FRANCK LOZAC'H
LE
GRAND LIVRE
DES SONNETS
Préface au Livre des Sonnets
J’ai toujours été fasciné par la perfection de certains adeptes du sonnet français. Cette technique d’écriture nécessite des qualités de maîtrise et d’usage dans la forme que seuls quelques spécialistes de la langue peuvent se flatter de posséder. Et j’ai toujours recherché à les imiter - avec maladresse il va de soi - Cette volonté d’apprentissage s’est manifestée à mes tout jeunes débuts, et depuis lors j’avoue travailler encore cet instrument quand l’occasion s’y prête.
Au fil des recueils, un nombre assez important de sonnets se sont égrenés çà et là dans le mouvement de la poésie. J’ai jugé bon de pouvoir les rassembler en un seul et même volume afin d’apprécier l’évolution obtenue et les différents thèmes exploités.
Il aurait été impossible de lire tous les ouvrages offerts pour essayer d’y esquisser l’élan poétique réalisé. Le livre se veut le témoin d’un genre littéraire de qualité remarquable qui a fait la renommée des plus aiguisés de Malherbe en passant par Ronsard et en se poursuivant jusqu’au Baudelaire et Mallarmé.
Il va s’en dire que je n’oserais me comparer à ces grandes figures de l’art poétique. Ma facture est ridicule et ne saurait rivaliser avec de tels génies. J’espère toutefois que ce modeste ouvrage aura le privilège de divertir ou de retenir l’attention pendant quelques instants du lecteur éventuel.
Franck Lozac’h
L’huile fraîche
Au soleil, je m'avance
Au soleil, je m'avance par ce brûlant servage,
Et l'ombre accoutumée à ma face soumise
M'emporte là, tout près de toi, jusqu'au rivage.
Mais ta substance aimée est déjà compromise ! ...
Et j'entends se lamenter ton rayon brutal.
Est-ce masse étonnante de son puissant métal ?
A mes yeux tant cernés, l'étonnement est doux...
Prolonge en ma fraîcheur de longues accalmies !
De l'embellie si vive, le regard flambant neuf
Consume les pensées obscures de ma nuit ! ...
J'accours sur ta mémoire rappeler en ton heure
Ces somnolences rêvées et ces voix enivrantes,
L'heureuse cérémonie sertie de ses candeurs
Qui forte en ce miroir, fait ma lèvre tremblante ! ...
Des saveurs, des rubis
Des saveurs, des rubis ? Lui, jamais ne découche !
Puisqu'en ses vains péchés s'extirpent des douleurs,
Le poltron est crétin, mais il donne à sa bouche
Quantités de délices ou d'odorantes fleurs.
Pourvu d'une fougue réelle, sans répugnance,
Le sot essuie ses larmes sur de sales mouchoirs.
La Muse vicieuse se donne en sa scabreuse danse,
Etalant ses chimères pour l'entendre déchoir.
Des rictus, des sursauts ? L'amertume s'en joue !
Malheureux et damné dans sa pâle fraîcheur,
Console l’affligé qui pleure et fait la moue.
C'est que Dame Malice sonne au cœur mal aisé,
Et se rit et se tord pour des fleurs de douceur,
Car le poète idiot a voulu l'épouser.
Obsession
Même, délicate Cybèle, même le sourire aux dents,
Au grand vent de l'absence, dans les souffrances mêmes,
Quand ton épaule est nue à mon côté, chantant
Des airs anciens, des sérénades et des rengaines ;
Même alanguis, nous anges, baignés de broderies,
Des souffles inondant par des flots bienheureux
Un carême, même offerts aux charmes des grands ifs
Que j'admire le soir convulsé ou fiévreux ;
Même nous ivres et légers, bercés de compassions,
Respirant un air clair, vol des aigles royaux,
Et même bordés de grâce, de rires, de libations,
Je n'oublierai jamais ces lutteuses infinies
Echappées ou béantes aux portes de mes maux
Qui conspirent, ensanglantent mon sort dans leurs tueries !
Pastiche
Sur les ondes immortelles, va la blanche Ophélie.
La douceur de ses seins ferait frémir ses ailes.
Voici bientôt mille ans que descendent en la nuit
Deux bruissements lointains qui murmurent vers elle.
Baignée de lys et d'eaux plates, paisible elle dort
Au milieu des joncs et des hallalis étranges.
On entendrait chanter vers les roseaux dès lors
Des muses éternelles embaumées de grands langes...
Dans sa romance, le vent caresse le nénuphar.
Belle Ophélie, pâle Ophélie, ton cavalier
A-t-il perdu son coeur de pierre dans ton regard ?
Hélas ! emportée comme un souffle par la nature,
Belle Ophélie se fond en la neige de fées !
Oh ! La belle Ophélie étire sa chevelure !
Ophélie
Merveilleuse accouplée descendant sur les rives,
Toi dont les nuits d'extase semblent oublier les jours,
Connais-tu les rousseurs, les déboires de l'amour
Toi qui vis insensée, désabusée ou ivre ?
Car l'herbe folle, où poussent les haillons s'étale,
Vaste écrin de beauté, sur tes cheveux dansant.
Tu resplendis dans l'onde tourmentée de penchant
Jusques aux cieux rêvant de douceurs, en aval.
La pâle beauté, libre de doutes anciens
S'éloigne lentement dans ses frissons, sans bruit,
Regagnant les surfaces de l'horizon lointain.
Elle confond ses lumières dans un ciel obscur,
Et part abandonnée sous la frayeur qui luit.
Ô douloureuse et nue qu'aucun mal ne murmure !
À Sandrine
Repose sur ce sein que la paresse offense,
Et brûle en ma raison tes prochaines fumées.
De mon ravissement, embrasse les carences
Qui s'imposent sur ma joue frappée et profanée.
Alors pour ta liqueur, bois le fruit des délices
Et organise un songe où tu reposeras.
Qu'importe, vraie beauté, les mouvements factices,
Car l'appel de ta chair me redemandera.
Ah ! Courir sur les flots antiques de lumière !
Qu'une étincelle éclaire et chante tes fureurs !
À l'ombre du platane, je te vois, tu es fière ! ...
Parée de tes bijoux, de parfums délicats,
Tu lances des étoiles pour orner mes lueurs,
Adorable beauté que j'aime, et qu'il brusqua !
Jouissance en ce monde
Jouissance en ce monde satiné de grandeurs, foi !
Que douceries et actes s'évadent dans l'air limpide !
L'éloge rassemble son chaste mot commun et roi
Avant que s'entame faible, l'acte monstrueux des rides.
Sur la mer agencée d'astres purs et de voiles,
Refusant la lutte des cris et des râles honteux,
Par le souffle perçant à l'ombre des étoiles,
Je bats la plate vague ou l'océan furieux.
Maudis les siècles d'abordage et des tempêtes
Quand du chant décrivant l'horrible destinée
Le flot majestueux va sur l'humble défaite.
Car sanguines, foudroyantes dans l'abîme où tu plonges
Sous des fientes bestiales pareilles au rouge aimé
Seront les malodorantes paix qui se prolongent…
Elles s'enfuient écumant
Elles s'enfuient écumant d'une salive injuste
Les substances divines de l'Impur ; elles acclament
D'un geste pensé sans doute, la saveur, l'auguste
Vérité parfois insipide dont elles se pâment...
Des voiles virevoltent sur des lèvres glacées. Qu'il batte !
Leur coeur est dépourvu de grâce et de puissance,
Et que leurs bouches perfides qui chantent et se rétractent
Au combat royal n'ignorent plus la croix de la décence !
Car la peine accablée de râles en vains espoirs
Succombe bêtement dans les stances des mémoires.
Les carences hurlent leur foi aux creux du fini.
Alors remplies de haine, les voix chères et glacées
Décriront la force des malheurs endurcis.
Dans le joug funèbre, le diseur sera compris !
Lie qui incube
Lie qui incube, ô satané,
Le réveil des nymphes posant
Dans cette orgie ailée,
Ebène, ivoire luxuriants.
Mordre haine sanguine
Et possession de la mort
Pour une vile libertine,
Terrible, sublime sort.
Enroulées du ptyx macabre
Chantant des Te Deum à pleine voix
Entre poignards et sabres,
Presque dévêtues du linge blanc,
Qu'il retire violent dans sa foi
Le Démon rit de son rire sanglant !
La danse de l'idiot
Les poings liés sous les convulsions d'une danse
Macabre, agité de soubresauts, grimaçant,
Le visage boursouflé par l'alcool, et immense,
Un homme aux mains osseuses dans un rêve, chantant ;
Ses pas répétés excitant la furieuse salle
Qui applaudit encore envoûtée d'une fièvre,
Qui vocifère et rit quand le manchot s'étale,
Une foule balbutiant des paroles sur des lèvres ;
Et la bouche ouverte à une dentition putride
Où le venin coule à profusion, et l'écume
Blanchâtre qui mousse toute semblable aux liquides.
Des biles à expulser ; pour unique fortune,
Quatre pièces jetées dans une casquette sale.
L'idiot danse, danse encore ! Ô destinée fatale !
Pour l'ombre de toi-même
Pour l'ombre de toi-même, tu voltiges et tu plonges
Dans le pur infini de ton morne délice.
Et battrais-tu de l'aile ? Toi tourmentée tu sondes
Les aurores oubliées par ton Génie propice ! ...
Lourd amas de vertus tournoyant dans l'orage,
Ton esprit s'égarait dans son Azur épais !
Sous le déchirement de l'éternel carnage
Un mage déployé venait et fécondait !
Que tu soulèves les roches, exilée dans ton âme,
Un Océan s'agite jusques à l'embouchure.
Et dans les sombres traits de la forte voilure,
Tel l'étrange vaisseau qui longe ses parures,
Du pur consentement toi tu vas et regagnes,
Les mâtures inventées, les vagues et les drames !
À ma dormeuse
Je ne veux pas ce soir, licencieuse ennemie,
Respirer en ton corps le doux parfum des songes,
Ni déplacer mon cœur sur tes seins endurcis,
Ni la jouissance facile où parfois tu me plonges.
J'espère sur cette bouche inventer un amour
Puissant et immortel que tu composeras,
Redorer cette nuit jusqu'aux lueurs du jour
Dans la chambre lugubre offerte à nos ébats !
Qu'importe les espoirs de nos mains en détresse,
Le souffle accéléré que réchauffaient nos yeux !
Je demande plus fort que houle et que tendresse,
Un bonheur sans silence pour l'esprit ingénieux.
Car de son pur cristal où le génie descend
Rêvent de vrais soupirs qu'avait soufflé l'enfant.
Rayons de pourpre
Rayons de pourpre ; des corps d'ébène sur des ivresses !
Des terrasses de marbre ; des ombres licencieuses ;
Plus lourde que la houle, l'onde écarlate tremble ;
Dressées les cathédrales, un mur de pierres poreuses ;
Le murmure et l'azur de novembre, dessous ;
C'est la femme de grâce aux alizés si clairs ;
La résonance des ventres, si sublime ; deux êtres ;
Je lave ces douceurs qui coulent sur ma bouche !
Le ravin déchiré s'accuse de violence.
En effet, l'eau limpide, capiteuse pour nos corps.
Furie de l'âme impure - déroulement. Exact !
Transfuge d'un suicide où je rêvais, moi, terne ?
Qu'importe ! Le plus haï disperse mon âme.
Onde vaporeuse ou insouciance bénigne, que faire ?
Baiser d'orgueil
Cependant que le joug infernal et divin
Acclame dans ses nuits des relents mortuaires,
Que tes ailes immortelles vont frissonner au loin,
Que l'aride destin succombe à son désert,
Parfois frémissent les subtiles sueurs d'infinis
Commérages ! ... Un baiser chaste aux syllabes du Moi,
Encense de longs désirs, et croît, puissant, et luit...
Je le sais impalpable, il provoque ma Loi.
Du noble Empire soumis aux battements des cieux,
Qu'il se redresse ou plonge dans le cœur des ténèbres
Son bruit est sec et mat, et s'enfuit mélodieux...
Emporter les tourments qui rattachent son deuil,
Jouir au fond du lit de ses odeurs funèbres ?
Qu'importe, sa voix grave ! - L'espoir est son orgueil !
Oui, tu voles et descends
Oui, tu voles et descends sous l'œil méditatif
Vers le feu incessant offert à ses lueurs !
Mais le doute où la nuit achève son humeur
Rit, tonne ses foudres, charitable plaintif !
Au sommeil des dormeuses disposées en cascades,
L'éloignement distinct a prolongé ses cris...
Au plus loin, l'être frêle se pâme et a souri.
Il trébuche au silence doux. Quelle mascarade !
Le fruit délicieux soupirant de désirs,
A quitté ébahi ses somnolences sourdes.
Sur cette lèvre offerte, est une haleine molle...
L'heure pénible, ennemie, appellera dès lors
Le triomphe vacant des chevelures lourdes.
L'esprit subtil et fort s'incline bas et dort !
Ô si pure et si loin
Ô si pure et si loin qu'une lueur m'émeut !
Hélas ! Belle sous le doux bercement de la fleur,
Je vis la merveilleuse dans les antiques feux,
Une pâle beauté saignante de douleurs.
Telle défaite de l'éternel complice encore !
Lourde de somnolence, o baisers de saveurs,
Maint drame répété en mon cœur à éclore !
Et l'œil pour les substances divines et les douceurs.
Se pose sur l'inconnue, le blond désir rêvé !
C'est le terrible aveu, terme clair de l'espoir.
Enivré de nature, je croyais voir couler
Sur votre bouche rouge la blancheur d'un cristal.
Le germe et la semence
Encensée dans l'alcool
Encensée dans l'alcool qu'accusent nos chimères
Et vomissant son feu aux blafardes lueurs,
Son âme possédée supplie qu'une prière
Eclaire la mortelle et tremblante demeure.
Si veule et infectée de macabres lumières
Quand elle est appauvrie de pertes répétées,
Ne supplierait-elle pas la funèbre misère,
Repos lugubre et sceau de l'immortalité !
Un démon se souvient et exhausse ses vœux,
Vomit cyniquement la tentation divine,
Et arrache despote son cauchemar heureux.
Dans les blêmes ténèbres, au plus noir désespoir
Dans la prison humide, crispée de transes sanguines
L'âme violée se meurt un peu plus chaque soir !
De vaines méditations
De vaines méditations vouées à la parure,
Pour ce nuisible ouvrage, de virulentes paroles,
Disposées entre deux pages grises presque impures,
Et des semblants d'images lues comme des paraboles ;
Ô piteux de moi-même, tentatives perdues !
Que je hais les espoirs luxuriants de tes nuits !
À peines terminées et déjà délaissées,
Ces horribles fadeurs que ma chair a vomies !
Peut-être que demain, jour de lumière vécu,
Par ce fouillis de lettres, moi l'esclave enchaîné,
J'écrirai cette page maintes fois aperçue ?
Ignoble toi-même sur qui l'esprit se consume,
Qui fais de l'être indigne l'homme désespéré,
Feras-tu se mouvoir ardemment cette plume ?
Plaidoyer pour deux crânes
Par des liens soudés, par la honte prescrite,
C'est le deuil contracté sur les terres nuptiales,
La haine apparente vit dans les doigts crispés.
Avec ces faces macabres, de progressives vengeances,
L'indescriptible fièvre, puis des moments hagards.
C'est la mort qui sommeille déjà dans chaque esprit.
Le frottement constant de deux pieds qui se touchent
Glacés sous les draps noirs d'interminables nuits ;
Le geste cadencé, immuable des bouches,
C'est la perle suprême de l'entente infinie !
Oh ! Les démons intimes, les déplorables bêtes,
Qui sont assermentés par l'alliance jaunie,
Et ces cœurs enchaînés à ces atroces têtes !
Oh ! Les années terribles dans les bas-fonds d'un lit !
Si, flamboyant dans un tombeau
Si, flamboyant dans un tombeau, il survivra !
Car sa chair proclamée en l'or de ses cheveux
Telle la boueuse cascade qui jamais ne coula
Fit naître des soupirs que vénèrent les Dieux !
Dans l'immortelle flamme où nul sang n'eut brûlé,
Lui serpent replié au sein des braises chaudes,
C'est son démon qui ivre de désirs exaltés
Entame l'immonde peine quand lentement il rôde.
Point de plaisirs ! Espoirs honteux et transformés
En des principes frêles pour l'incroyable vie !
C'est le repos latent transparent ou changé !
Que tant d'autres s'indignent de la puissance du mal !
Mais cerclées d'apparat, elles superbes ou jaunies,
Elles conspirent vainement, ces tentations banales !
Soupir ancien
D'un soupir ancien naît l'indifférente gloire
Qui éclaire de l'ennui le plus pur diadème
D'hier. (On prétendrait mourir en ma mémoire
Un or épais et ocre dispendieux à l'extrême...)
Fustigé à l'écart, éloigné des disciples,
Je l'entends battre inexorablement en moi ! ...
Vaste écrin d'amertume aux facettes multiples,
Il fuit, meurt avorté sans l'ombre d'un émoi ! ...
Mais que demain traînant son horrible fardeau,
Pour l'éveil purifié resplendisse son nom !
Peut-être testament au bas autel des maux...
Ô le soleil de chair contemplant un vain drame,
Idole de toi-même marqué à l'unisson,
Seras-tu des substances faire couler une larme ?
Cérémonial
Grâce ! Voici venus les ans
Où teignant ta chevelure,
Je fis tomber suivant
L'éclat doré de ta parure,
Le cor fin, l'onde d'argent.
Et vaincu des découvertes
Alignées contre l'effort vacant
Fussent gloires très offertes ?
Nenni ! Par le plomb infusé,
Couleurs royales de l'ennui,
Pour le coeur, aux pieds jeté,
Rempart dans cette froidure,
C'était ! Eté engourdi
Casque sacré et impur !
Miroir
Accroché à des vasques d'or
Un divin dont j'ignore le prix,
S'émoustille dans de jeunes flores
À l'ombre d'un mets obscurci.
Et il obtient la floraison
Des pousses claires bercées au vent !
Rutile, ô belle pâmoison,
Car ton disciple déjà t'attend !
En l'heure aimée pourtant tu dors
Là dans mes bras, à l'infini ! ...
Et la subtile pensée d'éclore
Va, se dissipe sans bruissement ! ...
Elève donc son pur ami,
Au jeune jour encore tremblant !
Dédiant à la plus haute voix
Dédiant à la plus haute voix
Rêve béni du cristal fort ancien,
Je promis quand du macabre émoi,
S'estompa l'or saigné qui fut tien.
Quiconque s'il doit briller d'une faux
Où le givre blanchit comme l'espoir
Vrai taira le fustigeant tombeau
Plutôt que de bercer l'affreux nonchaloir.
J'obscurcis. Pourtant l'âme transformée
Pleure nuitamment l'âcre souvenir !
Si ce n'est le satin pour son plaisir,
Corrompu au vieux grimoire posé,
De cela vivifiant de soupirs,
Ce vent excédé se sent souffrir.
Volée aux traces de l'espérance I
Volée aux traces de l'espérance,
Par le suicide à effleurer,
S'en vient la décisive complainte,
Reflet de pourpre et incendiée.
Pour son final qu'il tue le jour !
L'esprit est vain de conviction,
Un chant d'amour ensanglanté,
Le luxe pur de sa raison !
Sur la source tarie, c'est l'heure
De vaincre l'histoire, nul ne sait,
Du dénouement furieux, demeure.
L'emblème visqueux pendu du mort.
Cette croulante fin dont dépend
La destinée est celle du corps.
Les catacombes
Dans les catacombes
Froides et grinceuses
Où des femmes affreuses
Emergent de chaque tombe,
Des lueurs blanchâtres
Faiblement éclairent
Les murs d'albâtre :
Un spectre mortuaire
Déambule et vacille
En ce lugubre monde.
Alors mes pas fébriles
Devant ces torches fugaces
Voient l'empreinte profonde
De mémorables traces ! ...
La transparence endormie
Comme d'une transparence endormie
Offerte au goût exquis des fleurs,
Une mémorable accalmie
S'élève par les premières lueurs.
Après une nuit de déluges
La gerbe sacrée, multicolore
S'apaise dans l'ombre d'un refuge
Et lentement, heureuse, dort ! ...
Ô lasse et promise au repos
Des Dieux qui contemplent ton âme,
Dors dans l'espoir des jours nouveaux,
Car la cruauté princière
Dont ouvertement ils se réclament
Ce soir, t'emportera encore aux enfers.
Les membres décharnés
Les membres décharnés, vomis sous les silences
Que la chambre lugubre a subi en dormant,
Et des voiles jaunis, perdus de transparence,
Univers trop sordide et pâmoison du temps !
Ils mêlent pourtant des corps, des âmes, des sens,
Des actions divines offertes chaque nuit !
Ils combattent des formes, jouissent de leur transe,
Et tombent agenouillés sur un cadran qui fuit !
Veules de béatitude dans leur macabre loi
Unissant des plaisirs sur des lèvres plissées,
Nous !, sans plus d'harmonie pour deux cœurs qui festoient !
Et des frayeurs étranges m'occupent tout à coup :
Ne sont-ce pas des spectres ou des esprits vidés,
Ces deux chairs qui s'écroulent dans la mansarde floue ?
Volée aux traces de l'espérance II
Volée aux traces de l'espérance
Par l'œuvre du suicide effleuré,
Ho ! L'ample et décisive complainte,
Reflet pourpre et incendié !
Du terme fatal, qu'il immole le jour !
Comme l'esprit vain de sa conviction
Semblable au chant diurne ensanglanté
Dans le luxe mat et la terne raison.
Liqueur sur la source tarie, c'est l'heure !
Car de vaincre l'histoire, nul ne s'entend.
Tel du dénouement furieux demeure
L'emblème visqueux pendu du mort.
Et cette croulante fin dont dépend
Le destin est celle hélas ! du corps.
Le serpent
Avec ses contorsions voulues en son lugubre
Déclin, c'est le serpent annelé jusqu'au cou
Orientant ses instincts vers moi-même insalubre,
Sur mon ventre pâmé, à l'instant le plus doux.
Et qui va comme une amertume sommeillait,
Transformer la nuisance prochaine de mes frayeurs,
Pareil au rarissime amant qui se penchait.
Des voiles, des langes clairs pour ces maux confus,
Et des accords parfaits entre nature, oublis,
Qui condamnent pourtant les plaisirs que l'on tue ! ...
Ho ! Le reptile immonde jouant entre ses mains
Parmi la blancheur troublante des autres pensées !
Par ton acte morose, il se perdrait des riens
Qui pleurent en leurs soupirs les saignantes aimées !
Ebauche d'une plainte
Enflammant les souvenirs lugubres et sanglants,
Rien en sa haute voix attachée à mon sort
Par son sublime amour, le pur commencement,
N'extirpera, ô bouche, un monstre sacré d'or !
L'insouciance sertie qui vole en ses demeures
Est prise, sœur charnelle de désirs obscurcis,
Elle usurpe et délasse aux forêts de ses nuits
Des floraisons diverses et noires pour que je meure ! ...
Toi, réelle douleur de mon âme, si la seule fin
Entame comme un fruit de plaisir mes faiblesses,
Pourquoi grandir ce feu intime jusqu'à demain ?
Jamais écho interne respiré par ce coeur
Ne pourra soulager ces soupirs de détresses !
Mais il est tard, déjà ! Prends l'horrible labeur !
Et de sa grâce éprise
Et de sa grâce éprise, la pureté divine
A usé en silence d'ombreuses destinées ! ...
La nuisance embaumée à ses beaux yeux soumise
Proclame la saveur des astres allégés.
Son infortune jouit, contemple l'oraison
Pareil à ce palais sublime en mon ivresse
Innée ! ... Le bruit rassemblé prolonge le son.
Jamais tant de fraîcheur, je ne veux que tu cesses ! ...
Mais l'onctuosité où plongent mes délices
Exulte des senteurs étranges... étonnantes ! ...
Qu'est-ce donc en ce lieu l'adorable caprice ?
Car hélas ! Vrai corps s'étend le bel amour,
Et dans la nuit obscure mes deux lèvres tremblantes
Te demandent en ma chair le fort sommeil du sourd.
Oeil et regards
Des regards à l'écume grandie de transparence,
Qui refusent mornes et plats le sublime soupir !
Ils se perdent et s'enlacent dans de faibles carences,
Que d'anciens disciples usurpaient de désirs ! ...
Mais redorés par l'âcre saveur teinte des couches,
Tels de viles lueurs aux miracles d'été,
Ils se jouent de l'odieuse saveur des bouches,
Et confondent les gerbes finement exaltées !
Si proches de l'abîme qu'un seul soupir confond,
Ils pressentent la honte des râles et des sens !
Qui, sans miséricorde, veut effacer les dons ?
Pourquoi fuir au plus loin des ténèbres obscures
Les veines fécondées où coule le sang rouge ?
L'œil amer de terreur s'éloigne sans murmure ! ..
Ne veux-tu pas, mon âme
Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante
Comme un désir sans fin activer mon ardeur,
Respirer contre moi la sensation latente
Dont disposent la nuit les raretés du coeur ?
Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort.
Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,
Tout le peuple agonise et la foule s'endort.
Je n'aime point courir sur les murs de la ville,
Aspect trop délabré des cités reconstruites.
Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !
Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs
Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés
Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.
Sur l'onde délicate
Sur l'onde délicate où le plaisir sommeille,
Tu te plais, ô ingrate, à promulguer les jours.
Comme un jeu insolite sur les faces vermeilles,
Tu te joues en moi-même, infidèle toujours !
Cependant qu'une grave et impossible aurore
Fait courber ses extases dans les rougeurs du ciel,
Je te sais t'essayant, cherchant le nombre d'or
Envieuse à l'extrême de ses fruits immortels ! ...
Maudire contre ton sein les sueurs éternelles,
Les velours, les plaisirs qui condamnent mes pas,
Corrompre plus encore la terrible frayeur
Pour l'essence sublime, et changer nos ébats ?
Je ne pourrais hélas ! par ces exploits funèbres
Réchauffer dans ce cœur de froidure ou de gel
Les violettes bleues de mon spirituel.
Même impure de tes somnolences
Même impure de tes somnolences, respire toujours,
Telle possédée de joie charnelle des vaines nuits,
L'incurable mensonge qui te sied, mon amour !
De ta mollesse mêlée aux sanguines furies
Subis la déchéance horrible de nos corps
Où le soir, empereur des chastes agonies
Et vil dans sa démence voit crouler nos efforts !
Succombe et bois ! ... Le nectar divin des délices.
Cet éphémère désir s'éloigne dans les cieux !
Il regagne les airs où les tendres supplices
Accouplent leurs paroles aux fruits délicieux ! ...
Ô charme de la concupiscence des jeunes râles,
Entends les battements des cœurs qui auront fui !
Crie le bien, ou supplie pour ton soupir fatal !
Soupir marin
Maudire de l'agonie sereine et encore lasse
Qui parcourt de ses yeux un lointain horizon,
Je sens l'effluve clair que la fureur encrasse
Se jeter sur les vastes blancheurs des aquilons.
Epris de ta mature érigé et divin,
Qui gonfle ta voilure aérée par ta brise,
Qui peut au jour levé embrasser le matin,
La tempête stérile ou l'or de tes banquises ?
L'ancien matelot disait que c'est bien lui
Baigné de tristes plaintes et d'échouage aimés
Quand rêvaient les sirènes qui jamais n'auront fui !
Longeant la côte sainte que plus d'un sol enlise
Avec ses sombres bois de radeau animé
Imprégné d'aventures qui le noient à sa guise !
Si une brise fait
Si une brise fait bercer mes soirées atones
Au souffle long et court des spectres effrayés,
J'aimerais comme le glas intermittent qui sonne
Sortir à quatre lieues en gestes déployés.
J'aimerais, car la source se rit des fronts d'hiver,
Puiser dans ta fraîcheur les saveurs graves et lourdes,
Et consommer l'ignoble insecte de la terre.
L'oraison du matin te rend encore plus sourde.
Cette voix à chaque instant pourtant exaltée
Au sourire ne saurait plus calmement répondre,
C'est pour une nuisance que ma chair est damnée.
Ton Dieu resplendissant en couleurs enivrantes
Ne pourrait dans le coeur de l'impossible monde
Accueillir des pensées infectes et immondes.
Comme de longs soupirs
Comme de longs soupirs teignant mes murs obscurs
Comme par la blessure de mon râle, éperdues,
Les si troublantes sœurs, - leur joug jamais ne dure,
Prient sur l'autel rougi de sang neuf, mon salut.
À genoux, et les mains liées au bas du dos,
D'une voix languissante, insipide, elles supplient.
Elles tentent d'arracher un humide sanglot
Qui s'en va ruisseler sur la bouche qui luit.
Ho ! Que j'aime à entendre les dires du Seigneur !
Par leurs lèvres, il condamne ma domination
Et propose un rachat en quête d'un bonheur.
Moi, j'accours vers ce lieu proscrit à ma morale,
Entre deux Te Deum, entre deux tentations,
Il me semble si bon de jouir de la chorale.
Pour les douleurs extrêmes
Pour les douleurs extrêmes
Déployées sous ce joug
S'étale un diadème ! ...
Des larmes, cette nuit !
Ô purs scintillements !
En surprises alanguies,
Je serai mécontent ! ...
Odorante saveur,
Je ne puis par ces vers
Jouir d'une faveur
Ou de subtils éclairs !
L'or brut de la beauté
M'éloigne tout à coup
De ma vaine pensée ! ...
Le moût et le froment
Derniers temps
Midi par ses lueurs
Et tu ris étourdi
Du long vol de pleurs.
Laisse la transparence
Qui vient puis détruit
Le rêve d'insouciance.
Profonde, alitée
Qui sait si selon
La tempête apaisée
Un drame ou frissons ?
Récolte pour un soir :
Ivresse et lacunes.
C'est un ancien manoir.
Puis meurtres et fortune.
À l'heure où tombe
À l'heure où tombe le crépuscule,
Je vois selon le faisceau diurne
L'horizon conquis par maints sots.
Si ta couche couverte de vertiges
Se veut par tel songe vespéral
Au feu cuisant qui t'oblige
À vendre l'endroit de ton mal,
Va, princesse à l'haleine chaude
Te goinfrer de grasses pâmoisons !
Et bois dans l'œil livide qui rôde
Le vif éclat des floraisons.
Car l'odeur de ses boutons
Te jette le florissant puceau,
Nue du nombril jusqu'aux tétons !
Criminelle amitié
Criminelle amitié,
On ne la verra plus
Oh ! Le cœur déchiré
Pour un homme perdu !
Près de toi, la belle
Qui joues les ingénues
Refleuriront les ailes
Des anges battus.
Et pour ton clair sourire
C'est tout un corps qui tremble
D'un profond désir.
C'est l'amitié encore
Qui vole au réconfort
Son ardent plaisir.
Il y a le Néant
Il y a le Néant et l'Espoir et la Vie,
La Mort qui me poursuit, déchirures et démons,
Le Passé qui n'est plus, le Futur qui se vit,
Il y a le coup du sort, dansons et pleurons.
Le Génie du destin a frappé mes soleils,
L'amour a traversé mes rayons impudiques,
Des ébats ténébreux ont glacé mes sommeils,
J'étais ivre de chair et d'actes fatidiques.
Le fruit n'était pas vert, le suc était limpide.
Concessions et jouissances insipides,
Que le corps fut amer ! Je recherchais l'amour.
Abruti et servile, je ne me connais pas.
La femme est un besoin enlacé de contours.
Sans âme et sans pensée, je n'y reviendrai pas.
Légitime infortune
Légitime infortune qui hante d'un péché
La foi cynique et veule de nos anciennes vies ;
Fadeur âcre des pères qui voudraient arracher
L'empreinte sanguinaire des tortionnaires ici.
O somnolence vraie accouplée aux supplices !
Le jet infâme et vif scrutant des mois très tendres !
La raison déchaînée battant les faibles vices,
Et le cœur transposé qui ne cesse d'entendre !
Car une langue érecte les sons sanglants subis,
Le mal déjà transpose les carences vomies !
Affreux mes deux vieillards dans mon très jeune corps
Brûlant les feux des sages et la sagesse encore !
Heureux, les inconscients valides la plupart
Qui fêtaient en ce jour leur tout prochain départ !
Une forme de firmament
Une forme de firmament
Toute levée aux cieux
Enchante l'obscur moment
Désigné par les dieux.
Dans les ors de la soirée
Déjà reine de son corps
La tendre lentement aimée
Brûle, et sanglote son cœur !
Ai-je, ou pourrais-je avoir
Posément dans le calme du soir
Les diamants et les feux ?
Mais la belle de luxe entourée
Chute et tombe vers le maître envieux.
Dans le dormant, la lune l'a croisée.
Le manuscrit inachevé
Vent léger
Elle me disait : "Aime les fleurs
Et le printemps", je lui baisais
L'oreille plus loin qu'il ne fallait,
Mais la farouche n'avait pas peur.
"Toutes les roses rouges endormies
Demandaient de nombreux baisers.
Ta tendresse, un temps d'accalmie
Vint me parler : Veux-tu m'aimer ?"
La chère enfant légère et nue
Suppliait encore : "Me veux-tu ?
Le printemps et l'été ont fui !
Vois les arbres, l'horloge et le puits.
Oh ! Ta jeunesse s'est envolée.
Aujourd'hui est déjà passé !"
Le croît et la portée
L'aigle
Loin, le dévastateur dans le ciel obscurci
Sillonnant de son aile inconnue, le remords,
Tombe sur maints poètes misérables et maudits
Et couvre de son ombre les charniers et les morts.
Les yeux remplis de fiel et du sang des esclaves,
Il boit l'œuvre sacrée, jouit cyniquement
Des martyrs dépecés traînant de noires épaves
Dans des champs merveilleux ou des déserts brûlants.
Sur sa terre, l'homme seul croit reposer en paix.
Nu, le regard braqué sur sa tâche il sommeille,
Quand un aigle puissant, majestueux l'éveille :
Et l'on entend le sordide appel du néant
Arraché à son cœur un dernier souffle au ciel :
Le poète au combat tombe épuisé, hurlant !
Dans les noires profondeurs
Dans les noires profondeurs de ma tragique vie,
Un spectre immense rôde la nuit autour de moi,
Un fantôme sans âme, sans chair et sans esprit
Qui lentement regarde, majestueux et droit.
Il regarde les heures s'égrener peu à peu,
Cadavre bicéphale implanté dans mon âme
Qui hante les écrits, les jette dans les larmes,
Et mon piteux savoir est toujours miséreux.
Vers d'autres gouffres encore, le blond génie espère.
Loin des cachots humides, triomphe sa mémoire :
Elle cherche son espace limpide, vaste et clair.
Elle se nourrit d'extase, de nard et d'illusoire
Et prétend posséder la beauté immortelle
Qui doucement l'élève vers la sphère irréelle.
Les membres décharnés
Les membres décharnés vomis sous les silences
Que des chambres lugubres subissent en dormant
Et des fibres jaunies ivres de transparence :
Un univers sordide, la pâmoison du temps !
Mais ils mêlent des corps et des âmes et des sens
En des luttes divines offertes chaque nuit,
Ils combattent des formes, jouissent de leurs transes
Et tombent agenouillés sur le cadran qui fuit !
Dans la béatitude de leur macabre loi,
Unissant des plaisirs sur des lèvres plissées,
Est-ce nous mon amour, ces deux cœurs qui festoient ?
Et des frayeurs étranges m'occupent tout à coup :
Sont-ils spectres mortels, sont-ils esprits vidés
Ces deux chairs qui s'écroulent et se déchirent encore ?
La Déesse
Tu te pâmes, Déesse sur des lits insoucieux,
Et dans la gloire, ivre de soupirs, tu t'endors.
Un long rêve de miel s'échappe, désireux...
Pourquoi tant de caresses après l'ignoble effort ?
Oh ! L'ombre des complaintes, des plaisirs inouïs !
Ces jambes découvertes aux substances divines
Succombent sous le feu lugubre de ta nuit !
Une pointe dressée accède à la poitrine...
Ô lueurs matinales, ô cœur qui bat en moi,
Que la source où mon mal s'endormait un instant
Emancipe en l'orgueil la douceur de l'émoi !
La volupté de marbre qui sied à mes côtés
Peut avec son regard de belle à tout moment
Entre deux nonchalances ou trêves s'envoler !
Ô paix profonde
Ô paix profonde quand ton silence supplie en moi,
Se meurt sous de superbes lumières l'astre pur
De sagesse douloureuse. J'entends battre l'effroi...
Tu te dodelines, l'oeil vif, pensant au futur.
L'oriflamme de tes songes, tu le veux revêtir ;
Aux ténèbres lourdes où ruisselle l'accalmie,
Tu discernes les plaintes et les lieux à venir.
Dans ta bouche béante se baignent les furies.
De blondes somnolences contemplent les rivages.
L'être infini recherche la croyance des Dieux,
Et les voix accouplées dans le Néant dégagent,
Un sonnet fort ancien que je croyais odieux.
Regardant les ombres déplacées ou libres, fier
De la jetée, je m'éloigne de la misère.
Et toi de la plus chaste
Et toi de la plus chaste que tes seules mains demeurent
Aux sources limpides et d'or où sommeillent parfois
Les tristes complaisances de tes soupirs de coeur !
Ivre de terres lointaines, je te vois, tu chancelles...
Là-bas j'ai vu sombrer tes naufrages, exploser
Les faiblesses étroites que tu aimes à durcir,
Et dans ta couche froide, c'est une tombe aisée :
Des maîtres sibyllins, y créent un vrai plaisir.
Que de tentations ! La chair ne peut résister,
Elle se tord confuse dans ses désirs étranges !
Et le mal épineux, hypocrite est jeté.
Ô la folle jeunesse au pur sourire de l'ange.
Je sais la pâle élue resplendir, mais malheur :
Qui embrasse son corps éloigne sa fraîcheur !
Quand pour vaincre ces pleurs
Quand pour vaincre ces pleurs, ton humide traîtrise
Cambre encore les jouissances passées, par l'oeil
Où l'effroi peint le charnel désir que tu prises,
Il ranime un flambeau éteint contre l'orgueil.
Sur les draps repliés que chauffait le mensonge
Et les élans lascifs, pure honte pour le corps,
Tu soumis à mes bras onduleux le vrai songe,
Cruel d'un avide et trop suppliant remords.
Les complaintes douteuses et promises jamais
Ne cesseront de battre en mon coeur infernal,
Puisque l'ennemie de mon ombre se repaît.
De qui le doux regard sur l'âme libérée
Montrant l'intérieur délicat qui le fait,
Je ne puis plus, ô femme, au chaste te livrer.
Des mages
Des mages au pourtour de la nuit, gesticulant
Par une hydre suprême à l'envolée de tous,
Combattent dans l'obscur où frissonne le vent,
Vrai songe sur qui le lointain égare ses loups.
Sa profusion de main embellie de son sang,
(Mille Dieux s'enchevêtrent déjà en la leur)
Féconde les destins, les nuisances et les temps,
Ô vaste pâmoison, ornementale fleur !
Aux portes du Sental que son écrin d'été
Soulage de vraies pluies, d'espoirs et de désert,
Ils accourent se confondre pour vils la respirer !
L'être royal se glose en de puissants empires
Qu'ont coutume les pauvres d'adorer jusqu'à terre,
Car l'ignoble forçat refuse de faiblir !
Tombeau de l'Obscurci
Puisque l'arôme incarne une lumière noire,
Où mille baisers épris ont caressé l'instant,
Dans son luxe alourdi à peine descend l'oir...
Que la veine obstruée arrange l'Obscurci
Car l'amas de son doute succombe tel sanglant
Jusqu'en la nonchalance qu'un alcool a démis.
Une paix généreuse modulant les mérites
Prescrit comme le rêve puise sa destinée,
Des Naïades étranges ou de claires Orites
Sur le doigt élégant d'une sublime fée.
Et nue et éperdue, telle vestale en démence
L'inspiration priant l'herbe sur son écho
Va sur sa tombe belle moduler en cadence
La réalité vaine d'un horrible sanglot.
Même tombeau
Puisque l'aurore incarne une lumière noire
Où mille baisers épris s'accomplissent en l'instant
De son luxe alourdi à peine descend l'oir...
Que la veine obstruée encombre l'obscurci !
Sur cet amas de doute il succombe et il meurt
Jusqu'en la nonchalance qu'un alcool a démis.
Une paix modulée qui vente les mérites
Prescrit, comme le rêve pense sa destinée,
Des Naïades étranges et de claires favorites
Sur le doigt élégant qui distingue la fée.
Alors nue et perdue, vespérale démence !
L'inspiration qui prise son bel écho
Va sur sa sombre tombe moduler en cadence
La réalité vaine d'un horrible sanglot.
Ces filles, mes pensées ! ...
Ce n'est plus la froidure qu'un doute parfois oublie,
Mais des rutilements de lumière éloignés
Parmi nous. Des vagues s'écrasent à l'infini...
Et là est une chaste sur les espoirs résignés.
Pourtant elles resplendissent encore dans leur pénombre !
Des figures s'embrassent tristement sous leur nuit.
De leur chute superbe mugissant des décombres,
Et la douce amertume ensoleillée gémit.
Mais déchaînées ou engorgées, vaste démence,
Un cri continuel dans le noir obscur luit
(Mon acte de bravoure s'entend sous les nuisances...)
Un pur frisson réclame l'entité de mes rêves,
Il supplie ! Mais ignorant le bruit, ô maudit,
Elles continuent pensantes sans repos et sans trêve.
Marie la bonne
Ces braillards écumant dans leurs assiettes creuses
Fortifient en des sacrements des rôts vulgaires.
Poussifs de crasse, et l'articulation osseuse
Ils crachent des fumées dans des relents de bière.
La bonne, ronde de cuisse, aux fesses bien pesées
En rose de jeunesse circule en riant.
Les mains larges et rugueuses de façons empressées
Se posent rapides et lestes en gestes caressants...
Marie la bonne heureuse convoite les délices
D'un jeune militaire assis devant son vin.
Marie, Marie pensante rêve d'amours factices ! ...
Car le teint délicat et la barbe naissante
Sont l'hommage rendu à l'heureux sacripant.
Marie, séduite tombe à ses pieds, fleurissante...
Les ivrognes
Plaqués contre les murs, les ivrognes hagards
Pissent de leur mieux chantant contre les poubelles.
Vils, contents d'eux, puant leur horrible pinard,
Ils se frayent un chemin sur les boîtes qu'ils martèlent.
Et la barbe de vin et l'haleine putride
Cognent leur pauvre tête sur les murs égarés.
Un instant de bonheur, la main comme une bride
Baise de son mieux la pouffiasse délaissée.
Eux, dans leur misérable sort riant de joie
De leurs dents jaunies par l'alcool de fumée
Crachent encore ou vomissent en s'aidant de leur doigt.
Semblable aux fantômes de la mort, mon malheur
Pourrit son fruit lugubre en de roses fumées,
Pourrit cette jeunesse honteuse de mon cœur !
Soirée funèbre
Quand l'imperturbable monotonie agite
Les regards langoureux de haine et de malheur,
La fin perpétuelle se meurt et se précipite
Comme un déferlement au temple des douleurs.
Des caveaux ouvrent leurs portes remplis d'espoir !
Les spectres enchantés, mains osseuses et tendues,
Proclament lestement qu'il faut entrer pour voir,
Le bonheur se veut autre et n'est jamais perdu.
Et quand entraînés par cette force sublime
Soulevant le poids de l'existence douteuse,
Esclaves enchaînés d'une voix qui domine,
Nous allons, fuyant par ces ténèbres le soir,
La peur s'empare enfin de toi, ô ma dormeuse :
Tu supplies mon amour et cries ton désespoir !
L'intelligence dort
L'intelligence dort et l'ombre est effrayée.
La nuit poreuse accourt et propose en ma bouche
Un pur étonnement, ô sublime Psyché !
D'une paresse extrême la profondeur des mots
Cherche par l'admirable mensonge sa voix.
Soumise à la résonance de son écho,
Elle respire nonchalante la naissance du Soi !
La douceur la plus claire déjà va et s'achève
Par des ruissellements déployés vers ton sein
Sous la tombée obscure sans remords et sans trêve...
Plonge folle au plus sublime de mon orgueil !
Viens et consume en cette vérité charmeuse
Les profondes ténèbres de mon superbe ciel,
Puisque je vis en toi, détestable amoureuse !
Sombre, retentissant
Sombre, retentissant sur la pensée nouvelle,
J'assume d'un vœu la profusion enchanteresse ! ...
Le néant dévastateur froissé par deux ailes
Se propose en tes yeux, profonde sécheresse ! ...
Par un commun accord, mon oubli est promu !
De sa grâce irréelle comme un serpent sauveur,
J'incline par ce piètre, mon cher corps corrompu,
Et je bois mes délices, ô ma tendre douceur !
Pareille à la nuée allègre mais morose,
L'agilité promise qui va, belle, vers toi
S'enchaîne à mes talons, ô noble et vaste chose ! ...
Oeil fécond de saveurs, encore tu vois en moi.
Tu parfumes ce front à ta main défendue
De caresses palmées qu'hier encore tu bus.
Et ils vont ces vieillards
Et ils vont ces vieillards honteux et affranchis
Dans la fosse commune resplendissant de vers.
Le pas lourd, boitant, ils vont hagards et démis
Comme des fils lugubres se dirigeant sous terre.
Ils ont l'œil ténébreux perdu dans des espoirs
D'hier ! La morne parole tremble sur leurs lèvres.
Ils continuent inlassablement jusqu'au soir
Dans l'implacable marche sans abandon ni trêve.
Et leurs pieuses mains parfois se lèvent au ciel
Suppliant le Divin de détruire leurs péchés,
Cependant les regards cherchent continuels
Des miracles nouveaux par cette mort latente.
Les fossoyeurs, pelle à la main, prêts à creuser
Entendent l'Ange des litanies désespérantes.
Bravoure d'une incroyance
Bravoure d'une incroyance, tu jettes tes falots !
Et inventifs par le succès de ton histoire,
Ils sont ces précipices à jamais offensés !
Ô le sol sanglotant et les crachats qu'ils méprisent !
Entends le vol brusqué au miroir ! Le reflet
De l'incertitude teinte le noir diapason
De ses fraîcheurs antiques ! Bravoure d'une incroyance !
Les hordes fourbes tel le pensant moribond,
Et les traces onduleuses sur les transes despotiques ;
Si long est l'exil au point du jour résolu !
Alors de la nuance, aigles, mages crispés,
Quand un venin contre la raison veut souffrir,
Sera-ce le saint qui d'ailes vent engouffré
Tondra le vrai suaire de son trône accablé ?
Pastiche du poète écailler
à sa cliente bourgeoise qui vient lui acheter du poisson
Pour vous, Madame dont l'existence si ébahie
Encense mes déboires au plus profond du Moi ;
Vous, voluptueuse, nuisible pour l'esprit
Imposant une divine et pénétrante loi ;
Pour vous, cruelle par moments et douce en d'autres,
Vous, dont le beau sourire engendrera toujours
D'être l'inopportun, respectueux et vôtre,
Qu'un grand feu sans mensonge brille dans vos lueurs,
Comme une flamme pure aux sanglantes besognes.
Car si ce cœur s'effraye, s'il martèle et se cogne,
C'est qu'il est faible encore et supplie vos douceurs !
Dans l'espoir que mon âme ne serait concevoir
À désirer éternellement votre amour,
Ho ! Madame acceptez, souffrez donc de me voir !
À l'ancienne fontaine
À l'ancienne fontaine recouverte de marbre
Repose l'assagi ornementé de fleurs ;
Les vieilleries d'époque semblent durables,
Mais les gestes lents toujours s'écœurent.
Dans les fossés conspirent des boues
Plus cuisantes que jamais entre elles.
L'espoir est ivre ! L'espoir est fou !
Vrai, mais les branches d'été s'amoncellent.
Des morts se pâment dans d'étranges douceurs.
Le temps d'un péché, sentiment occulte,
Les sentences s'accomplissent et se meurent.
De l'amitié parée entre deux râles,
L'infini brame et toujours discute
Et respire l'ignominie des dédales.
Tout sursaut assorti de gloire
Tout sursaut assorti de gloire
Maintes fois vers son ciel
S'abstiendra de le laisser choir,
Lui, âme aux tempes vermeilles
Car l'inexistence d'un dire
Perpétue le doute aimé.
Ainsi lui, noble fait des sourires,
Qui donc saurait l'animer ?
Vieillard receleur et suprême,
On rit dans les courses lointaines.
Et jamais fourbe ne put se suffire
Acclamant encore ses péchés
Et ne sut en son amour se dire :
"Halte-là ! Heureux chevalier !"
Parfums d’apaisement
Le sou du pauvre
Déterminé, croulant dans des flaques de boue,
L'impotent aux mains sales, les ongles décharnés,
Confusément ramasse le bien malingre sou,
Le diamant suprême qui scintille et qui pue.
La fièvre convulsive dans son âme palpite
Pour la pièce sinistre mais à ses yeux si douce.
Sur son visage, reflète l'éclat de la pépite
Quand l'or est tenu entre l'index et le pouce.
D'admirables espoirs se cognent dans sa tête
Tels de puissants désirs qu'on ne peut décevoir !
L'alcoolique incessant imagine une fête,
De superbes pichets de vin s'offrent à boire !
L'amertume se rit des innombrables dettes,
Puisqu’est mort en ce jour son noir désespoir !
L'âme en fleur
Femme dont le regard sait annoncer la joie,
Admirable beauté, allons chercher au soir
Les amours tant chéries de nos corps en détresse,
Oui, allons bras sous bras puisque le temps nous presse.
... Et comme nous marchions embaumés l'un par l'autre,
Et comme un doux parfum s'évadait dans les airs,
Je prie soin de vous embrasser, bel apôtre !
Posant un clair baiser sur cette bouche en fleur.
Et plus tard enlacés dans le sous-bois d'été,
Et plus tard mes deux mains où résonne le cœur
Entendaient palpiter leurs roses préférées...
Je ne saurais, amie, qui vivez en mon âme
Regarder le spectacle du ciel et de la terre
Sans penser à ce corps qui fit briller ma flamme...
Ha ! Fortune superbe
Ha ! Fortune superbe aux couleurs de la nuit
Qui me plonge au vacarme éminent de mes actes,
Je dirais se mourir dans l'alcôve sans bruit
La pure profusion que parfois se rétracte ! ...
Le mouvement inerte sur la blancheur des eaux,
Quoi ! Dans la belle chambre pour un jeu décevant,
J'encense en mon orgueil le vrai cri des falots ?
Non ! ... Le mensonge sur l'extase se répand.
Parcourir sur des flots en humbles destinées
La joie démentielle où résonnent ses pas ?
Cela n'a pas de sens ! Habillons l'autre fée.
Car l'orgueil tout à coup dans un sourire de gloire
Ça et là s'émancipe pour de nobles appâts.
Oh ! Substances rêvées qu'il espérait revoir...
Battements
Des stances inquiétantes procurent à l'infini
Des diapasons dorés sur des mètres de marbre.
Les regards amoureux soudain se sont enfuis,
On les dirait mourir onduleux sous les arbres...
La miséricorde virevolte, clamant à l'heure
Un chant tumultueux où l'espoir s'évadait.
Dans la nuit, elle déroule des rubans de douleurs ! ...
Les femmes piquent la foi dont ils furent défaits.
Mêlés de honte, dans un déferlement de haine,
Rares et gavés en des complaintes, ils s'étonnent
Brûlant d'un oeil glacial le mot que l'on dédaigne.
Vasques de plaisir, insouciantes et fécondes
Elles rejouent d'un gémissement épris et résonnent
Pour un grain de soupir sur d'autres chairs immondes...
Je condamne
Je condamne, car un Dieu en ma voix chaque jour
Pour un écrin de sel propose des Aimées.
Tel lui dit de jouer un implacable tour
Sur des substances claires qui s'élèvent rimées.
Comme un chatoyant rêve assermenté de nymphes,
Sur l'étendue tremblante s'octroie de la tristesse
A minuit du vain douze avec voiles de lymphes
Pareils aux mains rêvées implorant leur détresse.
Il, en rauques éteints, en incendies terrifiants,
Virevolte, au gré de mes substances obscures
Avec imprégnées toutes mes forces pensantes
En viles atrocités ou subtiles figures.
Et son joug jamais ne s'éteint en ma demeure :
Ses soupirs me proposent son royaume de pleurs !
Le vieil homme
Importent le vieillard aux mains sales de crasse,
Aux ongles jaunis, toussote de vertes glaires
Sur ses lèvres pendantes. Il entasse, il entasse
Et perpétue cloué le mythe de sa guerre,
Balbutie, secoue la tête par résignation.
