’insensé !


Mais fuir cette pseudo-sagesse

Est sagesse, n’est-ce pas ?

Paysage dérivé



Quand dardent les rayons sur le sol montagneux,

Et que de tous côtés des nuées fastidieuses

Arrachent au lys du temps une sève tremblante,

Je me plais à rêver d’astres lustrés

De farandoles inertes qui frôlent des frissons

De tous les saints hors de leur enveloppe charnelle.


Et j’échappe malgré moi, dans un sourire narquois

Aux ultimes facéties d’un peuple en délire

Où le jasmin unit ses maigres fadeurs

Où le dernier torrent rattrape son troupeau.


Puis des cris de dépravé me ramènent à la fraîcheur

- Je reste calmement dans la lourde atmosphère ténébreuse.

Le rêve s’efface petit à petit

Le cauchemar réapparaît avec la nuit.




Ô cent mille agneaux



Ô cent mille agneaux

Filant la laine étrange

Du sol gras la posant sur leur dos.


Polissant leurs fronts rouges

De vingt-quatre tourmentes

Les bergers sillonnent

Les routes blanches.


Y a-t-il la source pure

Bourrée de noirs excréments ?

Et taches ! Et taches !

Mortes dans les vils sacrements !


Les loups en deuil fuient

Les torses velus des brebis sanglantes,

Et nourrices et règles de la soif ! Amen !




Momie d'ébène



Momie d'ébène

Stigmates de quatre mille ans

Masque d'ivoire

Pour mes yeux étincelants

D'or de diamants

De pierreries bizarres,


Tu revis,

Tu te lèves,

Tu déplaces le sarcophage

Tu t'avances mécaniquement.


Ma muse aux seins glacés

Souris un peu

J'ai tant de craintes dans ces pyramides,

Temple de la mort absolue !











Dormeurs ailés



Dormeurs ailés,

N'accablez pas le jeune poète

Qui fond en rêve de neige sur des empreintes

Oubliées et invisibles.


Sa candeur déjà est admirée

Au soleil bourré de faisceaux étranges,

Rayons de haine des mauvais anges ! ...


Fumées exquises et enflammées,

Voilà je souffre sur mes brouillards envolés !

Déjà vous me comprenez !


Mon architecture enfantine

S'écroule sous les ricanements de la jeunesse !


Je construirai le théâtre de cire,

Le cirque où le rire est de pierre,

Maison de bonheur pour la postérité ! ...



Alangui dans ma fange



Alangui dans ma fange, sublime aux élixirs,

Je parfume le corps des superbes déesses.

Avec trois cris d'aveux de mort et de souffrance,

J'élève l'insoumis hors de l'insouciance...


Pardonnez ces fruits secs sans jus, sans jouissance,

Je fais ce que je peux, le poète est petit.

Critiquez, critiquez, il vous croit c'est sa chance

Il se trompe parfois, sa vie n'a pas de prix.


Vous êtes lassé de ce monde que je propose,

Vaine inspiration et attaques superbes.

Oui, je suis fatigué, cela est peu de chose.


Et c'est ma faute, hélas ! Mon Dieu m'a oublié

Mon divin, aidez-moi, je ne suis qu'un poète

Mes ardeurs sont en cire, mon sexe est replié.



Au ciel, les yeux levés



Au ciel, les yeux levés, je demande la grâce.

Je veux la liberté, liberté, où es-tu ?

La Mort avec ses proies ! La Mort et ses rapaces !


Pourtant je le sais bien que des oiseaux hagards

Planent virilement au-dessus des humains,

Que les races et les vols annoncent leurs espoirs.

Je suis seul et je crie, nul ne me tend la main.


Et là-bas, dans les airs, c'est un autre mélange ;

Je t'aime, ma beauté, je t'aime mon amant.

Nous saurons nous unir, nous ferons beau ménage.

Attends le beau poète, danseuse aux seins charmants.


Que dis-tu, Isabelle, douce fille au cul blanc ?

Veux-tu chérir encore l'horrible personnage

Qui se rit bien de toi sous ses gémissements ?




C'est la voix de la femme



C'est la voix de la femme qui a chanté la guerre :

Je condamne l'exil et l'oubli de la chair.

Je sillonne les airs dans mon ivresse, hélas !


Je ne veux pas de voiles ni de blancheurs qui dansent

Ni cet écho céleste ni l'oubli de l'azur.

Qu'ai-je à perdre sinon le hasard et la chance

Des espoirs pour la belle éloignée frêle et pure ?


Ô fantômes gazés qu'en ma nuit je dispose

D'un éclair d'évidence sous ma mémoire sourde,

Pourront-ils resplendir pour un meilleur promis ?


Je me sens observer par la mort qui me juge

Qui tire les flambeaux des poitrines enflammées.

Moi, air pur, je voltige parmi les oiseaux ivres

Mais je meurs résidu d'un aileron brûlé !


Le primesautier



J'ai volé sept fois l'orange de puberté

Au secours mes douleurs, mes femmes et mon élite

Approchez vendez-moi, je suis hermaphrodite

Voici trois francs de sang et mon fruit est payé.


Mon sexe consume encore ses souffrances latentes

Pendez-vous à mon cou, cacherez-vous vos seins

Car l'envie me démange

La nature est cigale, elle chante mon besoin.


Une souris trottine dans la chambre à coucher

Grignote ô la souris, le sexe est fatigué

Guili, guili, guili, le gland est chatouillé.


Explose, ô le bouchon de champagne bouché

Car vin mousseux et sperme nouveau sont tirés

Bois donc petite fille au goulot des léchées.



Roulis de sperme



Roulis de sperme entre ses cuisses possessives

Perversion du mal des femmes en chaleur,

La flamme de l’ardeur s’est éteinte dans ton coeur,

Tu meurs de jouissance, o ma sublime ingrate !


Fesses, rebondissez en gloussements stériles !

Écartez les soupirs timides et languissants !

Jetez vos formes dans les souffrances fébriles !

Unissez le vice à vos charnels mouvements !


Et quand bien assombries par la pâleur clémente

S’échapperont de vos bouches des rumeurs félines,

Humiliées, honteuses cachant votre pudeur


Dans le drap bleu et rose, vous pleurerez de gène

Ô beautés aux fesses écrasées, frappées,

Laissant échapper le venin du sperme refroidi !








Red Brain



Intelligence, au marteau et à la pioche

Travaille cerveau alourdi d’ignorance,

Oui, unissez-vous dans le même combat !


Ma mémoire a conquis les fronts des vengeances,

Dans ses haines froides elle a terrorisé l’ennemi

Il ne reste que des feux de bataille

Et les drapeaux sont détruits.


Le tombeau est une terre farouche

Où les cendres des morts vivants vivent encore

Et s’activent malignement sur les jambes du Christ

La Mort pince les omoplates et les seins allaitant.


Sur mon ventre, grouillez vermines puantes.

Dans mes déchets harmonieux

Le ver roule et se délecte de mets.





Interrogation



Ne veux-tu point, chère âme,

Sevrer ton exquise insouciance

À l'élixir de la vie ?


Oublier le savoir

De la mort éternelle

Sur l'enfance qui s'enfuit ?


Je me nourrirai

Des excréments les plus purs,

À la Lumière qui me poursuit.


J'étalerai mes noirceurs

Dans les puanteurs du Mal,

Je tacherai ton noble corps

De laideurs inouïes.

Ne veux-tu point, chère âme ?


Plaies immondes



Plaies immondes gavées de pus

Déchets verdâtres

Roulant sur les chairs

Roses et pures,


Je préfère

L'odeur puante

Des règles rougeâtres !


Je préfère

Leurs bouches ouvertes

Saignant leurs coulées d'orgueil !


Ô gouttes, liquide d'amour,

Je vous propose ma langue

Et longtemps j'irai lécher

Les lèvres de vos sexes ébahis.





Magiciens de la rime



Magiciens de la rime,

J'ai profité de vous, je l'avoue.

Tous vos chiffres cachés, invisibles,

Je les ai imités.


Mauvais copieur,

À L'école des génies :

Pour l'enfance imbécile,

L'étude est revêche !


Innocence s'oppose à connaissance,

Et naïveté à savoir.

J'ai compté comme Le Petit Poucet

Les syllabes

De poèmes immortels

Sur les cinq doigts de la main.








Simulacres de plaisir



Simulacres de plaisir

Je l'entends geindre ses soupirs

Effleurés par sa bouche

Qui me cherche et m'aspire.


Je te donnerai longtemps

Le baiser de l'amant enivré

Par les salives et les parfums

De tes lèvres retroussées.


La noire dentelle de ton jupon

Est un lieu sombre sans espoir.


J'enfoncerai mes ongles mouillés

Dans ta vaste chevelure

Pour changer ce pluvieux printemps

En une gerbe multicolore d'été.




Riant si clair



Riant si clair à la lune

Drapée blanche

Ou de mousselines apparue


Fille à la jambe jaune

Voltigeant à la joie de la danse

Comme si Prince vu


Dans l'ombre du rêve imaginaire

Soufflé par le soupir de la brise.


Puis toi glissant hors de tes habits

Et nue et rose aux fesses d'un tracé joli.


Courbée et gracieuse

Par le corps qui s'anime

Mais lui dans la secousse du sommeil

Te tue dans le rêve enfoui.


Absence d'espace



Absence d'espace,

L'envoûtement est encombré

Toujours de sombres morts.

L'ombre secoue son sort

Dans les néants des cathédrales

Et ses catacombes sordides

Accablées de noirs cadavres

Dansent à la gloire de Satan.


Encombrez-moi ombres funestes

De vos sales maléfices !

Possédez-moi spectres et ogresses

Dans ces nuits de sacrifices !


Je chanterai l'horreur du Noir,

Je hurlerai le plaisir du crime.



Ta beauté


Ta beauté a vingt ans

Et je l’implore

En suppliant


Ton corps a désiré

Mes larmes belles

Pour te prier


Dans le feu de l’enfer

J’invite mes fantasmes

Pour faire jouir

Tous tes orgasmes


Dans les cris de la guerre

J’implore ton Dieu d’aimer

Nos corps

Et d’abolir les cruautés.




Ombre d'or



Ombre d'or, délire d'extase

Au feu bleu qui s'embrase,

Meurent nos amours topaze.


L'âme belle rêve d'exil

Du coeur blême

Qui toujours sème

Pour son sublime.


Sombre mort

Soupir de femme

La fleur feue s'évade,

Pleure et s'enflamme.


Larmes, douleurs subtiles

Fiels ou malheurs

La foi décline dans sa stupeur.



La pureté et le venin



Je ne puis concevoir,

Les monstruosités

Qui ont accablé

Mas vastes douleurs internes.


Dieu, saura-t-il enfin

L’horreur de l’envoûtement

Qu’impuissant et stérile

Je ne pouvais chasser ?


Ô mélange divin, comment oser confondre

La pureté et le venin

Dans les cieux blancs et sombres ?


Je demande à savoir sous la nuit

De clarté pourquoi l’esprit ailé

Dans le mal a pu se morfondre !


Il n’y a pas Suites/Relances II

Il n'y a pas d'échange, il y a prélèvement,

Volonté de capter, d'extraire, de fusionner

Et de faire voltiger le sac de vocabulaire.

Je ne trouve rien en moi à offrir d'utile.


Je lutte misérablement contre l'ombre de moi-même.

Il prétend régner, il est sur un socle chimérique.


La réalité de ma médiocrité me harcèle.

JE ME HAI-Me subissant la passion

D'une fleur flamboyante. La volonté demeure.


Le ventre arrache encore quelques vieux hurlements,

Faiblesse lancinante qui crie stupidement.

J'accuse encore le vieux Narcisse au blanc miroir

Toi, toi, qui donc aimes-tu? Honte écœurante

D'un édenté pourri, ridé se contemplant encore!





Dans le ciel cloué


Dans le ciel cloué le noir d'un nuage

La violence marquée au plus haut

Je vole sur l'aquarelle haineuse

J'invente un fantôme chargé de mensonges

Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas

Fort, accablant toute pensée.


J'associe avec

Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot

D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous

Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau

Lumineuse ou phosphorescente.


Mes paupières

Des lancées claires sur un brouillard sombre.

Est-ce de l'énergie mentale? Une autre forme

D'activité intellectuelle qui façonne ou organise

Le poème à obtenir? L'obtention est celle-là.








La nuit noire


La nuit noire, mauve et bleue, le regard

Cherche en lui quelque quiétude aérienne.

L'invasion des nuages déplace la pensée,

La vitesse des traits et des images emporte

Les mots hors du champ de conscience, la lancée

Des possibilités poétiques chargées de musc,

De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes

Multicolores.


Il faut apaiser l'ardeur, calmer

L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,

Certifier l'espace de sa transcendance interne,

Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.


Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie

Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant

Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.




L'immense réservoir humain


Ne parlons pas d'Art - Ceci serait prétentieux,

Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel

Se situe l'auteur est plus modeste...


S'installer, lancer

De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-

Près des critères de ? (Trop long à expliquer

Sur un sonnet)


L'espace mental, l'action visuelle -

Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser

Le geste de composer? Informatique et Biologie

Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possi-

bilité de sublimation humaine! Le sixième continent,

Comprendre L'intelligence avec son intelligence,

Le cerveau avec son cerveau.


Temps, Moyens,

Travail en commun, synergie de la compréhension

Pour accéder à l'immense réservoir humain.






L'art et le trois fois insignifiant


L'art déplace le temps, l'immortalise

Reconsidère la mort. Il fixe le travail

De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,

Ce qui semble détruit peut ressurgir du Néant,

Cela est vrai pour tout vestige.


Cette ruine

Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus

À périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,

Ecrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.


Il est le génie de l'homme comme le nid est

L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-

Truction du castor, la fourmilière la ville de

L'insecte.


Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-

Nisation de la nature Divine, de l'immensité

Infinie de la création? Le trois fois rien insignifiant.



L'image-mensonge et l'écran cinématographique


Des flammèches de mots lancées dans l'espace

Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;

Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;

Des vocables en projection explosant ou

S'accouplant pour une portée incomprise ; le son

Se charge de sens et embrasse le poème

Réactif.


L'espace se remplit et se vide d'un

Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.

Le front est un monde et la porte est ouverte

Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-

Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.


Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran

Magique sublime le génie cinématographique?

Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?







L'agencement élaboré et la critique dérisoire



L'air se noie dans la terre épaisse, la matière

De l'esprit lourde de relents ingurgite encore

Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés


Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève

Chantante - quel avenir pour leurs fruits ? Ap-

Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc

Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de


L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter

D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son

Horizon constellé de bleus phosphorescents et

Rouges, il espère encore quelque reconnaissance

Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois

Car il offre au lecteur subtil l'agencement

Élaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.




Qui veut parier ?


L'élan, la volonté, le devoir pour contredire

L'immense pouvoir du temps, pour contrecarrer cette

Détestable destruction - essayer de rester

Inchangé face au Soleil, cette lente usure

De soi-même, cette dégénérescence, cette capacité

Cérébrale qui peu à peu lentement se détruit,

Ho ! Certes, de manière insidieuse mais constatée

Toutefois. La fuite vers un Néant s'il n'y a pas

De Dieu, la cessation de soi, la plongée dans

Un cachot, sorte de finalité heureuse, peut-être !


Ou encore le sublime éblouissement, l'Autre Ciel,

L'avenir avec nouveaux principes, nouvelles lois,

Obéissance religieuse, système de perception,

Connaissance d'avenir, d'âme et d'esprit, pourquoi pas !











Le présent est en attente


Le présent est en attente, il espère cette chose

Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer

L'absence, il scrute des traces, il en suggère

D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,

De lueurs.


Les mots se passent de sens, mais ils pro-

Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou

Vides auréolées d'espoirs.

Moi et vous - Moi sans

Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la

Transposition, la fabrication d'un processus différent

Qui engendre l'image, les mouvements, les

Couleurs, la violence, la passion.

Et nous voudrions

Encore rivaliser avec l'image offerte,

Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,

Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.



Le mot seul inutile


Le mot seul inutile quand l'image animée ;

Où vais-je avec ces grandes folies littéraires?

De plus, le sachant pourrais-je m'y fixer ?

Le retour à l'action précise - le mot qui

Chasse le mot pour la boucle finie.


Faut-il

M'abolir en toi ou construire sur des décombres,

Plonger dans ton abîme, creuser ton précipice ?

Je sais, je sais, j'insiste - j'explique en utili-

Sant d'autres termes, d'autres forces -


La tombola

De la gloire, - veulent-ils chasser l'affaire ?

S'agissait-il d'abnégation terrestre, de variable

Temporelle indomptée ?


Je constate l'immense dé-

Sarroi intérieur, l'offre interdite, le don exclu,

La plongée inéluctable vers ses ruines éternelles.



Sur l'écrit à paraître


Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà

Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle

De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume

De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.

La façon de se plonger dans l'obscur - une substance

Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées

De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se

Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,

Se fortifie, offre la vibration - l'incident en

Quelque sorte !


La mémoire valve, la tête s'obstine

A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-

Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste

Et personnelle. Encore un horizon inachevé,

Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.




L’air éclate


L'air éclate comme une séquence impossible, je

Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts

Au magma. Des effets lumineux très pervers.

Un souffle crache de la poussière mentale. Le

Long de ma paroi interne suinte de la vérité à

Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et

Cherche à sortir. La fille se retire, la fille

S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.


Le jeu de la tête à représenter. La démonstration

Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du

Manquant et de l'inspiration.


Où allons-nous tous deux?

L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de

Ses yeux ou sublime soleil sexuel? Que dit-il lui le

Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois?









A Emily Dickinson



Titre sublime que le Tien !

Poétesse endeuillée de blanc

Une place certaine t'est conférée!

A l'écoute de l'immense silence intérieur

Consacrée d'œillets clairs invisibles

Fiancée embrasée par le souffle littéraire,

Emportée dans l'ivresse de l'écriture !

Avec la pâmoison du poème

Substance pure et symbolique

Le sais-tu parfois que

L'Immortel et l'Intemporel caressent

Tes tempes gracieuses

Comme un bouquet improvisé

De parfums enivrants?




Les torches vivantes


Les poèmes sont des torches vivantes

Qui n'éclairent qu'eux-mêmes

Pour quelques instants.


Le soleil de l'intelligence

Dont la lumière est vitale

Gerboie d'autres feux,

D'autres substances et nourritures.


Dans le Néant de la chimère

L'âme, reine orgueilleuse,

A la cour d'elle-même,

Égoïste et persiflante

Se prévaut de sa grandeur.


La sagesse de la raison

Est de craindre l'immense créateur.










Séquences


Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci

Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle

Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en

Constance de changements - L'idéal statique !

Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel

Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre

Partout ensemencées


J'ai ta pluie d'or, doucement à

L'oreille, en toi le puits, demeure accroché

A tes mamelles le temps de l'extase est bref

Je m'oublie dans tes prunelles vives


Et cette cervelle

Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas

Je butte à l'extérieur pensées de femelle !

La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté

Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?




Des lignes illimitées



Des lignes illimitées La pensée Soi sur soi

Concevoir dans cette cervelle épuisée

Droites fuyant à l'infini Autrement, ailleurs

Des courbes Des méandres Des vertiges


Considérer l'ordre des actions Des déplacements

Reconstruire Planifier Aller !

Sur la page encore fumante,

L'accumulation des caractères


L'espace d'illusion où s'exploite l'image

Autre ligne Couverture Papier et ?

La pensée la plus noire fait de jets lumineux

En mémoire si tu dures L'Eternité artistique !

C'est beau ça !

Dans la béatitude de la jouissance narcissique!







Suites/relances III



Son but


Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe

De son âme était pour lui un jeu intellectuel,

L'univers du poème un espace curieux à

Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-

Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose

D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de

Déterminer sa propre limite, reconsidérer son

Complexe, élargir les moyens de comprendre.

Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations

Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,

Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,

Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,

Que folie permise par un idéal poétique rêvé :

La probabilité réelle de sa réussite était nulle.




Miroirs, cieux, surfaces, espaces


Fragile et éphémère, poète tremblant dans le

Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets

Infinis avec l'impossible qui côtoie

L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,

Et de pulsions émotives ;



mais encore, - azur qui

Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans

Un ciel irréel ; lac, surface lisse où

La pureté d'un cygne vient troubler le

Repos du dormeur.


Variétés, formes du hasard

Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de

Tisser les lis avec subtilité !


Miroirs, cieux,

Surfaces, espaces pensés et regardés comme un

Hasard modulable, lieu du questionnement où

L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.






Les utopies délirantes



Vie rêvée. Avec des déchets inutiles. De poèmes.

Finissons-en. Pour quelle montagne de syllabes ? Encore

Être, être humain. Prolongement de soi, peut-être.

Aller plus loin.


Feuille sur feuille. Écrits sur

Écrits. Fragile, horripilé.


Dans le mépris d'au-

Trui, prétendant obtenir... Quoi ? - Rien. Rien.

L'inutilité de l'objet. Nul au-delà, nulle

Histoire. Pas une âme dans la lucarne de mon

Poème.


Toujours pénétration interne pour comprendre

Le jeu des choses, les possibilités extrêmes, les vraies

Limites.


C'est cela : insister, supposer, prétendre.

Pour quel cheminement de la pensée ?


Dans le couchant

De soi-même, la paupière multicolore bariolant

Des images sacrées ou des utopies délirantes peut-être.




Enfin, Soi !


Échec sur échec. Constance de refus, de

Médiocrité, de mépris. Pourquoi poursuivre, quelle

Flamme, quelle folie suscite ou pousse l'écrivain

A s'essayer encore à ce type de spéculation ?


Il n'y a nul espoir - du rien, du néant, de l'exclusion.

On produit donc pour soi. Car il y a là au fond de l'âme

Tout un mécanisme d'extraction : une vieille mine

Couine et travaille encore.


Peut-être : produire

Pour l'Au-delà, pour la Mort, pour l'après-vie en se

Disant que sur terre tout est perdu, que le seul

Espoir réside dans sa propre fin avec une possibilité

De structures d'accueil sans fric, sans banque, sans éditeur

Où la vérité exacte du poète est transmise avec

Réalité, logique, certitude,.... Enfin SOI, Etc..



Le trésor du sauvage



Rien qu'un destin isolé de poète rejeté.

Rien que l'ombre de sa main sur le papier,

Qu'une image qui s'étale dans l'infini de

L'oubli, rien.


Qui suis-je pour toi qui m'accompagnes

Dans l'illusion de l'impossible ? Qu'un éclair

De bravoure, qu'un instant de poussière ?


Là, au fond de l'antre ténébreux ; là, au fond

D'une âme intarissable dont le trésor est une

Offense, et je pense aux îles d'or, au sauvage

Inconnu, disparu à tout jamais.


Voilà le marbre,

La mort nécessaire, la fuite, la cessation du tout,

Le retour au fini, le sommeil éternel, - oui, mourir !


Sera-ce l'éblouissante clarté, l'amour, le vrai ciel,

Le Néant total, ou l'horrible condamnation d'un Dieu ?




La paupière pense


La paupière pense. Activité retournée, intérieure,

Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il

Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.

L'encre et le papier sont les supports seconds. Le

Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il

Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse

L'accable. Depuis vingt deux ans, il fixe le feu.

Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.

" Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,

Non, rien. " De jour en jour, pour le dedans. Flot

D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,

Par la main sans avenir pour le papier qui finira

Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?

Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.








Rien n'évolue


Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle

Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De

De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé

Clair. Il se déplace en cercles concentriques.

Puis il rêve. Il fabrique de la Chine Antique.

On appelle cela des applications. Des vases, des

Murailles, de la monnaie scripturale, de la mathématique

D'époque. Il repasse par le Maghreb, Rome, la Grèce.


Une pensée faite d'et cetera. De sauts en sauts,

D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-

Trations.


Si je parvenais à considérer une forme

Nouvelle; pour qui ? Pour moi ! Une sorte d'espoirs

Achevés, impossibles, d'au-delà du connu ? Ta fai-

Blesse créatrice t'interdit toute supposition poétique.



Des labyrinthes fangeux


Des labyrinthes fangeux, des structures internes

Complexes et déplorables, un néant à combler

Par le travail, par la studieuse constance pour

Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,

Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans

L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.

Seul, toujours seul.


Qu'importe d'être compris, d'être

Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbres, solitude, oublis !

N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?


Comment achever cette vie inutile faite de rejets,

De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas

Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?

Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;

Des labyrinthes fangeux, des structures internes.









De rejets et d'oublis


Être Moi dans la monotonie de mon quotidien,

Routine de l'écriture qui se reproduit inlassa-

Blement. Aujourd'hui ressemble à hier. La

Solitude en dépôt sur les tempes, l'alphabet qui

Se déploie comme une vague, comme une vague

Pour accomplir l'exercice d'autrefois, obsolète -

C'est de la poésie! Misérable, sans exploit. Mais je

Poursuis. Pour quelle peine ! Je puis rêver d'autres

Écrivains, d'autres littéraires dont la tache mystérieuse

S'est révélée au grand jour, pour une apothéose im-

Mortelle! Je le pressens - tout est pour l'échec : l'œuvre,

La quantité, les recueils, les traductions, la Bible,

Le Coran, Qumrân, le théâtre. Ha! Maigre univers

De douleurs, d'amertumes, de rejets et d'oublis, je le sais.




L'immense effroi



Ce fut l'effroi, l'immense angoisse, la tragique

Conscience d'un Moi qui comprenait trop bien

L'insignifiance de l'acte poétique. Mais il

Fallait obéir à des Forces supérieures, à des Dieux,

À un au-delà surnaturel, il fallait...


J'avais besoin

De temps pour sculpter des formes dans du délétère,

De l'impalpable et de l'imperceptible. Ô l'éphémère

Du souffle, vois je te tiens à présent dans des re-

Cueils, certes inutiles, que nul ne lira, mais je te

Tiens !

Était-ce l'un des sens de ma vie, écrire,

Écrire des livres ? Accumuler des lignes, produire, penser

Mal à des possibilités dérivées, variées, différentes ?


Et encore cette peur du lendemain, comment l'ensemble

Sera perçu par les Dieux qui nous régissent là-haut ?









Je le cherche encore



Je le cherche encore et toujours ce divin éditeur

Qui me fera l'aumône de prendre quelques-uns de

Mes textes. Tant d'insuccès, de rejets, d'humilia-

Tions, de dégoûts de soi vers soi, avec constam-

Ment cette question : Pourquoi ces refus ? Était-ce

Réellement justifié ? Plongent-ils dans l'indifférence,

Dans l'inaptitude de jugement ? Sont-ils véritable-

Ment éclairés ?


L'ensemble va se perdre, oublié

Dans les relents du mépris, l'ensemble va se perdre...

De l'éveil au déclin, l'ombre croîtra-t-elle ?


Le tout est actuellement tenu sur un Cd-rom, - mieux

Que rien ! ... Mais nulle diffusion, nulle copie. Le Net

Peut-être,... l'offre gratuite, le don car il n'y a

Point de lecteurs. L'éditeur, est-ce Franck Lozac'h ?




Encore pure, élevée


Encore pure, élevée, cherchant quelque saveur,

Dans la lumière, chaste, vaguement je discerne

Ses contours impalpables, oui déjà je respire

Le bouquet interdit des parfums féminins.


Une poussière de rose dans le feu des étoiles,

La musique s'évade vers l'azur toujours clair.

La chair encore la chair dans les jardins du soir

La désire et l'espère pour mourir lentement.


Que l'on aime embrasser cette musique étrange !


Puis dans le clair-obscur des tout premiers rayons,

L'éveil encore l'éveil pour le plaisir des corps

L'accouplement de sens, le ballet des substances.


Au-delà de l'Esprit toujours libre et qui pense

Le poète solitaire aspire à d'autres cieux.






Avec de l’intuition



Avec de l'intuition, du caché au plus profond,

Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend

" Génération spontanée “, qui m'apparaît travail réel

De l'esprit - à mon insu.


Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,

Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,

Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,

Accompagner, douter, rejeter, évincer,


Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter

L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne

Interdite.


L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes

Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et

De sens. Ils appellent ceci : un poème inutile!




Va à l’oeil


Va à l'œil, le mot

Et retourne sur le papier !


Particules de signes croisés, entrecroisés

Dans un mini-déluge cérébral !


(C'était ainsi que.

Il en était toutefois.)


Voilà le doute, et son cortège

de points de suspension. Puis le silence.


Un silence, et commence à tourbillonner

Une idée claire de possibilités, de déformations

continuelles


accrochée, oui là, à la voûte intérieure,

toujours pour le poème.

Toujours.






Silence


Silence dans un espace connu


Des mains pensantes

pour le vide intérieur


Des mains perlées de cendres

que l'on bénit de larmes


Avec un flot de vin régénérateur


Silence fusionné d'or

et des fumées suaves

baignées de parfums étranges


Oui, des couronnes légères

qui s'évadent comme des halos

intemporels


Silence pour placer mon absolu

et le rendre immortel





Fractionné


Fractionné en soi en deux,

deux hémisphères


Des identités, - à dire :


Masse de cervelle vivante, activée par

autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix

et variabilité infinie.


Rejet : prétendre

choix : décisionnel

variabilité : courir, courir en évinçant,

ajoutant, condensant.


Actions appliquées à la poésie.


Encore filant, fuyant, dit-il.


Fais éclater l'orgasme poétique

dans ta bouche lumineuse




Les yeux


Les yeux, seuls au monde

Dans le mouroir d'ici-bas.

J'arrive.


L'immense plongée, la chute.

Faible lumière zébrée.


J'apporte la haine, le sang, la honte.

Tout suinte le long de mes parois.


Mon ombre. D'autres ombres.


L'âme va s'étirant en position ouateuse,

Fileuse et glissant,

L'âme modulable

Comme un nuage de certitude.


Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.


Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.




Lancé hors de toi


Lancé hors de toi telle une gerbe

Poussé dans les relents de la nuit


Pour quel astre, quel ciel, constamment égaré ?


Ici, là-bas encore, affolé

Je tressaille recouvert de paillettes d'or


Je m'insulte, je supplie, j'exige un

Autrement, éloigné du mépris


Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !

Déploiement de paroles sexuelles !

Je replonge bavant sur mes semences

Je m'envahis apportant des calices clairs

Remplis de sang


Je me vois mort dans l'abîme du matin

Et je [replonge] au fond de mon esprit.


Je ne puis m’enrichir


Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité

- vaste haleine débordante d'excréments et de pensées nauséabondes,

Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,

les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin

une lumière tiède et discrète, insoucieuse.


La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve

dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane

de phosphore qui irise là un intérieur noirci

par le vieillissement, par la rouille séculaire

d'une mémoire endormie.


Autres références : les champs tendus - comme des nerfs

cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,

de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -

certains coups sont évidents.




La corolle imaginaire



I


Elle s'élargit enfin

Comme une corolle imaginaire

Elle déplace la frontière

Derrière laquelle je me sentais

Enfermé.


Les limites, les bordures,

Le silence, puis un écho infime

Qui renaît d'un lointain interrompu


Une présence oubliée grandit

Telle une espérance, doucement

Se propage à la mesure

De la capacité de l'esprit.


En moi, tout au fond

Une angoisse transpire

Et c'est mon pur Néant.





II


Pour le vide intérieur

Avec l'énergie vive

Comme une force à maîtriser ;


Elle libère des pulsions,

Se répand dans des espaces

Inconnus, jaillit telle

Une démente et harcèle


La raison. Au plus profond,

Dans le lointain inconnu,

Une rumeur d'exil


Excite le Temps, lui impose

À apparaître pour construire un

" Être-là " qui s'appelle poème.



III


L'absolu du destin,

Le parcours nécessaire,

La vieille raison qui dit :

Je ne te reconnais pas.


Le cheminement intérieur

L'ardeur du travail

Suppose une substance

Future des plus douteuses


Il y a ton indispensable

Tu te construis régulièrement


Ou t'envoles prétendant

Dépasser les frontières impossibles

De la logique et du bon sens,

La folie poétique à tes côtés.












Les rancœurs de l’écriture


Les rancœurs de l'écriture

Le jeu des doutes, des rejets,

Des prélèvements - sont-ce

De vaines spéculations de l'esprit ?


J'exploite encore, je pénètre

Ma misère, j'étreins du délétère

L'obstacle est en moi-même, j'attise

Le feu, - la lumière claire, aérienne

M'indique encore le chemin intérieur.


Pourtant cette immense conscience

S'embrouille dans son vrai, le déplace,

Le prétend autre, se trompe parfois.


Quelle poésie, atteindrai-je ?

Le néant d'un inconnu, peut-être !



Plus pure encore


Plus pure encore, là peut-être

Dans le calme des eaux

Aux tremblements légers,

Avec bruissements sensibles


Avec clartés de ciel,

Défaisant le mystère

De la fille aux seins nus,

Aux jambes d'opale comme fuseaux

Aériens


Là oui, l'on suppose dans la transparence

D'un rêve qui tressaille

Pour la voir apparaître

Dans l'espace invisible,

Ô désir inassouvi de poète !









Silences déshabillés


Silences déshabillés

Silences en scintillements d'attentes

nourris d'espoirs

dans la fixité du temps


Silences pour la spéculation exacerbée,

extrême dans son audace

absorbée dans son doute

répandue dans la solitude


Où l'offre concise paraît insignifiante

Où le refus efface tout élan


J'invoque le droit d'écrire,

J'invoque pour n'obtenir

Qu'une pâle réplique de moi-même,

Hélas




Une humeur tiède


Une humeur tiède et lointaine

Vague et nostalgique

Dans une aube perdue

Comme un désir qui s'évade

Là-bas, là-bas


La fièvre se répand

Enroule le rêve,

S'étale dans l'ombre

Pour mourir quelque peu


La tiédeur fugitive

Caresse tes rondeurs

Pour un désir azuré


Le sucré de tes lèvres

Est la clé de l'orgasme








Que cherches-tu ?


Que cherches-tu ? Jusqu'au iras-tu ? As-tu

Parfois considéré tes limites, piètres limites

D'humain vieillissant ? Quel suc coulera

En toi (jusqu'à) l'épuisement des sens ?


De toi à moi, tout autour ; de vers en vers

Avec cette logique radoteuse, avec cette va-

Riabilité de science indistincte où

J'étrangle l'audace, où j'exalte le risque.


N'as-tu jamais songé, dis, toi en signes de

Mensonges, en fantôme délétère d'idées

Ou d'intuition, quel avenir t'attendait ?


Intenses

Espoirs de meilleur, d'ajouts, de plus ; modèles

D'imitation des plus grands, toi Poucet d'écriture

Supposant possible un projet littéraire futur.




Nul réconfort


Nul réconfort, de faiblesse absolue

Toi, toujours stagnant dans ta médiocrité

Littéraire - comment m'identifierai-je

À cette vague organisation insignifiante ?


Active tes misères, qu'elles vivent et croissent !

Pour l'inutile et l'illisible, poète d'ombre,

D'obscurs culs-de-sac, où l'on se cogne

La tête contre l'impossible à poursuivre ;


Où l'évolution créatrice n'existe pas,

Où l'abondance poétique a nulle raison.


Voici la trace de ton cimetière, voici

Tes poèmes perdus qui encombrent ton cadavre

Lapis-lazuli, ou tonnes de pommes de terre.

Comment jugera le Maître Intemporel ?








Figure où le vide


Figure où le vide

figure sans mémoire

de lumière déplacée vers un autre centre

jamais utile pour nul éclairage


Figure où l'image se penche dans le vide

et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité


Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu


En poussées obstinées d'insistance puissante


Formes sacrifiées à l'inutile

de tiédeur de rien

de souvenances dérivées mornes couleurs

qui se désintègrent


Je crois aux illusions

L’image est un miroir


Suites/ Relances IV



Donc de s’anéantir

Donc de s'anéantir immédiatement,

La mort vraie, réelle,

En explosion, en cataclysme de jouissance !

Le marbre beau - finissons-en !

La bouche remplie de haine, de fiels,

D'excréments et d'injustice !


Qui marche vers l'œuvre, pourtant !

Dans l'amertume de l'inutilité

Auréolé de désespoir

Buvant la lie de sa verrue.


Les ombres volent méchamment.

La sagesse est-elle de rechercher

L'oubli ? D'espérer une aube nouvelle

Avec un Christ nourricier de vie ?







Va au-delà


Va au-delà de ton ombre,

Au-delà de toi-même.


Ce que tu crois, ce que tu penses

Est peu. Encore et plus loin.

Délaisse les hasards médiocres

De la femme et des poètes.


Puise au fond de ta chair

Les ressources de ton immortalité.


Active ton génie, nourris-le

À la sève de la sublimation.


Ce à quoi tu penses, jamais

Ne sera suffisant. Élève-toi !


De néant et de splendeur, gave

Ta nuit éclairée. Arrache-toi !




Absent et libre


Absent et libre

Qui constamment jaillit

De son propre désert.

Comment transmettre

Une profusion de richesse

Inutile à l'homme ?


Pourquoi s'en inquiéterait-il ?

Il faut rester ivre de soi

Dans son humilité.

Compter l'or en trompe-l’œil.


Soupirer, produire, soupirer

Et mourir pour le bien-être

Ou pour la condamnation

D'un Au-delà violent.





Rétro-pense



Omniprésente et néanmoins insignifiante,

Délétère et légère, oui, fugace, là

Toi qui vas à la suite de tes traces claires

Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,


Cherchant l'idée intense, prétendant que l'ac-

Cumulation de pensées t'offriraient une maturité

De vieillesse


passée et dépassée


De toute évidence

Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.

Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?


Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,

De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète


Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre

Avec ténèbres pour l'esprit, immense désespoir, certainement.




Mouvements de pensées


Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés

Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements

De la tête de jeune éléphant qui active

Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et

Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.


Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons

À larges jets diffusent quelques élans clairs.

Des vents légers et aériens ; le ciel se charge

De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,

Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence


De l'écriture, et des applications pour la feuille

De papier. De ce magma, que restera-t-il

Réellement d'utile ?


Des manières poétiques,

Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.





Mort proche ?


Suis-je mort proche, fin d'extase

Ou seulement quelque poussière

D'image (ton souffle veut peut-être

Encore se déployer ?) La flamme

Agonise et va selon l'humeur de son

Destin. Traces délétères fuyant

Le mensonge hypocrite du poète.


Nulle pensée, nul espoir, nul futur.

Présence plongeant dans l'abîme irréel

Pour déchirer le voile de l'existence,

Ou lentement détisser l'ouvrage

Qui se lézarde, vieille femme fardée.


La vie n'était qu'un mensonge

Qui s'en retournera auprès du Parfait.



L'heure n'était pas voleuse


La mémoire trompeuse écrasait le passé

Pour n'en retenir que quelques bribes, et l'esprit

Prétendait que le temps était un assassin,

Que le vol de la flèche, que les rides ennemies,

Que l'irréparable outrage, etc...


Réplique mensongère d'une âme instable !

Le temps a eu sa durée mais l'homme vacille !

Sa dimension spirituelle ne l'anime guère !

La peur, la mort - la peur, la transmission de la vie !


N'être pas, être peu - jamais ! et le silence éternel !

La particule insignifiante s'en retourne au Néant !


L'heure n'était pas voleuse, l'heure grain de sable sur

Grain de sable, goutte après goutte tombait lentement.

L'insignifiance de sa nature fait amèrement pleurer l'homme.








Le nuage


Un nuage étranger fixe l'image

l'étend ou la fait disparaître


Proche dans l'absence, résident

sur l'horizon

Il cherche l'inaccessible, côtoie

l 'inapprochable, fuit l'omniprésence


Il conçoit à volonté ses formes

délétères, esquisse ses déplacements


Il guide l'idée, l'associe autrement


C'est une sorte de supra conscience,

de père de l'intuition qui décide

du sacré à obtenir


Je doute de ses applications,

Nous cheminons ensemble.



Ciel


Ciel constellé d'ombres,

J'y songe un avenir meilleur !

Ma lampe, tu te déchires

En flammèches évanescentes.


Ma lampe, errante dans le

Silence incompris, constellée

De lances qui appellent et

Veulent comprendre.


Ciel de savoirs, condamnez

Le simulacre de l'homme,

Instruisez-le d'un souffle


Divin; le reflet de l'Ange

Éclaire mon avenir d'une vérité

Sublime, semence du Verbe.







Toute chose...


Toute chose comme de produire n'importe quoi avec du

matériel insignifiant, d'associer des sons et des idées, de

symboliser l'abstraction, de dériver le centre, de rapprocher

les traits, - toute chose avec la toile à plat pour déterminer

l'équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !

Écrire, écrire !


Frappée de saveurs, elle n'est pourtant qu'un essai

prémonitoire dans l'éphémère du temps. Elle purifie le

symbole, reconsidère le signe, synthétise l'idée claire ou

extrait des substances inconnues. Elle s'approprie un espace

pour l'approbation de la suprême application.


Elle veut concevoir l'Unité, le vrai associé sur sa dimension

de papier. A l'intérieur de l'intelligence elle a décidé de

rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre

compatible l'ambiance interne. C'est toutefois un espace de

raison où l'imaginaire assure sa continuité.



Impression de lune



La lune passe et repasse

sous les halos intermittents


Sa version - cadavre gris -

se lit avec du muet


Femme sans cheveux, maquillage blafard

sans Pierrot pour la guider

ou la faire sourire


Sur ta tranche de miroir,

vacille et vacille, femme gracile


Le réverbère d'à côté

n'est pas un homme à mater


Rien ne t'empêche de t'éclipser,

de dériver lentement

pour fuir le soleil se levant






Être - seulement soi

Être - seulement soi

La ressemblance mensongère

Pour autrui - cela lui suffira-t-il ?