Parfois dans ses yeux bleus, un reflet de lumière
Eveille en sa mémoire des danses et des chansons.
"Oui, souviens-toi, jeune homme beau, ô combien fier..."
Mais le temps disparaît, et le Seigneur l'oublie !
Ecrasé et vibrant sur son lit, il s'endort.
Est-il mort ? Oui, presque mort, enfin à demi...
Là-bas, d'autres enfants vigoureux, d'autres forts,
Des femmes éblouies belles comme des fleurs :
Le monde se poursuit, trouvant ses successeurs !
Les bancs
Sur l'esplanade où tremblent des sourires amers
Ruissellent de noires complaintes jusqu'à l'infini ;
Un regard vif, nu, parfois s'éteint puis s'éclaire,
Et rappelle l'angoisse quand le cafard a lui.
De lentes cérémonies tout à coup s'accusent
De faussetés malsaines ou de plaisirs bénins,
De voluptés immenses dont le passant s'amuse,
Hymnes douteux de mort respirée sur le sein.
Par l'affreuse rencontre de deux regards épris
Qui retient naïve la consécration des corps,
Je vois sombrer de fortes taches éblouies...
Car les fronts dans un accord parfait et changeant
Expirent les fourberies et les plaintes ; dès lors,
Des lèvres exaltées sur des rires complaisants ! ...
Tu ne peux resplendir
Tu ne peux resplendir sur un sourire carmin
Et nul être en son jour ne se plaît de l'offense
Paré de voix légères, d'hydre, de romarin,
J'entends toujours gémir le cri d'une souffrance.
Mais tes pas se déplacent dans les brumeuses nuits
Mélancoliques et mauves pour prier les défunts.
Ton miracle est soufflé par la mort qui s'enfuit
Tes douceurs lacrymales osent pleurer en vain.
Encombré de querelles, déchiré de morsures,
Sous le joug obsédant qui détruit les amants
Un large déploiement à l'infini procure
Les sueurs enivrées des obstacles navrants.
Eloigné dans les cœurs des sombres citadelles
Je m'aventure hélas ridicule et petit,
Hurlant toute ma rage, je crois mourir sans elle.
Paysage 78
Sous l'ombre de la nuit
Quand le soir se fait lourd
Dans les derniers moments bleutés
À l'ombre d'un cyprès
Tu vas t'abandonnant
Respirer la douceur nouvelle
D'un ciel aux horizons perdus,
Tu vas dans l'inconnu
Et l'amant accroché
Au royaume de tes yeux
Dort, dort paisiblement
Et toi, plus belle, plus vaporeuse
Peut-être, toi,
Tu le supplies d'aimer tes vingt ans.
Par le songe larmoyant
Par le songe larmoyant vers le ciel,
La réalité fatidique
Vaste drapeau, puissant appareil
Aux amazones antiques,
Creuse en s'enflammant des accords,
Comme une vergue ténébreuse
S'éprend en raison ou par torts.
Des gorges prônent le succès
Et autres délires accoutumés
Par l'oracle taisant maints succès :
La barrière sied en ces contrées.
Le fruit délectable, irradiant
La vraie morosité chanceuse
Est omise aux regards du vent.
Insignifiant
Que toute une discorde
S'implante en mon cœur,
Si jamais l'amie
À jamais se tord.
Tel l'astre frileux
Sur l'or des langueurs
Au feu des pâleurs
Est un vent douteux.
Souffle mes louanges
Alors embusqué
Amant aimé !
D'un commun mielleux
J'irai bel ange
Profiter du peu.
Chassez donc l'incendie
Chassez donc l'incendie téméraire des râles,
Et qu'un dieu indistinct acclame vos péchés !
De ce parjure aux divinités infernales,
La semence s'expulse et damne vos aimées.
Par l'artifice où le mal éternel se joue
Acclamant çà et là de confuses paroles,
Cette réalité charnelle prône la proue
Quand l'indicible ennemie divague et somnole.
Puisque d'une croyance travestie en déboires
Le maléfice glorifie les actes honteux,
Là fort caché dans les replis de la mémoire,
Le vice triomphe en gestes incestueux,
Foudroie les chairs cachées et les corps délivrés,
Le Mal, notre Mal aimé hurle de son mieux !
Le sac et la cendre
Le voyageur
Ainsi vers la croisée avec ses haillons neufs
Le voyageur s’envole assermenté de songes.
Les yeux illuminés ou le regard de bœuf
Dans sa douceur enchantée, longtemps il se plonge.
Dénudée, odeur des rêveries exotiques,
Collée contre son coeur, une jeune enfumée
Espère un tendre mot, un plaisir érotique
Et la bouche aspire le brouillard à humer.
Leur sublime insouciance ne saurait apprécier
Le monde encombré de piètres découvertes. Mauve
La compagne se meurt évasive et aimée.
J’ajouterai encore pour finir votre histoire
Encombrée de satin où l’esprit se fait fauve
Les plaintes indistinctes qui s’échappent le soir.
Macabre jeunesse
Sur le frais duvet où respire mon linceul
Quiconque écoute le col et le songe qui fuit
Découvre le tambour que charme mon orgueil
Acclamant en délices l’épave de la nuit.
Ô l’être boutonneux rongeant ses puanteurs !
Des larmes asséchées ont blessé son visage !
Le sang coule, le monstre souffle sa clameur.
On reconnaît les maléfices du carnage :
Des déchirures obscènes et des scènes scabreuses,
Des stigmates lapidant son front boursouflé,
Des araignées énormes, sur son lit, venimeuses !
Mais le soir s’avance, le bouillonnement conspire
Et raffole, le traître, des poèmes aimés.
Épuisé par la haine, mort par la Mort, j’expire !
Le repos du poète
Je viens baigner ma tête pour un repos amer,
Par mégarde d’un dieu, le vent s’y engouffra
Et l’antre tourmenté d’un joug jusque sous terre
D’une longue morsure blessa alors mes pas.
De ce sort contenu où son mal resplendit
Une voix épuisée veut mordre la lumière.
J’accours sur tes deux seins, ô ma profonde amie
Une nausée me suit qui descend là derrière.
Fulgurantes lueurs, sa voix est parcourue
D’une fraîcheur nouvelle sous un vent d’embellie.
Je plonge et je m’avance avant qu’un bras ne sue...
Du moins la ténébreuse me réclame la nuit
Et mon cœur sans relâche admire, constellé
Les étroites cachettes dont dispose l’aimée.
La Muse
Étalée en son long
La Muse sans garde
Observe par ce ton
Les couleurs qui la fardent :
“ Je parle de mépris
Pour l’esquisse grotesque !
Qui en ce lieu maudit
A jugé cette fresque ?
Mais mon amant vacille
Et combat comme un Dieu
L’inconscient subtil ! ...
Mon vœu est de savoir
Cette bêtise heureuse
Où ce paon veut s’asseoir ! ”
Collages
Au tutoiement chuchoté
Au tutoiement chuchoté
De la bouche qui diffuse
Syllabes indistinctes
Et bourdonnements confus
Ma cervelle insensible
Perdue dans ses brouillards sauvages
Vole vers les paradis impossibles
Barrés de grands carnages.
J'irai me reposer après les combats inutiles
De souffrances vaines et de Morts obscurcis
Oui, près de toi ma douce et ma charmante.
Dans ton jupon rayonnant comme un soleil
Pour y oublier la nuit âcre et rance
Illuminée parfois de rayons immortels.
Louanges du feu
Étang, œil transparent
Étang, œil transparent de l'horizon
En robe de glace, je défie ta toison
Dans les rousseurs des plaines de femmes.
Qui cascade sinon l'heure énigmatique
Dans les bleues des neiges,
Dans les noires nuits dorées de feu ?
Lustrées, colombes aux doubles éventails
Recouverts de plumes,
Mes mains battent comme les mouchoirs
De l'au revoir.
Pingouin macabre vers le ciel
Blanc comme l'enfance
Sans ailes, cloué au sol
Comment regagner ses frères ?
Hélène
Azur ! C'est moi... Je viens des grottes de l'Enfer,
Et j'entends l'onde fracasser les rochers sonores,
Je revois les vaisseaux dans les blanches aurores
Renaître sous les ombres d'un bel univers.
Mes précieuses mains tendues vers les monarques
Suppliaient d'attendre fébriles leur noble venue.
Je priais ; mais jamais les navires ne débarquent,
Sur les rives de Troie, jamais galère n'est vue.
Moi je sais en maints rêves la militaire ardeur
Surgir des gouffres obscurs de mon néant de reine
Et venger mon destin de l'insigne vainqueur.
Mais les Dieux satisfaits de ma souffrance vaine
Au sourire exalté condamnent mes supplices.
Hélène se meurt d'ennui, de pleurs et d'injustices...
Tes mains brûlantes d'amour
Tes mains brûlantes d'amour
Bercées par une palme,
Rien ne vaut le souffle calme
Du désir qui court,
Et réchauffe nos âmes
D'un rayon de soleil vermeil
Et lèche le ventre bruni de la femme
Ou pince gentiment son orteil.
Allongés nos deux corps sur le sable
Gagnons des rivages meilleurs
À bouches confondues, adorable sœur.
J'apaise ma soif sur la langue rosée
Qui reçoit et lèche le baiser,
Lèvres rouges de confusion désirables.
Alors qu'une brume épaisse
Alors qu'une brume épaisse enveloppe la ville
J'embrasse mes dernières fumées
Partir fuir l'exil, l'envol
Je n'emporterai pas mes souvenirs chassés
Sont-ce des forces nouvelles
Je foule le sol desséché par les crises
Et mes larmes de souffrance
Ne féconderont pas mes peines d'enfant.
J'ai froid, j'ai peur, j'ai faim
Qui me tendra la main
Un pantin criait dans les églises
Le nez levé il regardait les étoiles
Point d'ange gardien
Seul sans soutien.
Losanges
Avec l'or et l'encens
Avec l'or et l'encens au vagin ébahi,
Terre de mes idées, moi j'incline une tête.
Quand vicieusement, le bon plaisir s'apprête
À lécher mollement le creux veiné du dos.
De la source nouvelle jaillira un exploit
Figuré, il est vrai, d'un mouvement de tête,
Car sous les draps les râles et les soupirs du corps
Expriment, je le crois, le triomphe des bêtes.
En l'absence du rêve, je mugis fortement
Pour les noires poussées du seul espoir d'aimer
Pareille à la momie qui frotte son squelette.
Encore que chagrinée, se métamorphose
En lynx, écueil de chair, ou tempête, se glose
Pour crier et mugir ou mourir vainement.
N'importe quoi
Aux seuls soupirs ailés avec des bouquets d'ombre
Il me plaît de m'élire et de rompre l'instant ;
Mais je ne savais pas qu'afin de la détendre
La lumière du site suffisait mollement ;
Je suis, je suis et j'aime, alors je m'aperçois
Que la lune épinglée aux délices du nombre
Favorise le soir incertain, plutôt sombre ;
J'abandonne l'ardeur de l'inconnu, et roi.
À peine dévêtue du paysage en moi
La seconde se donne en mes mauvais penchants ;
Avec un air léger, synonyme, qui dit :
Plus rien en mes demeures de fatales pensées.
Je cours, je m'abandonne, baigné dans l'azur pur,
Et je n'existe pas. C'est fini, cette fois.
Pierres fétides où le temps
Pierres fétides où le temps abominablement
Jette sa passion et les vices écoulés,
L'heure éternelle pleure offrant un vain regard
Sur le nombre défunt de l'horloge oubliée.
Ainsi je veux qu'en d'autres plaines de soupirs
Mon plaisir se délasse de l'odorat pubis
Et que l'oeil torve hélas vende un désir heureux.
En toi seule, toi chère, je sens s'évanouir
Mille oiseaux agacés déployés de colombes
Qu'un lourd vol transparent de battements encombre
Vers un azur désert pour des pays finis.
Sur ta bouche tombale rarement je me pose
Pour extraire du néant la langue rose, fine :
Je peux signifier que parfois j'en explose.
Pensante et immortelle
Pensante et immortelle
Avide dans son désert
La pure sagesse se meurt
Infiniment en Elle.
Je la sais qui me pense
Stérile en ma saison.
Ma vraie soif dépense
Le vin de sa raison.
Sous les glaciers sanglants
Ou dans la nuit torride
Je m'élance et retombe,
Éclairs perdus en moi
Sans clignements de cils,
Beaux fruits de mon exil.
Prières - Phrases - Exil
Des sources de soies gazées
Des sources de soies gazées
Autour des vapeurs
Presque bleues
Et des amours saignantes
Les sanglots roulent
Leurs cascades éplorées.
Des nudités bizarres
Où s'écroulent voilées
Vos mousselines lourdes
Puis la fée rieuse dansant
Tourbillons de lumière
Aux mille artifices des nuits.
À toi belle
À toi belle si délicieusement douce
Comme la chair du fruit sucré,
Je m'évade dans ta crinière lourde
De larges nattes tressées
Pareilles à des rais de soleil
Qui caressent ta gorge profonde.
Je glisse mes doigts fins et câlins
Dans tes boucles presque rouges
Tirant sur l'or vif
De ton collier brillant.
Je respire les profusions de saveur
De ton haleine tiède
Ou je bois de tes larmes perlées
Et je t'aime, ma tendre sœur.
Ô toison d'or
Ô toison d'or
Rêve que nul n'éteint
Dans l'ombre des noirceurs.
Ici c'est à la lumière
Violette d'Igitur
Qu'il faut phosphorer.
Mais génie de vertige
Ou de fumées embrouillées
Les nettes ou sales vapeurs
M'ont déjà enveloppé.
Si quelque riche Prince
Glisse sur les poèmes d'or
À la clarté de s'ensoleiller
Qu'il vienne s'enivrer.
Sachet d’herbes
Ta beauté a vingt ans
Ta beauté a vingt ans
Et je l’implore
En suppliant
Ton corps a désiré
Mes larmes belles
Pour te prier
Dans le feu de l’enfer
J’invite mes fantasmes
Pour faire jouir
Tous mes orgasmes
Dans les cris de la guerre
J’implore ton Dieu d’aimer
Nos corps
Et d’abolir les cruautés
Malédiction
J’ai connu la douleur infligée à mon corps,
Les noires cicatrices qui hurlaient mes remords.
J’ai subi la torture imposée par ce Dieu
Qui crut en des péchés coupables à ses yeux.
Assoiffé de justice, j’exprimais mes souffrances.
J’implorais l’au-delà d’une vraie délivrance,
Je portais vers le ciel un esprit tout rempli
D’espoir et d’avenir songeant au paradis.
Mais le Fatal rongeant l’espérance suprême
M’infligea du néant une vengeance extrême
Et je dus m’endormir dans mes chaos sanglants
Car ce monstre idéal reniant mes tortures
M’expulsa de son ciel dans un rire éclatant,
Et je gis excrément au milieu des ordures.
Douleurs extrêmes
Je rends grâce à ta pureté
Je rends grâce à ta pureté
Toi le Dieu qui me tortures ;
Au poète d’injustices infligées,
Toute sa grâce est au futur !
J’aime le démon de Satan
Qui, par son vice, s’éternise
Et me propose en me frappant
Son feu vierge qui sodomise !
Car de pleurs et de rires mêlés
Je saigne rouge en jouissant :
L’anus d’amour est défloré.
Dans l’horreur de mes nuits obscures
Agenouillé, allant et venant
J’éprouve les mille joies de ma blessure.
Voici du lait
Voici du lait, voici du sang, voici des femmes ;
Et puis voici mon sexe qui est tendu pour vous.
De grâce, admirez sa grandeur pour vos flammes,
Et pour l’espoir de l’homme, priez-le à genoux.
Dans sa domination, implorez ses délires
Que vous puissiez jouir du râle d’un humain !
Dans votre gorge tiède, obtenez ses soupirs
Comme un enfant de chœur tient cierge entre ses mains !
Que substance de rêve coule dans votre bouche !
Que soumise à son corps vous puissiez sur sa couche,
Le voir quêter toujours sa si petite mort !
A moins qu’entre deux cris du râle qu’il expire,
Il ordonne au désir dans tout autre décor,
Un lieu noir et lugubre de son futur plaisir !
Sueurs sacrées, éloge de l’orgasme, la faucille sanglante
Extase d'agonie
Extase d'agonie
Agonie vers la Mort
Je prie je supplie
Le bon plaisir encore.
Orgasme infini
Infini quand tu dors
J'implore à ta vie
De recevoir mon corps.
Ultime éclair
Éclair vers la Mort
Sublime est la chair
Qui espère encore.
Le coeur foudroyé
Se meurt effrayé.
Fille d'hiver
Fille d'hiver à la glaciale chair,
Qu'il serait bon d'embaumer ton printemps !
Fille d'homme ivre à l'haleine sanglante
Qu'il serait fort d'endormir tes quinze ans !
Sous l'aisselle blanche, sous la rouge robe
Tes trésors d'enfance frêle
Sont à respirer nuitamment.
Sur ta lèvre orange, sur ta moite main
Tes frayeurs de pucelle rebelle
Ont à se donner maintenant.
Ombre de dormeuse au baiser qui s'anime,
Il te faut réveiller ton ardeur du présent
Il te faut dévoiler tes envies !
Belle de blonde folle vers l'amour débutant !
Le livre blanc
Va, mon cœur amoureux
Va, mon cœur amoureux caresser la charmante ;
Va longtemps respirer sa douce odeur d’amante.
Quand ivre de vertiges tu sauras t’endormir,
Sa folle chevelure sera un long soupir.
Toutes tes passions mêlées dans un grand rêve
Vogueront lentement vers la mer qui s’achève,
Et comme le tangué qui berce le bateau,
Seront baisers d’écume sur le roulis des flots.
Évade-toi toujours ; tes puissantes pensées
Comme font les marins dans leurs cœurs oppressés,
Seront colombes blanches dans l’ombre qui expire.
Mais au matin songeant au rêve qui délire
Te réveilleras-tu aux bercements des eaux ?
Mais, ô mon corps, entends les pleurs des matelots !
Quand j’aurai épuisé
Quand j’aurai épuisé ma semence charnelle
Dans tes gémissements, ô ma douce cruelle,
Quand le noir repentir sur la couche d’extases
Saura trop me punir de l’horreur des orgasmes,
Je plongerai mon cœur dans ses froides ténèbres,
J’éclairerai mon âme de ses torches funèbres,
Et regagnant ce lieu que tu ne connais pas
J’irai maudire mon corps d’aimer tous tes appâts.
Et peut-être verrai-je à la clarté du Mal
Descendant l’escalier de mon vice infernal
De ces vers resplendir le feu des passions ?
Dans la nuit son phosphore rongera mon remords
Et me fera mourir de pénétrer ton corps,
Ô mon sublime objet, sombre tentation !
L’indifférente
Ô sublime beauté, sirène de mes songes,
Quand mon âme se noie, je crois voir et je plonge
Dans l’élixir des eaux, extase de mes nuits
Profondeur inconnue qui lave mon ennui !
Et ton corps apparaît perlé de gouttes d’or
À l’épave enivrée qui s’attache à tes bords.
Ma détresse infinie appelle ton amour
Qui hurle, naufragé, le cri de son secours.
Que t’importe, inhumaine que les pleurs dans ma voix
Implorent l’impossible de mon terrible effroi ?
- Tu ne sais qui je suis, tu ne sais où je vais !
Dans le rêve étoilé il faut donc inventer
Un cynique poète qui se rit d’exister
Du moins pour oublier cette vie à jamais.
L’irréductible
Après avoir jeté mes sueurs de poète,
Un ténébreux silence s’installe dans ma tête.
Il me revient l’envie, ô ma très chère amante,
De partager en toi les délices charmantes.
Je plonge dans ton cœur mon génie incompris,
Et j’éprouve l’extase comme l’enfant surpris
De posséder ta chair, de soumettre son corps,
Ô ma belle immortelle caressant mes remords !
Alors dans le Néant, je trouve ma conscience :
Je chasse les noirceurs qui corrompent ma science
Mais j’éloigne hors de moi tes baisers infinis !
Il n’est rien dans ta chair qui gagne mes extases
Et jamais sur ta couche je ne serais soumis
De supplier ton cœur pour un sublime orgasme.
Connais-tu la torture
Connais-tu la torture infligée par la Mort,
Descendue ici-bas pour corrompre ton corps ?
As-tu subi du ciel l’horreur de l’envoûté
Qui croyant en son Dieu n’aurait jamais douté ?
J’étais pur, j’étais vierge !, et j’avais vingt années
Quand ces monstres vicieux sont venus me frapper
Accusant ma jeunesse de péchés inconnus.
Dans mon corps transparent, mon esprit allait nu.
Terreur du possédé, je suppliais toujours
Et mes cris imploraient l’espoir de l’au-delà.
Mes poings étaient crispés, et je tendais mes bras.
Je hurlais mes douleurs sans connaître l’amour
Que ce Dieu insensé m’avait alors promis ;
Car la Force céleste au Mal m’avait soumis...
La conscience de l’amante
Je pourrais pour te plaire prodiguer sur ton corps
Les caresses insensées qui chassent les remords
Et donner, mon amour, sur ta chair déjà lasse
Les plus profonds baisers que ton désir embrasse.
Je pourrais t’infliger les sublimes détresses
Que ton âme envoûtée supplie dans ses ivresses,
Et frapper sur ton coeur les fantasmes sanglants
Que ton esprit vicieux implore en gémissant.
Mais je sais qu’éloigné de la passion charnelle
Éclairé du génie par la flamme éternelle,
Tu vis dans ton Néant que je ne connais pas.
Jamais je ne saurais en mes superbes poses
Proposer de mes charmes les folles métamorphoses
Et offrir au poète la beauté des appâts.
La chute vers Satan
Ce monstre sans pudeur sait torturer les âmes
Et peut par sa terreur les plonger dans l’infâme ;
Il aime unir au goût de la lubricité
Le plaisir de souffrir dans son atrocité.
Son génie prend le charme de la métamorphose
Et offre sa beauté dans de sublimes poses ;
Il crée le désir noir de la vile tentation
Aux esprits inspirés de basse prostitution.
Ce démon, par son vice, veut jouir de toute chair ;
Il inflige au croyant la joie du possédé,
Ce besoin de subir le rythme saccadé.
Son alchimie du corps fait oublier l’éclair.
Et plus fort que l’ivresse de la femme et du vin,
Il purifie par l’homme le baiser du Divin !
Il vous faudrait oser
Il vous faudrait oser sans rougir de contraintes
Activer sur mon corps ses cris et ses complaintes,
Il vous faudrait bercer de baisers les plus doux
L’amant et le poète qui aiment à genoux.
Mais vous me proposez, o femmes impudiques
Sous vos caresses viles des positions lubriques,
Et vous vous prosternez, insouciantes à mes yeux
En vos plaisirs sublimes, exaltés d’odieux.
Je préfère à vos corps la chair de la bergère
Parfumée des senteurs enivrées de bruyère,
Je préfère la pudeur à vos horribles appâts.
À moins que toutes deux, par vos chaleurs exquises
Vous sachiez m’exciter, ô divines marquises,
Sur le sofa d’extases qui subit nos débats.
La belle soumise
Je supplie ton sadisme de me frapper encore,
De faire hurler d’extase les passions de mon corps ;
Je veux que ta torture engendre mon fantasme,
Que le sang et les pleurs saccadent mon orgasme.
J’implore tous tes vices, monstre de cruauté.
Que ton viol inhumain s’unisse à ma beauté.
Je veux dans la souffrance atteindre le plaisir,
Et faire jaillir en spasmes les enfers du désir.
Il est que je ne puis pareille à ces amantes
Éprouver le bonheur des amours nonchalantes.
En ces caresses tendres, il n’est pas de soupirs.
J’infligerai longtemps à ma chair qui expire
Les hurlements d’horreur qui toujours me condamnent
À n’apprécier l’amour que dans l’horreur du drame.
Le tortionnaire repenti
Il cherchait dans l’excès des jouissances cyniques,
Le plaisir tyrannique de posséder un corps ;
Des haines et du besoin de torturer encor,
Il plongeait dans l’horreur des souffrances physiques.
La semence expulsée, son symbole sexuel,
Le poussait tout entier vers des transes barbares,
Pareils à des vaudous dans leurs danses tribales,
Avant de profiter de l’offrande charnelle.
Il nourrissait sa nuit de fantasmes maudits,
Il créait en son âme les sublimes interdits,
Dépeçant les humains, les cadavres et les morts.
Après avoir tué, satisfait de ses crimes
Coulaient sur ses joues rouges des pleurs et des remords,
Des sanglots de pitié qui priaient ses victimes...
Il faut pleurer ce Dieu
Il faut pleurer ce Dieu d’infliger ces tortures
À la masse d’humains implorant vers les cieux
Des prières de paix contre un monstre odieux
Qui toujours se complaît dans les cris des blessures.
Je connais ton extase, o beauté immortelle,
Et je bois à ta source, assoiffé de l’envie
De jouir des présents que compose ta vie
Éloignant au plus loin les souffrances charnelles.
Il est que mon sublime s’inspire de ton corps
Et chasse de son âme ses passions et remords
Refusant l’au-delà qui jamais ne m’inspire.
Je goûterais longtemps les plaisirs de ta chair
Me vautrant dans le lieu du bonheur qui délire
Voyant peu dans l’azur le signe d’un éclair.
Légende bretonne
Quand les noirs goélands voltigent dans l’air pur,
Dans la baie de Penmarc’h irradiée de soleil,
S’en vient se fracasser sur l’horizon vermeil
Un cri agonisant gémissant vers l’azur.
Le pleur d’un trépassé en souffrances obscures
Supplie dans la bruyère dorée d’ocre, et réveille
Les anciens naufragés aux douleurs immortelles
Se souvenant encore de leurs combats impurs...
Les légendes bretonnes racontées tous les soirs
Autour des cheminées amplifient les mémoires
Des vieilles dentellières assises près du feu.
Il paraît que les nuits favorables aux esprits
Les mourants se levant, les bras tendus vers Dieu
Implorent leur pardon sur la mer infinie.
Si dans le bel azur
Si dans le bel azur tout empourpré de rose,
De mon esprit zélé chassant son noir morose,
O ma Dame d’Amour de mon âme égarée
Peut se faire par ton coeur ma croyance dorée,
Je veux sur mes genoux implorer tes complaintes
Et prier par ta grâce mes douleurs et mes craintes.
O ma blanche irréelle invisible à mes yeux,
Je veux punir longtemps tous mes péchés odieux.
Et peut-être sensible aux terreurs qui m’enlacent,
Seras-tu dans mes songes éloigner les courroux
Et frapper en Enfer les Malins qui menacent ?
Ma douceur est si pure, la prière qui absout
Peut-elle justifier la belle délivrance
Toi qui sais que le feu est bienfait de souffrance ?
Lorsque dans le futur
Lorsque dans le futur j’irai avant mon âge
Et partirai mourir avecque mes tortures,
Le torrent de mon sang fera de longs murmures
Et nourrira mon nom de ce triste langage.
On entendra longtemps la souffrante complainte
Maudire dans l’au-delà l’horrible destinée
Que le Dieu ou la Muse dans mon infortuné
Parmi de mauvais anges infligeaient à ma plainte.
Mais les plus orgueilleux prétendront de sagesse
Que le Mal prodigué n’est que juste largesse
À mon coupable esprit qui n’a point existé.
Et jamais dans leur coeur ne cueillant un soupir
Un sot ricanement couvrira mon gémir
Que Satan bénira de m’avoir possédé.
Le sage et l’insensé
Le sage et l’insensé unis dans leurs délires
Sauront par leurs propos accuser mon jeune âge,
Et du génie poltron pleureront leurs soupirs
Ou mieux se fâcheront de violente rage.
“Ainsi, se diront-ils, du savoir de Pascal,
De quel droit ose-t-il imiter les Pensées ?
Végéter au désert comme le noir chacal,
Ou pareil à l’ermite dans son âme rester ?”
Si telle la beauté je dois offrir mon corps
Au premier courtisan qui voudrait l’admirer,
Quel serait mon mérite dans l’ombre de l’effort ?
Si tel un bon esprit doué à tout venant
Pour quelques belles-lettres l’on veut m’apprécier
Ne serais-je précieux ou du moins en pédant ?
Il me faudrait, se veut
Il me faudrait, se veut, me montrer sans la crainte
Et par tous mes amis me gloser de complainte,
Gémir tel un génie mes sublimes pensées,
Et faire l’indifférent de lauriers dispensés.
Il me faudrait encore mi-pudeur et mi-gloire
Sans gonfler mon cerveau de superbe mémoire
Parmi les bonnes gens faire le demi-dieu
Et rougir du travail accompli de mon mieux.
Je ne possède point le jeu de la traîtrise
Et je ne prétends pas posséder la maîtrise
Faisant par mon esprit un humble vaniteux.
Aussi je me suffis en ma tendre jeunesse,
Dans ma pauvre demeure de ma folle sagesse
Et prétends par cela être un jeune homme heureux.
Si je ne puis sourire
Si je ne puis sourire, c’est qu’étant malheureux
Le plaisir de l’amour m’est toujours défendu ;
Si je sais soupirer, c’est que génie affreux
Des tristesses du vers je me sens confondu.
Il n’est douce bergère écoutant de mes chants
Les belles mélodies pleurées de mes souffrances.
Dans les verts pâturages et dans l'herbe des champs
Mes douceâtres chimères ne sont point délivrance...
Mais pourrais-je espérer, en cette solitude
Éloigné du bonheur et de la multitude
Que l’esprit se plaira de son savoir ardent ?
Me faut-il invoquer d’une Muse morose
Déchirant sur son sein une sublime rose
Les terribles douleurs de mon esprit sanglant ?
Breton serait savant
Breton serait savant s’il n’était point Breton ;
Breton serait pensant s’il savait bien écrire,
Hélas, en un patois, il exprime son ton.
Son esprit est si clair qu’en sabots dans la bouse
Il fait danser d’amour les cuisses de sa dame !
Son talent répandu au-delà de son âme
Est admiration aux yeux de son épouse !
Ah ! Du Bellay maudit avec une arrogance
Le vent soufflant de l’ouest des grands navigateurs
Trouvant dans leurs esprits les nouvelles espérances...
De surcroît il saurait que sans poltronnerie
Des guerriers * de demain iront d’un air vainqueur
Chasser du sol français l’Anglais de la patrie.
* Du Guesclin
Les Sodomites
Vous vous êtes tous deux jetés dans la démence
Et avez accompli de lâches infamies,
Prétendant que ce Dieu dans sa grande clémence
Saura vous soulager de vos noires sodomies !
C’est ignorer en vain la pureté divine
Qui condamne le Mal animé de l’horreur
De pénétrer le corps en sa substance intime,
Répandue par la chair jusqu’au profond du cœur.
Vous avez compromis l’espoir de délivrance
Qu’à chacun d’entre vous j’avais toujours promis
Préférant au plus pur la joie de la jouissance.
Car c’est prétendre au mal hélas se voir soumis,
C’est donner à son âme le terrible malheur,
Et subir à jamais une atroce douleur !
Essence de sainteté
Si de n’avoir jamais tué le loup qui blesse,
Et si d’être toujours resté en ma maison,
Si jamais à beauté j’ai offert de caresse,
Peut-être que mon Dieu bénira ma raison.
Et si jamais je prie les louanges divines
De pardonner mon cœur de viles tentations,
Il se peut que Marie, mère des punitions,
Saura bien écouter mes prières sublimes.
Il est que dans mon coeur la vengeance n’est point,
Il est que tout le Mal est rejeté au loin.
J’entends de tous les anges les musiques du cor.
Il était que ma chair n’était plaisirs extrêmes
Il était que jouissance m’étaient pures et suprêmes
Et jamais à l’envi je n’ai choisi le corps.
Sonnet moyenâgeux
Si tu le peux prétendre qu’au plus beau jour demain
Tu sauras du génie acclamer le délire,
Humilier mon vers par ton noble quatrain,
Qu’insensé je soupire dans un pauvre mourir ;
Si ta plume exercée aux sublimes hardiesses,
Qu’il est si bon savoir en cent ans de métier,
Veut courir excitée des palmes et des finesses
Que le simple flatteur à l’esprit sait rimer ;
Moi honteux devant toi j’incline révérence
Et fais vœu le plus doux de répéter en vain
Du poète si beau la belle rutilance !
Mais si doutant un peu ce que ta Muse expire,
Tu relis à présent tout mon sonnet en main
Peut-être diras-tu : “Que ma raison chavire !”
Il te faut parvenir
Il te faut parvenir, ô jeunesse affolée
Malgré le désespoir du vers incontrôlé
En ton âme pensante extirper le savoir
Et tirer de l’ancien la sublime mémoire.
Il te faudra longtemps extraire une substance
De tes maîtres savants, fils de la Renaissance,
Qui conquis par l’idée de l’esprit le plus pur
Ont pu dans l’au-delà regagner leur azur.
Je sais que ton cerveau se voudrait tout connaître
Encenser de leur gloire le génie des poètes
Et dénouer les nœuds qu’ils firent en se moquant.
Par-delà les sueurs qu’inflige le sublime,
Je pourrais conseiller à ton coeur se mourant
D’implorer l’Idéal dans sa lueur divine.
Il faudrait me conter
Il faudrait me conter de la plus belle histoire
De l’au-delà certain les raisons purifiées ;
Curieux tel un savant je voudrais en mémoire
Les bases les plus saines par la terre édifiées.
Il faudrait que mon Saint descendant en ce lieu
Me montrât du savoir mais en juste milieu,
Des créations divines à mon âme sensées.
Se pourrait-il pourtant qu’un bel esprit sublime
Ignorant l’évidence d’un purifié du Roi
M’aidât à déceler l’image qu’il exprime ?
Il serait étonnant qu’un Dieu si monstrueux
Permît à ses disciples, enorgueillis de foi
D’influer aux humains son génie glorieux.
MX 219
Les techniques modernes excitent l’épiderme,
Décident seuls de l’axe des jets à expulser.
Et les champs magnétiques explorent à court terme
De la zone sensible le sexe à érecter.
Les rayons lumineux donnent sur le cadran
Que mon taux de jouissance est proche du délire,
Que mon rythme sanguin coagule à trois cents
Et qu’ainsi par l’amour je connais le soupir.
MX plaisir de chair analyse mon sperme,
Observe la déficience du degré de puissance
Et obtient par calculs le génie de mes germes.
La main masturbatrice doit s’activer encore
Afin de récolter la semence de croissance
Du liquide explosé au centre de mon corps.
Les sonnets 84
En lieu de Montauban
Ce que je fais ici en lieu de Montauban
C’est d’apprendre à ma plume à se mieux déplacer ;
Je la tords à nouveau et la veux voir tracer
Par l’encre qui s’écoule des signes en ruban.
Ce que je ne dois pas c’est de me satisfaire
Des proses puériles par les muses appréciées ;
Et si je hais toujours leurs propos outranciers,
C’est qu’une âme inspirée prétend encore mieux faire.
Là si je me punis en ma noire demeure
Pour croire en l’écriture, en de meilleurs acquis,
C’est que l’esprit suppose ce qui lui est promis.
Non je ne crains en rien qu’en cet endroit je meure :
Les belles immortelles, par leurs gloires encensées
M’ont d’un espoir promis sublimé mes pensées.
Hymne au Divin
Toi qui dans le Néant fais flamber tes lueurs,
Toi qui du noir obscur engendres la lumière,
Toi qui dans l’Au-delà sais ta gloire première,
Et du génie sublime éclaire tes sueurs,
Peux-tu par ma prière satisfaire ma mémoire,
Et peux-tu lui donner par l’âme qui soupire,
Le divin sacrifice de l’esprit qui expire,
Qui implore et supplie son impossible espoir ?
Car tu peux abolir les lois et son futur,
Et te faire obéir du vil et du plus pur,
Imposant dans les Cieux le puissant repentir.
Toi qui Maître Géant renais de tous les morts,
Qui d’Essence promise défais tant de remords,
Veux-tu Force Inconnue ton hymne retentir ?
De la critique
Certains le prétendront que tenter ces écrits,
C’est vouloir outrager l’Ancien et le Futur ;
Certains démontreront par leurs génies d’esprit,
Que c’est se prévaloir des hontes et de l’impur ;
Certains, des plus subtils, connaissant la satire
Comprendront de ce jeu l’audace et son injure,
Mais point n’accuseront la folie du délire,
Ne jugeront jamais la loi et son parjure.
Certains s’indigneront que d’oser la grandeur,
C’est vouloir outrancier les Muses immortelles,
Et c’est se couronner de fleurs et de dentelles ;
Mais d’autres, des plus fins, appréciant l’odeur,
Non point rejetteront le parfum du recueil,
Et s’en amuseront de ce vilain orgueil.
En la noire Capitale
Si je me dois de grimper en la Capitale,
Un de ces mois lointains, afin d’aller quérir
Le droit d’être connu, ou mieux de la chérir,
Et donner à chacun la face que j’étale ;
Si je dois du sourire toujours faire bel honneur,
Et feindre à leurs regards tous mes semblants d’aubades,
Et flatter les plus sots de leur basse teneur,
J’emporterais ma fuite en lieu de dérobades.
Croiser le médiocre pour sortir un trois cents,
Encenser l’ignorant pour ses faibles écrits,
Admirer l’irréel fabriquant ses non-sens :
Voilà ce que la Muse m’impose comme esprits.
Il me faudra pourtant ces vilains que j’accuse,
Implorer leurs génies qu’à jamais je récuse.
Si tu sais Du Bellay
Si tu sais Du Bellay, quelle chose c’est Rome
Du plaisir et du vice et d’autres choses encore,
Tu ne sais le malheur de s’essayer au corps
Et de feindre au dormir par la voie de Sodome.
Tu ne sais quelle honte il nous faut déployer,
Par ruse et par traîtrise pour traiter l’excrément.
Ne sais de quel mensonge il faut jouer l’amant
Et courber ou pencher la belle en son foyer.
Tu as su obtenir les pensées les plus pures,
Les amours à prescrire et les vilains parjures :
Par la Grâce de Dieu, ne t’en détourne pas.
Si tu sais observer les noirceurs les plus vaines,
Des rouges et des calots, des grandeurs souveraines,
Par ta forte raison, chasse au loin ces prélats.
Celui qui pureté
Celui qui pureté atteindra l’Immortel
Passant de porte obscure à la claire Déité,
Celui-là obtiendra par sa félicité
Le bonheur qui confère le plaisir éternel.
Celui-là gagnera l’aile pure qui respire
Voltigeant, inconscient dans le sublime azur,
Et nageur fait d’espoir par la gloire du futur,
Construira de ses cendres la beauté d’un empire.
Les superbes princesses, les reines à genoux,
Seront saintes ou esclaves admirant sa grandeur,
Soumises à son génie, promises à sa hauteur.
Ou que ses frères d’esprit, haineux et en courroux,
Se fassent chiens et loups, par le Mal qui honore
Et de leurs crocs sanglants lui infligent la Mort.
Je ne te dirai point
Je ne te dirai point mes amours immortelles,
Ne sachant les plaisirs qu’on éprouve en ces lieux ;
Et me tairai encore des beautés éternelles
Que mon âme féconde propose de son mieux.
Mais je puis te conter les douceurs solitaires
Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.
Ou te parler toujours des hontes urinaires,
Que ma panse gonflée propulse en tous lieux.
Ainsi étant misère, aucune chair abonde.
Quel que soit le logis où le soupir est monde,
Il est que fait poète on me veut malheureux.
Je me sens entouré par l’âme maléfique.
C’est encore le désir d’une Muse saphique,
De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.
Le poète de glace
Est-il vrai que l’on dit que de froid je me glace,
Que je donne au sourcil un regard ténébreux ?
Que ma face de marbre s’aguiche d’un ombreux,
Qu’en tout lieu où je suis on évite ma place ?
Est-ce vrai par cela que je ne puis séduire,
Que jeunesse effrayée s’en éloigne de moi ?
Ou que fille à aimer s’enfuit de mon émoi,
Et que de doux attraits je n’en sais point produire ?
Quel serait l’intérêt d’effaroucher les belles,
Afin de les savoir jamais à mes côtés,
Et d’en faire à mon corps des sujets tant rebelles ?
Quel serait le plaisir d’éloigner les beautés,
Afin de me suffire d’une noire solitude,
Et de donner ma chair à ma triste habitude ?
Si je dois de rester
Si je dois de rester six années en ces lieux
Afin de mieux parfaire la tenue de l’écrit,
Ce n’est point de savoir la valeur de l’esprit
Qui est déjà connue des génies dans les cieux.
Si je ne puis douter des raisons de mes anges,
C’est que de l’évidence j’entends ce qu’on me dit ;
Et si en l’occurrence mon propos est redit,
C’est que par tant d’essais je tends vers mes louanges.
Ce n’est pas de jouer du poète incompris
Que je me plais ici à écrire de mon mieux,
C’est vouloir progresser de mon médiocre appris.
On ne peut contester que méchant je dérange
N’ayant pas accompli comportements odieux,
Si même vers l’ancien toutefois je me range.
Si je suis en silence
Si je suis en silence et ne veux exister
Dans la sorte stupide qui se dit poésie,
C’est que mon bel esprit jamais ne s’extasie
De la gloire décadente que je dois exalter.
Ainsi il me faudrait par ces rimes stériles
Par ces vers libérés leurs génies admirer !
Et il me faudrait encore devoir soupirer
De ces écrits noircis, leurs factures puériles !
Si je reste en mon lieu et choisis de languir
C’est qu’une âme inspirée déteste de s’offrir
À la basse ignorance qui se croit inspirée.
Encore s’il me fallait de vos clameurs soumises
Vous savoir apprécier mes valeurs incomprises,
Je vous concéderais ma présence espérée !
Je ne m’abuse point
Je ne m’abuse point qu’en tout lieu de nos villes
Celles mêmes pucelles se changent en catins,
Et pareilles effrontées comme sont les putains,
S’aguichent et se transforment en de vilaines filles.
Je ne m’amuse point qu’en ces jeux les plus vils
Celles-là fleurs encore se donnent jusqu’aux demains,
Et s’offrent des plaisirs et s’activent des mains,
Fantasmant ou rêvant de leurs mâles virils.
En ces temps tout est bon à la cuisse légère
À désirer la chair, à caresser la peau ;
Et celles-ci sont loin de ma pure bergère,
Vagabonde et limpide dans la belle campagne,
Sinon que celle-là jouant de son troupeau,
S’essaie peut-être aussi leur servant de compagne.
Ce serait du mensonge
Ce serait du mensonge si je le prétendais
Que de me satisfaire en un lieu si lugubre,
Je pourrais obtenir le plaisir insalubre
De ce Néant stérile qu’en mon coeur j’attendais.
Mais ce serait beau songe si je le maintenais
Que de subir ce vers j’en tire un grand profit ;
Et ce serait audace que de tenir défi,
Et de dire de l’écrit : le génie s’en venait.
Si je suis pauvreté, c’est que l’apprentissage
Impose à ma raison le nécessaire tissage.
Mais la Muse incomprise dispose de son droit.
Si je tends à savoir, c’est que j’espère encore
Que cet esprit servile s’essaie dans son effort,
A faire d’un innocent un artisan adroit.
Il est sot d’accuser
Il est soit d’accuser le poète en sa tour
Qui, dans son désespoir s’essaie de mieux parfaire,
La pauvreté d’un don afin de se défaire
De sa basse ignorance que sa raison entoure.
Il est sot d’accuser sa sombre solitude
Qui se veut d’obtenir des meilleurs accomplis ;
Qui se doit de chercher des sonnets assouplis,
Afin de satisfaire à la noire multitude.
Il faut tant de courage et de sueurs encore
Que le vouloir punir s’activant dans l’effort
C’est d’un lâche stupide que je veux évincer.
Il faut tant de crétins pour peupler le bas monde
Que je puis pardonner par leur bêtise immonde,
Leurs stériles paroles qui me feraient grincer.
O mon âme incomprise
O mon âme incomprise, ne te languis en rien !
Tu te dois de laisser l’insensible critique,
Incapable qu’elle est par son droit despotique,
De savoir séparer l’ivraie de son bon grain !
O mon esprit penseur, cesse enfin de gémir !
Tu ne peux l’ignorant de toujours l’accuser,
Innocent qu’il sera, ne veux-tu l’excuser,
De ne comprendre point l’amour et son soupir ?
Il est qu’un Comité satisfait de son rang,
Prétend par le pouvoir qui lui est conféré
Décider du savoir dont il use en régnant.
Il ne sert de jurer de son inaptitude
A vouloir encenser ce qu’il a préféré,
Même si son erreur prêche l’exactitude.
N’est-ce pas d’un stupide
N’est-ce pas d’un stupide que de quitter ces lieux
Pour s’en aller quérir en traversant le monde
Que la terre à tourner est toutefois très ronde,
Qu’une mer en furie est océan furieux ?
N’est-ce point de bêtise que la folle jeunesse
Pour se vouloir mûrir se veut de rencontrer
Mille entraves ou déboires afin de démontrer
Que de vivre ses vœux est preuve de prouesse ?
Sont-ce pas ces regrets que certains ont chantés
Pleurnichant leur pays et leurs muses angevines
Se lamentant encore de leurs sources divines ?
Sont-ce pas ces antiques que plusieurs ont chantés
Fuyant la douce France et ses belles campagnes
Cherchant le satisfait par-delà les montagnes ?
Sais-tu de quelle liqueur
Sais-tu de quelle liqueur je veux gaver mon corps,
En extraire l’élixir et sans aucun effort,
Obtenir de ma plume qui voltige et s’enlève,
Un esprit sublimé d’un rêve qui se lève ?
Peux-tu, mon Buridan, éclairer ta cervelle
Atteindre mon génie qui toujours t’émerveille ?
Et comprendre, insensé, la finesse des mots
Que ta bouche putride accompagne de rôts ?
J’unis à ta bêtise ma pensée immortelle ;
Par-delà ma raison ma gloire se constelle,
Et plane aux cieux divins au-delà de la mort.
Je laisse à ce sonnet qui lentement s’achève
Le plaisir de jouir, et sans aucun remords,
Te concède le droit du médiocre qui rêve.
Si c’est cela te plaire
Si c’est cela te plaire que de voir un sein nu
Profilé sur la plage ou plongeant dans la mer,
Si c’est cela d’aimer sans mauvais goût amer,
Que de jouir de la fille, de sa légère tenue ;
Si cela te suffit que d’observer un corps,
Alangui sur le sable s’imprégnant de soleil ;
Si tu en tires profit de ce rayon vermeil,
Surchauffant cette chair et la brûlant encore ;
Tu pourras à loisir la lorgner sans la crainte,
Ne te sachant puni, sans subir la contrainte ;
Car du plaisir de l’oeil, il n’est pas interdit.
Tu pourras, si tu veux, espérer la caresse
La voyant embrasser par le vent de tendresse :
Seul de l’imaginaire, il te sera permis.
Je sais que tant de gens
Je sais que tant de gens dénigrent mes écrits,
Les prétendants stupides par leurs pensées fécondes.
Je sais que je ne puis satisfaire leurs esprits,
Se flattant posséder de la belle faconde.
Je laisse aux ennemis se moquer des tournures,
Et en rire lourdement se tapant sur la panse.
Je leur donne le droit d’infliger leurs censures,
Sachant pertinemment ce que critique en pense.
Mais je peux invoquer leurs stupides raisons,
La stérile ignorance qui longe leurs saisons,
Et se veut exister au fil du mauvais temps.
Je sais que l’impossible est d’être reconnu,
Dans les jeunes années d’un esprit survenu,
Que son âme incomprise engendre un pénitent.
Vois-tu, mon Buridan
Vois-tu, mon Buridan, je sais sur cette terre
Ne me plaindre jamais des malheurs les plus bas ;
De ne gémir jamais des gloires que je n’ai pas,
De ne râler en rien du génie qu’on enterre.
Vois-tu, je puis tenir, et noircir dans mon ombre
De mon vers, le précieux, le bien qu’on n’aime pas.
Je peux ternir l’amour qui m’est chair et appât,
Et dormir dans la Mort que je veux pierre sombre.
Je dis qu’il est demain aux plaisirs de mon ange
De croire en un Toujours, en des désirs plus beaux
De couler par mes pores maints sanglots de mes eaux ;
Je sais qu’on ne peut pas aimer de mon étrange
Par ce sonnet sensé tous ces mots à graver,
Et qu’il faut la folie pour oser les braver !
Souvent nous haïssons
Souvent nous haïssons ne sachant composer
Nos stupides écrits pour leur tour à mieux faire ;
Souvent par trahison nous voulons contrefaire
Du génie des anciens leur gloire à imposer.
Le travail est navrant ; notre pauvre infortune
Nous inflige à punir ce qui est notre esprit.
Le labeur exaltant décidé par l’écrit
Nous oblige à penser la tâche inopportune.
Parfois nous prétendons les voulant espérer
Des textes à noircir leur prose à épurer,
Et parfois de faiblesse nous ne pouvons finir.
L’avenir paraît vain, et ce désir posthume
Nous soumet à nier l’ancien et sa coutume,
Et nous impose à voir ce qui est à bannir.
Je pourrais, si je veux
Je pourrais, si je veux, pour parfaire mon génie
Nourrir mes élixirs de pensées immortelles,
Atteindre du sublime les races spirituelles
Dont l’amour de mon Dieu m’a autrefois béni.
Je pourrais décider pour glorifier mon âme
D’imposer à mon Ange mes divines puissances,
Celles qui dans l’Au-delà sont fruits de mes jouissances,
Et confèrent de m’aimer dans l’orgueil de ma flamme.
Mais trop modeste encore, je ne veux m’assurer
Et produire par l’esprit les plaisirs irréels
Que mes dons incompris ne voulaient exprimer.
Trop pur parmi les Morts, je préfère m’en rester
A ce simple sonnet sans espoirs éternels
Ne sachant par l’envie de vouloir exister.
Je voudrais m’endormir
Je voudrais m’endormir dans les yeux de la Mort
Glisser tout doucement, mais sans aucun remords ;
Sans regrets, sans soupirs, m’étendre dans la nuit,
Tomber dans l’ombre noire du soleil qui a fui.
Je voudrais respirer les plaisirs de la Mort,
Les jouissances promises, délivrances du corps,
Et libérer enfin les tortures de la chair
Qui condamnent mon âme aux sombres adultères.
Je voudrais voltiger par-delà l’univers,
Glorifier mon esprit au-dessus de nos sphères,
Purifier les noirceurs qui hantent mes malheurs.
Parvenant à chasser par mes vœux les plus chastes,
Les horreurs de la vie, ces terribles douleurs,
Foudroyer ces frayeurs à ma raison néfaste.
Tu ne pourrais me croire
Tu ne pourrais me croire que voltigeant ici
Je reçois en ce lieu les Mauvais de la terre,
Ceux mêmes qui devraient par la mort qu’on enterre
S’endormir doucement dans le sol endurci.
Tu ne pourrais savoir que de ce vice immonde,
Je subis dans la chair les terribles douleurs,
Celles mêmes qui font souffrir tous mes malheurs,
M’infligeant à hurler les frayeurs de ce monde.
Tu ne pourrais penser qu’implorant un merci,
Je prie sur mon séant les Divins de l’Éther,
Ceux-là qui prétendaient l’avenir adouci.
Mais tu pourras me croire que du mal qui abonde
Je renie hors mon coeur les horreurs adultères,
Celles mêmes qui sont délices vagabondes.
Je ne sais que sourire
Je ne sais que sourire du rire jaune et cynique
Pour ces livres stupides qu’ils se flattent d’écrire :
Je ne puis que maudire leurs images à décrire.
De leurs langues sublimes, je me fais ironique.
N’est-il point amusant de les voir s’acharner
En perles et en sueurs à toujours surcharger
D’Aragon ou de Char leurs gloires à échanger,
Ou vouloir leurs mémoires à jamais encenser ?
Oui, je veux ignorer de leurs maigres pouvoirs
Les droits et privilèges qu’ils me veulent imposer ;
Je puis les dénigrer : qu’ils jettent mes devoirs.
Car serait-il plaisant de les voir disposer
Des vers et des écrits qu’ils prétendent honorables,
Et feindre d’apprécier leurs pensées favorables ?
Mais je le sais trop bien
Mais je le sais trop bien que jamais vos esprits
Gavés des plus stupides et des plus illettrés
Reconnaîtront un jour les génies illustrés
De leurs sublimes proses gravées par leurs écrits.
Je ne saurais douter que pensées plus faciles
Consistent à apprécier ce qui est préféré ;
Qu’importe ! Si pour se faire, on s’en est référé
A ces auteurs connus pour leurs livres débiles.
Je ne pourrais jamais tirant un bon cent mille
Posséder le savoir de mes maîtres présents.
Je suis jeune, il est vrai, j’avoue : je m’en repens !
Ma bêtise est certaine : je le vois, j’assimile
Par vos œuvres sacrées l’élixir du savoir !
Je n’oserais, Divins, vous donner mon devoir !
Pour celui qui ne sait
Pour celui qui ne sait tout le mal à écrire,
Il pensera souvent : quelles faiblesses sont-ce-là ?
N’ayant jamais tenté quelques fleurs à décrire,
Prétendra, jugera : est-ce donc que cela ?
Et celui qui se flatte de pouvoir s’inspirer
Des odeurs de l’aurore et de la femme aussi,
Je lui donne le droit de s’essayer ainsi :
De noircir sur sa feuille ses flores à respirer.
Je le connais trop bien que la beauté des choses
Sans génie d’alchimie ne se concevra pas :
Il en est de la chair et des senteurs des roses.
Mais ce vil ignorant se dit : il faut peu d’ans
Pour glorifier l’amour et ses sublimes appâts,
Et ce vilain faquin s’en ira au Néant !
Ce que je puis haïr
Ce que je puis haïr c’est de voir tant d’humains
S’en aller à l’Église afin de purifier
Leur âme si mauvaise qui se veut glorifier
La puissance divine en se croisant les mains.
Je puis les détester ceux qui tentent de feindre
De leurs génuflexions les fameux suppliciés,
Ou fabriquer des pleurs se croyant outranciers,
Le tout pendant une heure sait gémir et sait geindre.
Ce que je puis aimer c’est de croire en l’être sain
S’en rester en son lieu afin de supplier
Cette gloire immortelle qui nous veut humilier.
Je sais les dénigrer ceux qui s’imposent à plaindre,
De leurs invocations veulent prier et craindre :
Le tout pendant la messe sait son esprit malsain.
Je pourrais si je veux
Je pourrais si je veux me soumettre à la Mort
Et commettre l’horreur de lui donner mes nuits,
Honorer ce Satan qui toujours me poursuit :
Je saurais la terreur infligée à mon corps.
Je pourrais en extraire de superbes jouissances,
Et tirer du sublime des vices d’agonie :
Trahi du Dieu si pur qui aime et qui bénit,
Je plonge dans l’Enfer envoûté de puissances.
Je saurais la douleur imprégnée sur ma chair
Car je veux me brûler de feux inassouvis
Et sombrer au profond des maux épanouis.
Sinon que je pourrais m’en remettre à l’Éclair,
Et promettre au Divin de lui offrir ma vie,
Et souffrir sa clémence qui me serait survie.
Plus haut que moi sera
Plus haut que moi sera celui qui peut maudire
De sa noire cruauté le plaisir et le mal.
Plus vil que moi sera celui qui sait bannir
De la sale primauté le désir infernal.
Plus laid encore sera celui qui veut mentir
Par ma gloire méritée mon soupir et mon râle.
Plus pur que l’or sera celui qui veut vêtir
De lumière éclairée le génie de mon âme.
Mais plus crétins encore les faibles illettrés
Prétendant posséder mes pensées attitrées
Décidant d’imposer ma raison immortelle.
Et moins malins encore les piètres révoltés
S’acharnant bêtement sur mes droits récoltés
Et voulant s’insurger sur ma loi éternelle.
Je sais la puanteur
Je sais la puanteur, l’odeur anale des femmes
Et leurs sexes rougis par leurs vices incompris ;
Je sais que par l’arrière, elles jouissent d’un acquis,
Et subissent en pleurant le plaisir par les larmes.
Je sais la chair épaisse qui gémit et supplie,
L’extase de recevoir par le génie des flammes
Et qui, cuisses écartées, offerte à nos charmes
Implore l’érection d’un vagin qui s’écrie.
Et toi qui te prétends interdite de chair,
Si froide à l’amour reniant l’adultère
Pourrais-tu les chasser tes rêves évanouis ?
Car toi-même, il se peut, que jouant de ton corps
Et caressant ton sein, t’essayant dans l’effort
Par ton doigt, tu les cherches, ces sublimes assouvis ?
Je ne te dirais point
Je ne te dirais point mes amours immortelles,
Ne sachant les bonheurs qu’on éprouve en ces lieux ;
Et me tairais encore des beautés éternelles
Que mon âme féconde propose de son mieux.
Mais je puis te conter les douceurs solitaires
Que la gorge et le corps expulsent de leur mieux.
Ou te parler toujours des hontes urinaires,
Que ma panse gonflée propulse en tous ses lieux.
Tu vois qu’étant misère aucune chair abonde ;
Quel que soit le logis où le plaisir est monde,
Il est que fait poète on me veut malheureux.
Je me sens entouré par l’âme maléfique :
Et c’est bien le désir d’une muse saphique,
De sublimer l’écrit pour me voir douloureux.
Grappillages
Nymphes de mon désert
Nymphes de mon désert, graines de solitude
Qui de l’or en éclat fondez en multitude,
De ce Moi qui s’endort dans ces premières eaux,
L’orgueil de mon orgasme s’enflamme sur les flots !
Je l’entends qui respire, ou pleure dans son sommeil.
La profondeur est pure et le songe est vermeil !...
La première me prend, et va sur le mensonge,
Et le feu de sa chair dans la mémoire me plonge.
Au futur de l’oubli qui conte son mourir,
Comme un astre perdu qui veut un avenir,
Les sœurs de sa pensée dorment sur l’étendue ! ...
Immenses dans mon ombre qui recherche un moi-même,
Elles s’éloignent, s’échappent de ma raison suprême ! ...
Et l’heure de mon silence est toujours suspendue ! ...
Pour d’Heredia
Les parfums de la myrrhe ont imprégné leurs membres.
Elles rêvent nonchalantes alanguies sur le lit.
La flamme du brasier par leur forme éblouie,
Éclaire l’ombre obscure qui vacille et qui tremble.
Dans de profonds coussins, leurs chairs évanouies
S’enivrent des tiédeurs et des douceurs de l’ambre,
Tandis qu’un corps d’ébène se redresse et se cambre
Proposant aux esclaves son charme épanoui.
Sentant monter en elle le désir de l’effluve,
Sa beauté presque nue aux chaleurs de l’étuve,
Se caresse et soupire en offrant ses deux seins.
Les filles d’Ausonie admirant l’harmonie,
De ce sauvage orgasme sur sa jambe polie,
Supplient dans leurs fantasmes de sublimes desseins.
Tombez, ô perles immortelles
(Par Théophile Gautier)
Tombez, ô perles immortelles,
Dans l’océan mystérieux !
A l’Orient fait d’étincelles
Vos gouttes d’or sont dans les cieux.
L’Onde a brodé ses vifs éclairs,
Ses flammes en fer sont dans les airs.
Tombez, ô perles immortelles,
Dans l’Océan mystérieux !
Plongez dans l’âme de la mer
Au plus profond du ténébreux !
L’aurore s’éveille dans la nuit claire
Chasse les ombres et les affreux.
Dormez mes rêves irréels,
Mon horizon est toujours bleu.
Dires du Chevalier Lozac’h – Sonnet
S’il n’est plus grande joie de vous aimer tout fol,
Accordez quelque peu la raison à mon âme
D’avoir subi, Madame, d’un cupide en sa flamme,
Le rai brûlant d’extase en son sublime envol.
Comme il n’est que pour moi de subir cette plainte,
Et toujours en mon sein de gémir cette mort,
Daignez par quelque vie de m’en souffrir dès lors
Et de croire en ces mots qui ne sont que complainte.
Est-ce qu’un amoureux par son grand feu vous donne
Des discours en secret jurant : je vous aimais !
En cela belle Dame, que puis-je ? et j’abandonne...
Autrement je l’espère mais ne puis le prétendre
Qu’à autre que moi-même vous ayez dit : jamais !
Ce jamais, je l’assure, je voudrais vous l’entendre.
Hurles-tu, comme moi
Hurles-tu, comme moi, de torture odieuse ?
Entends-tu quelques voix dire : poète purifié,
L’Au-delà te connaît, et ton âme radieuse
Ira dormir en paix dans notre air sanctifié ?
Assoiffée d’illusoire, dans ma douleur rêveuse,
Ma raison s’épuisait, se voulant déifiée ;
Et ma chair crucifiée se prétendait heureuse
Espérant de l’horreur être enfin édifiée.
J’étais le seul génie gémissant son miracle,
Suppliant l’Au-delà, implorant son oracle...
Le Divin m’écoutait, enfin me libéra.
J’étais baigné d’amour, et la sublime mort
Me bénissait. Hélas ! N’était-ce que cela ?
Je quémandais toujours, et je souffrais encore !
Pernicieuse, impure
Pernicieuse, impure, fille de mon désordre,
Délice de l’extase qui désire me mordre,
Je répands ma substance, je succombe et je cède
A ce délire de vivre que cette âme concède ! ...
Presque nue dans l’intime d’un esprit qui se pense,
Je confonds de ta forme le soupir qu’il dispense,
J’implore l’azur clair dont le rayon premier
Punira tout le doute de mon royaume entier ! ...
Enfin moi ! du plus pur je renais de mon ordre
Qui m’obstine à chasser cet interdit rêvé,
Comme de ce mentir son mensonge est levé !
Enfin toi ! qui enlaces et se voudrais bien le tordre
Ce stérile baiser de la fleur qui enivre,
Mais qui de son soupir vain pleure et me délivre.
D’une belle Marie (Pierre Ronsard)
D’une belle Marie en une autre Marie,
Belleau, je suis tombé : et si dire ne puis
De laquelle des deux plus l’amour je poursuis,
Car j’en aime bien l’une, et l’autre est bien ma mie !
On dit qu’une amitié qui se départ demie
Ne dure pas longtemps, et n’apporte qu’ennuis.
Mais ce n’est qu’un abus : car tant ferme je suis
Que, pour en aimer une, telle autre je n’oublie !
Toujours une amitié plus est enracinée,
Plus longtemps elle dure, et plus est obstiné
A souffrir de l’amour l’orage véhément.
Et, ne sais-tu Belleau, que deux ancres jetées
Dans la mer, quand plus font les eaux sont agitées,
Tiennent mieux une nef qu’une ancre seulement ?
Plein d’un charmant penser
(CLXIX Pétrarque Canzoniere)
Plein d’un charmant penser qui écarte de moi
Tous les autres pensers, et me fait seul aller
Par le monde, parfois, je me fuis à moi-même
Afin de chercher celle, celle que je dois fuir.
Et je la vois passer si charmante et cruelle
Que mon âme est tremblante à prendre son essor.
Si nombreuse est la troupe de soupirs qui en larmes
Suit de la belle, l’ennemie d’Amour et la mienne.
Et je découvre bien, là je ne me trompe pas
Sous ces cils ombragés et altiers, un rayon
Qui apaise en partie les douleurs de mon coeur...
Et je reprends mon âme. Quand je suis résolu
A dire mon tourment, j’ai tant de choses à dire,
A faire découvrir, je ne puis commencer...
Souffles Nouveaux I
Voyance ! O mes divins
Voyance ! O mes divins par l’esprit de lumière,
Les superbes effets baignés de transparence.
Pour l’espoir absolu de pure intelligence,
Je vous veux désormais dans ma pensée entière.
La puissance abolit l’opacité du mur :
Je peux glorifier la vision suprême.
Je me nourris d’extase comme le saint de Chrême.
Hagard et accompli, je supplie vers l’Azur.
Vous placez ma présence dans l’extrême grandeur
Où mon âme incomprise se suffit de l’exil
Et je contemple encore l’aspect de la splendeur,
La vôtre, si au plus près de l’éternité
Dans le produit d’étoiles insensé et fertile
Où même vous riez de votre immensité !
Au soleil irradiant
Au soleil irradiant ma sublime puissance,
Je bois l’or qui s’écoule de la sphère exaltée.
Je me nourris de nard, d’extase, dès ma naissance,
Je roule dans mon souffle de lumière enivrée.
Et le Dieu satisfait de ma nature sereine
S’élève vers le ciel réjouit de bonheur.
Il caresse l’éther baignant de blanche haleine
L’invisible inconnu jusque dans sa hauteur.
Tout principe de vie instruit d’autorité,
Dans la gloire immortelle et l’esprit de splendeur
Éclaire l’intelligence de pure lucidité :
Car l’oint jadis promis et superbe éternel
Resplendit de beauté parmi ces deux grandeurs,
Divine vision d’espace solennel !
Into himself resolved by Death’s great change
Il vient à abolir la légende éternelle
Par le temps maîtrisé en sa verve féconde ;
L’éphémère absolue gît livide, immortelle
Crucifiée en son sein par sa haute faconde.
O ris si en toi-même tu n’as pu concevoir
Sous le sceau du génie la superbe splendeur !
Ta critique aiguisée sait-elle se décevoir
Reconnaissant l’acquis triomphant de grandeur ?
Mais il se peut encore que t’essayant au jeu
Tu sois, frère, parvenu à gravir l’idéal
Encombrant de bouquets l’art du poème feu ?
Avec sérénité, sur toi tu les déposes
Et veux te gloser d’être le pur féal
Pour le couronnement des invisibles roses.
Le Sylphe
O moi, pauvre miroir, je gémis de beauté
Pour m’être caressé dans ma pure nudité,
Et j’implore, et supplie la nymphe souveraine
De tenter de m’offrir sa chair dans la fontaine.
Qui m’écoute attendri au calme éclat du soir
Où la lune laiteuse répand au reposoir
Nonchalamment repue une forme d’ivresse,
Appesantie et lourde imprégnée de mollesse ?
La chair est apaisée et se languit d’extase
S’étonnant de soi-même, son image s’embrase
Et cherche tout à coup quelque nouveau baiser !
Dois-je me satisfaire de l’invisible effet
Et soupirer, clair sylphe, dans le bleu d’un reflet
Où l’ombre de mon âme semble s’être apaisée ?
Que j’aime à écouter
Que j’aime à écouter de ma mémoire ancienne
Les souvenirs perdus qui hantent ma raison,
Ils se cachent et s’oublient dans ma triste maison
Comme une femme âgée et qui jadis fut mienne.
La beauté est fardée, et son corps de déesse
Est un relent de gloire pourri par les saisons,
Et sa chair dépravée quémande le pardon
De ses fougues passées quand elle était maîtresse.
Mon âme se suffit des fantasmes d’hier
Et s’encombre d’images superbes et sublimées
Où l’odeur de son corps est toujours parfumée.
Moi-même, je deviens blanc comme un centenaire
Et cours après la mort cherchant l’éternité,
Croyant avec mon vers à l’immortalité.
O parfum répandu
O parfum répandu sur tes courbes célèbres,
Aromate bizarre nourri de chair intime,
Lente macération de ma plus pure estime,
Je veux trois fois mourir dans des trouées funèbres.
Et j’irai me répandre là où jaillit la sève,
Dormir au plus lointain de cette forêt sombre,
Me coucher bienheureux comme rêvent les ombres
Et voguer ou nager vers la chair qui s’élève.
Et qui sait si là-bas éloigné de l’horreur,
De la cynique vie où s’épuisent mes jours
Je trouverai un lieu pour chasser ma torpeur ?
Se peut-il qu’en toi-même dans la nuit enfermé,
Je découvre l’issue qui m’offre le secours,
O fatal interdit du plaisir embaumé.
La dominatrice I
Ne veux-tu pas ma chair embrasser la charmante ?
Ne veux-tu pas ce soir caresser ton amante,
Et comme un long parfum tout imprégné de rêve,
Déshabiller sa grâce qui lentement s’élève ?
Il est doux de mourir dans son corps de déesse.
L’âme y trouve refuge très loin de la détresse.
La chair est sur la chair et se métamorphose,
En s’essayant encore dans de sublimes poses.
Tout appelle à l’amour : l’existence brumeuse,
La conscience du moi toujours dévastatrice
Et sa beauté sauvage ferme et dominatrice.
Implore sa science et supplie-la encore
De verser le supplice au profond de ton corps,
Et de jouir en toi, ô superbe semeuse !
II
Quel plaisir trouves-tu à me soumettre encore,
Exigeante et cruelle, ô femme de la mort ?
Quelle jouissance as-tu, ô superbe maîtresse
A entraver ma chair dans le bois de détresse ?
Me voici à genoux quémandant le pardon,
Écrasé et soumis nu et à l’abandon.
Les mains liées, frappé par ta baguette d’or,
Tu m’imposes à lécher les fruits de ton trésor.
O Mégère idolâtre, toi divine et sublime,
Enfonce dans mon coeur cette lame assassine
Et viens te reposer en buvant mon poison.
A moins que frénétique et ivre de désirs,
Tu veuilles chevaucher jusqu’au dernier soupir
Les vices inconnus de ma sombre raison ?
Je veux perpétuer
Je veux perpétuer par la race suprême
Le don de figurer dans le tombeau, extrême
D’une mort qui ne fait que languir, et encore
Poser le délicat avec l’éclat de l’or.
Nonchalamment éteint, ou plus vrai, éternel,
A présent éloigné du rut bas et charnel,
J’offre le vrai poème aux dieux meilleurs élu,
Ayant la suffisance d’être à deux au moins lu.
Comme toi, cher Stéphane, au pur miroir fugace
Une ombre de toi-même apparaît et s’efface
Et nie en cet instant le réel du lecteur.
A moins que retournant dans le passé permis,
Je vienne visiter pour témoin le génie
Qui ne m’accuse point d’un effet de menteur.
Souffles nouveaux II
Et c’est toujours le temps
Et c'est toujours le temps de la terrible mort.
Elle s'écrase sur l'homme, lui impose souffrance,
Il supplie, il implore la douce délivrance,
La mort tortionnaire jouit et crie : "encore !"
Elle torture le poète, elle arrache dans l'ombre
Les derniers hurlements d'une âme qui soupire.
Je l'entends s'acharner sur un corps qui expire
Rêvant d'un avenir qui ne soit pas plus sombre.
Toujours dans mes pensées, son spectre me harcèle.
En sublimes douleurs l'ignominie excelle
Et se plaît à vomir ses excès nuitamment.
Moi, Christ offert au mal je quémande du Fils
De libérer ma chair par son pur testament
Espérant qu'à l'esprit il veuille dire : "Suffis !"
Supérieure encore
Supérieure encore, je m'exalte au-delà ;
Je peux me concevoir, oui, sphère sublime, et là,
... Eternelle éphémère de naître et n'être pas...
Une pensée s'éclaire de lumière et d'aurore
Qui se nourrit de l'ombre et revit et se dore,
Puisant toujours en soi quelque énergie de vivre.
O mon oint au travail, veux-tu que je délivre ?
Ma durée est certaine ; je te donne mon bras.
A quelque fin superbe, hisserai-je le droit
De ne point m'indigner du génie qu'on foudroie ?
Déjà dans mon espace le dessein est d'écrire.
Accompagne le vœu, permets-lui de transcrire,
Qui produit et reçoit, s'exalte et s'élabore
Pour une œuvre inconnue sublimée par nos ors.
L’apprenti prophète
N'espère surtout pas que je vais me suffire
De ce simple produit extirpé de mon mieux
Imitant la manière sans pourtant des aïeux,
Enrubanné d'extase par un léger zéphyr...
Cela me paraît peu de m'essayer au vers,
D'y transpirer mes nuits pour quelque claire rythmique,
De contrefaire le sens d'un biais alchimique
En tâchant d'ordonner ce qui va de travers.
Que veux-tu que je tire d'un jeu avilissant
Répétant répétant des coups toujours les mêmes
Croyant des anciens atteindre leurs suprêmes ?
Il me faut, je le crois, tendre vers le futur
Qui se conçoit ici et va en grandissant
Et cueillir les doux fruits de ton superbe azur.
Magnifique, superbe
Magnifique, superbe, supérieur et tel,
Oui, à se contempler dans l'infini néant
Qui déjà agonise, mais jamais ne consent,
Je me veux en moi-même Christ en son immortel.
Nulle apparition n'engendrera de gloire
Si ce n'est par l'effet du poëme illusoire
L'invisible avalanche de cascades de mots.
Je méprise l'honneur que consacre le vers,
Quand, offert à cet oeil qui lit et qui apprend,
Dans un bond lumineux surgit et me surprend
La Force sublimée, mère de l'univers.
Quelle pure certitude (déjà par le tombeau !)
M'acclame tout à coup dans le noirâtre azur
Puisque de mon posthume je connais le futur !
Amers
Extasie-toi de rien, ignorant incapable,
Stérile destructeur à la lèvre pendante
Car tu sais infliger ta sublime critique !
Tire de ton néant quelque rumeur à dire,
Quelque noire certitude extirpée d'un savoir
Sans avenir, hélas ! si près du précipice,
Et t’y jette profond pour n'en plus revenir...
Que vas-tu supposer que bouillonnant d'aigreur,
J'expulse quelques rots gavés de vieux relents
D'une gloire inconnue, d'un génie qu'on enterre
Et qui s'éteint dans l'ombre sans oeil et sans regard ?
Eclairé du réel, d'un présent prophétique
Je puis tout aussi bien être poète ou pas
Et m'étaler tout seul dans mon triomphe rare.
Du ridicule non
Du ridicule non, cela ne me va pas
D'arracher quelque gloire par effet de synthèse
Et d'offrir le poëme en tant que pur appât
En espérant d'autrui une belle hypothèse.
De génie ou de grand, en serait-il pourvu
Celui dont l'abondance s'écroule sous son poids ?
En voilà des façons : bla bla, turlututu,
Telle est la vraie critique qui en deux mots foudroie.
Oui, je sais que là-bas dans l'impossible éther
S'épanouit l'éclat du sublime mystère
D'être et de n'être pas. Le poète à soi-même,
Qu'il grandisse ou se nie par les plus hauts témoins
Roule dans son futur avec les feux du moins
Et l'infini obscur du gemme épanoui.
Apparition bleue
Quoi ! Plus pure encore là dans l’invisible glace
Que l’impossible esprit agite en ma faveur
Et anime inconnue par cet air qui efface
Sous la masse légère de mon effet rêveur
Mais proche et bondissante en mousseline nue
Apparaît et sourit voltigeuse si claire
En amas d’ombres jaunes de tête chevelue
Comme beauté stérile foudroyant un éclair
Et du réveil soudain s’échappe l’irréelle
Enveloppée de limbes et de pâles nymphes, elle
Décor agonisant fuyant dans roses bleues
Que je sais murmurer pour un plus bel azur
Eloigné mais si proche et s’enfuient à mesure
Que l’âme se défait de ses volutes feues.
Le noir obscur divulgue
Le noir obscur divulgue quelques pensées premières
Par la bouche inconnue d'un poète funèbre ;
Si ce n'est du génie dans le futur célèbre,
Qui vomit son écrit ? Sont-ce pures lumières ?
Est-ce vrai simulacre tiré d'un pur néant
Qui jaillit d'un délire comme flammes juteuses,
Ou lâches tentatives avortées et piteuses
Pour un sexe qui pense et conçoit en puant ?
Blanche conception d'un Christ en son soupir,
Etoile bariolée dont la flamme conspire
Son élan interdit, et à mourir navrant ?
Il se peut qu'imprégné de diverses raisons
Clair ou sombre, et encore de blondes oraisons
Fassent de ce discours un poème enivrant.
La chevelure si claire
La chevelure si claire comme flammes qui dansent,
O mes tendres soupirs dans l’extase, légers,
J’y enfouis mes yeux dans la masse, étrangers
Vous bondissez, dormez comme femme en cadence !
Mais l’or de la blondeur en richesse d’extase
M’émeut moi démuni d’orgasmes à espérer
En chair de la plus pure que l’âme doit pleurer
Dans sa confusion d’invisibles et de gaze ;
De semer ces étoiles dans chevelures floues
Tels diamants ou torches, je conçois à l’extrême
Le charme éblouissant d’un vibrant diadème,
Et je veux compliquer par ce casque, j’avoue,
Des droites fulgurantes pour la gloire de la femme
Dans ce feu incessant de courbes et de flammes.
Fin stérile
A quelque fin stérile
De ne pouvoir écrire
Le mot le plus subtil
Extrait de mon soupir,
Je tente toutefois
Par mon jeu accablant
De la muse du doigt
Ce triste essai navrant.
Puis-je te faire sourire
Fille d'être et n'être pas
Pour ce piteux languir
Du poème, bien faible appât ?
Tu préfères mon azur
A la pâle césure...
Baignée en chevelure
Baignée en chevelure comme cascade blonde
Un flot de femme plonge dans la vasque azurée,
Pressant une torsade par sa main épurée
Elle sépare les gouttes qui dans la jarre tombent.
Et nue mais éloignée en sa masse de chair,
Je vois confusément dans son miroir mêlé
La forme abandonnée sur des voilures ailées
Que des feux incertains par leurs renvois éclairent.
Tout s’encombre de vague : femme, glace et lumière,
Et la confusion est sublime à dépeindre
Parmi ce paysage offert à la lumière.
Ramasse mousseline à ses pieds pour se ceindre
Tournoie, se précipite dans sa vasque azurée
Et d’un bond disparaît par le rêve éveillé.
Mon élixir de grâce
Mon élixir de grâce, ma superbe pensée
Qui conçois et reçois dans son pur idéal,
Je me veux désormais être ton blond féal
Et prétendre à un choix autrement insensé.
Je veux par l'alchimie broyer et imploser
Les mots, les moins certains qui frappent ma cervelle,
Léger et libertin comme une jouvencelle
Embrasser toutes fleurs d'un bouquet composé.
A moins que m'essayant encore à ce supplice
Par le jeu ridicule des coups qui ne vont pas,
Je tâche de séduire avec mes beaux appâts
Un amateur zélé pour en faire un complice.
Qui me dira : "Retourne dans ton profond néant
Y jeter tes poèmes et t'y plonger dedans !"
Par ces écrits obscurs
Par ces écrits obscurs assermentés de grâce
Je conçois s'il se peut quelques baisers câlins,
Et j'espère obtenir sur le doux lit divin
Une frêle beauté qui au miroir s'efface.
Je produis tel un rêve dans l'absolu sensé
Une image diffuse tout encombrée de gloire,
Et ce poème est clair et n'est point illusoire
Dans l'âme ténébreuse où gisent les pensées.
M'es-tu blonde perverse ou beauté sublimée ?
Idolâtre éphémère, sais-tu ma renommée ?
T'éloignes-tu, ô fille comme un sanglant soupir ?
Je te sais inconnue me fuir et disparaître,
T'échapper de mon corps, y mourir et renaître
Comme font les amants accablés de désir.
Cette blonde cascade
Cette cascade blonde de richesse bouclée
Glissant en mes doigts purs, je la veux tourbillons
D’écumes et de vagues sur l’épaule azurée
Que la lumière efface, voltige, ou papillon...
Non, c’est assez ! Offrons au miroir ennemi
Quelque songe diffus d’un idéal de chair,
Réveillons l’astre torve en soi-même endormi
Et par l’art de ce fard faisons briller l’éclair.
Suis-je belle à présent ? Suis-je astre de soupir
Parfumée d’une essence, encombrée de métal
Dont les feux incessants exhortent le désir ?
Je m’apparais en toi, mon image fugace,
J’offre ma nudité à l’oeil contemplateur,
Sublime corps de femme qu’il supplie et embrasse.
Comptine
Ma blonde Chrysalide douce comme un zéphyr
Avec grâce mêlée dans tes gestes charmants,
Ton amour de poète, ton chevalier aimant
Constamment sur ton sein souffre tout son soupir.
C'est que fille insensée tu voltiges et tu plonges,
Papillon ou abeille sur la blanche rosée
Et tournoies amoureuse comme fait l'épousée
Qui se joue de moi-même en disant son mensonge.
Ne voudrais-tu parfois laisser ce jeu mesquin
Car tu te ris de moi, malheureux arlequin
Qui change de couleurs comme toi de pensées ?
Qui veut longtemps garder son ami près de soi
Ne doit le tourmenter en rires et en émoi
Car tel un frais pinson, il pourrait s'envoler.
Misérable poète
Misérable poète incapable d’écrire,
Trois fois stupide es-tu t’essayant à ton vers.
Tu ne pourras jamais atteindre le génie
Des illustres ancêtres qui avant toi étaient,
Etaient par leur manière, leur technique superbe,
Etaient par la façon de concevoir l’écrit,
De traiter les sujets lyriques ou romantiques,
Sujets mythologiques, religieux aussi.
Et toi tu perds ton temps à produire de la sorte,
Tu combines des coups qui ne plairont jamais.
Où trouves-tu la force de poursuivre ta tâche ?
Comprendras-tu enfin que ton poème est perte ?
Toi le jusqu’au-boutiste, tu en as jusque-là,
Mais tu avances encore dans le marais boueux !
La muse esclave
Si tu veux libérer le poète inconnu
Souffrant mille misères en sa triste demeure,
Va-t’en féconde amie au plus loin dans les rues
Où nulle espèce humaine ne supplie ou ne meurt.
Eloigne-toi encore, rejette tout sanglot
Stupide qui se mêle à la chair du poème
Ou plonge au plus profond sous la vague et le flot,
Scintillement d’extase offert au diadème.
Je te sais malgré toi épouse frénétique
Cherchant l’accouplement dans des lueurs brutales
Enflammée de désir par ta vulve érotique,
A moins que possédée par l’amour du servage
Accroupie, enchaînée en poses horizontales
Tu te plais à gémir pour un bel esclavage.
Si sublime à mes yeux
Si sublime à mes yeux qu’une blancheur défend
Quelques rais de soleil pour noircir une peau,
Ne veux-tu pas beauté épousée par l’enfant
D’une claire pucelle devenir le flambeau ?
Ainsi je sais venir l’espoir qui te voit naître
Dans l’impossible exil d’une rêverie sourde.
Je t’invente à nouveau et crois te voir paraître
Dans un printemps confus de mousseline lourde.
L’oeil désespérément tourné vers les ténèbres
Sort hagard quelque blond bouquet de belle soeur
Et prétend formuler dans ses soirées funèbres
Ton image sacrée, irradiée d’extase,
Qui voltige et survole dans un ciel de douceur
Par le désir confus que la pensée embrase.
L’esclave
J’ai désiré un soir en de profonds soupirs
La chaleur inconnue des membres alanguis,
Et mon coeur en folie pour ces nobles plaisirs
S’est donné en esclave par ses muscles soumis.
O douleurs de la chair en poses incomprises,
Quelle beauté d’être pris et d’être dominé
Par sa grandeur de femme qui déjà martyrise
Et pénètre mon coeur au profond infligé.
Et voilà je soupire, je prie et je l’implore,
Je la supplie déjà dans mon corps enflammé
De délivrer mon sang hurlant jusqu’à l’aurore.
Moi, pris de toute part je la lèche et demande
De libérer mon vit en pulsions aimé
Et je baise ses pieds comme un chien qui quémande...
Messages I
Apprenti malhabile
Apprenti malhabile en mes premiers écrits,
Le bon génie d'autrui me fut souvent une aide.
Sachant bien ma faiblesse et mon souffle débile
Je n'osais espérer quelques charmants lauriers.
Me voilà à présent encombré de mémoire.
J'atteins mes quarante ans, je poétise encore.
Je n'ai pu accéder à une renommée,
Et le travail offert est toujours méprisé...
Le poète est amer : il n'est pas reconnu.
Il lisse des brocards dans le ciel nuageux,
Sa manière est un art ignoré de la masse...
Sur la terre les talents ne sont pas à manquer.
Le génie est plus rare, qui peut le percevoir.
Moi, je m'en vais mourir sans regret sans rancœur.
Aurons-nous à bénir
Aurons-nous à bénir notre nouvel orgasme,
Ce bel espoir de chair de vie recommencée ?
Aurons-nous, parce que le désir exalté,
Imprimé dans nos corps, l'impose constamment ?
Cette force puissante nous porte vers la vie.
Notre mécanique amoureuse nous soumet à jouir
Aux banquets, aux bains. Nous transmettons l'espoir.
Encore nous voulons. Nous refusons d'être des
Solitaires, nous dépendons les uns des autres avec
Des sentiments d'extase.
Au plus haut, toujours droits,
Pénétrant des chairs rondes et ovales, énormes,
Nous sommes vicieux et perdons nos forces.
Aurons-nous encore à sublimer nos meilleurs fantasmes ?
Toi, encore une fois
Toi, encore une fois, pourrais-je t'invoquer ?
Dans l'idéal de chair, je quémande ton nom.
Je te sais disparue, o sublime compagne.
Le soir est déchiré et je supplie ton corps.
Danseuse en chevelure, tourbillonnant toujours
Comme masse légère de jeune nudité
A soudain voltigé dans mon âme en détresse
Avec des touches roses d'habits à retirer.
La nuit est toute proche. Envahie par les ombres
Nue sur son beau printemps, éclose dans son sang
Elle bondit hélas et se métamorphose,
Surgit et disparaît sous la claire ténèbre
Toute resplendissante de feux intermittents
Puis s'enfuit à jamais pour un vrai désespoir.
Moi superbe et divin
Moi superbe et divin, à la bouche chantante !
Tourbillonnez essaim de Bacchantes aimées,
Et j'élève le cri, je domine l'espace,
Et j'offre le poème sublime et admire.
De beauté confondue, oui, j'ai l'art de séduire !
Venez toutes à moi, élancez-vous encore.
Enivrées de folie, de rondes et d'espoir,
Je saurai vous toucher par le bois de la lyre.
Or prises de vengeance, la violence abonde.
Effondré sous leur chair, j'agonise et supplie
Et cherche à respirer, mais déjà je me meurs...
O terribles femelles à la haine maudite,
Acharnez-vous encore, voilà, je ne suis plus !
La nature m'a trahi, j'étouffe sous la masse.
Oui, jeune fille encore
Oui, jeune fille encore et de surgir d'un bond
Pour ce plaisir de chair uni au chant du cygne
En voiles du printemps, ainsi de resplendir
Si pure, aérienne dans mon lit de sommeil,
De se répandre en moi, toutes confusions.
Est-ce masse de rêve que ce plaisir d'aimer ?
Ce lointain impalpable caressé de blondeur
Par mystère enveloppe et pénètre mon corps.
Elle semble planer au-dessus de la vasque
Par la forme du lit, et sa présence est sûre.
Suis-je éveillé alors ? Car vois, je ne dors point.
Mais serait-ce fantasme fourni par le désir ?
Ton soupir me dévore et je sens ton effluve
Voltiger près de moi... Oui, jeune fille encore.
Messages IV
A présent
A présent rouille sur ton encre rouge
On t’a assez lu !
Ton coeur a trois francs cinquante
Va s’arrêter de battre
A présent, oui tu peux t’endormir
Et mort, et mort, et fin
L’inutile évadé de son corps
Assiette de vers pour les survivants
Humus et os, et rien !
Oeuvre oubliée, stupide, rejetée bas
Homme que l’on efface
En retirant le souffle de vie
Oeuvre de douleur et d’espoir
d’espoir ? Quel espoir ?
Décès
C’étaient des années...
C’étaient des années de production intensive
L’avenir était certitude par le don prophétique
Constamment la capacité intellectuelle concevait
C’étaient des années inconnues, pourtant gonflées d’espoir
Qui filaient lentement dans l’infini du sablier
Les mois de puissance cérébrale,
de jeunesse active
s’accumulaient les uns derrière les autres
Eux, dans leur opacité et leur brouillard de rêves
Ne voyaient pas, ne voyaient rien
Ils méprisaient l’effort
Ils ne comprenaient pas,
Ou voulaient ne pas comprendre
Le temps vieillissait entre tes doigts
Il n’y a pas d’issue
Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec l’aura de mes pensées.
Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ?
Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.
Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau. La nourriture de la mémoire s’y est déversée.
Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! Que personne ne lira, que Dieu connaît.
La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soi-même comme une toupie qui cherche.
Où suis-je ? Où en étais-je ?
J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va disparaître. Je le sais bien.
Quel sublime triomphe
Quel sublime triomphe, quel superbe trophée,
Glorifiant l’esprit nourri de l’intérieur !
Un échec ? Quel échec ? Cet ensemble est splendide.
Il n’est pas dérisoire, il construit la raison.
Vous ressemblez aux hommes qui cherchent les honneurs
Et de belles caresses pour flatter leur orgueil.
Ainsi vous jugez l’autre d’après une apparence.
Vous prétendez savoir ce qu’il faut encenser,
Ce qu’il faut mépriser, et votre certitude
Est une référence. Je vous laisse penser
Vous concédant le droit de critiquer ainsi.
Oui, je le sais trop bien que toujours inconnu
Que jamais édité, je ne peux espérer
Un jour rivaliser avec votre génie.
De ta mort, on se rit
De ta mort on se rit
C’est moi qui ai construit ta vie de rien, de merde
Toujours plus près de toi - je suis à produire
Ton regard m’observe - apprends à lire
Tes livres par accumulation de certitude
De vérités, d’ignorance, de mensonges
Superbe est la survie, là-bas, plus loin
Le sais-tu ? Tu le sais.
Patience de un sur un, de signe avec signe,
Avec, encore, pour plus de
Génie que l’on nie
Sous la menace effrayante de la critique
Qui efface, jette, brûle sans explication
Par sa conviction fausse molle sans avenir
Retour
L’Estérel. Le barrage, le figuier
L’eau filante à travers les souches
Les bulles légères des sources d’antan
Puis le vignoble, le raisin clair
Dans la dernière chaleur d’octobre
L’ancienne chute d’un poème 79, le Moût
Par cette lourde après-midi d’oublis
De gros nuages bleus comme des poings s’éloignent
La menthe scintille et teinte dans les verres d’enfance
Les souffles figurent l’ivresse,
Offrent la valse et font danser
Nous remontons la pente, fatigante
Je refais cette route, je reviens
Je cours vers le passé pour retenir le temps
J’entrais
J’entrais dans l’avenir comme un siècle qui marche
Les espoirs s’élevaient sur un Moi immortel
Je pensais prophéties, je parlais avec Dieu
D’Israël, de son Fils, et de Jérusalem
L’aurore était troublée et mes coqs chantaient mal
Nuit et jour il fallait aller les secouer
Par le mur transparent j’accédais à l’Esprit
Beautés des solitudes ! constamment tourmenté
Par les forces malsaines, j’implorai le suicide
Idéal pour les ombres qui s’agitaient sans cesse
Je buvais de cette eau qui purifie la chair
A la gourde du Christ moi, j’étais assoiffé
Je priais la justice de vouloir mieux paraître
Je prétendais encore connaître cette fin
Je suis clair
Je suis clair, pur, dans la joie, je m’élève
Constamment sur mes rêves
J’accède au printemps d’avenir
Je rejette l’hiver mort
Je passe par la fenêtre vers l’aurore
Mon bien, mon beau, ma femme transparente
Je déplace les portes, les ouvertures, je sais
La nuit est sale de noir, d’ombres, de charbon
Ma figure est éblouissante
Je déclare des symphonies comme hier, ô mon frère
Je t’ai pourtant oublié
Je délaisse l’habit du silence, je conduis
L’harmonie, je voyage, je nage
Je suis clair, pur, dans l’ombre, on me crucifie
Deux demi-sonnets
I
Germes de l’espoir, peu foisonneront
Sur la chair des morts répandue là
Dans ma mémoire qui déverse ses flots
De rimes, de coups et combinaisons
Alors exploseront en fluides de lumière
Des évènements possibles d’insignifiants,
De risques, de doutes pour l’avenir
II
Je cherche cette bonne chaude chaleur
De braises poétiques moi qui suis en septembre
Je me nourris de cette conscience verte d’autrefois
Mes muscles sont grippés l’esprit chante mal
Cette vaste lumière est ampoule désuète
Odeurs des fleurs feues et desséchées
La vigne l’horloge les cernes et la mort
La licorne
Et chacun se déçoit dans sa tour impossible
Observant son nectar s’évanouir au ciel
Accusant sa licorne de pouvoir pénétrer
Un peu mieux cette chair offerte à son orgasme
On se plaint à genoux, on implore le supplice
Du blanc buttoir sexuel qui pénètre le corps
Lui apprenant à jouir par le bel orifice
Qui procure à l’esprit le bonheur de la mort
Puis s’éloigne la muse dans la grande nuit bleue
Qui nous laisse pantois malheureux comme Orphée
Songeant à quelque espoir, à quelque rêve vieux.
Nu dans la transparence d’un exil inconnu
On espère le retour des filles libertines
Assoiffées de soleil, de génie et de feu.
Tu es mort
Tu es mort dans la mort et mort encore
Le mal moisit tes jours, le mal ronge ta vie,
Se nourrit de ton énergie, prend, prend
Comme la sangsue
Ton triomphe n’est pas illusoire,
Il est du dedans, pour l’intérieur
Toi, tu vas à la fête de ta mémoire
Certifiant ta réussite
Tu renonces à crédibiliser ce langage
Les Dieux pourtant l’ont reconnu
Au fond est le bilan splendide, ignoré, tant pis !
Est-ce ta raison de vivre ?
Faut aller dans la fosse, s’endormir tout au fond,
C’est là qu’on dure, n’est-ce pas ? Allez zou !
Du soufre
Du soufre rouge se repose ici pour penser :
L’horizon interdit d’avenir poétique
Malgré ce lac où s’ébattent des filles
Ce vent de souffle aperçu et réel
Qui vivait là-bas, plus haut - mais vivait
L’espoir éclaté de mort en mort,
Pourtant il y avait l’œuvre réelle et belle, n’est-ce pas ?
Pourtant ces Dieux, et l’esprit s’allumait
Il y avait l’horreur certaine du tortionnaire,
Cette folie du mal qui rongeait, rongeait
La nuit écoute le travail s’accomplir
Le poète assidu à sa table propose encore
Des manières de douleurs, de femmes, de chant
Pour s’écraser dans son néant de faiblesse
Ta mort m’ensanglante
Ta mort m’ensanglante
La nuit appelle le noir corbeau
Les fluides aériens se retirent de la chair
J’implore la lumière, j’invoque
Ce qui s’enfuit, ce qui est délétère
Tu es concentrée, tu vis dans ton vice
Tu te nourris de sperme,
Tu bois ma salive
Tes images sont images de tortures, de cruauté
Tu veux soumettre le jour
Voilà ta peine de dominante
J’essaie de t’arracher de ton ombre
Mais tel est ton désir de garce
De salope irradiée d’orgasmes
Plainte d’automne
Pensée d’automne, lente descente derrière les peupliers
Recherches de quiétude dans ce gris bleu chargé de fatigue
Souffles poussifs sur les crêtes des forêts chevelues
Espace encore, espace d’écriture pour une écriture d’espoir toutefois
Je ne plonge plus dans l’image délicieuse de l’enfance
Où paraissent çà et là des silhouettes connues
J’ouvre l’almanach de l’imaginaire et j’invente du mensonge.
Souviens-toi de cette lumière qui s’élançait vers l’azur ? ... Oui, je reviens
Je murmure cette lourde poésie d’hier - entends-moi.
Non, je dois me taire. Ces mots ne sont qu’insignifiance,
Que transparence de sens inutile.
Je déchire lentement les secrets de mon âme,
Mais je ne puis entendre cette claire musique qui accompagnait
L’élan de ma jeunesse.
Encore cette saison, je m’obscurcis,
Je vieillis et je disparais sans laisser de mémoire, hélas !
Le sac et la cendre
Les délivrances volent
Les délivrances volent dans les douleurs extrêmes
La chevelure ondule sur la nacre des rêves
Le troubadour élève la musique de femme
Les accords indistincts sont source de plaisirs
Un désespoir étrange s’oublie en souvenance
Un sujet ennemi est oraison funèbre
Priant le nom d’un dieu éclatant de ténèbres
Un esprit affolé implore en cadence
Tout l’or est à proscrire pour sa dernière demeure
Une fougue s’échappe sur des stances de haine
Et l’âme se révolte libre mais soucieuse
Illusion d’un drame, resplendissent ses eaux
L’admirable furie, l’impertinente soeur
Rejettent d’amertume un implacable rot.
La muse vengeresse
Tu proposes nue l’inexorable vengeance,
Et ce Dieu poétique en son monde t’échappe
Sur des vols nuités, presque hagard ! Puise ta chance !
Pourtant ce déroutant sacrifice te frappe !
En son commencement s’est éteinte l’impure
Qui d’une voix sublime, lasse parfois secourt
L’incantation aimée. Vois, contemple, Muse
L’espérance voulue, désirée en ce jour !
Mais ta velléité soumise conçoit encore :
Une source en toi-même suppose des lambeaux
Que parfois l’Idole sacrée d’un geste endort.
Penchée sur la mélodie qui se dodeline,
Les rugissements funèbres contre ta peau
A l’ombre des cyprès, au loin plongent et s’inclinent...
En tes deux mains
En tes deux mains, je les veux rafraîchir ! Au doute,
La tension prônait la vague mourante et
Caressée çà et là par d’admirables gouttes
Sur ton sein généreux vers l’espace étoilé.
Vrai ! Que je propose à ma bouche confondue
Le spectacle sublime, ô toi, ô mon aimée !
D’un souffle, le songeur à peine entr’aperçu,
Ce feu brûle ses braises sur ma chair allumée.
Mais loin des rêveries par mégarde du lieu
L’âme plonge pour la connaissance d’un fait
Et comble ses délices en mil cieux lumineux !
Mon espoir se désole loin de sa pureté
Et la caresse implore une chair qui lui plaît,
La nonchalance ondule en ce coeur exilé.
Loin de ce coeur sans rides
Loin de ce coeur sans rides l’amante s’en alla
Et hurla de sa bouche épaisse le mensonge.
L’aventure le prit d’aller courir là-bas
Où nul esprit jamais n’a promené ses songes.
La femme enchanteresse a protégé ses pas
Dans l’effrayante jungle où les serpents sifflaient.
Ses délicates mains le réchauffaient du froid
Quand par instant le vent dans l’arbre s’engouffrait.
A l’aube de l’orage le ciel paraît plus terne.
Des forces de fureur troublent son accalmie.
Une admirable fée à genoux se prosterne
Et fait de tous ses voiles un heureux parapluie.
Le voyageur poursuit sa démarche indolent
Pour retenir la nuit et s’enfuir dans le temps.
Toutes les fois
Toutes les fois que tu entonnes, ton coeur vacille.
Un soleil écrasant comme à l’accoutumée
Grésille lentement ses complaintes d’Antan.
La lune s’appauvrit dans le soir égarée,
Mais ta voix siffle encore envolée dans le vent.
Ta bouche sur mes yeux prétend encore aimer.
Les lumières se consument dans les feux de la nuit.
Ton ventre convulsé respire contre mon corps
La substance cachée que tu aimes d’envie.
Je m’enfuis sur les traces éloignées de la mort
Et ta chair se nourrit de louanges subtiles.
Je respire tes seins et j’embrasse tes jambes
Sur ton corps bleu j’invente une mélancolie,
O le jardin de roses, ô désirable amie.
Quand la foule
Quand la foule démise saignée aux quatre vents
Coule en ses noires tranchées le songe du malheur,
On entend geindre au loin les pleurs qui vont mourant
Tels des enfants chétifs animés de candeurs.
Des files comme des attentes mortuaires
Le pas pesant, démis s’étirent dans la rue.
Des cadavres, des femmes de noir vêtues, ou fières
Rasent et traînent les murs pour ne point être vues.
Les cloches tout à coup sonnent l’Angélus du soir
Les uns s’agitent ; d’autres regagnent leur terreur,
Les vieux attendent inconscients sur les trottoirs.
La rue vidée enfin des infectes laideurs
Offre la nuit venue des couteaux de douleurs
Comme des cris horribles sur un vaste miroir !
La main
Une main vêtue comme un golfe de mensonges
A l’annonce des doigts exalte ses veillées,
Et le Mal insalubre qui parfois te ronge
Virevolte en ses feux, vaste écrin de pensées.
Vérité de la nuit en qui vont les baisers
Tu vas et tu te consumes... éblouissante !
O chaste oiseau par des syllabes entrechoquées
Dans l’âme suprême et sombre, presque perçante.
Scintille et abandonne à l’oeil de l’oraison
La tunique de soie que portaient les Pythies,
Emblème de pureté et noble blason.
L’impertinente dans un gala de déboires
A l’ombre des solstices et sous l’or des traînées
Dans sa robe de majesté coule à te voir !
La baigneuse
Elle avait posé ses habits et se baignait
Heureuse dans la rivière cristalline ; là
Où s’entrecroisent les ajoncs et les genêts.
Elle n’avait entendu le son de mes pas.
Dans le feuillage, je contemplais à mon aise
Sa jambe fine et blanche et si jolie à voir ;
J’aurais bien voulu m’approcher mais fournaise !
J’ai eu soudainement peur de la décevoir.
C’étaient merveilles son dos et sa hanche légère,
Et ses adorables reins courbés en arrière
Rappelaient la beauté des Antiques inconnues.
J’embrassais encore de mon regard ébahi
Le plaisir de mon extase inassouvie.
Et quand j’ouvrais les yeux, elle avait disparu !
Tristesse
Quand encastrés deux corps se mêlent dans la nuit
Les remous du décor engendrent un vrai plaisir,
Et cette longue étreinte suivie de l’agonie
Rend plus sinistre encore les relents du désir.
Délaissée et pensive l’âme s’enfuit du coeur
Et la mélancolie pénètre la tristesse.
Le temps va comme la pendule sur son heure
Et s’envole oubliant des milliers de caresses.
O le corps alangui où la fumée s’évade !
La honte et les remords chassent les cavalcades,
S’extirpant du rêveur allongé dans son sang.
Solitude d’amour du dernier survivant,
Tu nous déchires encore dans tes noires découvertes,
La courbure de ton sein est infiniment déserte !
Tristesse
Première version – brouillon
Quand juxtaposés deux corps se mélangent dans la nuit
Les remous du décor engendrent un autre plaisir,
Et la longue étreinte suivie de l’agonie
Rend plus sinistre encore l’haleine forte du désir.
Débraillée et pensive l’âme s’envole vers le coeur
Et la punition s’achève dans la tristesse.
Le temps s’évade comme la pendule sur son heure
Et courent désobligeantes des milliers de caresses !
L’oubli d’un corps décharné où la fumée s’évade,
La honte et les remords chassent les cavalcades,
Et s’extirpent du penseur allongé dans son sang.
Solitude, plat amour du dernier des vivants,
Quand tu nous déchires de tes ultimes découvertes,
Les délices des cambrures passent et repassent, désertes !
13 avril 1978
Parfum d’apaisement
Le vanneur
Amertume tu te meurs, oiseau au large vol,
J'essuie tes traces noires dans le siècle où tu danses
O mémoire des candeurs, ton esprit se désole.
Des ténèbres jaillissent les flux de l'espérance.
L'ombrelle déchue plonge dans les senteurs de l'âtre.
Qu'est de l'effort le poussif haillon de l'hiver ?
Il advient qu'un fleuve abject roule et se rétracte
Aux derniers soubresauts des courtisans de guerre.
Le chef dit : "Impossible. L'acte se meurt d'amour.
Entends les bruissements dans un long jet d'étain."
Peuh ! L'oubli rejoint les forces, il s'en va, il court !
Loin, comme des traversées inondent le ciel,
Qu'il respire la mixture inconsciente ! Tu dépeins
Ce maléfice de gloire car sa frayeur chancelle !
Dans les feux
Dans les feux où se consument
De vagues frêles et certains repentirs,
Dans des déferlements allégés de parures et de candeur,
Il extirpe à la réalité des horreurs !
Réputée d'incroyances fatidiques, l'ombre décline
De sa vergue facile, l'arbre est trop ancien
De nuisances, de rejets, de malheurs,
De faiblesses infinies ; l'amour de l'immuable
Se jettera dans ses souffrances !
Je ne puis par la calomnie étrange et solennelle
D'un Dieu superbe décroître en sa gerbe
Le joug multicolore de sa substance perpétuelle !
O mal que je pardonne ! Je pardonne par ton nom !
Mais l'inquiétante Cybèle cerne et lasse mon front.
La racine et la source
Spleen III
Parcourir la savane où toujours s’entrelacent
Des nuées de sauterelles aux yeux étourdis ;
Parcourir des hivers gelés et refroidis
Par des vents déroutants qui pénètrent et qui glacent ;
Parcourir un désert aux grains secs et brûlants
Que nul n’ose franchir car la peur de la mort
Agresse les plus grands comme un immonde sort ;
Savoir que rien ne change dans le cœur des enfants
Pas même un cri plaintif annonçant le soleil ;
Prétendre que la nuit est belle après le jour
Comme un objet soyeux sur un lit de velours ;
Imaginer la mort d’un pénible sommeil
Imaginer demain le grand retour de l’aigle
Comme espère la femme la fin des saignements.
L’immortelle
Je dévasterais les déserts du Sahara
Et pillerais tous les trésors du monde
Pour me trouver allonger dans ses grands bras ;
Je m’installerais dans des grottes profondes ;
J’oublierai tout : passé, présent et futur,
Mes espoirs de poète et toute noble chose ;
J’oublierai tout pour contempler sa parure
Et l’aimer doucement sur un grand lit de roses.