Son savoir - critique

En partie détachable


Prétend juger. (Le poète

Offre le droit à la critique

En remettant le poème.)


La liaison de moi à l'autre

Puis son analyse, sa perception

De son vrai qui lui paraît faux


Un autre - autrui. Recommençons.

Idem. Critique identique. Que

Taire ? Rester en soi ? Le retour




Le vent dépasse


Le vent dépasse son droit d'élan

La métamorphose des poètes

Le soleil avec son oeil jaune

détermine la verticale

Phrases lentes, phrases saccadées offertes

dans un espace inutile


Un autre géomètre prend le soleil

et lui dessine son horizon



Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver ?


Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,

apprécie ta fuite


Je te change en manne impossible


Ho! Pensée limitée dans mon dédale répétitif

Je me rapproche de ton extase



Pour ne rien produire


Silence d'écriture pour ne rien produire

Rien qu'un Néant dérisoire et médiocre


De quoi demain sera-t-il fait ?

Cela a-t-il encore quelque utilité ?


Cela faiblement pour s'en aller mourir


À la fin, aujourd'hui tombe et retombe

Bien sûr, moi ici, et là et là-bas peut-être

Dans le début de ma nuit


La faux, la fille, la vieille

Ce que le poète applique avec des mots

Qui s'échappent, fluides invisibles,

Puis reviennent avec de la matière

Se positionner sur la feuille de papier


Silence d'écriture ici




Alpha



Ce qu'il te faut produire

De sang et d'excréments,

De médiocrités et de laideurs

D'horreurs à rejeter


Tu cherches pour ne rien obtenir

Pour te languir dans l'inutile

Dans le dérisoire de ta misère


Pauvre état de poète !

Constamment ; constamment cet échec

La fuite de l'autre, le refus


Et toi dans ton immense désespoir

Capturant quelque rêve impossible

Tu prétends accéder à l'essence

D'un savoir éternel, ridicule crétin.




Bêta


Toi, tes frères, tes collègues

D'écriture, de travail s'essayent

À ses fades exercices


C'est un jeu de langage

Pour le plaisir des mots.

Ils poursuivent dans le silence

L'exercice dérisoire


Attelés à la tache

Prisonniers d'eux-mêmes,

Ils accumulent poème sur poème

Pour le secret de leurs tiroirs


Leur seule gloire est de se

Comprendre, d'aimer se relire

Pour finir à tout jamais oubliés.





Absence du poète


Absence du poète ? Clameur pour rien !

Quel relationnel ? Quelle possibilité inattendue ?

Vers vous, l'appel ?


Non. De rien. De peu. Je

Concevais de l'intérieur. Mes entrailles nourrissaient

Mon angoisse, je n'existais que faiblement.

Je plongeais dans mon vide, j'y découvrais la

Mort - la mienne, belle et souveraine, resplendis-

Et boréale.


Accumulant des lignes,

L'espérance étant un défi - des élans stériles, diront

Certains, mais c'était un défi - de Moi à Moi

Prétention et folie, utopie et stupidité ;


C'était présence de chambre, de travail d'écriture

Pour l'infiniment soi, l'infiniment rien, diront-ils

Encore. Je ne crois pas qu'ils auront raison.





La pureté


La pureté, celle de l'eau

Sur les ailes et la lumière

baigne mon esprit


Les reflets dans la clairière

inondent mon âme, là et là-bas


La certitude traverse

le lac royal où

s'agitent tendrement des roseaux


Les souffles qui survivent

assèchent l'herbe amère

et la raison prétend savoir


La vision s'étale dans l'air

plonge encore

pour atteindre l'espace et l'au-delà



À Johannes Bobrowski


Le miroir s'éclaire, les fronts

Se touchent, les pensées s'échangent

J'appelle ici et là, et quelqu'un vient


Ma tête contre ta tête,

La certitude d'être à deux


Tu m'offres ta vérité

Vérité que je dérive


Je déplace ton pas et marche avec toi

Puis je m'élève, je deviens, je Suis


Le vent m'emporte,

Je ne puis redescendre


Me voilà enlevé, libéré

Fuyant à tout jamais dans l'idéal

Du Mensonge et de la Vérité aussi.







Les roseaux très serrés


Les roseaux très serrés

L'incompréhension d'Husserl,

La vérité de Pascal

Et là-bas le déplacement des Cygnes

La haute pensée du Midi clair

Une compréhension de points sources

M’envole, m’éloigne du vrai



Je cherche solitude, ombre et paix

J'entends des formes abstraites,

Des sortes de Dieux m'envoyant leurs messages


Puis je m'interroge :

Combien de temps encore

À supporter cette détestable destinée

De poids, d'inutilités et de souffrances




Ici le spectacle


Ici le spectacle dans l'obscurité.

La fille danse encore

Et je lèche les parois des murs.


Elle va, elle vient

Elle éclabousse de lumière blanche

Mon obscurité pour accéder au clair

Royaume de l'Irréel !


Je déplace mon souffle, je crie, j'expulse

Elle baise mes yeux, caresse mes cheveux

Calme mon ardeur.


L'écriture se fait sereine

J'immobilise ma vérité

Ses brises d'ailes s'envolent là-bas

Je regarde alentour : le Néant est en moi.









Celui qui pense là


Celui qui pense là,

Avec le poison dans sa bouche ;

Je lance la trace,

J’expulse l’éclair.


La profondeur pour l’incertitude,

L’errance sans l’intelligence.

Tu bondis avec le doute,

Les applications sont vides de sens.


Et tu prétends que la lumière

Était venue comme un appel de Vérité

Déployant son ombre,

Déterminant une marche à suivre.


Ombre-lumière : la bouche expulsait

Ses sublimations sanguinolentes.




Celui qui voit


Celui qui voit par la fenêtre

Celui qui pénètre par la pensée

Dans l’invisible de ton âme

Prétend à la vérité.


Ce n’est qu’une émotion de sensations

Imperceptibles sans fondements,

Papillons d’ailes ou givres transparents,

Approches d’ombre sur la surface de l’eau.


Ta bouche est pleine de sang,

Et des crachats immondes tapissent

La caverne purulente de ta cervelle.


Ton ventre chargé d’excréments

Expulse l’ignoble déchet

De ta détestable réalité poétique.








Symboliques


Les flammes incandescentes

Les flammes hurlantes

Au milieu des roseaux

Les flammes s’élèvent vers un Ciel inconnu


Là pataugent grassement des cygnes oubliés


La constellation irréelle survole

Un impossible à découvrir


Les forêts d’acacias expriment

La complexité difficile

À pénétrer


Les bouchent s’ouvrent, implorent, appellent


Qui acceptera de nourrir ?


Il dira peut-être :

Peux-tu me montrer quelque chose

Qui te tienne à cœur ?




Au-delà des haines

Au-delà des haines,

Des paroles tombent

Comme des fardeaux inutiles


Tout est consternation

Dans ce ciel de givre


Ceux qui sont méprisés,

Rejetés, ignorés

Dans leur bouche crient

À la vengeance


Je suis seul, libre

Constellé

De ma pure vérité


Je hurle encore

Sur le tombeau de marbre




Le silence isolé


Le silence isolé

La lumière sans éclat

Le poète caché dans l’obscur

Enfoui dans ses racines

Recherche quelques traces


Les voix l’emportent

Vers d’autres îles interdites

Un chant étrange

L’attire tout à coup


Il veut capturer

Les notes fulgurantes

Qui jaillissent

Comme des fluides

Dans sa cervelle inutiles


Écrire


Écrire, c’est fragmenter

Son pseudo vrai

Ligne après ligne

Page après page


C’est prétendre

À sa vérité

Par l’accumulation

De signes


Le poète veut trouver,

Quoi ?

Sa variable

Sa sensibilité

Son autrement

Son lui-même appliqué












Le Lin et la Laine



Cécile


Des vagues démentielles arrachent mon esprit

De la langueur passive où il se reposait.

La cohorte du Mal s'est implantée ici

Pour tuer la verdure, les vallons, les genêts.


J'appelle des mots clairs pour extraire du sublime,

Une oraison funèbre ou un beau chant d'amour.

L'onde supérieure promet le cataclysme

À cette âme pourrie nourrie de vains discours.


Cécile, ma beauté, retiens mon pauvre corps

Des bras de la tumultueuse puanteur !

Éloigne ma cervelle de l'immonde décor !

Cécile, pour le ciel et le repos des hommes

Pour crucifier la Mort qui harcèle mon cœur

Propage dans la nuit la douceur de ton somme !



Délicieuse enfant



Délicieuse enfant, ingénue à souhait

La chevelure tombant sur ses douces épaules

J'observe ses mains qui maladroitement frôlent

Mon visage charmé mais rempli de regrets.


Ses petits seins sont faits de candeurs juvéniles

Et son sourire clair brille d'un bel éclat.


Je regarde ses griffes qui s'avancent vers moi

Comme la mort approche d'un condamné fébrile.


Et d'un coup, avec rage, elle se jette sur moi

Elle me mord, me brûle de ses baisers ardents.

Elle dévore l'animal plaintif, encore tremblant

Comme un félin dévore avec avidité

Sa proie.


Délicieuse enfant…



10/ 1/78- 31/12/98


Comme un oiseau


Légère comme un oiseau

Elle poursuit mon sort.

Au clapotis de l'eau,

Je l'entendrais encore...


Par les cieux brûlants, par les cieux glacés

Elle liquéfie mon sang au rythme cadencé.


Brise cruelle, ho ! la rigueur

Quand doucement elle se presse

La tête claire

Collée contre mon cœur.


Et moi, le radeau aux mille péchés

Moi le lent poète, toujours fatigué

J'exprime ma langueur

Et vais me perdre dans sa terreur !


19 mai 1978 -28 juin 2000




L'eau claire


C'est une eau claire et morne où dorment des ajoncs.

Elle passe par hasard sous mon regard heureux.

J'appelle l'enivrée du plus beau des affronts,

Et j'entends la complainte de son cristal grinceux :


"Partir dans les lacets de ces noires étendues !

Crois mes derniers relents : j'étais belle, j'étais douce.

Les amoureux m'embrassaient dans les coins perdus

Et je me promenais sous les herbes et les souches."


- Qu'est-ce ? Qu'ai-je ? On me parle donc ici-bas ?

Est-ce toi mon esprit, toi tourmenté qui rêves ?

Hors d'ici, jeune malade et pressons le pas. "


J'allais plus loin que les plaines et les villages,

Léger comme le vent qui doucement soulève

Toutes les feuilles mortes le long de son sillage.



16 avril 1978 - 6 décembre 98



Le jardin


Un frais jardin est né telle une fleur nouvelle ;

Tulipes et bégonias s'étalent dans la nuit

Et viennent respirer, - la cité est si belle,

On dirait des odeurs rappelant le Midi.


Mimosas et lavandes dans de lourdes gondoles,

Paresseux, parfumés, ils enchantent nos cœurs

Caressant doucement au gré des herbes folles

Pour nous faire oublier notre triste malheur.


À l'heure où du berger, les voilà qui s'endorment.

La tiédeur des corolles se replie dans leur lit,

Les pétales des roses embaument sous les ormes


Et bercent tendrement les claires amitiés

Au plus loin de la mort et de ses agonies.

J'annonce la nouvelle : un frais parfum est né.



20 avril 1978 -21 février 1999




Le mur


Au-delà de ce mur interdit l'on peut voir

Des torrents de bonheur serpenter les vallées ;

On peut voir les amours et les choses passées,

Les arbres du printemps appeler les espoirs.


Plus loin encore des plaisirs luxuriants chantent

Pour un gazouillement délicieux, unique.

Toutes les lyres s'accordent belles et fantastiques

Et portent une voilure subtile et enivrante.


Derrière ce mur, l'ami, c'est la claire liberté,

Ses blondes farandoles, ses avenirs heureux ;

C'est la joie dans le vin et les dîners fêtés;


Regarde, regarde encore, l'oiseau bleu nous appelle.

Il déploie sa tunique, couleur de l'arc-en-ciel

Et veut nous signifier : par ici, l'on est mieux !


19 avril 1978 - 14 décembre 98


Première version


L'effluve pour qui reconnaît les amarres grandies

Sans se soumettre aux houles vives qui n'ont point de pas

Et d'un genre tout autre en ses yeux éblouis

Dételait le passage que fréquentaient les débats.


Ces phrases honteuses miroitaient par délice

Assuraient la tristesse sans que tel ne le sut

Et quoique l'indulgence, quelque point de malice !,

Ils se réclamaient d'orgasmes neufs et de fruits.


Mais de sa raison comme sa force décline

Je veux sans onduler les résultats écrits

Que croquent les cendres allégées d'étamines


Sur cette bouche où coulent les diapasons nerveux

Trouver la chance réelle donnée à son messie

Puisque chaque mensonge en leur mot est affreux.



28 août 1978




À celle qui voulait savoir



Je te dévoile enfin car tes lueurs éprises

Sur le joug consacré de mon futur destin

En tes grappes juteuses, en fontaines produisent

Sur ce lit ténébreux un sublime festin,


Un diapason léger incarnat et ému ;

Alors ces minces feuilles à ton regard soumises

Dessinent des fraîcheurs et volent de surplus

Pour une forte trempe en battements qu'elles disent.


Ces moments de faiblesse, ces changements de gloire

Forment une onde légère qui doucement s'endort.

Pour un instant passé, ils gardent ta mémoire.


Je n'ose m'approcher du semblant de tes pores

Puisque ta claire raison sur le Néant, peureuse

Effarouche d'un bruit ton idée tortueuse !






Éclatements


Il fallait que la nuisance de ses rires

Entendît battre son cœur nonchalant ;

Il fallait une nuit lugubre sans dire

Qui pénétrât ma coque de satin blanc.


Juxtaposez bénévoles l’esprit insensé !

Allez plus loin que toutes les tourmentes !

L’espace éternel regarde l’amitié

Arracher l’herbe folle des suppliantes !


Le glas … la noire bêtise… l’ignorance….

Que faut-il faire, Seigneur ? Quelle espérance humaine ?

Ce cœur vieux de vingt ans est hélas trop humide.

Les ténèbres et la mort calcinent mes regards

De sombres tueries accompagnées de vomissures.

Ha ! Seigneur, que faire avant qu'il ne soit trop tard ?



11 mai 1978




L'extravagante



Forte sous la dénonciation symbolique

Elle se tord d'esprit critique et répugnant.

La course folle du cheval démoniaque

Exploite la tragédie avec des yeux contemplateurs.


L'extrême franchise et l'améthyste opalocéphale,

C'était vrai : j'ai vu l'œil pourri de mort lente

Voguer dans un ciel ténébreux et rougi.


Elle faisait saigner la verdure admiratrice;

Cupide femme, tes seins sont faits de pierre !

Regarde la flamme se projeter sur nos corps.


Elle cracha du sperme avec du sang juteux

Elle vomit sous l'aube bénévole

Elle pleura, pleura et se sentit mieux

Comme après l'amour deux étonnantes folles !








L'homme qui parlait dans sa tête


" Ton amertume se déploie en immondes frayeurs ? ”

Mais l'Autre dans ses yeux déplorables tremblait,

Ses gestes se désarticulaient. Bath ! Pauvre fou !

Il balbutiait d'étonnantes paroles

Et son regard trahissait sa faiblesse.

... Il aurait voulu parler. Les mots se cambraient,

Le regard était prêt à cracher d'autres furies,

Mais il se tut.


Hors de ses rêves, les syllabes s'échappaient,

Se cognaient gravement dans sa tête perdue

Et disparaissaient. "Homme, homme qui te languis,

Que dis-tu ? Cesseras-tu enfin de nourrir ton noir

Désespoir ? ”


Mais l'homme honteux, vil s'enfuit.

Ses troubles s'évadaient dans cette nuit sans fond

Et son mal et son mal encore le pourchassait.




Desmodée


Au premier chant funèbre qui s'ébroue dans la nuit

Je trépigne des poings et du cœur et des mots ;

J'appelle Desmodée qui m'écoute tout cuit,

Nous chantons des Te Deum comme deux salauds.


Et j'arrache des pages à l'ignoble écriture :

Plus pur que le satin et que le blanc corail,

Je vais doucement féconder la moisissure

Par la plume suprême du superbe travail.


Ô frère de l'infortune, de la pensée obscure,

Ô putride amitié qui parle de grandeur,

Nous naviguons tous deux dans l'ignoble candeur !


Ô le noble symbole sur mon cœur tatoué

Que j'aime ses éclats et sa haute parure.

Pour l'implacable frère, la sinistre pensée !


27 avril 1978- 14 décembre 1998





Le Satan de la mer


En sa faiblesse encore, affublé de tempêtes

Sous son joug maintes fois, le Mal se découvrit.

Précurseur de la soif, mimant des airs de fêtes

Lui somnambule héros penché sur ses écrits !


Et Large ! Ô destin ! Tu jugules des mers basses

Que houles et Monitors font sur tes joues.

En tes eaux, la marée se jette et se délasse

Et se perd et se perd vers des rivages flous.


L'ombre ne saurait défaillir ; l'heure est très grave,

Si ce n'est l'Archipel qui pointe vers son Havre,

Écumes déchirantes sur des quais attristés.


Il brûle les dangers de la forte saison,

Ô sinistre nageur échoué et perdu,

Qui en un jour prochain détruira sa raison ?


29 août 1978 - 4 janvier 1998





L'effluve


L'effluve qui secouait les amarres grandies

Sans se soumettre pour autant aux houles vives

Espérait un autre genre en ses yeux éblouis

Détestant le passage que fréquentaient les pas ;

En phases honteuses, miroitait toutefois le délice,

Assurait le triste sort que nul ne veut suivre

Sans la moindre indulgence, soumise aux maléfices,

Réclamait son orgasme, sa vraie place et son choix.


En sa raison encore ivre, - force qui décline,

Elle fait onduler les déplorables écrits

Qui croquent les cendres allégés d'étamines.


Sur cette bouche où coulent des diapasons mièvres

Il faut prouver la chance réelle du Messie

Puisque chaque jour le mensonge est un mot affreux.



28 août 1978 - 4 janvier 1999


Le Mal loufoque


Dépourvu d'imposants fiels

En ses pensées le Mal s'endort

Sinon de crier : ciel !

L'ennemi redoutable fait le mort.


Le suffrage vrai et bien aimé

De ses bras clairs et parfois forts

En solitude arraché

Lave l'esprit et parfois dort.


Sous ses mâchoires inertes

La véracité des pertes

Se cache dans le mouchoir


Et l'attente à ses yeux si douce

Rassemble maint et maint savoir

Sur cette bouche pâle, rose et rousse !



Finesse intrépide


Finesse intrépide, une branche se posa sur le cœur.

Un son étrange parcourut les murs de la ville,

Des diphtongues, des (archéologues), des déboires :

Tout s'amassa dans l'âtre débonnaire !


Des Vénus à peau tendre, des pompiers incendiaires ;

Ô l'étonnante satisfaction nuptiale !

L'orage, détresse putride accéléra le sang :

Ce rythme dont parle le poète, je le connais !


La vague, l'insaisissable destinée, tout déchoit !

Petites boulettes de papier, cœur humide,

J'ai su votre notoriété, j'ai su la maladie !


Pour éteindre ce verger, reboisons, reboisons

La contrée. Ha ! L'herbe verte et le muguet !

Je parle de ces prairies. Je parle, je parle, je sais !








P 12


Le songe larmoyant


Et du songe larmoyant par le ciel

Implorant la réalité fatidique,

Vaste drapeau, puissant pareil

Aux Amazones et aux Antiques


Creuse et enflamme les vrais accords

Comme une flamme ténébreuse

Qui s'éprend à raison ou à tort.


A gorge déployée, prône les sucs

Et autres délires accoutumés

Par l'oracle tu et mauvais :

La bannière sied en sa contrée !


Le fruit délectable irradiant

La pure morosité malchanceuse

Est omise aux regards du vent !


Les Suppliantes


L'imperturbable monotonie parfois agite

Les regards langoureux de haine et de malheur ;

La fin perpétuelle et mourante se précipite

Comme un déferlement au Temple des douleurs.


Des Suppliantes ouvrent des portes remplies d'espoir.

Des spectres enchantés, mains osseuses et tendues,

Proclament lestement qu'il faut entrer pour voir,

Le bonheur se veut autre et n'est jamais perdu.


Quand poussés par cette force sublime

Soulevant le poids de notre existence brumeuse,

Esclaves enchaînés à la Voix qui fulmine


Nous allons terrifiés vers les ombres le soir,

La peur s'empare enfin de toi, ô ma rêveuse,

Tu implores mon amour et cries ton désespoir !



La conscience de la chair


Quand encastrés deux corps gémissent dans la nuit

Les remous du décor offrent de vains plaisirs,

Et la sublime étreinte suivie de l'agonie

Rend plus sinistre encore les affres du désir.


Dévoyée, pensive, l'âme implore un autre coeur.

La noire punition s'achève dans la tristesse.

Le temps s'évade et fuit sur l'horloge et son heure

Et le plaisir s'oublie sous ces vaines caresses.


La porte entrebâillée d'où la fumée s'évade...

La honte et les remords chassent les cavalcades

Et s'extirpent de l'homme affligé par le sang.


Solitude de chair du dernier des vivants,

Toujours tu nous déchires pour tes viles découvertes

De cambrures et de seins et de chair entrouverte !




L'attente détroussée

Disposant d'imposants fiels

En ses pensées, le Mal s'endort.

Si c'est d'entendre le mot : "Ciel !"

L'éternel ennemi fait le mort.


Le suffrage vrai, bien infligé,

Qui par son tour en a maté des forts,

En solitude possédés,

Touche l'esprit et des yeux mord.


Sur des mâchoires inertes

La véracité des pertes

Pose confusément son mouchoir...


L'attente pour des âmes très douces

Espère maint et maint espoir

Mais son Satan sursaute et le détrousse...





Pièces courtes


Le temps pensé



L’Heure me dit d’écrire et se fait souveraine.

Tout s’éclaire en ce jour que jamais je ne vis.

Danseras-tu longtemps, Rayon, ou je languis ?

Dans mon âme épurée, je te cherche, ma reine !


Voici le temps pensé, dimension quatrième !

Enfin splendeur du moi, ô bien que je bénis !

Je suis ce que je puis, et la sagesse mienne

Me conseille au plus loin d’y chercher un maudit.


L’heure me crie soupirs dans ma mémoire blême

Et je veux en ma chair y cacher un banni.

Souffriras-tu encore dans l’horreur du système

Ou me plongeras-tu sous le noir infini ?


Voici le temps pensé, dimension quatrième !

Poète détesté au fond de son taudis, etc...




Ne me détruis pas



Ne me détruis pas aide-moi à être

Permets-moi de me réaliser

d'assumer un semblant d'œuvre

de produire une infinie parcelle de toi.


Donne-moi le droit d'obtenir

ce qu'il me faut

ce qu'il m'est nécessaire pour être.


Veuille me construire avec ta patience

avec ton souffle

avec ta gratuité

avec ta divinité.


Apparais-moi encore, apparaissez-moi

Lumière de Lumière, Lumière.


Descends, parle, tourne-toi, repars, éloigne-toi, va.

Blanche



Tu étais claire !

Belle est la pureté.


Tu t'enfuis, t'élevant au-delà de ton âme

Dans une parabole d'extase

Pour bannir à jamais la sombre réalité


Tu étais claire bien que nul ne comprit ton élévation

Dans la nuit même, tu étais le chemin de lumière


Nudité, pureté sans défense

Seins blancs, haleine douce

En paix dans ton monde à présent


Seul Dieu te souffla son amour

Nul homme jamais ne te prit


Sois l'hostie, tu es, sois

Tu étais claire !




Conseil à une future sainte



Méfie-toi des loups

Ils apparaissent dans la nuit

Nul pasteur ne te protégera.


Les loups sont sanglants, il n'y a pas de battues.


L'avenir est un feu qui purifie.

D'un pas allègre, va sur la montagne.


Les prophètes annoncent l'avenir.


Déshabille-toi

Mets-toi nue de beauté, de clair idéal

D'innocence de chair

Rends ton sang transparent.


Aime-Le, aime-les.

Attends. Remonte.

Sois pure, élève-toi.


Ni feu ni braise


Ni feu ni braise sanglante non,

Mais un esprit lavé comme soie

Qui se volatilise

dans l'éclair de la nuit.


Un cristal de femme

Crisse ou se déchire

Sur des objets nuptiaux


La belle répand

Dans les yeux de ses hommes

Des fluides enivrants


Ils hurlent puis s'enfuient

Vers l'aurore salvatrice

Ils crient de plaisir

Pour mourir à tout jamais




Le cri sanctifié



Entends la souffrance exhalée

C'est un cri sanctifié

Le sang hurle sur la face du Christ

Sur les braises acides

Les clous sont enfoncés dans la chair

Les épines labourent et tailladent le pauvre corps

L'espace se tait

Les Dieux sont silencieux

Les étoiles constatent

Mais ne savent que répondre.


Il supplie encore le poitrail et le ventre arrachés

Labourés de coups de fouet

Son ombre est un espoir

Dans le soleil sanglant















Est-il des messages


Est-il des messages,

des communications, des signes émis ?

Oui, dans l'espace. Un mélange cosmique

De renvois, de réponses, d'appels, de supplications.

Pensées, planètes, atomes, la matière, tout

S'échange, se chevauche, se combine.

L'univers parle. Nous lui répondons.

Étoiles, lumières, pulsions électriques,

Nous sommes un signifié, un signifiant,

Seuil et uni à tous, à tout

Présents dans le vide, dans le plein.


Seule la voix de Dieu importe

Le reste est méprisable, inutile.




Énigme soufflée



Le vent lèche vicieux les chairs des femmes

Avec raison,

Je dors moi dans un ouragan de colère,

D'injustice,

Je tremble de haine, de passion,

D'horreur.


Son souffle s'unit au mien,

Nous nous fortifions dans le délire.


La fin du péché est espérée.

Est-ce raisonnable ?

Est-ce certitude ?

Est-ce avenir ?


L'air claque dans ma chambre

Et ne sait que répondre.













Il y a la chair fébrile



Il y a la chair fébrile

quémandant l'orgasme

Qui offre sa poitrine

La chevelure est claire


Tu es vêtue de nudité

Soleil dont je me délecte

le temps s'oublie.


Sur un océan de draps

comme vagues bleutées

tu es sirène d'ange

entre houle, flux et reflux

souplesse et résistance

tu balances le mat de chair

pour le délire et le vertige




Glorifié sur son séant



Glorifié sur son séant, le jour s'impose

Statue blanche élevée, dominant et royal


Il y a certitude de grandeur, d'élévation,

d'exaltation,

Cette vérité est belle comme fille épanouie


Là-bas la mer lèche, et va à l'assaut

de la côte comme femme qui embrasse

le pubis d'une autre femme,

doucement, régulièrement

en salive d'écume

Puis se fait araignée blanche


Le soleil chaud et lourd

Exalte sa couronne d'or

Et se répand au-dessus de la mer.


Les yeux hurlent



Les yeux hurlent, les mains arrachent

des lambeaux d'espoirs quémandés en prières

Il suffirait de peu pour qu'un miracle libère

le torturé, le persécuté


L'ombre entoure de son lierre invisible

le saint en attente

sa vacillante carcasse

hurle sous la douleur de Satan


Ô double foyer de lumière, entendras-tu ?

En bas là parmi le troupeau de bipèdes

Il y a saignement ...


Chez les hommes, nul vulgaire ne croit :

Comment voir, toucher des formes délétères

Épées enfoncées dans la chair ?




Je suis sans être



Je suis sans être, épanouissement de mon néant,

Plénitude de mon vide.


Puis je plonge dans ce lac de pensées

Où grouillent confusément les perceptions du langage,

Où les grondements entendus par l'alchimique opération

Se transforment en cristal de musique.


Apparaissent les vagues successives d'analogie,

Images dérisoires ou sublimes symboliques.

Les concepts et leurs contraires participent

À la construction du raisonnement.


Les symétries, les parallèles

S'entrecroisent et s'imposent.

Jusqu'à l'effacement final

Pour la mort du poème.











Constance



Le présent est douleur

La chair est usée par la souffrance

Ils sont là depuis l'origine

La nuit vient à tomber, ils sont là

éternels

De cruauté, de vice, d'ignominie

Constants dans le Mal

en horreurs de tortionnaires.


Éclatent

Les hurlements de l'innocent

Le prince est percé d'aiguilles

La nuit implore, pour qui ? pour quoi ?

Faut-il sanctifier ?


Le présent est douleur.




La chaleur



La chaleur écrase la saison

Le juillet éblouissant

Jeune couronne d'été

Agonise de fatigue,

Alourdi par la masse pesante du soleil.


Nul désir de chair

Nulle volonté de fuite

Les entrailles brûlent mais supplient la glace

La lumière se répand dans ton corps

Tu es ouverte comme une fleur.


La braise se précipite en toi

Le feu gronde, tu implores

Tu resplendis d'extase

Offrant tes seins vainqueurs.














Aubes claires et bleues



Aubes claires et bleues

suspendues de rosée

miroitant sur les éclairs de neige.


Amours de cristal enflammées

de topaze, de flammes comme des fluides

qui circulent lentement dans l'éther.


Vols d'oiseaux qui déchirent

l'infini azuré

battements de soieries

légèretés caressées

dans l'idéal du ciel

tourbillonnez encore

dans un ballet nuptial

pour l'espoir du poète etc




Supplique



Apprends-moi

Apprends-moi à être, à comprendre

Permets-moi d'exister

de produire, de travailler.


Ô esprit par qui je suis

Ô substance de puissance qui me conçois

Vérité qui m'élèves

Pourquoi disparaître, pourquoi fuir ?


Splendeur éphémère de blancheur vêtue

Éclairant la nuit passant comme un éclair.


Fixe-toi en moi

Comme une certitude de valeur

Construisons cette vie

Et préparons l'ailleurs.


Question



Pensée pensée

qui se conçoit sans cesse

qui se nie et s'engendre

qui s'associe et se perd

dans l'espace de ma nuit


mot qui cherche mot

qui circule dans l'imaginaire

je veux mêler, faire fusionner,

engendre, croiser


de nulle part doit venir l'espoir

de gain de conquête

de résultat positif


Est-ce poésie que de supposer ainsi ?

Qu'est-ce alors ?



La pensée


La pensée surgit et s'impose

sur les feuilles rectangulaires

sur ses espaces blancs

elle cherche à construire

à édifier pour l'homme


Son langage sort de l'invisible

comme association de grains

comme petites briques de mots.


Le signe est unité de montage

il participe à la syllabe.


Syllabes : concepts d'échos

répercutés sur le papier

puis le texte apparaît lentement

comme femme au sortir du bain ...


Sainte


Tu étais claire


Elle est bien loin cette pureté !


Tu étais blanche,

tes lèvres sur ses lèvres

dans un mouvement constant


Tu étais si près, si proche

Tu ne t'inquiétais pas de la prochaine mort

Tu étais une croix sur le chemin


Épouse du Père sans méfiance,

sans regard, indifférente même

Sainte pour servir et aimer constamment.


Élevée dans le monde autre

sois, reste claire

sois éternellement.




Suis-je ardeur ?



Que pouvais-tu me promettre, ô sinistre poésie ?

C'est le moment d'agir, tu dois fructifier,

Évoluer, offrir et embrasser le feu ;


Devant mes yeux est la nuit, compagne comblée.

L'angoisse, ce présent de l'acte créatif

M'impose à chercher pour découvrir en moi.


J'invente le poème, je le respire, je le devine.


Une lumière noire s'élève, propose des figurines

Fugaces et délétères.

Sous ma calotte princière, c'est le soleil de nuit :

J'exploite l'image, je rejette le sommeil.


Introspection donnée à celui qui cherche,

Désir insoupçonné de trouver sans être,

L'esprit nourri de son élan ne saurait maîtriser son ardeur.












Pensée qui descends



Pensée qui descends dans la fraîcheur sauvage,

Pailletée d’or, j’espère ta liberté.

Insignifiante charge déjà perdue,

Dérobe-toi des yeux violeurs

Qui veulent pénétrer dans ta fissure.


Ô beauté insoupçonnée, iras-tu te cacher ?

Voudras-tu de ce spasme,

Car je dois t’étourdir ?

Ma soif que nulle bouche de fille

N’apaisa, ma soif, s’auras-tu l’épancher ?


Parée de voilures fines, tu succombes à mon charme.

Tu vis de soie légère, de brise câline,

De mon avidité,

Vois, je te donne la vie. M’aimes-tu ?




La chair et l’esprit



Pression de la chair sur l’esprit,

Le désir constamment s’impose,

Plaintive supplique qui ronge le lit.


Qu’une volée de pensées s’éloigne de l’épiderme de l’amant !


Pure soit son aventure qui chasse le désir malsain.


Que va-t-il laisser dans sa mémoire ?

Le jardin d’une femme en sang ?


Il n’est pas que d’aimer le corps, ici.


Soleil de mon orgueil, je te salue !

J’appelle ton suc nourricier,

J’espère en ta jouissance et te veux.


Pression de la chair sur l’esprit,

Le désir constamment s’impose,

Espoir de la raison, o fièvre détestée.


Profondément vers toi



Profondément vers toi

je me déplace.

Mes dieux se dédoublent,

pourtant je me sens seul.


Chair soumise à la souffrance,

chair pénétrée d’aiguilles invisibles,

embrassant l’étendue impossible

de l’immense génie

et sa beauté féconde.


Puis s’efface à regret

ma pensée sur le souffle de vie

jusqu’à l’ultime éclat venu

de l’inconnu, de moi,

de rien, vers le néant.




Offrandes



S’écartent les cuisses,

se tendent les reins

s’offre la poitrine

les muscles de la femme supplient


pour quelle jouissance extatique

le corps quémandera-t-il encore ?


Coulées de baves dans le cou

Fluides des sexes qui parlent, appellent et implorent


Assauts de chairs, vers quelles fuites

Halètements, gémissements encore

au plus profond des entrailles

dans la zone de folie

à hauteur aphrodisiaque,

organique, de jouissance ?














Finir seul



Finir seul

en résolvant le problème

de l’inconnu

du banni


sans source ni extase

dans la parfaite contemplation du moi


admirant son triomphe

avec la cruauté du mal


être sans être, sans l’autre

se chercher et comprendre

se savoir

pour accéder à sa gloire unique

voilà


La belle finitude !




Finalité



Tout ce qui se meurt dans la nuit

Sexes, vieillards, beauté,

Dioptases, comètes, vierges,

Se meurt pour une autre vie

Dans le grand esprit de la réincarnation


Allume-moi,

Ô torche vivante


Je m’éclaire de mille faveurs

J’accède à ma propre évolution

Nul besoin pour moi de renaître


Tourbillonnez astres, nébuleuses, cœurs de femmes

Je tends vers le repos

Je vais disparaître là-bas

pour un sublime sommeil










J’exploite une blessure



J’exploite une blessure

Telle est ma matière première

la bouche parle avec excès

avec emphase

triche, prétend ...

actrice italienne


J’ouvre donc des cicatrices

c’est une histoire

c’est l’histoire de l’autre

d’autrui

Que je m’approprie, que je transforme,

Que j’intègre


La poésie délire encore

Pour quelle finalité ?




Refus



Est : “ collapse et temps d’hier circlair

Abandon bidonnant de vernis

Basse escale invitant l’avenir ”

... Et fuite de la logique vers l’éther


Mais comment ? Comment autrement

Sans l’absurde avec le vrai, l’idéal, etc ...

Est-ce possible ? J’essaie - mais quoi !

Pour quels résultats en vérité ?


Est donc : “ Concentré d’invectives avec

L’azur, lézard ailé, battant faible écume ”

Non ! Ceci est trop - il faut en cesser là


Et prétendre obtenir par l’intelligence

La combinaison, la fusion, la jeunesse, le savoir

Une production d’écriture autrement supérieure

Jeunesse et règne et fin



Ineffable certitude

Qui me prétend maudit

Tu es constamment

Devant mes yeux


Jamais et jamais

L’espoir d’être compris, d’être lu


J’ai épousé la Muse,

Fille belle et féconde

Aux enfants méconnus


Que supportons-nous ?

Un constant mépris


Tout jaillit en nous

En forme heureuse, malheureuse :

Jeunesse et règne et fin



I



La bouche est harmonieuse

Elle obéit à la cervelle

Qui lui impose d’agir

Splendide, splendide et pourtant

Interdite


L’espace d’écriture coule

Par la salive

Il jouit de la langue

Il balise la feuille à noircir


La fille belle qui pousse

L’inspiration tourbillonne dans le vent


Une idée cherche, veut et se retire

Sur mes lèvres

Assoiffées d’idéal poétique

II



Je n’aime pas, je pense.


Si penser est un geste, je touche les choses

j’embrasse ton sourire

je caresse ta langue


Je pose des marques visibles

sur ta chair qui n’existe pas

tu vois, j’invente un rêve

puis tu apparais


Je fête ta naissance dessinant tes formes

que j’efface pour oublier


L’éclair du poème est intermittent

il est sans devenir

passé pour durer


Je crée donc une distance temporelle





III



Le soleil dessine un arc, élabore une parabole

J’explore le cercle et je pense au Parfait


Telle est ma petitesse

Je suis peu

Voilà une tête qui fait des bulles

jaunes et chaudes


Mon savoir est ridicule


Je reviens dans ma bouche

J’appelle ma langue

s’échappe la vérité


Je me vois nu, faible, et médiocre

à capturer des frissons

à supposer une construction

à travailler du délétère


IV



Je vibre sur une émotion

Je vais contre l’usage éblouissant, inutile


La pensée se couche, honteuse

sans résultat ni réussite


Mes yeux se portent vers le passé

le vide s’agrandit

j’y habite


Je me pénètre encore

dans ce volume d’espace invisible

J’y crée de la matière

voilà les mots


Je recommence agitant le miroir

sachant encore que le tout

ira dormir dans un Néant



Enterre-moi


Enterre-moi

Pour que je sois immortel


La pensée s’active

Refuse la mort

Et produit encore


Ni feux ni ombre

Ne se contredisent

Dans le cercueil ou au bureau


Les opposants s’épousent

Dans le présent du futur

L’œuvre y gagne-t-elle ?


Qui es le tu ?

En moi-même ! je suis l’autre !

Qui le croirait ?

Il déplace le présent



Il déplace le présent

Le voici dictant du futur


Sa bouche est divine

Il porte la ceinture

L’œil est pénétrant


Il s’adresse à l’invisible

Il se figure de l’espace

Cherchant la vérité


Le cœur épuré

La chair passée au creuset

Ses habits de clarté


Et l’histoire de son peuple

Qu’il pousse vers l’avenir

Lui indiquant la Loi




Sur son lit



Sur son lit de douleurs

Le corps déteste le corps

Je l’entends gémir


L’ombre le persécute

Il balbutie des lèvres

Pour personne pour l’absence


Apparaissent les Dieux

Par le mur transparent


Ô mes superbes Amours

Que le Savoir m’instruise

Que le Génie m’éclaire


Le mur se referme

Le Mal est encore là

Et la souffrance aussi


L’air s’élève



L’air s’élève

Et sur le sol

L’éclair de vie s’enfuit


L’orage de violence

Éclate dans ma mémoire

Jaillit hors de ma bouche


Tire sur mes membres

En quelque image disgracieuse

Que je m’impose à répéter


La vérité issue d’un beau mensonge

Sereine et audacieuse


Par le faux

Obtient l’exactitude

D’un conflit intérieur




Insignifiant



Insignifiant fut le triangle

Constellé de sperme

Auréolé de poils et de senteurs


Une histoire lamentable

Qui cherchait en ce lieu

Un passage éblouissant


Des hurlements fabriqués pour déchirer

L’azur dans l’impensable chair


Celles qui s’agenouillaient

Quémandant l’orgasme

Gémissaient sous le fouet


Et là dans ma hauteur

De dominant pervers

J’inventais un théâtre

L’éblouissante recherche



L’éblouissante recherche

Éclate dans le silence

De la nuit souveraine


Tout se situe à l’intérieur

Le je exulte, le moi se cambre


Il y a lutte d’esprit

Se boule et roule, et quoi ?

Se sépare et se juge


S’observe du regard

S’échange des propos

Animés de critique


Cherche à se combiner

Pour voltiger ensemble

Pour le jeu du poème




Chaque pensée



Chaque pensée

Engendre une pensée

Miroir et tombeau


Tant de feux inutiles

Dans l’avenir interrompu

Nourris de leur passé


Chaque image engendre

Une image-création et chair


Un poète concevant

N’étant que cela

Que mort future


Construit en délétère

Pour le secret du rien

Éblouissant et inconnu

Tout tient du Néant



Tout vient du Néant

La fertilité retourne à la mort

Fuyant vers l’avenir


La pensée s’éclabousse

Sur la page blanche

Les lignes nerveuses


S’organisent, forment des ressorts

Rude tension dans la nuit


Le sperme noir pénètre

L’espace vierge

Couché, à prendre


L’accouplement est visible

Pourquoi produire ?

Vers quel espoir ?





Tout jaillit pour l’avenir



Tout jaillit pour l’avenir

Ce qui était n’est déjà plus

Ce qui sera existe


L’œil perce plus loin, là-bas

Il se projette vers l’avant Il espère


Les choses sont prévues

Quel est l’étonnement à les concevoir ?

Est ce qui doit être


La substance future

Est soufflée dans le temps

Le prophète apprend


Alors tout s’accomplit

Il faut réaliser

Ce qu’Il avait pensé









Balancement



Entre le je suis

Et le je serai

Le poète pense


C’est l’espoir

La certitude

C’est l’avenir


J’ouvre ton oeuvre

Pour y voir un futur


Mais le temps s’effondre

Il s’écroule sur toi

La nuit tu espères


Tu prétends être

Pour t’en retourner

Dans l’insignifiance du jour




Je me nourris de rien



Je me nourris de rien

Le rien est là qui déteste l’infini


Je pénètre en moi-même

J’exploite mon oeil intérieur

Le jour est dedans


Je plonge dans mon regard

Le vrai est tout au fond

Dessous il y a de l’or


Des mots émergent

Glauque troupeau incohérent

Je les range, je les compte


Devant eux, le poète

Le gardien de leur sens

La voix et l’émotion

La nuit s’épanouit



La nuit s’épanouit en elle-même

Comme une immense femme noire

Dans une chaleur rose


Le temps aspire la durée, avale

Les secondes qui fuient vers l’avenir


Vivre c’est passer

Mourir est exister

Je veille pour devenir


Dans ma mémoire

Les souvenirs se déplacent

Entre le flou et le précis


J’accompagne mon Oeuvre

Le parcours d’un homme

À enterrer, à oublier




Non, je ne peux pas dire



Non, je ne peux pas dire

Tu es en moi ce que tu es

Visage et âme unis


L’injustice règne

L’œil dedans dehors

Vise, analyse et sait


Le temps consacre l’avenir

L’oint devient immortel

De toi à moi : qui suis-je ?


L’absolue vérité construit

Sa pensée avec intelligence


Pour ce réel d’exactitude

De faux, que sais-je,

Il interroge sa forme










Le passé



Le passé est le déterminant

L’origine, le point de départ

Qui a été et n’est plus


J’habite la bulle du présent

Sombre et noirâtre replié et caché


J’y invente le clair, sa lumière

Je prétends me projeter

Vers un avenir


Toi, tu diras : en ce temps

Tu étais et ne savais

Mais le passé a fui


Nul souvenir fugace

Ne comble les instants

Que j’essaie de capter




Les mots s’appellent



Les mots s’appellent

Les signes pénètrent dans les signes


La tête découvre ses secrets

Offre ce qui est enfermé

Soupière en ébullition


Elle malaxe de l’invisible

Prélève à la dérobée

Quelques pensées légères


L’idée est à saisir

Au milieu du magma

Elle est la flèche


L’horizon est couvert d’encre noire

Il se répand sur le papier

Il conçoit le monde



Le mot fabrique le mot



Le mot fabrique le mot

Engendre et conçoit

Le sens s’éloigne


Il y a recherche de pureté,

Il faut être bien né

Le temps lave le sang



Le moi dit : possible,

Non, peut-être, à voir

Il chasse, il exécute, il tue


La lumière plonge aspirée

Par le vide dans un espace vivant


Intérieur, extérieur

S’organisent des formes

Élaborées pour un devenir




La haine est dans le corps



La haine est dans le corps

La chair est en feu

Tout est cruauté


Le sexe est mort

La pensée fuit dans la nuit



Nulle possibilité

De jaillissement

J’ai épousé la médiocrité


Dans mon état de purifié

J’accède au néant

Mon devenir est difficile


Je tète à la poitrine noire

Du sang de béatifié

Tu vois : je m’élève


La plaie est à l’intérieur



La plaie est à l’intérieur

Qui la verrait ? Qui ?

Le sang charrie de la douleur


La chair ne sert qu’à souffrir

Elle frémit sous l’extase

Sans le plaisir de l’autre


On fabrique des images

Histoire de fuir un peu

Les relents de la mort


Masse blanchâtre, ceinture de clair

Invisible qui donc pourrait voir ?


Persécution mentale,

À toute heure, encore

J’habite avec la mort



Dès



Dès qu’il en prit conscience

À coups de pensées déployées

Il développa sa méthode

la sienne, oui.


Il produisit comme on s’accouple

Mécanique de fauve érotique

Sans jouissance pour autant


Sa certitude accéda à de l’inconnu


Ses fluides, ses spatules de l’esprit

Touchèrent d’autres envies

d’autres femmes de poèmes


Mais le Ciel condamna

fabriqua de la haine

l’aigle blanc eut la chair torturée.









L’épouse du poète maudit



Penchée, tournante, tournoyante, envolée

Elle se déplace dans ses jours néfastes

Elle dort sur des clous, des brisures de verres

Elle a froid, elle est brûlante


La voilà crucifiée au milieu des ombres

Fille du fakir, princesse de la douleur


Elle cherche des étincelles

Son époux est misérable


Magnétique attrait

Constante privation

Éphémère et sainte


Je nourris son supplice

Ô ma beauté interdite

Pourquoi m’as-tu suivi ?



À personne



Je ne lègue à personne

Ma part de poèmes, de rythmes

Qui s’élaborent

Dans mon désert


Enfermé en moi-même

Au plus profond de l’exil

Nourri d’imaginaire


Sans contradiction, mais sachant

Évidence immuable


L’organisation de l’homme est facile


Collectionneur d’images,

De sons, d’invisible

Proposant des fréquences,

Je fomente dans mon âme fertile.










Ténacité



Critiquant, critiquant et sachant

Le réel contenu obtenu

La médiocrité en moi

De l’acte poétique dépassé et ridicule


Derechef travaillant, travaillant

Éclairé de science et de vérités


Donc honteux et caché

Humilié et stupide


Innocent, agressé,

Virulent d’exactitudes

Proposant des solutions autres,

Refusées par le ciel,

Implorant encore pour rien,


Oui, lui - mais quand ?

Jusques à quand ?




Le va, le vient



Le va, le vient

Le rituel éternel

De deux chairs


Le passage, la trouée

Les langues roulées


Les regards

En tête-à-tête


Puis les rudes coups

Portés dans le ventre


La pensée s’écrase

Dans l’apothéose des corps


L’âme redescend

Constellée d’orgasmes

Redescend







La mémoire aime l’oubli



La mémoire aime l’oubli

Le souvenir fuit

Là-bas dans l’ombre


La pensée est brisures de cercles

De moins en moins parfaits

Qui s’évadent

Vers l’infini perdu


De dérive en dérive

La nuit couvre le jour

Carnassière et dévastatrice


La tête est lourde de songes

Le sommeil s’épanouit

Éblouissant

En longs soupirs




Où est ta fuite ?



Où est ta fuite,

ton refus, ta honte ?


Cette question est posée par un poète

qui se replie en soi-même


Tant que l’homme produit,

il vit tout au fond

très loin

à l’intérieur


De chaque poème naît un espoir

construit par l’alphabet

d’un ordre - désordre


La pensée s’épanouit derrière le visage

La pensée construit

pour imprimer du délétère


Souvenirs



Souvenirs

Vous versez l’oubli

Sans futur


Délavées les pensées

Disparaissent peu à peu


Ainsi s’écoule le temps

À travers notre mémoire

De clair-obscur


Tout s’efface dans l’oubli menteur


Notre regard intérieur

Masque le mensonge


Nos yeux se nourrissent

De vaines images

Encombrées de poussière




Pour ne pas



Pour ne pas décevoir

Ne rien faire


L’aurore est une bouche

Qui pose des questions


Si la passion s’en mêle

La raison est dans l’abus


Le Moi

Veut s’approcher du Toi

Quand il l’atteint

Il en cherche un Autre


L’homme seul

Communique avec Dieu

La mise à l’écart

Est acte de pureté


Un endroit



Il y a un endroit où le vrai se veut certitude

sans contradiction

sans dialectique

le peut-être s’abolit

le conditionnel est effacé


On possède le vrai

comme d’autres le mal ou le bien,

comme d’autres


Est-ce lieu du Parfait ?


Vu la porte céleste du lieu

porte invisible


existe l’Éternel

Je pourrais soutenir que tout était là


Quelque chose, quelqu’un




Le monde sera



Le monde sera ce qu’il doit être

en son lieu, en son temps réel

en son possible, à sa façon


comme une tête pensée par un Dieu

côtoyant d’autres têtes


La mienne petite et insignifiante

perchée sur un corps


avec une autre tête, la sienne,

belle ou moitié, la sienne collée


De l’immensité à l’infiniment petit

tout est su, pesé


et toi toutefois

toi vivant et si peu pourtant toi


Un autre monde



Un autre monde, certainement

avec des perceptions plus pures, plus vraies

où l’œil est perçant


Un monde parfait d’avenir, de passé,

de conscience exacte, de certitude


Un monde supérieur, éternel, régénéré

nourri de sa propre substance

où le temps est aboli,

ou intégré, du moins compris


Voilà pour l’hypothèse

est-ce possible ?


Monde pensé par des Verbes

d’éblouissements internes


Je dis : est-ce possible ?




Le possible



Le possible en ce monde

et dans les autres mondes

leurs possibles propres


ce qui est possible ici

peut l’être là-bas


Mais l’impossible

comme de diviser par zéro

comme de se projeter dans le passé

de connaître son avenir


L’impossible est préférable

est challenge

est résistance

J’accède à l’impossibilité d’être

suis-je moi ?









Par la main



Par la main

J’appelle la fille

Qui glisse hors de l’esprit


Toujours en moi

Est un avenir que j’ignore


Encore de l’ombre

Encerclé d’ombres

Vers quelle lumière ?


Je glisse dans l’espace

J’apprends à fuir

En constance d’immobilité


Accablé de morts

Accédant à la pureté

Du moins à sa recherche




Vient la pureté du songe



Vient la pureté du songe

Composé par l’ange

Ébouriffé de cheveux fins et clairs


Je souffle sur l’image

J’accroche quelques mots

Battements d’une idée


C’est capter un présent qui sans cesse

S’enfuit par légèreté de vent


Balancements encore

Comme le poids d’un saule

Qui dit oui, qui dit non


La pensée s’étire

Veut et se retient

Et doutera toujours.

De pas n’importe quoi



De pas n’importe quoi

Pour produire cette forme

Du doute et cherche


Avec l’élan

L’unique est parfois facile

Son sens perd donc de sa valeur


Ma nuit est aléatoire de risques

D’espoirs, de logique floue


Constellée de possibles

Tu possèdes peu

Lettres et chiffres infiniment sans notes


Et trop faible

Pour exécuter les ordures

Les charognes de Satan




Sous le crâne prétends-tu



Sous le crâne prétends-tu

Et dans l’ovale de ma bouche

Avec la main au calame


L’œil dicte sa pensée

Il veut, veut, veut

Pour construire


La jetée dans l’esprit

Le souffle combinatoire

J’exploite un risque


Des traces refusées par autrui

Sur le papier c’est l’âme de l’instant


Dans ton avenir déjà

L’espoir d’obtenir

Un produit meilleur


Un élan de vie



Un élan de vie

L’origine s’écoule

Avec du sperme


De toi à moi

Un seul lien

Puis la séparation


L’érection molle annihile

Tout espoir d’un futur


Je reste avec le Seul

La circulation du sang

M’irrigue en autarcie


Je porte mon squelette

Je vais de moi à lui

Et l’esprit s’irradie




Le temps compte



Le temps compte

Maintenant et toujours

Le temps amasse derrière soi


Le présent n’existe pas

L’élan pousse vers le futur

En exploitant un passé


L’onde de choc en cercles concentriques, évasifs

D’appels vers le futur d’oublis vers le passé


En pointillés imperceptibles

De lointain de là-bas

L’onde de choc


Le matin pour l’un

Le soir pour l’autre

La constance d’éternité pour Dieu










En attendant le procès



Lui, corps purifié,

Lui, bracelet d’oint en or,

il produit dans l’ombre sans compagne ou peu :

“ Le Mal s’agite, s’agite ”.


Il est vivant encore

mais cherche sa survivance :

“ Quelle belle mort, quelle ! ”

puis les chiens, le Mal, la violence

un espoir par le temps, le travail, les Dieux

Les voleurs, les tortionnaires, la pourriture

Les fils de Pétain, la Milice


A quand le procès ? J’attends le procès

dans son vide d’inconnu

de tant pis etc...





Orgueil



Ô puissance de soi-même

Les effigies, statues, images de murs

tomberont, eux pourtant vrais glorieux

car je les nomme et les sais

Qu’on me défende des chiens qui mordent

chiens invisibles mais tenaces

moi cherchant encore

vers ou cendres de livres

sur mémoire de jeunesse

Tu hurles à la consternation

c’est un, un qu’il faut arriver dans son espace

Non, je n’ai point plaisir c’est déception

descendant les oboles ?

sont venus les Dieux

La nuit attend



La nuit attend comme un veilleur le jour

Attend


Le temps donne 6, 8, 10 heures à la nuit


Tu cherches de l’intérieur

Jusqu’au lever de la page

Tu prends des lettres,

Tu y ajoutes de l’élan

C’est ton désir


Impatient, tu appelles le son

Porteur de souvenirs fuyants


La bouche, corolle ovale

Veut penser encore


Tu souffles sur des idées

C’est ton espoir




La pensée, la profondeur, l’éclatement



La pensée, la profondeur, l’éclatement

En synergie d’actions se combinant,

S’accouplant pour la sublimation du Moi


Tout ce que tu perçois

Enfoui en vibrations infiniment faibles

Tout ce qui t’apparaît

En images délétères ou symboliques


Produit des accidents de langage

Dans un capharnaüm harmonieux


Harmonieux ? Tumultueux et violent, oui !


Pénétrant en soi-même,

Tournant les yeux vers l’intérieur

Plongeant dans ces formes sensibles

L’esprit qui veille construit sa pensée


Ailleurs



Il y a un lieu, ailleurs

Pas trop loin d’ici.


Ailleurs existe donc,

Vous devez le chercher.


Ils disent : “ Nous n’avons pas trouvé,

Mais nous avons cherché ”.


Toi, tu attends vainement

Espérant je ne sais quoi

De futur, d’avenir.


Il te faut y aller

En oubliant le temps

Qui veut s’éterniser.


Que la mort m’emporte,

Qu’elle extirpe mon âme

Abolissant mon corps.





De chair



De chair quand tu descends dans l’ombre

La pensée bien faite sur les choses rationnelles

L’esprit avance avec sa certitude :

Le nu est parfait, sa peau à dévorer


Ici et là,

Ici-bas pour la reproduction,

l’appel physique, le besoin


On s’abreuve aux sources sexuelles

le lit, les poils, les odeurs,

les sécrétions, l’haleine, le lit


On spécule sur ses désirs

en sur quantité de possibilités citadines,

le pénis vibre, la vulve coule


Il se passe peu, presque rien ou rien


Ainsi hurle-t-il



Ainsi hurle-t-il : va vers la science

rejette la chimère


capte en plein vol la gravité et la vitesse


délaisse l’habit d’images

forge-toi une certitude

avance sur la vérité


L’ordre est à la rigueur, avec des

irrationnels ? des cercles qui n’ont pas

de surfaces finies ?


C’est donc une forme de connaissance

à parfaire


Les espaces sont des années

dans lesquelles je construis

un passé exact




Recherches de distances



Recherches de distances,

ce sont les mémoires

d’une même oscillation

d’un imperceptible à définir

sans connaître exactement l’origine


ce sont des tentatives

des volontés de savoir

des pénétrations très à l’intérieur


Des miroirs de plus en plus petits

pour une sorte de calcul infinitésimal

de décomposition de substantifs

de prélèvements de verbes


Il faut aboutir dans le profond du Moi

pour y extraire, - quoi ?

Mémoire


Mémoire : vaste splendeur intérieure

amas d’êtres, réels et d’images infinies

où s’intensifie le sentiment


J’oublie parfois la souffrance


Le souvenir se cache, revient,

se transforme, gomme ses apparences,

se nourrit de vérités erronées, - ce qui l’arrange


Je ne puis décider de mes souvenirs.


Le temps éloigne la certitude

mêle du pur à de l’impur


Le temps construit sur du délétère

égrène, efface, fabrique du mensonge

qui jure dire l’exactitude

Mémoire




En toi



Ce qui est en toi d’inconnus

d’actes futurs

puis ton probable, ton répétitif

ton progrès, ton peu, Toi

dans le Souffle espéré

avec son signifiant


Cette quête épileptique

d’un cerveau en constance de mouvements

comprenant son nul,

sa faiblesse

son médiocre


Toi en vérité


Mais quelles sont tes limites

tes objectifs, ton désir, ta volonté ?


En lui



Chaque fois qu’il pense, il s’use

dans des règles désuètes

chaque fois qu’il spécule, il doute

Jaloux de sa foi, de sa certitude scientifique


alors il s’évade

sur des corps d’oiseaux

sur des chairs de femmes


chaque foi qu’il exige du temps

une quelconque obéissance,

l’autre ironise, la pensée l’encercle

la rigueur le désespère

tout se même et s’emmêle


La vérité se rit de la sagesse

qu’il prétend posséder


Il faut donc maîtriser



Vie



Ainsi je travaille pour un rien impalpable dont je n’ai que très peu reçu

Fussent quelques graines de lumière.

En vérité j’ai produit.


A l’ombre d’autrui obsédé par le Temps

J’ai tâché de progresser

Enveloppé dans les livres des Anciens

Cherchant à imiter


L’adolescence avec des juillets qui croulaient à coups de triques

Célébrant encore le Génie de la Pléiade

Avec apprentissage, volonté, désir, puissance

Des rouges, des jaunes sur des vapeurs d’aquarelles, etc...


En attendant le fatal instant de Dieu

Sous ce soleil noir avec prisons de barreaux et de vers

Et au loin là-bas comme un rêve de femme impossible


On lèche, on crache, on suinte



On lèche,

On crache

On suinte

On se tord de douleurs

On supplie l’extase


On torture, on tue, on extermine

On implore, on supplie, on délire


Dans la trace de l’existence, de l’histoire

De vie dérisoire, inutile,

Particule ridicule

Infiniment peu

Qui rêve de vivre mieux


On crève cadavre de merde

On ne fait que perdre



Résonances I


Jérusalem



Jérusalem, je suis venu à toi

Ma voix prophétique

se nourrissait des paroles d’Isaïe

paroles d’avenir, paroles de vérité

dans une langue claire et pure


Je franchissais la porte

du savoir ancien et j’avançais

sous la voûte du futur.


Je suis venu, annonciateur de la certitude du fils de Dieu.

Quel Juif accepterait d’entendre ?

Car il a déployé son arôme

de messianisme, de Chrême, et d’amour

sur les toits de la sainte ville

mais personne ne l’a cru












Les papillons



Les papillons sont lourds

Papillons gras, de sexes de femme

Les papillons s’écrasent dans les moiteurs ternes

Leurs ailes sont des couteaux qui cisaillent la nuit

Leur déplacement des erreurs, des faussetés d’actions

Ils pénètrent, voltigent, agonisent

Dans les ouvertures,

Glissières d’orgasmes

Auréolés d’espoirs.


Les papillons se meurent dans les ténèbres

Ils remontent, bandent, érectent,

Les poils, les odeurs, le désir,

Puis l’égarement, la lente tombée

La renaissance.



Le soleil lèche



Le soleil lèche à nouveau les vitres

L’oiseau attend

Un printemps généreux

Et l’or encore laiteux coule avec abondance

Les seuils de porte humides semblent sécher


La révolution permanente des astres

Tombe sur ma tête rousse

Tandis que les sapins sont bleus


L’homme à la béquille

Poète invalide

Tirant sur un sale destin

Agrippe sa malédiction honteuse

Des milliers d’aiguilles sont enfoncés dans son corps

Agrippe, tire, etc...



On a renoncé



On a renoncé au désir

De prendre sexe pour sexe

Et imposé le mutisme

Malgré l’appel des corps

De chevaucher

La chair humaine


Après avoir subi

La haine de la mort

Il s’en est allé agoniser

Dans les contorsions

De ses étranges douleurs

Sur le seuil éternel


Le silence explose dans mon crâne

Où j’apprends à écouter l’horreur du vide





Que reste-t-il ?



Et il veillait écoutant grandir ses yeux

Il avivait des soies, des étoffes

des soufflés

à formuler


Eut-il cru au surnaturel ?

Eut-il une fois embrassé

l’esprit d’avenir, d’inconnu ?


Feux en soi

Feux éteints par la langue affolée


Qui a plongé ? Qui a porté ?


que reste-t-il ?

des riens


Deguy dit : des propositions

qui croire ?


La chair est une douleur



La chair est une douleur qui insiste, insiste

L’esprit imite la chair et souffre, souffre


Ils vont par deux leur chemin et s’infligent des pleurs

Et des supplices sur l’ensemble de leur existence


J’ai voulu habiter une absence pour être libre

de ne pas souffrir

tendre vers une vie insignifiante

pour ne plus endurer.


Je suis lâche, n’est-ce pas ?


Nous errons pitoyables, subissant des intensités

de haine et de violence, moi et ma femme

attendant ou poursuivant ce soleil rouge

tumultueux et assassin

pour achever cette immense tristesse




Longue marche



Longue marche inaccessible en soi-même

Le vent pousse, - on en a grandement besoin de ce vent-là !

La nuit a son parfum d’interrogation, son souffle de soupirs

La nuit - me voici !

La nuit, cette habitude d’écriture voluptueuse par le plaisir de l’esprit.


J’habille le silence

Des voix confuses et disparates s’entendent au loin

Quelques oiseaux hagards déchirent le vaste ciel

Construire dans l’absence, dans le rien un piètre espoir de poème

Produire pour mon hiver

Pour mon semblant de gloire ?


Nous avançons ensemble moi et moi

Les deux certitudes essaient de se comprendre

Comme la violence et la douceur s’accouplent pour l’orgasme

Écrouer



Écrouer la lumière qui valsait au fond des ruelles

Le non-sens est d’accord avec moi

Il y a absence de fête, de sexe, de plaisir


L’élévation certaine se conçoit au coin des regards

les voix murmurent quelque vérité


il y a encore mouvements des cités

des labyrinthes

des tunnels de chair


puis des hommes qui volent

dans l’invisibilité de la raison


Tout cela dans une pensée cosmique,

aléatoire,

impossible

possible





Sera-ce ?



Phrases Phrases d’énervements de recherches

Demi-cercle pensées virevoltées

Refus élisions envolées fuites éclairs


Images analogies compas comparaisons

Variables, variantes déplacements dérivées


Hyperboles de ma mémoire audaces, risques

Explosions figures projeter

Contorsions violences expulsions


Accords ensemble insistance


Saute-mouton grands écarts triangle

Fille de sexe de matrice ferme de fonctions d’Éros


Certitude fugace je prends, je jette


Sélec tion coupe


Sera-ce suffisant pour obtenir le poème ?


Architecture splendide


Architecture splendide d’équilibre de femme

toi de droites et de courbes


idéale d’obliques

je pense ton centre

Je suis en ton vouloir

de sexe tendu

quémandant, suppliant quelque orgasme


Tes espaces, tes interdits

Sexe, anus, vulve, seins,

pieds, mains, tête, chevelure,

volumes, odeurs, sécrétions


Tu imposes tes ordres

Je te conçois dans un impossible dessein

J’abdique et ne fais que te deviner



Mouvements des corps



Pulsation de plaisir,

La chair s’active,

S’humecte, désire


L’haleine chaude et lourde

Chargée de salive

Pour l’échange du baiser


Les langues mêlées

Les caresses, le soleil contre moi

L’ivresse, l’abîme, la folie


Les corps se fondent, se confondent

L’océan, les envolées, les battements,

Les vagues successives


Le retour sur le sable, les chairs ballottées,

L’écume de chair, le sommeil.











La ridicule histoire



Ici commence la ridicule histoire. C’étaient

Des petits bouts de fragments à accoler les un aux

Autres. Je prenais mes habitudes, j’allai dans mon

Jardin. J’y fabriquai une personne. Les boutons d’or

De l’enfance se mourraient et les premières pensées bleues

Semblaient éclore. J’y dessinais une femme splendide,

Inouïe, impossible. Non, elles étaient plusieurs, car une

Seule... Dans le vent soufflé, j’offris un cœur baigné

D’azur, d’écrits, de poèmes, de messages, j’offris,

J’y déposai des oiseaux, des rossignols, des lyres,

Puis loin, elle irréelle, caressant des substances rares,

Circulant dans le parc fabuleux. L’étang, l’énergie

Mentale, les élans, l’histoire de l’écriture, des tentatives…


... Pour finir sur un crépuscule de jardin embaumé, oublié.




Vieillissement



En toi-même, pour toujours,

Tu resteras harassé de fatigue

À la limite, espérant encore


Sublimant des illusions

Impossibles à atteindre


Tu es abattu comme un chêne mort

Au-dedans, vieux ramage épuisé


L’amertume ? Quelle amertume !

Non, rien, peut-être le regret

De n’avoir pu produire ce que, etc...


Donc soupirs, terre de soupirs,

De hélas, la déception pour cette fausse

Puissance, - un désir alangui,

Une capacité déjà épuisée...


Ne suis



Je ne suis que faiblesse et inutilité.

Je me crois stupide chez les hommes.


Suis-je digne d’eux ?

C’est sans peine que je préfère

Me cacher en moi-même

À l’abri de leur critique.


J’ai peuplé mon silence,

L’encombrant de poèmes


Ai-je rejeté la chair

Pour me construire un monument de livres ?

Je me suis asservi,

Rendu l’esclave de mots


Je vomis des fantômes, je hurle

Sur du vent : tel est mon pouvoir !



*


Quelle écriture !

Immense et piètre production,

Âme tâchant de construire

Je travaille avec le souffle,

Avec l’ivresse constamment je m’égare


Tu m’as soumis à de la petitesse

À de la médiocrité

Tu m’as chassé du ciel

Me voilà avec les chairs,

Pourquoi ? Pour rien, peut-être


Ne m’oublie pas.

Je dois bientôt revenir

Ne m’abandonne pas

J’ai tellement besoin de protection

Chanson populaire



La lune jongle dans la nuit

Avec sa sphère visible, invisible


Quatre filles se baignent à la rivière

Le bel homme les contemple, les désire


Les quatre filles s’esclaffent,

Rient et s’amusent

Elles se jettent de l’eau

Dans leur superbe nudité


Hélas ! Hélas ! Hélas ! Il n’ose s’approcher

De crainte de les effaroucher


La lune est triste dans la nuit

Le beau jeune s’est enfui


Les quatre filles iront au champ

Mais jamais n’auront de mari




Sa transparence



Quand il revient, il voit sa transparence,

il l’habite

il conçoit à nouveau la pureté intime,

intérieure,

d’oint


il revient en lui-même, conscient

de sa perfection

de son idéal d’être


Il embrasse d’autres saints, d’autres saintes

tout s’éclaire blanc, éblouissant

de lucidité


Victoire du torturé

sur la souffrance

sur l’excrément de la violence du Mal


Toujours présente



Avec peu, avec rien l’esprit des roses

s’évade dans l’ivresse de la mémoire,

Je puis y embrasser l’oubli

et retrouver cette rose

bleue ou violette peut-être


S’efface le souvenir, le charme de ton passé

mais je te rends éclatante par la magie du vers


Oui, te voilà éblouissante

avec ta blondeur, ta beauté,

la multitude de tes orgasmes

avec tes bijoux, tes parfums


Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois

toujours présente par l’essence du parfum

dans l’évasion du rêve parfois



Masse inerte



Je suis là, masse inerte dans ma chair

espérant quelque modernité d’écriture


masse pensante fixant un mur

une hauteur

un impossible


Désireuse d’élévation

de nouveauté

de grandeur


Je prétends, j’espère, je veux y croire

tout en sachant pertinemment

l’utopie de ces dires

de ces élans

de ces rêves

L'utopie

La Dentellière



C’est entre ces deux extrêmes

De flux de sperme

Et de flux de sang

Que la Dentellière

Tisse le souffle de la vie


Entre ces deux puissances

Contraires et complémentaires

Le corps jouit et supplie,

L’âme épouse les méandres

Du corps - est-ce donc cela

L’existence de l’homme

Avant d’atteindre l’Éternel

Ou de plonger à tout jamais

Dans son sinistre Néant ?




Cette même pensée



Cette même pensée hier tu l’exploitais autrement

elle gît là au fond du Moi

sifflements et murmures

Tu la sens, elle t’apparaît perte

Tu soupires, veux t’exalter

Tu cherches à faire vibrer l’émotion

pour percevoir, - quoi ?


L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,

tu subis la vérité aléatoire


C’est une angoisse sous cette carapace cervicale

dans ce cortex spongieux

région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu


Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,

la fluidité d’une image Je te laisse à ta confusion













De la mort



Effroi et forte crainte

Pour l’homme qui se meurt

Sans dimension spirituelle

L’homme immensément seul

Devant son propre néant

L’orgueil n’est plus, l’orgueil !

Ne reste que la dérision,

Que sa faiblesse, qu’un souffle

Insignifiant, exil du Moi serein !


Évadé, le libérant, le tirant

Vers le haut, vers l’extase préférée

Peut-être - il s’extrait, est sorti

Et là que voit-il ? Soit la lumière,

Soit le Gouffre éternel de la douleur.



Ici la mort



Ici la mort resplendit d’aise

d’assurance, de certitude, de pouvoir

puissante et éternelle

imposant sa vérité


Lumière rouge de haine et de méchanceté,

cendres chaudes et violentes

entourent l’innocent


Nourrie d’horreur et de cruauté,

de vexations et de blâmes

dans les confins de la bêtise

et de l’insupportable


Au néant ! Emportée par un feu de sang,

pour la torture juste de l’ordure et du pourri

Comment implorer Dieu ? Comment le convaincre ?

La nymphe



Conçois cet instant où elle se fige :

elle s’assoie, se lève, revient, pense

la fille aux jambes hautes

les doigts sur tes doigts

te permettant d’écrire.


Nous sommes sur l’axe de la pensée...

Nous voulons accéder à son extase…


Prononce-t-elle quelques mots ?

S’extirpe-t-il un rire

de ses syllabes mouillées de salive ?


Plonge dans sa bouche,

Veuille y extraire des fruits d’extase !


Ses seins, ses pieds, cercles de femme...


Cette nymphe mariée envahit ton intelligence



L’heure éternelle



Crainte et angoisse

Pour l’homme qui meurt.

L’homme suppute, suppose

Espère, supplie une fuite

D’avenirs, d’au-delà.


Enfin ! Il s’extirpe, quitte son

Enveloppe, monte, monte, s’élève…


L’homme immensément infini

Devant la petitesse divine

Comprend, comprend trop tard !


Ne se nourrit que de son pardon

Jette son orgueil, son dérisoire

Épouse la vérité religieuse

Quand l’heure est passée,

Est dépassée, est éternelle.

La torche



Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé

L’immonde torture sur un futur saint,

D’avoir tué la vérité

D’avoir étouffé les cris et les sanglots

Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?


D’avoir offert aux rustres et aux ordures

Le droit à la violence et au crime impuni ?


La grandeur d’âme découle-t-elle de la douleur

Infligée sur le corps de l’innocent ?


L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie

Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme des purifiés ?

Quels siècles ! Quel système ! Quelle horreur !


Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,

Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?




Le pardon d’avenir



Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre

Le danger de ces mille chemins de traverse

Lui seul était le guide, la parfaite direction.


Tous nous avons œuvré dans le bois, dans la pierre,

Dans la matière, dans la chair,


À la fois prétendant savoir et ne sachant rien

À la culture parfaite, à l’érudition insignifiante

Homme d’esprit, homme de peine


Et chaque fois qu’il montrait du doigt la vérité

Nous le méprisions, refusions de le comprendre

Dans notre orgueil d’humain


Nous voilà aujourd’hui dans la douleur

Regrettant notre passé

Aurons-nous le pardon d’avenir ? Dieu le sait.

Conclusion



On se satisfait de peu, on saisit

Les premières solutions craignant de les perdre,

On les applique immédiatement


C’est l’éternelle déception, on insiste

Bêtement ayant la certitude de mieux faire

On prétend que le nouveau recueil

Sera de meilleure qualité


On jette l’ancien, on pense à de nouvelles

Possibilités en travaillant avec d’autres auteurs



En vérité, l’on est toujours soi

Et cette identité-là est difficile

À intégrer dans l’esprit de l’autre,

Qui méprise, rejette - allez voir

Ailleurs ! - Ailleurs ! Pourquoi pas ?



Résonances III


Poursuivre



Écrire un poème après une longue attente

Est un plaisir, un soulagement.

Il ne faut pas que des mots qui ne demandent

Qu’à vivre les uns à côté des autres soient laissés

Dans le pur imaginaire invisible de l’homme,

Que l’ensemble soit voilé par une lampe hasardeuse,

Et qu’un contretemps hostile efface une lancée poétique.

Nous devons discuter, venir, revenir et tourner

Sur les thèmes savants chers à notre pensée.

Nous devons poursuivre notre recherche intérieure

Pour contrecarrer cette irréversible fatalité du temps.

Le vieillissement, la décrépitude du corps est sagesse,

Écrit Yeats. Jeunesse passe, et semble l’ignorer...

Poursuivre encore et ajouter sur les Anciens.












Aigreurs



J’avance constellé d’évidences

Une vieille femme littéraire m’indique le chemin

Une personne respectable, transparente et pure


Pourtant je rêve, j’idéalise le corps de la beauté

Sur le feu du plaisir, pour l’orgasme éblouissant


Je pense à la douleur que j’ai subi que je subis

Encore, et la rage m’envahit comme un immense éclair


Un flot d’images claires explose dans l’ombre

Qui se nourrit d’interdits, de risques, d’audace,

- Du moins, je le prétends !


La forme du poème me trahit et ce philtre artistique

N’est qu’une pâte grossière de marc de café

Il n’y a nulle compensation à soulager sa peine

Telle est la voix de l’écriture, hélas !




Ont bondi



Ont bondi les images fades, inutiles et stupides

Qu’il fallait unir les unes aux autres

Dans un ballet littéraire ou poétique


Ce que le poète dédaigne

Ce qui résonne dans sa nuit

Est insignifiance d’homme


Il faut fabriquer de l’imaginaire

Par l’invisible, par l’impensable, il faut


Recréer cette lune millénaire

Son halo d’or brillant

Célébrer l’idéal de l’étoile


L’esprit doit concevoir

Sans victoire, sans marbre

Rempli d’amertume

L’éternise



Sa beauté l’éternise

de plus près ses sécrétions vaginales perlent

femme pure, impure, parfaite


Toi dans les délires de la Grèce

Tunique claire que tu lavas

dans le torrent de mon inspiration

où j’ai confondu ton image

avec l’idéal du génie féminin


Encore ton visage, toi que j’idolâtre

reformant tes courbes, tes volumes

en qui vont mes délices


Pour prendre ton corps, pour baiser

Tes pieds, amante, par pitié

Je suis comme un soleil qui te supplie




La table



La table appelle l’Écriture

Le soleil semble poindre

pour une illumination intérieure


Un souffle se lève, les ailes s’agitent

Et fouettent l’air rougi ; les dernières brumes s’effacent

quand d’autres vapeurs ou brouillards

s’amoncellent dans l’âme du poète


C’est une nuit d’ébène où le sang de la femme

veut se mêler à l’appel cristallin


C’est le rêve d’Icare pour idéaliser sa pensée,

une sorte de perfection impossible


L’éternel apprenti prétend encore


C’est une folie impossible

l’élan s’en retournera dans son échec


Conseils



Monte par le chemin inventif après l’interminable

tentative de rassemblement, d’associations de mots


Range tes idées, tes opinions

qu’elles s’accumulent les uns près des autres


Sois enfin la pensée qui s’élève

avec l’absence de réussite à ton côté


Comporte-toi en chef de raison qui d’un

mouvement circulaire lamine toutes les pensées défectueuses,

qui efface, gomme, fait disparaître

la faiblesse et l’insignifiant


Quémande à l’Esprit supérieur de t’aider

quelque peu, invoque, implore, supplie


La voix, la voix de l’Autre, du Dieu,

- car il s’agit de prier - il t’entendra peut-être




A peine



A peine ouvre-t-elle sa chair

par désir ou soupir

mon visage s’évanouit dans ses yeux

je rejette l’intelligence pour accéder

à son ventre de fille-nymphe


Je l’aide à défaire sa pudeur

Je pose l’ange sur l’extrémité de mon ongle

craignant qu’elle ne s’effarouche,

qu’elle ne s’envole


Je cherche la pureté attentive par le détail

de ses mains, par l’évidence claire de son oeil


Parviendrai-je au-delà de l’acte physique

à conserver quelque blanche émotion

sur son col de cygne, parviendrai-je ?


Les frères vagabonds



Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins,

enveloppant de bruits sourds leur éternelle renommée

apparaissant dans l’ombre du crépuscule,

surgissant dans l’éveil d’une aube sublimée


Ils sont le vent qu’ils inspirent, qui les inspirent

Ils transforment la nuit lourde en certitude de lumière

Certains s’évanouissent en gémissant,

d’autres soupirent et construisent d’étonnants nuages mouvants,

constamment renouvelés. Leurs élucubrations sont

Vanité, Orgueil, Gloire de soi et Rêves d’un éternel désir


O mon amour constamment cherchée, ma tête sur ta poitrine,

laisse reposer ma chevelure lourde de poèmes imaginés.


Je nourris l’heure solitaire d’exploits stupides et

regagnerai plus tard l’antre absolu de mes frères vagabonds



Quelles, elles ?



Reposent

insensées

encensées

dans les stances de la mémoire


se nourrissent du silence

Et quelles, elles ?

oubliées dans le puits du Moi


Agitées dans l’ombre

qui feront quelques particules dorées

à rapprocher de tes yeux

comme larme sèche

irisée de mots et d’effets


s’écoulent

irradient

Trace d’encre



Substances

inouïes la feuille délétère,

légère


puis la trace d’encre

le silence du poète,

aller percer l’invisible,

l’indiscernable,


et pour quels satisfecit ?


encore enfouies dans le néant de l’écriture

l’imperceptible battement d’aile, ....effacé,

envolé


la couleur fascinante du mot,

le sens, l’envie

le déplacement



La rame



Sur la berge de l’ancienne lenteur, je ne sais rien

De leur façon, de leur méthode, de leur rigueur,

Je ne puis aller bien loin. Et cela paraît si faible.

Ma tête constamment cherche le signe,

Veut abolir la forme stérile et prétend

Accéder au mystère. Je persiste dans la nuit.

La tâche terminée, je recouvre le tout d’oubli.

De cet effort, je jette la souvenance

Car je prétends que le résultat est insignifiant.


Ce n’était que cela ! Pourtant je prétendais pouvoir

Faire mieux ! J’avançais et de chaque côté le désert

Avec cette volonté mystique de progresser

Toutefois. Finir aspiré par une éternelle chute

Ou fuir dans Néant littéraire à tout jamais.


La pensée



Elle s’élargit enfin

Dans l’espace intérieur

Elle déplace la frontière

Elle prétend savoir


Elle pousse l’inconscient, se fortifie

Sur l’intuition active l’imperceptible


Elle est dans la durée,

Dans l’espace-temps donné à tous

Elle arrange des éléments

Préexistants, elle les modifie

A volonté et produit autre chose


Pour la spiritualité

L’intelligence, la création, etc...

Est-ce travail habituel de la pensée ?



Construire un homme



Rien ne permettra de l’extraire, de la faire venir,

De combiner les mots, de les rendre actifs

Les uns avec les autres. Non. Pas d’inspiration.


Donc. Autre chose. Construis un homme. De l’intérieur.

Comment se faire et avoir raison ? Est-ce méthode

Intellectuelle, pénétration scientifique ? Qu’est-ce ?


Peut-on amasser toute la science ? Accéder à

L’unification du savoir pour en tirer la vérité ?


Comprendre l’au-delà, apprendre à se sauver.

La connaissance humaine est ridicule. L’on peut comparer

Les fourmis. C’est : conclusions ?


Connaître la vie, philosopher, généraliser,

Synthétiser, réfléchir, pénétrer plus encore

Se purifier et accéder à l’au-delà peut-être.











Résonances IV


Avec puits



Avec puits, plongeon, goulot de bouteille,

fuite désespérée en soi


Le barbare, l’invasion,

la paix intérieure, la fièvre,


Bûcher, tortionnaires,

condamnations, violences,

cruauté, honte, pourriture, chiens,

histoire lamentable, putes,


Avec franchise dis-tu - franchise

toi scribe de colombes, d’exil,

d’inconnus


veines et sirènes


Ourlet bleu, de lignes de femmes,

en perspective impossible, pour un corps interdit




Elle,



Elle, en perspective de salut

Un ange la pense pour son avenir

L’amour la mort l’extase l’absence,

que vais-je en faire ? - pense l’ange -


Pour l’au-delà aux larges perspectives

D’une Marie sans chimère, de beauté claire ?

Femme spirituelle - insensé n’est-ce pas ?

avec imaginaire de pureté.

Tu es mon signe,

l’augure de ma décision

je te vois en flammèches d’or élevées,

te suppose

Viens-t’en

Viens-t’en










Lacis


Lacis de jambes grises

vieilleries empaillées

qui ivres balancent à trois tournois de la renommée

chacun déployant à travers l’air

des nuées d’invraisemblances

donc cortège de faux, de femmes,

d’excès, de rien,

cela semble multicolore et s’éclaire

difficilement comme à l’orée d’un rêve

puis ce sont des mariages qui poussent

de tonitruants cortèges

Tout se perd dans l’imagerie loufoque :

les jambes, les vieilleries, les cortèges, et les mariages


N’est-il pas bon de pouvoir s’en retourner à la réalité ?