Sa beauté n’existe pas. Oui, oui, irréelle
Elle est merveilleuse, - elle est immortelle,
Pour appartenir à ce monde de renégats.
Ses yeux, miroirs de ses pensées vacillantes
Sont les fruits d’un ange ou d’une démente :
Pour elle, je donnerai mon corps au trépas !
Spleen V
Observant ce ciel bas azuré et lointain,
Je disais - parce que de lugubres pensées
S’étaient là installées dans mon esprit troublé
Qu’il serait bon d’avoir une femme et du vin.
Et je considérais que la vie était triste
Sans une consolatrice pour écouter son âme.
Et je pensais encore, la bouteille qui enflamme
Cette cervelle humaine peut la rendre moins triste ! ...
Je songeais à tout ça, mais je ne faisais rien
Car j’attendais encore que s’éclairât demain,
J’attendais que le temps filât dans son malheur ! ...
J’attendais écoutant le cri plaintif du cœur
Que cette nuit s’en vînt arracher le nuage
Qui avait recouvert ma détestable image ! ...
L’inspiratrice
Elle cache dans ses yeux d’adorables mystères
Et son sein où tant d’hommes voulaient se reposer,
Est fait pour inspirer la plus douce prière
Au poète incompris ou à l’amant blasé.
Et dans sa chevelure nacrée et puis polie,
On peut voir s’agiter des navires et des mâts,
Des vagues immortelles où chantent les furies
Des marins possédés qui poursuivent ses pas.
Et sa jambe et son cœur et ses hanches et son dos,
Pareils à la grandeur des statues de Palmyre,
Éveillent en mon esprit le sentiment du beau.
Et dans ses noirs secrets où l’on veut s’endormir
Imprégnés du parfum de ses senteurs nouvelles,
S’exaltent des plaisirs qui la rendent immortelle !
La Belle Pompadour
Tentez d’imaginer les plaisirs de la cour,
Ses parfums délicats, ses odeurs pénétrantes.
Tentez d’imaginer la Belle Pompadour
Alanguie dans la grâce des douceurs enivrantes.
Respirez, je vous prie, ses deux seins parfumés,
Dans la langueur des nuits consumées et profondes
Ou baignez-vous encore dans ces délices blondes,
Dans ses sources limpides qu’on entend murmurer.
Délectez-vous alors de ses grains de beauté
Qui me disent tout bas : voudrais-tu m’embrasser ?
Voyez ces nobles poses et cette chair si ronde !
Son visage d’enfant est un hymne à l’amour.
Voyez, je ne peux pas m’encombrer de discours
Car je le sais trop bien, elle est unique au monde !
Les taches bleutées
Les taches bleutées s’évadent comme des accords ! ...
O fumée bienveillante, volutes calcinées !
Tout converge vers le mal, même ce terrible amour !
Disloquées, déchirées, toutes les âmes défuntes !
Est-ce la voix de l’Apôtre ?
Car pour glorifier les puissances immortelles...
Et ce mal qui bouillonne dans mon cœur et...
Je m’agenouille les mains croisées et fraternelles.
Les Théories du bien ?
Je détruirais l’obstacle de cette éducation.
Moi si bête, si génial, que de satisfactions !
Je voudrais déguster les fruits de mon carnage,
Remercier le Seigneur de m’avoir fait ainsi.
Je baiserais le ciel avec des cris sauvages ! ...
O mon tendre exil
Il faudra, ô mon tendre exil
Vaincre ce soir encore
Les cascades de sang,
Les portes sans scrupule
Et les Morts et les Morts morts trop tôt.
Il faudra, ô mon ami docile
Respirer un air calme et chaud
Il faudra faire danser la ballerine
Avant que le soleil ne brûle nos peaux.
Qu’importe ! O tendre exil
Qu’importe ! O mon ami docile
Qu’importe la brûlure et le noble combat
Qu’importe la vomissure
Puisque je resterai avec toi !
Son chant
Son chant se gravera dans mon coeur
Comme une moisson étonnante d’amours.
Forte, soumise, obéissante à certaines lois
Elle palliera l’aisance à la volupté du jour
Douceur facile, ho ! resplendit langueur
Resplendit dans les cieux de mes rêves
J’abandonne l’ignorance et la frêle passion
A cette soeur ingénue et déshéritée.
Je vampe ce sourire, exprimé en ce lieu
Et puise la bonté aux râles enchanteurs.
Floraison matinale, chante encore !
Chante galère d’un été, galère
Qui refuse la sensation inerte
De l’admirable golfe de l’amour !
Au comble de l’amour
Au comble de l’amour
Parsemé de pensées fortes
L’étroitesse de ma tour
Me donnera raison !
Crânes fracassés,
Sangs rougis de la tombe
Croisades de honte ;
Tout baignera dans le désespoir !
Fientes craquelées de spermes maudits,
Architectures désinvoltes,
Cataclysme pourris :
J’exploite le malheur de l’âme,
C’est la force de ma révolte !
O beautés, ainsi j’invente le drame !
La garnison au cabaret
C’est qu’ils vont eux, hagards et teigneux
Chercher dans les remparts de l’ivresse
Un peu de vin très précieux.
Des dorures sur des plastrons
Arc-boutés, les pieds dans des sabots
Ils bavent des mutineries de gloire !
Et fourbu, le moustachu
Agrippe sa vieille - grincements hideux.
Les perchés accoudés, l’oeil quoique sérieux
Remuent des lèvres pendantes
Et les chœurs montent dans la salle obscure
D’alcool et de fumée !
Et ils s’étalent sur des chaises
Poussifs et heureux dans leur discours de guerre !
Dans ce long silence
Dans ce long silence, les herbes fatiguées
Regardèrent tristement la route :
Les enfants, les gouttes de pluie, et les seins
S’évadaient pauvrement dans le soir orageux
Les longues files de pollen,
Pareilles à des splendides papillons volants
Embrasèrent la vision heureuse de ces saltimbanques.
Qu’un monde prédisposé à l’espérance nue,
Brûle au bout du doigt mes chimères passées
Car nul vent, même siphon fût
Ne saura égaler la justesse de ma douleur !
Alors dans cette nuit perdue et reperdue,
Des gouttes de pluie, des chimères, des enfants
Oublient la douleur latente de mon mal en péril.
L’espoir est vacillant
L’espoir est vacillant au fond du gouffre immonde
Le rayon est percé de stances inquiétantes
Ta voix plus noire encore qui lentement s’effondre,
Est le balancement des mamelles pendantes.
Tout gronde dans ce silence crasseux : les douleurs
Orientées dans les voix célestes des déchirures
Usent de forces étranges contre l’implacable couleur.
Oppressées dans ce désert sans fin, les dorures
Éclatent pour d’énormes coucheries. Et ton Dieu, Père
De l’inconditionnelle pensée, s’accoutume
Aux rugissements désespérés de sa terre !
L’acte fécond dans les yeux perdus de l’inexistence
Endiablé d’un désir un instant se rallume
Et vole le fruit veineux de sa réelle chance.
Tu condamnes spirituel
Tu condamnes spirituel un nouveau mélange,
Mais tu gis là dans les entresols urbains.
Qu’est-ce à dire puisque l’odeur de la fange
Résiste là, te suis partout jusqu’en tes mains ?
Ah ! Républicain de coeur, fortune pour nous deux ! ...
Je sais l’amour que tu portes aux femmes, tes yeux
N’ont pu cacher les doux regards que tu tenais...
Mais bah ! Assez de paroles, je suis ton divin
Et je puis te proposer mes superbes vers,
Mais non ! Pas ma femme, espèce de sot, crétin !
La plus belle des substances ne peut échapper
Aux esprits élevés unis dans le devoir.
Je te somme un instant encore de m’écouter
Impotent, incapable, je t’offre le pouvoir.
Si le doute
Si le doute en mes yeux s’était alors permis
D’exposer à son corps les substances charnelles,
Pour cette pure audace des troublantes orgies
J’assurais à ma face des souffrances nouvelles...
Mal, exile-toi loin de toute délivrance !
Mon désir enflammé sur le coeur embaumé
Cherche un monde sans fin, bordé de nonchalance,
L’amour, dont tu me sieds... O l’amour, j’ai cherché ...
Puise pour que maints déchirements te consument
Dans les esprits subtils en qui vont les grandeurs
Et vois, le geste lent se perd et se rallume...
Ma douleur condamnant les sombres agonies
Virevolte et propose déjà fortes lueurs
Car vrai ! Je sais le nom des puissantes furies ! ...
Le buis et le houx
Le vagabond
Aux myrtes, l’autre été, un vagabond passa
Ignorant pêle-mêle les doux penchants du jour,
S’extasiant seulement pour les nèfles d’amour
Oubliant sans mot dire les frêles des alphas.
Dans les catacombes, les pensées ensemencées
Débusquaient l’âme chère perdue sous quelques fourbes,
Et la tâche maîtresse de ces deux feux tachés
Comme un envol promis accomplit une courbe.
Sacre, aigles blancs, longues filles endimanchées
Le bruit courut dans la péninsule enlacée,
Et la voix forte et grave des pauvres saltimbanques
Pareillée de grandeurs, de vomissures sensées
Galvanisa la pieuvre des dires qui s’entendent,
Ô vagabond, ami, aux mythes regrettés !
À l’église
Souvent hurlent les frayeurs de l’or jaune et nu,
Deux grandes sœurs contemplent tristement une étoile
Briller des feux lugubres d’un astre inconnu,
Honteuses, puis enrubannées d’étoffes elles dévoilent
Fortes, avec de longs bras pendants aux larges hanches
Et purulent de boutons des jeunes années
Parées à la messe des cotillons du dimanche,
La famille regarde d’un sourire biaisé.
Ho ! Puissant est le coeur évasif à la messe,
Qui chante pour l’Être suprême, pur dans le Temple !
Mais les voix ne sont que doutes incompris et stress.
Et les sœurs fécondées au ventre d’une mère
S’extasient, gravent sur le banc et contemplent
L’ignoble individu qui est un humble frère !
J’invente
J’invente le remède pour soulager la peine,
Un remède sans joie, un remède sans coeur
Un remède idiot, quelque fois désenchanteur
Il parle d’amitié et d’espoir
De folles escapades, d’esprit libéré
Il parle de l’amour, de l’amour enivré
Est-ce toi mon coeur de toujours ?
Est-ce vous, rôdeurs éternels
Qui hantez les ténèbres de ma tour ?
Entends-tu le vent,
Le vent noble et fidèle ?
Entends-tu le vent ?
Le culte démenti
Dans le délicat de son ourlet
J’ai vu l’autre jour
Des golfes glacés et l’onde démente
Des parchemins nuptiaux détenteurs
De faciles constellations
Des candélabres mats comme l’argent
Et bons comme les sueurs
Des cyclones de perles clamant
L’opale et l’arrivée
Ont puni la sagesse de mes dires :
Le poète est confessé.
Dans le délicat de son ourlet
J’ai vu l’autre jour
Des golfes glacés et l’onde démente.
Spasmes
L’esprit mort de fraîcheur et d’esclaves passés
Dans l’abandon des chaînes, des râles furieux,
L’esprit crispe le corps et poudre son délice.
Le coeur est assoiffé de soupirs, de tendresse.
Et le masque est tombé. La pose langoureuse
Étale son amour sur le bord du néant.
Le sourire oublié et la folle caresse
Palpitent dans l’écume quand le lit est mourant.
Un sentiment de manque sur la grave escapade ...
Le sein s’est enflammé sous des douceurs passives,
Ô la hâte charnelle et l’envolée exquise !
Repose sur le dos, la lèvre retournée.
Ta main est paresseuse, et ton sein ébahi.
Oui, l’amour, cette nuit était notre convive !
Le peuplier
Sous un peuplier ardent
Enduit de milles feux,
La grandeur dans le vent
Brille pour ses yeux.
Oubliant les maléfices
Racontars d’un instant,
L’envieux pour mille artifices
Éclate dans le temps.
Sa musique sublime,
Embrasse l’esprit pur
Au chant de l’azur,
Exploite d’une rime
Le ventre assoiffé
Des âmes passées !
L’habitude imperturbable
Au plus profond de l’insipidité
Quand le mal ressemble à un dernier relent,
L’existence de deux êtres étoilés
Consume la folie brumeuse des maux.
Grasse, épaisse, lourde et vicieuse, collée à l’âme seule
La jambe impétueuse encore se nourrit d’infectes pensées,
Et mugissent la tentation et la lubricité.
La certitude n’est plus dans l’espoir du bonheur.
Le souffle s’évade en fumée et en crachats immondes.
La vampe encore dans ses assauts brisés
Côtoie en langueurs passives son désir déçu.
Bien qu’une escapade égaie parfois le cerveau
Cette habitude imperturbable se répète et marche
Pour s’en finir là-bas au fond de nos caveaux.
Elans
Le soir venu, comme un grand vent soufflait sa fraîcheur
J’embrassai calmement les senteurs du printemps ;
J’allai, à l’improviste quémander un fruit gracieux
Et dans l’onde supérieure, je nageai pour un double sens.
Les embellies volaient à l’infini les dernières images pieuses
Et je sentis la brise me glacer le dos
Le tumulte foudroya mon sang
Et comme le Doux se savait juste
J’imprégnais de sueurs mon front passé.
Sur son sein, je jetai un poème ;
De vastes tourments apaisés enfin pâlirent l’orgasme
Et des yeux et des cœurs soulignèrent la fête.
Le matin éclairé dans le sort des pastorales
Je vis la terreur de la mort -, le soleil enfin se levait.
Les interdits
La stérilité
La stérilité est toujours ennuyeuse
Où sont passés mes poèmes d’antan ?
Je veux mourir bête besogneuse.
Qu’as-tu fait de la jeunesse ?
J’ai aimé Aphrodite platonique
Engagé malheureux au creux des fesses
Mercenaire peureux coups de bâtons et triques
Je pleure souvent la nuit souvent
Des millions d’étoiles offrent leur coeur
Les crapauds chantent dans les mares
Les roses rouges cachent leurs jolis pétales.
Je danserai femmes laides ou affreuses
Les dames appartiennent à cette demeure
Ombres d’été voiles gentilles sœurs.
Tinte fleur de l’amour
Tinte fleur de l’amour
Source de l’idiome
Mes races cannibales ravagent mon destin.
Je suis nu, je m’abandonne
À la pensée sereine ou pure.
Avalanches, spermes qui coulez
Dans mon hiver
Venez boire à la source-mère
Vous pucelles de déchets.
Quand lentement je la touche
Il s’évapore des baisers d’enfance
Je m’éveille à la sève nouvelle
Ou transparent je cours
L’humeur de mes ivresses m’emporte.
Poussons la chansonnette
Poussons poussons la chansonnette
Je la balance sans inspiration
Où est passée mon âme de poète ?
Par-derrière l’ennui et l’angoisse
Cherchons cherchons.
Je ne veux pas te faire rire
Avec mes problèmes de pauvre poète
Donne-moi ton corps sans plaisir
A quatre pattes ou allongée
Ho ! Mon amour serais-tu prête ?
Prête à aimer ma grinçante chanson
C’est une scie criant à la sauvette
Adieu branlages et masturbation
Ho ! Mon amour serais-tu prête ?
Images de plage
Était-ce la mer qui roulait ses vagues
Sur ton corps d’ivoire
Était-ce le soleil qui parfois divague
Et réchauffe nos mémoires
Était-ce l’amour qui brûlait mon âme
Comme un feu d’espoir ?
Elle était là elle était nue
Alanguie sur le sable doré
Comme une vénus, sirène échouée
Ses seins caressés par la brise venue.
Était-ce mon corps qui s’avançait vers elle
Je me souviens de son regard
Et de ses yeux tirant sur le noir
Et de moi attiré par sa beauté solennelle.
L’oiseau peint
L’oiseau peint de bleu et de blanc
Sur l’aile du vent battue
Courbe son envol
Et disparaît propulsé par les flots verts
Qui roulent câlinant la vaste mer.
Délicieuse accalmie
Vois l’oiseau renaître
Dans l’aurore ou dans le couchant
Son ombre parfois grandit
Selon le battement incessant de l’aile !
Fuir sur les grands rouleaux insulaires !
Mourir pour des horizons plus beaux !
La fleur épanouie dans les airs
S’évade vers des exils de renouveau !
Ombres bleues
Malicieuse ingénue
Malicieuse ingénue
Aux lèvres qui se plissent,
Ne veux-tu, presque nue,
Qu'en ton corps je me glisse ?
Nous obtiendrons ensemble
L'orgasme le meilleur.
Si en tes jambes je tremble
C'est que je prends ton coeur !
A la lueur ombreuse
La belle me sourit
Et me propose radieuse,
Sa bouche ébahie.
Il suffit d'un sein nu
Pour que mon corps s'active !
Je sens le malin
Je sens le malin toujours me corrompre
Et jouir de ma pureté déjà admise.
Il convoite, ô le Mal suprême,
La splendeur de mon corps insoumis,
Il veut par la violence
M'arracher la beauté
Qui encore se languit.
Ha ! Que de plaintes, que de tourments,
Que de luxures dans cette âme
Où dorment les passions futures !
Et combien de haines,
Combien de sexes obscènes
Viendront mourir
Sur cette couche à peine ouverte !
La marche en avant
La marche en avant des forces sacrées
La puissance suprême de l'Etat aimé
Tous luttons combattons ensemble
Pour édifier la cité Socialiste.
Camp de redressement
Lavages de cerveaux
Tortures physiques
Deux années de violence
O ma jeunesse détruite
Saccagée.
La marche en avant des forces cachées
La puissance suprême d'un Dieu aimé
Tous luttons combattons ensemble
Pour édifier la Cité Divine.
Plaies immondes
Plaies immondes gavées de pus
Déchets verdâtres
Roulant sur les chairs
Roses et pures,
Je préfère
L'odeur puante
Des règles rougeâtres !
Je préfère
Leurs bouches ouvertes
Saignant leurs coulées d'orgueil !
O gouttes, liquide d'amour,
Je vous propose ma langue
Et longtemps j'irai lécher
Les lèvres de vos sexes ébahis.
Douleurs extrêmes
Incubation
Je rends grâce à ta pureté
Toi le Dieu qui me torture ;
Au poète d’injustices infligées,
Toute sa grâce est au futur !
J’aime le démon de Satan
Qui, par son vice, s’éternise
Et me propose en me frappant
Son feu vierge qui sodomise !
Car de pleurs et de rires mêlés
Je saigne rouge en jouissant :
L’anus d’amour est défloré.
Dans l’horreur de mes nuits obscures
Agenouillé, allant et venant
J’éprouve les mille joies de ma blessure !
Ombre claire
Ombre de soleil taciturne
Pour que luise
Ingénue ardente
De sa chaleur exquise
La couleur moite et terne
De ce fils brillant.
Tais-toi honte de mon délire,
Cache le vain rayon
Car lucide il s’étire
Il se meut éternel
Offrant grande lueur vermeille
Et feu noir de son soupir.
Par sa grâce insoupçonnée
Éclate la claire chaleur aimée.
Par le vieux Trenet
Cet air ancien que je fredonne
Me rappelle mes amours monotones
Dans un passé que j’oublie.
Ces quelques mots qui s’évadent
Dans ma jeunesse cavalcade
S’éloignent pour d’autres pays
Un coin de terre abandonnée
Une mansarde délabrée
Quelques forêts et quelques prés
Tous oubliés.
Un feu de bois dans la cheminée
La douce odeur du temps passé
Et ces espoirs tous envolés
Dans mes pensées.
Brouillards
Brouillards de ténèbres
Formes vagues de mes rêves
Vous circulez,
Ombres blêmes de mes nuits.
Sceptres qui s’envolent
Dans les amours folles
Vous priez,
Et les plaisirs s’enfuient.
Formes belles du songe
L’image folle prolonge
Son désir qui prie.
Mais mon âme espère
Ce coeur se désaltère
Dans l’espoir infini.
La torture
Je subis la torture,
La torture toujours recommencée
Le Mal me hait
Ma hait avec atrocité.
Affligé par la Mort
Mais quels sont tous ces torts
Mes torts sont d’avoir aimé
Aimé être soi-même
Seul dans l’éternité !
Un cent d’aiguilles
Dans les testicules
Pour ne pas l’avoir aimée !
J’aimerais n’être pas crucifié !
Horreur primaire de l’envoûté !
De pu...
De pucelle en putain
J’ai connu tous les vices
J’ai craché mon venin
Dans tous les orifices.
Pourrais-je encore déflorant les secrets
Des vierges et des impures aux charmes indiscrets
Pourrais-je pourriture subir toutes les délices
Des vicieuses scabreuses au fond des précipices ?
Certes, j’ai trop vécu
Proposant d’un prépuce
Ce sperme érecté
Et j’ai trop défloré
Imposant à l’orgasme
Mes chaleurs sublimées.
Messages VI
La défaite
Sur la berge invisible,
recherches du pur midi
Volonté de stabilité interne
de quiétude parfaite
abolition du délire
La limite est réelle :
Je concède ma défaite
Que puis-je ?
Quel avenir pour un assiégé ?
Marges, écarts, faiblesses,
ô science
science et moi, de peu,
de rien
Je ne saurais être...
Résonances I
Moi, solitaire et tel
Moi, solitaire et tel
Avec mots et signes au bout des doigts
Je construis de l’intérieur un autre monde
Faible, de complexité nulle
Les forces mauvaises me menacent
Avec des aiguilles dans les articulations
Tu détestes ce que tu fais
Le prétendant malingre, mièvre et ridicule
Tu aspires à du gain,
Tu veux te rassasier
Tu as faim
Lis et c’est peu - voilà ton Tout !
Pourquoi as-tu planté dans mon coeur
Une graine poétique ?
On a renoncé
On a renoncé au désir
De prendre sexe pour sexe
Et imposé le mutisme
Malgré l’appel des corps
De chevaucher
La chair humaine
Après avoir subi
La haine de la mort
Il s’en est allé agoniser
Dans les contorsions
De ses étranges douleurs
Sur le seuil éternel
Le silence explose dans mon crâne
Où j’apprends à écouter l’horreur du vide
Le zéphyr bleu
Pourquoi te blâmerai-je d’avoir tenté,
D’avoir échoué dans le zéphyr bleu ?
Pourquoi ? ... Tu t’es rempli
hautes les envolées
composées dans le courage
désirées, bafouées
mais tu n’as point trouvé ton esprit de paix
Dans la noblesse de l’exil
cette beauté vaillante
t’aura permis d’accéder à de l’immortel
Oui, c’est de la grandeur altière
Avec de la froideur, froideur de solitaire
Y avait-il une torche,
une possibilité de feu ?
Que je
Que je m’élève et m’envole, m’enfuis pour l’au-delà
Que je m’y construise une raison
Faite de conscience et de savoir
J’aurai une grenade, une ruche,
Je serai architecte
Dans cette pureté toute spirituelle,
Je vivrai songeant à la perfection des Dieux
J’y boirai quelque paix
Endroit où le temps disparaît
Où l’éternité s’impose
Que je m’élève, que je m’emporte cette nuit
J’entends ce coeur qui cherche à s’enfuir
Non. Ce n’est pas l’heure encore.
Sache attendre - sache.
Ton enveloppe astrale
Ton enveloppe astrale est cachée en toi
Ton squelette t’accompagne
sur le chemin de ton existence
Je vais de la vie à la mort
de la mort à la vie, peut-être
Ton coeur bat le décompte final
Le vieillissement te rappelle
Que ta tombe se creuse
Que ton sépulcre sonne le creux
Tu es fasciné par l’espoir
d’une construction nouvelle
dans l’invisible et l’impalpable
où ton esprit épanouira son Spirituel
mais il te faut attendre, - vivre, - passer, etc...
Il s’y essaie encore
Il s’y essaie encore nettoyant, combinant
D’autres propositions. Le sonnet qu’il produit
Lui apparaît piteux. Il voudrait autrement,
Une forme inconnue, il voudrait déplacer
Le centre d’autrefois. Je pense à Du Bellay;
A Mallarmé, à Valéry, à Baudelaire.
Je me crois médiocre en tâchant d’obtenir
Un quatorze insensé qui va je ne sais où.
Il y a Neruda et ses sonnets d’amour.
Que peut-il inspirer ? En quoi peut-il aider ?
Me viendrait à l’esprit un idéal fatal,
Référence inouïe à toujours imiter.
On peut toujours rêver - ceci est de la prose !
On cherchera encore mais on a échoué.
Si écrire est penser
Je pense
si écrire est penser
il s’accumule en moi des certitudes
que chaque livre confirme
La médiocrité toujours
en basique d’existentiel
présence infiniment peu, de rien,
oui, exact
Alors que faire ?
Comment changer cela ?
La jeunesse est passée,
J’entre dans l’âge mûr
Comment produire sans commettre trop d’erreurs
Éloigne-toi de la honte
Le miroir
Mon image fugace tremble dans ce miroir
J’y invente un espace, bel outil primitif
D’un monde virtuel. Des reflets incessants
Construisent un univers habitable parfois
Là, je suis au Salon d’Imagina, bien sûr
Et le progrès est tel que l’on peut supposer
Le Temple d’Athéna, l’édifice de Rhodes
Se dresser devant vous comme un musée vivant
Ô le transfert lucide d’un Moi qui me contemple
Ô reflets irréels, réels pour mon esprit
Qui se suffit de peu, et prétend la toucher
Ou la faire apparaître là, devant ses deux yeux
Je dois toujours attendre ces messages futurs
Qui développeront mon pur Imaginaire.
Problème de la grâce
Se peut-il que cette enfant
Pure et aérienne
Se transforme en essence de haine,
De cruauté immonde
Par la métamorphose
Du vice et de la chair ?
Que ce corps innocent
Se vide de sa substance élevée
Pour emmagasiner de l’horreur ?
Qu’enfin elle donne naissance
À une conscience démoniaque
Assassinat, écorchant, brûlant
Et que son avenir soit dans l’antre
De l’enfer à tout jamais éternisé ?
Je m’interroge peu
Je m’interroge peu, je produis, je produis
Je nomme et je dénomme pour flatter ma patience
Plongeant dans l’infini d’une nuit qui avance
Et j’étudie la langue abrupte des poètes
Je m’use sous le poids d’une lourde mémoire
Et désire vainement en combinant des mots
Accéder à l’orgasme sublime de l’esprit.
Ô miroirs insensés où je vois tant d’idées
Se mêler malhabiles pour une piètre histoire
Mon doute constamment me répète en secret
Que le tout est stupide et sera périssable
Cette énergie secrète active ma cervelle
Et m’impose à agir pour dépasser le Moi
Je n’ai nulle promesse d’un avenir lointain.
La coupe
La coupe, qui la prend, voit à l’intérieur
La peine ensanglantée sertie de glaires noires
Et buvant le premier, je la rends détestable
Aux hôtes du banquet conviés à ma table
Car moi, ce flux de nectar, Pindare, n’est point fruit
Pour l’esprit du vainqueur, ainsi je prophétise
La lyre et le cristal dans l’apparat des flûtes
Avec vrais crissements et douleurs du buveur
Ô puissante lignée par les jours éternels
De mémoire, de mémoire aux futurs couronnés
Ils habitent l’azur, tous ces princes en exil
Et je voudrais pour eux annoncer ces propos
De la beauté certaine, toujours il faut s’instruire
Aller vers l’avenir en cherchant le repos
D’observer un devoir
D’observer un devoir imminent chez les hommes
Par un saint brûlement attendrirait le Père ?
Il est de la vaillance d’accéder à l’écrit.
S’avance dans l’oubli le poète inconnu,
Détesté de ses frères, sans blonde Chrysalide.
Pleuraient à profusion des délices de coeur.
Mais instruit de sagesse, il lève vers les Dieux
L’impossible chemise détenant le poème.
Il hurle, prie, suffoque, le Ciel frissonne-t-il ?
Les hommes par l’argent se partagent la terre.
Les nouveaux Immortels veulent franchir la Porte.
Seras-tu enfouie, ô mon œuvre inconnue ?
Oui, emporte-moi, Seigneur pour l’excellente peine.
Les premiers descendirent honorer le Suprême.
L’Absent
L’Absent, toujours l’Absent, éloigné du Soleil,
De l’astre triomphant et transmettant la vie
Du poème intégré et lu par le public
Ô toi, Gal rejetant le grand serment des Dieux
Que venu et comblé, Il remit sur sa tête
Du Chrême par le six, - mais pourrais-tu comprendre ?
Tombé en vérité dans l’oubli éternel
En dehors d’un tirage limité même à cent
Il se voit décroissant allant dans la ténèbre
Ainsi cette parole dans la Sphère lumineuse
Est suite sans honneur et le Germe n’est point
Porteur de Noms illustres, daignez en vos grandeurs
Considérer un frère inconnu et maudit
Consentez, je vous prie, quelque clinquant d’images !
Je ne t’accuse pas
Je ne t’accuse pas, je constate, voilà tout.
Rien ne peut réussir dans cette pauvre vie.
J’obtiens en même temps et les livres et la nuit,
Ce superbe dessein s’achève par l’échec.
J’ai donc construit une muraille de papier
À leurs yeux inutiles, aux chapitres insensés.
J’ai désiré offrir - ce n’était que foutaise !,
Le rêve s’en retourne à sa réalité.
Ô mon sublime exil, envole-moi bien loin
Les manuscrits m’emportent dans la sphère idéale !
De la légende grecque à la mythologie
Je poursuis, j’agrandis cette bibliothèque.
Tyrannies de syntaxe, traités de l’impossible,
Aidez-moi malgré tout à composer mon œuvre !
C’est l’ombre de moi-même
C’est l’ombre de moi-même qui me poursuit encore
Mystérieuse et pure en longeant ce grand mur.
Quelle est ma part dans ce destin ? Est-ce bien moi
Qui produis tous ces signes dans le soir infini ?
Le mot est un marqueur indiquant le départ,
Les signes s’accompagnent, construisant la syntaxe,
Le pas est incertain et j’avance à tâtons.
Je le sais, je le sais, je m’enterre, je m’oublie.
Cette couleur du temps s’efface doucement.
Mon spectre sans phosphore descend dans son sépulcre.
Et l’auteur du poème imitant ses faux frères
Se meurt ayant atteint cette piètre limite
Où l’ordre de ses pas allait cahin-caha.
Sublime était l’écrit suivi de l’anathème.
Seulement le silence
Seulement le silence - un destin oublié
Inutile et perdu - cette fille me poursuit
Pour cet acte stupide qui n’en finit jamais
Qui n’a pas d’avenir. Je construis une route,
Éternelle, infinie - je longe une muraille.
Et de l’autre côté, - ce sont des cris d’enfants,
Des paroles, des bouches, qui persiflent et critiquent
Ce sont de grands soupirs tout étoilés d’orgasmes
Je ne veux pas entendre - je suis un obsédé
J’avance avec des jalons d’œuvre, avec constance.
Je ressemble à ces hommes - ces zombies de la nuit
Constructeurs de château, rénovant des villages,
- Une tâche incroyable de punition divine
Avec de noirs esprits qui toujours m’accompagnent.
Accomplir un travail
Accomplir un travail qui soit utile aux autres
Proposer un produit que chacun pourrait lire
Écrire tout simplement en refusant l’emphase
Oui, je me dis tout ça mais ne sais comment faire.
Ma pauvre mère me dit : “ Tes écrits sont complexes,
Je ne puis achever un livre commencé.”
C’est vrai : je n’écris pas pour séduire un lecteur.
Je recherche avant tout la poursuite du Moi,
La production intense, l’aptitude maximale,
Et l’éblouissement de ma métamorphose.
Ainsi je me vois seul, autrui ne peut comprendre,
Me jette et me méprise : Lozac’h est un déchet
À haïr, à maudire, à exclure en tout cas.
Mais je poursuis mon œuvre détesté de l’ensemble.
L’épitaphe
Tu es dans le silence, tu ne vois presque pas.
Quelques lumières éparses semblent t’accompagner.
Devant toi, avec toi, le vieux soleil s’endort.
De tristes flamboiements éclairent ta confusion,
Mais tu espères encore une lune sublime
Auréolée d’orgasmes, de feux et d’écarlate.
Un miroir apparaît. Avec obstination,
Tu l’observes, le regardes. Des certitudes en toi,
Semblent imposer un centre que d’autres ont déplacé.
Tu poursuis cette voix qui va tout au-dedans
Éclairé de phosphore qui s’éteint, qui s’allume
Sans trouver un produit de quelque utilité.
Te voilà bien poète ! Et c’est bientôt ta mort
Avec pour épitaphe : Retourne d’où tu t’en viens.
La mort
C’est le frémissement de la mort qui s’en vient
Comme un souffle glacé enveloppant ma chair.
Je ne suis point aveugle, je sens autour de moi
Des présences ennemies percevant mes secrets
Pénétrant, comprenant le subtil et la fin
Qui s’animent dans l’âme en mystères dispersés.
Je suis nimbé de pureté, je sais le Mal
J’entends frapper le coeur inquiet et peureux
Je me cache en moi-même espérant échapper
Aux tortures du vice qui troublent mon destin.
Qu’il est dur de subir cette engeance rebelle !
En entrant dans la vie, on plonge dans l’horreur
De fantômes gazés qui s’acharnent et s’acharnent.
Mais qui le comprendrait, croyant à l’invention ?
Trois grains d’écriture
Aujourd’hui un simple songe, demain la poussière
Rien, peu, infiniment peu, et le bel oubli
Le retour au néant, l’idéal où je me complais
Cette stupide ambition, ce point de nullité
Combat de la vie, combat contre soi-même
Je suis d’une faiblesse détestable, insignifiance extrême
Je m’épuise à chercher, prétendrai-je trouver ?
Hier a déjà disparu, que lui ai-je volé ?
Trois grains d’écriture à l’avenir douteux
Dont la pousse est informe et le fruit à paraître, le fruit !
J’hésite, j’hésite encore, la mort me précipite
Son cours tumultueux m’emporte au plus profond
Voilà ma peine et mon souci, ho ! Nature de l’homme
Dans les entrailles de la terre, j’obtiens ma sépulture.
L’éclair de vie
Vie, le mot qui t’accompagne est brièveté
Ce corps est si fragile, il vieillit en s’usant
L’usure est immédiate, à chaque instant en cette chair
Le passé, la mémoire s’éloignent, l’avenir et la mort
S’approchent, s’imposent, roi et reine à la faux
Voilà le rien, et là est le peu qui ne seront
Et c’est nature d’homme - l’ambition, la va
La vanité - quoi sous le soleil, quoi ? Il faut donc
Durer - aspirer à durer quand les guerres puniques
Détruisent Carthage, quand une civilisation disparaît
Pour laisser des ruines,... et toi tu es poète
Tombeau, espérance, éternité, tel qu’en lui-même, etc...
Vole avec le vent au gré de ton mensonge
Et arrive la mort sans te précipiter...
Résonances II
Portrait d’un raté
Je prends Alain Bosquet, je relis ces Sonnets
Pour une fin de siècle. Cela m’amuse encore.
Ce léger badinage dont le ton est charmant
Saura me divertir avec quelques babioles.
Il y a cent façons de produire un poème.
Un tel a une école quand l’autre veut fonder
Un futur mouvement qui durera cent ans.
Moi, je m’en vais tout doucement vers le silence
Méprisé des Maisons, détesté des poètes,
À moins que par bonheur, je puisse retrouver
Tout là-haut des auteurs qui connaissent mon nom.
Oui, cela est raté : je n’ai pas édité
J’ai accompli une œuvre - mais pour quel devenir ?
Le temps s’étire encore, je n’ai plus qu’à mourir.
La bonne mixture
Jamais ils me comprirent, jamais ils ne voulurent
Comprendre ou penser autrement la chose lue.
Mais pourquoi condamner ? Je prétends, je le dis
Que la faute en incombe au poète lui-même.
Il n’est pas de faveur qui vienne du destin.
La cause des échecs doit trouver sa raison
Dans le produit inadapté à la culture,
À cette forme de culture si dérisoire...
Il reste le sourire un peu désabusé
Du poète perdant n’ayant pu réussir
Et prétendant toujours posséder du génie...
“ Pourtant, je vous assure, pourtant je vous assure... ”
Cela ne suffit pas : car il faut ajouter
À un génie intense un talent généreux.
L’essai infructueux
Maîtriser sa syntaxe ou aller librement,
Perdre son écriture sur le sentier rêveur,
Voilà bien l’aventure qui pousse le poète
À composer une œuvre loin du regard des hommes
Des formes se présentent - il les cueille une à une
Comme on aime les femmes dans le miroir des anges
Il prétend découvrir la très complexe issue
Qui offre le pouvoir d’accéder au suprême
Passe-t-il par le noir d’un sombre labyrinthe
Pour enfin percevoir la lumière sublime ?
Quelle est l’utilité de ce qu’il a trouvé ?
Son monde imaginaire semble bien dérisoire
Et nul n’acceptera de poursuivre ses traces
On lui reconnaîtra l’essai infructueux
Constat
Toi tu prétends aller vers un but inconnu
Tu ignores le chemin, tu en empruntes mille
Tu vas cahin-caha, la nuit toujours existe
“ Un flamboiement confus délire dans le soir ”,
Écrit Borges, écrit. C’est l’affront en toi-même,
Le renvoi des images. Tu poursuis le miroir,
Le soleil est couché et tu songes à mourir.
Si cette blonde lune était femme parfaite
Tu pourrais la saisir comme un ballon doré.
La galette est sanglante et l’inspiration
Se désespère, se dé dans ton propre néant.
Tout est déjà fini, le poème s’oxyde
Ta vie est un échec, le temps, le temps se meurt
Et l’immense rejet, pour enfin disparaître.
Poète, je te laisse
Poète, je te laisse avec ton sac de vers.
J’ignore si tout cela donnera quelque chose,
Si à perdre tes heures, j’imiterais ton sort.
Voilà ton amertume, voilà ton peu de gloire...
Mais véritablement es-tu indispensable,
Et pouvais-tu prendre que cela débouchait
Sur un produit utile pour l’ensemble des hommes ?
Ta certitude, ta cer dans cette tour d’ivoire...
Le peuple te fusille, tu te prétends martyr
Héroïque bataille rappelant ta mémoire.
Sur le marbre défunt, j’admire ta statue...
Ton immortalité s’exalte dans tes livres,
La critique d’autrui ne saurait te toucher,
Et le soleil se lève sur ton œuvre majeure.
L’exilé
Je rêve que la mer m’encense de ses flots
Comme une femme blanche sur l’écume d’amour,
Que des sirènes belles délirantes m’appellent
Et me supplient, supplient un orgasme céleste.
Sur le sel infini que mon esprit active
La tempête sexuelle m’attire constamment,
Et je me vois plonger comme un puissant navire
Dont les lourds flancs s’encombrent de désirs enivrants.
Le miroir me renvoie des images fugaces.
Je crois y contempler ma vérité profonde,
J’aperçois là-bas le phare d’un autre monde.
Je suis très loin si seul et j’ai dû fuir les miens,
Mais comment leur crier ma détresse réelle !
Et qui voudrait m’entendre ? Je suis un exilé.
Wimbledon 97
Je regarde RTL et nous sommes jeudi
À quatorze heures quarante, les tout petits hommes verts
- Des ramasseurs de balles s’activent contre la pluie
Et bâchent les terrains des courts de Wimbledon.
Et voilà c’est la pluie, - cela fait trois semaines
Qu’il pleut et pleut encore sans discontinuer.
Le match entre Sampras et l’Allemand Becker
- Un quart simple messieurs est remis à plus tard.
J’attends, j’attends encore, je zappe sur CNN
Sur Sky, sur NBC ou vais sur Eutelsat
Y trouver d’autres chaînes proposant autre chose.
C’est donc mon quotidien en écrivant des vers
Avec Alain Bosquet et son œuvre complète.
Quel sera l’avenir de ce sonnet en prose ?
Léda et le cygne
Soudain, le heurt d’un vent : les grandes ailes encore
Battent sur la fille chancelante dont les cuisses
Sont caressées par les palmes noires, dont la nuque
Est captive du bec, il maintient sa poitrine
Prisonnière sous son cou.
Comment ces faibles doigts
Pourraient-ils vaguement repousser tant de gloire,
Ses cuisses sont si faibles ? Sous cette ruée blanche,
Comment un corps ne sentirait-il pas un coeur
Frapper étrangement où il est allongé ?
Un frisson dans les reins fait alors resurgir
L’image des remparts et du toit enflammé
Et des tours flamboyantes, Agamemnon, sa mort !
La voilà emportée, écrasée par le sang
Brutal de l’air. Pria-t-elle ses science et force
Avant qu’indifférent le bec l’eût laissé choir ?
Le diadème dérisoire
Qu’il fut travailleur à ses débuts, actif
Volontaire, - allant dans sa solitude
Pour y extraire des réflexions, des textes, et des proses
Portées sur des pensées charmées de vérités !
On vous déteste, on vous méprise, on vous ignore
N’est-ce pas le lot de la poésie ?
Je bois à ce vers puisque je l’ai rempli !
Peu importe le poids de cette indifférence
Car des solutions assez subtiles, aléatoires
Se combinent pour produire cette extase délicate
Cette vérité, je la tiens contre moi
Comme un diadème dérisoire,
Que mon élan n’a pu maîtriser
Ai-je véritablement besoin d’autre chose ?
Le Tour de France 97
Je regarde l’A2, j’y vois le Tour de France
C’est le contre la montre de St Étienne à St
Étienne. Ulrich écrase le tour, il est vainqueur
Du moins on le prétend car il reste les Alpes...
Oui le pauvre Virenque a beaucoup de souci :
Il perd dix minutes sur un temps intermédiaire !
Ulrich est le plus fort et Riis n’y pourra rien.
Voilà ce qu’on me dit, voilà ce que j’entends.
Et moi stupidement j’écris quelques poèmes
Tandis que des millions de téléspectateurs
S’exaltent et s’enthousiasment sur l’écran en couleur.
Mon travail d’écrivain me semble bien modeste,
Je ne peux attirer le regard de quelqu’un.
Je m’en vais, oublié, jamais ne serai lu.
Les songe-creux
Accumulez autant de poèmes que vous pourrez
Épanouissez-vous, considérez la hauteur
De vos ambitions, libérez-vous, engendrez
Du soleil sous la grisaille de vos écrits.
Oui, travaillez et travaillez encore. La chair
De la femme n’est que faiblesse. N’oubliez jamais
Cette vérité. Les femmes aiment l’argent, elles
Détestent l’insouciance du rêveur. Tous les
Songes creux doivent mourir ou disparaître.
L’effort de l’intellect doit s’accompagner d’abondance
Financière, d’or entassé - L’effort : cette œuvre
Produite par votre raison, qu’elle ne s’envole pas
Dans les gaspillages de l’infortune ! Allez rieurs
Dans la sinistre tombe pour ne rien regretter.
Le futur du poète
Ô l’esprit épuisé, accorde-toi quelque repos
Nourris-toi de paix et de silence
Dans ce crépuscule insensé, il n’est rien d’utile
Baigne-toi d’effluves saints, - respire.
L’amour est à changer, la pensée épouse
Les flammes de la mystique interdite, - la pensée.
N’es-tu pas las d’avoir entassé tous ces poèmes
De la liberté qui se sont enfuis dans le mensonge ?
Il n’est que le travail. Pour quelle fraternité, là-haut ?
Mes frères me haïront, la malédiction est un sceau
Sur mon front. Ma précieuse vie se meurt.
Et qui sait, coeur, esprit, - car le poète se cache
Avec le temps sur son côté, comptabilisant la
Précieuse rosée du matin, ce qu’est son futur ?
Résonances III
L’aventure interne
Surgit le cygne sublime et blanc
Qui est symbole encore
Comme l’âme a plongé au fond de soi-même
Pour y chercher science et a-science
Il y faut de la vitesse, des battements d’aile
Impétueux, de l’extase, quelques vérités,
Du vin et de l’ivresse
Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort
De ma condition, ces pensées s’agitent encore
Quand j’essaie de bondir, de m’extraire,
De m’éloigner de ce vil environnement
J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit
Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens
C’est encore une immense aventure interne.
Les limbes
Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais
Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon
Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la
Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps.
Voici que la valeur converge vers la lucidité.
Je délaisse l’amoncellement d’images floues,
J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner.
Le cycle temporel de l’homme, présent, passé,
Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne
Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens.
Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule
Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie
Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin
D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.
Le miroir entr’ouvert
Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair,
La purifie, l’envole, l’exile dans les airs.
Je me crois entouré d’un éclatant soleil
Qui offre à ma raison des substances vermeilles.
Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse
Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes
Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre.
Je suis toujours pressé et je veux aller voir,
Je subis le Néant de ma propre misère.
Et les années s’écoulent pour cette délivrance,
Ce départ, cet élan vers un nouvel espace.
L’avalanche de mots me rappelle en moi-même
La médiocrité de ma raison réelle.
Le néant de soi-même
Te voici devenu un échec, une mine de pertes,
Tu te noies sous la honte de ton ridicule.
Tous ces soins stupides épuisés dans l’attente
D’un espoir ! Ton passé a-t-il un avenir ?
Se peut-il que ce que tu as produit leur convienne ?
Tu offres la gratuité qu’ils méprisent. Ont-ils tort ?
Le recueil enfante le recueil. Que te dit-on au ciel ?
On te dit : “ Oui, oui, tu es, c’est toi ! ”
Et tu les crois tous ces fantômes farceurs nourris
A la sève de ton imaginaire ! Ton effort
Poussé par ta volonté t’impose à poursuivre,
Ton combat est vain. Cela n’a plus de sens, de raison.
Va, poursuis ton ombre fatale et disparais,
Oui, disparais à tout jamais dans le néant de toi-même.
L’idéal menteur
Paroles sur paroles,
tentatives sur échecs
Imagine la possibilité de pureté des flots bleus
conçois des statues de grâce dont la chair
est plus douce que la soie des femmes
Que l’azur devienne miroir
polissant ses idées d’idéal menteur
Observe l’ombre claire s’enflammer d’orgasmes aériens,
réinvente un génie impossible, pascalien
et toi écrasé de soleil, roulant boulant sur des airs agressifs,
propose ce colosse aux pieds d’argile,
cette construction remplie de vides, qu’ils disent !
Emeus-toi, tressaille de plaisirs intuitifs,
portés par des phrasés musicaux
L’a-vérité
J’obtiens une a-vérité qui est à côté,
Qui se conçoit dans l’âme, que l’on prend, jette,
Qu’il faut étudier. Elle peut servir, être
Une sorte de catalyseur d’intelligence, elle peut
... Si l’on veut s’en servir.
Elle ne sert pas à détruire l’autre,
Elle cherche à s’unir, à s’associer.
Grande est sa difficulté à exister, elle évolue
Dans le rêve. Elle est la reine des pensées.
L’Aveugle s’en défend, s’en glose,
Dénigre, méprise,
Le Critique poétique l’exclut
De son mécanisme cérébral,
Le lecteur ? ... Il n’y a pas de Lecteur.
Ce serait
Ce serait une prose versifiée assez souple
Pour se lire aisément, assez structurée
Pour que l’on puisse y déceler le rythme et les accents.
Cela ne viendrait pas de l’âme, de l’insouciance,
De la légèreté d’aile, cela aurait pour origine
La raison qui associée à la conscience
Produit une pensée sereine, maîtrisée, apte.
Il faut que des éléments subtils ou grossiers,
Composés de combinaisons de mots s’associent,
Je dirai, s’organisent de manière harmonieuse
Pour offrir un effet satisfaisant à l’oeil critique.
Sera-ce de la réflexion, une pensée nouvelle,
Associant quelques extravagances à de la folie poétique ?
J’ai besoin de savoir et de poursuivre.
La gloire
Je te laisse inconnu et oublié des hommes
À moitié dans l’échec à moitié dans la gloire,
Dans la gloire de toi-même, poète prétentieux
Qui n’a pas su pourtant convaincre ou charmer l’autre
Demeure au plus profond de ton caveau étroit
Éloigne-toi toujours de ce ciel indécis
Que tu as vu briller et qui s’est obscurci
Quand tu as désiré le prendre ou l’embrasser
Cet infini sans bornes te cerne et te limite
À n’adorer que toi dans ton imaginaire
Je te laisse insensé chevaucher tes murailles
D’images et de papier, de rêves enfouis,
Te permet d’accéder à la gloire irréelle
Que tes frères avant toi ont prétendu atteindre
Le choix
Obligation de l’homme : entre choisir
D’accomplir une vie humaine, charnelle
Remplie d’excréments, de femmes et d’enfants,
Et choisir l’hostie, l’élévation spirituelle,
La sortie hors du corps, le Christ, les Dieux
Donc : choisir et choisir
Pour quelle pureté, pour quelles ténèbres ?
Et renoncer à l’un pour jouir de l’autre
Ou se prévaloir d’accomplir, de maîtriser
Les deux règnes opposés.
Et quand l’heure de la mort tourmente l’âme
La femme, l’enfant, l’excrément disparaissent
Mais nul orgueil, nulle gloriole
Dans la demeure du ciel.
Pensé autrement
C’est pensé autrement avec Syracuse
Vous n’y êtes pas c’est la manière c’est Deguy
C’est cause on prend la pente on glisse
Ses Naïades, ses sirènes en feu, la flamme
Transparente auréolée le temps de tourner
Au coin de la rue c’est le bon sens - n’est-ce pas ?
Je te congédie, cherche ailleurs cette espèce de souk
Fidèle à la modernité boutiques de luxe, de sexe
Encore pour les hommes à l’affût chair affamée
C’est conçu avec pertes avec Éléonor
Avec l’église le linge du Christ
J’ai besoin d’un endroit les agences de location
Pourtant, fidélité au passé, aux antiques
Que veut dire ce sonnet est-ce un sonnet ?
Brusquement surgit
Brusquement surgit dans le ciel constellé.
Un flot de mots déverse sa substance.
Mon toit ! Quelque chose de confus, - embarras
Mélange qui provient du passé
J’exulte, me tords, me courbe, reçois
D’un au-delà imaginé une essence supérieure.
Je perçois derrière cet impossible vrai
Des solutions nouvelles qui se proposent,
Dont je dispose, j’entrouvre la rose etc...
... Qui donc se réjouira de ces poudreux pétales
Amorphes, vivants, colorés, flottant dans
L’air de cet espace, voltigeant, tourbillonnant
Pour un idéal rêvé et utopique, pour
La magie poétique à lire, à évoquer ?
L’insignifiance du don
Tu te déplaces à travers ta propre vérité.
Prétends posséder une réelle certitude. Ton but
Est de parvenir à comprendre un peu mieux
Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.
Un flamboiement confus délire dans le soir.
Mais bientôt au levant surgit et se dilate
Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate,
Écrit Borgès à la mémoire de Quevedo.
Tu regardes ta vie dans ton triste miroir.
Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel
Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.
Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant
Encore quelques possibilités d’écriture poétique,
Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.
Le vrai sens
Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier
S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front
Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir
Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.
Je perds pieds, chancelle et tombe enfin.
C’est bien un marais fangeux, livide et infecté
De noires créatures qui tout à coup surgissent
M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :
Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, -la mort
Les insultes, les rejets et la honte. Je suis
Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances,
La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu
Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu
Accéder au suprême intérieur jamais conquis.
Ta Phèdre
Avec colère, avec violence, avec volonté
D’aller outre, de gagner, de l’emporter,
D’extraire des potentialités intellectuelles ou
Artistiques - à chacun sa mamelle ! - toi,
Tu meurs soulevant encore des apothéoses inconnues,
Nues de gloire dans ce désert tragique d’oublis !
Tu te perds dans des tourbillons d’amertumes, de sucs acides
Ou gras de certitudes comme un bourgeois à la panse
Écarlate ; tu comprends l’ultime décennie que
Tu n’as pas su perpétuer le miracle d’autrefois,
Tu agonises dans le néant de ta propre merde
Satisfait et repu, conscient, tricheur - trichant
La suppliant encore, ta Phèdre en porte-jarretelles
Incapable de faire bander ton lecteur éventuel.
Sur l’horloge qui fuit
Vers l’oubli éternel, mais que méritais-tu ?
Quelque gloire artistique de pan auréolé ?
Ta pensée prophétique s’éteint dans ton manoir,
La lune te sourit, la chevelure est blonde...
Non, ne regrette pas cet échec poétique.
Cette folle conscience aura su engendrer
Dans ton imaginaire de purs élans jouissifs.
Il y avait des glaces, des corridors, des sexes
De femmes, de l’abondance de chair, de la pensée.
Tu poussais une porte, elle se refermait
Constamment derrière toi ; tu volais, t’étirais
Sur l’aile du Néant espérant la Splendeur
Ou la beauté antique. Te voilà dépourvu,
Le rimailleur comique sur l’horloge qui fut !
Je m’abolis en toi
Les premières ténèbres de la vie - la certitude
Dans la conscience - le drame associé au tragique,
Je comprends - lucidité exceptionnelle de vé-
Rités - je m’attends au pire, sachant. Il faut
M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques
Éternelles de retour - me dicte la raison,...
Quoi ? Réellement ? L’histoire quotidienne du peu
Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon
Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire
Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli.
C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce
Possible ? - je dois abolir cette vérité, a !
Ma chair, mon corps, mon visage et la charité
Effaçant le geste - je m’abolis en toi.
L.A.E.T.I.T.I.A.
Le hasard, non la certitude, le choix,
La loi précise des mots balancés, pesés
Avec le je doute, je fais la moue, je prends,
Je jette.
Tu y parviens... fort mal. Tu
Ca y est - c’est presque - difficile ? Paf !
Facil - Lucile - Hé ! Ouais, l’alexandrin...
Trash, Métal, Hard, tape sur le rock,
Frock, Franck, violence avec lasers d’or
Comme flammes étonnantes dans les zébrures de la
Rébellion, de l’autrement, du nouveau peut-être ?
On se coltine des roses, des parfums aériens, des
Orgasmes d’une poétesse scabreuse, inassouvie
À la jouissance étonnante - oui, moi dans l’essentiel
De l’écriture... cherchant encore et ainsi de suite.
La mort du Quidam
La finalité est ignorée, l’esprit se forme encore
Par cette volonté, par cet effort recommencés.
C’est la nuit tragique - au plus profond - il
Discerne mal, il pénètre, descend - qu’assemble-
T-il dans l’air brumeux ? Qu’est-ce ? L’idéal
Peut-être ? Soi ? Alors ?
Le sang - la tombe - vers la croix - les douze pieds,
Et : en terre ! Vieux granit, sans miroir, sans retour,
Sans rappel, - l’immense oubli - quelle âme ?
Quelle ? Je l’ignore -
Mais c’était quoi ? - se connaître ? L’outil était-il
Satisfaisant, apte ? Car la science, le chiffre, la technique
Appliquée, - mais enfin, - cela n’était que peu complexe ?
C’est mieux sans doute que de mourir Quidam.
Les espaces d’écriture
Remplir le vide, noircir le blanc
Pour la pression interne
Assouvir sa force, exciter sa raison
Quand il suscite de l’action
Il pénètre des espaces d’écriture
On le prétend rassasié,
Il se nourrit encore
Dans la dimension de l’homme
Avec son temporel, que
Représente sa forme délétère ?
Fixant sa pensée avec la cendre
De ses idées, il pénètre l’inconnu
Au lointain de l’être, en soi
Par la saveur du poème à naître
La pensée
Elle s’élargit enfin
Dans l’espace intérieur
Elle déplace la frontière
Elle prétend savoir
Elle pousse l’inconscient
Se fortifie sur l’intuition
Active l’imperceptible
Elle est dans la durée,
Dans l’espace-temps donné à tous
Elle arrange des éléments
Préexistants, elle les modifie
À volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité, l’intelligence, la création, etc...
Est-ce travail habituel de la pensée ?
Poussière
Te voilà devenue une armoire bien pleine !
Tu n’étais hier encore qu’un petit tas de feuilles...
Oui, déjà vingt années ont fondu comme neige,
Et tu prétends écrire dans ton attente vaine.
Ton espérance a fui de te voir édité.
Constamment refusé, méprisé par autrui,
Tu retournes en toi-même dans ton pur labyrinthe.
C’est ici que finit l’utopie d’un destin,
Et ton ombre oubliée s’efface comme une trace.
Voilà pourquoi tu es un instant dans le temps,
Une poussière d’homme scrutant l’éternité.
De ton insignifiance nul ne se souviendra.
Tu seras un squelette au fond du cimetière
À moins qu’un peu plus haut Dieu ait songé à toi.
Contre-ut
Je ne sais que trembler,
trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère,
de l’impalpable, du cristal,
Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer
Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe
intellectuel. Je suis devenu une vibration
Impossible, irréelle, délétère.
J’accède à une forme
de conscience épurée, translucide, je rejette
la confusion. Je reconstruis le monde avec
des concepts autres, nouveaux, interdits.
Cette passion dévorante anime, produit de l’activité.
Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation
De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort,
Je sais pertinemment que rien ne restera.
Résonances IV
Quant au livre
1
Une soie dans l’élixir du temps
S’accompagne quelque peu
De frissons diaprés
Émis par mainte bouche
D’extase et de saveurs
Plaintifs en gémissements.
Et je te sais souffrir
En douces humeurs, nue
Et contente, acclamant
Par ce jeu un élan futur.
Noyé dans l’épaisse touffe
Je titille d’un bout de
Langue rosée, le diamant
De jouissance esclaffé.
2
Dans la nuit décadente
Tu, désirant extraire
Quelque fiole oubliée
D’un vertige Mallarméen
- T’y essayant encore
Par l’ivresse de l’essence
D’hier - prétends faire
Jaillir d’un naufrage
D’épave la chevelure
Déployée en baume rare
De fille blonde en poupe
De navire, et toi-même
Ballotté, chavirant
Dans le rêve existant.
3
Jamais, la solitude
À deux évidemment,
Cygne bleu et plumes d’or,
D’une gloire inconnue
Et s’admirant soi-même,
Jamais, drapeau déchiré
Linge doré consacrant
Sa gloriole pour autrui
Fugace inutilité de
Poète stupide, il reste
Toi, jubilation de chair
D’orgasmes, - je plaide
Le nom de génie, tu le crois
N’est-ce pas, douce Irène ?
4
Tonnèrement entendu
De la prière explosive
Éclatant là-haut en
Hurlements avec furie
Et violence, - enfin
Le silence sur l’écho
De paix pour produire,
Extraire et tirer, et je
Fais jaillir l’orgasme
Poétique d’un pur sanglot
Pour déchirer le ciel
D’une plainte jouissive
Espérant l’écriture.
5
Car il se tire ailleurs
N’ayant pas sur leur plaine
Cela me va hormis l’y taire
Et m’exprimer quelque peu
Refusant la structure d’obus
Issance, du trois fois rien
À tirer, mes élans me lancent
Vers l’écrivain à statufier.
Ni invasion, ni menace
Ni tranchée pour se battre
Mais en soi-même évidemment
Avec vierge à la braguette
Toi adorable Kate
Ma chair et mon tourment.
6
Mon médiocre essai
Ne saurait, s’il vous plaît,
Atteindre les hauteurs
De vos subtiles essences.
Même en ronds de fumée,
Transports de la pensée,
Ma vile décadence
Ne peut être humée.
Par la cendre envolée
Le piètre insignifiant
En sa littérature
Qui jamais ne rature
Ici-bas en exil
Demain volera-t-il ?
7
Explose en ramier de couleurs
L’élan inventif et tel
Qui n’ayant su peindre les cœurs,
Ne pu suffire au bas mortel
Dans l’éphémère aptitude telle
D’un blanc cendré et cygne pur
Se mêle le battement pastel
Lancé dans le piteux Azur
Mais jamais renié en soi
En gerbes de savoirs réelles
Il méprise la simple aquarelle,
Et sa gloire au faite du Moi
Unique, inconnue et vraie
Va au tombeau et disparaît.
8
L’âme enfin exilée
Si nous l’expirons
Fuit, écume envolée
Délétère et sans ronds.
J’atteste l’élévation
De la pensée égarée
Dans quelque future Sion
D’espace clair épuré.
Et bondir hors le vil
Spectacle bas de la chair
Frottant le corps en terre à terre
Par la semence du viril,
Vers le retour des génies aïeux
Y discourir en termes heureux.
9
Naïvement a dû
S’imprègnent de quelque saveur
La raison ivre perdue
Fixer le pur savant rêveur
Comblé de doutes, à l’ar-
Tifice décadent mais tremblant
Cherchant, apeuré et hagard,
Rose livide effleurant
J’ai un sanglot qui, oui
Expire, sur mon sein, le mien
Flux d’extase évanoui
Inutile, peut-être, refrain
D’hier sans avant-garde
Oublié comme un jeu, par mégarde.
10
Subtil rêveur, et je prolonge
Sur quelque humeur ancienne
Nocturne évadée par mensonge
La piètre harmonie musicienne,
Nenni ! Chaque battement qui frisonne
Pour l’écriture souveraine
Frappe son air d’un coup que sonne
L’heure de la pendule d’Irène.
S’y essayant en échotier
Si cette rime te semble à l’aise
Comme un rameur en canotier
Dans ta rumeur et sans rature
Que ta pensée douce s’apaise
Sur le roulis de ta lecture.
11
Par la réelle médiocrité
De n’obtenir qu’insignifiance
Et honte d’écrivain,
De faiblesse sue, mais quoi ?
Quelle allure autre, décisive ?
Cette pensée soulève de
Vastes écumes en tourbillons de bile !
Mais lui, ivre d’exploits
De sciences adulées, il
Espère une saveur supérieure.
Il foudroie le passé, pense
Son devenir, et se sait nul
D’effets. La foi spirituelle,
Sera-ce le possible de demain ?
12
Quelle soit pure aux baumes
Du futur ! Que l’exil sur Chimère
Entame un avenir certain ! Qu’il
Puisse contempler en miroir une image
Autre qu’un triste reflet malade !
Méditant en soi-même sur cette
Certitude, j’ai, ta chair
Splendide pour nourrir mon baiser.
Je ne puis enivrer mes yeux contents
Trop conscient encore de la place
Exactitude de mes écrits stupides !
Mais comment ? Comment ajouter ?
Obtenir plus, avec qualité ex-
Quise d’amant, de poète,
De troubadour internaute ? Comment ?
13
La conscience se meurt
Dans la certitude du jeu
Intellectuel de l’écriture,
... C’est blasphème de honte,
C’est coffret de lettres
Agencées maladroite-
Ment pour un résultat de
Faiblesse ridicule !
Et rêve tristement de
Quelque espoir égaré
Dans un futur scientifique
Interdit, inaccessible
De beauté pure, d’idéales,
De formules parfaites...
14
Au seul désir d’y essayer
Quelques vers égarés par erreur
Sur la pureté plane et blanche
Tu vois, je noircis bêtement
Insistant, prétendant
Obtenir ce luxe incompris
D’associations douteuses
De choix, de combinaisons,
De sonorités aigres, ou harmonieuses
Je sais exploiter le précieux
Gisement, le tiers, si,
Grâce à toi, cher Stéphane
De pierreries couleur diaphane
Point ne suis diamant.
15
La gloire de n’être pas,
- Nul espoir de poète !
Dodeline la tête
Disant : “ Hélas ! Hélas !
Je ne suis pas. ”
Sur le temps immortel
Le battement d’aile de
La Renommée fuit le maudit
Tel - de la pensée, sur,
Il n’est point de laurier.
Au plus triste, encore
Nul avenir vrai
Et enfin disparaître
Dans le caveau plombé.
16
Dionysos
Nuls convives pour
Jouir ou élargir la joie
Avec Dionysos, et sexe,
Et vin, et femmes, et Moi
D’orgies, de coupes hautes
De lèvres couronnant le sage
Et le poète de louanges,
Pipeaux et tambourins
Servantes bondissantes et nues,
De chair offertes avec rires
Et plaisirs, - oui couronné
Partageant avec frères la gloire
De la haute lyre poétique, ainsi
Admiré dans leur sublime rang...
17
Est-ce orgueil, recherche
De gloire pour que l’immortelle
Pensée s’élève constamment
Au crépuscule des Dieux ?
Ou richesse morte, oubliée
Disparue dans le couloir de
La mort, dans le sépulcre
Du néant, isolé sous quelque
Marbre froid, qu’est-ce ?
Douleurs d’hier inutiles peut-être
Pour être et n’être pas !
Qui console l’inconnu, le banni
Isolé de tous à la sève
Chantante, abandonné encore ?
18
Rien pas même un salut
En guise de certitude
Qui signifie : Vrai, je suis
Parmi vous, frères d’écumes !
Ne pas désigner maint
Vainqueur, les “ divers autrement ”
Que le bloqué ne peut comprendre
S’admettant soi-même uniquement ;
Voici toute une troupe de clairs
Poètes levant la coupe, la leur
Si, certifiant : oui, nous avec gloire !
... D’un comité dérisoire,
Imbu et ridicule
Que nulle divinité ne rétribue.
Cascade
Cascade, ô blonds cheveux, bondissant à l’extrême
Comme foule excessive de lanières dorées,
Je dirais : pose-toi tel un casque célèbre
Imite en sa chaleur ce généreux foyer.
Car pour te figurer, il sortirait des flammes,
Ors fustigés, soupirs, clair joyau par le feu.
Cette sainte parure qui nimbe toute femme
Enivre le poète quand il plonge ses yeux.
Ta souple nudité semble soupirer d’aise,
Alanguie et riante contemplant le foyer
Et l’exploit de beauté que cette chair apaise
S’étale bienheureuse, murmure contre mon corps
Un désir lancinant qu’il faudrait satisfaire
Pour l’extase divine d’un merveilleux effort.
L’âme indolente
Et mon âme indolente s’épuise vers ton front
Baigné de lassitude, encombré de mémoire ;
Ainsi, va s’épuisant sur cette chair domptée
Par un combat subtil de milliers de baisers,
Mais toi, indifférente et lasse, mélancolique
Apaisée et heureuse respirant l’évasion
Ton corps à l’infini s’éloigne vers ailleurs -
Vers ailleurs inconnu où flottent des vaisseaux,
Des mouchoirs ahuris qu’agitent des passants,
Des silhouettes fines en guise d’un adieu.
Invite-moi alors pour le profond naufrage
Et mes yeux amoureux s’y plongeront longtemps,
Emporte-moi là-bas au-delà des orages
Dans le luxe éternel des étés triomphants.
Splendide et solitaire
Splendide et solitaire, je l’imagine tel
Apte à se sublimer lui génie en démence
Accédant au fatal triomphe de maint poète
Offrant sa coupe vide d’élixirs envolés.
Car il sait se suffire de sa superbe estime
Prétendant en soi-même connaître un incompris.
Il construit pour sa gloire les portes d’un tombeau
Et triomphe en absent s’accordant nulle fête.
Il méprise l’orgueil exhalé par les hommes.
Le rite est de produire par l’immense puissance
Décidée par les Dieux, - il est humble et honteux.
Conscient de la Force qui anime l’espace
De l’étendue sans fin qu’Il a su conquérir,
Il veut le supplier et toujours le chérir.
La fugitive fille
Constamment, à tes heures, et sans nulle fatigue,
En exploitant encore la vétusté d’hier
La fugitive fille apparaît, disparaît
Dans l’invisible glace repolie par Stéphane
De mousseline nulle, mais nudité exquise
Et voltige et voltige en cercles et tourbillons
Pour l’antique pensée datant du dix-neuvième
Quand la course réelle se fait sur écran plat
À moins qu’un vrai mélange de cygnes et de beautés
Dans l’azur toujours clair de quelque tentative
Toutefois organise et conçoit le poëme
Avec solennité cherchant la vaine tierce
J’achève ce sonnet sans vol supérieur
Ayant irradié quelque peu mon esprit.
L’Ombre menaçante
Oui, l’Ombre est menaçante et impose sa loi
Et veut me faire périr dans la honte funèbre
Pour n’avoir pas voulu me flatter d’un orgueil
Poétique et stupide, moi roi de la misère.
Vain luxe d’écriture, je prétends n’être pas.
Je démens tout orgueil et ne crois aux ténèbres.
Je le sais que jamais quelques valeurs célèbres
N’éblouiront mes yeux en adulant ma foi.
Le néant, le lointain dans cette nuit, la mienne
Obscurcissent toujours, ma noire réalité,
Je plonge au plus profond d’un sinistre mystère,
Et je meurs oublié dans mon éternité
Cet espace inconnu où triomphe l’oubli
Est un masque macabre que nul génie n’envie.
Les mains très claires
Avec des mains très claires élevées vers les sphères
Il m’arrive de croire non sans quelque ironie
En une certitude de saint évanoui ;
De moi-même élevé, dans l’azur idéal,
Éloigné à jamais de tout vice, de tout mal
Refusant le Néant dont le démon s’honore,
Recueillant des pensées et des actes parfaits
De créatures fines comme idéalisées
Béates et célestes et de lumière blonde...
Mais proche d’accéder à ces temps éternels
Moi défunt dans l’oubli de cette basse terre
J’agonise peut-être selon un vain décor
Et m’en irai vacant possédé par le feu
Retrouver la femelle saignante et belle et bleue.
L’ombre d’une beauté
Est-ce ou verrai-je ici l’ombre d’une beauté ?
À mes yeux tant cernés de fatigue, encore las
L’esprit noie son désir dans la forme inconnue.
Éloigne l’irréelle plongeant son clair torrent
De chevelure éparse que la lumière floue
Agite en ma faveur trompée par le mensonge...
Car mon corps solitaire fabrique délétère
Par l’image confuse la chair à ses côtés.
Un lointain nonchaloir attire l’irréelle
De masses vaporeuses vers ma réalité
Vaine, hélas ! De blondeur et de touffe superbes.
Et ma fatale fièvre se résigne et soupire
À toujours espérer l’insaisissable essence
De flammes et de feu qu’attise le désir.
Le don du poème
Je t’apporte un poème à la pensée saignante,
À la plume dorée sur une aile immortelle
Parfumé de nectars, et d’arômes brûlé.
Moi, je gis oublié contre ce triste hiver
Dont la morne pâleur éclaire encore hélas !
Ce front désabusé qui m’offre son ennui.
Si la mémoire frémit et se veut vagabonde
Activant l’Autrefois dans cette solitude,
Elle acclame en son sein la sombre catacombe
De poèmes défunts disparus à jamais.
M’y essayant encore, tu vois, fille à mes pieds
Ce que cette naissance m’a permis de produire.
Je lui préfère encore cette stérilité
Sibylline, idéale qui dans l’Azur s’enfuit.
Supplique
Humilié, honteux dans l’ombre même, vainqueur
Inconnu des foules et, se glorifiant soi ;
Pour n’avoir pas joui d’une grandeur fugace
Dans l’assemblée des hommes ; exclus, au plus profond ;
Sans sursaut, sans tombeau et suppliant les Pères
D’honorer quelque peu l’éblouissant soleil,
Mélange de lumière et de tristes ténèbres ;
N’a pas su le génie, ô sinistre désastre
Transmettre son crédit de présent, d’avenir
Et subit le Blasphème de la Malédiction,
Vieil espoir de poète qui s’orne du Néant,
Vain triomphe futur, plongeant dans son silence ;
Ne veux-tu, ô Seigneur, couronner ton prophète
Et oindre à tout jamais ton éternelle voix ?
Les consciences sourdes
Inconnu, immortel et sublime en soi-même
Éclairant de ses mains un sinistre flambeau,
Serai-je en un lieu sûr, absent de leur Poème
N’ayant pu me suffire de leur piètre présence ?
Nul élu pour la fête ! L’enferme tout entier
Épuré, à l’écart, Moi le Dieu magnifique.
Car il devra chanter seulement au profond
De l’Assemblée secrète.
La triste opacité
De vos consciences sourdes incapables d’éveil,
Si j’allume un matin un fier soleil d’azur,
Ignorerait encore le triomphe réel !
Avec magnificence, prends l’orbe de satin
Et ce royal drapé dont Sagesse dispose
Et laisse au plus offrant le bas bouquet de roses.
Une voix ancienne
Une voix ancienne sur un ton symbolique
Acclamant nuitamment des vestiges d’hiver
Réchauffe quelque peu les plis de la mémoire
Comme des draps rangés au fond d’une commode.
Ho ! Cet appel lointain venu des profondeurs,
Cet étrange cantique de versets implorant
Des litanies funèbres dans l’agonie du coeur.
Elle chante, oui, chante, cette magique femme
Disparue et vivante, et ombre tourmentée
Désespérée, hantée, par ses voiles défaite
Élevant des éclats de sinistres douleurs.
Suppliera-t-elle encore sa voix languissante ?
Jettera-t-elle un cri ivre d’or et d’écume
Dans l’infini du ciel désespérément sombre ?
Ivre de blondeur
Qu’elle soit ivre de blondeur
D’éclairs bleus, d’équilibre parfait
Qu’elle tourbillonne nue
Hors de son miroir, et voltige
Ou s’enroule dans sa robe
Pailletée d’or et de diamants ;
Que s’exaltent les parfums clairs
D’aromates chauds et lourds de
Femme qui emporte dans la nuit
L’âme chère du poète fantasque,
Amant éternel à la recherche
De l’idéal de perfection
Pour s’endormir dans la jouissance
Du spasme ou expirer content.
Le blasphème
La solitude s’abolit
Par l’existence du Suprême
Qui octroie comme un pur
Diadème l’onction d’un maudit,
Et ce sinistre noir conflit
D’un génie luttant en Enfer
Contre ses fantômes supplie
Au Saint un plus plaisant mystère.
Au mur opaque, viens-t’y mirer
Encore je saurai l’admirer
Cet autre Dieu comme toi-même.
Selon moi, éloigne la Mort
Et chasse le sinistre sort
Tel un pitoyable blasphème.
L’Immortalité
Esprit, oui, s’enflammant par la pensée extrême
D’accéder plus encore à l’Idéal posthume
Prétendant au-delà de l’éclat diamanté
Jouir de son génie incompris de la masse.
Dans ses crises sublimes, il tempête et tempête
Et le Ciel ténébreux accède à sa supplique
Craignant de voir trembler ses voûtes et colonnes.
Ne vous semble-t-il pas qu’un excès de pouvoir
Pénalise et maudit le poète terrestre
Dont l’unique souci dans son rêve illusoire
Est auprès de ses Frères de se mieux voir paraître ?
Comme après le combat, un immortel repos
Capturant ses images lui le superbe héros
Paresseux et sublime sur le lit agonise.
La nymphe en rut
Je ne veux plus jamais extirper de ton corps
Les cris agonisants, les déchirures d’extase,
Ni faire gémir ta chair dans un sublime effort
Dans le feu absolu des ors et des topazes.
Je demande à ta couche débordant de soupirs
Le bienheureux sommeil du héros triomphant.
Ta dépouille enfiévrée qui constamment conspire,
Nourrie de vrais baisers, supplie en gémissant.
Le désir absolu non jamais n’agonise
Ô nymphe, nymphe en rut sur qui souffle l’Été
Comme un combat d’amants emporté vers Venise.
Ton sein, la pure offrande qu’on ne peut apaiser,
S’érecte tel un sceau rougissant et dressé
Et implore et implore le feu qui s’éternise.
5
Tu me reprends la place
Par ta malédiction,
Et le petit Damné
Ne dit point de bêtises...
L’Affreux vers de terre avorté
S’éprend de ce noir commentaire
Et finira pour l’éternité
Dans le Néant ou dans l’éther.
Le papier blanc que je caresse
Crie à l’immortalité
Quand la Mort tortionnaire
S’acharne, attaque et agresse
Pour la douleur incendiaire
D’un génie à crucifier.
6
Le Maître admiratif est descendu pour voir,
De soi-même et d’un autre, les premiers sacrements
De l’apprenti poète gavé sur maint savoir
De chair trop délétère et de baume enivrant.
De mystère, nenni. L’avenir se décide
Dans l’au-delà pensé qu’un présent recolore.
L’on conçoit aisément que l’écrivain avide
Reproduit le connu qui toujours s’élabore.
Agitez-vous encore, ô spectres immortels !
De nard et d’ambroisie, nourrissez cet enfant
À moins qu’un désaveu, sur le sinistre autel
Sacrifie son génie au diable sous-jacent
Et que l’âme élevée en un lieu dérisoire
Se meurt à tout jamais pour ce rêve illusoire.
7
Le Tombeau de l’Immortel
Malgré son noir silence, le poète endeuillé
Sait extraire de ce marbre quelque éloge funèbre,
Et veut glorifier le pur génie célèbre
Que la masse d’humains avait trop oublié.
Pourtant ne voit-il pas disons que le triomphe
Amicalement a grandi dans sa croissance,
Que la sublime estime tutrice de sa naissance
Fortifie l’immortel, et en sa chair le gonfle ?
N’éclate nul orgueil sous cette vraie démence
De grandeurs et de fleurs et d’orchidées aussi.
L’esprit dans l’au-delà se conçoit et se pense,
Irradiant soi-même le sacre avec ses frères.
Dans cette certitude enfin il réussit
Et offre à tout venant la clé de son mystère.
8
Toi si pure et si chaste, toi délice d’un Saint
Et je songe parfois à quelque hostie vivante
Élevée et soumise telle une humble servante
À l’orbe rayonnant dont l’Eglise te ceint.
Te souviens-tu ? Pour moi, ce fut la certitude
De pouvoir t’observer dans l’espace temporel
Réservé à un Dieu, havre surnaturel,
Langage murmuré de la béatitude.
Ne peux-tu, s’il te plaît, prier en ma faveur
Car voilà trop longtemps que ma raison soupire.
Je délire et délire suppliant le Sauveur.
Constamment possédé par l’âme maléfique
N’en est-il pas assez de se savoir maudire,
Subissant en sa chair d’abominables piques ?
Au lecteur
9
Le sac
Saisis-toi de ce sac de vers et d’amertume,
Ô sinistre lecteur qui jamais ne voulut
Pénétrer le recueil d’humeur et de tempêtes !
Extrais la pure substance qui nourrit le génie
L’éveille et le grandit sur le sein poétique.
De nard et de lait gras, encore le fortifie !
Mais ne crois surtout pas que ces sucs printaniers
Mêlés d’ivresse rare dans une bouche pleine
Abêtissent l’esprit à le rendre impuissant.
Ne va pas lacérer au couteau le satin
Qui coule en avalanches sur des nymphes et des voiles.
Voilà pour l’affamé reliefs et festins,
Qui méprise le vin, le gosier, les étoiles...
Et voit en ce trésor emballage de toiles.
10
L’antre de l’horreur
C’est dans nos vrais bouquins qu’il faut les admirer
Ces partisans de gloire, ces héros de la rime
Qui s’escriment encore à parfaire leur génie.
La gloire de n’être pas au profond de la terre
Les rejette à jamais dans l’ombre du mystère
Et toujours refusés, éternels incompris,
Ils agonisent là détestés et maudits.
Se peut-il que Là-Haut quelque tison d’espoir
Anime et flambe un peu les restes d’un poète ?
Qu’un Esprit élevé puisse prendre en piété
L’avenir pitoyable d’un sinistre inutile ?
Mais plus bas, oui plus bas dans l’antre de l’horreur
Où croupit la crapule accouplée à maint faune
Est l’ignoble inconnu dictant ses quelques vers.
11
Et la tristesse encore sanglotait dans mon coeur
Quand mon âme rêveuse noyée sur mainte fleur
Croyait avec espoir aux soupirs des pardons,
Croyait à l’avenir, la chair à l’abandon.
Ma rêverie aimait à voler dans l’ivresse
Quand soudain toi Marie, m’apparus tel un songe
Irréelle et légère, les pieds baignés de roses
La chevelure libre parfumée de tristesse.
Ne sais-tu pas, mon fils, qu’il faut aimer ton frère ?
Dans les nuits oubliées parfois je veux t’entendre
Et supplie le baiser sur le front le plus tendre.
Ma claire divinité, au plus pur de douceur,
Sur le frisson de l’aile, extase tourmentée
Est venue t’implorer, et veuille l’apaiser.
12
Écrits sans
Rien à espérer de, écrits sans
À n’élever aucune coupe
Se noyer dans sa propre insolence
De rejets, d’exclusions - soi
Avec fragments, divers -
Sections, analyses - Sexe -
Fonds du ciel - violences -
Je m’engage à extraire - Pourquoi ?
La Nef ! La Nef ! La solitude...
Voile - étoile - au-delà
Et prince - de quoi ? De peu
La pureté pour le poète.
L’oubli - l’envie - la mort
S’achever - oui, mourir peut-être.
13
Le désir
Explose femme claire dans l’élan du fantasme,
À l’assaut - éclats éphémères, éblouis
Toute chair tendre à l’extrême
Bouche bavante d’écume, d’extase
Y ont bu cent amants de fantasmes,
De folie et d’ivresse dans la chimère
De la jouissance à toujours renouveler
Agonise, agonise et consent
Au plus profond du plaisir funèbre
Trois fois dans les trouées célèbres
Je veux y dormir soupirante
Repue de grasse coulée blanche
Enivrée de liqueur
Parfum d’amante épanouie, heureuse.
14
Qu’elle soit
Qu’elle soit ivre aux solstices du printemps
Avec éphémère et belle nudité d’orgasmes
Sans chimère, d’extases vraies
La chair longue, le torse bombé, quelle soit
Bouche renversée avec salive de bonheur
D’extase libre, aimant, suçant, léchant
Pour la morsure de son prince nourricier
Qu’elle soit explosante d’ivresse, de
Diamant étouffé dans des cris de passions,
Recevant, suppliant l’audace interdite
Gémissant un nouveau départ, constamment
Assoiffée, pénétrée, comblée
De soupirs, de langueurs, de dormirs
Pour l’éternel retour du plaisir
15
L’univers-loupe
Non, pas la plus infime particule
De savoir, de compréhension
Dans cet univers-loupe
Crie la tentation du poète
Repu de chimères, d’ivresse et d’insouciance
Désireux de posséder la logique vraie
Avec axiomes, théorèmes et lois
Quelle folie, cet imaginaire sans
Vérités apparentes, où la confusion côtoie
L’indécis, où l’esthétique du beau
Est une constance de tangage !
Fastueux choix dans les créations d’autrui
Avec rejets, avec je, avec regrets
Pour l’épanouissement cérébral du Moi
16
Plus, mieux
Constamment recherchant, désirant
Ce plus, ce mieux, cet autrement
Et inapte à l’atteindre... cet
Effort de l’esprit - pourquoi ? Pourquoi ?
Une voix intérieure lance, lance :
“ Encore, plus fort, toi - là-bas,
Il y a ” - mais la pensée est-elle
Suivie de son écho ? ... Éclater, là-haut.
C’est cela - maigre soupir
Et la raison comprend
Que nul en vérité ne pourra atteindre
L’élixir de grâce, de spirituel,
D’idéal rationnel, scientifique
Que l’inapte poète ne saurait offrir.
17
En gain de solitude
Pour le résultat, pour le plus
Seul, éternellement libre, en soi
Haï d’autrui - qu’importe
Il faut extraire, comprendre, savoir
Se préparer, produire
L’homo economico poeticus
Plonge au pur couchant de l’ignorance
Tel l’oiseau-poignard assassiné
Par sa souffrance et son délire
Dans l’onde suprême et impétueuse
Pour la jouissance de l’orgasme
Pour la nudité d’Éléonore
Pour l’amour de la spéculation encore
2
Qui était coupable ? Le poète ?
Le barbare fiévreux ?
pour la quintessence et la paix spirituelle...
Les langues se croisent, s’évadent,
se salivent l’humeur
Les convives du banquet connaissaient le coupable
Combats d’intelligence à mouche touchée
et voilà pour une égratignure !
Par charge pour l’Absent, d’avoir tort -
cent fronts contre Un !
Anneaux, bourreaux de ma lente vie,
d’analogie sans l’extase
en perspective d’un Christ en lévitation
m’attendant
3
lambris et cendres
Faisceaux qui tournoient
chacun à la traîne de l’autre
citrons et roses - amertumes de vie
de poésie,
et frousse et ombres - et monde du travail,
l’angoisse - la vraie !
la femme - à la tienne
les enfants - peu - un - difficile - enfant !
Mariages qui font se détester les couples
se joignent à la mairie
se détestent au lit
s’enfuient sur le dédale de la mort
lambris et cendres
7
Le mot chargé de non-sens
prête sa substance délétère
l’azur tire vers ce que je puis
s’exalte - m’obéit
j’t’y flanque un cygne tourbillonnant
dans des orgasmes d’éthers
Qui qu’en veut ?
Moi ? Vais-je tolérer ce
mélange audacieux, l’impossible association ?
tendre vers le décalage du sens pour
accéder à un nuancier - une palette de variables ?
pour l’infructueux produit inutilisable,
illisible
Alors, que faire ?
P.A.I.
Penchée suçante
ta Phèdre bandante cheveux liés
brune - et les yeux suppliant Hippolyte
Hippolyte, laisse-moi te sucer la b... ?
Lui, cherchant à fuir
condamnant l’artifice, le désir.
Puis Andromaque femme perfide et rusée
glissant quelque poison rendant stérile
Hermione amante et femme de Pyrrhus
assez vicieuse à en... en fait
et toi pureté d’Iphigénie
pleurante, quémandante - sublime sacrifice
sur l’autel tu t’offres silencieuse
Toi, peut-être dans mon idéal impossible
B
Visage dis-tu encore apparence et mensonges de rire de rien
toi dans ta plaie ouverte
tu atteins ton vide sanglant
tu t’exerces tu décentres la vérité
Devant toi accroché à la torture
le gibet de la damnation
de Ta damnation
Tu baves des poèmes par la bouche remplie d’acide
Est-ce Christ ? Est-ce renégat ?
Tes yeux te poursuivent dans l’aléatoire
la stèle du temps se déplace constamment
Disparaissent les oiseaux hagards, cibles et poignards
Tu sais qui t’accompagne - c’est ta douleur éternelle
orageuse, haineuse, - oui, ta douleur
f
Dans ton espace - dis-tu
espace et imaginaire
ou créer des nords libres de toute contingence,
est-ce possible ?
L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé...
Faut-il la délivrer de la raison ?
lui offrir de l’audace
du libre accès ?
Toi toujours dans la fuite, dans l’envol
avec volonté de construire une base
déplacer la sécurité
l’exigence
la solidarité
ainsi redéfinir la rigueur
5
Dehors, pour le dedans
Tu empiles de la mémoire
En strates infinies
Faiblesses, néant, inutilités
Nuages, bulles ou
Segments, droites, axiomes
Par la mathématique imaginaire
Exaltation du Moi
Toujours en égocratie
Pour rien peut-être
La fixité et l’attention
Pour la perception interne
Le sourire de l’ange
Pourtant tu n’es jamais satisfait
*
Nul ne sait qui je suis.
J’habite une bulle métaphysique
J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore,
Je palpe du silence.
Je broie de la Lumière, je l’accouple
avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit,
se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ?
Je dénonce les distances, je les déplace,
je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi,
Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites ! Ajoutez,
allez plus loin !
1
La semence
L’intérieur
La durée avec de l’énergie mentale
dans l’actif - le cerveau
produire - penser - produire - essayer
ce langage.
Construire avec la confusion d’images
dans l’ombre de soi
réalités trompeuses, mensongères
en vérité - matériel de poète.
Vue et envoyée sur le papier
entrecroisements de voyelles et de consonnes
sensations magiques - esprit magnétique
il s’autorise - il risque - il prend
2
Battements énergie en soi
situation de combinaisons à caramboler
Dans les synapses - la poussée
pousser du langage
pour le dehors
Nulle patience pourtant - le coup à espérer
à prendre
le coup
Hiéro - le sacre de soi-même
la certitude de la valeur
Les siècles des autres poètes - des littéraires
Mon langage expiatoire - qui ? Quoi ?
Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire -
Tu assassines des mots - pourquoi ?
*
Plonge au plus profond de mes yeux d’or
Mon éternité te cherche encore
Je t’offre mes calices, mes hosties et mon vin
Tu es mon amour, ma croix tendre,
Je prophétise dans mon désert
Je donne vie à la mort. Nous nous unissons.
Déchirée, distante, ailleurs,
S’enfuit l’Inspiration
Viens Beauté sans chair, sur la nuée,
D’extases - viens-t’en t’épanouir d’orgasmes
Clairs et licencieux de plaisirs
Ainsi je suis l’Esprit qui engendre le poème,
L’homme cherchant la femme parfaite
Pour l’épuiser dans des épousailles mystiques.
*
Nourrissez-vous de gloire ! Je n’en ai nul besoin.
Je ne m’agite pas. J’aime l’indifférence.
Ceci est vérité. Comblez-vous de triomphes !
Je cherche la formule élaborée et pure
Contenant les essences des plus profonds mystères.
Assistez-moi pourtant, prêtez-moi vos ouvrages,
J’ai besoin de substances et d’auras poétiques.
Une pensée astrale s’évade dans les airs
Absurde et insensée difficile à saisir,
Impression délétère tel un oiseau qui fuit.
L’essai est transpiré. Que faut-il espérer ?
Une critique acerbe toute nourrie d’aigreurs ?
Serai-je dans l’excès ? Je travaille avec vous.
Sans vos purs exercices, qu’aurais-je su écrire ?
*
Ceci : battements, je tremble
sans colère au pied de mon soleil
embrasant l’incendie
j’agonise en moi
Puis près des ailes, filant, filant et profondeur
Pensée qui me vient
j’offre aux feuilles - quoi ?
le regard - le miroir -
Les soupirs agonisent, se meurent
je ne puis dériver le sens
Possibilité affligeante du mot !
Tu vois - je fuis encore, je tremble,
du moins je m’y essaie
Je persiste et veux combler mon mystère.
Pensées arrachées
Vie poétique. Pensées arrachées au quotidien
Inutile. Sentiments froissés. Subsiste encore
Une possibilité d’extase, d’évasion, d’écrit
Cela se conçoit dans le front, puis il balbutie
De sinistres paroles. Il souffle de l’air chargé
De syntaxes. Homme cherchant, poussant, éreinté
Pour un idéal utopique et impossible. Feuilles noircies.
Il déplace l’angle d’appréciation, l’analyse
Le plus souvent, est détestable. Lui fragile, écumant,
Prétendant encore, fixant d’autres certitudes.
Sont-elles siennes ? Il voit autrement. Cette hypothé-
Tique mémoire, illusoire, d’avenir. C’est bien cela :
Un chimérique clown fabriquant ses images
Stupides, et l’Histoire se rira bien de sa mémoire !
Flux de pensées
Dans ces rues, des flux de pensées circulent.
Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité.
Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se...
Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant
L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner !
Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace
Essayant de rendre cohérents des semblants
Délétères d’entités.
Écrit autrement : sur la page
Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et
Figures. Tes flammèches d’idées. Plans
D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini.
La plume se mêle à la nuit noire. La main
Prétend conserver la matière. La boue coule
Sur le papier. Que la lie soit féconde !
Bulles de mots
L’air. Bulles de mots nourris d’oxygène. Avec
Le souffle poussé chargé de sonorités et de langage.
Accumulation, masse pesante d’axiomes. Pensées
Qui se conçoivent en songes. La bouche dicte du vrai.
Où est ta pureté ? Signes noirs sur feuilles blanches.
Dans la grotte de l’alphabet avec coups, usures
Et combinaisons connues et sur-connues.
Le promontoire de la grammaire rigide et vraie
Où flottent nonchalants des oiseaux libres qui
Refusent l’interdit et vont hagards s’accoupler.
Encore associer les sonnantes, les éclatantes,
Les graves - que les oiseaux dans ce paradis ou
Cet enfer de corbeaux et de chauves-souris
S’associent, s’accouplent, exultent en rimes de rumeur.
Résonances V
C’est une série
C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix
Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir
Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées,
Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant.
Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ;
L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs
Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter.
L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;
Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente.
Mon double s’épongeant, tremblant, cachant
Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre
Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ?
Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain.
L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.
Le parcours de la conscience
De nulle part. De l’éphémère insoupçonnée comme
Intuition, peut-être - pas encore - substance,
Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G
De Spearman sans doute. À la recherche de
L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut,
De la fusion - du risque, de l’audace - outils
D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux
Accéder aux plus belles productions de la raison.
Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion.
À moins que je puisse espérer l’intuition pure -
Il ne faut pas douter ! - Plus tard encore la
Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et j’irai
Puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
Encore des solutions
Encore des solutions à des problèmes enfantins,
Risibles- à pouffer - rien dans la pénétration.
L’Esprit cherche, - enfin ! Donc : nuages, fugacité,
Ombres, toisons bleues de femmes, jambes effilées,
Valses, pensées scabreuses, lignes de chair parfaites.
La femme. Je la veux numérique, faite de 1 et de 0
Pour ma jouissance cérébrale. Non je pense au second,
Au troisième univers. Est-ce de l’intuition ?
Et la science. Lisez, divertissez-vous ! Cela sera
Votre suffisance. Car votre capacité est vaine.
Mais des modèles de recherches, il n’en est point question.
Toi, toujours, accumule, produis, pense, - avance
Empile poème sur poème. Pour qui ? Pourquoi ?
La ligne mélodique future est encore à trouver.
Je fixe le phosphore
Je fixe le phosphore - l’oeil du coq veille.
Parfois dans mon désert, des fantômes d’idées
Apparaissent. C’est espoir à satisfaire. L’alphabet
- Abêtissez la substance des mots, la lettre c...
L’oeil cligne pour le caché, l’intérieur. Le Poète
Solitaire crache l’encre sur le papier. La cervelle
Broie de la pensée brute, la malaxe, l’extirpe,
La répand comme une substance dégueulasse
De vomis, de sueurs, d’excréments, de pleurs,
- La broie. Extases, jouissances, chiottes,
- Va-t’en, tu pues. Alors je déclenche l’acte
De purification, prête sacrificateur, à l’esprit élevé,
Au savoir parfait - j’exulte des stances claires
Et belles. Le silence envahit ma bouche - je cherche.
Subsiste encore une recherche possible
Le murmure éternel dans les tempes. Le souffle
Qui casse le silence - des bruits indistincts
Travaillant, travaillant au plus lointain -
Jamais satisfait. La souffrance, la fracture,
Le peu, - les fibres émotives. - Subsiste encore
Une recherche possible, impossible, déçue.
Je réorganise le passé, y ajoutant les déchets
D’avenir. Dans d’autres circonstances, - la sensa-
Tion détestable. Comblez ce déficit, comblez.
Inlassable, désireux. Ce qu’il faut pour écrire.
Impétueux fantasme de puissance ubuesque !
Illusion d’espoir, d’Allez, de poussées, d’élans
Mentaux. Le voilà à nouveau porté, lancé
Vers l’inrêvable à atteindre. Pourquoi pas l’impossible ?
Le chemin de l’âme
L’insecte misérable - le vers - l’homme. La conscience
D’un certain infini. Le plongeon - le vide - l’immensité
Stellaire. L’intelligence de Dieu, de son Saint -
La petitesse, le ridicule de l’homme sans faculté.
La mesure de l’univers. Que puis-je ? Qui suis-je ?
Quel est mon pouvoir ? Et pourtant ce cerveau, cet inconscient,
Ce réseau de neurones, de synapses, ces centres du savoir !
La modification proposée pour le Christ, le dessein,
La lumière complète. L’autre substance - la métaphysique.
Sur représentation est incomplète et insuffisante, pour... ?
La civilisation exacte de l’au-delà. L’action, le rela-
Tionnel. Les nouvelles formes de vérités, de savoir,
De perceptions, les rapports, les constructions etc...
Sa finitude, est-ce le plaisir, le bonheur, le bien-être ?
La mémoire de l’histoire
L’absence qui n’a pas été retrouvée, comment la
Saisir et où ? Est-elle perdue dans l’A-histoire ?
Mes mutations, mes essences progressives de vérité,
Parfois, moi l’homme, je m’en souviens, - je les ai inscrites...
Est-ce mon degré de conscience qui détermine ma
Volonté d’histoire, elle-même liée à une
Recherche de métaphysique ? Singe, je transmettais
Mon patrimoine génétique, du moins, homme, j’ai
Ma langue, mon sacré, mon profane, ma culture,
Un monde historial. Je conçois l’histoire
Dans le principe évolutif de Darwin. Husserl me
Paraît impossible et Heidegger trop sectaire entre deux
États - l’avant et l’après grec. Ce que je sais :
J’ai toujours besoin du passé pour construire l’avenir.
L’homme et son double
L’homme et son double. Son Moi pensant, supérieur,
Transcendé, qui condamné la chair, la repense - s’élève,
Qui subit cette relation d’homme à l’être avec nécessités
De satisfaire les besoins terrestres - Lui qui s’évanouirait
Dans la transparence - qui est englobé, écrasé dans
Cette chair ténébreuse et puante ! - Oui, d’autres limites,
D’autres possibilités. Il est avec l’Autre, relation
Étrange, détestable, de dominant-dominé, de
Faible-fort-d’espoirs et de réalités. Cette bipolarité,
Cette correspondance. L’homme tend vers la Terre, quand
L’Esprit est attiré vers le Ciel. J’attends, je fais du sang,
J’attends fébrilement la mort - la rupture, la coupure,
La cessation, la fin - pour cette liberté spirituelle
D’accession à l’Idéal parfait de la Divinité.
L’errance
L’errance. Pour découvrir une autre vérité. Au-delà
De l’époque. Ignorer toutes les histoires passées -
Est-ce réellement possible ? Et je pense à Arthur -
L’errance, est-ce une erreur ? Moi, je lui ai préféré :
La synthèse à l’intérieur avec les produits d’autrui.
Et j’ai fait œuvre de jeunesse - de valeur inférieure.
Cela va s’en dire, mais j’ai cherché également.
J’ai insisté, sans faire preuve d’aberrance - avec fréquence
Toutefois. Étais-je égaré ? Non, tout ceci était borné,
Banalisé, sûr, certain, fort et grand - il me fallait
Fusionner le savoir de l’autre, des autres - il fallait.
Destin avec Destins. Alors “ la liberté-le sacrifice ”
Ou “ le malheur-la réflexion ? ” Pour quelle détresse ?
Quel homme ? Que prétendra le Futur ? Quelle issue ?
La pauvreté
La pauvreté - en constance de manque, d’interdit,
De blocage - de privation, avec certitude
De faiblesse. Relation de l’homme à soi. La
Vertu est-elle une richesse ? Faut-il se dépouiller,
Se purifier, rejeter l’animal-subsistance ? La métaphysique
Exige la pauvreté. Dieu étant le fabricant,
Est-il le donnant ? À quoi possède-t-on ?
Où sera la suffisance de l’âme, de l’esprit,
De l’homme, de l’athé ? Jusqu’où iront les hommes ?
L’élévation. La finitude pour la perfection - l’espoir ;
À quelle extrémité de dénuement ? Dans le désarroi
De notre Néant, de notre sinistre profondeur ?
La pauvreté - l’homme sans facultés, l’homme avec
Dieu, mais toujours peu. Avec le Fils mais ignorant,
Avec l’Esprit mais impur. Faut-il faire l’Ange ?
L’homo Lozachus
Un homme qui pense sans fonctions biologiques, homme
Sans appartenance à la nature - la délaissant, la niant,
La refusant - Corps-prison - sexe bas - actions primaires
Rejetant la vie dite essentielle - homme parlant-écrivant,
Apte à percevoir le sensible - essence qui pense -
Pourquoi ? Pour sortir, s’élever - rejeter la chair.
Esprit aspirant à la liberté spirituelle, l’au-delà.
Être en attente de mort, soucieux de vie cérébrale,
Se préparant, se construisant - mystique-actif -
Désireux d’accéder au supérieur, le supposant -
Le pré-sachant - Existant sans les organes, toutefois.
Non pas le pari, mais la certitude - les preuves visuelles -
Se formant pour accéder au grand principe de compréhension
Universelle. Mais est-ce raisonnable ? Est-ce ?
L’être subissant
Je suis l’être subissant la vie, qui ne comprend pas.
Je séjourne dans un monde familier - je suis-dans,
Mon corps, mon esprit dans cet espace - je cherche
Une nouvelle dimension, plus vaste, plus ample - autre
Accéder à un état purifié pour changer mes relations
Spirituelles, intellectuelles, de pénétration, de savoir.
Ailleurs - là-bas, peut-être ! En exploitant le vrai,
La logique, le sensible, le saut etc... les outils -
Rationalité, expérience, futur - le matériel, et
D’autres encore ! J’ai donc besoin d’une interprétation
Postérieure avec d’autres lieux et d’autres êtres.
Je dois me préparer - devenir apte - pour le vide.
Éclairer l’être par la Lumière, la Sagesse et l’Amour.
Finalité de l’homme - Est-ce but ultime de la vie ?
Le temps et la mort
La mort. Quelle mort ? Terrestre, de présence, d’à-côté ?
Fait biologique ? Que craindre ? La vérité révélée,
Enfin ? D’avenir - d’existence - d’au-delà.
La mort possible à chaque instant. Suis-je menacé ?
Le temps peut-être qui condamne mon projet.
L’avant-mort avec déchéance de vieillissement.
L’être-pour-la-mort se projette en avant de soi.
Il devance son objectif.
La rupture - le changement
D’espace - d’autre vie. ESPOIRS ! Y a-t-il une chose ?
Quelque chose ? C’est affaire de croyance ou de foi.
L’immortalité rapatrie la vie auprès d’autres existences,
Mais quelle conscience pour l’élu ?
Qui dans son espace
D’homme s’est réalisé ? La certitude de l’ennemi, le temps.
Toujours à mes côtés. Augmenter le volume des jours.
Reste l’absence
Reste l’absence. Pour quelle présence ? Vers qui ? Personne.
Tout en Moi. Sans détresse. Avec raison et avancée.
Il n’y a nul désespoir, mais conscience du dedans.
Il s’agit d’une formidable activité interne, cérébrale.
Ne s’aventure pas dehors, sachant la faiblesse,
La part inutile de l’autre. S’instruit dans des livres.
Travaille avec les Anciens. Est-ce calcul, analyse ?
Est-ce vrai ? Pourquoi le doute n’explose-t-il pas
En suprême pensée ? Craint-il la mort ? Il l’attend,
Certain de l’au-delà, de l’avenir. Quelle menace ?
Crainte de l’impureté figée dans l’accumulation
Humaine, de débris, de pourriture, de soi, en vérité.
Donc se faire Christ ou Saint, s’élever, at-
Teindre l’intemporel, ou l’effrayant néant, peut-être.
L’homo spacialus
Une planète qui se rétrécie. Le travail uni-
Versel. The Global Village, la mondialisation.
La sacro-sainte évolution technologique, le partage,
Les ressources naturelles, le risque atomique, les pays
En voie de développement, les nations riches, l’ONU.
C’est le seuil d’une époque, le troisième millénaire -
Contrôles, tests nucléaires, CNN, les Coms.
Les races disparaissent. Les villes cosmopolites de Rimbaud.
Le Big brother, faut-il en avoir peur ? C’est non,
C’est l’ami, c’est l’espoir. Vigilance et espoirs.
C’est conscience par l’homme spatial de son insignifiance,
De la boule bleue, unique, si petite dans l’Univers.
C’est la plate-forme ALPHA de coopération, d’amitiés.
Est-ce de la naïveté ? Le progrès selon Victor Hugo !
Eléonore
Dans mon rêve l’image, le dessin, la couleur,
Et l’écho de ma voix qui implore le progrès
Qui se plaint, qui gémit, qui espère, fanfaronne.
Le bord de l’océan est ce lit qui implore
J’ai oublié, très clair - le reflet de ton ombre
Et soudain l’insensé hurlant : “ Éléonore ! ”
La cendre de tes cheveux est éparpillée
Les bribes de ta bouche s’efforcent de parler
Tu te transformes encore en volutes élevées
Tu disparais, réapparais dans non Néant sexuel
Ta voilà mollement et la lune est si triste
Orgie poussière et lit, j’accumule du vide
La semence s’envole sur ta chair délétère
Ma mémoire vacille mais elle te cherche encore
La nouvelle syntaxe
- Ha ! Vous jargonnez, s’agissant de syntaxes,
De nouvelles structures offertes à vos écrits !
Comment osez-vous déplacer les langues grecque et latine ?
Quelle audace, quelle audace ! Il y a résistance
Du sens avec ces nouveaux concepts... il me faut
Inventer des substantifs. - Quel risque Heideggerien !
Et les audaces beaufrétiennes de traductions. Cette
Précocité archaïsante en est presque cocasse ou coquette.
- Détestable tautologie ou analogie trop facile.
Non, Messieurs, exploitez la bonne logique d’Aristote,
Avancez à coup sûr avec Descartes pour comprendre.
L’être n’est pas un sens abstrait concrétisé par la suite.
Le mot “ est ” a un sens bien précis. On ne saurait
Le ramener à un simple concept. C’est pourtant évident.
(Dialogue entre un latiniste zélé et un écrivain)
La stratégie
La stratégie - le but - l’objectif - le désir.
Que veut cette pensée humaine ? Comprendre l’Essence.
C’est-à-dire l’origine et la finalité. Est-ce
Les deux ? Il y a l’homme, donc Alpha et Oméga.
Le dessein de l’origine de Dieu, le dessein de la
Finalité de Dieu. L’homme se situe entre les deux,
À un temps défini. La pensée est dans l’homme. Cette
Pensée-là n’est peut-être qu’accident assez insignifiant.