Savoir pourquoi



Savoir pourquoi tu m’es si difficile

avec tous ces fragments à inventer

Il y a désir d’ajouter pour réduire l’écart

Je cherche la puissance, moi l’homme ...

N’est-ce pas ridicule ?


Je gravite dans ma sphère idéale

bordée d’éclairs, privé de raisons

Je m’assoie sur de l’épais


Leurs mots construisent un univers d’illusions

Ce sont des mages, des faiseurs de fable, tes poètes !

Les lecteurs sont distants


J’écris pour me pénétrer

Pour fixer mes limites

Heureux celui à qui tu puisses plaire !













Observation logique



Au commencement c’est une intention,

un fragment de perception

à associer

Le poète dit : j’invoque dans le silence

la vibration émotive ....

......... peut-être


Combinaison phonétique mal agencée avec

un matériel de mots

- Observation logique -


Certains offrent avec limpidité, lucidité

d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner

des élans incompatibles


De la variation infinie


Le poème résonne




Recherche



Réfléchissons : il doit bien y avoir

une perception émotive plus fine, plus subtile

comme un fragment d’onde sensibilisée

possédant un spectre compressé

de propriétés inconnues,

mêlées, mélangées peut-être

difficiles à dissocier

mais réelles toutefois


N’est-ce pas dans cet espace

de vérités filantes

que le poète doit composer, connecter, redéfinir,

extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir


Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,

symboliser, fusionner.













Clignotements



J’activais ces points-réponses,

mes yeux au centre

j’esquivais une réponse vraie, fausse,

qu’importe !


Je passais sur du délétère

croyant à ma force

c’est ça : je captais


Elle ondoyait sur des feutres crissants

Les paupières clignotaient,

aptes à percevoir le message

Je plongeais

dans des vagues océanes,

coulais, remontais quelques poissons d’argent,

- c’étaient mes points-réponses.




Précision


Ces perceptions grossières,

je veux les affiner - comprendre le point

son origine, sa vérité, son association.


Je me fuis pour me retrouver

ce n’est plus la clé pour le silence,

ce n’est pas un code à composer,

c’est la puce à intégrer, le plus petit

- de l’œil à la loupe, de la loupe au microscope

pour définir le caractère de l’apparition.


La conscience de l’image, sa pigmentation

ses points composés pour fabriquer la trace

l’origine de cette organisation

non pas la fonction d’apparition

mais la vérité sur le point













Construisant



Construisant, vidant

La corbeille de tête


Des bulles de vérités à douter

A éclater. D’autres bulles.


L’attention des yeux

La fixité échappe,


La finalité est douteuse

Comment élaborer,

Architecture avec de l’illusion ?


L’esprit face à l’âme

La raison et le spirituel

Le savoir explose

En gerbes de confettis

- Reconstruire le puzzle



Bornes détestables



Bornes détestables - limites haïssables

d’interdits de blocage de liberté concise

ennemies qui me brident,

que l’on m’empêche de déplacer

Mes bases, mes sommets, mes étendues

Ces bulles religieuses de belle atmosphère,

suffis-t’en ! suffis-t’en !

Les pas, la vitesse sur le cercle-limite

toujours tourner - toujours !

Hauteur intérieure qui espère faire exploser

ce couvercle bloquant

Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,

principe à intégrer

dans l’espace poétique mien.

Une conscience…



Une conscience de difficultés

de solitude

d’exclusion

de soi à soi

libre mais seul


à l’intérieur la voûte


Toujours plus il faut concevoir


Épurer la raison,

éclairer la certitude


Travail intensif

Volonté interne - désir de s’élancer


C’est donc de l’énergie mentale mise au service

de la poésie.


Pour quel résultat réel ?




Quotidien



Le triomphe de ma bêtise

De mon insignifiance

Point de gloire chez les Anges

Et pour quelle compagnie,

Là-haut ? Je vous le demande !


Je poursuis le Mal qui accomplit

Sa violence. C’est donc le contenu

Avec son poison - sa

Camomille - un sac

D’ordures. Je ronchonne

Et cherche à mieux faire.


Que vaut le monde à cet instant ?

Quelle question ! Quelle utilité !

Poursuis, concentre-toi. Agis.









L’explosion



J’ai peur de ce contenu

Je produis du rien.

Les images de la lune,

De la femme et du vent

Je devrais m’en servir !

Puis-je comprendre et

Mesurer les espaces,

Les intérieurs dans lesquels

J’évolue ?


La bombe sous le bras

Pour l’explosion. Un

Avenir éclaté, une myriade

De petits Mois dépendants

Mais autonomes.



µ



Toujours, miroir en soi, hors soi

qui se double et se dédouble

Puis l’exercice scientifique de pénétration

de profondeur, de connaissance


La feuille grecque avec spéculation

refusant le mauvais hasard


Est-ce toi, toujours toi

qui cherches à te reconsidérer

à te modifier à volonté ?


dans l’éclatante volte-face

par mille effets conjugués

pour un dérisoire, détestable :

“ Ce n’était que cela ? ”

L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.















Husserl



Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description

Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?

S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?

A-t-il considéré par une représentation de points-source

Des images offertes à la conscience ? A-t-il été

Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement

Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?

Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique

Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique

De l’imagerie des messages ?


C’est vouloir trouver l’origine,

L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela

Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.

Comme se définissent les actes vécus ?

Husserl s’est-il ?…etc




Incandescent, exalté



Incandescent, exalté, bouillonnant

inclus en lui

dans mes propres cieux, construisant son espace,

- le savoir de l’autre fait irruption

et s’associe au sien !


Dansons avec l’armure, - mathématique et poésie !

fixement caparaçonnées, soyons prudents, l’œil fixe !


Et là-bas la neige, la soie, l’éclat !

Et toi, le réfléchissant, oscillant dans tes brises,


qui devient visible là-bas ? Est-ce la Vérité ?

l’attente,

l’entendement d’une claire certitude

car l’Absolu du savoir est utopique, mais

s’apparente aux Dieux.













Du primitif à l’ange



L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.

L’évolution lente et progressive de la raison ou

De la conscience offrirait un devenir à l’étant

Qui essayerait de tendre vers l’Etre.


L’étant est dans l’ombre noire quand l’Être est dans

La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne

Quand l’Être accède à la perfection de pureté.


Comment passe-t-on de l’Étant à l’Être ?

L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer, progresser.


Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec

Glissades, rappels, régressions.

Les possibilités subliminales ou transcendantales

Ne seraient accessibles qu’à une forme

D’élite intellectuelle.




Être, pourquoi ?



Être, pourquoi ? Le but ? La finalité ? L’être, le temps

Et le résultat obtenu. Être avec quoi, par qui ? Grâce à qui ?

Le rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,

A l’invisible.


Être en présence d’être, et se

Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,

Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en

Son propre état - encore-le-même.


Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-

Cage ? Le encore-le-même engendre de la

Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.


Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui

Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le

Laisser-la présence est une régression dans un environnement

En constance de changement, d’évolution et de gains.








Le réel parcours poétique



Il faudrait ici une force immense sur la cendre

Ou le génie de l’autre, se purifier encore

Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.


Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?

La production d’étoiles de poussières,

Pour l’infiniment rien …


Atteindre sa portée et finir dans le désastre

Et dans les ruines de soi-même …


Accéder au faîte de la montagne pour s’écraser sinistre

Et inconnu dans l’ignominieuse indifférence des hommes.


Tel est peut-être le réel parcours poétique

Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,

De l’extase à l’écrasement

Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.






Femme phosphorescente



Avec l’utilité du Néant

enjambant le cercle clair

elle avance obstinée et sage

pour construire dans le silence


Femme phosphorescente pensante et sexuelle

refusant la faiblesse, suscitant tant d’espoirs

dans la lumière naissante de l’écriture

brillant, éclairant çà et là

quelque ténébreuse recherche

soufflant sur des mots mystérieux et irréels,

dans l’arôme de sa bouche


Je désire son visage transcendé

et me colle à ses lèvres pour extraire le suc

de son savoir et l’exprimer ici








L’antre du tiroir



Ici le poème n’a pas d’avenir,

il se meurt et disparaît dans l’antre du tiroir.

Il va, se superpose sur d’autres feuilles,

ce qui s’inscrit semble dérisoire.


Constant à la recherche d’autre chose,

mais quelle nouveauté ?


Ici ce que propose la main ne dure pas.

La parole est faible et s’enfuit

comme un écho indistinct dans l’âme du soir.


Ici la paix est détestée, le travail est un leurre.


Dans la gestation de l’écriture,

le texte accompli est encore haï.


L’esprit demeure, persiste, espère

et prétend pour un futur.




Ténacité de l’écrivain



Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,

c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,

c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer

une sorte de ballet nuptial - le plus souvent

détestable, perdu en vérité.


C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain

désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.

Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”,

il invoque “ La jeune Parque ” mais il se sacre

de dérisoire - de son dérisoire.


Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans son

impossible Pari. Il échoue, se meurt et renaît. Enfin il y croit.

Et pourtant ! Que de déchets ! Et combien de maigres espoirs

Anéantis à tout jamais ! Enfin il insiste…










Pur désir



Pur désir mécanique esclave de l’insomnie

entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique

avec du rien dans son désert

cher inutile cultivant ta médiocrité !

L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire

Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -

Exact !

Des mots en synergie d’actions - du moins le croire


Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.

Ils pénètrent des vulves et je m’essaie

à des jouissances spirituelles quelle rigolade !

C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment

élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !

Et surtout les cacher ces poèmes de l’ombre !




De l’une à l’autre



Cette pensée décapitée dans l’ère de

l’innocence,

rejetée, songeuse et stupide comme

un coup cérébral qui a échoué ;


Cette autre pensée qui prend la place

de la première, se prétend meilleure, apparaît,

s’impose, tente de régner quelques instants

sur cette feuille de papier,


Banquet, razzia ou festin de propositions,

de solutions édentées, vieilles et corrompues ?


Nenni ! Refus, à évincer ! Car tout cela

semble insignifiant. Alors ? Pour une autre

inspiration , dans un autre moment,

demain peut-être.













En lisant Blok



Extraire quelques pensées éparses

en lisant Blok avec dédain

et indifférence de soi

en achevant péniblement l’année 98,


en espérant que l’année 99 sera fructueuse,

intelligente, gonflée de recherches et

de possibilités nouvelles par le cerveau


L’esprit se fatigue, l’âme demande grâce

mais il y a cette volonté stupide qui impose

à écrire ou produire n’importe quoi


Pour concevoir des produits insignifiants et mièvres,

pour noircir ou courir après la plume, sans doute !

Alors on écrit des fadaises, des faiblesses - on écrit !


Les résultats sont constamment désespérants




Une ivresse éternelle



Une ivresse éternelle avec l’espoir

de capturer l’interdit ou l’insignifiant


Une femme vacille dans le miroir flou de l’âme,

je l’imagine chair, beauté et sensuelle.

Je capture le rêve pour lui interdire de m’échapper,

de fuir dans l’infini de ma conscience.


L’irréel et le factice des vérités rares,

impossibles, avec une constance dans le

déplacement de la norme.


J’entasse mollement des décombres du hasard

et je décompte les combinaisons-gains

me détestant plus encore


La réponse : RIEN

La réponse : RIEN


Oubliez-moi !



Voici mon heure, et le poème stupide s’offre

à la raison, voix implorant l’aide des Dieux

voix suppliant la voûte céleste d’entendre

une humble supplique


Dieu est-il sourd ?


Voici ma voix projetée vers l’avenir,

ma voix cherchant un chemin parmi les ruines

de syllabes

inutile dans le méandre des milliards de prières

quotidiennes


Oubliez-moi ! Effacez-moi d’un simple

rejet sans estime ! Projetez-moi dans le Néant

puisque mon existence est un événement insignifiant

dans l’intemporel ou l’éternité de l’Univers



Les frères



Mon but, prétendre connaître ma possibilité cérébrale,

Désirer atteindre une sorte de maximisation du Moi.


Tout en utilisant l’image ou le support,

L’aide de l’Autre - l’Autre, c’est-à-dire

Le grand frère, le poète, le littéraire

Qui a vu, a produit, pensé des lignes, des pages

Et des recueils nouveaux et différents.


Car je ne suis qu’un médiocre imitateur,

Ne possédant nulle capacité de créativité.


Je quantifie mes faiblesses,

Je dois ingurgiter vos œuvres copieuses

Et si je parviens à être ce que je suis

Je le devrais également à votre travail

Et à votre compétence.

Triste mélange



J’ignore réellement qui je serai

Laisse-moi, ne me lis pas.

Le bouillonnement intellectuel

Les lancées intérieures telles des flammèches

A la recherche du bon feu


Tes faiblesses de style, ton impuissance,

Ton manque de subtilité, de finesse,

D’audace. Ta fragmentation incohérente


Alanguie la rose et bijoux bleus

Percée claire dans baie étrange

Le murmure de tes lèvres

La proximité de ton incohérence


Je ne sais ce qu’il faut extraire

Oublie-moi dans cette baveuse déception




Faiseur



Faiseur d’utilités - de poèmes - pourquoi pas ?

S’appliquer à la tâche servile

Renaître chaque jour d’une production

Défectueuse pour en tirer une autre,

Plus défectueuse encore


Aller dans la faiblesse, s’enliser.


Constamment se redéfinir,

S’essayer en soi en quelque sorte

Avec du matériel délétère

dérisoire


Mais comment offrir quelque chose de supérieur ?

dans quel miroir ?

avec quelle analyse ?

et pour quel lecteur ?

Le retard dans l’esprit



Ta Vénus en fourrure

souviens-toi de la tentation

de la domination

de l’excès de jouissance

de la recherche maximisée du plaisir.


Et Sex Pistols étaient la solution

Puis Husserl, puis la pensée post-Heideggérienne,


en vérité, tu cherchais là-bas plus loin

avec ce séminaire de 82/83

consacré aux Équations aux dérivées partielles

hyperboliques et holomorphes


Tu étais encore en retard malgré

Gisants de Deguy, ton Boulez et confrères.

Enfin, tu cherchais …




Profil-voir



Profil-voir d’un certain angle - telle face,

Tel angle et les deux associés ? La luma,

CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est

Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.

Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.


Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les pensées.


Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.

J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.


Brassages de paradoxes,

La fuite pour les extrêmes,

Le retour au centre.


Je te fais délirer, tangages de la raison.

Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,

Puis stabilise-toi, en position dialectique.










Galéjade !



Encore

Encore de-ci delà proche et absent

éloigné mais encore oui si proche

déployé largement ouvert sur le ciel délavé


Empourpré de fantasmes de langages décevants

d’expérimentations douteuses il prétend régner.


Quelle galéjade !


Avalant ses branchages

pendu contre ses excréments

suppliant la barbe blanche


Et toujours dans son délire phonétique

prétendant associer des mots

pour lui, pour personne

sonne





Suites/Relances II, III, IV


J'entends


J'entends des musiques criardes

agressives et tendues

fibres de chevelures prêtes à casser

de chevaux qui hennissent de plaisir

et des soupirs de jeunes filles en orgasmes

envolées dans les tourbillons du vent


Des concordances étonnantes

entre sécrétions mielleuses

de femmes gémissantes

et guitares électriques


toi, mon amour nue,

tendue à l'extrême

quémandant l'explosion impossible

et jouissant à nouveau





Un autre je


Toi par l'énergie, le fantasme

Toi, élevée dans mes mains

Toi, la statue vivante


Moi, aimerai-je amant stimulant menteur

avec un autre je semblable au mien ?


La complicité des langues,

des bouches, des muqueuses


Mais la nudité évidente qui fraîchit,

la complicité des faces,

des variables de pensées?

A contresens pourtant lié

suspendu à ton délire,

nous cherchons.

Le Bicéphale.


Dé-pensé


J'ai dé-pensé me déplaçant

perforant ce mur d'incertitudes

cherchant le monde naissant derrière, ou à côté


Une pénétration sans expérience par ressemblance

Prolongée exploitant, refusant l'autrefois


Oui, rendre possible un avenir inconnu

Comment rendre un autrement vraisemblable ?

Suppose-le si je puis dire…

Il s'agit de transformer d'offrir la chose nouvelle,

celle qui n'existe pas


Des propositions déboussolantes

pour s'épater ou se détester


Peux-tu concevoir différemment

cette approche, dépoussiérer sans t'exclure?






Les chaînes de l’avancée


Les chaînes de l'avancée

poursuivre le chemin balisé

enveloppé dans l'humeur folle d'un avenir

C'est encore un prolongement

simple ou complexe

d'une vérité d'hier que l'on cherche à imposer


Marcher longtemps tenant ferme deux piquets

dans les mains scrutant des espaces clairs

longeant les lignes illimitées d'un avenir certain


Mais c'est encore à prouver!

Les blocs de chaque côté, les blocs

une sorte de Livingstone de la pensée


Tu connais l'origine, tu as une hypothèse

avance te dis-je, avance



Marcher

Les rues tanguent

Sur notre passage

Les rues tanguent


Est-ce la raison de l'ivresse,

De l'angoisse, de la phobie?


Un air plus frais frappe

Mes méninges,

Un air plus frais


J'avance

Dans le chaos de moi-même

Avenir sombre,

Nulle lumière

La peur, l'angoisse,

L'angoisse, la peur











La Cité et les Cathédrales


Vie pensée de faiblesse et d'angoisse, vie

Qui se froisse dans l'indifférence du Moi. Être,

Être humain - l'œil creuse l'objet en pers-

Perspective. Des cathédrales de papier, des estrades

Qui vacillent, des sanctuaires de poussière. Ainsi

Constamment dans la prière, dans l'ombre pour la joie

Extrême. Des cohortes de mots que je récolte

Le long de mes murailles de sueurs à boire.

Et pour quelle sinistre ou détestable désillusion?

Hypothétique réussite notoire qui offre

Au poète le droit d'entrée dans l'histoire littéraire !

Contemple la Cité et cette logique de mots,

De constructions de langage et d’assemblage

Formes irréelles ou fantomatiques, structures délétères.




La certitude



Jette ton dé, j'abolis le hasard

J'avance dans la certitude divine


Écriture hachée, désarticulée, libre,

mensongère et audacieuse


Écris, explique, agonise,

relève-toi, produis


L’avancée dans la nuit claire

pour un ailleurs le même le Ciel peut-être !


Je me voyais c'était réel

seulement pour ma personne qu'importait !

Eux voyaient à travers leur propre prisme


Eux parlaient de vérité, - de leur vérité

fragmentée, limitée, sectaire, parlaient toutefois...


Où se situait la certitude ?






Le Temple de l’Archéologue


Nuits enfouies, pénétrées

de bleu ou de noir


Vastes profondeurs infinies

lancées à la recherche extrême de l'intime


Visées intérieures dans le tréfonds

de l'inconnu


Désireux de remonter à la surface

les substances délétères, variables, insoupçonnées


Re- pour le visible

Y a-t-il un Temple d’Archéologue ?

Des traces de poussière, était-ce la vie ?


Déplacée dans la mémoire,

Écriture articulée avec des sombres

Et des claires, pieds grecs et latins parfois…


Les lignes invisibles


Va à l'œil, le mot

et retourne sur le papier !


Particules de signes croisés, entrecroisés

Dans un mini-déluge cérébral !


Voilà le doute, et son cortège

de points de suspension. Puis le silence.


Un silence, et commence à tourbillonner

Une idée claire de possibilités, de déformations

continuelles


accrochée, oui là, à la voûte intérieure,

toujours pour le poème


Repensée dans l'espace du hasard

à la chute réelle


Écriture de doutes et d'extase

Écriture qui fuit

sur les lignes invisibles…


Le sourcier


Puisant des paroles, sourcier

Un pas, l'autre, la baguette

De coudrier, les syllabes s'entendent,

Les pas, les pieds

La trace s'associe à l'ombre

Pour former de la mémoire.


Sur ma propre terre,

Faisant jaillir mon sang

Poète sauvage et violent.


Tel chemin à parcourir.

Dans une volée de vapeur

Comme une boule lumineuse

À saisir, activités du Moi

Changé et transformé.




Toi clair-obscur


En l'air, plus loin, que disent-ils ?

Ils condamnent, n'est-ce pas ?

Marche là-haut, toi l'exilé,

Le rejeté, le maudit !


Ils te haïssent et te frappent encore ?

Ils ont refusé de comprendre,

De voir autrement.


Leur logique était une logique

De force et de violence, d'applications

Haineuses avec des schémas réducteurs,

Des œillères de cheval...


Toi clair-obscur

Avec syllabes diffuses,

Ils t'ont détesté, n'est-ce pas ?










Le mouroir


Les yeux,

Seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.

J'arrive.


L'immense plongée, la chute.

Faible lumière zébrée.


J'apporte la haine, le sang, la honte.

Tout suinte le long de mes parois.


Mon ombre. D'autres ombres.


L'âme va s'étirant en position ouateuse,

Fileuse et glissant,

L'âme modulable

Comme un nuage de certitude.


Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.


Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.



Lancé hors de toi



Lancé hors de toi telle une gerbe

Poussé dans les relents de la nuit


Pour quel astre, quel ciel,

Constamment égaré ?


Ici, là-bas encore, affolé

Je tressaille recouvert de paillettes d'or


Je m'insulte, je supplie, j'exige un

Autrement, éloigné du mépris


Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !

Déploiement de paroles sexuelles !

Je replonge bavant sur mes semences, je m’envahis

Apportant des calices clairs remplis de sang


Je me vois mort dans l'abîme du matin

Quand je pénètre au plus profond de mon esprit.





La Grande Grise


Silence, et cette impossibilité d'écrire

quoi que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.


Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu

maintenant ?


L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,

or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.


La détestable conscience, en halo, en halo

s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie

subsiste encore.

Et qu'attendre ?


Ce poids de la vieillesse enfoncé dans le corps,

cette lourdeur de fatigue infinie


Avec la mort, tout s'en ira, tout s’en ira…

Reste là, accumule dans l’ombre.




Piqué-avançant



Piqué-avançant, - dans la chair -

" Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon ? "

Obtenant du non-sens rêvé, à la table

des fantômes.


Combine comme il faut, - algèbre et analyse,

chimie et doute - audace et risque,

choisis dans du variable conçu par la mémoire.


Crayon à bille qui roule, ligne noire éternelle,

suis-moi puisque je produis. -


Me liras-tu ? - Toi en toi, de pensées exquises

ou détestables ?


Le front éclate, l'or bouillonne et explose, résidus

de scories.


Avance, idée gueulante et bavée !





Tête astrale


Tête astrale, cherchant je-ne-sais-quoi

d'instable et d'éphémère


Les lancées bleues pour le monde d'à-côté !

empanachées dans une explosion gerboyante et

retombante... de médiocrité,... qu'ils disent


- Dans un feu de tempêtes; mille folies d'étoiles

bariolées !


Déjà l'horloge du Temps m'ordonne de plier

feuilles, de ranger livres, de me préparer au

procès du Ciel avec accusateurs, sans défense...

déjà !


Pureté d'un autre monde avec lettres belles aux

lèvres, peut-être !


Et pour quelle finalité ?



Névrose



Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité

- vaste haleine débordante d'excréments

et de pensées nauséabondes,


Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,

les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin

une lumière tiède et discrète, insoucieuse.


La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve dans l'angoisse

du quotidien. Puis une liane de phosphore qui irise là

un intérieur noirci par le vieillissement,

par la rouille séculaire d'une mémoire endormie.


Autres références : les champs tendus - comme des nerfs

cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,

de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -

certains coups sont évidents.










Les bien-aimés


Et toi, dans ton intime,

espérant quelque rêve d'or,

rare baume versé dans un calice,

subtile essence claire,


toi, jaillissant

comme substance aléatoire

pour jouir d'une éternité poétique,


qu'éprouves-tu encore

lorsque tu lis autrui ?


Mes bien-aimés ou vos crânes remplis

de réponses


Les uns pour m'élever,

Les autres pour me gaspiller



Qu'écrire



Hymne au Divin


Combien en cercles, toi pensé et repensé

en éternité de vrai, combien


Source d'amour intense, - sur la parabole

en interfaces, en confidences, avec la similitude


Par la profusion d'essence, par le souffle

- cohésion réelle et force !


Tu vois là-haut, - moi-même

et donner le Sel et l'Évangile


La plume à apprendre - pourquoi ?


qui se dit à soi-même : poète raté

sans rareté


Toi, sommité de savoirs et merveille !


M’élever


Purifié dans la haine du Mal, merci !




Figure


Figure où le vide

figure sans mémoire

de lumière déplacée vers un autre centre

jamais utile pour nul éclairage


Figure où l'image se penche dans le vide

et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité


Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu


En poussées obstinées d'insistance puissante


Formes sacrifiées à l'inutile

de tiédeur de rien

de souvenances dérivées mornes couleurs

qui se désintègrent

Pâles sources de l’image


Je crois aux illusions



Conseils


Va au-delà de ton ombre,

Au-delà de toi-même.

Délaisse les hasards médiocres

De la femme et des poètes.


Puise au fond de ta chair

Les ressources de ton immortalité.


Active ton génie, nourris-le

À la sève de la sublimation.


Ce à quoi tu penses, jamais

Ne sera suffisant. Élève-toi !


De néant et de splendeur, gave

Ta nuit éclairée. Arrache-toi


Travaille avec les Dieux,

Eux seuls possèdent la vérité..




Écriture et soustractions


Mes silences d'écriture

Puis des scintillements d'images,

Pour que l'image apparaisse…


Poète aveugle, avance

Prince de la dérision

Incapable d'innover, d'ajouter

Quoi que ce soit d'utile sur autrui.


Mes silences de soustractions,

De moins, de plus faible que,

D'incapable, Que sont-ce

Que ces débris de poésie ?


Être soi, être faible, si peu,

Se suffire de rien dans l'indifférence

De sa propre honte.



L’Union


Les deux pensées divergent -

Je me dépense en toi - l'autre souffre

Sa démence, sa semence

Je crois en mon levain L'Union


Je me console - tu m'as foudroyé

La nuit reconsidère le vrai, le déplace

Le conçoit différemment


Dans la poussière extrême qui implique le poème

Je t'attends et cet espace intérieur

La sève monte avec exactitude

J'imite les filaments et les dendrites neuronales

Je m'entortille en moi-même


Ici s'anime le nombre de combinaisons

Et de choix - je me réserve du peu








La manne impossible



Le vent dépasse son droit d'élan

La métamorphose des poètes

Le soleil avec son oeil jaune

détermine la verticale

Phrases lentes, phrases saccadées offertes

dans un espace inutile


Un autre géomètre prend le soleil

et lui dessine son horizon


Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver ?

Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,

apprécie ta fuite


Je te change en manne impossible


Ho ! pensée limitée dans mon dédale répétitif

Je me rapproche de ton extase




Filaments clairs


Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe

Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme

Puis ta houle intérieure, inventive

Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit

en dehors de ton temps


La pensée suppose, implose

Pour s'éjecter sur le rectangle blanc


L'œil qui étudie, le choix dans l'éclair



Le fluide tourbillonne sur lui-même

Revient toucher l'oeil

Le sens de la critique est aiguisé


L'effet-miroir - feuille d'écriture

Avide de sens, délimitant la pensée


Appartenance et faisceaux d'appréciation





Explications


Le vide la plongée le vide

Enchaîné au secret pour l'immense fuite,

Souverain dans le regard, à la recherche du

mixage,


C'est-à-dire un ensemble d'influences mêlées,

décidées, choisies, composées, interactivées


Il ne s'agit plus de symboliser, mais d'associer

en conservant la saveur de chaque influence


J’espère inventer un acte d'écriture,

essentiellement, - le progrès dans le langage


Chaque poème appliqué est une volonté d'ajout


Les fines suppositions ou l'offre de solutions

supplémentaires


Tu retires le centre et balances sur les bords et

tournes et tournes et tournes - pour trouver quoi ?


La déferlante


Tout se mêle, se mêle

et se démêle mais autrement


Est-ce additions d'opportunités ?


Maîtriser la déferlante de la mémoire…


J'ai cherché, c'était hier, un monde

un songe ou une vapeur d'idée


J'avançais avec une pensée monotone et

monocorde J'avançais


Je percevais leurs souffles, je pénétrais

leurs labyrinthes subtils ou insensés

prétendant retrouver leur centre


Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,

de leur formule - les poètes m'étaient

indispensables -


Le doute écrasant


Tu parles encore, Esprit,

Tu parles. À qui

Tu es venu de l'Invisible

Pour y chercher la Clairière


Les vipères, l'obscurité, là et là


Envole-toi sur le vent pour mieux comprendre


Chemin d'exploitation - la route claire

Les feux, les lumières qui pendent à l'âme

Et veulent indiquer la voie réelle ou idéale

Proéminence d'oiseaux ciseleurs

Comme des entailles qui prononcent des cris

Annonciateurs


J'avance toutefois avec le doute écrasant

À mes côtés




Vaine turpitude

Au milieu de ta voix

Les paroles plongent dans le Néant,

Voltigent ou volent tout autour.

La pensée pénètre dans son obscurité,

L’humeur respire quelque doute.


J’emporte ma raison

Vers l’interdit à atteindre.

L’onde à peine perceptible

Traverse ma demeure.


Le visage me questionne,

L’écrit m’apparaît

Constamment détestable,

Vaine turpitude

D’imagination décadente.









En marge

Percevoir la distance

La mesurer de l’intérieur


Évoluer dans une sphère idéalisée

Par la mathématique pure


Se déplacer, osciller,

Chercher le centre de la vérité


L’œil éclairé se fixe là

En 360 degrés

Pour décider


Le noyau l’éclate.


En marge de moi, d’autrui

Cherchant la distance

Créant l’espace


A côté


Pensées sculptées


Elle est venue la mort



Elle est venue la mort des sinistres ténèbres

Constellée de mensonges, de crimes et de tortures

Nazifiée et cruelle, vicieuse et ignoble

Sublimée par le Diable, et impunie de Dieu.


Dans la nuit déchirée, elle enfonce ses crocs

Et pénètre le corps hurlant la délivrance.

Elle arrache la chair dans des cris inhumains,

Et le saint en extase pleure des larmes de sang.


Mais quelles divinités accepteraient d'entendre

L'horreur de l'envoûté innocent et croyant ?

Le mal s'acharne encore et le mal persécute.


Ô Bergère, il n'est point de ciel qui me comprenne.

Le silence, le silence me répond votre écho

Et Satan en furie jouit et frappe encore.







Au peintre Mathieu


Eclairer l'ombre même, le noir inoffensif

Des rais foncés et rouges : l'orgueil des impuissants

Suffis-toi de ces lignes elles circulent, elles éclatent

Lance tes blancs tes crèmes invente des spirales

Poudroie un sacrement qu'il explose à leurs yeux

Condense l'énergie, va dans les fuites claires

C'est encore un spectacle que tu veux inventer

Cette création saura bien les surprendre

Tous ces gestes magiques éclairent nos esprits

Fuites, vitesses, vitesses vitesses encore dans ce

Gerboiement de pensées éclatantes, avec ces flux

Multicolores qui interpellent et nous imposent

À considérer l'activité mentale, cérébrale

Ou d'autres fuites ~ suites imaginatives



Demeurée qui éclate


Demeurée qui éclate figurines explosées expirantes

Danse sur le soleil au proche des catacombes

Pour la lune éblouie et là-bas l'extase

Dans l'or de la voyance et l'orgasme sexuel

Finitude de plaisir corrompre mes destinées

C'est étrange, c’est infiniment et fuir à tout jamais

Regarde, croise le sommet interdit l'élégance

Ce ne sont que des Empires encore la corruption

On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores

Un éveil de phosphores la fille désenchantée

Croître pour ta portée indigne et méconnaître

Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit

La folie médusée la haine entrouverte la peur

Qui te dit au lointain que tu conçois encore ?

















Qui te dit d'expulser


Qui te dit d'expulser cette semence même

Dans la fuite du vent l'élégance s'impose

Eléonore s'élève et la fuite est certaine

Légère en transhumance la belle s'élabore

Contre la sphère pure, elle invente des courbes

Des spirales, des lignes elle invente toujours

Plus loin ce sont des anges dans l'évidence même

Qui s'octroient des baisers de bouches purifiées

Ce sont des robes claires dansant sur des nuages

Sur des songes d'extase quémandant l'idéal


La blanche haleine vole vers les doux précipices

Les sombres arabesques cachées dans les pénombres

Sillonnent nuitamment espérant un exil

Là-bas dans le lointain à l'orée des mensonges



































Le surcroît


Le surcroît, plus fort dans la construction

De l'homme savant, de l'homme sachant.


Aujourd'hui encore, apparition claire, tourbillon

Ou écharpe d'inconnue à saisir.


Poussée, au-delà, élégante et aérienne, poudreuse,

Je te sais explosante, orgasmique, intermittente.


Ce qui en revanche m'apparaît - dans le dédale

Des bas-fonds - à la recherche de l'origine.


C'est certain : quelques lacunes - les miennes, les tiennes -

En plénitude de mensonges, d'erreurs, de bêtises, de calomnies.


Le rêve qui se poursuit, ensanglanté dans son apothéose

- le rêve oublié, vomi, rejeté, retranché, exclus.


Chaque fois de se dire : haut mutisme interdit, soporifique,

Fuyant dans l'inutile et pourquoi ?



Par une nuit profonde

Saint Jean de la Croix


Dans la nuit connaissant

Avançant et sachant

Ô l'heureuse aventure

Qui dans l'esprit perdure !


Dans l'ombre s'éclairant

De mille vérités

Toujours recommencées

Et encore avançant


Pour que l'âme éclairée,

De la chair libérée

Enfin béatifiée


Dans les cieux les plus purs

Atteigne son azur

Et ses saints déifiés !








Divers


Fréquentes fois


Fréquentes fois me viennent à l'esprit*

De douces souvenances

Qui hantent mes désirs


Des dames d'autrefois

A la mine bien fières

Arpentent en vrais soupirs

Ma chair inassouvie


Les belles s'évanouissent

Quand je veux les saisir

Déjà réapparaissent

Toujours me font souffrir


Je me languis en vain

Et je supplie encore de posséder

Leur chair de la nuit à l'aurore...


*vers de Dante


Résidences


Yeux


Yeux en moi aveugles

Yeux du dedans je dois mourir


Lancées et miroirs intérieurs

Par le souffle, en contre bas, j'explose


Sangs jetés dans le corps, mourir

L'un et l'autre - les deux


La chute, la faille, tombés


Cris pensés après cris repensés

Cristal de haine, aux abois


Je verse dans le délire

Tu vois, je souffre encore


Chair et nuit se tenant

Dans l'angoisse et l'horreur


La fuite la mort ton Néant



11 septembre 2001 NY



Les excès de feu

La herse qui pénètre ta chair

Le parti de la haine

La haine violente, tumultueuse avec ses foyers d'horreur et de cruauté

Les souffles de l'enfer hurlant désespérément


Les décombres et le sang

Les corps pulvérisés

Inanimés en cendres


Car telle est ta terreur

Ta certitude divine ou religieuse


Et encore la mémoire des déchirés,

Des déchiquetés, de la mort,

Des morceaux de désespoir et d'horreur



Source d'extase


Demeuré au plus haut et quémandant l'extase

Hurlant dans la hauteur l'effort surnaturel

D'accéder à ces grains de lumière éternels


Puis le vertige aidant, la chute pour l'écriture

Poudroyant , bouche ouverte, aspirant quelque éclair

Belle source invisible de particules fluides


J'entrevoie la promesse d'un exil poétique

Mais la tête inclinée implore une substance

Nouvelle et différente accompagnée d'odeurs


Ô poussière infinie qui scintille en mon âme

Et construit en sculpture le blême diadème

Parviendrai-je une fois à jouir de mon drame

Au plus profond, obscur, se meurt le coeur sanglant

Mais l'espoir est déçu et le rêve se meurt













L'inerte


L'inerte - à animer

Il ne parle qu'à soi


Mais les mots encore opaques

Semblent vouloir cohabiter


L'inerte s'anime

Il supporte le poids des mots

En rupture avec sa sensibilité


La sphère, aura, purs éclats - la sphère

Explose en espoirs inouïs


La matière coule torrentielle

Comme une lave rousse


Qu'écrire ? Quelles applications ? Qu'est-ce ?

Ceci est insignifiant. Le vide. Le rien.

Avec toujours l'espoir de produire autre chose.




Endormies sur le feu

Qui m'amène en ce lieu

Qui m'amène en ce lieu abject et insolent ? Qui

Produit outre quelque substance novatrice, salvatrice,

Qui produit ? Il y a cette grande ambiguïté - elle

Dérange, interroge, - on rejette - on fuit.

C'est la manière - comprenez-moi bien. C'est cette

Manière aberrante, audacieuse, au-delà du pos-

Sible - il ne s'agirait ici de parler de poésie...


Elle crie vers moi : prends-moi ! Je suis suppliante,

À genoux, prise, reprise et soumise. Elle quémande

Encore quelque saveur aigre ou vicieuse. Quémande.


Je ne suis pas malade. Que disent-ils ? Non. Je suis

À toi (La voilà qui pense dans son délire optiqueÀ toi (La voilà qui pense dans son délire optique

De femelle prise) -


N'aie crainte. Nous poursuivons -

Te dis-je - Eléonore transpire dans l'air incolore.






À la sauvette ! Pour le délire !



À la sauvette ! Pour le délire ! Dans l'enfouissement

Macabre de quelque folie bizarre, et de détruire

Eternellement une anémone qui pue ! Jette-la

Cette indécence qui ondule, poudroie, fabrique

Un nouvel aléa d'impossible à atteindre. Tu me

Dis encore que tu es indisponible. C'est du sang, c'est

De la fiente multicolore qui dessine les discours

De l'arborescence. Pourquoi portes-tu ton regard

Au-delà de cette limite ? Qu'attends-tu ? Que

Veux-tu expérimenter d'interdit ? On t'a déjà dit

De te taire, de cesser d'écrire - de mourir

Jeune et beau - de mourir. C'est un touche-à-tout

Fébrile et nouveau qui se distingue avec ses insuccès.


Toute modulation nouvelle s'enfuit indolente.




Et meurent dans les lointains


Ces forces de mourir, et meurent dans des lointains

Désabusés. Formes désormais dans des espaces

Virtuels de possibles et de suffisants ~ indices

Certains d'évolutions poétiques.


Qu'évoquerez-vous,

Ce soir, est-ce un amant ténébreux ou une folie

De pucelle démise ? - Vêtue de grains cérébraux,

Rhabillée à ma manière, prise dans des con-

Torsions étranges -


Puis de s'élancer hors, un

Instant la fuite, la recherche d'un autrement

Différent, compris ? Utile ? AUTREMENT !

Qu'importe toutes ces finitudes littéraires ! Pourtant

Est-ce un possible enclavé, entendu, compartimenté ?


Que faut-il s'entendre dire ? De Mallarmé à Deguy,

Que puis-je avec mes médiocres applications sans progrès ?












Les formes nouvelles



Exprimées dans certains cas les formes nouvelles,

Exquises - offre-les en écrivant - ni plus

Ni moins mais détaché de tous - subissant

Toujours la torsade de ton ivresse, chancelant

Sur l'air allègre des interdits et des possibles.

Cette fois encore pour varier vos manières.

Qu'appelle-t-on écrire ? Ces apparats subtils

Sans fond aucun, ces contenus déplacés sans gram-

Maire progressive. Et rien ! Et rien ! Qu'espérer ?


Banale histoire d'une impuissance poétique, applications

Faiblement intentionnées sans ravissement de l'âme.

Avoir et avoir fait si peu, sans nulle évolution

Aucune.


S'en retourner en soi, dépité, déçu,

Mais peu d'amertume toutefois. Et quel avenir ?




La main tendue



La main tendue inutile de l'approche ~ Mon

Texte est hilarant, mon texte ! ~ De me

Servir. Toi accablé dans l'or de tes insuffisances

Et tu danses ! (C'est une farce, ce délire) ~ Le tumulte

Mal maîtrisé. Et ces applications autres dans une fade

Sensibilité mienne. Ta poésie est chronique,

Répétitive, évolutive ~ faiblement ~ mais

Chronique.


Alors quoi ? Surgi du bouillonnement

D'inspiration nouvelle (- Que tu dis - A te lire !...)

À mille beautés d'un génie d'autrefois, si

Essayant encore - de mes lèvres, des mots pour des

Fleurs.

Ou l'erreur de l'inutile, de ta médiocrité

Constante. Que veux-tu proposer ? On se plie !

On se plie ! C’est vrai, tu cherches encore - pour rien !









La belle obscure


De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement

Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres

Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la

Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements

De synapses dans l'immense luxuriance du don !


Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis

Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-

Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades

De courbes, en fuites éperdues, en élans in-

Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !


Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et

Figurative, ou plonge encore dans l'immanence

Insouciante de la raison, dans la vasque remplie

De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.




Pour les sels futurs



Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements

Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut

Subtile grise, grise enfouie espérant

Quelque saveur extrême émanée par le songe


Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant

De s'arrêter ici - après un temps lumineux

De furtifs essais. Egarés, ébahis encore

Dans l'émergence du présent, il paraît juste

De supposer

Puis pulsions indomptées, effusions,

Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui

Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre

Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?


Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer

La plume et répandre en sa chair les sels futurs.













Suspendue dans le feu



Suspendue dans le feu, cette fièvre rougeoyante

Avec flux de pensées, toi ta danse scabreuse

J'avance en songeant, je guide ton génie

Du moins je le prétends. Ta beauté corporelle

De femme lascive soumise et quémandante...