Il faut se purifier. C’est donc un schéma mystique.
Il faut apprendre à déposséder pour nous jeter
Hors de nous-mêmes.
La finitude est dans l’être toutefois.
Il s’agit d’accéder au plaisir ou à la jouissance,
Une sorte de bonheur de vivre que l’on nous promet.
Ou l’éternelle douleur dans un profond Néant, peut-être.
Le dépouillement
Le dépouillement - la destruction des valeurs,
Le renoncement à la chair - l’abolition financière,
La remise en cause de l’acquis. À poil ou
Ne passe pas. Votre savoir. Votre ignorance. Moi,
Dieu. Je détruis vos structures. J’abolis vos principes.
J’offre un nouveau destin - changez ! L’essence de la
Vérité. Achevez le schéma de la subsistance, de la
Jouissance. Vous appliquerez mes nouvelles lois.
Ce nouveau vrai dans un espace révélé, différent.
Ta valeur ne compte plus ; condamné à effacer
L’âme transcendée ; - le partage ; est-ce survivance
Élaborée dans époque future ? Abandon immédiat
De soi - autre logique - autre certitude, autre
Objectivité ? Pour quelle richesse, en vérité ?
Le calcul
Le calcul. Le pari de Pascal. La garantie future,
La méthode de l’arriviste. La constance de
Certitude. La vérité dans l’invisible. La perception.
Rationalité et paranormal. Science et au-delà.
Se refaire. Se reconstruire avec du délétère,
De l’impalpable. Penser avec l’inconnu. Supposer.
Est-ce audace, risque ?
Une vérité unique,
Intransmissible, pour soi-même, - expérience personnelle
Volonté de rechercher avec l’objectivité.
Le doute. - la fiabilité de ses sons. - les résultats.
Est-ce nouvelle essence métaphysique en auto-prospection ?
L’avenir. Le Dieu vrai. Le bonheur, le bien-être. L’utopie.
Ou l’éternel néant. La finalité du rien. De la mort
Totale, biologique, absolue. - Qu’en est-il de jouer ?
Les conditions du possible
Ce que l’on ignore et qui est possible ; la limite
Temporelle imposée à l’homme ; le cadre de l’époque ;
Concevoir l’imposable par le risque et la créativité ;
L’impensable, - l’absurde, - puis un élément insignifiant
Vrai participant à l’élaboration du projet, second
Élément ; troisième élément, - les contours se dessinent.
Un désir qui porte au-devant de soi dans un espace
Nouveau, inconnu encore. Suis-je capable d’at-
Teindre ce que je désire ? la condition du possible
Se situe dans l’homme qui veut devenir être ; pouvoir ;
L’origine du désir, - ses gènes sexuels et cérébraux ?
Est-ce de l’énergie alimentaire transformée ? Qu’est-ce ?
Ce besoin, ce facteur G de Spearman, cet indice C
D’élans, d’actions. Qui le produit en soi, qui ?
La détresse
La détresse. La conscience du faible, du peu,
De l’insignifiant. La volonté, l’appel, la supplique.
Un Dieu ? Ce Dieu ! Lui peut prendre en pitié,
Aider, aimer, ajouter, - offrir des miettes - Lui peut.
Moi, nulle puissance, - nulle intelligence. La fourmi
Médiocre, au souffle insignifiant. Qui parle d’essence,
D’essence humaine ? Il faut donc changer de nature,
Passer à l’ange c’est-à-dire au Soi exalté sans la
Chair, la nourriture, les excréments, le sang, le sperme.
Délaisser l’habit de corps pour embrasser l’enveloppe
Spirituelle. Se transcender en force nouvelle, pure,
Élaborée, consciente, élevée, claire et sainte.
C’est cela : se sanctifier dans l’Élévation du Ciel,
Quelque chose de pur et de surnaturel...
Le schéma intérieur
L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour.
La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme.
La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer -
Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur,
Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier !
L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ?
La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiero
Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ?
Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard.
Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ?
Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
C’est ça : imagine !
Suppose, conçois, suppute, c’est ça : imagine ! -
Toujours face au miroir blanc. Tu prétends proposer
Une heure nouvelle, d’inconnu et de liberté.
Tu parles, écris en anonyme comme autrui. Peut-il
S’identifier à toi ? Les influences, l’accroissement de
Signes, de mots, de lettres. Les dessins que font
Tes mots. Encore la création. Sont-ce tou-
Jours les mêmes pensées ? Toi dans ton extraordinaire
Monologue avec l’indifférence des hommes, cela
Est ta devise. Tu te fortifies. Tu as survécu.
L’Absent, l’inconnu, le Raté, toi dans ton brassage
De spectres, subissant la violence, espérant toutefois
Accéder à un produit littéraire meilleur, - supérieur.
Comprendre/hostilité
Faire croire que l’on voit, offrir de l’image.
L’objet visé se situe à l’intérieur. Il faut le refabriquer.
L’oeil, le cerveau, les corrections et la qualité de l’image.
L’étoile n’est pas à sa place a prétendu Einstein.
Et vous, voyez-vous comme moi ? Voyez-vous l’Albatros
De Baudelaire, le Bateau ivre de Rimbaud, percevez-vous
Le Cimetière de Valéry ? Et le Vierge, le vivace de
Mallarmé ? Où situez-vous votre aptitude à imaginer ?
“ Cette chanson est la mienne, c’est mon histoire d’amour.
Je ressens comme vous. Vous l’avez écrite pour moi .”
“ J’ai le sens de votre esthétique. Nous partageons
La même beauté. ” “ Moi, je suis hostile à votre École,
Cela n’a pas de sens, ni présent, ni passé, ni avenir.
Allez voir ailleurs. ” “ J’irai et vous n’y serez pas. ”
La dette de l’apprentissage
La dette de l’apprentissage ; trop de savoir, pas
Assez d’oubli ; apprendre à désapprendre ; le poème
Par du poétique, c’est-à-dire par de la pensée poétisée ;
La poétisation de Heidegger ; le sur-poète, le méta-poète.
Pour côtoyer l’essence de la poésie, être-temps-langage etc...
La parole-mensonge, l’inauthentique, surprenante, solitaire ;
Le morphisme du poème, sa structure interne, son unité ;
Chez moi, concept-limite, pensée mystique, fatale ;
Un individu crée de la vie, il l’offre ; effort de
Théorie, - avec syntaxe de langage ; chez certains :
“ Conscience de quelque chose... source d’intuition... Il y a ...
Essaie de la pensée... nuit claire, vibration émotive.
Matin élevé, sphère idéale épurée, la pensée,
Lavée, débarrassée de ses scories. Purification. ”
Topologies
Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi,
Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer
Sur son propre chemin. Croisements, lieux et
Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs,
De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité.
Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité.
Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement,
Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches.
Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières,
Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder
À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut,
Connaître, comprendre, apprendre, le discernement,
Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
Les vêpres de la pensée
Sorte de religiosité interne. “ Les Vêpres de
La pensée ” dont parle Beaufret. Cette espèce d’essence
Eschatologique qui veut sacraliser l’instant.
Une perception pure permettant d’accéder au Suprême.
Pourtant nécessité, pour expliquer la chose de lui
Associer du matériel de mots, d’adjectifs, de verbes.
Dialogue conçu par Un, pour le Même, puis offert.
Linguistique supérieure, transe théologique maîtrisée.
Mais l’homme est homme et ne peut communiquer avec les
Dieux. Acte réflexif de Moi à Moi. Ou encore
De Moi au Frères - aux Hommes - aux Suprêmes qui jugent
De la médiocrité du langage. Écrire, est-ce détresse ?
Supplique, appel ? Transmission ? Poésie ; sens et essences ?
Le temps
Le présent, un passé qui s’enfuit. L’entonnoir,
Le goulet, la spirale infernale qui happe l’homme ;
Le maintenant échappe ; fragmenter les instants en t1, tn ;
Processus, procédé, maîtriser la fuite, l’éloignement.
La décomposition répétitive, idem d’un jour à l’autre ;
L’accélération, l’intelligence, la vitesse. Aller
Sur le temps ; je prends du passé pour aller vers l’avenir...
J’habite un présent ; perception unique du temps.
Le flux continu ; de là-bas à là-bas ; mon essence
Est dans la mémoire ; le passé porte la substance ;
Perceptions qui s’éloignent, qui se fixent, - parcelles
De temps divisées, à devenir insignifiantes, - leur durée.
Le temps est une apparence quand la vérité est intemporelle.
L’espoir est dans l’avenir qui est déjà programmé.
Les moyens/l’action
Le savoir. La maîtrise de la logique, la con-
Naissance théologique, le nécessaire pour comprendre,
Le suffisant, les limites cérébrales, le travail en
Commun, l’homme avec l’homme, la part du QI.
L’élévation. Ses faiblesses, ses forces, l’adaptation.
Innover, la vérité des sciences, l’essence de l’art.
Le dépassement, la mièvrerie poétique, la matrice
De la vieille femme âgée de 3 000 ans, les enfants
Chétifs, la philosophie évolutive, la certitude
Divine. L’insignifiance humaine. Et pour quelle
Gloire ? Je vous le demande ! ... Demande !
Car la finitude est bien le tombeau. Ou l’enfer. Si
Condamnation, il y a, ou la pureté idéale avec
Nouvelles perceptions, nouveaux langages, nouvelles aptitudes.
La stratégie pensante
La stratégie pensante. Le mécanisme cérébral.
La méthode pour produire, pour extraire, exploiter.
La volonté autre, nouvelle, supérieure, non pas
À la manière de Nietzsche, débouchant sur un
National-social - SS et Shoa, mais Soi
Avec Dieu, avec les hommes, tous les hommes quels que soient
La race, le pays, le sexe. Je cherche : intelligence
Avec machine, histoire, futur. Non pas le paraître
Du poète, superficiel et insignifiant, mais l’être
Du penseur. Une nouvelle perception et maximiser,
- Augmenter, ajouter sur l’autre, sur Autrui et sur Soi.
S’éloigner de l’ignorance, le fléau, ô Arthur !
Conception personnelle méprisée, incompréhensive, qu’importe !
Soi dans sa paranoïa d’orgueil et de méfiance.
Poème/lecteur
Ne pas penser, poème, mais percevoir. Le rapport
Au langage, le moment dit évocateur. Le
Panorama d’images, l’avalanche, la composition,
L’offre : Le voyez comme moi, la force, la passion,
La flexibilité de l’intelligence, l’adaptation du lecteur.
Densités des effets, distorsions, audaces, le dia-
Logue avec le pseudo-spectateur, agis par Moi.
Les mots deviennent des choses. Je t’emporte où je ne suis pas.
Le droit au mensonge. Mon illogisme, l’irrationnel,
L’improbable, l’invraisemblable, lire-avec lire-pour
L’imaginaire, l’espace où l’interdit est interdit, le guide.
Nourris-toi de mon idée ! Y a-t-il quelque chose réellement ?
L’angoisse et la conscience. Ses Ténèbres, ses Erreurs,
Ses énormes Fautes. Un homme en vérité, médiocre.
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet.
Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée
De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant
Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique.
Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ?
Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ?
La représentation non pas de l’arrangement, de la combi-
Naison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin,
Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la
Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre.
Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ?
Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ?
Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
Circuit artistique
L’art nouveau venu du précédent ; la science évolutive.
De l’opacité à la lumière par étapes et strates successives ;
Enfermons-nous pour comprendre à plusieurs, pour trouver ;
Le Moi associé à Autrui, pour aller... Vers le sens de l’Histoire !
(C’est dans l’ordre des choses ! C’est le sens de l’histoire !
Détestable fatalité et acceptation de l’homme. Est-ce
L’ombre de Dieu qui rappelle à l’homme sa nature ?)
Lui dans son for intérieur s’ouvre, il offre son Oeuvre
À l’Autre. De la théorie poétique, le désespoir !
Plus rien, trop faible, passé dépassé. Mais travail,
Actes intellectuels. Acceptation et attente. Devenir ?
La mort ? La belle mort resplendissante de roses, de lauriers,
Quelle valeur ? Le langage, les signes, la poésie, - quel futur ?
La transcendance du médiocre
La vérité mystique. Le poète tourné vers le sacré.
La conscience : l’angoisse, le désespoir, l’impossible, le réel.
La certitude du faible. L’auto-médiocrité, le rien.
Mais il y a lutte, élan, travail, volonté et forces.
Un savoir reposant sur la vérité sociale, scientifique,
Artistique, sur 3 000 ans de certitudes humaines et divines.
Ils ont modélisé, codifié, imposé, prouvé, certifié.
La poésie : est-ce l’outil-images, la boîte à sensibles,
La perception émotive ? Est-ce un monde dépassé ? Est-ce ?
Extrême détresse ? Le pouvoir du solitaire, l’élan toutefois.
L’Angoissé guide le Conscient. La lumière la plus brûlante.
Elle instaure la comparaison. Dramatiser en position
Finale. Est-ce une transcendance de médiocre imbécile ?
Le Destin
La pensée, - pousser ou se contredire, l’opposition
Avec élans, l’entreprise cérébrale, l’outil-langage
De signes, de mots, palette de peintre. J’aurais
Préféré l’axiome, la certitude, mais enfin ! Enfin !
La beauté du langage poétique. Quelle est la desti-
Nation de la pensée ? L’essence de l’âme ? Ils veulent
Reconstruire l’édifice philosophique craignant toujours
De l’exactitude des plans et fondations. Husserl. Ils
Veulent. Auto-dépenser = des pensées, avec rigueur,
Et concepts (lesquels ? ...) (Ironie !). Science et hors,
Hors et dedans, la saisie, l’élan, l’attention. Ad-
Dition d’élans cérébraux. L’aube de l’intelligence : ainsi
Comprendre et apprendre, puis créer. Amalgame à purifier,
Produire du nouveau qui sera du connu. Est-ce le Destin ?
La part du mystique
La part du mystique, les éléments sacrés, le destin
Religieux, la Quête du Sacré. La provenance
De l’être et sa finalité. L’acte de purification.
Accéder à l’Essence. Soi et l’Idéal. L’effrayante
Insignifiance de l’être. La conscience, les limites
De l’aptitude intellectuelle. La voie divine ! Les
Trois ne font qu’un. Accéder au monde spirituel.
Le savoir construit sur soi-même avec ses fautes, avec
Ses erreurs. Mais que faire ? Dans la solitude du vrai
Et du faux. Aller seul accompagné d’Autrui, des Maîtres,
Des Dieux, des livres, - réflexions et hardiesse.
L’extase dans la clarté. La manière dont Dieu doit
Traiter l’homme. L’espoir d’un au-delà supérieur
Où l’esprit pourra se débattre avec magnificence.
Le métier
Le savoir-faire dans un métier. L’habileté, l’intelligence,
L’obéissance, l’application ; le salaire-services ; l’élément
Intégré dans un rouage ; travail pour autrui // le chercheur,
L’homme de science ; le doctorat ; le créateur, le poète ;
Utile//Inutile ? Sciences, arts et métiers, la connais-
Sance expérimentale, ou produire des sons, des formes, des
Sens. Quelle valeur pour l’identité poétique ? Aucune.
À partir d’expérience avec et l’inexistant ; le malaxage
Cérébral ; la donne intérieure qui produit un nouvel
Angle ; l’environnement différent engendre des produits dif-
Férents. L’art, - maîtrise d’une technique, - d’une pensée ;
L’anti-technique, - la liberté ; la valeur subjective ;
L’auto-affirmation, la certitude unitaire.
La vérité ?
Différents temps
L’écriture contre le temps, la durée de la pensée.
L’espace est du temps. Le temps est de l’espace. La
Symbolisation, la mesure. L’observateur qui se situe
En dehors de l’espace ignore le temps-lumière.
Le présent avec du passé immédiat. Nous ne percevons
Que du passé. Il y faut mémoire et conscience.
Le rapport du temps au langage, pour Bergson, est
Le rapport du fluide au solide. “ Nous tendons indis-
Tinctement à solidifier nos impressions pour les ex-
Primer par le langage. ” Les mots sont l’extérieur de l’âme.
Le subterfuge du romancier, de l’artiste qui déplace
La réalité du temps, et se situe ou nous situe dans
Un autre espace-présent.
Le fantôme d’écrivain
Obsédé par la conscience du temps et qui prie...
Le saut
Le saut, c’est l’anticipation de ce qui semble possible.
C’est le je pourrai, c’est un acte volontaire de la
Pensée. “ Les yeux plus gros que le ventre ? ” Est-ce
Délimitation objective ? Je suis là. Je dois aller là-bas.
Entre les deux, la distance, - taille énorme, possible ?
Audace ? Impossible ? Trop loin - Les limites réelles ?
Penser, étudier, supputer, supposer et croire. L’élan
De l’être.
La part du rêve ? L’essence du risque ? Pour-
Quoi ? Se projeter en face des choses futures. Se projeter
Hors du centre de notre raison. Concevoir une autre
Représentation du Moi et du Monde. C’est la liberté.
Du moins, une de ses composantes.
S'il y a échec ? L’intelligence
S’est flouée. S’il y a réussite, l’anticipation était vraie.
Que sont les pas en arrière ? Vieillissement. Sénilité.
La vocation de la pensée
La vocation de la pensée, - appeler l’Être. Le
Transmetteur de l’homme à l’Être. Transmetteur bourré
D’énergie. La valeur de la Relation épurée.
Abandonner tout instinct, toue spontanéité bestiale.
De l’homme à l’Être, transmission et écoute, remise
À l’essence supérieure. L’Agir comprend : de l’élan,
De l’action, du mouvement, permet : l’élévation, la
Compréhension, l’Application, - donne un sens à la vie.
L’Essence accumule de l’expérience que lui offre l’homme.
Elle n’est donc pas libre du matériel, mais possède
Une pseudo liberté d’analyse. Elle est dans l’Histoire,
Dans la tradition. Elle se meurt dans un espace historique
Bien défini. C’est avec du matériel donné, qu’elle pré-
Tend, penser. Peut-elle réellement se situer au-dessus ?
Le challenge
Rendre possible ce qui n’est pas. Éloigner les limites
De ses actions et de sa pensée. Aller outre. Le
Pouvoir. Accomplir ce qui n’a pu être supposé. Aller
Au-delà de la finitude même. Créer. Un champ
D’élans, d’actions. Accéder au-delà. Imaginer et
Rendre pensable ce qui jamais ne s’est présenté à soi.
C’est une possibilité abstraite, - une aspiration de l’être.
Sans l’Autre, rien n’est possible. Le frère,
Le père, l’instructeur, - moi et le Monde. Et les hommes.
Moi seul je suis un subsistant.
Puis la dépossession,
L’aptitude à rejeter, à se vider, c’est un schéma
Mystique. De l’homme à Dieu. De l’âme au spirituel.
L’être détient-il suffisamment de cohérence et de
Puissance pour accéder à une vérité avec assises nouvelles ?
Le futur
L’avenir. Avec vérités, certitudes, le temps,
La fatalité. Distinguer le futur vrai d’une hypo-
Thétique possibilité. Défaire, avancer dans l’assu-
Rance de soi. L’avenir est-il inscrit ? Ne ferai-je
Qu’accomplir des actes présupposés ? Le dessein du destin !
Est-ce un plan décidé, conçu ? Ma part de liberté ?
Puis-je pénétrer le futur comme je puis ressusciter le
Passé ? Quelle est l’intensité de ma possibilité ?
L’élan, le passé, le présent, le futur donnent
Naissance à l’action que le Destin saisit
Dans sa totalité. C’est le passé qui rend possible le
Futur. En-avant-de-soi. Le futur est indéter-
Minable. Inaptitudes de l’homme à maîtriser le temps.
Homme-esclave soumis à la dimension suprême.
La pauvreté
La pauvreté. Ce qu’a l’homme et ce qu’il est.
Le manque. Étant rien, c’est l’être même. De ne
Pas posséder. Faible langage, faible propriété,
Faible pensée. Les facultés traditionnelles dans la
Volonté de croissance. Le possible et son maximum.
L’atteindre, croître et le dépasser. Posséder et
Se mettre en position pour apprendre, comprendre et
Appliquer. Le rapport de l’homme au monde, à son monde,
Son peu, son rien, sa nature d’homme. La générosité
Divine,- à rire ? Dieu existe : débrouillez-vous tout seuls !
Détenir, vieillir. La durée de la propriété ? Une plaisanterie.
La potentialité, la substance, les échanges affectifs.
La richesse : la blancheur de pureté, l’élévation
Messianique, l’homme élu, l’homme - Christ - le Voyant.
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ?
À demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a
Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en
À pas suffisamment pour y répondre. ” Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la
Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir.
Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et
Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant !
L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin
Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans
Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le
Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle.
L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
Du singe à l’ange
Une pensée de la purification. Du singe à l’ange.
Ce qui s’éclaire. De la caverne à la lumière.
La clarté intérieure de l’être, la conscience, par la
Sensibilité, d’un : autre chose, transcendant, supérieur ;
Par le culte des morts ? Nécessité logique d’élévation.
Car il faut accéder à l’Au-delà. Est-ce bonheur ?
Ce qui explique la captivité de l’âme dans l’homme,
De l’être dans l’homme, de l’essence dans l’être. Jaillit !
La vérité de son essence ! Vers l’ange ! Avec perceptions
Plus fortes, plus grandes, plus amples. Enfin il comprend
La possibilité mystérieuse et pénétrable. C’est déjà
Une métaphysique positive, d’espoir, d’avenir épurés.
Pourquoi cet abaissement ? Ce médiocre régime terrestre ?
Tout n’est pas explicité par les Livres Sacrés. Ces Dieux ! !
Le questionnement de l’Etre
La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être.
La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion,
Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations.
- Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée
Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à
L’être : langage et sensibilité par les sens des organes.
Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier.
L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend
Ou cherche à comprendre.
“ En attente du savoir ”, “ Je
Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard. ” Savoir,
Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire
Pour rendre possible l’action de compréhension.
Des vérités
I
La vérité en dehors de toute chose concrète est vraie.
Dans le vide universel, sous terre, dans l’espace, ailleurs.
Une vérité économique est une vérité locale avec du
Matériel d’homme. L’essence de la vérité serait divine.
Les trouvailles de vérités, des offres à l’homme, comme la
Mine d’or. Qui a fabriqué l’or ? L’essence de la vérité
Serait associée à Dieu, à la Shekina. L’action avec
Du rapport engendre de la vérité d’animal, d’homme,
De nature biologique, par exemple.
Elle
Serait à la droite de Dieu ou dans Dieu. Le vrai
Que l’on connaît, que nous ignorons. Ce qui peut agir,
Ce qui n’agit pas mais peut agir, peut “ être ”
Le non-vrai
Dure parfois, - le vrai n’est pas toujours l’étant, - la vérité est
Intemporelle. La vérité du moment d’après le matériel
Mis à la disposition, par analyse du moment.
II
La validité de la vérité, exploitable, utilisable
Comme étant, - favorise l’action, - évidente dans
Son fondement. Possède son contraire, - le faux.
La mathématique offre l’indécidable.
La contradiction
Dans l’analyse et le raisonnement annule la
Validité de l’offre, le choix du décideur. L’un
Jette l’information, l’autre saisit l’information après avoir
Considéré l’énoncé. Les deux s’accordent l’essence de
La vérité.
Le vrai est vrai jusqu’à ce que l’on puisse prouver
Le contraire, le subtil, le distinguo, le autrement, le
Plus précis, - remettre en cause son évidence.
La vérité
Religieuse... scientifique... psychologique, l’évolution
Du savoir, le déplacement de la vérité, le “ Autrement ”
Le jugement, le “ ne sais pas ”, le “ j’agis ” toutefois.
III
La concordance de l’énoncé avec une chose ; la chose
Qu’on ne sait pas et qui est ; la conversion de l’énoncé
Avec la chose est liée aux outils employés pour prouver.
Valeurs des outils employés ? Le langage, - valeur des
Termes utilisés ? Comment s’accorde-t-on sur ce vrai ?
D’après la définition que l’on donne aux choses.
Autre remarque.
La fiabilité de la vérité. On ne peut l’obliger à changer.
Si l’on change la vérité, cela devient du faux.
La non-vérité n’est pas toujours démontrée. Elle est prise
Parfois pour de la vérité. L’on s’accorde par ignorance
Sur sa fiabilité, incapable de défaire les contradictions
Avec la pure essence. La pseudo vérité offre une solution
Acceptable pour la communauté. Elle est entendue, il y a
De la résistance, mais cela suffit pour le moment, du moins.
IV
Il y a ce qui n’est pas créé et qui serait de la vérité
Toutefois ; il y a l’indémontrable ressenti comme étant
Du vrai. “ La loi de la gravitation ” était dans l’air du
Temps. C’est compatible avec l’idea de l’intellect ;
L’unité du plan divin serait inaccessible à la capacité
Humaine; l’ordre du monde conçu par l’Esprit ;
“ Les voies de Dieu sont impénétrables ”. Il faudra penser,
Trouver dans tous les secteurs d’activités. Analyser.
Valeur du vrai dans l’imaginaire. Vérités avec temps,
Espaces, culture, époque ; le déplacement du vrai ;
La faillibilité de l’homme rend possible l’analyse du faux
En tant que détermination du vrai ; le vrai avec du
Manquant permet toutefois d’aller et de progresser.
Dévoiler lentement d’après sagesse, la science de l’homme.
V
Par le langage. Correspondance de valeurs. L’énoncé
Doit se convertir en réalité quantifiable, équivalente.
Le bouchon bleu doit être le bouchon bleu. La mesure
D’une représentation adéquate. Se mettre d’accord sur
Les définitions données au sens et aux termes employés.
Le verbe, son action rendant possible la convertibilité
De l’énoncé avec le vrai, le égal, le implique,
Le donne, le cela équivaut à. Rend possible
La conformité. Le jugement transmet son résultat.
C’est la définition du verbe qui convertit l’énoncé en
Vérité. Mêmes en nature, en qualité, en quantité.
Le fondement est possible. La loi est conforme. Peut
S’effectuer la convertibilité. Qualités de la mesure ?
Ma liberté d’action permet-elle d’accéder au vrai ?
Vérité et liberté
La planification de la recherche hors de toute liberté.
Pourtant volonté d’accéder à une vérité nouvelle. Agir
Dans la contrainte sociale, est-ce liberté toutefois ?
La liberté jalonnée de la mathématique. Qui peut agir,
Choisir, décider. La vérité sans liberté. La vérité
En dehors de l’arbitraire humain : exemples : les lois
Fondamentales qui régissent l’Univers. Existaient avant
L’homme. Donc, en dehors de la subjectivité de l’humain.
Règne une certaine essence de la vérité au-dessus des hommes.
Ajouter sur la Formule de Taylor-Lagrange, est-ce de
L’essence de vérité ? C’est prolongement mathématique voilà tout.
Le choix aléatoire. Random, proposé à la machine,
Est-ce la liberté ? En vérité. Non. L’animal, le
Végétal possèdent toutefois un choix décisionnel.
Le blocage
Le blocage interdit le dévoilement ; il y a volonté,
Recherche, reconsidération de l’objet offert, mais
Il y a incapacité à se représenter autrement lédit-donné.
La résistance rend vaine toute tentative. Que faire ?
Le refus de l’étant apparaît dans sa totalité ou de
Manière fragmentaire comme une impuissance à aller outre,
Comme une faiblesse de la condition humaine. Il assure
La connaissance résiduelle, fragmentée, parcellaire
De l’étant.
Cela engendre - 1 - de la non-vérité admise,
Révélée, subie, reconnue, avec un laisser-être - 2 -
Une rébellion interne qui refuse de subir ce manquant.
Soumis ; esclaves ; satisfaits, repus, avec bien-être
Et passivité. Voilà la première race ! Cherchant,
Refusant, allant, progressant, gagnant : seconde race !
Subsistance
La conscience de son incapacité à aller outre. Les
Déterminations de ses propres limites observables reçues,
Perçues par la scolarité, par la comparaison avec l’autre.
“ Ne saurait aller au-delà, mais peut espérer cela ”.
Les nécessités sociales, le lieu, la sélection, le “ Mal né ”,
“ N’est pas au bon endroit ”, les obligations - engendrent
De la non-vérité, de la suffisance, quand bien même
L’intelligence comprendrait qu’il y a énigmes, mystères,
Indécisions, dissimilations. La curiosité
N’est pas tombée dans l’oubli. Elle est inaccessible, voilà
Tout. Grands nombres en souffrent. Le projet est perdu.
Ne fallait-il pas toutefois produire de la progéniture
Et satisfaire aux besoins essentiels, survivre ? Sont-ce
Les raisons du règne vivant que ces afflux biologiques ?
L’errance
L’errance fantasmatique s’étale sur la ville.
L’homme médium coule son fluide sur les objets
De la cité, - il les contourne, les palpe, les perçoit,
Tente de les saisir. Il va par sa substance
Unificatrice associer des idées, des comportements, des
Objets indépendants les uns des autres, fusionner,
Condenser, symboliser, extraire, dériver, rejeter,
Sélectionner et d’autres verbes encore !
Mais l’errance
Pour choir, pour échouer, les risques, l’audace,
Le ravin, le trou, la mort ? Les limites de l’errance ?
Pour le lieu de recherche, pour trouver, aller au hasard,
Vie d’artiste ! Non pas l’erreur, mais l’autre chose, avec
Égarements, outrance, le déplacement de l’habitude,
Du vrai, par la non-conformité, - démarche heureuse ?
I - Nature de la substance
La nature de la substance que l’on possède, l’être.
Peut-on réellement le concevoir tel qu’il est ? Ceux
Qui possèdent l’existence. Ainsi de tous les vivants...
Ainsi de machines programmables et dotées d’une espérance
De vie. Y a-t-il des objections ? Vous avez raison.
L’accouplement sexuel fabrique le corps. L’enfant est animé,
Il a donc une âme. Origine de l’âme, car grosso modo
ÂME = ÊTRE.
Il faut repenser la substance de l’Être,
Si après la mort il y a la vie. L’être serait un prédicat
Réel, existant en son autonomie, mais étant inclus
Dans le corps. L’étant est inclus dans le corps.
Si l’Être
N’était qu’un effet vital articulé au corps, la définition
De l’étant n’aurait pas lieu. Mais l’intuition de sa vérité
Post mortem débouche sur sa liaison à Dieu ou au Divin.
II - L’étant conduit à l’Etre
L’étant conduit à l’Être. Il représente
Le fondement ? Objection. Comment se forme l’étant ?
Sa substance ? Son origine ? Son “ moi ” ? Son primitif
Serait une accumulation de vérités basiques de survie,
D’instincts, de subsistance et de développements de la raison
Au détriment d’actes mécaniques. C’est ce que l’on sait.
L’étant avec le soupçon de Dieu. L’Être avec ou
Sans Dieu. L’Être occidental peut rejeter Dieu.
(Je parle de l’Être et je le définis par Sujet.) La
Limite de l’étant à l’Être est difficilement perceptible.
Les outils d’analyse, de détermination peu fiables.
Est-ce l’aptitude basique d’accomplir des opérations
Primaires de l’entendement ? Ces opérations se conçoivent-elles
Avec de l’intuition sensible ? Au moyen des organes ?
III - Activités de l’Etre
Existence et Être en dehors des capacités de notre
Entendement des vérités inconnues mais vraies, de
Passé, de présent, de futur et d’ailleurs. Que vaut
L’Être pour juger et prétendre ? Que lui manque-t-il ?
De la perception ultra. Parviendra-t-il à une
Détermination suffisante de leurs essences et contenus ? C’est
L’additionnel ou la synergie entre les intelligences qui
Permettrait l’accession aux vérités échappées.
C’est l’utilité qui autorise la relation de l’objet
À l’Être, utilité économique, philosophique ou
Religieuse. L’être doit fixer l’objet qui fuit,
Le poser et le représenter, lui offrir des propriétés
Pour le rendre existant. La définition de son caractère
Le rend jugeable. Les limites exactes de la compréhension ?
I - La mort
L’Être vers la mort - la fuite ou le devancement ?
Transmettre la vie, laisser une œuvre pour accéder
Rapidement à l’extrême ? - Fuir la vie -, les drogues,
L’être vers la mort. L’attente du bon croyant...
Anticiper sur son futur, vouloir savoir, supposer.
Les outils religieux pour supposer. Les expériences para-
Normales. Les témoignages de vie après la vie. Ou
N’être plus rien. Anticiper, spéculer. La certitude
Du mystique. Qu’est-ce qui départage exactement
L’homme de l’homme ? L’athée du croyant ? À quelles
Raisons, deux pensées opposées certifient posséder leur
Vraie vérité ? L’un dit : limite, l’autre dit : éternité.
Est-ce finitude déterminée ? Simple acte biologique ?
Possibilité métaphysique, dimension autre de l’homme ?
II
La fuite. S’éloigner hors de soi. Fuir son squelette.
La crainte, la recherche d’un avenir. La formation,
La préparation à l’inconnu, à l’autre espace. Qui croire ?
La mort. Suis-je à chaque instant menacé ? Est-ce une
Finitude naturelle de la présence de l’Être ? Je
Vis donc je suis là. Serai-je ailleurs ?
La mort :
Preuve du temps. Heidegger écrit : L’Etre-pour-la-mort
Est la médiation indispensable pour passer de la
Temporalité comme structure unitaire des trois dimensions
Du temps à la temporalité comme ouverture de soi à soi
En tant que projet.
Ouverture de soi vers ailleurs,
En tant que projet ? Sera-ce l’au-delà, le néant ?
Le retour, la réincarnation ? La rétrospective ? Le progrès ?
Faut-il aborder le problème de l’immortalité socratique ?
I - L’A-près
La situation réflexive. La vie en boucle. “ Retourne à ”.
L’esprit rapatrié. Encore en bas ? Ce n’est plus : le trou
Mais la possibilité nouvelle au sein de l’existence.
Que disent les Guides ? Les prophètes ? Les hommes de Dieu ?
Sont-ils crédibles, et pourquoi ? La mort éclatante,
Belle, d’espoir, d’avenir, disent-ils. Qu’ai-je à perdre ?
Elle devient système, métamorphose, actions inconnues,
Espaces nouveaux, principes différents. Lesquels ? Lesquels ?
La surprise. Ou l’éternel rejet... Quelle valeur doit-on
Accorder au temps ? Les limites du temps ? L’immortalité !
Le pouvoir d’être constamment. Mais être différent car
Pensant, analysant avec un autre matériel. Le “ Moi ”
Subira des modifications liées à l’espace autre. Au soleil
De la mort, enfin savoir ! Je suis en sursis de curiosité.
II - En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir,
Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir,
Etre-pour-soi. Etre-par-le-monde toutefois.
Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension,
De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures
De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein.
Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de
Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont
Les capacités associées au choix. L’Etre-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique
D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant
La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre,
Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir.
Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
La question même
La transcendance philosophique : à la recherche de la
Vérité. LA VERITE. Conscience du vrai dans
L’édification de la connaissance. Moult disciplines :
Sciences, sciences humaines, sciences appliquées, psychologie,
Etc... La certitude fondamentale avec sujet analysant,
Et hors sujet c’est-à-dire, certitude universelle.
Évidemment, - problèmes avec l’intuition, la sensibilité.
Certains moyens peu fiables mais utiles toutefois. Jamais certains
Totalement.
Quelle est la question même ? C’est la recherche
De la vérité. Les faits psychiques ne sont que des micro-éléments
Propres à la nature du vivant. La psychologie pure pourtant...
Il faudrait du moins s’entendre sur le sens de ce terme.
L’outil que l’homme met à sa disposition pour comprendre,
Déterminer, certifier. Valeur de son outil, donc de son vrai ?
La route
I
Sur le seuil de sa porte, l’enfance et l’adolescence,
La raison cartésienne, le bon sens. Puis les premiers pas
Dans la honte, dans l’audace, dans l’exclusion, - cette
Soif d’écriture, - ce moyen, l’outil poétique. Il avance
Avec le temps, son ennemi, et regarde s’éloigner les amis
D’autrefois d’une Bretagne qui s’efface, s’efface...
Adieu la Nostalgie. Au travail, et sois ! : Tirer,
Extirper, produire avec Rimbaud, Baudelaire,
Valéry, Mallarmé et combien d’autres encore ! Vouloir
Trouver, comprendre et appliquer, - les idées, les formes,
La stylistique, l’accumulation de combinaisons, les choix !
C’est ça : une montagne de situations, d’erreurs, d’entreprises,
Pour se voir autrement, ne jamais accéder à son but.
Salutations et révérences pour finir à tout jamais oublié.
II
Avec de grands poètes, l’instruction dans les anciens,
La pénétration et la recherche des invisibles. Faire et
Défaire, décomposer, analyser, étudier les fréquences
Et trouver. Problèmes de pensées. Imiter, comprendre,
Et appliquer. Que de maladresses ! Que de prétentions !
N’est-ce pas le jeu ? L’amusement cérébral ?
Les premiers
Choix. Les génies, le 17e, le 19e, attentif, pénétrant,
Réfléchi, vouloir comprendre et appliquer.
Le temps :
Déjà, l’ennemi. Comment Lui, Rimbaud, comment Radiguet,
Et Lautréamont ? Comment faire une œuvre de jeunesse qui
Soit de qualité ? Nul rêve, mais travail et rationalité.
Oui, croître : passer de l’obscurité à la réelle lumière,
Accéder à une forme de maturité poétique ou littéraire
Sous la protection des âmes voltigeantes de la Pléiade...
III
Le temps de croître et de mûrir, de changer le mécanisme
Interne d’extractions, d’associations de sons, d’idées,
Et des mots. Intelligence sans préparation, faiblement
Formée qui se dépense dans l’ivresse. Ne point rester
À demeure mais combiner avec autrui. Ce n’est pas
Uniquement un problème de langage mais d’outillage
Cérébral.
Le troubadour de l’artifice, l’employé
Métromaniaque de la feuille de papier. Vainement
S’imposer une sorte d’ordre, d’inspiration poétique ! Uto
Pie ! Aller se disperser, et oublier le chemin de sa
Raison. Non pas entraver l’œuvre ou le travail, mais
L’organiser, l’expulser avec logique et maîtrise.
Obtenir une possible harmonie d’ensemble toutefois,
Et l’habile artisan défera de nombreuses énigmes...
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance
Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche
Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes.
À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit
S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en
Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers
L’inconnu. La consistance de ton Être ?
Penser c’est
Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer.
Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ?
Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ?
L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique
Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’ac-
Tivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
Approches du temps
L’être en dehors du temps, dans l’intemporel.
Définissable par une qualité, le lieu. être et là
“ Je suis ” nulle part, est-ce possible ? Dans cette suite
D’instants ou de positions apparaissent ou
Disparaissent des suites à construire ou élaborées de
Passé ou d’avenir. En dehors de l’observateur. Y a-t-il
Irréversibilité des processus temporels ? C’est affaire de
Connaissance en physique et c’est pour demain ! Le temps en
Dehors de la sensibilité et de l’entendement humain.
Le temps avant la cosmogenèse. Qu’a accumulé l’énergie
Dans le dé à coudre ? Combien de temps cela a-t-il
Demandé ? Comment s’est formé celui qui a accumulé l’énergie ?
C’est encore le problème du Divin. Il manque de dimensions
Pour définir avec conscience vraie les sens du mot “ temps ”
I - Le destin de l’Essence
Le destin de l’Essence dans l’homme : se purifier,
S’élever, croître. Aller au-delà par la dimension
Spirituelle. Il y faut tout d’abord : l’éveil
De la conscience qui s’apparente au doute. “ Si
Tu ne me cherchais pas, tu ne m’aurais pas déjà trouvé ”,
Dit le Fils. “ Y a-t-il quelque chose ? ” Si oui,
Tu me trouveras. Poussé vers un monde inconnu, différent,
Nouveau où les principes et les systèmes de valeurs sont autres.
Nul homme ne peut apporter son expérience, nulle méditation
Ne permet d’éclairer le mystère. L’heure, c’est la mort.
Le lieu, c’est ailleurs. Penser la nouvelle histoire à partir
Du Livre et des pseudo-témoignages non renouvelables, - affaires
De foi. Est-ce l’histoire pour l’autre lieu ? Et quelles
Garanties pour l’Essence si la métamorphose survient ?
II - Acte de foi
Le péril de l’Être - ce qu’il est - ce qu’il a fait. La
Culpabilité, le système de valeurs incompris, autre, nouveau.
Le Livre, permet-il la mise en garde ? Son mode
D’actions est-il compatible avec la vue de l’Être Suprême ?
A-t-il été requis, pensé pour accomplir un dessein ?
La crainte du jugement. Comment se construire dans son vrai
Qui soit le vrai de l’Autre, des autres ?
Quel était l’essentiel ?
Le nécessaire, l’imposé, l’obligatoire ? Comment se mettre
En garde ? Qui est l’avertisseur de la conscience ? Y a-t-il
Suffisance à sa propre lumière ? Que faut-il savoir ?
Est-ce l’élan de curiosité, l’énergie du savoir, qui
Offrira à la conscience le doute ? Car le péril est bien
La disgrâce auprès du Meilleur.
The Key solution était :
La mansuétude et le pardon auprès du Sauveur acte de foi.
La recherche philosophique
Compréhension du monde, de la conscience et du
Rapport entre les choses. Sera-t-elle l’objectivité
De la raison ? Possède-t-elle une visée scientifique ?
Quelle est sa méthode de pénétration ? Elle étudie
Les phénomènes qui sont accessibles à la conscience, elle
Suppute sur les phénomènes inconnus mais possibles.
Valeur de la méthode ? Le vrai de la méthode.
Ce vrai est-il le meilleur ? ... Jusqu’à ce qu’un
Autre vrai lui soit supérieur. Cherche-le. Trouve-le.
L’homme avec l’homme ; l’homme avec la machine ; l’homme
Avec Dieu ; l’homme avec l’aumône divine... certainement ;
Le chien avec l’homme ; le chien savant mais chien toutefois.
Les limites de la science, de la philosophie, de la technique.
Mais, en vérité, y a-t-il un autre choix ? Quelle visée ?
La pensée :
Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe,
N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre
Pensée. Alvéole avec une autre alvéole. Nécessité
De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine
Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller
Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de
L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui,
Autrui dedans, autrui dehors.
Elles s’organisent pour
Former une configuration. Leurs charges indiquent les
Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles,
Etc...
Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme,
Avec machines, puis société, civilisations, - évolution
Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
Le vrai philosophique
Le vrai de la philosophie comme prouvé, démontré,
Explicité avec langage, avec exemples. Vrai dans
Un cas précis. Nulle valeur universelle. Vérité de quartier,
De pays, de civilisation. Peut-être substance, ou
Axiome, ou indécidable.
La philosophie comme
Perception du sensible et non pas pure science de l’exact,
D’où son matériel, son aléatoire, ses autrements. CAD
Une interprétation avec du rationnel, avec de l’irrationnel.
C’est aussi : spéculation audacieuse sans fondement vérifié.
Mais il y a Descartes. Alors Science rigoureuse ? Quel
Crédit accordé à la subjectivité de la conscience ?
Faudra-t-il avancer en possibilités logiques ? Faut-il
Lui donner des règles, des carcans ?
Le vrai serait
Le vrai divin inaccessible à l’intelligence humaine, hélas !
L’audace spéculative
L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître
Possède un nuancier subtil ou contradictoire. Ad-
Met l’embrouillis, le marquant, le saut, le risque.
Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit
D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile !
Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa
Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis
Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller
Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer.
S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique.
Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant.
C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une
Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret
Et du réel pour un dessein de futur accompli.
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être,
Avec points de suspension. Semble sortir. Perception
Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière.
Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà
Audace et prétention que de parler de la sorte. Je
Dirai, à peine perceptible, peut disparaître à tout
Instant.
Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demande-
T-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de
Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante ?
L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté
De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes,
De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de
Défaire du noué.
Étude biochimique du cerveau ? L’intuition
S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la
Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse
Du degré d’utilité, détermination de la valeur.
Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus.
C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non
Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage.
Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire,
Inutile, en perte de temps, de composants, de structures.
La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins
Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière
Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde.
Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine
Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité.
Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
L’un et l’un
Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “ l’être ”.
La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration.
Introspection psychologique, désir absolu de comprendre
Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps,
Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment
Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut
Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre,
“ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là
Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger.
Le langage permet d’articuler les combinaisons,
Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
À quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps
Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant,
Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc
Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ?
Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le
Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment
Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé
Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours
De la dissimulation de la nature.
J’ai besoin d’insister,
De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour
L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est
De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert
Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté
D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
Résonances VI
Acte supérieur
Acte supérieur, activité rejetée, bannie de la masse.
Ce que possède la clé pour comprendre, pénétrer, - pour le-dedans ?
Les poètes eux-mêmes se persiflent, ironisent et s’ignorent.
A ne pas comprendre pas B qui refuse C dont l’École etc…
Pourquoi faire l’effort pour fabriquer l’image quand l’image
Apparaît splendide et belle, onirique, idéale sur l’écran ?
Construisez des clips poétiques - ils seront regardés. L’on
Vous dira ce que l’on en pense …
Ô l’inconnue, pour quelle sérénité,
Pour quelle essence de pureté, toi la méprisée, l’exclue,
Subiras-tu longtemps encore l’humiliation et le rejet ?
Iras-tu t’endormir espérant un autre règne ? Pourtant
Tu fus riche en langage, désireuse de ressources nouvelles,
Audacieuse dans tes volontiers d’aller outre !
Ha ! L’ingratitude
Des hommes, le rejet éternel pour les causes perdues !
La nouvelle inspiratrice
Désire autre chose - sans l’errance - avec la construc-
Tion. La logique, le décisionnel vrai. Assez de cette
Allure de jeune fille éplorée - : une athlète bionique
Courant le 100 mètres haies - avec vitesse et efficacité.
Fille enveloppée dans l’obscurité des dires impossibles,
En luxe et pauvreté d’habits, avec vices ou élégance,
Il faut donc penser une nouvelle inspiratrice, sportive,
Dynamique, agressive, belle, saine et blonde ! Actions !
Ou noire, pourquoi pas ?
Etre-autre-chose de fort, de grand,
De crédible auprès d’autrui - le public méprisant.
Quitter le palais impossible - débordant de pierreries et
De poudres immortelles. Pénétrer dans le stade pour le
Challenge de l’intelligence et de l’audace, des spectateurs
Enthousiastes acclamant et payant pour la prestation !
Conscience et analyse
C’est perdu ! Trop d’écarts, trop d’hommes d’intel-
Ligence supérieure, en synergie d’actions. Que
Pourront les poètes avec leurs petites plaquettes de 30 feuillets !
Trois pets et trois pleurnicheries. “ Tirez-vous, jetez-vous,
Allez voir ailleurs ! ” Et ils y vont ! Mais il n’y a personne.
Qu’eux - qu’eux-mêmes - se repliant, étudiant leur nombril,
Prétendant encore posséder du génie !
Que faire ? Que faire ?
Ne pas critiquer, ne rien dire, mais s’autoproclamer
Comme dans un congrès du parti communiste albanais. Travailler
À temps partiel, le dimanche avec une formation d’instituteur
Ou autre … et prétendre rivaliser avec les exploits de la
NASA, de la Navette, - juger, comprendre le fonctionnement
D’une centrale nucléaire, d’un réacteur de la SMECA. Persifler,
Mépriser et dire : Quel imbécile, il n’a donc rien compris !
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une
Sorte de risque chimique de combinaisons interdites,
Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire
Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé,
Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation
De l’image mentale.
C’est également un outil d’extraction
De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger
Du matériel nouveau par l’apport extérieur.
De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne
Pour élaborer le produit différent.
Recherche d’une
Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer
Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut.
Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort,
Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
L’impossible ailleurs
Etre sans attachement pour apprendre à s’élever,
À sortir hors de sa chair, silhouette impalpable
D’esprit errant.
L’ombre dans le futur exil pour
L’autrement, le différent avec mémoire terrestre toutefois.
Pour quel soleil ? Quelle extase ? Quelles ténèbres ?
Un visage purifié qui m’entraîne, qui m’enveloppe
Et m’aime, et je m’enfuis avec ma vie mentale
À la vitesse du rêve.
J’offre encore cette poésie
Famélique, pleurnicheuse, sans complexité ni profondeur.
Telle est ma punition cérébrale de médiocre né.
Je cherche la blonde sainte, idéale d’extase,
Égérie immortelle, etc…
Qui sait le lieu, le lieu ?
Sans pesanteur, de légèreté déviée. Au seul souci
De s’éterniser pour un impossible ailleurs d’amour peut-être ?
L’inutile
C’était un inutile - une sorte de poète.
Disons un poète - qui reconstitue à sa
Manière l’ensemble des perceptions qu’il reçoit,
Une faible Essence de pensée, sans rigueur,
Qui travaillait avec de simples signes
Cherchant à se comprendre, à se méprendre.
Images stupides de perpétuelle médiocrité !
Il investissait dans de la pauvreté littéraire ! …
Que pouvait-il en espérer ? Le rejet, l’ex-
Clusion d’autrui - le moins-que-rien,
En vérité. Conscient que nul trésor
N’abondait en son âme, certain de l’échec
De son destin d’écrivain-fuyant, allant vers l’ombre,
Vers le néant de soi-même, du fond de l’inconnu.
Les structures métalliques
Des yeux scrutant à l’intérieur,
Repensant de nouveaux espaces,
Le vide, le désert, la construction,
La Nuit - moins la Nuit - le plus clair.
L’Eternel Néant - la volonté d’échafauder,
Structures métalliques invisibles à perte de vue.
Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes,
Je regardais ma face sur ces structures
Qui renvoyaient son image - je glissai
Le long des structures.
Éternellement je recommençais,
Les structures réapparaissaient.
Je repensais le tout avec déformations scientifiques
Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.
Le damné
Très loin - pour la pitié - avec plainte
Echo perturbateur.
Le ciel, je le priais,
- Sa profusion, son omniprésence, mais rien
Et c’était ma Mort.
Oui, éloigné de ma chair
Marbre, cadavre, femmes vues, enterrements,
puis un nouvel automne,
l’annonce d’un désespoir.
Les bornes infinies et la terre palpitante,
et respirant ma fin
l’annonce du chaos pour toujours
Justifiant l’horreur du damné
du condamné à l’éternel rejet.
Le rejet infini
Tu chancelles et chancelles cerveau
Le pourpre du matin cavale
c’est la débauche après la nuit
Sur eux également se déverse la chaux d’hier
La paroi magnétique est froide comme un serpent
Qu’importe ce soleil d’hiver,
Tu saurais en jouir de cette neige claire !
Sur le seuil point d’oiseau
la race des rapaces approche
Détesté des humains, condamné par les Dieux,
persécuté par les morts
à jamais, à jamais !
Dépose ta pierre, dépose encore
Pour qu’elle estime ? dans le rejet infini
La plongée et la crainte
Entendus seul de moi à moi
des mots inutiles pour couvrir une ombre
La pensée comme un écho lointain
se baigne dans l’inutile
Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer
trouver autre chose
Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?
Sous la braise - les mots - le soleil - la braise
Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement
L’ouverture pour le front
Surplomber son immense paroi cérébrale,
craindre de s’y jeter,
de se faire foudroyer par l’éclair
La plongée et la crainte
Activer la mémoire
Activer la mémoire
reconnecter autrement
dériver, trier, jeter, prendre
et supposer ……. supposer
Vivre avec des idées, des métaphores,
des bulles, des reflets, des pourquoi-pas
De l’ocre, de l’argent, du cuivre,
mêlons, fusionnons, recommençons
La rumeur dans la pensée poétique
Le miroir perturbateur
Que vais-je faire réellement avec
ce matériel de mots, d’idées, de verbes ?
Où, jusqu’où puis-je aller ?
Connaîtrai-je mes limites ?
L’Etre/L’étant
L’être, ou la sublimation de l’étant ; l’étant
Ordinaire, jouisseur, sexuel, à la recherche de
L’obésité physique, très MAC DO ; veut faire
De l’argent ; assouvir - expérimenter, exploiter
Planifier, aménager, cherche l’innovation ; l’étant
Néglige l’être, en fait sa part bouddhiste, spi-
Rituelle, appelle Dieu : l’inexistant - craint
La mort, veut la fuir - craint le temps - aime l’auto-
L’être veut s’épanouir dans son essence. Il y a donc
Le bien et le mal, l’être et l’étant. L’homme primaire,
Le primitif, vivant avec ses instincts, et l’esprit supérieur,
Autre, au-delà, cherchant le Lieu, le Fils, le Futur.
L’ombre de l’étant interdit la lumière de l’être,
L’être est la partie pure de l’homme qui veut s’éclairer.
La perception insignifiante
Le besoin d’extraire pour fuir mon néant
Une envolée d’extase une esquisse fébrile
Un faible filament
et cette perception insignifiante
saura-t-elle porter l’écrit nouveau ?
Je m’essaie en toi,
je risque, j’expérimente si le terme est juste
j’attends l’instant satisfaisant
j’associe liberté et force
pour l’exaltation du poème
Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs
Nulle élégance, nul rythme, mais une violence
qui m’obsède pour une verticale
impossible à atteindre - ta verticale !
La belle évaporée
Assoupie, endormie, rêvant encore
un peu de soie divine sur un sofa d’extase
fluide, alanguie, s’étirant, là, oui inachevée,
mais s’étirant encore
sous une lumière lymphatique et pâle
sublime énigme de confusion et de nonchalance
qui semble régner impérialement
Elle conçoit dans son rêve des images claires
qu’elle traverse nue
Elle embrasse des souffles d’orgasmes et va
cueillir des caresses nonchalantes
tremblantes et fuyantes
Je secoue cette masse belle de femme qui tombe
en poussière de songe devant mes yeux ahuris
Femme phosphorescente
Avec l’utilité du Néant
enjambant le cercle clair
elle avance obstinée et sage
pour construire dans le silence
Femme phosphorescente pensante et sexuelle
refusant la faiblesse
suscitant tant d’espoirs
dans la lumière naissante de l’écriture
brillant, éclairant çà et là
quelque ténébreuse recherche
soufflant sur des mots mystérieux et irréels,
dans l’arôme de sa bouche
Je désire son visage transcendé
et me colle à ses lèvres pour extraire le suc
de son savoir et l’exprimer ici
Le diadème d’or
L’image est un résidu insignifiant
le son disparaît dans l’inutile
la raison revient à l’éphémère
le monde poétique se perd dans l’oubli
Nulle possibilité incessante ne pourra les convaincre
Persister, insister toutefois mais la médiocrité demeure
Les noms se perdent dans l’inconnu de moi-même
J’avance péniblement - rien ne s’inscrit
réellement pour développer ton aptitude
Ta figure se fissure, les ans te changent
Et pour quel avenir ? Je te le demande !
Tu cherches avec patience et veux construire
La nuit sera-t-elle explosive, sinistre, détestable,
haïssable ? Y verras-tu briller le diadème d’or ?
Le songe qui pense
Ho ! L’ombre engourdie, sous-jacente, occulte
par la pensée appesantie se tait croulante !
J’offre l’immense brèche vers la mer aérienne,
le poème pousse son souffle dans l’orage créateur.
Là-bas vers d’autres ténèbres ou d’autres références
parmi les mots et la signification des contenus, là-bas.
Nul instant de repos, mais une aptitude à l’éclosion
à la recherche, à la compréhension - à la volonté
de s’émouvoir.
Cette main qui réfléchit est un songe qui pense
dans le mouvement aléatoire de l’inconnu,
dans le déplacement continuel des nuages inventeurs
qui désirent seulement redéfinir les choses, les arranger
les dériver, ou les combiner autrement.
La fille impossible
Je n’ai jamais pu croire même en pleine lumière
Tous ces nocturnes effets n’étaient que chimère
Qui aspiraient le vent de la splendide nuit
Le temps sur le temps accumulait de vaines choses
Les mots devenaient des idéaux d’impossibilités
J’espérais pourtant une sorte d’aurore subliminale
Je créais des obstacles que je chevauchais
Allégrement, la pulsion d’écrire jamais
Ne s’achevait … et j’espérais encore
Cette sorte d’idéale inaccessible peut-être
De beauté poétique bleue ou transparente, superbe
Toutefois - j’allais ivre de foulées légères
Dans la béatitude pour la fille parfaite
Cherchant, cherchant encore sans jamais la trouver.
Semences exaltées
Encore ces semences exaltées pour des espoirs stériles
Alors la plongée dans ses propres torpeurs avec la
Volonté dérisoire peut-être de mieux … enfin …
Et toujours non ! Toujours rien ou peu.
Mais comment ? Comment autrement ?
Des chants, des rêves impétueux qui circulent
Magistralement dans les méandres de l’âme,
Un calme qui se forme, respire et expulse,
Les dernières substances poétiques pures,
Et là, des mains inventives construisent avec du
Délétère des structures cristallines,
Invisibles, inutiles, mais construisent toutefois
Que j’efface que je trace dans un idéal d’espace
Feuille de papier imprégnée de soupçons.
Le grain et le regain
Épître
Je t’offre cette lettre car ton regard éteint
Entame pour nos corps de confuses paroles.
La vaste nonchalance où repose ton sein
N’est plus qu’un jeu douteux quand l’orgasme s’envole.
Et je t’accorde encore les tendresses voulues,
Ces drôleries obscures et ces gestes passés.
Dans cette chevelure exquise qui n’est plus
J’oublie les jouissances anciennes et aimées.
Par cette vérité, je reconnais la bête
Qui dispose d’un corps et non point d’une tête.
Ces désirs sensuels ne sauraient éveiller
Les noires turbulences que ton bas-ventre appelle.
Mais j’ordonne à ton coeur toujours désespéré
L’aventure promise du poète si frêle.
La Grande Armée
Enveloppé de pluie, de contrées, de ressacs
Avec des voix de pierres l’acclamant patiemment
Il retourne affamé, ahuri, sans bivouac.
On dirait un Empire au désastre fuyant...
Il va, il va hagard, la victoire console,
Et ses longs bras coigneux indiquent le chemin.
Les uns désespérés, d’autres suivent et se frôlent.
Qui parle de douleur pour l’Empereur Divin ?
Et plus tard festoyant, buvant dans des tavernes
Un grognard balbutie ce qui brûle ses lèvres
Car il faut du courage pour qu’elles se referment !
C’est détruire une gerbe de couleurs embrassées,
C’est trahir l’harmonie reconnue quoique faible
Et c’est le coeur sanglant de millions de tués !
28 septembre 1978
5 octobre 1997
L’esclave
Qu’est-ce qu’un corps, mon âme ?
Un lieu où la nourriture s’est décomposée ?
Un réservoir étonnant d’amalgames
Ou la somnolence des baisers ?
Bientôt des chairs putrides, peut-être.
Des vers rongeurs travailleront notre angoisse !
Des enveloppes sans queue ni tête
Perpétueront la race !
Ô l’esprit de mes chères pensées !
Cette carapace répugnante
M’empêche de marcher !
Ô l’esclave de mes péchés
Et des envies pressantes,
Que vous m’êtes détestés !
La promptitude
En de chastes études
Tel un loup égaré
La belle promptitude
Semble s’être dressée.
Elle se rit des saccages
Et des langueurs passives.
Elle ausculte dans sa rage
Tant de fureurs promises !
Comme une douceur
Ou un fruit de jouissance
L’expressive est en pleurs.
Dans mes longs bras démis
Aimée pour sa démence
Toujours je l’ai suivie !
La soubrette
Tripotant ses formes molles
La soubrette en pantys du soir
Se frotte et se colle
Au creux de l’entonnoir
Elle caresse ses seins
Dans la voyeuse de glace
Et va et se soutient
De côté et de face
L’index dans l’anus
Elle voit entre ses fesses
La verge dont le prépuce
Bandant à l’extrême
S’étire et se dresse
Et d’un coup … la transperce
3 août 78
Leçon
Nous nous sentîmes chétifs et lâches
Quand l’aquarelle dispensait ses rayons !
D’un fort soupir que l’ouragan lâche
Nous fûmes vous et moi, tremblants et poltrons !
C’était en ces jours heureux où (1) le poudroiement
Dardait pauvrement, la licence de l’homme,
Où la quintessence des écrits alléchants
S’envolait dans l’ondée tortueuse, en somme.
Mais qu’importe ! puisque le Savoir diffusé
Et la parabole encore vraie, enivrante
Entre vos mains divines furent tant aimés !
J’assure que mon regard presque éteint
- La faiblesse de mon doute est apaisante ! -
- En acclamant mon Dieu ne m’y reprendra point.
(1) Barbarisme onctuosité, miroitent,
ondoiement
le poudroiement
Suites/Relances
Quelle folie en soi
Quelle folie en soi d’écriture vaine
À extraire constamment !
Ma bouche roule les mots absurdes
Qu’il me faut associer.
Boursouflée la panse, je deviens
Une immense poubelle où s’entassent
Les déchets de toute une vie.
Je m’emporte dans l’absurde bourbier,
Dans l’inutile où croupissent des tas
De poètes inconnus - jamais lus - jamais.
Et je reste comme eux rempli
D’images aberrantes, enfouies
Dans l’antre de l’oubli que
Seuls les frères acceptent de reconstruire.
I
J’observais au fond du Moi
Ce vocabulaire amorphe
Inapte à s’associer
Pour obtenir des coups heureux
Jamais je ne parviendrais
A l’optimiser
Cette matière douteuse
Détestable et stupide
La faute m’en incombe
D’autres, autrement
Avec leurs réels moyens
Sont parvenus à purifier,
Elever, simplifier, charmer
Et je pense à Jiménez.
II
Sa forme est simplifiée,
Il utilise des mots
Qui enchantent les simples
Mais il n’est pas aisé
Avec du trois fois rien
D’obtenir cet écrit :
Je regarde en tes yeux couler
L’eau de ton cœur,
Transparent ruisseau,
Dont le soleil illumine le fond.
Comme on y sera bien,
La passion de l’été s’y étant apaisée
Sous les fraîches eaux pures
De ton amour !
Le coursier
Coursier fier, galopant
Ta chevelure d’or clair
Et tu sonnes la fière bande
De ton allure, vainqueur
Agile, tu embrasses l’étendue
Ta forme et ta couleur
Prennent de la hauteur
Sur tes reins une femme est nue
Ho ! Les rêves construits par le
Désir, le soupir et l’espoir
Pour le pur exil des Dieux
Te nourrissant de myrrhe invisible
Tu galvanises le vertige beau
Par ton puissant rêve mystérieux
Le porte-parole ensanglanté
De tous côtés les flèches
Invisibles s’enfoncent dans la chair
Et le poète hurle le sang
Et son poison. L’air emporte
Le silence - la portée du cri,
La transmission de la souffrance,
Tout semble se cogner contre
Les voûtes invincibles du ciel.
Que d’abominables hurlements,
Porte-parole des frissons et des larmes
Du tas d’avachis d’humains !
Auront-ils quelque miséricorde
Tous ceux qui nous accordent
La vie comme supplice ?
Le moi dédoublé
Je compterai mes roses
Et je boirai mon sang ;
Le baume détestable
Emplira ma panse de
Poète trahi ; je brûlerai
Mon jardin d’enfance,
Je dilapiderai mes baisers
Et m’enfuirai dans une solitude
Désespérante. Quitter, aller,
S’envoler avec personne,
Oui ce moi dédoublé qui
Toujours me comprend,
Nous deux ensemble sans elle
Sans qui ? Ô luxe de l’ego !
Délices insoupçonnées
Délices insoupçonnées
Légères comme des songes d’enfance
Accompagnées d’envolées lyriques,
La chair s’envole pour son plaisir …
Harmonie musicienne
D’où s’exhale quelque fraîcheur,
La chair s’enivre d’un parfum.
Ô soleil d’écriture,
Veuille obtenir un effet
D’ombre mélodieuse !
Lyre antique, sois essence
Lumineuse vers les cimes
Cristallines et les airs sibyllins !
Immense feu intense
Immense feu intense
Qu’enflamme ma vue
Constamment, et m’interdis
D’y voir, jamais tu ne
T’évanouis ! Moi qui cherche
L’envol clair des caresses,
La perte des sens, la brise
Aérienne de la femme amoureuse,
Qui prétends à l’appel musicien,
Qui me flétris dans l’irréel,
Oui, l’âme se meurt doucement
Doucement, en couronnes d’orgasmes
Pour l’infini des choses
A capter nuitamment.
L’impossible
Un front comme un vaste ciel,
Projection pensée des parois nocturnes,
Plénitudes au plus profond du moi,
Royaume infini cherchant l’harmonie
Avec sens et battements d’ailes
Comme un peuple de cygnes blancs
Pour s’élever vers un idéal supérieur.
Atteindre le faîte de soi-même
Pour épouser la vérité immortelle
Dans le savoir parfait des Dieux !
Et voilà la folie qui tout à coup
S’empare de ma personne ! Voilà
L’insensé dans l’audace prétentieuse
Pleurant encore sur sa nature stupide …
Eloignée
Eloignée, en soi-même
Au moment de la toucher
A l’infini vers moi,
Pourtant tu disparais
Ma bouche cherche un songe
Afin d’y fixer l’oubli ;
Les ombres que tu vois
Chancellent librement dans mon âme.
Je t’offre l’incendie
Nourri de braises claires,
D’idéal purifié
Seuls ou encore à deux
Soleil et lune sexuels,
L’énergie harmonieuse.
Autres limbes
J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes,
Où la confusion cotonneuse rend informe
Tous les objets de la veille. Je glissais
Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie
Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte
De transe imaginative offerte à la raison
Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là,
Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents.
C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit
Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent
Par recomposition et mémoire activée des souvenirs
D’autrefois.
Puis j’entendis douloureusement la voix
Suave du Christ qui m’invitait à le suivre
Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
Bilan
Voilà déjà cinq cents sonnets qui ont été écrits
Parfois de manière satisfaite, parfois avec
Une stylistique douteuse. De nombreux thèmes
Ont pu être abordés, l’amour, la chair, la religion,
Les contradictions de l’âme, les espoirs et les déceptions.
Mallarmé, Rimbaud, Baudelaire, Du Bellay,
Et plus récemment Deguy, Roubaud, Jiménez
Quelques autres encore - que j’ai oubliés, ont participé
Directement ou indirectement à cette vaste production.
Je les en remercie, sans eux ces textes eurent été
Plus faibles encore.
Je suis toujours en selle,
Et j’espère que les années à venir m’offriront la
Possibilité d’obtenir des produits supérieurs,
De qualité élevée, - on peut rêver, n’est-ce pas ?
. Restitution
Offre à ta certitude lassée
Quelque riche excédent d’autrefois
Fané peut-être, bouquet dans une cage étroite,
Possibilité volubile non reconnue.
Prudent poète, producteur de feuillets
Qui amasses encore ce qui semble désuet,
Tu exécutes ton œuvre maudite,
Inutile et hors normes. Excite-toi,
Agis ! Pour qu’une vieille tourterelle
Se frotte contre ta panse éclatante
De rimes, de métaphores ou d’allégories ;
Pour que le roucoulement cérébral propose
Quelques jouissances à l’âme, au cœur,
A l’esprit - c’est ça : récupère et écris.
La compréhension du mystère
C’est le souffle indistinct de la Mort haletante,
Ce sont des frissons de velours feutrés qui soupirent,
C’est le glissement hésitant de l’aveugle qui marche,
Des respirations douceâtres enveloppent ma chair.
Je sens des mouvements me ceindre d’air glacial,
J’écoute attentif pour comprendre ce mystère,
J’offre une oreille tendue, - je veux interpréter
Ces étonnants messages venus de l’au-delà.
Suis-je un intermédiaire ? Car je crois imiter
Cet étonnant mystère de médium dérouté,
Il faut pouvoir comprendre, savoir séparer
L’imaginaire pur d’un possible inconnu,
Se trouver dans le vrai avec la raison et les sens :
Objectivité et audace ? Oui, audace maîtrisée.
Incolore
Incolore, bleu pâle dans l’âme
Avec élans jaillissant clairs,
La voûte cérébrale s’illuminait parfois
Ce soir, c’est un Néant intérieur.
Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles,
J’avance chancelant sur des houles imaginaires,
Je perçois le crissement d’un cristal parfait,
Choses étonnantes difficiles à saisir,
A rendre par l’image en si peu de temps.
Il n’est pas question de se souvenir,
Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté,
La création étant trop pompeuse. Ainsi il
S’élève logiquement pour des strates indéfinies
Construisant encore contre cette voûte cérébrale.
Le diadème d’or
Repenser avec la mémoire dérivée,
Prétendre avec la conscience de l’instant,
Doubler ou tripler le sens des choses,
C’est encore malaxer autrement la matière.
J’entrevois la limite de la résistance, de la
Fatigue, de l’inaptitude à aller outre
Par une sorte d’impuissance cérébrale,
De blocage de don - limite d’homme.
Il faut pourtant constamment se projeter
Dans son espace intérieur et prétendre encore
À la possible plénitude de l’être,
Développer sa propre présence dans des
Méandres insoupçonnés, descendre encore
Au plus lointain, pour en extraire le diadème d’or.
L’architecture imaginaire
Les houles encore là-bas
roulis qui sans cesse ressassent
Pour recommencer encore
le mouvement éternel des flux
Et cet écho perturbateur perdu
dans le sel des choses
Comme un prolongement de la pensée
désire transmettre sa substance
C’est encore une sorte de tracé sonore
avec pureté de cristal et tempêtes
au rythme de l’amertume et de l’oubli
Dans le fracas incessant de la rime,
l’espace se déploie en lignes d’écriture
et semble construire une architecture imaginaire
I
Lumière, resplendis en moi !
Mes yeux sont une torche vivante.
Le foyer de la raison
Constamment veut s’éclairer.
Au-dedans, le bel intérieur
Construit avec des mots de saveur
Et de haine au nom de la poésie.
Derrière le mur, l’ombre.
La tentative, la volonté
D’ajouter, de mieux faire
Et cette clarté en trompe-l’œil :
Lutte qu’opposent lune et soleil,
Elévation et néant, éclat
Et noirceur, espoir et misère.
L’ami, le frère
Des têtes très éloignées
de ton idéal d’écriture,
qui pensent autrement
Une telle richesse
et de telles divergences !
On peut te détester ! …,
t’évincer pour des futilités
… Et tu seras bien seul,
refuser par l’ensemble
Ignoré par l’élite
Tel un pauvre poète oublié
rasant ses tristes murs du canal
Et croisant peut-être la silhouette
chancelante d’un Verlaine aimé
Le public
Rejeter l’aptitude poétique
Comme médiocrité vomie
Par un pédéraste éphèbe
Passion fragile d’homosexualité cérébrale
Le stupide producteur d’images creuses
Ridicule inconnu qui persiste,
Prend des grands airs
S’imagine - un nain réel
Vous êtes à contretemps, à contre-usage,
Comment osez-vous appeler ça de l’art ?
Ne m’intéresse pas, tirez-vous, allez ailleurs.
Autre chose à faire avec mon temps
Et mon argent de réelles conneries, oui.
Finissez dans le Néant la vie, c’est autre chose.
Toute volonté
Toute volonté d’écrire,
Est un emploi dérivé d’autrui.
L’idée de la pensée
Se transforme indéfiniment.
En croisant les pensées,
Les fragments de pensées,
L’on parviendra peut-être
À produire de nouvelles idées.
Nous cherchons à ajouter,
À ajouter sur soi et sur autrui
Dans la certitude infinie
Que le peu sur le peu encore produit.
Est-ce progrès de civilisé
Que de vouloir s’élever ?
L’invasion de mots
Une invasion de mots
Comme des cavaliers blancs
Recouvrant l’espace
Inondant la voûte poétique :
La cervelle est encerclée
De syllabes, de chocs de mots
De paroles, de conflits de syntaxes.
Pour écraser le silence
Dans des batailles tumultueuses
Des hordes pénètrent en lui.
De cette violence aberrante
De résistance et de furies
Explose en gerbes multicolores
Le poème inconnu qui vient de naître.
Les mots
Les mots se sont accrochés
Puis se sont effacés de
Ma voix silencieuse.
La mémoire s’est nourrie de son
Sommeil, la pensée
Consumée dans l’inutile
S’éteint misérablement.
La médiocrité est illimitée
Dans le Néant des images.
Le temps aura trop fait
De vite m’engloutir.
L’éternité écrase l’insignifiant
Et le fait disparaître
Dans le trou noir du vide
Je m’éloigne
Je m’éloigne je m’enfuis
Autre race autrement
J’ai pour espoir le Néant
La palme, la victoire
L’arc-en-ciel désuet
Je l’offre aux littéraires
Les voix discordantes
M’appellent pour l’abîme
J’entends je me prépare
Les échecs, les pertes
La nuit éternelle enflammée
Et cette certitude d’inutilité
De spirales envoûtantes, enivrantes
Et de déchets immortels
I
Tant de poèmes écrits
Dans l’inutile de soi-même
Cherchant toujours une pos
Sibilité avec les mots offerts.
Nul caprice, Nulle folie
d’aventure, mais un système assez
Rigide d’obéissance et d’appartenance.
Une réelle méthode d’investi-
gation personnelle avec logique,
Raison, imitation, production.
N’ai-je fait que de perdre
Mon temps toujours à prétendre
Au songe illusoire, éclairant
Vainement l’obscur désir poétique ?
II
Fluide l’existence, si claire
Et cette ligne infinie sous
Prétexte d’écriture qui me fuit
Et va de toi à Moi. Telle est.
Ce prétexte de produire, pour atteindre.
Rien qui aille ! Et l’on poursuit.
Présence - miroir - papier blanc.
Scruter pour la pénétration interne
En vain, triste habitude morne
D’échéance inutile, soi !
Je m’égare dans la faiblesse
Poétique tâchant d’extraire encore
Des solutions dérisoires et crétines
Invoquant une présence sublime.
Construction architecturée
Construction architecturée sur un socle structuré
Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse
Je t’observe au parfait du Midi !
Ta pensée est mûre, tes tours édifiées.
Ô monument d’éternité,
Quelle beauté de rigueur tu formes !
Elaborée par des siècles d’apprentissage,
Et d’imitation, ta façon
Semble régner dans la quiétude.
Hautaine et debout, crains gloire
De briques, fragile géant, crains
Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur
Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil
Et te réduise à un tas d’immondes poussières.
La quincaillerie insignifiante
Féconde panse aux enfants multiples
Te voilà débordante de cris et de joies !
Peux-tu te prévaloir de la nature
De tes rejetons ? Cette opulence généreuse
Est-elle sœur de la qualité et de la profondeur ?
Qu’en est-il du contenu de ta matrice ?
Te voilà, baignant et baignant encore
Dans les eaux de ton abondance.
Ô Maîtresse de tes propres crues
Sont-ce de précieuses cargaisons
Que tu transportes là ?
Offre donc tous tes trésors brillants et brillants
Qui provoquent le rire des flibustiers
N’y voyant que de la quincaillerie insignifiante !
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos,
Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles
À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches
Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels.
Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement
Des moments de l’activité humaine ?
L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant
Et relevant les images floues, s’octroyant
Un rôle de maître absolu cherchant et décidant.
Le propriétaire de Soi.
Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation,
Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle,
Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
La révélation mystique
La révélation mystique abolit-elle à l’utilité
De l’action philosophique ? L’illuminé, l’éclairé
Est-il entré dans une phase terminale humaine ?
Le mystique sait Dieu mais il n’en connaît pas son
Fondement, ses origines ou sa finalité.
Où Dieu met-il les limites et les suffisances de l’homme ?
Dans quel schéma évolutif prétend-il à une quelconque
Satisfaction ? Quel est le trajet de la pensée ?
Méditations sur le mouvement de l’esprit dans
La volonté du progrès, et recherches de puissance,
De plus, d’ajouts pour comprendre mieux, pour
Savoir autrement, pour tendre vers une forme délé-
vation, - n’est pas une vérité commune
À tous les êtres ?
L’homo desertus
(l’homme du désert)
Waldlichtung, la clairière en forêt ; je
Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace
Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible.
C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel
Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres
Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.
Les horizons du temps et la taille de l’espace,
Ces dimensions universelles y sont également représentées.
L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité
De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer
Du vrai en marchant. Degré de subjectivité
De la conscience ?
Pensée intuitive, pensée
Spéculative - réside déjà la possibilité
De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.
Nuancier de faux
La certitude du faux ; la certitude de son savoir ;
Avec ses faiblesses, ses preuves - ses à-exclure ; à
Mettre au-retrait. Dans l’ombre, dans le fermé.
Constamment vérifié son non-fondement ; sa présence,
À rejeter.
Peut-on offrir un degré dans les différents
“ Faux ” ? Un faux puissant s’élimine, un faux léger
Peut servir, et participe après nettoyage à une avancée
Vers la vérité.
Les différents calculs de, de plus
En plus précis - tendre vers le vrai que l’on n’atteint
Jamais, toutefois.
Dans quelle mesure peut-on exclure
Tout doute ? Déterminer la non-présence comme telle ?
Mutations, évolutions de l’essence du Faux et de
La Vérité par l’accès au Savoir.
Les limites de l’étant
Déterminent les limites de la vérité.
Pièces courtes
Que sa puanteur, que son ombre
Que sa puanteur, que son ombre abondant
En flots clairs, dégagent une torpeur poreuse...
Oh ! Que princières en la dégradante cité
Et libres en leur devoir, elles découvrent
Un mince pistil de gloire ! ...
Que pour les joutes subies en la raison nouvelle,
Un parlement capture ses fruits mûrs et vermeils !
Car j'obtins sur la lie par-delà le drame furtif,
Les rutilements d'une horreur
Et des souffrances pour les râles.
Oh ! Combien monstrueuse dans sa vétusté
Cette orgie maléfique offrit de danses sublimes !
Belles femmes, qu'un seul sourire ranime
Aurons-nous de frêles et verdoyantes pensées ?
Neige d'écume
Les ondes avancées recouvrent
Le mouvement des vagues
Comme un lacet éternel à la poupe des vaisseaux.
Le bruit lointain promu contemple deux êtres
Qu'un naufrage ancien semblait enjamber.
L'instant chimérique sur l'aquarelle des mers
Peint l'immortel aveu puis l'écume pacifique
Resplendit dans les rais, les éclairs.
Vent, houle tapageuse, flot grinçant
L'ancre mouille le sable, les airs.
Sur les rochers miroitent les algues mortes,
Gémit la douleur exquise.
La grâce recommencée, les hurlements successifs,
S'éteignent dans la grandeur de la marée.
Éloignement
Folle aimée qui d'une jouissance
Offre des fruits langoureux,
Oserai-je te parler
Quand résonne ce cœur pluvieux ?
L'enchanteresse s'éloigne
Au plus profond du corps
Elle désire, elle décline
Dans ses cheveux soyeux
Sa délivrance la tord,
Le sommeil est cherché.
La jambe longue, la jambe fine posée sur le bord du lit
S'étale dans un rêve tout imprégné de fleurs.
La pâle, l'amoureuse encore,
Sur le drap bleu s'est endormie.
Baveuses tuileries
Les baveuses tuileries de boulets et d'ivrognes
Et là-bas accoudés sur la cambrure des pôles
Les désinvoltes gels de nos traces passées.
Et le feu des accords prostitués
Pareils aux salubres explosions
Des suffrages anciens.
Mais non ! Car rustique, vibrante c'est son écume
Jetée aux visages fatidiques de la cité.
Quoi ! L'évidence s'éternise (Je revois l'hiver)
Et meurt inlassablement sur les toits dévêtus ?
Oublions l'onde et les dieux et les vierges,
La sinistre envolée compromise par les spectres,
Et nage - être indigne, succombe à la nécessité !
Quatre sangsues, des mages - brisure d'un rêve
Je me souviens, mais femme, n'en parlons plus.
Même rêverie
Dans mon rêve épuré, je discerne ton nom.
Déjà je sais ton chant, ta voix et ta beauté,
Et le regard d'amour qui enroule tes bras.
J'entends frémir mon heure si grave si ténébreuse
Que l'instant et l'histoire encenseront encore.
Et j'embrasse l'enfant, fruit de nos voluptés,
Et je dors lentement à l'ombre de mon ombre.
Je me plais à vêtir les paroles qui fuient.
Patience et sagesse, dévouement et supplice,
Les années passeront comme un souffle inhumain.
Je contemple la vie et l'orgueil de ces transes,
La chaude montée au cœur qui est rose et bleue,
Car j'éprouve en moi-même le désir de survivre
Pour rester allongé presque mort en nous deux.
Immolée sur les plaies
Immolée sur les plaies sanguinaires des suicides,
Soulevée par la pure vengeance des Dieux marins
Dans sa candeur, violée aux furies de ses eaux
Même dans la bravoure, la vague rejette l'épave.
Mais affreuse et tremblante presque morte déjà ivre
Dans les excès de fièvre sous l'ardeur de l'été
Transparente parfois mais libre sur les mers
Ô Beauté vénérée derrière les larges terres
Mon âme désinvolte, accablée de remords
Quand sur toi le malheur, repose, que faut-il faire ?
Alors vers quels plaisirs dans l'univers fangeux
Faiblesse de conquêtes, ô sœur de l'infini
Détourner de ce joug, l'impossible grandeur ?
Règne, siècle, frayeur ! Âme promise, que faire ?
Ne veux-tu pas, mon âme
Ne veux-tu pas, mon âme, sur la couche béante
Comme un désir sans fin activer mon ardeur,
Respirer contre moi la sensation latente
Dont disposent la nuit les raretés du cœur ?
Dehors, tout est sinistre. Tout arbre semble mort,
La nuit enveloppée est noire et insipide ;
Si ce n'était la brise tourmentée par ce vide,
Tout le peuple agonise et la foule s'endort.
Je n'aime point courir sur les murs de la ville,
Aspect trop délabré des cités reconstruites.
Le ventre s'y resserre à chaque instant fébrile !
Reste là dans mes bras. Oublions les douleurs
Qui couvrant nos orgasmes maintes fois avortés
Rappellent au masque noir la marque des splendeurs.
Dialogue nocturne
Si je change ? Qui me fuit pour un sourire divin ?
On me frappe. Le subtil se confond sur les joues...
Suprême dédicace au parfum défendu, - l'Ange !
Habits de beauté et marches vieillissantes, Lui !
Pourquoi en son nom languir sur folies ? Ne sais.
Puis il répète : je ne suis que ce que tu es !
Et jamais l’immortel ne hantera mes nuits.
Étrange bête et maléfice, noble ennemi,
Tes paroles étonnent les plis de mon front. Tu ris ?
Tu sondes mon esprit pour le péché véniel...
Suppose l'innocence et descends en Moi. Quoi !
Les voix sont obscurcies pour ce regard sauvage ?
Si, tu changes. Qui te fuit pour un sourire divin ?
Bravoure d'une croyance
Bravoure d'une croyance, tu jettes tes falots !
Mais que puis-je inventer aux succès de l'histoire ?
Des ruines, précipices toujours offensés.
Entends le premier vol exploser au miroir !
Oui, soumis au reflet de son incertitude,
Il tire le holà de ses fraîcheurs antiques ! ...
Et les hordes fourbues ? Le pendant moribond ?
Des traces qui ondulent sur des transes d'hier...
Longtemps l'exil au point du jour fut résolu.
Les cohortes traînantes accueillent mon exil.
Encore de la nuance, - aigles, mages crispés,
Si le venin à la raison cherche à souffrir,
Deviendra-t-il le saint sous le vent engouffré
Qui tordra le suaire de son trône accablé ?
Les cors sonnent
Les cors sonnent
Au creux des accords
Car l'été bourdonne
Ses lointains sémaphores.
Aux prés explosés
Pour l'éternité
Des luxes affamés.
Tu persifles encore ?
Écoute l'assemblée
Cinglant ses huées ! ...
Bath ! Vraiment c'est terrible !
Le peuple est méchant
Avale les penchants
Et les criées torrides !
Vision divine
En guise de croyance, une Force à adorer.
L'Etre de Lumière qui ordonne.
Le flux de l'amour et le tourbillon lumineux
Immuables dans toute leur sérénité.
Vif et semble renaître à chaque instant,
L’Être s'éclaire de ses pensées.
Les ondes soufflées de vie à ma face.
Vent de joie inépuisable qui s'accélère.
Parfaite éternité, souveraineté divine.
Le raisonnement vif comme l'éclair :
Les images de mon enfance filent, sont lues.
Dieu : "Retourne d'où tu t'en viens."
Le passage dans le tunnel étroit. Retour.
L'immense faiblesse pour réintégrer son corps.
Ids ( Idées )
Toutes les peines reçues en plein front, toutes !
Et les cordes pour resserrer le cœur, les cordes !
Des vérités mêlées à de superbes mensonges :
Les voix grincent dans mon crâne.
Le spectacle du maudit peut commencer.
La solitude tourmente les pauvres âmes.
- Enfin, j'ai cru entendre distinctement.
L'envoûtement est spectaculaire,
Sache le désarroi, sale nègre !
La pensée se met en éveil,
Ils bondissent nus et s'agrippent aux hanches.
Des frissons éternels puis leurs rires sournois !
Ils avancent dans les rêves qu'ils revêtent !
Lavage de la cervelle et maléfices affreux.
Amours enivrées
Invite les solstices d'or submergés
Pour haïr les latrines puantes,
Et les clystères en feu odorant
Auront tôt fait les distingués !
Les fiords nacreux des alcooliques
Suspendent déjà les chimériques
Pensées des trônes renversants.
L'auréole des saints ainsi saillie
Et mise dans les rencards étroits
Butte contre les empires vomis.
Lorsque le lieu rêvé qu'ils déclarent
Jouit du solide emploi,
C'est la bouche aimée du soir
Qui rit et rote parfois !
Ombres qui blanchissent
Ombres qui blanchissent le deuil
De voilures obscures,
Et souffles transparents dans les
Noirceurs de la vie.
Les stridents crépitements d'un
Feu jamais éteint,
Et les chaleurs refroidies sous
Les claies de l'hiver.
Valeurs innées pour l'alchimique nature.
Vrai, des chocs sous des sommeils de pluies.
L'heure puis l'orage indéterminés :
Miroirs de paraboles lentement dressées.
Tu longes les murs et les charpentes de bois,
Plus loin l'apparition du fer et de l'acier.
Mue
Limon posé sur les cendres de mes pères,
Le cri de l'homme sous les masses de la terre.
Tu gardes l'enchantement pour l'écho.
Un grabat de pierres maudit
L'effigie de son Prince.
Je détruis la valeur et l'estime des bourreaux.
Poussif démantèlement, clairon de chocs
Contre les cathédrales dont les fondements
Nagent dans les bras de la cité.
Les violons crispent l'archet,
La crécelle mugit dans ses cérémonies
Et vante un liquide jaunâtre
Expulsé en saccades honteuses.
L'eau retourne au limon.
Chanson
Les masses d'épines affaiblissent mon corps
Car je suis mort
Le sang a moussé dans mes veines
Fi de ma peine
Un flot de déchets et de rejets
Pleut de la boue
Des larmes sur les joues
Des vents tournent dans le coeur
Inépuisable peur
La rose s'épanouit vers les cimes et les œillets
Embaument les feu follets
Les airs lyriques et les musiques les cors et les cymbales
Les tourbillons de mes violons
Et ma harpe, je m'échappe à reculons.
Exploit désuni
Exploit désuni, c'est septembre
Glacé et impotent, crieur et maniaque.
Les fautes portées puis écrasées
Sous les casques des chevaliers.
On transpose le mal dans les mansardes.
Tu pleures !
Oeuvre, libations, crédule le rêveur,
Et demain pour ta rengaine, l'enjeu !
Ignobles détracteurs des vieilleries moqueuses !
J'ordonne le pardon. Qui parle de guerres ?
L'ombre décline par-delà les commentaires ailés.
Justifie les charniers de la bêtise humaine,
Et de la grave trahison, réinvente le talisman.
La course est perdue !
Musique
Spectacle, car violons et arpèges
Grinçaient de nobles accords
À l'instant divin,
Quand le soleil est prêt à se lever,
Quand la blancheur résiste encore.
Des envolées sublimes
Montées à l'assaut des empires et des ciels
Soufflaient leurs cascades de monstres.
Ils sont encore mouvements inconnus
Que le compositeur pose sur ses oreilles !
Pour quelques notes funèbres,
Qui enchante les tourments de nos remords ?
Est-ce vous Brahms qui encensez toujours,
Qui régalez le mort ? Est-ce toi, mon imagination fertile ?
L’ambivalence aiguë
L’ambivalence aiguë de certains phénomènes
La carence étroite de l’expression humaine
Se rient passablement
Sournoisement
De l’homme qui sommeille.
Qui se souvient de la fameuse protectrice
Criant un soir ou l’autre
L’absolue bêtise de nos cinq sens ?
La justice n’est qu’ignorance,
La vérité, un pas vers la connaissance.
Je sais quelque philosophie
Quelques axiomes incompris
Et l’espoir qui travaille
Les pensées de la vie.
Elle coule dans le sang
Elle coule dans le sang au plus profond du cœur.
Sa folie dit : Amour !
Et j’ai vu le flambeau ardent de son honneur
Projeter l’or superbe dans le feu des parures.
Ce sont des diamants ! Délicatesse extrême !
Mais sa démarche est souple ! ...
J’incline un dernier chant. Le corps est retenu.
Là repose la grâce, c’est le métier d’antan.
Et la sublime extase
Divague dans les nuages
Et s’abandonne au vent.
Oh ! L’énergie fertile sous les profondes eaux
Refoule le pur nectar et le cristal de l’onde
Dans l’âme dévoilée de sa sueur amère !
Des tornades démentielles
Des tornades démentielles plus fortes que l’espérance
Ont déchiré mon ciel. Que je meure maintenant,
Moi, poltron condamné !
Et des anges enragés plus puissants que le feu !
Elle, ma persévérance a voulu s’opposer
Plus rare qu’un drame amer !
Ouragans et cyclones, ignobles cataclysmes !
Quelles luttes, ô mon Dieu ?
Ces atroces batailles ! …Ô forces invisibles !
J’ai quémandé les saints et j’ai prié encore.
Et nul pour me répondre. Le ventre dans la terre,
Je suppliais toujours. Il n’y eut que ma voix !
Je me suis effondré.
J’ai crié mon espoir et j’ai crié ma peur.
Toi, mon sol rocailleux
Toi, mon sol rocailleux, te voilà bien fertile !
Petite graine infime, ô toi qui te vautrais
Dans la source limpide ! Te voilà à présent
Arbuste dérisoire !
Pour qui sont ces doux fruits qui coulent dans la bouche ?
Ô la sève divine nourrissant l’innocent !
Mais à qui est mon âme ? À qui cette puissance ?
Cette force sublime explose dans mon cœur ! ...
Pulsions, explosions !
Délices de la plume ! Parlez, Seigneur, parlez !
Espérons une attente dans les bras du meilleur !
Danse inquiétante ! Qui régira mon âme ?
L’insouciance bornée ou l’horreur de ce traître ?
Qui m’aime, me comprend ? Et brille dans mon être ?
Souvenances
…Dans l’accalmie lointaine des pierres
L’or de ses cheveux embrasse mon soupir
Comme un vent léger qui gonfle la charnière
Et revêt de ciguë tout un noble désir.
L’aube moussait des rayons d’argent,
Sur ces feux le soleil bravait l’horizon.
Des rires d’enfant accompagnaient nos râles,
Nos regards languissaient dans nos yeux éperdus
Et toi jeune comme la rosée, belle comme une femme
Tu poussais d’adorables cris ailés par instants.
Au risque de se perdre, nous regagnâmes le chemin
Le vieux carrosse attendait le retour
Dans le siège usé tu me reparleras d’amour
Et j’exultais encore dans la douceur du matin.
Autre désir
Telle je la vis, trébuchant d’un oeil niais
Sur sa lecture facile.
Mon ventre sécréta d’incroyables tourments,
Associant aux durs mensonges
Toute l’âpre pureté de mes dires !
Alors dans sa bouche inerte, j’écrivis l’amour
Et le reste de mes notes s’envola sur ses eaux ;
J’inventai d’adorables théorèmes
Où la puissance maîtrise les grands peuples,
Où la feuille embuée d’esprits clairs
Détruit enfin le gras brouillard
Et entre deux chemises, l’âme enfin libérée
Elle remercia le fort silence,
Et le poète tant aimé !
Prière et chanson
Car Dieu, si ton amour séduit tout amalgame
Si toutes les pâleurs s’accordent dans la lie
Si toi, plus fort que le Démon,
Tu vas et t’en retournes sur ton lit de roses
Alors, étonnant Seigneur, je ne suis plus :
Je n’aime que l’amour, son sein et ses formes
Sa douce protubérance, son sexe et son dos
Je n’aime que l’amour où tout ventre se veut câlin
Où tout coeur appelle l’amour ;
Je ne veux que l’amour, l’amour et pour toujours,
L’amour et encore et l’amour et toujours.
Je veux son corps Seigneur,
Son corps humblement.
Son corps Seigneur, son corps... Pour toujours !
Alexandra
J’ai vu s’épanouir
La femme aux douceurs tamisées
J’ai vu son sein promettre
Une fois, pour toujours,
La caresse des adorables péchés !
Elle parlait comme les statues,
Les statues qui vont en chantant
Qui vont comme les profondes inconnues
Humer la nuit de nos rêves d’antan
Elles se confondent dans la poussière
Et dans les astres de l’amour
Elles s’en viennent, comme des images
Et pour cela, Seigneur,
Ne les frappe pas de ton impitoyable retour !
L’enfant
Dans l’onde écarlate, un talisman rougeoie
Et sa source baignée de marbre
Chavire vers les dernières nuances
Enrubannées de bleu.
Comme un vent d’embellie,
La douceur de son souffle
A soulevé l’enfance ignorante et heureuse.
Sous ce soleil constellé de perles blanches
Puise de cette eau que le vagabond boit.
La nature active ses purs copeaux
La douceur de sa voix berce d’un son mélodieux
Les agissements des Dieux. Va, enfant
Car le bien résonne dans ton âme
Et le péché s’en sera que plus léger.
Sous un saule éduqué
Sous un saule éduqué
La croyance des baisers
Les suffrages anoblis, l’amitié aussi.
Pareils à une voix nouvelle
Aux prairies éclairées d’étincelles
De sabotiers vont, hargneux, passants
Expulser la greffe sournoise.
Des chevaux au crin bien fait
À la croupe avantageuse
Récoltent les mots.
Pour d’autres faiblesses,
Pour des talents égarés,
Adieu les promesses
Des champs de l’été !
La souffrance
La souffrance comporte toute cette multitude de chocs
Et va à l’agonie dans ses richesses neuves
Comme un spectacle affreux. Elle encense et s’accoutume
Au gré de ce délice étonnant, à de stériles saveurs.
À toi, les débordants, les seaux et les grèves !
À vous, immaculées, les richesses de ses yeux !
Et lui, dans ce savant mélange se tord de lassitudes...
D’un bond, l’éclipse disparaît et rejoint les autres pôles
Et les serviteurs, hilares et douteux, s’empoignent
À l’ombre de ce tumulte. Bêtes égarées, mal éteint !
Ha ! La dégénérescence, l’audace et son monde ! Allégé
Dans un sacrifice mortuaire, Il tourne vos regards de pierre !
La course, honteuse détourne le silence, et de la mer
Fille des tempêtes et des râles, Il acclame la destinée prochaine.
Les cernes de la fatigue
Les cernes de la fatigue éclaboussaient ton regard.
Le jeu en termes archaïques proposait les nuisances d’un soupir.
Et j’allais - car la tournure était désirée - transporter
Les ondulations primaires. Et j’allais dans cette course immortelle
Suspendre ce ravage ténébreux, - ce plissement éteint.
Le Musée se gardait d’un extrême à l’autre,
Et parmi cette somnolence qu’un Dieu avait fécondée
Les étincelles de la nuit illuminaient mon visage.
Le doute plus fort encore s’emplissait. Les funèbres pensées
Édifiaient des spectres en délire avec morcellement de doutes !
Les gravures exposaient des casques fumants
Et des parties vacantes illuminaient les nuages d’un tableau.
Cette puissance montait, périssait par les pentes de la justice
Et les constellations s’enhardissaient jour après jour.
Corpus Hypercubicus
Le ciel était brumeux, mais resplendissait d’aise.
Le marron s’accouplait à de pâles couleurs.
Des jaunes étonnants plus profonds que la braise
Firent naître tout au fond du pastel les contours de sa blondeur.
Vêtue de broderies, elle éclatait dans l’ombre.
Son immense douleur lui donnait la grandeur
De la Vierge éplorée, - je ne sais quelle splendeur !
Les yeux fixés au ciel, elle voit l’infortuné,
Un Christ cloué sur les cubes de mon songe
Et la pureté extrême où son regard le plonge
Semblait divine encore aux yeux contemplateurs !
S’étendre dans l’ombre de son ombre ! Grandie
Par la puissance bénie, l’extase s’éprend
De sombres couleurs pour un Christ radieux, mais jauni !
Fantaisie d’un soir
Dans cet adorable corsage,
Deux mamelles terrifiantes
Vous parlent de breuvage.
Elles exhibent des rouges bien dressés
À la langue hardie ou à la lèvre assoiffée.
Elles portent leur désir
Sur vos yeux dévastateurs,
Elles parlent de douceurs et de plaisirs
Tout en vous montrant
Les puissantes rondeurs.
Je poserai ma main, mon coeur et mon cou
Sur votre sein, magnifique nourricière
S’écrie le subtil bébé
Dont le vice est de n’être qu’affamé.
Amertume et stances
Puisque l’amertume se confond en silence,
Puisque se volatilisent les dernières stances de l’esprit...
Comme un grand vent offrait son embellie
Nous décidâmes la basse réalité et moi
D’aller cueillir en ces rêves infinis
Les sublimes fraîcheurs d’une exaltante loi.
Les blondes beautés parsemées çà et là
Sur d’étonnantes voluptés nuptiales comme éperdues
Dans la mousse du doute en frissonnant ranimaient mon frêle espoir...
Je m’imagine allégé d’horribles souffrances.
Puisqu’un dieu malsain gravite en mon espace
J’invente la mort réelle - privilège de
L’être purifié qui peut pour l’élévation de son âme
S’engouffrer dans le couloir étroit de son regard !
Quelle pluie
Quelle est cette pluie qui doucement s’écoule
Sur le toit dévasté, hors de toute grandeur ?
Le temps va et gesticule dans les relents de la vie,
Le temps éloigne mon coeur des nobles agonies.
Dormeuse de mes songes, quand la mort remplira
Cette cage de morceaux abjects, quand le sort,
Horrible sans pardon balayera nos charmes d’Antan,
Alors, peut-être sous quelque contrée idéale,
La féconde imagination ranimera nos corps,
Et la braise ardente brûlera notre prochaine vigueur.
Ô dormeuse, taisons l’affreux supplice,
Ses cris démentiels et ses vastes calomnies,
Taisons, amour sublime, belle complice
L’angoisse terrible qui s’éprend de notre vie !
Interrogation
L’ignorance brûle le coeur
Comme un péché ardent.
Comprendre son divin,
Est-ce leurre en ce bas monde ?
Non, l’espoir peut-être !
Est-ce quintessence d’un savant présage ?
Allah, Dieu, Force, réponds-moi.
Où serait le bonheur sans effort ?
Sans grâce sublime, sans quelques maux ?
Éternité, entends-tu ? E TER NI TE !
Supposer une pseudo-sagesse
Est audace d’insensé !
Mais fuir cette pseudo-sagesse
Est sagesse, n’est-ce pas ?
Paysage dérivé
Quand dardent les rayons sur le sol montagneux,
Et que de tous côtés des nuées fastidieuses
Arrachent au lys du temps une sève tremblante,
Je me plais à rêver d’astres lustrés
De farandoles inertes qui frôlent des frissons
De tous les saints hors de leur enveloppe charnelle.
Et j’échappe malgré moi, dans un sourire narquois
Aux ultimes facéties d’un peuple en délire
Où le jasmin unit ses maigres fadeurs
Où le dernier torrent rattrape son troupeau.
Puis des cris de dépravé me ramènent à la fraîcheur
- Je reste calmement dans la lourde atmosphère ténébreuse.
Le rêve s’efface petit à petit
Le cauchemar réapparaît avec la nuit.
Ô cent mille agneaux
Ô cent mille agneaux
Filant la laine étrange
Du sol gras la posant sur leur dos.
Polissant leurs fronts rouges
De vingt-quatre tourmentes
Les bergers sillonnent
Les routes blanches.
Y a-t-il la source pure
Bourrée de noirs excréments ?
Et taches ! Et taches !
Mortes dans les vils sacrements !
Les loups en deuil fuient
Les torses velus des brebis sanglantes,
Et nourrices et règles de la soif ! Amen !
Momie d'ébène
Momie d'ébène
Stigmates de quatre mille ans
Masque d'ivoire
Pour mes yeux étincelants
D'or de diamants
De pierreries bizarres,
Tu revis,
Tu te lèves,
Tu déplaces le sarcophage
Tu t'avances mécaniquement.
Ma muse aux seins glacés
Souris un peu
J'ai tant de craintes dans ces pyramides,
Temple de la mort absolue !
Dormeurs ailés
Dormeurs ailés,
N'accablez pas le jeune poète
Qui fond en rêve de neige sur des empreintes
Oubliées et invisibles.
Sa candeur déjà est admirée
Au soleil bourré de faisceaux étranges,
Rayons de haine des mauvais anges ! ...
Fumées exquises et enflammées,
Voilà je souffre sur mes brouillards envolés !
Déjà vous me comprenez !
Mon architecture enfantine
S'écroule sous les ricanements de la jeunesse !
Je construirai le théâtre de cire,
Le cirque où le rire est de pierre,
Maison de bonheur pour la postérité ! ...
Alangui dans ma fange
Alangui dans ma fange, sublime aux élixirs,
Je parfume le corps des superbes déesses.
Avec trois cris d'aveux de mort et de souffrance,
J'élève l'insoumis hors de l'insouciance...
Pardonnez ces fruits secs sans jus, sans jouissance,
Je fais ce que je peux, le poète est petit.
Critiquez, critiquez, il vous croit c'est sa chance
Il se trompe parfois, sa vie n'a pas de prix.
Vous êtes lassé de ce monde que je propose,
Vaine inspiration et attaques superbes.
Oui, je suis fatigué, cela est peu de chose.
Et c'est ma faute, hélas ! Mon Dieu m'a oublié
Mon divin, aidez-moi, je ne suis qu'un poète
Mes ardeurs sont en cire, mon sexe est replié.
Au ciel, les yeux levés
Au ciel, les yeux levés, je demande la grâce.
Je veux la liberté, liberté, où es-tu ?
La Mort avec ses proies ! La Mort et ses rapaces !
Pourtant je le sais bien que des oiseaux hagards
Planent virilement au-dessus des humains,
Que les races et les vols annoncent leurs espoirs.
Je suis seul et je crie, nul ne me tend la main.
Et là-bas, dans les airs, c'est un autre mélange ;
Je t'aime, ma beauté, je t'aime mon amant.
Nous saurons nous unir, nous ferons beau ménage.
Attends le beau poète, danseuse aux seins charmants.
Que dis-tu, Isabelle, douce fille au cul blanc ?
Veux-tu chérir encore l'horrible personnage
Qui se rit bien de toi sous ses gémissements ?
C'est la voix de la femme
C'est la voix de la femme qui a chanté la guerre :
Je condamne l'exil et l'oubli de la chair.
Je sillonne les airs dans mon ivresse, hélas !
Je ne veux pas de voiles ni de blancheurs qui dansent
Ni cet écho céleste ni l'oubli de l'azur.
Qu'ai-je à perdre sinon le hasard et la chance
Des espoirs pour la belle éloignée frêle et pure ?
Ô fantômes gazés qu'en ma nuit je dispose
D'un éclair d'évidence sous ma mémoire sourde,
Pourront-ils resplendir pour un meilleur promis ?
Je me sens observer par la mort qui me juge
Qui tire les flambeaux des poitrines enflammées.
Moi, air pur, je voltige parmi les oiseaux ivres
Mais je meurs résidu d'un aileron brûlé !
Le primesautier
J'ai volé sept fois l'orange de puberté
Au secours mes douleurs, mes femmes et mon élite
Approchez vendez-moi, je suis hermaphrodite
Voici trois francs de sang et mon fruit est payé.
Mon sexe consume encore ses souffrances latentes
Pendez-vous à mon cou, cacherez-vous vos seins
Car l'envie me démange
La nature est cigale, elle chante mon besoin.
Une souris trottine dans la chambre à coucher
Grignote ô la souris, le sexe est fatigué
Guili, guili, guili, le gland est chatouillé.
Explose, ô le bouchon de champagne bouché
Car vin mousseux et sperme nouveau sont tirés
Bois donc petite fille au goulot des léchées.
Roulis de sperme
Roulis de sperme entre ses cuisses possessives
Perversion du mal des femmes en chaleur,
La flamme de l’ardeur s’est éteinte dans ton coeur,
Tu meurs de jouissance, o ma sublime ingrate !
Fesses, rebondissez en gloussements stériles !
Écartez les soupirs timides et languissants !
Jetez vos formes dans les souffrances fébriles !
Unissez le vice à vos charnels mouvements !
Et quand bien assombries par la pâleur clémente
S’échapperont de vos bouches des rumeurs félines,
Humiliées, honteuses cachant votre pudeur
Dans le drap bleu et rose, vous pleurerez de gène
Ô beautés aux fesses écrasées, frappées,
Laissant échapper le venin du sperme refroidi !