Je te reprends encore


Ta chair, le puits profond,

Corps défait, lié, ma fuite dans ton amertume

Gémis, craintive, gémis avec gène adécoïte


Mon regard désireux espère quelques suppliques

Je m'évanouis en toi, j'arpente tes méandres

Au profond, dans tes labyrinthes, tes issues

Interdites, impossibles, parcourant, parcourant encore


Ainsi je cherche en toi d'impensables secrets,

D'inimaginables délires - l'absolu du poète !



Les filaments de flamme


Dans ta vaine répétition, Sage et en souffrance

Je t'enracine - je te sais dépourvu - tes fibres

Aléatoires.


Plonge dans ta souillure, dans tes excré-

Ments d'écriture - acharne-toi à me vaincre. J'attends.


Je te donne des filaments de flamme - nouveau souffle ?

À répéter ? Gerbes de délires ou panier d'ordures ?


Toi, l'apprenti expert en torsades de pieds, en

Chutes répétitives, hésitant, te calmant, hurlant

Encore.


As-tu fait bon usage de ta triste

Moisson ? Mais expert à présent...moins efficace

Et incertain.


Esquive, échange, palabres, à touches

Mouchetées, - non, tu t'en retournes ver tes

Enchantements intérieurs, reliant tes tiges, entrecroi-

Sant tes premières heures et tes nouveautés éphémères.





Les éphémères



Dans ta répétition vaine, sage en basses souffrances

Je t'arrache tes envies, tu sembles dépourvu

Pourras-tu d'avantage ?

Fais varier tes souillures

D'extase dans ta polychromie bariolée d'images

Incertaines !


Tes pénombres inutiles tailladées de

Clair-obscur - toi clairsemé tu danses ! avec

Souffles et air de flammes - il suffit de t'éteindre.


Voilà la flûte sylvestre accrochant quelques notes !

Les tiges se croisent et s'entrecroisent dans la brise

Invisible. Ces instants délétères qu'il te faut cap-

Turer.


À peines entrevues, d'autres filles légères,

Sont-elles belles, irréelles, inutiles ? Des éphémères

Semble-t-il !...


Et toi dans ton Néant cherchant

Avec désespoir, et implorant la miséricorde.




Qui ventile



Qui ventile d'autres orgasmes - le moindre

N'est pas de mordre pour jouir. Ou de t'endormir

Dans des halos supérieurs - De rompre - Et de

Quelle manière avec la prudente activité tradi-

Tionnelle. Fuir cet amoncellement de hurlements en

Plaisirs malsains faussement assassins et attachés.


Allonge toute joie avec tes ambiguïtés ou tes

Situations classiques. Donc tu t'éprends, mugis,

Souffles ou râles - du moins tu t'exprimes nuitam-

Ment.


Avec cette curieuse sévérité, tu cries : à moi !

À moi ! À prendre dans la continuité de la vendange

Nocturne.


(Encore cette femme jeune qui retombe sur

Sa cuisse appesantie - de ce rythme - je le prends

Pour le dire - avec métamorphose des papillons)



Dans le vide



Figures disposées dans le vide

Figures pensantes et articulées

Dans les sinuosités angulaires escarpées

Et tranchantes qui se renvoient

Avec leurs logiques désordonnées des fragments

D'images bariolées


En approche de l'esprit, les constructions

Se désintègrent de couleurs en lumière,

Lambeaux de toiles mortes,

Vieilles souvenances oubliées


Figures déployées sur l'écran de la mémoire

Là le mensonge éblouit

Pour la renaissance des châteaux

En élaborations incomprises




Sa vengeance



Sa vengeance ~ encore dans la jouissance -

Harnais contre la cuisse ~ le miracle sexuel

Féminin - Tes chocs de lianes/fouet, triomphe

Contre la décrépitude. L'éclat de ton sourire

Perverse et soumise - prise et reprise ~ Très denses

Avec les souffles caractéristiques de tes suppliques -

Implore encore - Qui te fait mal à l'image du

Cheval.


Il s'agit de pieds, de ceintures, d'anges

Noirs - femmes assises sur des hommes - le torse

Ensanglanté offert - lui-même à l'envi et retourné.


Ventre, seins, chairs - invoquant les passions, les

Délires, les fanges sublimes, l'ivresse et l'interdit -

Oui, invoquant.


Là, en abondance de poils, de

Sang et d'excréments, on te devine vicieuse.










Elle est à entendre



Elle est à entendre. Si vrai, serait-ce le délire ?

Conservée, ensevelie dans les méandres inconnus. Avec

Ses cavalcades effrénées, la folie s'en empare encore.


Dis-moi si parfois une raison passagère

Evoquerait en elle un surcroît de conscience, de

Maîtrise pensée en quelque sorte ?

Là voilà qui

S'élance - déjà défaite et sans constance, offrant

Sa vulve impudique à son amant résigné ! Mouillée

Et solitaire - aspirant à entrer en moi - aspirant.


Pour quelle certitude poétique, quel assaut sensuel ?

(L'implorer chaque nuit) L'ivresse de son parfum

Débordant de soupirs. L'étreindre dans la spirale

De la folie volcanique, en tourbillons d'humeur

Ou casser piteusement les choses saintes exprimées ?




Elle, et coupée



Elle, et coupée si fortement - en cernant

Ses deux mains - ensevelie et presque ; agissant

Sur la vue plus loin dans l'entrée; puis l'écla-

Tement de ces rayons agressifs dans la nuée

D'invraisemblances. Toi, te détournant avec

Tes saccades glaciales, parcourant ton naufrage,

Feignant à l'explorateur encore. Dans ta solitude

Claire, égayée, éliminant le réel imparfait.


Ainsi soit-elle en guise de danse, d'élans scabreux

Ou de, folies passagères ; la voilà dépitée, refu-

Sant son règne, me reprochant encore mes vices

Sexuels cachés.


Oui, toi en fausses abondances,

En détestables pitances d'excréments puants et

Fangeux, tu m'inventes un délire incompris d'autrui.










Voici mon Néant



Voici mon Néant et quelques roses voltigeant

Dans la claire immensité crépusculaire. En sur-

Passant votre beauté. Et le grand amoureux que

Jamais je ne fus. Ô sublimes ingénues, déchirez--

Vous, déchirez-vous ! Dans le soir, ces bergères

Se morfondent en grâce divine, - hors de leur couche,

Ô Maîtresses !


Simplement commençons ! Et pour quelle

Clameur ? Pour quelles puretés printanières d'élans

En savoirs dans cette blanche spiritualité de la

Nuit profonde ?


Moi, je fertilise mes élans d'idées

Belles avec ce flot de femmes et de grâces, invo-

Quant toutes les héritières de me nourrir quelque peu.


Pour ce dôme religieux d'éternité chrétienne ou

Cette triste joie de vivre dans l'inutilité de soi.





Elle, et de ses mains, elle



Elle, et de ses mains, elle. Le pied de ma maîtresse

Plaquée contre mon sexe. Supplie-moi à l'entrée !


Mes saccades orageuses frappant contre ta bouche.

Ses désirs de femme-poulpe dans sa vulve visqueuse.


Encore une histoire de naufrage, de chair mouillée

Et chaude. Engouffre-moi jusqu'au coeur, implore-t-elle.


Ce qu'elle a d'étroit. Toujours en son milieu. À l'in--

Térieur. La douceur parfumée. Aspirant à l'envi.


Déverse ton ivresse, répands-toi sur moi en avalanches

De formes infinies. Apaise mon ravissement ébahi.


Est-ce certitude de bonheur avec ses attaches de cuir

Et d'or, ce plaisir éternel supérieur ? Liée pour toi.


Quelles intentions avec ton buste qui se balance par deux ?

Toujours mieux faire et de m'avoir. À genoux, gémissons.




Big Bang



Elle aimait la jouissance dans une saillie forte.

Aux pieds. Dos creusé par le désir. Provoquant

L'objectif. Comme six hommes qui la forgent et la

Reprennent. La poitrine battant en saccades. La

Crainte de faire venir trop vite l'orgasme. L'envie

D'être donnée à tant de sexes !


Les joies de son

Plaisir. Elle aimait. Nulle répulsion profonde,

Nul dégoût. La grâce honorée dans ses beuvrages

D'excès. Les intérieurs illustres. Jetée contre l'un,

Contre l'autre. Son nu profané.


L'activité essentielle

De sa langue. Les doigts poisseux et les fentes

Prises et obstruées. Elle, carnivore. Et de te salir

Avec nos expulsions. À nouveau, entends-tu ? Proster-

Ne-toi. Aspergée de nard onctueux et blanc.




Un mot cherche un mot



Un mot cherche un mot qui refuse de lui

Répondre Ici commence la guirlande accrochée

Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose

Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux

Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent

Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi

Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon

Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de

Sang jaillissent ici et là dans l’armature

Du Néant. J’attends mon auréole et je demande

Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers

La Coupole.

Des cercles et d’autres cercles évasifs

Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur

De haine circule dans la ville. J’écris encore.












Futur comme toi



Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,

Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~

Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-

Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.


L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères

Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-

Ments, les anticipations, les interdits organisés

À la demande, pour l’imparable extase.


Le trait redescend mat et impuissant, la pensée

Contingentée dans des délires douteux - optique de

Reproches et d’incertitudes.


Puis l’omission, le rejet,

Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute

Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-

Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?





Et de s’unir dans cet espace



Et de s’unir dans cet espace ~ au plus près dans

Les Yeux - ta présence m’emporte - tes paroles

Déplacées dans l’orgasme incessant chose en

Nous qui se mesure ~ l’analyse de l’obtention :

Ce n’est donc que cela ?


Corps disparu, constamment

En évanescence d’espoirs de jouissance ; et

De poursuivre encore - tels seront nos enfants

Débordant de pus et de faiblesse ~ les croise-

Ments de nos gènes et l’inventaire de notre

Dégénérescence.


Je m’extirpe, je m’échappe, je

Fuis hors de toi, femme dévastatrice, créatrice

D’infectes choses - me voilà à nouveau cherchant,

Elaborant de stupides avenirs pour des considé-

Rations douteuses. Je te reprends encore.









Là dans l’immobile

Là dans l’immobile, concentrée sur soi

Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre

Emportée ici pour disparaître dans la fuite

Oui, emportée…

Avec quel support et quel savoir ?


Féminité pour n’être pas


Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude

Qui ne saurait me convenir


Etre sur soi pour qui s’emporte


Comme de se dire ici et là et en cadence


La blancheur amortie dans l’air qui se dégage


Futur repensé déplacé à nouveau

Futur revisité et de prétendre : cela sera cela


Pour le bel inconnu qui toujours se suffit

L’espace est en soi-même l’univers à construire




Lancée hors soi

Lancée hors soi telle la lumière

Fatidique à tes yeux de s’endormir encore

Et sous quelles vélocités irréelles, la pensée

Pénétrante secouera son joug cérébral ?


Toi, dans ta détresse tu tressais l’impossible

Ravalant les contours, explosant en folie.


Je reviens, j’extrais, j’arrache l’or interdit

De mes pures entrailles.


L’esprit s’égare chez les

Filles et les putains, surnage dans des rancœurs

Diaboliques, exalte le Dieu-Phallus

Et se répand dans des espoirs absurdes.


Lancé

Hors soi, s’agrippant à la couronne céleste,

Suppliant sa part mystique, déféquant ses

Péchés, ma semence exaltée plonge dans son Néant.



Entremêlées encore



Entremêlées encore, s’accordant des formes vides,

Des espoirs insipides, entremêlées encore pour un

Joug d’écriture nouvelle, les filles s’élancent belles ;


Une et mille, tissées et repensées dans l’éveil

Du matin pâle, bouleversées en songe, oui

Tissées ;

progressivement en germe de romance qui

Jamais ne s’atténue, en germe flottant à

L’abandon et se voulant mourir d’extase.


Le vent défleurit, défeuille là les nuées blanches,

Les filles en volutes d’apparence semblent

Disparaître, les filles supplient quelques gémissements

Plaintifs.


Dans quel arôme de sueurs, dans quels

Tourbillons fluides les ingénues en battements

D’ailes parviendront-elles à m’inspirer un peu ?




À la recherche de l’élixir de grâce



Non à la trace mélodieuse constellée d’esprits

Noirs ~ écriture pensée et non dictée par

Quelque saveur externe,

déplacée dans la supposition

Douteuse ~ et lisible à quel niveau ?


La main s’octroie de fades aberrations et

Prétend y démêler un invisible ~ parmi les

Excès et les audaces.


Consternant ce mur à

Faire exploser en myriades de confettis pour

Reconstruire des guirlandes obscures !

Fait de

Réparations et d’invraisemblances, de déjections

Douteuses et de miasmes ridicules !


Quand donc

Nourrie de sèves salvatrices, régénéré dans

L’autre solaire, parviendrai-je à constituer

Un élixir de grâce pour me faire pardonner mon ignorance ?

La fille bleue



Repensé, calfeutré dans des délires optiques, -

Inadmissibles. Ce souffle lancinant illuminant

Mille grâces. Toujours en soi, cherchant pour

Un ailleurs. L’esprit de fantaisie s’y décèle

Toutefois.


Avançons dans l’obscur avec traces

Bigarrées - champ de tenseurs hautement im-

Probables.


S’en vient la fille bleue agrémentée

D’espoirs, véhiculée sur ces tenseurs ou ces ali-

Gnements incertains. Elle y déploie ses corolles,

Ses zébrures audacieuses - elle y déploie…Et,


Moi supposant, déplaçant, soufflant, rechignant,

Hurlant encore. Accorde, je te prie, quelque zèle

Libérateur à cette lourde main qui trame

L’impossible et toujours se déçoit en sa lutte.




De haut-là, qu’entends-tu ?


De là-haut, qu’entends-tu force de glaise

Et de glace C’est là que tu demeures enra-

Ciné dans ton idéal menteur


Grande marche

Dans l’impossible intérieur, promenant l’exilé

Sur le bout de ton cil, tu avances parfois

En pâmoisons d’extases, sur la lisière de

L’écriture


Froides-incendiaires tes filles sans

Chair, filles de l’estime toutefois. La folie

Nocturne embrasse le dépravé jusqu’aux excès

De l’interdit !


Lourds-légers tous ces corps empilés

Comme accumulation de poèmes produits - va encore

Toi trébuchant, franchissant les remparts de

De l’aberrance, entreposant dans tes bas-fonds les

Substances infiniment pures ou pourries de ta plume.






Déplacé dans l’impossible



Déplacé dans l’impossible menteur à la

Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle

Part. Au travers, se supposait au travers.


Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons

De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,

Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.


Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,

~ De passer par un centre ~ avec réparations intimes.

Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,

Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.


Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle

Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit

Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique

Le sceau sacral, et je prétends produire !

L’une d’entre elles suspendue



Filles saccadées dans l’exorcisme du Mal,

Perçues dans l’œil - filles sifflantes et suppliantes,

L’orgasme est à construire !


Arpentez l’âme,

Traces de vers, enroulée maintenant dans

Votre folie vibrante. À plus jamais, oui

Portées dans l’obscur pour cet immense tissage

Irréel !


L’une d’entre elles suspendue aux neurones

De la conscience. Nous habitons dedans. Respire

Pour qu’elle se détache, conseille Paul Celan.


Voix pénétrantes à l’intérieur, voix pour construire

Et pour se libérer de l’emprise mauvaise, il est doux

D’avoir filles claires élaborées dans son Temps.


Quand une giclée vicieuse venue de l’Inconnu

Déchire le bel ensemble aboli à jamais.








Le feu



Silence comme femmes en fusion, silence

Dans des mains transpirant des cendres chaudes


Elles, bénies sous des flammes de soupirs, gémissantes

De scories, hurlantes dans le feu passionnel


Brûlées et encerclées de flammèches, de che-

Velure volante, habillées et nues, habillées

Par la danse des flammes - toujours en soupirs

Et implorant l’extase de l’orage, mais le feu.


Encore le feu pour les faire jouir - ces lueurs

Rouges et écarlates dans la mouvance du vent


Toi, forgeron sous un flot de vin, effrayante

Fumée d’extase et de délire, te voilà

Calciné dans tes poussières de fantasme, ramassant

Pelletées de femmes irréelles et pourtant vivantes.


Entre l’or et l’ennui



Entre l’or et l’ennui, le feu et la folie ~

La nuit pour oublier, pour écrire ~ une poignée

De syllabes ~ mes semences ~ je songe à la

Volée d’extases inondant des filaments épais.


À toi tes grâces et tes paroles dans le silence

Profond et sinistre ~ dans le sang de l’absence

Nourri de ton venin ~ suspendu à ton espoir

Je suppose la pratiquant grandement. Poursuis.


Encore la pénétrant, l‘éclairant de mille audaces.

Et toujours ces besoins de semailles dans l’âme

Claire d’un matin en transis. Poindra-t-elle,


Cette aube nouvelle, se soulèveront-ils ces soleils

Qui émergent dans des océans sans fond ? Entre l’or

Et l’ennui, le feu et la folie surgit l’Esprit !











Solitude à genoux



Solitude à genoux. À genoux pour mourir.

Silence dans les glaciales catacombes. Une lueur luit.

Accueille, accueille mon âme. L’ombre, au plus

Profond dans son sinistre.


Vivre pour un ailleurs.

Un ailleurs autrement. Les murs supplient

La sainteté. Epais silence. Couvercle étouffant.

Qu’éclate un sanglot. Dans une bouche de soupirs.


Baisers de cendres. Une femme apparaît. C’est elle,

Scellant la poussière pour l’éternité. J’embrasse

La poussière et quémande la lumière.


Instants ulcérés

D’espoirs et de craintes. Instants comme infinis.


Puis son doux sourire. Un visage radieux.

Viens-t’en ! Viens-t’en ! Hors de ta peine. Hors. ”

Le retour idéal vers l’anneau de lumière, là-haut.




Le nuage en exil


Boule en l’air, en fuite ton existence. La

Semence, ta demeure et là. Grande marche

Véhiculée sur l’impossible. La certitude en

Glaise de saveurs, mais pour qui ? Veux-tu,

Très esthétique te déplacer quelque peu ? Vers

L’infini regard avec syllabes crissantes ou

Rouillées.


En lisière et voyage pour l’aptitude

D’un Midi dressé et clair. L’aptitude ! Je te

Fais devenir, et c’est lointain que d’y songer.


Ame-désert ~ désert-âme : avec cette rumeur

Légère que féconde la sueur étrangère. Si

Fluide, cette pensée claire de laitance en

Balance de lourds-légers ~ légers-lourds,

À saisir, toi nuage important conduisant ton exil.








Encore qui germe



Encore qui germe ~ formes d’avenir alanguies ;

Des voix, et je parviens vers Toi. Toujours en ma de-

Meure. Mêlées et démêlées, filantes. Il est là,

Il émerge. Cette survivance. Un et mille - je

Vous offre le Tout.


Saisis pour figurer l’oubli,

Esprit, écris - Pensée, éjecte. Pour ces grands

Aveugles - des lignages incessants. Dans l’œil

Du poète, cette lumière assourdissante, bondissante

D’ennuis et d’espoirs.


Les yeux éclaboussés.

La pensée en dedans. L’audace qui voltige.

Sur le bord de l’abîme. La réalité chancelante.


Filles, flores, éternelles, revenez nourrir l’âme

Désinvolte - redressez cette lourde masse de

Chair spirituelle qui ploie fatiguée par les ans.


Rajouts de Pièces courtes



Fragments imperceptibles



Fragments imperceptibles animés

D'un écho aérien,

Souffles fragmentés par un esprit sourd.


Dans la lumineuse nuit invisible,

L'or fondu en sourdes paroles coule

Ses segments incertains.


Tu conçois maigrement en suivant

Ce ruisseau.


Passe et repasse dans ta mémoire

Une solution d'écriture décevante.


Le message construit n'a nulle emprise

Sur ta conscience.


Des bribes que l'on jette comme des semences

Douteuses à la volée du vent.



Chair dedans


Chair dedans, et toute autre ?

Et toute chair prise

Dans un souffle dernier

D'extase et d'abandon...


Ma force vive en toi,

Toi qui exiges ma petite mort...


Je ne te remplis pas,

Concevant un espace supérieur,

Croyant encore aux chimères poétiques,

Appelant follement ces choses infinies.


La nuit pense et repense, opaque de songes.

Dans l'impossibilité d'atteindre

L'orgasme littéraire

Je tourne sur toi, je meurs, hélas je m'abats.



Pensé à partir

Pensé à partir de l'insignifiant

Dans le pur espace infini

En soi

Pour soi

Quels mots

Quelles solutions d'images

Quel apparaître ?


Ici ce sont encore des champs de persécution,

Des chaos d'écriture

Des pénétrations dans l'âme


Puis une direction mentale

Pour un réel à inventer

Qui miroite maigrement

Dans un futur illusoire











Reviens dans l'esprit


Reviens dans l'esprit, ~ rejets, expulsions et Muse !

Délabrements, existe avec nécessités de l'être qui fuit...


Donne-leur ce matin où le poème flotte,

Où l'idée est soufflée comme étamine claire ;

Accroche cela au ciel mauvais

De torrents, de tornades et d'éclairs aussi !


Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux,

Des papillons d'extases et des folles nuitées !


Tous ces chaos fuyant dans des violences

De particules - ça prétendrait former

Un poème logique de possibilités à entrevoir !...


Te voilà mystifié, grommelant, homme à la parole

Coupée avec des yeux mouillés pour retourner vers l'intérieur.


Parle, parle, poursuis ce monologue. Ecris encore.




De clair arrondi


De clair arrondi sous des poussières taciturnes

Au sortir de l'eau avec l'air fluide

Parcourant quelque peu les tempes


Mes adieux : voyelles et sonorités interdites


Ceci serait le vrai : penser sans la douleur

Par le truchement des verbes animés

Encore chez soi, dans le mot

Et question de question

Pour réponses médusées, détournées, obliques

Parlant dans le silence, yeux ahuris

Cherchant quelque torve lumière


Le vent inutile vient se briser

Sur le front, flamboiement incertain

Sur mes lèvres inventives






Traversé d'espaces irréels


Traversé d'espaces irréels

Mon deuil de poètes morts mais présents

L'esprit filant pour quelques perspectives de vécus

À la dérive


Aperçu, mon aperçu, entrevu, là

Spirale tourbillonnante pour

L'agencement d'un poème nouveau

Signes et le dire

Sur la variable transparente

Des mots qui s'effacent


L'oeil critique au visage dur

Condamne la trace


Le goût de l'inachevé, lettre contre lettre

Dans le cristal de l'espoir




Oui, accrochée à toi

Oui, accrochée à toi

Par l'invisible lien de la mauvaise réplique

Suppose : dans l'oeil de la vipère

accrochée aux neurones défectueux


- Pour l'élixir, et la soupente mène au Néant.


Poursuis l'explosion délicate et absurde, existe

entre trois balbutiements verbeux.


Il s'asseoit sur son trône, prince ridicule

imbu de soi, mièvre et médiocre - il s'asseoit.


Il prétend : ses victimes, cuisses ouvertes, sexes béants,

trous d'extase - à la naissance de la folie...


Les poignards s'enfoncent dans la chair à critiquer

- Fantômes, ennemies, au-delà - et ce Dieu,

dangereux et puissant - que dira-t-il ?







Le désespéré


J'appelle désespoirs la mort et la torture,

Nuits offertes au Néant, à la sinistre haine

Oui, je sens suffoquer les souffles sirupeux

Plaqués contre ma face pour un toucher spécial


Mourir est un plaisir libérateur en soi

Mon éternelle peine s'épuise sans retour

J'ai aboli mes Dieux, mes chimères immortelles

Je plonge dans la nuit, catafalque de gloire


J'invoquerai les guerres pour enfin trépasser

La triste obscurité des douleurs infinies

Le pays interdit pour y poser ma chair

Et repenser le monde illuminé de crimes


Elle est venue la mort des sinistres ténèbres

Constellée de mensonges, de crimes et de souffrances


1


Ce qui subsiste après la haine

dans l'air rouge


L'humeur ancrée contre le front


Je recompose mon avancée,

j'analyse le délit, l'audace,

j'aplanis mon extase pour comprendre


2


Les muqueuses irradiées

l'arc-en-ciel intérieur

pense et se précipite en soi

toujours pour l'absolu


Glissades dans la cervelle chutant et chutant


3


Agité par le souffle

feignant à l'immobilité du bleu

qui se désintègre mollement





Jusqu'à l'obtention



Jusqu'à l'obtention de ce résultat insignifiant

Poésie de moi, de rien. Fustigeant mes figures,

Fustigeant retournées. Que peu les cherche, que peu.

Encore l'éclatement bariolé rempli de saveurs.


J'arrache, tu es devancé, liant les moindres mots -

Le mouvement est ajourné.


Qui file sous les pas, - seulement, comme du regard -

J'accueille le nouveau jour.


La pensée, en poudre et lui-même, éclaté éclatements

Pour une suspension de l'image.

À travers, dans la fuite, de ce qui donne,

Une foule d'humeurs.


Mais tu vois, je cours, je dors aspiré par le vent,

Flanqué d'une fraîcheur.


Le vent à l'extrême


Le vent à l'extrême enveloppe aussitôt fuyant, aussitôt

Pénétrant .Envolées de l'esprit aspirées par le gouffre.


Je pénètre la nuit, je m'étale et je dors.

J'étire mes longueurs sur l'infini des chairs.

Plus haut dans l'éther bleu éblouit ton orgasme,

Le plaisir éclaté se répand dans nos âmes.


Sans m'étonner, dans la nuisance du Moi,

Reconnu inutile, jusqu'à ce que le prolongement se meurt.


Immobilités fuyant les quelques orgasmes enchanteurs

De la nuit, principes bariolés de folie très légère !


Paroles : la cime sublime de s'entendre dire :

Non ! Jamais ! Ailleurs !


Ces produits inaudibles pour autrui : le frère devenu ennemi.

Le retour dans la cage littéraire. Soi, soi et seul.




Peut-être nue



Peut-être nue. Tes vocalises d'orgasme répandues

Dans la fraîcheur. Le souffle des roses.

La chair glisse au point ultime du non-moi.

Je fonds dans l'oubli y retrouvant tes aises.


Le coeur au fond du gisement espère y chercher

L'émoi répandu. La rumeur de nos haltes, les souffles

Accélérés, les murailles incomprises, et ce subtil

Parfum qui s'échappe nonchalamment de nos âmes.


Nudité d'orgasmes littéraires inondée de rumeurs sensuelles.

Sur les bords, à l'intérieur se rétractent les flux de pensées

Chauds. Nous sommes solitaires au fond de leurs chairs,

Prisonniers des muqueuses. Le plaisir illusoire sur des corps

Elastiques et la fuite inventive pour des combats nouveaux.


Tu vois, j'agonise selon ta félicité


La lumière bleue



En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,

intermittente qui se love contre l'esprit


Dans la forêt de l'intelligence se répand

une femme douce et généreuse


Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée

avec le doute et ses extrêmes


Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace

pour l'écriture hachurée


Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice

et s'effondre dans les buissons épineux


Paroles, paroles appliquées comme une gerbe

phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir


Mais quel espoir pour être ?

Qui est cette femme au plus profond du Moi ?





Le surcroît


Le surcroît, plus fort dans la construction de l'homme

Savant, de l'homme sachant. Mots appelés, les plus tendres,

Pour une part dans l'éveil. Aujourd'hui encore, apparition

Claire, tourbillon ou écharpe d'inconnue à saisir.


Poussée, au-delà, élégante et aérienne, poudreuse,

Je te sais explosante, orgasmique, intermittente.

Ce qui en revanche m'apparaît - dans le dédale

Des bas-fonds - à la recherche de l'origine.


C'est certain : quelques lacunes - les miennes, les tiennes - en

Plénitude de mensonges, d'erreurs, de bêtises, de calomnies.


Le rêve qui se poursuit, ensanglanté dans son apothéose

- Le rêve oublié, vomi, rejeté, retranché, exclus.


Chaque fois de se dire : haut mutisme interdit, soporifique,

Fuyant dans l'inutile et pourquoi ?



Cela, par effets


Cela, par effets, l'opacité absolue et nulle lueur :

Fondre dans l'aurore et plonger


Encore la plongée fuyante, en soi,

Sorte de spirale infinie de rien - nulle possibilité de

Dégagement, l'éternelle glissade sur les bords du vide


Le temps succédera au temps


Sont-ce des possibilités printanières, d'exil, de pureté

Transparente - qu'est-ce cet autrement ?


La remontée


Je tiens le mot pour


Espacé de silence, - espacé - figuratif et muet


La parole dessaisie murmurant pour cette image en formation,

En attente tendue, - l'inachevé est à disparaître...


C'est cela : à disparaître.



Et ce, au plus profond



Et ce, au plus profond

Avec centre et spirales éclatées

Froissé, décomposé, suppliant,

Espérant cette nouvelle aube

Puis le jour s'éteint


Ici et le prétendre encore

Fuyant la diagonale

Plongeant sur l'oblique

S'évaporant dans l'espace


De la pensée volatile dans l'éveil

Sur l'a-conscience qui se figure bourdonner

Au milieu de l'endormie


Lourde encore supposant quelques scintillements

Clairs qui sera et s'échappe pour rien...



Encore les espaces obstrués


Encore les espaces obstrués

Le vide à soi, le vide

Une faille peut-être


Espérant une nouvelle matière

Il suppose en creusant


L'espace décomposé en soi


Traduire l'infinité


Te rencontrer encore après bien des années perdu

dans ces labyrinthes d'écriture

pour ces impossibilités littéraires à atteindre


La structure démantelée est à refondre


De nouveau, il explose


Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint


Le sens du continu


Plus loin, dans l'étendue


Plus loin, dans l'étendue d'écrire, le paysage de la syntaxe


Echappée, en fuite, où tu es je ne suis


Pourquoi tant d'applications ? Nécessité d'écrire pour construire.

L'obéissance à Dieu.

Outil de créativité mentale avec applications concrètes.

Exploitation de la liberté du langage. Nulle entrave, nul interdit.


Déplacer autrement la vérité, découvrir une nouvelle vérité.

Fuyant dans l'immobile, foudroyé par la vitesse, fuyant encore

Le front ensanglanté dans l'air glacial


Qui est soi, en soi cherchant toujours

La déroute de l'estime, l'éternel refus


Matière délétère de mots à associer

Qui s'évanouit dans l'âme du poète


L'insignifiant déplace le sens



Si riche d'images


Si riche d'images à composer

Sur les ondes nouvelles, la pensée inventive

Sur le haut point de se comprendre, tirée la même, hors soi


Sans que jamais tu ne comprennes


Elle-même hors de la sphère buccale

cherchant dans l'air à apparaître

Soufflée pour l'orgueil imbécile

d'une vaine lamentation poétique


Ce qui sera à repenser soi-même sur l'être en apprentissage

pour convertir en certitude tout le su et le perçu


Quant aux images, elles nourriront

nos fantasmes délétères, - véhicules de liberté

au-delà des interdits pour libérer l'âme

des excréments de la journée


Au-delà du sens



Au-delà du sens, à la recherche d'un autrement,

Cassant la matière,

Restructurant la syntaxe, déplaçant le vrai,


Et pour quels surgissements ?


Au-delà du sens, ce que peut le non-signifiant

Ce qu'il prétend trouver

Différemment


Encroûté, insistant, piétinant encore


Contre le sens, le faisant exploser

Ou disparaître


Et d'avancer pour aller plus loin

Là-bas j'y suis

Prolonger, rajouter, soi sur soi,

Sans cohérence, sans organisation réelle




De toi à moi, que faire



De toi à moi, que faire ?

Ici en deux que je place et déplace, à repenser

Encore sur ta hauteur, moi-même à élever...


Suspendu dans l'esprit de la réplique,

Reprenant ton souffle

Avec la grâce de l'application

Unissant les choses libres et différentes.


Ma nuit et ton jour par frottements

Pour fluidifier nos différences et nos contrastes

Ou plonger encore vers la très grande estime,

Descendu là dans le Néant.


Cela sera-t-il proche ?

...Mais que vaut cette substance qui coule en moi ?


Essaie encore dans les extases pour les lointains.


L'exiguë



L'exiguë de la pensée, les limites cérébrales,

J'habite une douleur


Je m'appuie sur l'espoir d'être moi-même

Encore cahotant, piétinant, nourri de mensonges,

Le poids accentue les grimaces


Mais tout entier dans la parole

Cherchant différemment pour rien


Ce qui se situe à l'intérieur est essentiel


La source interne polluée

Ton coeur de pierre

Dénoue ta pensée


Ici commence l'immobile certitude de soi


Je t'emporte continuellement associant

Ta volonté à ta stagnante insistance


L'interdit qui éclaire



L'interdit qui éclaire

sur le versant obscur du vrai

autour et contre le vent

contournant toujours l'imposé


Invente une trace nouvelle, là-bas pour le futur

La nuit est lumineuse

L'altitude décrit l'espace

puis la forme à concevoir


Tu colores le Néant et agis selon


Le bleu s'émancipe, s'éclaire toutefois

fusille l'autre vrai - assassiné -

jusqu'en sa pulsion secrète - assassiné -


Ainsi descendu, en toi, descendu

au plus profond, sans nulle hauteur





Déplacé - repensé



Déplacé - repensé ailleurs et autrement

Le territoire de la repense !


Ecriture noyée, focalisée, hérétique,

Agressive et violente - Ecritures !


Sans être lu mais se lire - plié, à l'intérieur

Ecrasé par ses rayons monstrueux,

Roule en toi-même ou grimpe du moins agis


Dans ce champ mental, aie souci de toi. Non

point souci des autres mais souci des poètes

morts - avec leur substance, ma co-substance !

Voir à travers eux ! Ou fluidifier d'autres mots

Une sorte de réplique

revisitée, intemporelle - une sorte de réplique !

Et pour viser à quoi ?




De toi à moi cela est peu



De toi à moi cela est peu, la répartition semble difficile

Et dérobée ne t'imagine pas...


J'ordonne parfois pour de l'inutile. Le stimulant

N'existe guère. Soufflant tes mots, que puis-je avec toi ?


Ta sueur rafraîchit mon extase,

Nos lèvres remuent espérant quelques râles.


Les controverses de nos actions, les délices de

Nos extases, bondissant pour des excitations autres...


Tu jouissais de mes suppliantes attaques,

J'arpentais sur ton corps les pieds de la raison.


Nous franchissions les interdits sensuels

Et dépravés pour des résultats poétiques douteux.


J'harmonisais tes plaintes.

Que pouvons-nous à deux ?








Même indice, même schème



Même indice, même schème, même application

Ici encore cherchant pour rien ou si peu

Enfin cherchant encore


Qui va s'étirant et se rencontre, allègre en soi qui va

Souffrir et de se suffire

Tandis qu'écoute pensante ma tradition

Elle fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue


De nulle part, très à l'intérieur et quelle faiblesse !

Suspendue à d'autres souffles évoquant le vertige


Puis nouvel indice : poussière, grain, interstice

scintiller - cela vrai - et respirer doucement

Sous mes yeux dans mon regard, toi à l'oeil !

Tu m'as dit quel micas - sur ma fin de vivre


Et l'autre rive là-bas... là-bas l'autre rive




Source d'extase



Emporté sur le vent d'un orgasme menteur

Hurlant dans la hauteur l'effort surnaturel

D'accéder à ces grains de lumière éternelle


Puis le vertige aidant, la chute pour l'écriture

Poudroyant, bouche ouverte, aspirant quelque éclair

Belle source invisible de particules fluides


J'entrevois la promesse d'un exil poétique

Mais la tête inclinée implore une substance

Nouvelle et différente accompagnée d'odeurs


Ô poussière infinie qui scintille en mon âme

Et construit en sculpture le blême diadème

Parviendrai-je une fois à jouir de mon drame

Au plus profond, obscur, se meurt le coeur sanglant

Mais l'espoir est déçu et le rêve se meurt
















Nuit d'aveugle



Paroles, et cette soif jamais assouvie

Paroles et pensées pour s'octroyer

Quelques fragments supplémentaires

Un instant, l'écrit, le trait et le rejet de l'agglomérat


Des routes, des réseaux, des sorties

- Longues avancées en soi -

Traces de plus en plus visibles - traces -

Surfaces parallèles - en décalage - surfaces -

Tombées, retombées dans tes versants


L'emporte comme s'étale - surcroît, s'efface et cherche

Défalquer dans la transparence, le reprendre

Avec soi pour saisir cette trace dans cette opacité mienne


S'y perdre en plongeant - Limites perpétuelles

Franchies - limites - Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle




Grande pensante


Ô silence, ô silence, dans l'or de l'exploit, fustigé !

Grande pensante ! Grande pensante ! Qu'en est-il ?


Déjà, là-bas une silhouette fine et désinvolte,

Un moi-même ami qui me permet d'écrire,

Un moi-même ami...

Silhouette claire et belle comme une réplique

Mentale, une réplique de l'esprit.


Et toi, bariolé d'images inutiles,

Essayant, produisant encore

Pour d'infimes stupidités... stupidités...


J'ai tendance à te suivre,

Je vais dans l'inconnu, ton inconnu.


Déglacé, souriant, feignant à l'exalté, je persévère

Ma douce Eléonore. Toujours décidée à me suivre ? Toujours ?
















Et claire dans l'apothéose



Et claire dans l'apothéose de s'entendre dire :

Elongations fuites possibilités devancières accours

Moi besogneux toujours prêt extatique et

Glissant sur les longs coursiers irréels glissant certes.


Echéance de production insipide niant l'audace

Créative. Va me chercher Eléonore. Fluidifie

Sa taille, justifie ses seins, quémande encore.

Que je la prenne dans de chastes épousailles !


Ebloui de rien, façade multicolore de mensonges,

Applications identiques sans le moindre souffle d'élan

Nouveau.

Ceci est peu. Evolue, change, transforme,

Apporte quelques éléments purs dans ces futures

Découvertes sexuelles, d'amour, de poésie, de vice.

Voilà : éclabousse ta page de possibilités autres.




Là dans l’immobile


Là dans l’immobile, concentrée sur soi

Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre

Emportée ici pour disparaître dans la fuite

Oui, emportée…

Avec quel support et quel savoir ?


Féminité pour n’être pas

Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude

Qui ne saurait me convenir

Etre sur soi pour qui s’emporte

Comme de se dire ici et là et en cadence

La blancheur amortie dans l’air qui se dégage


Futur repensé déplacé à nouveau

Futur revisité et de prétendre : cela sera cela

Pour le bel inconnu qui toujours se suffit

L’espace est en soi-même l’univers à construire












Les roses ensevelies



Giclais, et une fois



Giclais, et une fois ~ voudrais s'y installer

Douce fille aux crins jaunes

Comment se consumer en elle constamment ?


Je reviendrai avec les mêmes mouvements

Assumant de très légers arrêts


Ô rêveuse de l'absurde

En élans, en bascules

En gémissements plaintifs

En poses démonstratives


Mon âme sur elle

Je pratique l'élégant féodalisme

De poses et de jambes enlacées


Sera-ce suffisant pour crédibiliser

L'envie de se revoir nuitamment ?



La belle abandonnée


Elle, et encore, elle pour de si clairs

Parfums suaves ~ endormie dans

La pâleur des fleurs


pour cette flottaison blême

Accoudée à la lumière crue qui berce

Ou balance des cordes à l'infini


Dans cette douce solitude exquise, elle de

Lait dévêtue à la peau beige ;


ses formes

Lourdes qui s'étalent dédaigneusement sur le

Sofa fatigué, des formes épanouies chargées

De mémoire, repues d'extase, abandonnées ~ là.


Généreuse, à la chevelure abondante, chatoyante

Respire-t-elle, songe-t-elle aux flots d'orgasmes

Satisfaits, aux nourritures charnelles d'autrefois ?

L'imperceptible frisson d'aile l'éveille tout à coup



Un temple pur


Un temple pur

Construit sur l'invisible

Les esprits y pensent

Le temps est éternel


Là des colonnes

Non nulle colonne

Un voile infiniment clair

Recouvre l'édifice


Le soleil, le feu,

Le vent, l'éther

La construction oscille

S'affaiblit et grandit


Sous l'aile de la brise divine

L'édifice s'épanouit




L'âge se fait amer



L'âge se fait amer

Le corps s'exalte parfois

Les enfants liront nos poèmes

En écriront de nouveau


C'est la victoire de l'indifférence

Du replié-oublié sur soi-même

Sa tête jamais ne se lasse

Pourtant remplie de fatigue


S'envole déjà l'amertume

De l'échec supérieur

Des pointes poétiques poussent

Certains s'extasient déjà


Transmutez, forgez, déplacez

Et inventez le nouveau centre









Intérieur



S'éloignant de la fille très pure que nulle liaison

Même infime ne suppose


Jeune claire élaborée nourrie de sources

Sauvages - d'ailleurs nous frémissons

Quand elle s'élève


À genoux déployés, ses seins sont frais

Et tendres - jeune sainte nue priant

L'Espoir et l'Esprit


Poursuis belle l'humble prière - ignore

Notre présence - livre-toi à la Clarté -

Implore


Qui est cette fille ? Qui est la soeur,

Symbole de chair ou de pureté à ses côtés ?

Et qui dans l'Au-delà entend, s'inquiète et se déplace ?



L'ange



Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées

Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.


Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit

Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.


Je touche l'ombre aérienne, et la folie

Tournoie dans l'interdit à pénétrer.


Les formes immortelles poudroient un impossible

Froissement d'ailes - des flots de roses

Envahissent ton âme - tu les respires confusément.


Beauté, ma toute pure, va rafraîchir tes seins

Dans les frémissements clairs et les opales sublimes,

Va quérir l'immensité fugace où l'éphémère

Intemporel qui nimbe ton visage clair


~ une manière

D'ange déploie tout à coup ses ailes purifiées.




Adam et Eve


I


Eva, formes futures,

On va le penser ton nouvel érotisme !


Beauté toujours plus étonnante,

Titillations et massages,

Dressage et cuir ou fentes obstruées par l'interdit !


De te contempler - le beau en l'air -

L'autre centre ! Je conçois tes charmes

Les canonisant ~ oui canonisant tes cons


Elles prennent racines ces touffes noires

Qui s'étalent, s'agrippent et se répandent

Dans des sinuosités étranges


Et tes sœurs, ces filles-cibles ~ tire à vue !

Grands dépôts de chair à convoiter

Ou futures réserves d'orgasmes à gémir !



II



De trésors de poils de besoin d'expulser

De beaucoup rêvées en-pénétrées-en

Avec beaux orifices et fentes par la langue enivrée


Toutes les présences filles femmes claires

Etendues pensantes ou accroupies

En bestiales en sublimes en


Travail miel foutre sueurs et soumissions

Présences latentes et abandons

Soleil ombre lumière et brunes promises


Jamais de lassitude pour le rut subtil

Fuyant les chastetés idiotes égaré dans

Des lieux de grandes puretés

Vous voilà convaincues

Concubines gémissantes et aimées ?






III



Etamines pistils et corolles

Dans la sublime multitude des filles nues

Nues et douces comme de jeunes tiges ou fleurs


De se donner nuitamment

En suspens de courbes et de droites

De volumes et de légèretés de chairs


Belles, à l'abandon, de se dire : je les cueille

Par-dessus, en avant, dedans

A hauteur de sexe batifolant tendu

Chairs éclairs de désirs


Adam dans la composition du jardin des délices

Parmi toutes ces belles, de jardinier

En amateur de la nature, que choisiras-tu ?

- De butiner, de voltiger ou de respirer ?




Questionnement



Ô calme mortuaire, faiblesse de l'écume

Vers la lune amollie et le soleil pensant

On se vautre hélas dans son rouge incendiaire

L'ardeur s'apaise à soi dans la vie qui s'esquive


Muette la beauté allongée, gémissant

Un vain soupir d'orgasme rectal sur

Cette couche soufflante de creux donné ou

De chair nue, voici le bien-être précaire !


Et là-bas qui cerne et s'irise, et s'élève

Lentement comme un guide suprême, maître de

La lumière ?


Abaissante destinée de l'accouplement

Plongée dans le vide-femelle, nourri de matière,

Exultant quelque fécale saveur aigre ou

Odorante, - qui vaincra l'éternité ? - Qui ?







L'autre cité



L'autre cité tu t'aventures encore à

L'affût de quelque spectre rare diapré en

Couleurs irisées recherches de brumes éclatées

D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants

Recherches


Les néons le mouvement caché la rumeur des

Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers

Clos à droite, estrades, putes asphyxiées

Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois

Cieux sereins


encore avance et titube

Dans le crépuscule don intérieur aux heures

Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :

À éviter


Oui, la fluide lumière, généreuse

Et productrice, avivant la pure application de

L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !



Combien tu sèmes


Combien tu sèmes de matinées presque écloses

D'esprits assombris par la haine et le remords

En mini clochettes de dzing zing zing

D'écriture poudreuse : " Je suis là !"


Encore

Dans la carmagnole mascarade - de moules

Ardentes, de raisin cuit.


Va en guerre, cervelle

Ardente, à l'affût de quelque image insolite,

Précaire, inutile ou à tordre.


D'avantage de

Petites fourmis obséquieuses et alertes - de lignes

D'encre surarticulées qui se déplacent nuitamment.


Combien en tentatives vaines de semailles claires

De se répéter autrement oui, moi qui frôle

Avec les souillures en scintillements noirs


Peine précieuse ? Fol esprit qui divague ? Qu'est-ce ?

L’héritage



Ô combien vous m'apparaissez ! Oui, dans mon aube

Laiteuse, calque d'une aube d'ombre, calque - en

Répliques de filiations dérivées - de moi à l'autre,

Un soi-même déplacé, s'effaçant encore pour renaître

Ailleurs - enfin à côté !


Et pour quel équilibre

D'inattendus, d'inaperçus, en filigranes de saveurs,

Effractions ciselées sur autrui, lumières imperceptibles

D'écriture nouvelle ?


Je viole vos temples, j'efface vos

Veto - je me contamine à votre chair - en sous-

Main, par-dessous la réplique est facile ! Disparues

Ici, réapparaissant là, en prolongements flous et

Incertains.


Dans ma nudité mentale, vous imitant

- Rejetant ma culture, supposant vos intuitions,

Il est doux, frères inconnus, de poursuivre votre postérité !



Radieuses et limpides


Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,

Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi

Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances

Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé


Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes

Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée


Endormies, vous radieuses et limpides espérant

Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée


Encore fraîches et légères sur la sphère azurée

Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur


Pourtant je crains ces noires divagations obscures

Et je baigne ma tête couverte de surdités !


Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en

Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?



Rencontres



Parmi des coquelicots obsédés et asexués

Erection de sang rouge avec maladie proli-

Férante. En sueurs, en contacts, en indices

De chair – d’ha ! Ha ! Avec des matrices stu-

Péfaites, prises, élastiques, étalant leurs sécrè-

Tions vaginales.


Parties de pus et de stupeurs,

De pénétrations vaines, de cris qui déchirent la

Chambre. Tu cherches quoi ? Bah ! Bah ! Et mille,

Et une - la plus suave, la plus suante - finement

Allongée dans son luxe de débauche et de plaisir.


Oui, encore, de longues jambes à l'infini pour sublimer

L'éternelle beauté - et lyre, Eléonore, ou

D'autres femmes bleues à la crinière claire s'enfuyant

Dans l'âme éperdue du poète-théorème en vaines applications.




Le rut civilisé


Prises par le rut civilisé d'aimables ronds de jambes.

Elles, débordantes de sécrétions, encore sanglantes

Ne cessent d'espérer et de se lamenter - eux, ne

Cessent d'érecter et de vouloir jaillir. Unions ?


Allez ! Allez ! Boyaux contre boyaux. En mysté-

Rieuses taches, encore de vous unir.


Soufflant,

Soufflant, toujours énormes, têtes dans les bras

À la recherche de l'orgasme envahisseur.


Quel

Terrible monticule de désirs à apaiser pour cette

Mesquine fécondation qui perpétue la race !


Plus loin

Encore en pénétrant dans vos désirs pour fuir

La mort, la vraie, la grande !


Aspergées de

Sperme gras, mêlant des sueurs et des salives

Douteuses, il est bon de recevoir la chair en soi !



Petites hardiesses



De légères petites hardiesses de langues tendues

Et chatouillis. Très fines et délicates - quelles

Gentillesses ! S'introduire dans tes rêves allongée

Avec miel et sécrétions orageuses, avec traces

Odorantes et douces - fentes et fantaisies de

Baisers amoureux.


Affinités sucrées, salées dans

Des entrelacs d'or-rouille, de muqueuses de

Chairs et de peau.


L'en-toi dans l'intime

Pour m'abreuver de désirs aqueux ! Et de bons

Languirs tintés de clairs gémissements, de lentes

Montées en extase pour atteindre un paroxysme !


Et tes subtils balbutiements en soupçons de

Soupirs qui montent comme une plainte délicieuse et

Semblent dire : poursuis encore dans mon trésor !


En chairs si douces


Des tenues claires en Eve d'apparat avec de

L'or entre les jambes. A l'infini, puisant et

Remontant. Bel amant présomptueux en subtiles

Tentatives rectales imaginant l'interdit. Pous-

Sières d'orgasmes en jaillissements multicolores.

Bienheureuses après ruts tendres et désirs recom-

Mencés.


Derrières elles, ou sur le flanc, rampant,

Léchant - succulentes goulées nocturnes - ou

Giclées en gelées exquises. A vous de prendre, à

Vous. Quémandez, suppliez et implorez

Encore !


Rendant heureuse l'intime prestation noc-

Turne de vos délires corporels, ensevelissant

L'intelligence ou la réduisant à un état de vas-

Salité féminine, il est bon de mourir en chairs si douces !





A l’unisson du solitaire



Celle-là, celle-là mienne si je puis te contempler

En petits indices de jouissances - en extrapolation

A l'unisson du solitaire. Comment te le dirai-je ?

Je reste avec l'image, avec la spéculation intérieure

De : était-ce possible ? Un réel ailleurs ?


Mini-monologue dans l'univers courtois de la fausse

Indifférence. Allons danser : Ho ! Ces beaux seins,

Ces friandises fessières, ces jambes allongées, ces...


Agrippe, a-grappes en virtuelles de pensées auda-

Cieuses dans le faux : je me perds. Menteur !


Et une et deux, et bouge à côté, et raie et bouton

De : leur plairai-je ? L'autre blonde également.


Dans le vent de la sortie pour le retour du cé-

Libataire animé de fantasmes et d'échecs cuisants.




Les chimères connues



Infiltrons-nous ici, tâchons d'être loquaces.

Préservatifs : passez ! Etranger en soi-même,

Dans l'autre également. Petits bonnets gluants.

Cette fine pellicule qui toujours nous sépare,

Qui limite ma chair dans les muqueuses tiennes...


Au plus fort du nombril et de l'anus aussi

Engraissant le très pur désir de l'interdit...

Débattons-nous encore pour l'étrange va-et-vient

Dans ces chimères connues - sublimes et nues !


Accourrez ! Accourrez ! O beautés de l'esprit

Car vous êtes légion à défiler au lit

En blondes, en rousses, en blacks : le vaste imaginaire

Qui s'efface aussitôt les giclées expulsées.


La chair inassouvie désire recommencer !




Variantes de Collages



L'ange de rêve


[Je t'adore comme un ange étouffé (de rêve )

Ma lumière tu étais très belle

Tu m'apparues Reine, Déesse ou fée

Je veux m'éloigner de ces haillons hagards

Et retrouver celle que j'ai toujours aimée]


Je t'adore comme un ange de rêve

Ma lumière tu m'as toujours éclairé

Tu m'apparus Reine, Déesse ou fée

Quand je passais près de toi, la belle


Je veux m'éloigner des souffrances terrestres

Sans coeur et sans espoir comment puis-je voler

Au nom de tous les saints je demande Hermès

Le messager d'amour, Hermès va lui parler

Et dis-lui que je l'aime, que je l'attends encore




Le soleil bleu


À la dernière clarté d'un soleil bleu

Les rayons mortels de la pureté divine

Ou la fraîche saveur des blés coupés


L'hirondelle morte ; becquetées aux petits

Toute ma jeunesse respirée sur ton sein

Craintif, je m'enivre de ta chaleur


Nuits légères, pureté des clairs glaciers

Roulant sur des mers d'écume qu'elle effleure

Souffles d'amour, d'haleine brûlante

Douce comme la chair des femmes


Tendresses accomplies en l'heure passive

Hontes qui fuyez le destin recommencé

Je me meurs joliment mes pleureuses

Dans la sève d'un amour prodigué.







Les rejetés



La pucelle, pas la pute


Ce ne seront pas ces putains frigides

Empressées à la passe publique

Ou dans quelques noirs quartiers

Vendant leurs bijoux exotiques


Non ! Ce soir courons la pucelle charmante

Gênée timide à la mine complexée

Tremblante de honte et d’inexpérience

Courrons l’hymen à déflorer !


Éloigné du salaire bestial des catins

Conservons le billet de cent francs

Et invitons la pucelle au bal dansant

Joli petit cul d’un adorable festin

Bouffons nos gueules jusqu’au matin

Et finissons la nuit en se branlant































Les miroirs obliques



Que de



Que de, que de pulsations interdites, de déplacements

obscènes, de folies à satisfaire !


Tant de strass et de spasmes ! D'ondulations incertaines, de

je-les-ai, donnez-les moi toutes !


Mouvements de traverse dans la chair en surabondance de

désirs, de soupirs qui nous porte !


Liberté serrée : elle va, je viens. La chair est peu, n'est-ce pas ?

De toujours supposer, de ne rien caresser - voilà tout : de

comprendre sans monter. Point d'éros. Point.


En cultures a-sexuelles de blocages, de honte, de brimades

- je me défends d'éja. Culer.


Voici mon plein, voici ton vide ! Je procréé dans ce grand

éblouissement final n'ayant guère obtenu. Ou seulement

quelques audaces insignifiantes.

























Ils inspiraient



Ils inspiraient, un à un, jamais ensemble - à la suite - non pas les rues, non pas les

rencontres - les catalogues - ils inspiraient !


Pour mon évolution, et j'espérais - dévot admiratif, je travaillais. Sur toute chose, dans

les applications ! - Leurs génies : mon royaume.


Quand d'autres erraient - à chacun sa méthode, à chacun son système. Ma pauvre

personne tentait d'obtenir des résultats !


Dégueule, et les langues ? Dégrade-toi, cherche et trouve. Avec défaillances ici.

Contre tes hoquets, des feux de joie. A jouir dans l'invisibilité. Echanges pondérables de

soi à soi. Encore dans l'ivresse de l'inconnu.


Et pour te figurer il pleuvait des roses. Avec d'étranges coups de poing. Echangés en.

Je fustigeais mes poses et j'allais dans l'Inconscient.


Fallait-il laisser courir dans la folie les potentialités pensées ? A force de Narcisses

décomposés en moi-même, les propositions s'élaboraient - médiocrement,

maladroitement - je l'accorde, mais elles s'élaboraient.




Eve, Eva



Eve, Eva, fournies, fournies ! On va de

Belles en belles formes. Et toujours alanguies

Sur des sofas dorés - blondes d'abandon en

Parures sexuelles et alléchantes ! A mille vignes

De sevrage titillé ! Entrez au bois et passez

Par le centre !


Concernant le charme : des flèches

Sublimes avec tir à vue en boutonnières, en

Bas pour le superbe !


Vos braises hurlantes en multi

Couleurs de désirs. Adam futur, qu'en dis-tu ?


Multiplie-les par le désir - chairs allongées !

La mourre de beaucoup, retourne-les-en cheve-

Lures rouges ou platines ou noir métal, toisons

Succulentes et poitrines dressées, parais-tu apaisé

Nourri de tes fantasmes en chevauchées rêvées ?



De toi à moi



Minimonologues : de toi à moi : quelles filles !

Sur-beautés inconnues de mon oeil, de mon sexe !

En espoirs de solitaire, sublimons le pervers -

A lécher goulûment toutes ces hyper chairs dédiées

Au culte d'Eros. Séductions, censures, fantasmes

Et audaces -


Tu m'excitais, je m'endormais -

Gémir avec toi, pâle réalité stupide de l'orgasme.

Tenues et nues, miel et lumière tamisée s'infu-

Saient dans l'irréel - imprégné dans tes nuits

Pour tes Vénus sans tremblement.


Auras, sylphides

Et nymphes ~ très pure idéalisation de la

Femme parfaite - le moi astral embrasse

Les silhouettes fines, se déploie pour l'ombre

Délicate et se meurt assouvie, apaisé nuitamment.



Vues de Lola



Etendue en désordre ~ oeuvre-femme en

Avalanche de chair ~ vues de Lola :

Je pénétrais ses biens profonds. Ta figurine,

Elle bondit, je me morfonds. Dans ces

Bouches étroites : sexe, sels et saveurs qui

Vont émergeant vers des gouffres-éclairs de

Passions, de pulsions - d'incendies.


Mais est-ce à moi de te posséder et d'entrer

Pour convaincre ta dernière vertu ? L'image

File et débande pour reprendre de l'ardeur.


Blonde de splendeur malmenée, écartant l'entre-

Jambes, - le plus tendu -, çà et là en éva-

Nescences de toi, encore évanouie, apparaissant,

Disparaissant, Lola, encore jouissant, le sais-tu ?








La miséricorde


L'ombre des lointaines - ces silhouettes oubliées

Qui vainement courent en mémoire - empreintes

Grises, vous sillonnez encore dans une âme déserte !


Figurines floues qui appelez là-bas,

Eternelles de temps vous apparaissez parfois !


Dans ces chemins tortueux, écrasés sous des

Brouillards épais, je sais l'appel vers vos

Ténèbres sombres.


Verdissez, verdissez encore

Tiges légères de l'avenir ! Pliez-vous dans

La brise du vent, indiquez-moi la voie

Du lendemain.


L'âme libre, je m'en irai heureux,

Espérant un nouvel exil, espérant et suppliant

Un Dieu de me comprendre avec miséricorde,

Avec mansuétude et pardon - je demanderai.





La grille



La grille. Le grillage, en soi. La fenêtre.

L'être-en-soi-même - d'évolutions très pures.

Stagnations. Espoirs. Là tout près, source

Elégante. Heures et racine : temps et origine.

Apprentissage. Dans les Anciens. Toi, moi, oui :

Caché. S'essayant à des sucs nouveaux, s'essayant

Avec nymphes, auras, divinités presque bleues.


Le repoussoir poétique. Les murailles imprenables. Les

Rejets constants. Les médiocrités littéraires. L'on

Prétendra que j'étais rebelle !


Les lâches accusateurs,

La violence constamment enfoncée dans la chair.

Mon nom est le Mal !


Evidemment contre l'Accusateur !

Mais quoi ? Et comment ? Petite Force bonne, que

Feras-tu contre Légion ? Supplie l'Immense encore.



Le bannissement de l'Elue



S'est effacé insidument dans le domaine de

L'Elue - en perspectives tiennes - ce pas aérien

S'épaississait sur d'autres fleurs - les lignes droites

Et les lascis de jambes - balcon et hyperboles,

Mélanges de cheveux, visions bouillonnantes - la

Chair des filles jaunes avec tilleuls et abricots.


J'avoue les vingt ans dans un état d'excitations miennes -

Le colloque de l'aveugle - en vexations d'interdits. Toutes

Ces femmes positionnées en a-saintes de génuflexions

Sexuelles - goulûment salives et sécrétions au plus profond -


Je me défais d'Elle - je soutiens d'autres lourdeurs -

Des vertus triplement visitables. S'est enfui tristement

Dans l'usure de l'impossible, vaine désillusion d'autrefois.

L'espoir est mort seulement encombré d'images inutiles.




Le sylphe nostalgique



Pleurez ! Et fixez-vous à moi, en cercles

Fuyant de revenir inlassablement, de revenir ;

D'expirer en oublis et de pleurer encore, pour

Un autre firmament de souvenirs, et la lumière

Décline pour renaître à nouveau.


Car je veux raviver vos consciences nostalgiques

Avec un chant lointain émané en mémoire

Qui doucement s'éloigne et semble caresser

Par instants une oreille curieuse cherchant

À se dresser mais qui déjà se rendort.


Je meurs

Dans vos soupirs, alangui, gémissant ou suppliant peut-être.

Je tombe et je m'abats, je trouble vos raisons. Je veux

Vous aimer avec cette voix lugubre et triste qui

Toujours vous invoque dans l'horizon éternel du temps.









La vasque puante



Aux termes d'acquiescer. De se dire avec le retrait.

Mais la prudence. Sur la durée. Pour succéder.

Accorde-moi quelque obole ! Insiste avec

L'abstraction !


Nous l'avons dit en déplacements d'orgasmes, en

Fugues ascensionnelles quand s'immobilise le

Symbole décourageant d'hier.


Elle se décomposait. Elle devenait fluide, visqueuse,

Inexploitable. Malgré les transactions, les transpositions,

Les audaces.


Je déclinais mes pâles humeurs, j'inventais des

Intentions, j'envahissais sa chair splendide !

Tous mes souvenirs s'écroulaient dans une vasque

Puante où croupissait la seule poésie du passé.




Pensée tu verses



Pensée tu verses, et tu t'amoncelles

Vaine et perpétuelle pour fondre dans ta nuit


Sous moi, s'accumulent mille ans

De lâches frilosités et de tentatives aussi


Tu extirpes de stupides banalités - tes essais,

Complices et favorites, voués à l'égarement

De tes sens

Continue et confonds - prête serment

A l'eau, à l'écart en vaine préparation

De rituel, de baptème-tien - mixture

Hétéroclite où l'impur participe à la symbiose,

À la synthèse - je plonge dans ton cru

Pour l'évasement de mon ciel

Pensée, tu verses !








À la Klimt



Pareillement de vous donner l'idée. Je te repeins

En bleu. Ni abjection ni amour. Pareillement.

Dans l'ébahissement de ta vulve luxuriante.

Cette splendide femme à l'Italienne. Son Nu.

De ce triple désir au plus profond d'elle-même.


Encore ses vastes yeux pétillants de malice.

Sa forte chevelure noire sertie de diamants.

Ses seins éblouissants et chastes. Point de coït,

Point de coulissements - enchanté, je me vide.


Et tous ces tissus étalés, entrelacés d'or et

De rouge cru - ces spirales de triangles entremêlés

À la Klimt comme des couvertures d'arrière-plans.


Je me suffis avec cet air de conscience, j'éclipse

Mes désirs et je jouis de cette peinture entrevue.




À l'assaut !



À l'assaut ! - Ces filles belles étaient imprenables,

De leur sauvagerie de crinière épaisse et bouclée

Sachant apprécier la perfection extrême de leurs

Détails.


Tu m'as confié tes femmes, je me suis

Nourri de leur suavité. Bondissaient chatoyantes,

Ou soumises attachées suppliaient quelque délicieux

Supplice de la chair à aimer.


Encore les courbes

Et les volumes précipités vers l'estuaire féminin

Pour l'homme misérable que je suis, quémandant

Quelque soif, délaissant la basse matérialité

Pour l'idéal impossible.


Ayez quelques défaillances,

Unissez-vous à moi ! Adulez ma plastique ! Je

Suis mâle viril pour transmettre la vie. Hélas ! Les pers-

Pectives de beautés méprisent le mendiant qui implore.





Oeuvre-femme



Oeuvre-femme, toi en rebondie, d'hier et

D'autrefois - le souffle de la mémoire

Caresse l'âme fertile...


Toi, oui, en croupe

Arrogante, en génuflexions suppliantes, en

Avalanches de chair - lavée et or, te

Souviens-tu ?


J'arrachais à la divinité

Tous ses sucs intimes et filtrais l'eau claire

De ses entrailles.


Elaborant quelques figures

D'amour, enchaînée, enlacée, la beauté

S'envolait dans la délivrance, offrant ses pieds

Parfaits et sa part de souffrance à ma douceur

Perverse et subtile.


Et ses grands yeux noirs

Où la brune et l'ivresse se confondent gémissaient

D'extase aimant à répéter : " Je comprends mon compagnon."


Florence



Dans quelle profondeur, Florence, léchant tes

Plaies, me repaissant encore de ma propre culture

Avec amas de chair, de filles, de femmes - c'est ma

Fuite inventive - nous deux collés dans ce pseudo-

Mariage ~ notre volupté cérébrale ~ toi, si près,

Toi, accrochée en moi - je connais l'horreur de

L'étouffée ;


se comporte sans sourciller et s'im-

Mobilise là dans ma symbolique sexuelle

D'intentions ;


va succéder en applications mystiques,

En entrelacements de forêts vierges, en bras ruis-

Selants de philtres sensuels pour plier ses genoux

Et se soumettre encore.


Ma belle fluidité

D'exquises saveurs, toi si longtemps suppliante,

Je vomis sur tes fanges et je t'aime encore.

La parfaite indifférence



Je m'étrangle à vos genoux ; je m'enlaidis à

Vous revoir ; je me fixe en vous tordant les lèvres

Dans cette pâleur âcre de douceur sensuelle.


Suppliez ce sommier de gémir quelques râles. Etes-

Vous ravie ? Mon érection était croissante. Adorez

Cette chaise et restez-y assise, là nue, encordée,

Comme il vous plaît. Votre beauté est un spectacle.

Nos yeux accouplés sont du velours exquis. Vos seins

Se dérobent ~ cet accoutrement est pitoyable :

Lu nudité est incessante et déploie ses extases,

Je vous préfère ainsi.


Cependant que j'avive

En moi un subtil appétit de chair, que la

Froide amante s'essaie encore à des folies lubriques,

Le tout se meurt dans la parfaite indifférence.




Nostalgie



Qui lui confère du bruit en sa demeure

Avec l'enlacement des jambes et des jours

À n'en plus finir


Quand il place le cercle, la lumière lui sourit

Il se penche sur sa lampe,

Et fuit vers son orgasme


Cherche ainsi une légère veine

D'opale et d'extase

Dans l'éloignement de la beauté

Si longtemps espérée mais jamais connue


Dans la feuillée d'hier, il prie encore

Désireux d'y retrouver quelque folie fugace

De délice ~ tout cela semble pourtant

Achevé : il va s'éteindre tristement








Les filles crues



Là, pliées, jetées, en amas de confusion

Sur mon axe méditant l'orgasme - offertes

Aux vignes verdoyantes - plus bas, mais rougeoyant

Encore - des filles crues en cascades de cris

Aigres : quelles plongées dans la béatitude

Poétique ! Si chaud le vent hautain pour les faire

Jouir à nouveau !


Tandis que des cuves de lait à

Loisir semblent s'étaler sur des nuages clairs.

Est-ce illusion ? Sensation de l'infortune à

Satisfaire ?


Voici mon champ clos et la montée

De mes tonnerres - À la volée, toutes mes semences

Plaçant Octobre dans l'espoir d'un futur.


Filles, filles crues dans l'immense nature d'un moi-même

Déployez-vous enfin, quémandez la vendange nouvelle !




L'été et la mort



Elle s'étend sur les airs, elle se répand se répand

Espérant je ne sais quel impossible à atteindre


C'est encore vous en moi, m'aimant toujours


Réduisant cette fugue à son contour incertain

Sur cette tranche d'été il s'enlace s'enlace

La chaleur âcre est fuite immense en soi


Les flammes noires calcinent l'ensemble ; d'autres

Brûlures font souffrir horriblement le corps.


Qui le blâme ? Qui l'exécute ? Qui le maudit ?

La lâche envie du Mal l'agresse encore.


Le feu, la fumée, d'autres fumées circulent

En une odeur aigre rappelant l'horrible mort.

L'été écrasant ses couleurs, l'été brûle le

Sang expulsé pour d'ignobles souffrances, hélas !



Deux femmes approchent



Deux femmes approchent toutes deux claires et

Désireuses ~ Je me rappelle les vertiges

Et les contours blonds - proches et contraires.


Le réel côte à côte est une offense et un désir.


Les deux me blessent et me supplient ~ La fumée

Se mêle et se démêle dans cette ambiance

Enivrante.


Qui réapparaît ? Au pied de qui

Vais-je supplier ou gémir ? À l'endroit même où

Les confidences sont des offres sensuelles nouvelles.

Les bords humides de vos chairs endiablées, les

Flammes intérieures ranimant la passion excessive,

À hauteur de volumes, au plus profond, en.


Dois-je mourir encore ? Fondre dans quelle toison ?

À qui appartiendrai-je ? Les deux m'ont appartenu.




Le Temple du vice



Finiront-elles par lacérer ma chair impie, par

Ecarteler mon désir jusqu'à l'émotion ultime de

L'orgasme ?


Je m'écrase sur vos seins endiablés,

Sur vos fesses rebondies, sur vos entrelacs de chairs

Et de poils.


La jouissance de vos formes est obsédante,

Je lutte contre des flancs de femmes matures, je pénètre

De jeunes fentes tout émoussées. Ma solitude est perverse,

Mes nuits ténébreuses sont des éclatements de luxe.

Mes intentions me perdront.


L'hymen, et les seins, les

Oeufs goulûment absorbés par toutes sortes de

Bondage et de vices maîtrisés ! C'est chaque nuit,

À chaque heure, à chaque seconde !

Dans ce Temple du vice

L'imaginaire déplie ses hallucinations sexuelles.

Je me vautre dans les basses immondices de la bestialité.

I



Eros et les transports Tu ne peux élucider

D'un geste grave et froid en opposition de Princesse

À la taille rouge, au sourire de marbre



Je plonge dans les belles apparences remplissant

Mon univers d'un idéal de rêve J'y cherche

Une passerelle de fille pubère ou de femme

Mature Etes-vous beau ce matin ? Je dois

Te perdre ou te maudire Je prolonge la science

Du sexe cherchant de nouvelles larmes, plaisantant

Dans des espaces d'orgasmes à satisfaire


Et cette ardeur

Pour trouver un passage, pour élaborer une sublime

Maîtresse, élaborant de claires régions inaccessibles

Dans la douceur d'un été-automne ou d'un feu cru

De lances et de flammes enfin ! à découvrir !




II



Devant tes formes concrètes qu'y a-t-il à concevoir ?

Refusant le torride attrait de ces instants sauvages,

Cherchant quelque assistance // c'eût été très joli

Ces nymphes désuètes crissant d'un sifflement aigu

Pour l'entrecuisse ou l'orgasme rectal // je dois

M'y installer tout entier avec zèle pour le possible

À découvrir // Sévèrement, hélas, avec ton amie

Ennemie, sublime à fouetter le sexe : dans ces

Buissons ardents comment retrouver vos myrtilles

À titiller d'une langue pointue ? J'ai su baver //

Je voulais remplir des régions, contempler, bondir

Ou activer autrement les semences érotiques qui

Nourrissaient mes fantasmes // Médiocres limites

D'impuissances reconnues et de jouissances atteintes.










2,8 x 5



Qui fluidifie, s'élève et s'abaisse, de te

Le dire nuitamment en hypnose d'attaque en

Gestes dévolus en finitudes d'obtentions.


Sur

Les artifices de la poésie modernité - quand j'y songe,

Elle me tue. Etiez-vous marxiste ? Ferez-vous

Des profits avec l'économie numérique ?


La grande

Ambiguïté de demain : avec qui écrirez-vous ?

Qui seront les Immortels ? Le hasard des plumes

Sèches. La beauté des morceaux classiques.


Les bases

De la contemporanéité. Avec quels cloportes ? Les

Traductions immédiates ? Chaque pays a ses Pléiades.

Les énergies collectives, les initiatives individuelles.


Et toi toujours sublime et pure, nourrissant les génies,

Laissant le temps accomplir son oeuvre posthume !




Les deux sources du désir



Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,

De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces

Appâts aux formes parfaites - à cent

Mille lieues de corps désirables aux beautés a-

Languies.


Vais-je percevoir l'idéal spirituel

Ou converger vers la sanctification du bon

Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles

Pas ?


L'époux dit : tes seins sont deux faons

Rebondies et succulents. Le sang et le miel, le

Miel du bon lait et le lait se compare au vin.

Ô boissons, aliments, ambroisie et nectar,

Désirs avides et abondances miraculeuses !


L'amour

Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus

Un bas-ventre d'élévation, des soupirs d'intelligence.

Quelque apparence



Sensiblement quelque apparence de formes in-

Soupçonnées - de se déplacer en figures alertes,

Vagues mais perceptibles dans l'oeil fatigué.

De belles fluidités savamment élaborées

Disparaissent là pour réapparaître encore.


...Passaient en grâces subtiles, circulant en

Bras démesurément souples infinis en, infinis.


Et l'ombre même de fuir allongée qui l'entoure

Confusément élaborant un rêve clair avec

Silence ou murmure de sensations perçues.


Etouffant l'ange, l'effaçant parfois, nul

Ne se précise mais vit dans l'indécis, dans

L'imperceptible en perspective savante d'irréel.


La ligne s'évade enfin dans la noble clarté, là-bas.




La fleuriste



Succombant à toutes ses odeurs, dans l'éva-

Poration claire de parfums oubliés, cette étonnante

Fleuriste se cambre belle avec ses tatouages

Chinois


Je fuis dans mon passé et flaire à nouveau

Ces subtiles fioles d'autrefois pensant à quelques

Éventails ou ventres de femmes telles des mandores

Bombées


Elle abusera des lanières crues de sa che-

Velure, des rayons rouges et bleus qui la parent

À nouveau, elle inventera des soies multicolores

De déplacements pour s'enfuir vertigineuse

Dans les fluides évanescents de l'invisible


La reverrai-je dans l'éblouissement de mon imaginaire ?

Dansera-t-elle dans l'éphémère subtil de désirs

Inassouvis ? M'apparaîtra-t-elle à nouveau ?





Virginie



Oui, des mécaniques érotiques débordant d'extases

Vers des vulves sanglantes ou sanguinolentes ~


Virginie, ma beauté, déploie de claires fluidités ~


Sans découcher, fouettant la vile chair pour la

Faire jouir ~


Des sortes de mammifères qui s'accouplent

Fort bien également ~ De belles pleurnicheuses

Gémissant et suppliant ~ Celles éprises dans l'ordre

De la soumission, éblouissantes d'évanouisse-

Ments ~ Puis jeune fille si douce en rut,

Gracieuse, à l'épaule souple ~


Vertigineuses,

De fesses, de chairs et de seins, là-haut et nous

Agenouillés admirant les perspectives ~


Et ses jambes

Repliées pour la libérer avec ses orgasmes

Hurlant dans l'explosion de semences masculines ~




La belle Impératrice



Sous cette porte dominante elle s'essaie à des

Poses : - Me suis-je évanouie en mes chastes demeures ?

Je mêle vos orgasmes aux plaisirs de mes sens.

Mes pieds sont à aimer. Léchez-moi à genoux !

Conservez ce masque ! Ce cuir est une seconde peau.


Quels sont vos sentiments en perspective de désir ?

Pourquoi vouloir me tuer ? Est-ce appétit d'ima-

Gination de femme spéciale ? Léchez mes doigts

Et admirez mon maquillage. Ce rouge cru

S'associe aux boucles noires de ma chevelure.


- Mes tremblements subtils. Donnez-moi une récompense

De fouet. Je comblerai vos gémissements avec

De sublimes sévices, ma belle Impératrice !

Je ne suis qu'un chien du peuple quémandant le plaisir.




Berlines et arrogance



Berlines et arrogance, quand je la vois

Monter avec tranquillité ~ avec allures de

Belle indifférente à la chevelure évaporée,

Dansant dans les faux éclairages de la nuit.


Le premier escarpin qui fend la robe sur les marches

Est un appel au désir. Avec qui peut-elle

Parler ? En voilà un dans ses génuflexions

Zélées cherchant à la séduire avec des dents

Blanches qui s'éclairent tout à coup émaillées

D'or.


Mais elle, soignée et distinguée, attend

Patiemment l'arrivée de son compagnon, hidalgo

Sec et maigre, au visage buriné, repu du soleil

Et du bronzage de la veille.


Et moi, vulgaire

Paltoquet, aux bas des marches, j'attends désespéré

Qu'elle daigne me jeter un regard, vainement hélas.



La femme effacée



Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère

Filant sur des orgasmes de fluidité exquise

Quelque chose de pur dans le mystère mien

Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir


J'efface sa douleur sur des vents en délire

J'arrondis son visage et je berce ses traits

Belle mais belle encore, ajournée en demeure

Ou douce détournant sa chevelure claire


Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon

Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire

Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais


Et là dans mon sommeil sa frêle invitation

M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître

Je m'allonge hébété ne sachant que penser





Deux rêves mis en paroles


I


Ta poussière d'or est d'acquiescer avec le droit,

De parler en public et de décliner le Néant.

C'est une force qui guérit du Mystique, qui

Tourmente le baiser avec deux, trois symboles

Composés dans le temps.


Tu ressens mon erreur ?

Attention : l'épisode se lit avec prudence dans

La joie du retrait. Il faut bien définir

La façon équivoque qui déjà l'immobilise.


Mais de sexe ou de sang elle envahit nos places,

Se répand avec l'excellence d'une humeur endiablée.

Il faut donc avancer avec ce groupe parallèle.


La chambre est nuptiale, - tant de robes et d'agrafes ! -

La chambre est l'apanage des plus défavorisés.

Conseille toutefois de déplacer le faux.




II


L'élément régulier est entré en mensonge,

Sur la table écossaise il dormait à gémir.

Sa pensée se déploie en subtilités amorphes.

Une partie est là et l'autre se répand.


Cette bouche invitée est une offre inusuelle

Dont la délicatesse exquise...Voilà la circon-

Tance, l'élément tapageur ornant ta douce

Bague. Va te lécher et lèche ton Aphrodite.


Qui orne sa pensée d'éruptions volcaniques

Dont l'effet naturel se répand sur vos couches.

Vers quels effets manquant de collines fluides ?


Mais lui en interdits s'entasse grassement.

Derrière la cuisse, passez - soulagez l'excrément

Qui vomit ses extases et décrit son soupir.







Fusionner l'irréel



Absent et incompris - reconnu, méconnu

Et de ressusciter en soi - je suis dans mon espace

Suspendu un instant - le temps me fait défaut.


Encore, et de-là même envisageant ma propre

Eclaircie - je sais me surprendre - le trait,

Le blanc, l'obscurité, - dégageant la profon-

Deur. Du volume pour happer l'air. Altitude.


L'évanoui, l'insaisissable - qui peut se prononcer

Pour moi ? Plus loin, redoublant, se dissipe,

Une fraction de temps, - la pensée incorporée en moi.


Un intervalle pour transformer le sens - toujours

En suspens - recoupant, qui m'emporte. Mais

J'avise, j'hésite, je me renverse, mon appui

Dans mes yeux, sur la main pour fusionner l'irréel.




Encore suspendue



Encore suspendue - elle a dû d'éclipser

Dans son provisoire - je le discerne dans l'ex-

Anguë. À l'extrémité de l'une à l'autre,

Je prétends dessiner un visage. De l'obscurité,

La lumière surgit. Par-dessus, à plonger,

Avec des substances fluides, loin de l'empâ-

Tement qu'inflige le cerveau. Dans la clarté

Avec les yeux du vivant, comment puis-je la

Soutenir ? Dans quelle transparence, avec quelle

Opacité ? Les traits de nouveau se séparent,

J'espère la jonction. Enfuis qui recommence

Et se termine en moi.


Me traversera-t-elle

Pour me voir ? Ayant disparu, s'est-elle éteinte ?

Elle m'enjambe et recompose son inspiration.









Surgies


Flamboiement - rougeoiment - possiblités en

Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -

Il explose en vérités hallucinantes sans

Ordre logique - accidents dans la

Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant

Pour le dehors.


Où cela apparaît-il ? Devant

L'oeil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis

À l'obscurcissement de la clarté - je découvre des

Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-

Boussures de lumière montante. Et ces taches

Soudain dans mon vaste ciel !


Dévoilant, en soi, clair,

Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le

Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes

Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.




Suinte une source pourtant



Hauteur en soi, de substances répandues, de

Pensées jamais atteintes, laissant la vérité

Pénétrée le mensonge, de quelque chose

Comme un être nouvellement conçu.


L'échappée

À mesure que la rencontre se suppose encore.

Ainsi plus claire, de se dire : passe et obtiens

Ce mélange dégagé de toute intrusion (mais

Est-ce possible ?)


Chose qui avance à la mesure de

Soi, noyant le vertige ou de sillonner vertica-

Lement - la nouvelle présence apparaît, matière

Porteuse de concepts autres médiocrement élaborés.


Sans avenir, la foudre-acier déchire l'espace-mien

Portant l'accompli dans les rencarts du Néant.

Dans le noir de l'asphalte suinte une source pourtant... ( )


(a) Dernier vers de André du Bouchet



La saisie de substance



Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un

Avec une parole déployée qui toujours en

Lui-même se replie pour déborder avec

L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.


Et de recommencer dans ses plus purs excès

Afin de découvrir des accidents de langage,

Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans

Une éclaircie.


Se découvre en se pénétrant.


Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque

Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres

Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de

Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.


Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée

Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.



Appellation – poème



Plénitude avec pensée qui l'emporte, porté

Sur sa limite y délaissant quelque sève

Au moment de tracer ~ [saisissant] le peu

D'une [main] déjà ivre, ~ le crois-tu, il se

Retrouve en toi un objet qui s'éteint.


La [main] se remplie de vérités à l'instant de

Mourir. Incertitudes miennes qui déploient leurs

Corolles claires, vagabondes ou nuancées.


A-t-il atteint le presque d'une [saisie] subtile

Abandonnée là comme parole de langage rompu ?



L'espace entrecoupé de chocs se clarifie d'ondes

Légères - le mot après le mot tarde dans son

Tracé et s'écrase sur la feuille de papier.


L'appellation offerte s'apparente au mot poème.





Elle s'ouvrira



Dans ses prolongements à l'infini, suspendu

Mais en leurre, elle se contient, explose, se

Retranche ~ elle va s'édifiant. Ce qui

Eblouit en gain de conscience sur l'instant

Apparaît, ce qui m'emporte et qui s'enfuit hors

De ma portée...


Conçois ce vide avec du vent,

Engendre cet espace, élabore en glissant.

De là-haut, ouvre à plat.


Ceci est une amertume

D'écriture, une matière proposée. Tu dois trembler

En offrant une vaste éclaircie.


C'est le temps

De descente qui régit l'improbable. Par ton souffle,

Exalte tes saveurs, ressoude là où elle

S'est interrompue, précipite-toi dans cette

Descente.


Devant toi, enfin elle s'ouvrira.



Insistances


Ici encore de dire pour plonger en profondeur

D'esprit qui poudroie sa substance, poussière

Egalement Ici demeure sur la fraction du

Temps d'une parole à l'infini avec fragments

Scintillements avec


Ici fractionné cherchant une

Clarté, suspendu en soi momentané de vol,

Parole fuyante, parole placée au plus juste

De sa pensée, en tous points perceptible, et

Froissée, recomposée


Ici phrase tournée avec relief

Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,

Murmure de souffle pour accéder au paroxysme

Et d'insister toujours


Ici, certes avec médiocrité

D'applications, avec déceptions, avec espoirs

D'aller outre pour ajouter toutefois.

L'éclat de sa beauté



Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse

Et encore entrouverte, à l'instant de jouir

Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle

Pudeur défend...


Le plaisir demeure dans une plénitude

Que je dénude. Je recompose ma pensée sous

Cette architecture de femme, façade et

Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.


Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,

Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi

J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule

Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,

Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois

La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle

Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.






























Déviances


En avant de soi



Jusqu'à ce fluide libérateur solidifiant les éclats

Déplaçant les vertiges en avant de soi

Là où il s'interrompt, je me rejoins

Plus haut, en arrêt sur le souffle

Voltige et se heurtant au vent

Les spasmes en saccades se fracassent

Suivant la trace, vers l’inertie


D'autres flammes s'immobilisent, encerclent

La poussière, élaborent de nouvelles sculptures

La pensée s'éblouit, je fais corps avec elle


Ce qui me sépare le pied poudreux

Le feu envahissant ma chair, de retour il m'emporte


Hors de nous, enveloppés, il nous effleure

Quand nous cherchons désespérément à rafraîchir



Demeurée au plus haut



Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire

Paroles se justifiant dans l'âme supérieure

Elevée, endormie, conçue par le génie


Sous le silence la fraîcheur de l'exil

...Pour un nouveau poème


Ensorcelée, traversée,

Elle est à naître ~ blancheur qui se défend

D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant

Sur le feu du désir


Le vise est à retenir, il se

Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à

Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi

Poudreuse suintant quelques transpirations

Incomprises


Respire dans l'entrevue, imite le

Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.


La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre


Le Phénix


Mémoire et oublis. Paroles précipitées dans

Les rencards de l'indifférence, paroles décapitées

Pour le Néant suprême - au plus profond du Moi !


Et toute cette consistance de syllabes puissantes

Perdues comme des notes de musique frappant un

Plafond d'autrefois - amas de consonnes et de

Voyelles, qui était pourtant langage !


Pourquoi

Fuir dans ce catafalque de la mort avec sa

Hôte élémentaire d'écrits raturés ?


Pour absor-

Ber, réingurgiter, mastiquer encore la subs-

Tance, et se confondre malgré tout avec les éléments

Disparates qui ne sont pas siens, et faire du

Poème nouveau un sublime Phénix adulé ou

Méprisé, mais Phénix de sa voûte poétique toutefois !



Elle


D'avoir été, - ce qu'elle sera, et de plus loin

De pensées résiduelles en gisements nouveaux

En dépossession de savoirs

Ou d'accidents à partager

Provisoire, en survie,

Dans l'entre-temps, pour l'avenir


Elle se concentrera, condensera la matière

Pour exploser, resserrera ses écarts

Admettant ses vifs sens inconnus


Qui la détruira pour qu'elle renaisse

Et s'élabore sur ses paroles ?


Toujours indépendante - ils veulent l'anéantir,

Prononcer sa mort - les meurtriers !


A jamais tu oscilles et t'éternises encore






Toute image rejetée


Exilé au futur par la pensée tracé

Au travers de l'apparence avec résignation

Rien cherchant à s'en saisir rien encore

Figurant l'immédiat déliant son attache


Soi-même dans son silence fixé à l'apogée

Inaccessible à l'âme


toujours il veut jaillir

Dans ce vide composé l'espace par éclats

Figure l'inaccessible la présence supplie

L'intelligence implore


Ce qu'il ne pourra jamais

Atteindre sur son assise le support

Revisité à la mémoire étirant ses vertiges

Affranchi dans l'oeil mais l'âme s'égare


Toute image rejetée par le poète aveugle

Qui se nie constamment mais qui toujours espère




La déception


En avant de soi subitement en mémoire

Flamboyant vers sa clarté l'inconnu explose

Espérant une nouvelle fonction mentale

D'extrapolation, d'excès, d'autrement


Respiré là, doutant porteur de hochements d'être

Dans la confusion, l'esprit insiste...


S'acquitte-t-il

De sa charge d'obéissance ? Obtient-il l'appli-

Cation escomptée ? Le mot renvoyé au poème

Offre-t-il quelconque substance utile ou nouvelle ?


Nulle découverte ! Irréversiblement médiocre !

Cruel langage ! Moi qui n'ai pu accéder à

La rare parole comment parviendrai-je

À me sublimer ?


L'avenir, dans sa fraîcheur,

Promet quelque substance mensongère, évidemment !



Jets et sprits



Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours

En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes

Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?

Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées

De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par

Le travers disparaître et aller. Le profond avec

Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.

Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant

L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître

Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour

Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison

Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et

Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les

Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.





Le martyre


Etendu dans le sang pourri,

Les vapeurs de flammes lèchent le corps dépecé


La chair est calcinée


Les deux enfants purs

Eclairent une bougie dans mes mains,

Ils me gardent


Les envolés, les élevés, là-haut

Le coeur idéal transformé

Palpite


Tu n'étais qu'une source née dans la

Profusion de lumière


Toi, sublimé, tu glisses sur les ondes

À présent jouissant de l'invisible

Pour l'éternité








Poète-oint


Elan de croire encore, avec

au milieu la tige du Christ


Toujours ce ciel rouge déchargeant

son incendie


Moi, là, précipité dans la violence

cherchant à pétrir

la langue-oeuvre, bafouée également


Les aiguilles pénétrant les veines

~ Que circule l'amertume noire de

la haine ! - Ces fragments éclatés,

pour quelle profondeur de rien ?


Et : crachant

Sa bave de poète-oint défroqué

De rimaille


Le souffle éternel

Me donnera-t-il raison ?




Les enchaînés


Toi, trace élégante, toi, silhouette dans

Mes voyages nocturnes, nous marchions mot-à-

Mot - j'enjambais tes écarts. Lourd était

Mon corps mais tu m'accompagnais. Dans les

Profondeurs amères des gouffres, je te plongeais,

Je te ressuscitais au-delà de mes eaux. Ta

Danse, tes charmes, par-dessus les chemins, tou-

Jours claire, tu m'invitais à te poursuivre, à

Déplacer ta chair pour combler mes nuits et mes

Néants. Moi, le dépravé dans l'extravagance,

Egarant ta beauté coiffée de lanières bleues,

Nourri ou expulsant ses paroles fangeuses, je

Poursuivais ce parcours de l'invraisemblance, croyant

A notre liberté, avec la fuite impossible des enchaînés.









Les philtres amers


A moitié-mort, nourri au sein de la vie,

Gisaient autour de moi les images de cendres.

J'entrecroisais mon âme à celle des génies

Et je buvais le sang dans des philtres amers.

Les lits étaient froids. Je grandissais encore

Jusqu'aux aurores. Mon ombre épurée s'évadait

Jusqu'à toi. La tour était obscène, j'y inventais

L'orgasme défendu, impossible, - j'inventais

Toutefois. Je traversais mon existence délaissant

Le sablier. Je croyais naïvement aux songes chimé-

Riques et je flottais dans mes extases. Adepte du

Feu, de l'or et du sperme, je transmutais mes

Délires en jouissances perverses : j'y soumettais

Mes femmes - elles étaient nues, fouettées et heureuses.



Elabore toutefois


Elabore près de tes syllabes noires ; dans

L'ombre du poème, se conçoit ce pur échafaudage

De pensées invisibles ; des fluides d'écriture

Circulent dans ton âme désuète. Du phosphore

Pour capturer l'instant. Tu pleures dru sous tes

Hallages impossibles. Une avec ses seins t'envoie

Des messages sexuels. À coups de reins répétés,

La semence se répand. Si dense, profondément

Expulsé - rencontre et capture. Toi, l'écoeuré

Bavant encore tes jets nocturnes, qu'inventes-tu ?

Que prétends-tu ? Rien que de la mélasse insi-

Gnifiante. Agrandis ton gouffre, plonge dans

Ton Néant aberrant.


- Le tien, le monde, a surgi

De rien. Grandis pour des horizons purs et aériens.















Les tristes lauriers


Attaques de derrière la souffrance, gémis-tu,

Gémis-tu ? Les forces détruisent et tu roules

Inaccessible dans ta trouée invisible. Se dresse

Pleinement l'incendie-cendres, en toi. Mille fois

Détruit, transpercé par la pique. Bois le sang

Aigre qui t'encense. Le moins en toi, tout

Est rein. Assume, supplie, insiste.


Le délire

Redoublé, l'écriture médiocre. Je me nourris de vous.

Le suc, la moelle et le calame. Le ici-bas persé-

Cuté. Bois ta brique cuite au fond de tes pensées.

Autour de ton front, ils se dissiperont. Va dans

L'écume. Plus près est la cinglante. La chair

Purulente de bave et d'excréments t'invite toutefois

Du côté de ce deuil à lécher tes tristes lauriers.





Et déjà gloire !


Et déjà gloire ! Tu fus dans tes extases un délice

Opportun à consommer en prescience. Ceci n'existe

Pas mais est pourtant ! Dans ta langue véritable,

Offriras-tu quelques mimiques surnaturelles à percevoir ?

Ils sont dans l'expectative et le non-sens, te dis-je !


Te voilà Félicité fugace qui réfléchis et entames

Des idiomes hors communs. Appartiendras-tu à la

Corbeille des singularités à maudire ou à excommunier ?


Je t'insuffle des torpeurs-fureurs et te fais supplier

Devant la montagne hugolienne. Egarements,

Mépris, éjections, productions abyssales, - quel

Etait mon possible ? Quel était mon avenir ? Repoussé !


Nourris par les Dieux, constamment affamé, dans les temps

Futurs peut-être, une suite inventive pour m'aimer.








Nuits obscures


Des haines pourrissent, fascinées et tremblantes

S'aiguisent en idioties de folies meurtrières


Passées fleuries pourries en violences et douceurs

Toutes ces roses qui vous fouettent la gueule

Méchamment


De chacun, en soi-même pour produire dans ses

Nuits obscures


Je me traîne vers l'impossible soucieux d'y découvrir

Quelque trace intéressante


La feuille se dérobe constamment


Ecriture vraie-illisible

Esprit-syllabes en devenir peut-être


Qu'as-tu à libérer de chagrin lumineux


L'âme seule se déchire en soi-même




Toute parade


Tu t'étouffes dans ses creux ? Premières glissades

De l'étreinte tout bas. Et cette fille ficelée

Sur son séant. En dehors de leurs trous. Vastes

Devenirs de chevelures crépusculaires embaumées

D'odeurs rustiques. Ma belle absence : songe

Que je ne suis en toi qu'au moment de plonger.

Les souffles irréguliers de tes saccades sexuelles.

J'entreprends le jeu de la douleur simulacre,

Petits excitateurs de nos parties nouvelles.

Il me plaira de t'infliger la douce terreur.

Je t'emporte dans les belles torsades pour te

Figurer des sensations de fouet. Le positionnement,

L'aimable séjour, la fumée maintenant, - j'emploie

Toute parade pour te ployer quelque peu, bel amour !









La soie noire


Rêvassez, belles pulpeuses, dans l'aurore de l'orgasme !

Elles apparaissent mystérieuses et lourdes parfumées

D'odeurs interdites. Dans l'ultime profondeur, elles

Surgissaient chairs bleues et subtiles. Avec doigts

Fins et délicats, subtilement vernissés,

En avalanches de corps, énormes et impossibles.


Comment déchaîner ces forces sexuelles, moi victime défaillante ?

À quoi pensent-elles parsemées d'éclats dorés,

Alanguies dans des poses provocantes ?


J'embrasse des

Façades, je déflore mes gardiennes, cascades de jambes

Et de bouquets sauvages, j'adule à genoux

Quelque subtile perversité interdite.


Quand donc

Ces pernicieuses de la soie noire deviendront-elles

Des possibilités réelles offertes à ma chair suppliante ?




I


Le non-écrit en soi demeure

Toi, porte cela au-devant - va à l'oeil


Longue est la trace qui se poursuit infiniment

Chose proposée, insignifiante


- Que dit la spatule-pensée sur le papier ?

- Le faible-exploitable a un avenir


II


Ecrit passablement dans le clair-obscur

Monté là-bas vers l'avenir

Applications de syllabes voilées


Restant échec à domicile


Re-rimé, re-pensé, toi là en dessous

Aspirant à quelque souffle lumineux


Mots qui te libèrent du re-dit


L'avancée nocturne est un désir subtil...



Le poème de personne


Mon silence rime en soi-même, d'un battement

D'écriture pour retenir le temps


Le poids que décriait mon âme, le poids

Détermine la valeur


Dans le sens du cercle, l'esprit décrit

Une parabole, flottant sur son aire


Cette poussière d'écume est le seul espoir

À invoquer pour concevoir quelque chose


Orphelin en ta chair, je songe à quelque

Obscur avenir de poèmes - je songe effrayé


Libre, lié je fuis entouré d'ombres diaboliques

Suppliant la lumière de m'éclairer quelque peu


J'offre des prières aux vents inconnus pour délivrer

Mes vaines lancées en pure perte, hélas !




Sphère sublime et bleue


Génie avec très tendre vocalité, pensé là

En cristal endormi, émergeant peut-être

Sous éclats de rayons - du moins gaze léger


Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé

D'attentions délicieuses en souffles aériens,

En traces fines et claires.


Sonne, sonne, sonne

Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou

Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.


Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les

Degrés de la pureté t'appellent à la lente

Remontée.


La fixité de la neige, les blondeurs

Irréelles qui dansent sur des images - encore

Evanouies mais espérant un envol inconnu,

Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?



Enfer


Le mal contre la race - par-delà !

La pensée profanatrice - le médium !

Voici l'enfer avec ses feux

Corrompre toutes choses et profaner

L'obscurité en soi, en eux - l'obscurité !


Les odeurs putrides, les coeurs mutilés

J'empoisonne les sources, j'annihile toute fertilité


La lumière, la beauté, le cristal : j'entrave,

J'invoque le Néant.



Ils supplient la clarté, je plonge

Dans le labyrinthe


Je suis le criminel sans trêve, éternel !

Des multitudes sont mortes

Et je torture encore



À Paul Celan


Pensées de prières, tu étais vert-de-gris

Les tiennes - t'y rejoignant toujours


À l'ami, à la mort : recrache toutes tes semences

L'univers dévoré est petit entre nous


Ton ombre se tient sous ton visage

Inquiète et songeuse attendant le miracle


Moi également,

J'ai préféré la pierre aux mille couleurs

Du bleu topaze à l'acacia étrange


T'es-tu couché près de la fille à la lèvre perverse

Les mers de lait encombraient ta noble tête


L'écorché vif sait te parler de l'autre route aussi


Je suis des décombres, des cadavres de haine

Espérant dans l'au-delà te rejoindre peut-être





Le non-écrit


Le non-écrit à saisir dans l'espace

En langue nouvelle, libère le feu


Rejeté par le haut, tu portes le cri d'autrefois


Te voilà bancale en toi-même, tué

Au milieu des maléfices


Es-tu à lire ? - L'étoile danse, danse, danse


Chemine vers le haut. La petite fée gargouille

Et traverse d'un trait le repère-mien


Que dit le dur critique immensément en toi ?


Ecris vers l'impraticable pur, vrai, - écris -

Côtoie l'avenir incomplet

Coule tes syllabes dans l'insensé, bondis !


Il y a l'inaudible à extraire, les reflets lumineux

À comprendre. Saisis-toi dans l'ensemble !



Enée


Puis de redescendre encore sur la rive

Nous allons par mille efforts sur l'onde divine

Cette sombre nef en voiles tout à coup

Le mat dressé

La proue bombée, la déesse aux seins exaltés

Les voiles regorgeant de souffles divins

Le soleil écrasé par son poids, rouge,

Qui se meurt là-bas, nous allons.


Sans glaive, sans écume, sans haine

La marée refluant. Je descends le premier

Tel Enée. Je dis ma prière aux morts,

J'honore les Anciens.


Je pense Ulysse, Ithaque, les nobles rives,

Je pense.








Gouffre d'or


Gouffre d'or poussé en toi, au plus

Profond est le silence ! Couronné dans la nuit,

Tes seuls battements entre blasphèmes et prières

Ce sont tes gémissements !


Viens-t'en chez les filles et les putains

Ranimer ton ardeur vulgaire : fondu en elles

La force phallique est encore présage humain !


Avec tes doigts englués de semence,

Où sont les grands calices de ton ère messianique ?


Les chemins sont bordés de tant de morts,

La haine te poursuit constamment !


Pense à Pétrarque, pense aux géants !

Anime quelque peu ton potentiel intime,

Finiront-ils peut-être par comprendre !




Post-homme


Lourd, lourdement sur les chemins de partage

Tu étais voyageur ailé et tu te mouvais


Laisse la trace d'un vrai prophète, annonciateur

De choses nouvelles - post-homme,

Post-écriture et poésie de l'au-delà !


Raison de vrai, éclairé et lumineux,

À quand, vers où, cela sera ?


Qui vit en soi, au fin fond de son âme.


Ton rire axial : demeure là dans ton quotidien.

Mort de tête, épouse l'ombre - c'est le remède

De l'avenir !


Repas frugal, contemporain dans la loi des

Substances, anti-social et pro-juif,

La mort torture et tu produis encore !





Etendu à présent


La cervelle écartelée de part en part

Gelée explosée sphère royale vint un homme

D'autres formules obscurci dans ta nuit

Comète locale déplacée dans le temps j'avance

Salut au beffroi de la raison, salut !

Sa mémoire l'éternise l'Univers en soi

Le songe perdu dans le fil de la raison

Profondeurs gâtées folies des métaphores

La vérité est entrée cette nuit

La lumière a tremblé clairvoyant, que dis-tu ?

Oeil de loupe assez d'invisibles pour voir !

Tu flottes dans tes airs nuit et sources pensées

Te voilà enseveli endormi presque mort là

Derniers restes : vapeurs, étincelles étendu à présent






Mouvements*


À l'ombre ouverte et là-haut

Clairvoyance déborde et répands-toi


Usées d'avoir été pensées mais saisissant encore


L'éclair à transpercer

Sorte de fumée à flot et mouvance à confondre


Sur les bords, vers l'extrême, dit-on la profondeur ?

Enfouie sur les éternelles, les sempiternelles impossibilités


Puits de honte sage combat le bel échec

Les soulèvements et les masses au combat à penser


La mémoire renverse le souffle et le souffle s'enflamme


Filaments et cristaux déferlent et s'entrecroisent

L'éclair transpercé par des fluides multicolores


Cinglant, agressif, enfouis sous des cercles,

De nouveaux impacts purulents défleurissent là



*Eléments pour une peinture abstraite





Le non-moi


Le non-moi éblouissant d'absence,

La lumière noire opaque d'ombre et de morts


Clarté frémissante et troublée

L'or et la soie frissonnant entre mes doigts


Nous marchons sur une étendue purifiée

Implorant le silence de nous mieux inspirer


L'espace infini se replie en soi-même

Creuse pour moi une nouvelle profondeur


Les mots refusent d'apparaître là dans leur clarté

Ici-bas le Néant est la seule vérité


Le Temps nourrit mon absence : est et sera

Tout à fait dans le rien


Quel espoir me fera naître et grandir

Dans mon attente vaine, je pleure amèrement




Traînées de poudre


Traînées de poudre de soie dans l'intérieur en

Essentiellement si ces raisons ne sont pas admises


Fluidité, déroule déroutante

Ensevelie, avance dans ton or


L'acte de poétiser est toujours incompris

Subtiles stances barbares

Avec cerveau en créativité masturbatrice unique et personnelle


Il fit éclore plusieurs petits produits exquis

Il étouffa sa certitude

L'architecture imaginaire se déployait lentement


Secret là intime plongeant avec ire

Dans les entrailles de l'incompréhension,

Sera-ce changement de tête ?





Colline, montée


Colline, montée, dévidée et failles

douce incertaine pente

et pas avides de rapines

d'alvéoles déployés ici et là


Plus bas l'abcisse

la fuite le filament bien dessiné

remonte aspire au ciel

d'être et reviens


Poursuis mets-toi mets-toi en bas

en petites tendresses de valeurs de roses

Persuadé ? - agis néanmoins


Contre les lumières fuites d'automnes irisées

avec perspectives en clair tendant vers le futur

vertiges d'échos annonciateurs vrai peut-être





















Substances et distances




Raretés inintelligibles




Ô raretés inintelligibles en silences de mues, qui envisagent le bien intime aimé ?

Je vous secoue ligne après ligne en déroulement de lignes amies.

Le vers impressionné par l’Art abstrait américain – le vers, que propose-t-il ?

La lumière monte où l’ombre se creuse


De toujours à jamais-pourquoi-pas

Ô vagues torpeurs en renoncements du Moi

Se précipite – et plus loin – insiste, s’acharne

Je modifie l’appui, je m’emporte en restes dépouillés


Bouillonne en ma bouche pour des octaves supérieures

Ecrase la brume – tout se cogne - d’en haut, des fissures passagères

Vrille et s’acharne en saupoudrages et se vrille en mouvement hélicoïdal,

puis en soi, englouti là.


L’étreinte dangereuse, l’étreinte puis l’expulsion et jouissant et râlant au passage

Et ce désir inassouvi

























Autre tombeau



Ici gît et de la plus belle des morts sous le tombeau laqué comme un miroir

Prolongeant la nuit froide et sinistre


Ton sang, ta main souffrante, incruste-toi,

Entre dans le sol, disparais enfin


Et cette poussée hors du seuil vers la raison

Sublime et achevée, pour l’au-delà vivifié et cette poussée


Glisse-toi dans ce tunnel, conçois ton épaisseur

Débite ta vie passée en scènes épuisées ou sulfureuses

Prodigue des preuves – qu’ils mesurent ton espérance d’avenir


La voix dilatée s’épuise

Entends mi-haut les gémissements de tes pleureuses


Qui, toi, pour ton effacement terrestre

Qui, toi, mortifié, suppliant, croyant toutefois


Le goût du Christ est dans ma bouche - J’implore là



Les futurs indécis


Toujours dans la misère auprès de l'obscur,

Crépuscule interdit cherchant quelque lueur

Avec appels au secours quémandant la connaissance.


Dégradées, stériles, ces lunaisons d'artiste,

Faces d'équinoxes et d'éclipses unies - pour rien !

(Notez l'humble défi à jamais honoré - notez)


Mais en promesses ou futurs indécis, réinventant

Des lois, réinvestissant dans l'aléatoire

Littéraire ou poétique, rendant réversible toute

Décadence subie.


Toi, tu acquiesces et prétends

Que c'est possible ce condensé de spectres d'idées

Chancelants dans l'ivresse cérébrale.


Ta vérité,

Egarement fatal, proche à surgir, dans le

Délétère, tu es encore là. Que dis-tu obtenir ?



La vieille crécelle



Faible, ensemencée de syntaxe radicale, fausse

Où l'ignorance excelle - produit-bulle d'images

Faciles à tire-larigot - en redondances encore

Recommencées !


Qui vient à percer ? - Mais non - rien !

Tandis que bistre ou bigarrée, elle s'essaie à ses

Poses. Là voilà ivre ou vieille crécelle

Contemplant dans la glace son visage d'autrefois.


Puis d'autres battements syncopés d'ici ou d'ailleurs

Venus, à intégrer ou comprendre - car là est

Le réel avenir - timbre, tintement ou

Tintinnabulement nouveaux avec grasse grammaire


Pour surseoir dans un au-delà littéraire inconnu

Ou plonger dans l'entonnoir du vide et du néant.

Chant du cygne ou renouveau à espérer ?





Autre lune



Cette lumière, faible d'écumeblanchâtre encore

A l'aube de lune au-dessus des volcans

Qui claire et mousse s’affaisse lentement

Et s'esquive apaisée et là se consume

Belle de marbre, alanguie pour aller gémir

En poses se déplace et doucement s'incline


Ceux qui prétendent que l'ambigu flou

Est préférable s'y irisent et concluent

Encore à l'effet acceptable - ceux qui.


Mais toi tu m'enseignas l'Ether, en guide.

Elève, j'ai glorifié le Maître, et j'ai

- Suprématie admirable - arraché les cris

A la destinée humaine, appelant le Divin

A m'aimer pour me mieux faire paraître.








Souterraines



Souterraines, et constamment inaccessibles

Voudrait se résigner dans les fanges inférieures

Allaient en eux pour des affaires saignantes

L'anus éclaté et gémissant d'extase - évidemment

Sa force peu commune pour insister dans la chair

Avec la volonté de pénétrer des serrures de petite taille


Pour se procurer des jouissances royales et se répandre

Dans les somptuosités charnelles des plus belles


Encore en vous, vos interdits triplement exquis

Quels raffinements éprouvés avec invitation de

Jeunes filles et de mères


Ce qu'il faut de jouissance

Et de vapeurs pour longtemps prolonger le mystère

De couiner et demeurer dans les fentes altières

De vos sublimes beautés, invitations à gémir !



Pour vous, en moi


Pour vous, en moi, je vous dédis ces quelques abondances

De : oui, bois - oui, jouis - et supplie encore

En naissances de souffrances - en plaisirs obscurs

Laissez un peu partout hurler les " Je t'aime "


Désengluez vos formes lourdes - vos de "sexe"

Pour le soupir et pour le plus profond en vous

Sous la brise - que ton esquisse de déplace-

Ments de corps soit pour la folie intuitive

Mais éternel dans ma tête - fille splendide, fille

Sublime ou Madone - que...


De toi à moi

Perdus nos sens ! et gémir en échos de lumières,

Découper dans les rais le plaisir et réduire

L'impossible fugacité de ton élégante beauté

Immortelle - je t'aime - tu le sais et toujours te convie







En Syracuse


Pour toi, en Syracuse d'audaces, tu m'émeus

En fondations et diversités interdites

C'est donc ceci : tu jouis et t'accomplis


Laisse parcourir en moult enchevêtrements

Les icônes et les ingrédients bouillonnants

D'extases et de rumeurs - encore je te prie


Que ton esquive, que ta révérence s'expriment

En échos de lumières - ne sois pas à découper

Dans l'impossible figuratif. Mais qu'il y ait

Poids et certitudes fugaces réduits à ta


Conception. Follement ivre, la vérité

Se déploie en soi-même et prétend au pire.

Qu'en est-il de ce vrai ? Qui possède la raison ?

L'esprit de synthèse ne s'unit-il pas au pire ?





Jeunesse


L'ombre au-dessus de la nuée

et là-bas la vague infiniment peu

qui touche la chose - moins que ça

avec battements de plume


Puis ces flots de jeunesse, ces folies d'invraisemblances

- Il faut pénétrer autrement les brouillons exposés.

Enfin les éclairs, les brouillards, les apparitions

pâles en pleine clarté, gouttes de sang et de neige


L'aveu pour l'impossible, la tentation des oeuvres

géniales, les fulgurances et les lointaines

Et la source pour le vrai-oui avec autrement


Sur les revers, sans topologies nouvelles, sans tout !

Il fallait s'exclamer avec le latin vierge

et le littéraire de je-ne-sais-pas - il fallait !...









Histoire de le dire



Pour son nouveau désordre

En tout et délibérément

De-ci, de-là sautillant sur le cercle

Convergent vers son idéal


Et qui sait de se dire : joindre

Plonge car c'est le temps !

Au fond du Moi, je t'ai vu

Avec cet oeil nouveau, acéré


Comme un parfait diamant.

C'est vrai : tu étais sanglante

Mais c'est encore de jouir


Ou de pénétrer autrement.

Je me déploie tous les jours

Pour un autre luxe, en filant.





La forme intérieure



Oui, encore construire une forme intérieure

Qui se déplacera où elle le souhaitera ;


Repenser doucement les lignes d'une image,

Maîtriser lentement les dérives qui se déploient.


J'aime cette nouvelle transparence

Epanouie en un jet d'eau

Car l'eau est la seule transparence

Où l'intelligence pure se conçoit.


Les choses claires deviennent des formes,

Les formes échappent à la matière.

Comprendront-elles cette nouvelle matière ?


Le temps ainsi pensé fonde un monde autre

Où l'ensemble des images se développe

À sa manière. Ce monde nouveau est-il compris ?






Le regard



S'éveiller profondément dans le gouffre,

C'est encore fuir le triste monde.

Le regard caché pour toutes choses

Célèbre la grandeur intime que nous possédons.


Oui, encore est l'immense désordre

Qu'on appelle liberté - nul n'interdit

La folie qui s'y pense. L'opacité d’autrui

Ne peut réduire l'activité interne qui se répand.


La fracture entre moi et l’autre est programmée.

Toute attention se concentre sur la possibilité

Poétique que la nuit littéraire déploie.


L'intelligence tourne son oeil vers l'intérieur,

Appelle de nouvelles fonctions cérébrales inconnues

Pour répandre le miel par les orbites coulant des yeux.






L'avertissement de la foi


Quand s'éveillent de nouvelles possibilités internes,

L'intelligence croît et croît.


Des cercles concentriques et corollaires

Se juxtaposent - des espaces inconnus

Se développent et s'offrent.


Des prémices de compréhension paraissent

Plus évidentes, et la volonté pénètre

Plus profondément encore les portes

Qui sont enjeu et challenge

D'un moi sublimé.


Mais une sonnerie parfois éveille l'attention.

La loi religieuse réduit ou séquestre

Ces séquences cérébrales intempestives pour

Rendre gloire à l'immortalité du Tout-Puissant.







Le pervers


Et moi, encore dans le pré-obscur

Ne sachant que chanter


Dans l'apothéose animal-mien

Espérant quelque idéal spirituel épuré


Des femmes sensuelles en fausses émotives

Quémandant ou appliquant le sexe pour le sexe


De plaisir animal ou de jeux à

Plusieurs - ou entre elles - cela est plus doux !


Que faut-il inventer de normal,

De raisonnable - de j'ai péri - j'ai surgi

Avec réserve - joyau d'orgasmes dans les

fentes ultra-douces ?


Oui, fais-toi fouetter,

Nu, gémissant de sudations avec feu et

Lumières de corps et d'extases répétitives -

De c'est bon la femme ? C'est bon, n'est-ce pas ?





Post-surréalisme


Ne mugissent pas les beautés attachées

À l'anneau de bonheur infiniment las

Il faut se supplanter au monotone orgasme

Qui quémande un pastel pour vivre entre les givres


Pourtant la nuque étroite, le chevalet se meurt

Dans l'éminence même du cristal abrégé.

Je gémis, je gémis invoquant le clair espace

Où colossal et géant je subis des défaillances


Des somnolences encore dans mon opacité

Quand les champs magnétiques sonnent un faible

Horizon. L’heure contourne une lune fade sans effet aucun


Déjà la nostalgie ténébreuse de la barque

Alanguie, alanguie, ta forme va dormant

Au plus profond du rien, l’espérance est étroite




La dérive



Où suivre notre dérive vers le délétère ?

La poussière se répand sur tant d'ombres !

Le soleil éclaire une flétrissure

Et se prolonge sur trop de décombres !


Est-ce ici une agonie ou la futilité de l'homme ?

Mais tout s'enfuit comme un flux furtif,

La pensée-mère se perd au plus profond

Et semble se suffire d'un désert d'amertume.


Nos contradictions consenties multiplient les ombres

Et les crépuscules - nous voyageons en-dedans

Pour une perception indécise.


Quémande-la

Cette transparence pour que grandisse le silence,

Pour que toute chose trop proche fende les ténè-

Bres - implore dans l'âme et prie - oui, suffoque.




Les possibilités mutantes


Disparaît cette transparence en forme désuète

De silence - sans ruptures ni chutes,

Face au cristal qui s'est fait ombre, prétend

Roberto Juarroz. L'asphyxie est moins

Suprenante. La beauté claire se mêle au

Ténèbres.


L'éveil bouleverse toute ombre,

Il se peut que nul ne fende l'Inconnu à percevoir.

Des courants sont comme des fluides qui se répandent

Nuitamment.


L'Etre toujours en contraire d'idées

Subit des signes arrogants dans sa vision pensante.

C'est le poids d'une rose qui mugit au fond

De lui.


Il n'y a plus de vérité, - tout plonge

Dans le vide. Là, les filigranes flottant

Qui se mélangent aux choses sont des possibilités mutantes.




Le vol du cygne


Le vol du cygne que plus rien ne brise

Là pur encore dans l'ultime transparence

Et plus funeste assombrissant l'obscur

M'apparaît beauté d'apothéoses et beauté telle.


Développant le silence par vocations funestes

Et de le dire dans l'ultime parler, de

S'entendre en ces mots : oui, en vraie beauté

D'inconnu tel. De l'aimer en si vrai. De.


Comme l'ombre qui crée quelque lumière

Là en apogée d'insignifiance - comme

Un solstice d'oiseau inassouvi. Je gémis


Et me pourfends en. Mais toi, que dire, que.

Sous cette visqueuse vérité de gloire inconnue,

L'extrême métamorphose se prévaut encore !



Mieux devenir


Chacun veut recommencer

Et ce serait une destinée

Nouvelle, avec beauté d'ombres et

De lumières - hallucinante

De plongées et d'élévations !


Avec joies sexuelles, gloire et

Travail, accumulation et de

Religion belle ! - De séquences

En séquences pour enrichir l'homme et

L'Humanité !


Mais qui ? Quel appel

Vers le Sauveur pour entendre cette supplique

De présent meilleur ?


Dieu se tait, Dieu

Refuse d'entendre les gémissements de

Tout être qui se prévaut de mieux devenir.








Messages



Messages - comme de se dire quoi ?

Ouvre l'espace - ceci est en suspens

A l'instant je défaille d'effroi

Beauté, basculée sans l'ombre d'un émoi


Fille, tes sangles, déjà je te saisis

Et dans ma nuit blême, tu aimes et gémis

Le vit éclate au milieu de tes reins

Je distille l'orgasme espéré un matin


Doucement fluette, tu m'es offerte

Mouillée de corps - tu crèmes bien

Sans nulle peine, à l'instar du désir


Dans le clair épilé de cette sanglante fille

Je suffoque pour un désir - j'espère encore

Veux-tu me brouiller - et le réveil est exaltant




Paysage


Sa transparence claire est un écho

Dans le miroir de l'eau


Sur les cercles impossibles, le désir

S'octroie un interdit à gémir


La beauté atteint lentement l'autre

Rivage et confirme les limites

Dans les joncs inconnus


Un tremblement subtil permet d'accéder

Aux décisions et aux inconstances

Du vent. Qui veut pleurer dans les rythmes muets ?


Le nuage offre son indifférence. Seule,

La main douce acceptera de pleurer sur elle.


Quelle terre promise pouvait errer pour son sevrage ?

L'écho s'oublie en soi-même, hélas !






L’idéal



S'offre l’idéal dans les choses claires

Qui le supplient - une étendue faite d'eau

L'invoque et le prie


Jamais nous ne connaîtrons le profil de cette

Fille-vierge qui désespérément efface

Ses pas, abandonnant ses habits inutiles

Et fuyant, fuyant toujours


L’idéal s'enfuit dans le tréfonds du miroir

Et disparaît avec la soif. Les visages

N'échangent plus de regard.


Le mouvement assuré du vent, l'haleine douce

Des dernières rumeurs, les fluides précipités

Vers la belle inconnue

- effrayé, il s’éloigne encore





























Variances


Autre Christ



La Transfiguration dont je dispose

Ou peut-être est-ce un point de non-rencontre

Avec les différences ici et là

Tous les deux vers le bas


La Transparence suppliera-t-elle

La Transfiguration ?


Dans mon inachevé, suis-je une partie de l'infini ?

Le souffle se déploie dans l'inertie


J'ai décidé de renaître


Le vide, très à l'intérieur, avec myriades de trous noirs

M'implore d'exister quelque peu


Le silence est la seule réponse


Je suis mais disparais

Je quémande au Père d'être quelque chose



Les questions-clés



A fini par exploser

Dans des délices d'audaces impossibles.

Ci-gît dans la pénombre de soi-même

À la recherche de l'interdit.


Etre et non-être dans les recoins

De l'impossible - au plus profond

De l'Univers - tu vois - je cherche encore.


Mais tout m'échappe. Le Temps se fait

Revêche - Je deviens somptueux dans

L'espace où jamais je ne fus !


Coulées pures questionnant les pointes fines

- De filles entrevues dans l'Au-delà

Invisible - Sont-ce des questions-clés à

Devenir ? Qu'est-ce encore à savoir ?

Je m'interroge et jamais ne saurai

Déjà femme, je suis I



Déjà femme, je suis et déjà je. En douleurs

Répandues, je fais don. De compatir en entre-clos,

États et lieux avec fentes diverses, déchaussée et

Déjà nue. Avec pentes et muqueuses, et sexe d'homme

Tatoué sur moi. Tout est gravé à l'intérieur.


Qui est

De le fouetter avec sources et crins, - douce/violence

De gémis-en, supplie-là, oui dure encore. Avec

Entraves et branlées, cierges répandus brûlant de la cire

Au nom de : je te travaille.


Ainsi toi en titillements

De : lèche encore. Oui, gémis. Oui, pleure.

Quel chef-d'oeuvre ! Quel sacrement d'homme humilié,

Pénétré et implorant !


Pur sacrement de plaisir/gémir

Toi en sursauts de lancées sporadiques, en éjaculations

Hurlantes, en dépassement d'ivresse charnelle, là, heureux !



Déjà femme II


Déjà femme je suis, déjà femme, dans la

Flamme fallacieuse de mon désir - à me

Donner dans l'entre-chair, je me complais.

Je mettrais à nu la transparence de mes seins -

Je vous laisserai me figurer dans l'entrelacs de mes

Désirs - j'offrirai à l'aube le titillement

De mes douceurs secrètes.


La lune blonde sera

Une fuite indiscrète entre mes mains. Les étoiles

Disposeront de doux scintillements sur mon corps

À aimer.


À présent, viens en orgie de chair,

En passages de ramées, accours, gémis et suinte.

Dans le murmuré, ce sont des phases de splendeurs !


Et toi en sursauts de plaisirs saccadés, en explosions

Lascives et gémissantes, honore ma beauté à aimer.




Toi, mon rare


Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter

Pour le non-utile - le facile acquiescement de

Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympatique !

Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !


" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je

M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est

Croissance de chair. Finissons-en ".


En discrétion

Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -

Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour

La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.


Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,

Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - re-

Viens, retourne.


De jamais éprouvées, en évoquées,

En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.




L'Océan cérébral



Gémis, et claquent ces pensées fugitives dans

Les dédales d'un moi consumé avec fluidités

Phosphorescentes.


// Je pense par intervalles -

Succombant dans mon silence merci - de non-

Merci //


Seulement tu respires - en fille dérangée

Avec la question de l'éternel savoir. La pensée,

L'étoile, la lumière - tu cherches encore.



Nous

Pénétrons dans l'Océan cérébral au sel du vrai.

Au travers, tu sembles dérangée. Eux, plus silen-

Cieux s'en viennent et c'est excuse de penser

Etre un devenir avec ces gens autour de soi !


Tu es fille, il te faut une belle clairière. Toute

La nuit rougit, exploite, pénètre encore ces espaces

D'audaces cérébrales où l'Inconnu mugit toujours.


Subtile supériorité



Subtile supériorité en herbes de ramures qui

Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente

Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de

Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !


Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit

Dans le vide et gémit ou semble vivre.

Ô toi mon esprit en permanence de recherches,

Plonge au gouffre, accède aux limites et

Pourfends-les !


Il est de vains traquenards et

De pures énigmes, des risques aberrants dans les

Substances claires de l'Intelligence accompagnés

De vomissements et de sales déchets honteux et puants !


Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux

Et tente d'accéder à un espace divin illimité.




Quelle pensée ?



Quelle pensée, te dis-je, de racine inconnue

En folie paresseuse entrechoquée de mouvements

Sourds, vas-tu dire pour qu'elle cesse - pour

Qu'elle cesse de présenter le détestable accord ?


Le sens est absorbé dans cette transhumance sèche.

En ombres de saveurs, en circonvolutions exquises,

Elle est là qui se déploie et prétend, prétend

Etre.


Délaisse-la, chétif avorton espérant quelque

Obole supérieure.


Je te sais revenir, en épi de

Jaillissements, en folie obséquieuse - en sac-

Cage, - j'exulte. Veux-tu que je défaille,

Que je m'embourbe dans mon miroitement clair - que ?


Je ne fais que reverdir mes herbes belles, pour le

Printemps, pour le sang des immortels te dis-je encore !


I



Là devant il y a un espace

Il y a le vide également

La pensée s'y projette. Mais la pensée

Ne saurait représenter l'avenir de ce

Néant. Il y faut des couleurs, de la vie,

Des ombres savantes qui marchent ou d'autres choses

Encore. Mais quoi ?


Au plus profond, il y a un refuge

Avec des cavités pour que des choses existent

Ceci n'est pas le Néant ni l'Enfer

Mais une autre existence où des densités

Et des diversités sauraient s'y côtoyer.


Quelles sont les conditions pour que ces formes de

Fantômes offrent plénitude de vie à ce vide ?




II



Ceci n'est pas une illusion ni un non-sens - c'est

Un lieu possible pour que quelque chose soit.

C'est là devant soi, et cet infini étonnant

Attend qu'on le remplisse. Engendré et créé

Et espérant.


Je plonge, je pénètre dans des grottes

- Des pensées s'ouvrent, des réalités s'offrent.

J'avance vers d'autres ouvertures, mais tout me semble

Vierge - un autre vrai est à inventer, des

Prémisses corollaires pourraient s'y associer.


L'homme cherche à les atteindre pour accéder

À des audaces nouvelles. Il n'y a nulle

Limite. La destruction est destruction du passé,

Du réel d'autrefois. Une vérité transparente

Apparaît là. Mon âme saura s'y baigner.









La nouvelle pureté



En toi, tout cristal de neige, en hypothé-

Tique subtil de lumières et de pointes. Au-delà

Du gel, ta beauté matinale m'apparaît telle

Quelle !


Sont-ce des clartés intermittentes de non-

Vie, de non-mort, de : importantes fièvres

Aveuglantes ? Tu sais le moindre ! Je me déplace

En très doux.


J'accumule tes repentirs pour te puri-

Fier ~ changements d'être constellés de fièvres

Humides pour satisfaire un orgasme impossible !


Moi,

En, je dois inventer la fille qui suffoque et

Semble compromise en jouissance et échos interdits.


Il me faut créer une pureté nouvelle - un lavement

Cérébral d'intelligence corporel à désexuer.

- Oui, contre mon vide idéal, ta perte sera sauvée.



Vieil or et mou



Vieil or et mou - je te dirais déféquer

Dans des figurines pures et auréolées. Mais je

Songe à quelque violence de fouet et de physiques

Durs de femmes à obéir - là qui branlent,

Assassinent, dominent et soumettent avec douleurs

Et jouissances.


La première m'est innocente et va

Jusqu'au profond de l'intime du corps. La seconde est feu

Et pousse ma chair pour un orgasme de flammes. Nue

La troisième m'empale sur un trépas inventé. Oui,

Branlé, fouetté à la gueule, claqué par ces

Gueuses perverses - je subis et jouis immo-

Déremment.


Je quémande la fin de mon supplice et lèche

A gorge déployée tous ces trous obscènes et odorants

De plaisir. Je gémis, gémis, gémis et jouis encore.

Azurs repensés



Vers des azurs repensés - recadrés en quelque

Sorte. Ils accédèrent à ma misère. Ceci est le

Choix primitif - comme un cristal alternatif, dénué

De tout givre. Maintenant je me recompose en

Lambeaux de frissons, en - c'est à vue d'oeil, dans

L'optique d'un changement, d'une évolution, d'un autrement.


Admirables immobilités recouvertes de vapeurs

Ou de rosée dans les interstices inconnus. Oui, ce

Sont de nouveaux précipices - myrrhes épaisses

Pour recracher les saveurs d'un été ou d'un monde

Oublié.


Invoque une météorite ou une sonde cassée.

Qu'est-ce là devant soi - quel espace apparaît enfin ?

Que puis-je prétendre voir ?


Seulement aux abords

Du visage - là devant soi - en expectatives de rumeurs.




Les rêves-miens



Oui, ce sont des rêves-miens - je veux à présent

Extirper avec fouets et échasses pour piétiner

À hauteurs de sexes et de testicules d'hommes renversés.


Là bien ouverts dans le souffle du bois, des culs

Riches et luminescents soumis et tendres à l'extrême.


Des gorges sur touffus - Léchez ! Léchez - c'est

Suppliant ! Ce sont des épanchements de sueurs

Et - je traverse mes fantasmes en applications

Sexelles et vicieuses. Prenez mon rire !


À coups de

Fouets et d'épines sous la guillotine, leur gémis-

Sement est plus fort ! Pour tout labeur dans des

Trous éclatés. La gorge étouffée contre mon

Pied nu, et j'asphyxie !


Mon bien-dormant pour

Le plaisir de mes songes, je me caresse doucement...


Renverse-toi


Renverse-toi et dégoise dans le pur assassinat

De ces choses inchangées. Ici toute contrée

Est morte, toute vieille pute s'esclaffe en

Puant.


Pisseux, foireux - tel est ton véritable

Nom. Retourne-toi en scato buissonnant

Dans les airs.


Accroche les torches baladeuses

Dans ces bactéries voraces !


Elle est là qui s'enroule

Et se déroule dans ses excréments printaniers. Oui,

Mange, bois, essuie-toi sur le haut de

La cuisse - c'est le supérieur !


Mais toi, enfume,

Insiste - le monde entier te regarde !


Toujours en désirs violacés - d'ivresse folle

- De se dire - j'aime - pourquoi pas ! Oui,

En haut de cuisse et de jouissance fine - prends-la.


Savantasse et soti


Rien de ce qui existe en hurlements de rien,

En sensibles abandons de présent - de futur -

De futur - pour s'évader et inventer en produc-

Tivité avec autrui - en compagnie.


Oui, savantasse

Et soti prétendant posséder le nouveau vrai -

Du moins une de ses rumeurs.


Tu dois fertiliser ce

Monstre pour en extraire des vérités inattaquables.

Est-ce là devant qui le "réel" s'extrait ? Je

Me soumets à ta plongée, à ce monde aspirant

L'âme claire.


Maladroite est ton humeur, de

Réduis-toi au partage dans la lancée de l'in-

Connu. Jamais nous ne parviendrons à être ce

Qui est une réduction de rien. Mais encore, tu avances

Jusqu'à l'éclatement splendide de mes folies diverses !

Le pacte


Longtemps longtemps pensant à moi

Et je déplorais l'insignifiant brigandage


Enfin nous pactisions La nuit courbait son échine


Nous étions envahis par l'ombre du Néant

Oppressés par la cage qui nous écrasait


Tu ne voulais plus voir - certains fraternisaient

dénués de toute défense


Tous ces pans s'effondraient dans l'ordre de Syracuse

il fallait inventer un pacte naissant, un langage inouï

pour crédibiliser son peu de foi


Les plus audacieux proposaient de pâles esquisses

accompagnés de mots


Nous devions découvrir de fertiles estampes

ou encore conquérir des citadelles ouvertes


Comment s'extraire du piège, du labyrinthe impossible ?


Encore pensant pensant à toi

Efforce-toi d'être dans la pénombre de l'inutile



La beauté glorifiée



Sois toi domptée en lubies de fantasmes-miens

Coups de sang de feu et de savoirs subtils

Gémissements en : je tremble et vacille et brise

Toutes mes lignes et tiges invisibles de vrais plaisirs


Je te confie ma sublime substance avec : sois à

L'extrême, sois et nourris-moi de tes turgescences

Claires. Ou je bois à tes poisons empestés de

Foetus occultes en humide chatte à respirer.


En marche arrière, en reprise, amusette et

Douce auréole à lécher pertinemment, en petits

Coups de salives/désirs, ou suffoque dans ma


Chair digne, déverse tout flux avec j'arrive à

Ta hauteur pour l'effort intense qui nous enivre

Je te quémande d'autres mérites, ô beauté glorifiée.

L’ultime chimère



L'ultime chimère des voix du monde

N'est plus une limite à imiter

Il faut sans contrainte accéder

À l'au-delà et aux sources de l'interdit


La pensée qui se renouvelle sans cesse

Acclame des désirs tumultueux

Va trop loin dans l'idéal ou les catastrophes

- Cela est peu - cela est peu


Comme une pensée fugitive

Je me glisse dans la nuit,

À la nuit j'offre mon délire


De nouvelles formes naissent purifiées

J'élude. Tout est à connaître

L'immense volonté est à construire




La chair des filles-fauves



De ce rien et de ne point supposer

Dans l'espoir qui se joue dans son génie génitif

Ainsi pour contrebalancer le tableau ludique et fier

Je sais, je sais - je t'abaisse en entre-rôles. 


Dérivées de pensées dans la masse incertaine, dérivées

Que prétends-tu dans cet ourlet indécis - la bride ?


C'est un sexe imprimé qui implore son extase

C'est la joue bafouée, emmurée contre le passage.

Pour un clair sévice honorant la torture,

Le vice du plaisir ou de la chair se déploie,

Se déploie dans la nuit.


Pourquoi dans l'astre clair

À la hussarde, confondant les couleurs infusées

Là où nulle ronde ne surgit, invoquer l'orgasme

Belliqueux planté contre des chairs de filles-fauves ?







L'orgueil du renouveau



Semences sombres aux cris de la paroi de se

Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit

Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans

La chair sur des axes interdits que des identités

Confondent avec des ombres ou des songes.


Sourd et terrible qu'un souffle hors de soi réduit

Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque

Soleil - je puis souffrir désespérément.


Ici,

Tout succombe dans le vide - qui remonte ou

Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi

Amasse des poignées de poussières pour faire se

Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors

De ce vide intérieur des lignes convergentes vers

Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.





L'aléatoire de l'impossible



Poursuivons de se défigurer le plus simple

n'est pas d'être le plus précoce qu'il a l'air

d'accoucher je croise les lignes sur une tête de lin


Dans la soie et les dentelles, la divinité m'est

insupportable tu te faufiles en petite méthode

brodée c'est finalement une belle composition

en lambeaux d'impossibles


(Que pouvais-je moi planté dans cette fosse de

fossiles Produire de l'incohérence Accorder

une acoustique à des crécelles d'autrefois ?)


Debout assis sur l'emplacement, choisissant le

hasard, je m'insurge là où il n'existe pas Encore,

j'entends des douleurs Voici ma parité : d'être et

de n'être pas dans l'aléatoire de l'impossible.





Le coq rouge et bleu


Là-haut, avivant quelque teinte de splendeur ;

Englué-là en subtile silhouette fine, en

Aval pour la force qui bascule en avril,

Le voilà coq rouge et bleu respirant dans sa

Brume.


Sont-ce des élancements de chocs erratiques,

Des idéalisations dans un sein superbe ?


Fait de

Virages, le tout est à reprendre - le transfert

Est au chantant. Il doit repenser en subtiles

Arabesques, en effusions de rivières claires, il


Doit - plutôt que de - et de sécher les blessures,

En formidables essais à détruire.


Crie dans l'essentiel,

Attise un autre feu, - non point en simulacres de

Nuages vierges, mais de masques de guerre en

Fer !


Que cette théorie soit une suite qui s'invente !




Les soeurs crépusculaires


Que danse, danse ce fantasme dans cet espoir saint !

Que ce stupide séraphin affabule encore !

Il travaille toujours, et ses forces semblent érodées.


Tu m'éveilles sur tes folies expansives. Je suis

Un dieu de la ramée au geste clair sans ride.


Toute arabesque, toute auréole pourra se substituer

À quelconque essence. Je m'endors dans mes écueils.


Celle qui est signe. À la clairière, sur le front,

Se reposant - qui m'ensoleille depuis des millénaires,

Et la douceur de ses seins est un bouquet d'extase.


C'est une fille-libellule à la jambe longue et

Fine s'octroyant quelque extase dans les airs

Cristallins - fille avec vierges vers des

Bouquets, soeurs crépusculaires à jamais immortelles.


En certifiant l'avenir...



La pensée archaïque est déjà déchue

- plus jamais recherchée en osmose de grandeur -

Ce qui la détermine et peut la distinguer, est-ce

le fruit d'une évolution ou de la transformation d'une époque

achevée ?


...Tout cela était le fait des choses d'autrefois et

semblait soumis à disparaître quand des parcelles

or ou dorées s'échappaient du Néant, et voulaient

remonter à la surface du renouveau.


Les uns coagulés aux autres par l'esprit de synthèse

proposaient des solutions aptes à être exploitées.


Tout à coup des choses furent que certains allaient

chercher. La certitude ancienne continuerait à disparaître.

La certitude nouvelle allait s'imposer et offrir par la voix

des disciples de nouvelles propositions enrichies.




Les bleus irisés


Voltigeant en ombre impossible, et là un vertige

En prise aux rires clairs et limpides. L'or

S'égare en compensations de matrices ivres. On

Intègre la sève. La plume serpentine est une

Sonate à éclore. Tout est donné au léger.


Voilà les rares couleurs, et la fugue tout à coup

Disperse ses cris et ses raideurs. Ici

Ce sont bas-reliefs construisant la chaîne des

Inédits. Les danses fougueuses s'émancipent dans

La joie. Il semble suspendu à un corset

De cuir. Le délire mental est une partie intéres-

Sante à considérer.


C'est encore le beau métabolisme

Du poète en folie. La lyre s'émancipe peu à peu

Dans une tournée d'orage à dépeindre nuitamment.








Les chapelets grège



Comme pour osciller dans des chapelets grèges,

Enfouissant la violence qui se dévide nuitamment,

Là, au calme, aux portes d'un Ether, la volonté-fièvre

S'apaise tout à coup. Apeurée, en

Boulimie de douleurs sauvages, la pensée

Synthétise de nouvelles audaces et prétend déployer

De rares absurdités.


Sont-ce des instincts

Clairs en tête empierrée qui suintent et

Offrent des moisissures de produits inhérents,

Incohérents à la conscience pure, par effets

Compensateurs, sous une sorte d'analyse aléatoire ?


L'esprit résout en sombres traverses et souffle

De basses subtilités qui s'imprègnent bêtement

Sue la page empestée de noires candeurs poétiques.




Nouvelles laitances


Le jeu s'allonge à deux ? En post-beauté, si

Le feu montait ? - Distinguant mes attributs,

Je te reprends à califourchon déplaçant nos

Scandales de vices endiablés. Sous une gerbe

De laitance, je me déploie et tu gémis encore.

Je plonge dans l'obscurité.


Calfeutrant mon front,

Je prétends m'endormir. Je me régénère encore.

Je lance dans mon vide des fantasmes obséquieux.


Pourquoi accélérer l'apothéose quand la chair se

Retient et implore le plaisir ?


Vers ton Néant, vers

Ton orgasme où le feu est un éblouissement

Cérébral, mais retombant encore dans mon ridicule

Poisseux accumulant souffles, relents et fatigues

De l'âme. Le tout est encore à recommencer.







Nostalgie



Dans cette bleuité s'éclipse sa transparence ;

Ici sous le ciel lumineux s'éteint son propre

Désir. Infiniment en toi, je sens mourir

Ou s'épuiser ton sanglotant soupir qui me

Rappelle les lointains de l'enfance d'autrefois.


Qui s'élève en ce lieu pour un rayon d'opale ?

Avec tendresse là, je crois aimer

Le baiser le plus doux. Inaccessible belle, frêle

Aux larmes qui jonchèrent le long de ma jeunesse,

Me seras-tu beauté d'hier aux heures perdues ?


Le voile du temps recouvre lentement mes souvenirs,

Ce qui était n'est plus, disparu dans l'ivresse

De l'oubli.


Tout est nimbé de transparence,

Et la mouvante lumière confond ses subtils nectars.




Les créatures princières



Là-haut, atteignant quelque force - englué

Dans une silhouette de femme qui me désespère

Constamment. Quand la nuit bascule en forme

De rien, quand les blocs erratiques s'écrasent

Dans mon âme, je dis :


- Déplace les idéalisations

De beautés pures, ceci est un solstice d'été !

Chantant, hurlant, implorant des idéales crépusculaires,

Je crois gémir encore et je me désespère éternellement.


D'autres sources : - Supplie en mars,

Là, lèche contre la blessure - c'est une créature

Engluées de forces maléfiques qui veulent détruire !

Tu dois te libérer. Blottis-toi dans l'extravagance

Délire encore. Fais de ton mieux. Là-bas

Sont les exploits fabuleux des créatures princières.







L'éventail circulaire


Reconnaissant son propre système, s'en inspirant

Encore, il gémit quand viennent les cendres de

Mai. Apprendre à maîtriser la force conti-

Nuelle. Quelles dépenses d'énergie orientant

Son impossible exil ! Que la beauté du

Non-ordre fracasse cette pensée auréolée

D'objets concentriques dans les moiteurs âcres

D'une nuit bariolée !


Retourne l'objet - il est en lutte.

Déplace ta rancoeur - elle se déploie encore.


D'autres lumières circulent - il faut suivre

Les bords. Vrai ! Des sources circulent et semblent

Des flux fictifs dans une mémoire qui abonde.


La volonté profonde, la vérité du soleil ex-

Priment encore l'épanouissement de l'éventail circulaire.





De toujours



De toujours s'enflammer dans des désirs obscènes.


Pénétrant cette porte et tu demeures à l'extérieur.


C'est de la folie ! Cette fluidité t'est déjà soumise.

Demeure en. Partage l'impossible. Sois dans l'interdit.


J'exige le Néant - ce Néant. Tu m'indisposes.

L'effet à venir est une esclave absurde.


Ombre pure, ombre vaine - et c'est grande déchéance

que de se morfondre dans cette aberration.


L'analyse potentielle se déploie dans ses carcans.


Il se déploie - pense - pense autrement -

et son ample lumière est une source d'orgie.


Il explose en délires obscurs, en ivresse d'extase

comme un magma trop lourd - vrille, souffle,

expire ou dégouline encore. Apaise-toi.

En toute gourmande



Qui m'entraîne en ce lieu ? Qui eut peur de ces

Faibles pensées primaires, sottes, inutiles et

Stériles ?


C'est à lécher en toute gourmande de se dire :

Je suis à atteindre. Ceci est mon ultime

Espoir.


Et le tout va et balance dans des audaces

Extravagantes. Quel beau morceau d'art classique

Que ces audaces incongrues !


La jeune alerte exprime

Tous ses désirs. À la hussarde ou au hasard.

Elle crie : " Ce sera toi, l'amant s'écroulant dans

Des torches flamboyantes. Tressaille, contente-toi de

Ces seins pour toute tentation ou dévale en moi par

Toutes les manières. Je veux, veux m'épuiser jusqu'à

L'orgasme perpétuel et m'occire dans des poses virtuelles,

La finalité étant de voler quelque peu ces nuages instables.




Procédés



Je dois procéder par extases impossibles ou encore

Me dilater avec ces sorcelleries admises

Et ces simulacres absurdes - c'est-à-dire : il me faut

Plonger dans l'abîme clair, effectif et vivant avec

Le fantôme de l'autre qui se déploie éternellement,

Avec incantations magiques - éclairs et fantasmes

De l'interdit.


Sera-ce souterrain comme de décrire

Un devin - un spectre auxiliaire participant

À la nuitée dans l'absolu ?


Au nom de la révolution

Barbare, quels signes, quelles disparitions tout à coup

Pour se morfondre dans l'absolu et le dérisoire ?


Ton corps le sait. Ta pensée l'expulse.

Je vais faire disparaître le pervers

Et le diabolique inopérants. Ceci sera pour notre amour.



Claire



Claire qui n'y est pas - et pour s'entendre dire :

Je suis en toi exténuée, avivant mes valeurs,

Suppliant mes extases - tu sais combien je t'aime !


Dans mes cheveux rugueux, ce sont de nobles diadèmes

Un pur étalement de boucles soyeuses.

Je dors en douceurs fertiles, désable-moi dans

Tes audaces - je te supplierai à genoux.


À la fois dégagée des candeurs d'autrefois

L'air est moite et je mue dans mes filtres chauds.


Ou nue sous ta corde, endiablée et soumise

Ton pied contre ma joue, j'invoque des belles

Extases, j'aboie, je lèche, je quémande.


La condition de celui qui sait humilier. Tout

Gémissement nouveau est un plaisir à satisfaire.





Par cette fente



Par cette fente - profondément

Sur l'étendue où ça s'écarte

Le droit à la puissance - le

Rapprochement de deux chairs


Là où se pensent les orgasmes à

Satisfaire - l'homme y abdique

En gémissant - c'est la promesse

Du donnant-jouissant à deux ou plus !


Pour ignorer le temps dans un feu

D'éclairs. L'immense clarté vers

Un puits profond avec ébats pour

Le conscient pas-là. Suppliant


Elle veut toujours jouir. Errer

Dans l'ivresse de l'orgasme, au-delà. Oui.






La ramée



Exigeant, avivant quelque nouvelle force,

Les blocs lourds s'écrasent nuitamment. La pensée

Solaire offre d'autres conjonctures. Tout suinte

Sur le levant crépusculaire. Ce sont des enchâs-

Sements, des sifflements acides.


Ce sont encore de vaines aubes espérant un lointain

Scintillant fait d'audaces cérébrales et d'ap-

Plications interdites.


Pourtant un niais prétend

Sous son vitrail multicolore substituer une essence

De fleurs belles - il prétend de ses doigts purs

Manier l'ombelle et le souffle haut.


Qui cherche

A se supplanter dans les mirages impossibles, à

S'imposer dans les clartés aigres de son audace ?


La ramée oscille en signes distinctifs et incompris.



Le porte-fièvre



Vacuité en porte-fièvre de décide-toi là.

Fils d'or et d'instinct - au loin, des spirales

Dorment encore. Ce sont des filaments clairs

Sur une sorte d'éther cotonneux. Plus subtils,

D'autres cercles, au loin diaprés, comme

Phrasés, émanents, à l'infini.


À présent,

Violence qui synthétise des noirs et des embruns.

Sous une laitance dense avec vols et émois,

Post-beauté pour la tourterelle voltigeant

Dans la vitesse de ma pensée.


En mai, de te

Reprendre dans mon espoir dégarni pour te subs-

Tituer en quintessence impossible.


Dialogue apeuré

De : offre-toi en meilleur. Creuse, entoure cette

Energie d'écriture, subtile poésie incomprise.

L'orgueil du purifié


Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.


Se dresse l'abîme au plus profond des ruines,

Enfouie dans la mémoire du temps.


Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface.

Dans l'invisible, il ne reste rien.


Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.

Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,

Pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.


Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît

Dans ce mensonge de création qui n'est pas.


Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon

sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière

qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux

dégoulinantes de sang et d'excréments. Tel est l'orgueil du purifié !



Fluides clairs


Ce flux de fluides clairs

De pensées aiguisées par le sens

Vivifié par le présent proche,

Bat en elle et compose le futur


Elle plonge au plus obscur

Se retrempe dans son Néant

Ignore toute transparence

Se déçoit dans sa vélocité


Fustigée, méprisée

Elle se targue de soi-même

Se déploie dans son infini


Elle implore la lumière

Supplie l'espoir d'un au-delà

Sachant son avenir meilleur






Nuit noire


Nuit noire et pourquoi tout à coup

Faut-il se corrompre


Tout conspire dans la basse lumière

A n'être rien


Eclats de salives blêmes

Qui défait l'écheveau du cerveau


Miroir de feuille difforme

Qui nie et renie l'objet créé


La pensée s’échafaude

Dans le Néant subi


Une flambée d'injectives croit encore

A l'idéal poétique


La chute, le puits - constats médiocres

Dans l'éphémère à effacer




Apparences

La poudre de printemps


Tes chevilles, jeune fille dans ta poudre de printemps


Fille élancée, beauté particulière, avec ces avancées hautes,

Altières, et glus de sang au fond de toi


Dans maints rêves, est cette fille svelte

Je te vois légère sur tes pieds nus


Le bleu de l'étoffe caresse ton épiderme clair

S'y jette une pluie de pourpre, de lumière et de feux

Entrecroisés encore


Le tout forme une seule ombre avec ton sourire

De menthe douce sur ton visage


Tu es mon éden, cette floraison de vignes

Dans la beauté de l'idéal


Et moi, je te supplie humblement dans l'incandescence

De ma vieillesse, me soumettant encore




Les belles pertes


D'un corps se dodelinant dans les charpentes

Corps mugit sous longue suppliante

D'un corps se souvenant de ses jouissailles

Corps dessous avec abstrait


Ici c'est la symbiose du plaisir

Avec râles et mugissements

Prières également


Le déplacé pour te souffrir

Pour t'imaginer telle autre


L'effort du plaisir est un ordre à venir

Toujours en moi, te finissant - voilà mon idéal

En folie de belles pertes


L'immobilité éternelle de ces fleurs feues perdues

Dans mon délire est un orgasme à obtenir




Modèle dit :


Modèle dit : de penser autrement

C'est ça : flotte et vacille dans l'entrepôt

ou les déboires

Du moins pour l'obtenir ce son avec sa cloche !

Le fou fusionne pour sa chimérique

impossibilité ~ de tendres rumeurs ;

L'idée du soufflé avec du vent

par-delà les airs


Il suinte de la poussière grise

Sur tes cordes vocales - croasse encore


L'intuition relative et l'idéal du chant


Tu grinces, petit souffle, et cela est

Médiocre dans ta rauque inaptitude


La conjoncture des fleurs est-elle meilleure ?











Les arrêts songeurs


Par arrêts songeurs, invoquant un

Procédé de placages d'images

- De ça pour ça, d'imitations -

De dérivées admises, audacieuses parfois


Ils soudoient avec l'ombre qui plonge

Et va au crin de la langue, ces poètes

A risque - rétrécissant leur fureur

Dans la poussière de la malversation


Esotérisme cérébral, ô poètes blessés

Qui s'envolent avec violence parasitaire

De rose pour surplomber le marécage


Infâme du Néant où clignent quelques

Appels désespérés, pâles lumières torves

Dans l'incendie spirituel de l'âme






Elle, égarée et nue


Elle, égarée et nue en jouissances saccadées

Suspendue, écartée, en toi, fleurissent tes odeurs


Elle s'immortalise dans mon foyer interdit

Elle possède des dons surnaturels

En spirales de fille prise qui accouche


Perverse, tu dois déglutir en saccades de rots

Et de plaisirs insignifiants - du moins pour le partage


Elle espère constamment que sa résistance s'achève,

Qu'il supplie humblement la fin de ses soupirs


Toute la nuit, elle a pensé l'étrangler


Fais la circuler - écrase-la avec ses spasmes

Et ses désirs - elle accouche ses grains

Et ses raisins, rossés, en spirales.


Ton ingénuité est un orgasme. Défends-toi avec tes reliques.










La saillie


Attaché à la chair de l'autre

dans ta saillie avec représailles


Il arrache des cris sublimes

à ce huis clos où la douleur revient sans cesse


Il se heurte au combat cérébral

Elle console de la vie, elle la dévide

en jouissances fugaces de conscience suspendue

l'abrutissant avant de l'endormir avec des maux


Renverse-le sur le flanc de tout son poids

pour contrer sa résistance


Dans la douleur installée, réveille-le encore


Elle espère constamment que sa résistance s'achève,

qu'il supplie humblement la fin de son plaisir


Toute la nuit, elle a pensé à l'étrangler




Sa thyrse


Au milieu du sens,

Qu'en est-il ?

Elle est son mystère,

Sa thyrse !

Coffre de l'Inde.


Il a ses replis,

Il alimente ses phosphores.


Voit-il sous ses vitres ?

Il hante sa mémoire,

Vit d'hallucinations.


Il imagine un ruban

Pour sa pensée.


Elle s'échappait dans le désir

Il la revoit éternellement











Les subtilités perverses


Ce sont encore de subtilités perverses qui se déploient à l'infini.

L'ère des bactériennes et des velues étant révolue,

Pourquoi s'attarder si chétivement ?

Elle s'avise à qui mieux mieux dans le dortoir des Novices.

Je la sais quémander un exutoire pour sa jouissance.

Elle est au bas étage du plaisir et se prétend sublimée.


Défroqué, dénudé ou en costume repeint,

J'exerce cette saveur comme un chant détestable.


Il se voulait esclave, soumis à la pulpe crémeuse

Volant des idées chères à la destinée...


Je fus dans l'ordre impalpable, regrettant

Les idées mêmes, calfeutrant mes pensées.


C'est toujours la couleur claire qui offre ses aumônes.

Délaisse ces instants - cela ira mieux.





Certitudes observées


Il est ridicule de s'éterniser

Le chemin du discours ne mène nulle part

Ici le sac est envoûté

Une suite de rimes à oublier

Qui peint des racines à l'infini

La buée s'accumule dans des fentes diverses

La chair est impossible


Le silence t'effraie ! Et à quoi donc ?

Tu te divertis dans ton propre piège

Seul là, seul, à se jeter sur la Croix


Je veux pour abolir le silence

La fascinante apothéose du Néant


Ton corps en nudité est un triomphe

L'achèvement est une issue













De toi


De toi, dans ton plus limpide

Existant à travers les saveurs

Avec plus ou moins d'étincelles à démêler

Inventant le crime, publiant son exploit


Ici tout est pour le Haut

Reconsidère ma motivation

J'exploite d'obséquieuses vasques de plaisir

Avec l'horreur qui pullule


Toi, encore, en fadeurs d'aigre fin

Démêlant le vain plan, bariolant les couleurs

Conçois dans le supérieur et adule-toi


Je veux mourir nuitamment

Dans le principe de l'amour clair

Déplaçant mes espaces vers d'impossibles inconnus






La faible intensité


C'est la faible intensité

Qui appelle !

C'est affaire de saveurs !


Je me conduis dans l'euphorie,

J'élabore la théorie belle.


Aspiré vers le plus,

Puis-je espérer encore ?


Je plonge dans la brume

Qui m'enveloppe déjà.


Renforce-toi avec tes nuages.

Le Sel élabore sous peu.


Le soleil est désir expirant,

Je soupire malgré lui.


La lumière supplie l'Opéra.








Qui suis-je ?


Ma gloire, est-elle illimitée ?

Gloire d'objets fangeux et inutiles,

Silhouette de prêt-à-porter stupide...


Que m'inflige cette mémoire ?

- Du moins, quel rien à décrypter

A recomprendre ou à reconsidérer

Autrement ?


J'espère de nombreux caractères

Ivres et nouveaux - différents.


Je surabonde dans mon enclos invoquant

Quelque possibilité passagère. Ma trace

Est commune. Je me confonds et je déchiffre

L'interdit d'autrefois où des empreintes

Immortelles apparaissaient ici et là. Qui suis-je,

Là dans la portée de mon interrogation ? Oui !

Scintillation des choses inouïes


La scintillation des choses inouïes

Les fleurs parvenues à leur extrême

Les exaltations dans la blanche rumeur

Les surprises soumises à des délires suprêmes


Soumets-toi à l'offre des absurdes

Allonge-toi dans les ténèbres mêmes

Là sera ta jubilation, ton délire d'orgasmes


La reconnaissance des fleurs fanées invisibles

La double vague dans le berceau des langueurs

L'impromptu à échoir dans le délire des lumières

Et qu'est-ce encore pour nos jouissances infinies ?


Ho ! Beautés inconnues tombées dans le vide

Tel est notre étrange mystère dépourvu

De tout vice, expliquant l’immense difficulté à vivre














L'étendue silencieuse


Au faîte d'une étendue silencieuse

Implorant le plaisir de mieux apparaître

Implorant - implorant toutefois


Aspirer la chose semble nécessité

Sexuelle. Mais il y a des délires

Et tout tangue - tout est flammes

Dans ces folies physiques !


La beauté

Revient de loin, soumise, prise et reprise

Dans les châteaux de l'estime - oui.


Elle aime encore - elle reçoit et gémit

Quand l'homme superbe et conscient

Agite la folie passive de l'orgasme futur


C'est selon : de toi à moi - subtile

Ou perverse, gémissant, quémandant enocre !






L'étendue impossible


Au faîte d'une étendue impossible

Avivant quelque saveur interdite

Tu vois, je tombe et succombe

Espérant quelque essai supérieur


Dans l'Eternité d'un ciel ténébreux

Elle est là qui gémit et supplie

Qui implore l'Idéal interdit

Mais qui, en vérité, n'obtient rien


Je propose une folie autorisée

Douce, abstraite, chimérique, royale

J'essaie d'exister dans un possible aléatoire


Mes horizons gémissent dans la gloire

De n'être pas - mes lèvres vicieuses quémandent

Des perversions bizarres - je suis là où tu n'es pas










Le talisman


L'Usure a soif

L'Usure à défaire la laitière


Au plus profond de toi,

Je sens un mal définitif


A toujours te travailler

J'espère nos pluriels dérisoires

Clauses de nos désirs interdits


Je cherche l'abondance

De nos jeux obsessionnels


Ce sont des outils quotidiens

Implorant des délires, soumis à des désirs

Gémissant toutefois


Je m'en remets à ton talisman

Quémandant de nouvelles querelles obscures





Les chiennes idolâtres


Et là dans l'étouffant silence

Avec divagations perverses

Soumis à l'inconnu, le corps espère

Le corps gémit - fouet après fouet,

Coups de suppliques et d'implorations,

D'obéissance et d'extase également.


Je souffle et soupire, le collier à la bouche

Dans cet espace éclaté où les gémissements

Forment l'ordre, où la chair implore

Et se débat dans des audaces perverses

Pour jouir plus fortement encore.


Mon horizon

Sadique abat leurs muqueuses - ce sont

Des chiennes idolâtres quémandant des hurlements

Lascifs - je les lèche et les supplie encore.










Apparence de paysage


Au seuil de l'apparence

Suppliant entre nous deux

Ta durée semble vague

Infiniment partagée


C'est le clair de l'eau qui flotte

Entre ses lagunes, c'est la tièdeur

Que le vent dissipera


Le bleu s'évade doucement

Nulle terre n'arrchera le silence

Nulle plainte cependant n'apparaît


Le tout est parade de révolte ???

L'intime s'exprime, exulte

Ses douleurs rouges incendiées

Avant qu'un paysage ne flamboie




L’utopie



La scintillation des choses inconnues

L'amertume abjecte infligée à ton corps

Le réactif stupide refusant les deux pôles

Et la grandeur glacée soumise au râles infectes

Tu vois : de tous côtés, tout est médiocrité


Je te dévoile dans ton impossible à atteindre

J'exulte toutefois, espérant ton orgasme

Je me défais dans des circonvolutions stupides

J'invoque la grandeur d'un Dieu de me voir autrement

Encore : je pousse outre mes folies pour te plaire


Malgré ton mécanisme, je spécule encore

Je sévis sous des persécutions douteuses

Je suis entre l'éanarque et le consubtantiel

Réveillant les morts, croyant parfois à mon infini














Les perceptions


C'est la portée des perceptions - tout est

essentiellement sourd.

Il s'agit de savoir comment l'humeur glisse.

Dans les méandres abjectes, la pensée demeure.


Déniaise-toi dans ton plus haut.

Les solutions absurdes te sont déjà offertes.


Elles renforcent le rythme et l'attention -

c'est pour le projet de l'âme ~ inspirée

en décomposées - pour jouir - évidemmment.


Des idées syllabiques engendrent

des formations douteuses - je vole dans ton éclat

et m'accoutume à tes silences.


Ils m'indiquentla sphère à porter. Je m'habitue

à tes délires y observant une force de bonne aloi.






La main alerte



Avec la main alerte

Histoire de penser : je puis écrire

Tentatives pour produire autrement


Ce sont des arabesques graciles

Avec labyrinthes fangeux

Je sais : je suis un précurseur

Sans être savant


Le circuit va en forces progressives

Le nerf est à la dérive

En s'épuisant nuitamment


J'efface le chemin circulaire

Je doute du nouvel avenir

Va, eau vive de mes idées

Ton exutoire sera meilleur











Profession : Poésie


Par maintes feintes

L'esprit peut exprimer son calcul cérébral

Je délaisse les services

Et me répands dans la folie industrielle

C'est vrai : je suis un géant

Et j'engrange des nullités d'extase


Dans l'envahissement de mes pensées

Sous ce ciel bleu turquoise et infini

J'idéalise un segment de ma vie poétique

Et je déclare des feux obscurs - là,

Très à l'intérieur


Mon fonctionnement est incompris

Je suis un inutile - le cas à condamner

J'essaie de vivre, pressé par les extrêmes





La grâce futile


Penser par là - on peut supposer

Avec la grâce futile ou le baiser discret

Question de lumière tamisée


Le chemin est de travers

Mais l'onde s'esclaffe nuitamment


Buttées dans ces massifs noirs

Où nulle éclaircie n'encourage le lecteur


Il entre dans une spécialisation lointaine

Le présent côtoie l'indécis

La forme des ombres se déplace

La vérité s'enchaîne


Sur ces lieux, jamais assouvi

Il est dans la rigueur

Le réel déploie une autre forme impossible












En plein affrontements


En plein affrontement d'oiseaux dévidés

Turgescences d'orgasmes

Et pensée soulevée par l'infâme clameur


Tu vois : je me défais selon

Ils sont yeux rouges arrachant les étoiles

Eveillant des rêves obscurs

Dans l'effroi du Néant

Que faiblesse qui trahit un peu de chose feinte


Mais buttant contre les nuées

Tous ces combats s'avèrent perfides

Les voilà succombant dans l'espace broyé

Dispersant leurs clameurs, leurs souffles et leurs râles


Par l'obscurité des choses infinies

Je tremble encore fuyant mes horreurs




L'autre rivière


Je te transporte dans la plaine

Croyant à mes blessures

Tout est intact et calibré dans les coins


Ce sont des monstres d'investitures

Cherchant bestialement l'impossibilité

du vrai - cherchant - cherchant encore -

mais allant dans le Néant, en vérité.


Ne tremble pas - une autre rivière t'est destiné -

ce seront tourbillons et écumes - phares transférés

vers l'Eternel.


Il te faut croire en moi - ceci n'est rien - croire en moi


Voilà les torrents projetés indifféremment

dans l'aléa de l'inutile - en contre-pensée,

pour la vérité, exactement





La quête du vrai



Je te transporte dans la plaine

Croyant à mes blessures

Tout est intact et calibré dans les recoins


Ce sont des monstres d'investitures

Cherchant bestialement l'impossibilité

du vrai - cherchant - cherchant encore -

mais allant dans le Néant en vérité


Ne tremble pas - une autre rivière

t'est destiné - ce seront tourbillons et écumes -

phares transférés vers l'Eternel


Il te faut croire en moi - ceci n'est rien.

Crois - crois en moi - ceci n'est rien


Voilà les cailloux projetés dans l'indifférence

de l'aléa inutile - en contre pensée - pour la vérité






Les flocons-éclairs


Vers quelle marche il s'ensuit ?

Ruines, déchets et fossiles !

Vers quelle porte inutile ?

Détruit et quelle souffrance stupide !


Le modèle est très loin, ailleurs

Tes yeux sont le symbole de l'impossible à atteindre

Il y a le trouble avec les flocons-éclairs,

avec la contrainte, dans l'absurde


Chercher l'exil paraît heureux

Poursuivre est le but à atteindre

Au plus profond, toujours en soi


Le chemin n'a jamais existé

Passer par là et fuir vers l'infini

Pour s'engouffrer dans nulle part

Les aléas chimériques


Là dans le jet et le supplice pour surabonder en déficience,

avec l'esprit malsain pour fuir à grande vitesse.


Je dois vivre, vivre dans un ghetto et délaisser les orgasmes

irréels qui constellent mon palais.


Ma vie est un tracé de supplices où j'essaie de jouir,

de jouir encore - je sais : vous me comprenez.


Pousse, force, insiste, m'explique l'esprit qui veut m'offrir

le plaisir.


Quel plaisir ? Une finitude absurde auréolée d'aberrations.

Je sais : j'espère et je gémis encore.


Avec le plus grand. Je renonce à quelque solution nouvelle.

Je quémande l'Au-delà de mieux faire. Je me morfonds et

je tergiverse dans ces aléas chimériques, dans ces douces folies

implorant un avenir meilleur.




J'imagine un motif


Produire pour être et paraître

Dans la dignité de l'être-rien

Je voudrais tant me soustraire à l'injustice

Mes soumissions me semblent inutiles

J'ai besoin de m'entretenir avec des structures

Le tour du Néant est un mal à admettre

La tendance est passagère mais elle se noie sciemment

Je dois me répandre dans des morphismes absurdes


Le nouveau système est un principe stupide

J'ai besoin de délaisser cette matérialité abjecte

Le nu est inventif

Le long de mon pénis, la chair m'apparaît vaine


Il faut déduire un nouvel impossible,

Au-delà du crédible - j'avance sous peu



Autre fièvre


Est-ce fièvre happée

dans les crimes et les nuisances ?


Et là au fond de moi,

que sont-ce que ces tourments ?


La belle partagée

avec nectars avivant des douceurs claires,

noyée dans sa fraîcheur matinale

je la sais soupirer faiblement


Voici des fruits chargés de parfums,

puis des lavandes vagabondes courrant

au milieu des fleurs


Peut-être est-ce fortune d'aube ?

Tout un empierrement de pensées

s'exhale lentement.


Les Bacchantes


Est-ce fièvre berçante

dans les soubresauts de l'inconnu

Ou pensées flamboyantes

tourmentées, mises à moitié nu ?


Elles sont lointaines et solennelles

et s'attribent l'injuste bu

Elles chantent dans les sombres tavernes

ou se répandent dans les rues


Les voilà immenses et ignobles

s'attribuant de sinistres rôles


Sont-elles femmes Bacchantes

à prendre, à lécher ou gémissantes

dans ces sublimes fêtes orgiaques

ou le plaisir est supplicié ?




TABLE DES MATIÈRES



Préface au Grand Livre des Sonnets

Recueils ayant participé à la composition de cet ouvrage


L’huile fraîche Le germe et la semence Le moût et le froment

Le manuscrit inachevé Parfums d’apaisement La racine et la source

Le sac et la cendre Le buis et le houx Le grain et le regain Le lin et la laine P 12 Collages Losanges

Prières - Phrases – Exil Sachet d’herbes Douleurs extrêmes Sueurs sacrées, éloge de l’orgasme, la faucille sanglante Le livre blanc Les sonnets 84 Grappillages Souffles Nouveaux I Souffles Nouveaux II Messages I Messages IV Le sac et la cendre Parfum d’apaisement La racine et la Source Les interdits Douleurs extrêmes Messages VI Résonances I Résonances II Résonances III Résonances IV Résonances V Résonances VI Le grain et le regain Suites/Relances Pièces courtes Suites/Relances II Suites/Relances III Suites/Relances IV Le Lin et la Laine Pièces courtes Résonances I Résonances III Résonances IV Suites/Relances II, III, IV Pensées sculptées Endormies sur le feu Rajouts de Pièces courtes Les roses ensevelies Les miroirs obliques Déviances Substances et

Distances Variances Apparences