Red Brain
Intelligence, au marteau et à la pioche
Travaille cerveau alourdi d’ignorance,
Oui, unissez-vous dans le même combat !
Ma mémoire a conquis les fronts des vengeances,
Dans ses haines froides elle a terrorisé l’ennemi
Il ne reste que des feux de bataille
Et les drapeaux sont détruits.
Le tombeau est une terre farouche
Où les cendres des morts vivants vivent encore
Et s’activent malignement sur les jambes du Christ
La Mort pince les omoplates et les seins allaitant.
Sur mon ventre, grouillez vermines puantes.
Dans mes déchets harmonieux
Le ver roule et se délecte de mets.
Interrogation
Ne veux-tu point, chère âme,
Sevrer ton exquise insouciance
À l'élixir de la vie ?
Oublier le savoir
De la mort éternelle
Sur l'enfance qui s'enfuit ?
Je me nourrirai
Des excréments les plus purs,
À la Lumière qui me poursuit.
J'étalerai mes noirceurs
Dans les puanteurs du Mal,
Je tacherai ton noble corps
De laideurs inouïes.
Ne veux-tu point, chère âme ?
Plaies immondes
Plaies immondes gavées de pus
Déchets verdâtres
Roulant sur les chairs
Roses et pures,
Je préfère
L'odeur puante
Des règles rougeâtres !
Je préfère
Leurs bouches ouvertes
Saignant leurs coulées d'orgueil !
Ô gouttes, liquide d'amour,
Je vous propose ma langue
Et longtemps j'irai lécher
Les lèvres de vos sexes ébahis.
Magiciens de la rime
Magiciens de la rime,
J'ai profité de vous, je l'avoue.
Tous vos chiffres cachés, invisibles,
Je les ai imités.
Mauvais copieur,
À L'école des génies :
Pour l'enfance imbécile,
L'étude est revêche !
Innocence s'oppose à connaissance,
Et naïveté à savoir.
J'ai compté comme Le Petit Poucet
Les syllabes
De poèmes immortels
Sur les cinq doigts de la main.
Simulacres de plaisir
Simulacres de plaisir
Je l'entends geindre ses soupirs
Effleurés par sa bouche
Qui me cherche et m'aspire.
Je te donnerai longtemps
Le baiser de l'amant enivré
Par les salives et les parfums
De tes lèvres retroussées.
La noire dentelle de ton jupon
Est un lieu sombre sans espoir.
J'enfoncerai mes ongles mouillés
Dans ta vaste chevelure
Pour changer ce pluvieux printemps
En une gerbe multicolore d'été.
Riant si clair
Riant si clair à la lune
Drapée blanche
Ou de mousselines apparue
Fille à la jambe jaune
Voltigeant à la joie de la danse
Comme si Prince vu
Dans l'ombre du rêve imaginaire
Soufflé par le soupir de la brise.
Puis toi glissant hors de tes habits
Et nue et rose aux fesses d'un tracé joli.
Courbée et gracieuse
Par le corps qui s'anime
Mais lui dans la secousse du sommeil
Te tue dans le rêve enfoui.
Absence d'espace
Absence d'espace,
L'envoûtement est encombré
Toujours de sombres morts.
L'ombre secoue son sort
Dans les néants des cathédrales
Et ses catacombes sordides
Accablées de noirs cadavres
Dansent à la gloire de Satan.
Encombrez-moi ombres funestes
De vos sales maléfices !
Possédez-moi spectres et ogresses
Dans ces nuits de sacrifices !
Je chanterai l'horreur du Noir,
Je hurlerai le plaisir du crime.
Ta beauté
Ta beauté a vingt ans
Et je l’implore
En suppliant
Ton corps a désiré
Mes larmes belles
Pour te prier
Dans le feu de l’enfer
J’invite mes fantasmes
Pour faire jouir
Tous tes orgasmes
Dans les cris de la guerre
J’implore ton Dieu d’aimer
Nos corps
Et d’abolir les cruautés.
Ombre d'or
Ombre d'or, délire d'extase
Au feu bleu qui s'embrase,
Meurent nos amours topaze.
L'âme belle rêve d'exil
Du coeur blême
Qui toujours sème
Pour son sublime.
Sombre mort
Soupir de femme
La fleur feue s'évade,
Pleure et s'enflamme.
Larmes, douleurs subtiles
Fiels ou malheurs
La foi décline dans sa stupeur.
La pureté et le venin
Je ne puis concevoir,
Les monstruosités
Qui ont accablé
Mas vastes douleurs internes.
Dieu, saura-t-il enfin
L’horreur de l’envoûtement
Qu’impuissant et stérile
Je ne pouvais chasser ?
Ô mélange divin, comment oser confondre
La pureté et le venin
Dans les cieux blancs et sombres ?
Je demande à savoir sous la nuit
De clarté pourquoi l’esprit ailé
Dans le mal a pu se morfondre !
Il n’y a pas Suites/Relances II
Il n'y a pas d'échange, il y a prélèvement,
Volonté de capter, d'extraire, de fusionner
Et de faire voltiger le sac de vocabulaire.
Je ne trouve rien en moi à offrir d'utile.
Je lutte misérablement contre l'ombre de moi-même.
Il prétend régner, il est sur un socle chimérique.
La réalité de ma médiocrité me harcèle.
JE ME HAI-Me subissant la passion
D'une fleur flamboyante. La volonté demeure.
Le ventre arrache encore quelques vieux hurlements,
Faiblesse lancinante qui crie stupidement.
J'accuse encore le vieux Narcisse au blanc miroir
Toi, toi, qui donc aimes-tu? Honte écœurante
D'un édenté pourri, ridé se contemplant encore!
Dans le ciel cloué
Dans le ciel cloué le noir d'un nuage
La violence marquée au plus haut
Je vole sur l'aquarelle haineuse
J'invente un fantôme chargé de mensonges
Tout à coup ce roulis d'ivresse, ce souffle bas
Fort, accablant toute pensée.
J'associe avec
Rudesse, avec vigueur la ferveur de ce flot
D'écriture. Ce qui est caché, bien en dessous
Semble émerger, monter, jaillir tel un geyser d'eau
Lumineuse ou phosphorescente.
Mes paupières
Des lancées claires sur un brouillard sombre.
Est-ce de l'énergie mentale? Une autre forme
D'activité intellectuelle qui façonne ou organise
Le poème à obtenir? L'obtention est celle-là.
La nuit noire
La nuit noire, mauve et bleue, le regard
Cherche en lui quelque quiétude aérienne.
L'invasion des nuages déplace la pensée,
La vitesse des traits et des images emporte
Les mots hors du champ de conscience, la lancée
Des possibilités poétiques chargées de musc,
De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes
Multicolores.
Il faut apaiser l'ardeur, calmer
L'élan fougueux du jeune homme qui inspire,
Certifier l'espace de sa transcendance interne,
Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.
Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie
Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant
Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.
L'immense réservoir humain
Ne parlons pas d'Art - Ceci serait prétentieux,
Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel
Se situe l'auteur est plus modeste...
S'installer, lancer
De l'énergie, combiner une sélection de mots d'a-
Près des critères de ? (Trop long à expliquer
Sur un sonnet)
L'espace mental, l'action visuelle -
Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser
Le geste de composer? Informatique et Biologie
Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possi-
bilité de sublimation humaine! Le sixième continent,
Comprendre L'intelligence avec son intelligence,
Le cerveau avec son cerveau.
Temps, Moyens,
Travail en commun, synergie de la compréhension
Pour accéder à l'immense réservoir humain.
L'art et le trois fois insignifiant
L'art déplace le temps, l'immortalise
Reconsidère la mort. Il fixe le travail
De l'homme, il ressuscite ce qui a disparu,
Ce qui semble détruit peut ressurgir du Néant,
Cela est vrai pour tout vestige.
Cette ruine
Figure l'impérissable pour la raison qu'elle n'a plus
À périr - elle est ressuscitée de ses propres cendres,
Ecrit Bernard Noël dans le poème Pompéi.
Il est le génie de l'homme comme le nid est
L'architecture de l'oiseau, le barrage la cons-
Truction du castor, la fourmilière la ville de
L'insecte.
Qu'est-ce que cela à comparer à l'orga-
Nisation de la nature Divine, de l'immensité
Infinie de la création? Le trois fois rien insignifiant.
L'image-mensonge et l'écran cinématographique
Des flammèches de mots lancées dans l'espace
Littéraire pour des oreilles et des muqueuses dévorantes ;
Des fluides lumineux comme des filles aériennes ;
Des vocables en projection explosant ou
S'accouplant pour une portée incomprise ; le son
Se charge de sens et embrasse le poème
Réactif.
L'espace se remplit et se vide d'un
Suc nourricier ou d'une sérénade grossière.
Le front est un monde et la porte est ouverte
Mais nul ne veut y entrer prétendant le spec-
Tacle inutile, éphémère, d'un dérisoire médiocre.
Faut-il produire des images-mensonges quand l'écran
Magique sublime le génie cinématographique?
Qu'exige aujourd'hui réellement le public ?
L'agencement élaboré et la critique dérisoire
L'air se noie dans la terre épaisse, la matière
De l'esprit lourde de relents ingurgite encore
Quelques possibles nourritures ; l'on voit plantés
Ici et là de faibles arbrisseaux à la sève
Chantante - quel avenir pour leurs fruits ? Ap-
Prendre à mâcher, à lentement saliver le suc
Rare pour en tirer la quintessence salvatrice de
L'âme. Contempler le pur soleil divin, tenter
D'atteindre sa beauté redoutable. Dans son
Horizon constellé de bleus phosphorescents et
Rouges, il espère encore quelque reconnaissance
Amère ou avide, mais reconnaissance toutefois
Car il offre au lecteur subtil l'agencement
Élaboré d'un poème que l'on prétend dérisoire.
Qui veut parier ?
L'élan, la volonté, le devoir pour contredire
L'immense pouvoir du temps, pour contrecarrer cette
Détestable destruction - essayer de rester
Inchangé face au Soleil, cette lente usure
De soi-même, cette dégénérescence, cette capacité
Cérébrale qui peu à peu lentement se détruit,
Ho ! Certes, de manière insidieuse mais constatée
Toutefois. La fuite vers un Néant s'il n'y a pas
De Dieu, la cessation de soi, la plongée dans
Un cachot, sorte de finalité heureuse, peut-être !
Ou encore le sublime éblouissement, l'Autre Ciel,
L'avenir avec nouveaux principes, nouvelles lois,
Obéissance religieuse, système de perception,
Connaissance d'avenir, d'âme et d'esprit, pourquoi pas !
Le présent est en attente
Le présent est en attente, il espère cette chose
Indéfinie, imperceptible. Il demande à violer
L'absence, il scrute des traces, il en suggère
D'autres. Il y a pénétration en moi d'écrits, d'humeurs,
De lueurs.
Les mots se passent de sens, mais ils pro-
Posent des possibilités d'idées, de lancées claires ou
Vides auréolées d'espoirs.
Moi et vous - Moi sans
Vous, c'est Moi - seul qui me comprends. Vous, c'est la
Transposition, la fabrication d'un processus différent
Qui engendre l'image, les mouvements, les
Couleurs, la violence, la passion.
Et nous voudrions
Encore rivaliser avec l'image offerte,
Pauvres séniles d'une autre époque que nous sommes,
Seulement capables d'être relus par nous-mêmes.
Le mot seul inutile
Le mot seul inutile quand l'image animée ;
Où vais-je avec ces grandes folies littéraires?
De plus, le sachant pourrais-je m'y fixer ?
Le retour à l'action précise - le mot qui
Chasse le mot pour la boucle finie.
Faut-il
M'abolir en toi ou construire sur des décombres,
Plonger dans ton abîme, creuser ton précipice ?
Je sais, je sais, j'insiste - j'explique en utili-
Sant d'autres termes, d'autres forces -
La tombola
De la gloire, - veulent-ils chasser l'affaire ?
S'agissait-il d'abnégation terrestre, de variable
Temporelle indomptée ?
Je constate l'immense dé-
Sarroi intérieur, l'offre interdite, le don exclu,
La plongée inéluctable vers ses ruines éternelles.
Sur l'écrit à paraître
Déterminer le vide ; transcender l'inexistant ; au-delà
Du mystère, mesurer l'indéterminable ; le souffle
De l'esprit se prolonge dans la nuit. Un volume
De sonorités se dégage, se déplace dans les airs.
La façon de se plonger dans l'obscur - une substance
Intellectuelle, une image quantifiable, des lancées
De fluides, des magmas de sens - la syllabe qui se
Crisse, se brise, s'encastre, s'accouple, s'unit,
Se fortifie, offre la vibration - l'incident en
Quelque sorte !
La mémoire valve, la tête s'obstine
A sortir des combinaisons dérisoires dans l'es-
Pace aléatoire des voyelles pour une jouissance triste
Et personnelle. Encore un horizon inachevé,
Un regard dédaigneux sur l'écrit à paraître.
L’air éclate
L'air éclate comme une séquence impossible, je
Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts
Au magma. Des effets lumineux très pervers.
Un souffle crache de la poussière mentale. Le
Long de ma paroi interne suinte de la vérité à
Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et
Cherche à sortir. La fille se retire, la fille
S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.
Le jeu de la tête à représenter. La démonstration
Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du
Manquant et de l'inspiration.
Où allons-nous tous deux?
L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de
Ses yeux ou sublime soleil sexuel? Que dit-il lui le
Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois?
A Emily Dickinson
Titre sublime que le Tien !
Poétesse endeuillée de blanc
Une place certaine t'est conférée!
A l'écoute de l'immense silence intérieur
Consacrée d'œillets clairs invisibles
Fiancée embrasée par le souffle littéraire,
Emportée dans l'ivresse de l'écriture !
Avec la pâmoison du poème
Substance pure et symbolique
Le sais-tu parfois que
L'Immortel et l'Intemporel caressent
Tes tempes gracieuses
Comme un bouquet improvisé
De parfums enivrants?
Les torches vivantes
Les poèmes sont des torches vivantes
Qui n'éclairent qu'eux-mêmes
Pour quelques instants.
Le soleil de l'intelligence
Dont la lumière est vitale
Gerboie d'autres feux,
D'autres substances et nourritures.
Dans le Néant de la chimère
L'âme, reine orgueilleuse,
A la cour d'elle-même,
Égoïste et persiflante
Se prévaut de sa grandeur.
La sagesse de la raison
Est de craindre l'immense créateur.
Séquences
Femmes, lesbiennes, léchées, léchantes, merci, merci
Auguste buste, penchées et suppliantes. La dentelle
Entre les doigts si fins - Formes, mouvements en
Constance de changements - L'idéal statique !
Sources de vie et muscles souples. Le plaisir temporel
Des caresses devant et derrière en vous serait si tendre
Partout ensemencées
J'ai ta pluie d'or, doucement à
L'oreille, en toi le puits, demeure accroché
A tes mamelles le temps de l'extase est bref
Je m'oublie dans tes prunelles vives
Et cette cervelle
Impossible qui ne ressemble à rien Je n'entre pas
Je butte à l'extérieur pensées de femelle !
La sérénade sensuelle d'appartenance de liberté
Le mâle est-il conçu pour comprendre la femme ?
Des lignes illimitées
Des lignes illimitées La pensée Soi sur soi
Concevoir dans cette cervelle épuisée
Droites fuyant à l'infini Autrement, ailleurs
Des courbes Des méandres Des vertiges
Considérer l'ordre des actions Des déplacements
Reconstruire Planifier Aller !
Sur la page encore fumante,
L'accumulation des caractères
L'espace d'illusion où s'exploite l'image
Autre ligne Couverture Papier et ?
La pensée la plus noire fait de jets lumineux
En mémoire si tu dures L'Eternité artistique !
C'est beau ça !
Dans la béatitude de la jouissance narcissique!
Suites/relances III
Son but
Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe
De son âme était pour lui un jeu intellectuel,
L'univers du poème un espace curieux à
Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, par-
Fois. Etait-ce une passion, un vice, une dose
D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de
Déterminer sa propre limite, reconsidérer son
Complexe, élargir les moyens de comprendre.
Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations
Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte,
Il prétendait... Mais ce n'était que chimères,
Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi,
Que folie permise par un idéal poétique rêvé :
La probabilité réelle de sa réussite était nulle.
Miroirs, cieux, surfaces, espaces
Fragile et éphémère, poète tremblant dans le
Miroir de l'imaginaire, espace bariolé de reflets
Infinis avec l'impossible qui côtoie
L'invraisemblable - un univers de risques, de faux,
Et de pulsions émotives ;
mais encore, - azur qui
Parfois se déchire avec oiseaux migrateurs dans
Un ciel irréel ; lac, surface lisse où
La pureté d'un cygne vient troubler le
Repos du dormeur.
Variétés, formes du hasard
Pour l'intelligence complexe, c'est l'art de
Tisser les lis avec subtilité !
Miroirs, cieux,
Surfaces, espaces pensés et regardés comme un
Hasard modulable, lieu du questionnement où
L'audace poétique s'associe à la raison de l'écrivain.
Les utopies délirantes
Vie rêvée. Avec des déchets inutiles. De poèmes.
Finissons-en. Pour quelle montagne de syllabes ? Encore
Être, être humain. Prolongement de soi, peut-être.
Aller plus loin.
Feuille sur feuille. Écrits sur
Écrits. Fragile, horripilé.
Dans le mépris d'au-
Trui, prétendant obtenir... Quoi ? - Rien. Rien.
L'inutilité de l'objet. Nul au-delà, nulle
Histoire. Pas une âme dans la lucarne de mon
Poème.
Toujours pénétration interne pour comprendre
Le jeu des choses, les possibilités extrêmes, les vraies
Limites.
C'est cela : insister, supposer, prétendre.
Pour quel cheminement de la pensée ?
Dans le couchant
De soi-même, la paupière multicolore bariolant
Des images sacrées ou des utopies délirantes peut-être.
Enfin, Soi !
Échec sur échec. Constance de refus, de
Médiocrité, de mépris. Pourquoi poursuivre, quelle
Flamme, quelle folie suscite ou pousse l'écrivain
A s'essayer encore à ce type de spéculation ?
Il n'y a nul espoir - du rien, du néant, de l'exclusion.
On produit donc pour soi. Car il y a là au fond de l'âme
Tout un mécanisme d'extraction : une vieille mine
Couine et travaille encore.
Peut-être : produire
Pour l'Au-delà, pour la Mort, pour l'après-vie en se
Disant que sur terre tout est perdu, que le seul
Espoir réside dans sa propre fin avec une possibilité
De structures d'accueil sans fric, sans banque, sans éditeur
Où la vérité exacte du poète est transmise avec
Réalité, logique, certitude,.... Enfin SOI, Etc..
Le trésor du sauvage
Rien qu'un destin isolé de poète rejeté.
Rien que l'ombre de sa main sur le papier,
Qu'une image qui s'étale dans l'infini de
L'oubli, rien.
Qui suis-je pour toi qui m'accompagnes
Dans l'illusion de l'impossible ? Qu'un éclair
De bravoure, qu'un instant de poussière ?
Là, au fond de l'antre ténébreux ; là, au fond
D'une âme intarissable dont le trésor est une
Offense, et je pense aux îles d'or, au sauvage
Inconnu, disparu à tout jamais.
Voilà le marbre,
La mort nécessaire, la fuite, la cessation du tout,
Le retour au fini, le sommeil éternel, - oui, mourir !
Sera-ce l'éblouissante clarté, l'amour, le vrai ciel,
Le Néant total, ou l'horrible condamnation d'un Dieu ?
La paupière pense
La paupière pense. Activité retournée, intérieure,
Vers le cerveau, - l'ami ! Les yeux fermés, il
Ne dort pas - il conçoit ! Des mots à connecter.
L'encre et le papier sont les supports seconds. Le
Cerveau mêle, démêle, associe, combine. Il
Prétend, et c'est peine perdue... la faiblesse
L'accable. Depuis vingt deux ans, il fixe le feu.
Son feu. Envahi par du phosphore inconnu, inutile.
" Pure imagination, disent-ils. Insignifiance,
Non, rien. " De jour en jour, pour le dedans. Flot
D'écriture qui se déverse au dehors par la bouche,
Par la main sans avenir pour le papier qui finira
Dans la poubelle de l'oubli. Tout sera-t-il écrit ?
Un sentiment d'empoisonnement envahit mon âme.
Rien n'évolue
Rien n'évolue, tout stagne dans cette cervelle
Étroite. Nulle lueur ne jaillit, nulle flammèche. De
De détestables ténèbres envahissent l'espace supposé
Clair. Il se déplace en cercles concentriques.
Puis il rêve. Il fabrique de la Chine Antique.
On appelle cela des applications. Des vases, des
Murailles, de la monnaie scripturale, de la mathématique
D'époque. Il repasse par le Maghreb, Rome, la Grèce.
Une pensée faite d'et cetera. De sauts en sauts,
D'analogies en symbolisations, en tentatives de péné-
Trations.
Si je parvenais à considérer une forme
Nouvelle; pour qui ? Pour moi ! Une sorte d'espoirs
Achevés, impossibles, d'au-delà du connu ? Ta fai-
Blesse créatrice t'interdit toute supposition poétique.
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes
Complexes et déplorables, un néant à combler
Par le travail, par la studieuse constance pour
Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement,
Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans
L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance.
Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être
Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbres, solitude, oublis !
N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets,
De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas
Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ?
Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question;
Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
De rejets et d'oublis
Être Moi dans la monotonie de mon quotidien,
Routine de l'écriture qui se reproduit inlassa-
Blement. Aujourd'hui ressemble à hier. La
Solitude en dépôt sur les tempes, l'alphabet qui
Se déploie comme une vague, comme une vague
Pour accomplir l'exercice d'autrefois, obsolète -
C'est de la poésie! Misérable, sans exploit. Mais je
Poursuis. Pour quelle peine ! Je puis rêver d'autres
Écrivains, d'autres littéraires dont la tache mystérieuse
S'est révélée au grand jour, pour une apothéose im-
Mortelle! Je le pressens - tout est pour l'échec : l'œuvre,
La quantité, les recueils, les traductions, la Bible,
Le Coran, Qumrân, le théâtre. Ha! Maigre univers
De douleurs, d'amertumes, de rejets et d'oublis, je le sais.
L'immense effroi
Ce fut l'effroi, l'immense angoisse, la tragique
Conscience d'un Moi qui comprenait trop bien
L'insignifiance de l'acte poétique. Mais il
Fallait obéir à des Forces supérieures, à des Dieux,
À un au-delà surnaturel, il fallait...
J'avais besoin
De temps pour sculpter des formes dans du délétère,
De l'impalpable et de l'imperceptible. Ô l'éphémère
Du souffle, vois je te tiens à présent dans des re-
Cueils, certes inutiles, que nul ne lira, mais je te
Tiens !
Était-ce l'un des sens de ma vie, écrire,
Écrire des livres ? Accumuler des lignes, produire, penser
Mal à des possibilités dérivées, variées, différentes ?
Et encore cette peur du lendemain, comment l'ensemble
Sera perçu par les Dieux qui nous régissent là-haut ?
Je le cherche encore
Je le cherche encore et toujours ce divin éditeur
Qui me fera l'aumône de prendre quelques-uns de
Mes textes. Tant d'insuccès, de rejets, d'humilia-
Tions, de dégoûts de soi vers soi, avec constam-
Ment cette question : Pourquoi ces refus ? Était-ce
Réellement justifié ? Plongent-ils dans l'indifférence,
Dans l'inaptitude de jugement ? Sont-ils véritable-
Ment éclairés ?
L'ensemble va se perdre, oublié
Dans les relents du mépris, l'ensemble va se perdre...
De l'éveil au déclin, l'ombre croîtra-t-elle ?
Le tout est actuellement tenu sur un Cd-rom, - mieux
Que rien ! ... Mais nulle diffusion, nulle copie. Le Net
Peut-être,... l'offre gratuite, le don car il n'y a
Point de lecteurs. L'éditeur, est-ce Franck Lozac'h ?
Encore pure, élevée
Encore pure, élevée, cherchant quelque saveur,
Dans la lumière, chaste, vaguement je discerne
Ses contours impalpables, oui déjà je respire
Le bouquet interdit des parfums féminins.
Une poussière de rose dans le feu des étoiles,
La musique s'évade vers l'azur toujours clair.
La chair encore la chair dans les jardins du soir
La désire et l'espère pour mourir lentement.
Que l'on aime embrasser cette musique étrange !
Puis dans le clair-obscur des tout premiers rayons,
L'éveil encore l'éveil pour le plaisir des corps
L'accouplement de sens, le ballet des substances.
Au-delà de l'Esprit toujours libre et qui pense
Le poète solitaire aspire à d'autres cieux.
Avec de l’intuition
Avec de l'intuition, du caché au plus profond,
Avec ce volume mental enfoui, que l'on prétend
" Génération spontanée “, qui m'apparaît travail réel
De l'esprit - à mon insu.
Mêler, emmêler, démêler, défaire, aller outre,
Percevoir, comprendre, prédire, supposer, emmagasiner,
Faire jaillir, extraire, tirer, prétendre, croire,
Accompagner, douter, rejeter, évincer,
Toujours combiner, arranger, prolonger, intégrer, exploiter
L'Autre, les Autres, ou soi encore dans sa caverne
Interdite.
L'analyse - c'est ça : enchevêtrer des amas de syllabes
Pour une bouchée incomprise d'effets, de saveur et
De sens. Ils appellent ceci : un poème inutile!
Va à l’oeil
Va à l'œil, le mot
Et retourne sur le papier !
Particules de signes croisés, entrecroisés
Dans un mini-déluge cérébral !
(C'était ainsi que.
Il en était toutefois.)
Voilà le doute, et son cortège
de points de suspension. Puis le silence.
Un silence, et commence à tourbillonner
Une idée claire de possibilités, de déformations
continuelles
accrochée, oui là, à la voûte intérieure,
toujours pour le poème.
Toujours.
Silence
Silence dans un espace connu
Des mains pensantes
pour le vide intérieur
Des mains perlées de cendres
que l'on bénit de larmes
Avec un flot de vin régénérateur
Silence fusionné d'or
et des fumées suaves
baignées de parfums étranges
Oui, des couronnes légères
qui s'évadent comme des halos
intemporels
Silence pour placer mon absolu
et le rendre immortel
Fractionné
Fractionné en soi en deux,
deux hémisphères
Des identités, - à dire :
Masse de cervelle vivante, activée par
autrui, reconsidérée par soi avec rejet, choix
et variabilité infinie.
Rejet : prétendre
choix : décisionnel
variabilité : courir, courir en évinçant,
ajoutant, condensant.
Actions appliquées à la poésie.
Encore filant, fuyant, dit-il.
Fais éclater l'orgasme poétique
dans ta bouche lumineuse
Les yeux
Les yeux, seuls au monde
Dans le mouroir d'ici-bas.
J'arrive.
L'immense plongée, la chute.
Faible lumière zébrée.
J'apporte la haine, le sang, la honte.
Tout suinte le long de mes parois.
Mon ombre. D'autres ombres.
L'âme va s'étirant en position ouateuse,
Fileuse et glissant,
L'âme modulable
Comme un nuage de certitude.
Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.
Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.
Lancé hors de toi
Lancé hors de toi telle une gerbe
Poussé dans les relents de la nuit
Pour quel astre, quel ciel, constamment égaré ?
Ici, là-bas encore, affolé
Je tressaille recouvert de paillettes d'or
Je m'insulte, je supplie, j'exige un
Autrement, éloigné du mépris
Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !
Déploiement de paroles sexuelles !
Je replonge bavant sur mes semences
Je m'envahis apportant des calices clairs
Remplis de sang
Je me vois mort dans l'abîme du matin
Et je [replonge] au fond de mon esprit.
Je ne puis m’enrichir
Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité
- vaste haleine débordante d'excréments et de pensées nauséabondes,
Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,
les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin
une lumière tiède et discrète, insoucieuse.
La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve
dans l'angoisse du quotidien. Puis une liane
de phosphore qui irise là un intérieur noirci
par le vieillissement, par la rouille séculaire
d'une mémoire endormie.
Autres références : les champs tendus - comme des nerfs
cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,
de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -
certains coups sont évidents.
La corolle imaginaire
I
Elle s'élargit enfin
Comme une corolle imaginaire
Elle déplace la frontière
Derrière laquelle je me sentais
Enfermé.
Les limites, les bordures,
Le silence, puis un écho infime
Qui renaît d'un lointain interrompu
Une présence oubliée grandit
Telle une espérance, doucement
Se propage à la mesure
De la capacité de l'esprit.
En moi, tout au fond
Une angoisse transpire
Et c'est mon pur Néant.
II
Pour le vide intérieur
Avec l'énergie vive
Comme une force à maîtriser ;
Elle libère des pulsions,
Se répand dans des espaces
Inconnus, jaillit telle
Une démente et harcèle
La raison. Au plus profond,
Dans le lointain inconnu,
Une rumeur d'exil
Excite le Temps, lui impose
À apparaître pour construire un
" Être-là " qui s'appelle poème.
III
L'absolu du destin,
Le parcours nécessaire,
La vieille raison qui dit :
Je ne te reconnais pas.
Le cheminement intérieur
L'ardeur du travail
Suppose une substance
Future des plus douteuses
Il y a ton indispensable
Tu te construis régulièrement
Ou t'envoles prétendant
Dépasser les frontières impossibles
De la logique et du bon sens,
La folie poétique à tes côtés.
Les rancœurs de l’écriture
Les rancœurs de l'écriture
Le jeu des doutes, des rejets,
Des prélèvements - sont-ce
De vaines spéculations de l'esprit ?
J'exploite encore, je pénètre
Ma misère, j'étreins du délétère
L'obstacle est en moi-même, j'attise
Le feu, - la lumière claire, aérienne
M'indique encore le chemin intérieur.
Pourtant cette immense conscience
S'embrouille dans son vrai, le déplace,
Le prétend autre, se trompe parfois.
Quelle poésie, atteindrai-je ?
Le néant d'un inconnu, peut-être !
Plus pure encore
Plus pure encore, là peut-être
Dans le calme des eaux
Aux tremblements légers,
Avec bruissements sensibles
Avec clartés de ciel,
Défaisant le mystère
De la fille aux seins nus,
Aux jambes d'opale comme fuseaux
Aériens
Là oui, l'on suppose dans la transparence
D'un rêve qui tressaille
Pour la voir apparaître
Dans l'espace invisible,
Ô désir inassouvi de poète !
Silences déshabillés
Silences déshabillés
Silences en scintillements d'attentes
nourris d'espoirs
dans la fixité du temps
Silences pour la spéculation exacerbée,
extrême dans son audace
absorbée dans son doute
répandue dans la solitude
Où l'offre concise paraît insignifiante
Où le refus efface tout élan
J'invoque le droit d'écrire,
J'invoque pour n'obtenir
Qu'une pâle réplique de moi-même,
Hélas
Une humeur tiède
Une humeur tiède et lointaine
Vague et nostalgique
Dans une aube perdue
Comme un désir qui s'évade
Là-bas, là-bas
La fièvre se répand
Enroule le rêve,
S'étale dans l'ombre
Pour mourir quelque peu
La tiédeur fugitive
Caresse tes rondeurs
Pour un désir azuré
Le sucré de tes lèvres
Est la clé de l'orgasme
Que cherches-tu ?
Que cherches-tu ? Jusqu'au iras-tu ? As-tu
Parfois considéré tes limites, piètres limites
D'humain vieillissant ? Quel suc coulera
En toi (jusqu'à) l'épuisement des sens ?
De toi à moi, tout autour ; de vers en vers
Avec cette logique radoteuse, avec cette va-
Riabilité de science indistincte où
J'étrangle l'audace, où j'exalte le risque.
N'as-tu jamais songé, dis, toi en signes de
Mensonges, en fantôme délétère d'idées
Ou d'intuition, quel avenir t'attendait ?
Intenses
Espoirs de meilleur, d'ajouts, de plus ; modèles
D'imitation des plus grands, toi Poucet d'écriture
Supposant possible un projet littéraire futur.
Nul réconfort
Nul réconfort, de faiblesse absolue
Toi, toujours stagnant dans ta médiocrité
Littéraire - comment m'identifierai-je
À cette vague organisation insignifiante ?
Active tes misères, qu'elles vivent et croissent !
Pour l'inutile et l'illisible, poète d'ombre,
D'obscurs culs-de-sac, où l'on se cogne
La tête contre l'impossible à poursuivre ;
Où l'évolution créatrice n'existe pas,
Où l'abondance poétique a nulle raison.
Voici la trace de ton cimetière, voici
Tes poèmes perdus qui encombrent ton cadavre
Lapis-lazuli, ou tonnes de pommes de terre.
Comment jugera le Maître Intemporel ?
Figure où le vide
Figure où le vide
figure sans mémoire
de lumière déplacée vers un autre centre
jamais utile pour nul éclairage
Figure où l'image se penche dans le vide
et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité
Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu
En poussées obstinées d'insistance puissante
Formes sacrifiées à l'inutile
de tiédeur de rien
de souvenances dérivées mornes couleurs
qui se désintègrent
Je crois aux illusions
L’image est un miroir
Suites/ Relances IV
Donc de s’anéantir
Donc de s'anéantir immédiatement,
La mort vraie, réelle,
En explosion, en cataclysme de jouissance !
Le marbre beau - finissons-en !
La bouche remplie de haine, de fiels,
D'excréments et d'injustice !
Qui marche vers l'œuvre, pourtant !
Dans l'amertume de l'inutilité
Auréolé de désespoir
Buvant la lie de sa verrue.
Les ombres volent méchamment.
La sagesse est-elle de rechercher
L'oubli ? D'espérer une aube nouvelle
Avec un Christ nourricier de vie ?
Va au-delà
Va au-delà de ton ombre,
Au-delà de toi-même.
Ce que tu crois, ce que tu penses
Est peu. Encore et plus loin.
Délaisse les hasards médiocres
De la femme et des poètes.
Puise au fond de ta chair
Les ressources de ton immortalité.
Active ton génie, nourris-le
À la sève de la sublimation.
Ce à quoi tu penses, jamais
Ne sera suffisant. Élève-toi !
De néant et de splendeur, gave
Ta nuit éclairée. Arrache-toi !
Absent et libre
Absent et libre
Qui constamment jaillit
De son propre désert.
Comment transmettre
Une profusion de richesse
Inutile à l'homme ?
Pourquoi s'en inquiéterait-il ?
Il faut rester ivre de soi
Dans son humilité.
Compter l'or en trompe-l’œil.
Soupirer, produire, soupirer
Et mourir pour le bien-être
Ou pour la condamnation
D'un Au-delà violent.
Rétro-pense
Omniprésente et néanmoins insignifiante,
Délétère et légère, oui, fugace, là
Toi qui vas à la suite de tes traces claires
Que tu lances et génères dans le Néant du Moi,
Cherchant l'idée intense, prétendant que l'ac-
Cumulation de pensées t'offriraient une maturité
De vieillesse
passée et dépassée
De toute évidence
Tous ces préceptes expriment ta défaillance interne.
Quelle lumière ? Quel éblouissement littéraire ?
Rétro-pense avoir commis des erreurs de rigueur,
De force, rétro-pense à sa faiblesse de poète
Ou se suffit de ses folies meurtrières de chambre
Avec ténèbres pour l'esprit, immense désespoir, certainement.
Mouvements de pensées
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés
Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements
De la tête de jeune éléphant qui active
Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et
Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons
À larges jets diffusent quelques élans clairs.
Des vents légers et aériens ; le ciel se charge
De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive,
Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l'écriture, et des applications pour la feuille
De papier. De ce magma, que restera-t-il
Réellement d'utile ?
Des manières poétiques,
Des élans stupides que tous rejetteront, en vérité.
Mort proche ?
Suis-je mort proche, fin d'extase
Ou seulement quelque poussière
D'image (ton souffle veut peut-être
Encore se déployer ?) La flamme
Agonise et va selon l'humeur de son
Destin. Traces délétères fuyant
Le mensonge hypocrite du poète.
Nulle pensée, nul espoir, nul futur.
Présence plongeant dans l'abîme irréel
Pour déchirer le voile de l'existence,
Ou lentement détisser l'ouvrage
Qui se lézarde, vieille femme fardée.
La vie n'était qu'un mensonge
Qui s'en retournera auprès du Parfait.
L'heure n'était pas voleuse
La mémoire trompeuse écrasait le passé
Pour n'en retenir que quelques bribes, et l'esprit
Prétendait que le temps était un assassin,
Que le vol de la flèche, que les rides ennemies,
Que l'irréparable outrage, etc...
Réplique mensongère d'une âme instable !
Le temps a eu sa durée mais l'homme vacille !
Sa dimension spirituelle ne l'anime guère !
La peur, la mort - la peur, la transmission de la vie !
N'être pas, être peu - jamais ! et le silence éternel !
La particule insignifiante s'en retourne au Néant !
L'heure n'était pas voleuse, l'heure grain de sable sur
Grain de sable, goutte après goutte tombait lentement.
L'insignifiance de sa nature fait amèrement pleurer l'homme.
Le nuage
Un nuage étranger fixe l'image
l'étend ou la fait disparaître
Proche dans l'absence, résident
sur l'horizon
Il cherche l'inaccessible, côtoie
l 'inapprochable, fuit l'omniprésence
Il conçoit à volonté ses formes
délétères, esquisse ses déplacements
Il guide l'idée, l'associe autrement
C'est une sorte de supra conscience,
de père de l'intuition qui décide
du sacré à obtenir
Je doute de ses applications,
Nous cheminons ensemble.
Ciel
Ciel constellé d'ombres,
J'y songe un avenir meilleur !
Ma lampe, tu te déchires
En flammèches évanescentes.
Ma lampe, errante dans le
Silence incompris, constellée
De lances qui appellent et
Veulent comprendre.
Ciel de savoirs, condamnez
Le simulacre de l'homme,
Instruisez-le d'un souffle
Divin; le reflet de l'Ange
Éclaire mon avenir d'une vérité
Sublime, semence du Verbe.
Toute chose...
Toute chose comme de produire n'importe quoi avec du
matériel insignifiant, d'associer des sons et des idées, de
symboliser l'abstraction, de dériver le centre, de rapprocher
les traits, - toute chose avec la toile à plat pour déterminer
l'équation exacte à déplacer. Et de produire, encore !
Écrire, écrire !
Frappée de saveurs, elle n'est pourtant qu'un essai
prémonitoire dans l'éphémère du temps. Elle purifie le
symbole, reconsidère le signe, synthétise l'idée claire ou
extrait des substances inconnues. Elle s'approprie un espace
pour l'approbation de la suprême application.
Elle veut concevoir l'Unité, le vrai associé sur sa dimension
de papier. A l'intérieur de l'intelligence elle a décidé de
rapprocher les distances, de lancer des liens, de rendre
compatible l'ambiance interne. C'est toutefois un espace de
raison où l'imaginaire assure sa continuité.
Impression de lune
La lune passe et repasse
sous les halos intermittents
Sa version - cadavre gris -
se lit avec du muet
Femme sans cheveux, maquillage blafard
sans Pierrot pour la guider
ou la faire sourire
Sur ta tranche de miroir,
vacille et vacille, femme gracile
Le réverbère d'à côté
n'est pas un homme à mater
Rien ne t'empêche de t'éclipser,
de dériver lentement
pour fuir le soleil se levant
Être - seulement soi
Être - seulement soi
La ressemblance mensongère
Pour autrui - cela lui suffira-t-il ?
Son savoir - critique
En partie détachable
Prétend juger. (Le poète
Offre le droit à la critique
En remettant le poème.)
La liaison de moi à l'autre
Puis son analyse, sa perception
De son vrai qui lui paraît faux
Un autre - autrui. Recommençons.
Idem. Critique identique. Que
Taire ? Rester en soi ? Le retour
Le vent dépasse
Le vent dépasse son droit d'élan
La métamorphose des poètes
Le soleil avec son oeil jaune
détermine la verticale
Phrases lentes, phrases saccadées offertes
dans un espace inutile
Un autre géomètre prend le soleil
et lui dessine son horizon
Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver ?
Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,
apprécie ta fuite
Je te change en manne impossible
Ho! Pensée limitée dans mon dédale répétitif
Je me rapproche de ton extase
Pour ne rien produire
Silence d'écriture pour ne rien produire
Rien qu'un Néant dérisoire et médiocre
De quoi demain sera-t-il fait ?
Cela a-t-il encore quelque utilité ?
Cela faiblement pour s'en aller mourir
À la fin, aujourd'hui tombe et retombe
Bien sûr, moi ici, et là et là-bas peut-être
Dans le début de ma nuit
La faux, la fille, la vieille
Ce que le poète applique avec des mots
Qui s'échappent, fluides invisibles,
Puis reviennent avec de la matière
Se positionner sur la feuille de papier
Silence d'écriture ici
Alpha
Ce qu'il te faut produire
De sang et d'excréments,
De médiocrités et de laideurs
D'horreurs à rejeter
Tu cherches pour ne rien obtenir
Pour te languir dans l'inutile
Dans le dérisoire de ta misère
Pauvre état de poète !
Constamment ; constamment cet échec
La fuite de l'autre, le refus
Et toi dans ton immense désespoir
Capturant quelque rêve impossible
Tu prétends accéder à l'essence
D'un savoir éternel, ridicule crétin.
Bêta
Toi, tes frères, tes collègues
D'écriture, de travail s'essayent
À ses fades exercices
C'est un jeu de langage
Pour le plaisir des mots.
Ils poursuivent dans le silence
L'exercice dérisoire
Attelés à la tache
Prisonniers d'eux-mêmes,
Ils accumulent poème sur poème
Pour le secret de leurs tiroirs
Leur seule gloire est de se
Comprendre, d'aimer se relire
Pour finir à tout jamais oubliés.
Absence du poète
Absence du poète ? Clameur pour rien !
Quel relationnel ? Quelle possibilité inattendue ?
Vers vous, l'appel ?
Non. De rien. De peu. Je
Concevais de l'intérieur. Mes entrailles nourrissaient
Mon angoisse, je n'existais que faiblement.
Je plongeais dans mon vide, j'y découvrais la
Mort - la mienne, belle et souveraine, resplendis-
Et boréale.
Accumulant des lignes,
L'espérance étant un défi - des élans stériles, diront
Certains, mais c'était un défi - de Moi à Moi
Prétention et folie, utopie et stupidité ;
C'était présence de chambre, de travail d'écriture
Pour l'infiniment soi, l'infiniment rien, diront-ils
Encore. Je ne crois pas qu'ils auront raison.
La pureté
La pureté, celle de l'eau
Sur les ailes et la lumière
baigne mon esprit
Les reflets dans la clairière
inondent mon âme, là et là-bas
La certitude traverse
le lac royal où
s'agitent tendrement des roseaux
Les souffles qui survivent
assèchent l'herbe amère
et la raison prétend savoir
La vision s'étale dans l'air
plonge encore
pour atteindre l'espace et l'au-delà
À Johannes Bobrowski
Le miroir s'éclaire, les fronts
Se touchent, les pensées s'échangent
J'appelle ici et là, et quelqu'un vient
Ma tête contre ta tête,
La certitude d'être à deux
Tu m'offres ta vérité
Vérité que je dérive
Je déplace ton pas et marche avec toi
Puis je m'élève, je deviens, je Suis
Le vent m'emporte,
Je ne puis redescendre
Me voilà enlevé, libéré
Fuyant à tout jamais dans l'idéal
Du Mensonge et de la Vérité aussi.
Les roseaux très serrés
Les roseaux très serrés
L'incompréhension d'Husserl,
La vérité de Pascal
Et là-bas le déplacement des Cygnes
La haute pensée du Midi clair
Une compréhension de points sources
M’envole, m’éloigne du vrai
Je cherche solitude, ombre et paix
J'entends des formes abstraites,
Des sortes de Dieux m'envoyant leurs messages
Puis je m'interroge :
Combien de temps encore
À supporter cette détestable destinée
De poids, d'inutilités et de souffrances
Ici le spectacle
Ici le spectacle dans l'obscurité.
La fille danse encore
Et je lèche les parois des murs.
Elle va, elle vient
Elle éclabousse de lumière blanche
Mon obscurité pour accéder au clair
Royaume de l'Irréel !
Je déplace mon souffle, je crie, j'expulse
Elle baise mes yeux, caresse mes cheveux
Calme mon ardeur.
L'écriture se fait sereine
J'immobilise ma vérité
Ses brises d'ailes s'envolent là-bas
Je regarde alentour : le Néant est en moi.
Celui qui pense là
Celui qui pense là,
Avec le poison dans sa bouche ;
Je lance la trace,
J’expulse l’éclair.
La profondeur pour l’incertitude,
L’errance sans l’intelligence.
Tu bondis avec le doute,
Les applications sont vides de sens.
Et tu prétends que la lumière
Était venue comme un appel de Vérité
Déployant son ombre,
Déterminant une marche à suivre.
Ombre-lumière : la bouche expulsait
Ses sublimations sanguinolentes.
Celui qui voit
Celui qui voit par la fenêtre
Celui qui pénètre par la pensée
Dans l’invisible de ton âme
Prétend à la vérité.
Ce n’est qu’une émotion de sensations
Imperceptibles sans fondements,
Papillons d’ailes ou givres transparents,
Approches d’ombre sur la surface de l’eau.
Ta bouche est pleine de sang,
Et des crachats immondes tapissent
La caverne purulente de ta cervelle.
Ton ventre chargé d’excréments
Expulse l’ignoble déchet
De ta détestable réalité poétique.
Symboliques
Les flammes incandescentes
Les flammes hurlantes
Au milieu des roseaux
Les flammes s’élèvent vers un Ciel inconnu
Là pataugent grassement des cygnes oubliés
La constellation irréelle survole
Un impossible à découvrir
Les forêts d’acacias expriment
La complexité difficile
À pénétrer
Les bouchent s’ouvrent, implorent, appellent
Qui acceptera de nourrir ?
Il dira peut-être :
Peux-tu me montrer quelque chose
Qui te tienne à cœur ?
Au-delà des haines
Au-delà des haines,
Des paroles tombent
Comme des fardeaux inutiles
Tout est consternation
Dans ce ciel de givre
Ceux qui sont méprisés,
Rejetés, ignorés
Dans leur bouche crient
À la vengeance
Je suis seul, libre
Constellé
De ma pure vérité
Je hurle encore
Sur le tombeau de marbre
Le silence isolé
Le silence isolé
La lumière sans éclat
Le poète caché dans l’obscur
Enfoui dans ses racines
Recherche quelques traces
Les voix l’emportent
Vers d’autres îles interdites
Un chant étrange
L’attire tout à coup
Il veut capturer
Les notes fulgurantes
Qui jaillissent
Comme des fluides
Dans sa cervelle inutiles
Écrire
Écrire, c’est fragmenter
Son pseudo vrai
Ligne après ligne
Page après page
C’est prétendre
À sa vérité
Par l’accumulation
De signes
Le poète veut trouver,
Quoi ?
Sa variable
Sa sensibilité
Son autrement
Son lui-même appliqué
Le Lin et la Laine
Cécile
Des vagues démentielles arrachent mon esprit
De la langueur passive où il se reposait.
La cohorte du Mal s'est implantée ici
Pour tuer la verdure, les vallons, les genêts.
J'appelle des mots clairs pour extraire du sublime,
Une oraison funèbre ou un beau chant d'amour.
L'onde supérieure promet le cataclysme
À cette âme pourrie nourrie de vains discours.
Cécile, ma beauté, retiens mon pauvre corps
Des bras de la tumultueuse puanteur !
Éloigne ma cervelle de l'immonde décor !
Cécile, pour le ciel et le repos des hommes
Pour crucifier la Mort qui harcèle mon cœur
Propage dans la nuit la douceur de ton somme !
Délicieuse enfant
Délicieuse enfant, ingénue à souhait
La chevelure tombant sur ses douces épaules
J'observe ses mains qui maladroitement frôlent
Mon visage charmé mais rempli de regrets.
Ses petits seins sont faits de candeurs juvéniles
Et son sourire clair brille d'un bel éclat.
Je regarde ses griffes qui s'avancent vers moi
Comme la mort approche d'un condamné fébrile.
Et d'un coup, avec rage, elle se jette sur moi
Elle me mord, me brûle de ses baisers ardents.
Elle dévore l'animal plaintif, encore tremblant
Comme un félin dévore avec avidité
Sa proie.
Délicieuse enfant…
10/ 1/78- 31/12/98
Comme un oiseau
Légère comme un oiseau
Elle poursuit mon sort.
Au clapotis de l'eau,
Je l'entendrais encore...
Par les cieux brûlants, par les cieux glacés
Elle liquéfie mon sang au rythme cadencé.
Brise cruelle, ho ! la rigueur
Quand doucement elle se presse
La tête claire
Collée contre mon cœur.
Et moi, le radeau aux mille péchés
Moi le lent poète, toujours fatigué
J'exprime ma langueur
Et vais me perdre dans sa terreur !
19 mai 1978 -28 juin 2000
L'eau claire
C'est une eau claire et morne où dorment des ajoncs.
Elle passe par hasard sous mon regard heureux.
J'appelle l'enivrée du plus beau des affronts,
Et j'entends la complainte de son cristal grinceux :
"Partir dans les lacets de ces noires étendues !
Crois mes derniers relents : j'étais belle, j'étais douce.
Les amoureux m'embrassaient dans les coins perdus
Et je me promenais sous les herbes et les souches."
- Qu'est-ce ? Qu'ai-je ? On me parle donc ici-bas ?
Est-ce toi mon esprit, toi tourmenté qui rêves ?
Hors d'ici, jeune malade et pressons le pas. "
J'allais plus loin que les plaines et les villages,
Léger comme le vent qui doucement soulève
Toutes les feuilles mortes le long de son sillage.
16 avril 1978 - 6 décembre 98
Le jardin
Un frais jardin est né telle une fleur nouvelle ;
Tulipes et bégonias s'étalent dans la nuit
Et viennent respirer, - la cité est si belle,
On dirait des odeurs rappelant le Midi.
Mimosas et lavandes dans de lourdes gondoles,
Paresseux, parfumés, ils enchantent nos cœurs
Caressant doucement au gré des herbes folles
Pour nous faire oublier notre triste malheur.
À l'heure où du berger, les voilà qui s'endorment.
La tiédeur des corolles se replie dans leur lit,
Les pétales des roses embaument sous les ormes
Et bercent tendrement les claires amitiés
Au plus loin de la mort et de ses agonies.
J'annonce la nouvelle : un frais parfum est né.
20 avril 1978 -21 février 1999
Le mur
Au-delà de ce mur interdit l'on peut voir
Des torrents de bonheur serpenter les vallées ;
On peut voir les amours et les choses passées,
Les arbres du printemps appeler les espoirs.
Plus loin encore des plaisirs luxuriants chantent
Pour un gazouillement délicieux, unique.
Toutes les lyres s'accordent belles et fantastiques
Et portent une voilure subtile et enivrante.
Derrière ce mur, l'ami, c'est la claire liberté,
Ses blondes farandoles, ses avenirs heureux ;
C'est la joie dans le vin et les dîners fêtés;
Regarde, regarde encore, l'oiseau bleu nous appelle.
Il déploie sa tunique, couleur de l'arc-en-ciel
Et veut nous signifier : par ici, l'on est mieux !
19 avril 1978 - 14 décembre 98
Première version
L'effluve pour qui reconnaît les amarres grandies
Sans se soumettre aux houles vives qui n'ont point de pas
Et d'un genre tout autre en ses yeux éblouis
Dételait le passage que fréquentaient les débats.
Ces phrases honteuses miroitaient par délice
Assuraient la tristesse sans que tel ne le sut
Et quoique l'indulgence, quelque point de malice !,
Ils se réclamaient d'orgasmes neufs et de fruits.
Mais de sa raison comme sa force décline
Je veux sans onduler les résultats écrits
Que croquent les cendres allégées d'étamines
Sur cette bouche où coulent les diapasons nerveux
Trouver la chance réelle donnée à son messie
Puisque chaque mensonge en leur mot est affreux.
28 août 1978
À celle qui voulait savoir
Je te dévoile enfin car tes lueurs éprises
Sur le joug consacré de mon futur destin
En tes grappes juteuses, en fontaines produisent
Sur ce lit ténébreux un sublime festin,
Un diapason léger incarnat et ému ;
Alors ces minces feuilles à ton regard soumises
Dessinent des fraîcheurs et volent de surplus
Pour une forte trempe en battements qu'elles disent.
Ces moments de faiblesse, ces changements de gloire
Forment une onde légère qui doucement s'endort.
Pour un instant passé, ils gardent ta mémoire.
Je n'ose m'approcher du semblant de tes pores
Puisque ta claire raison sur le Néant, peureuse
Effarouche d'un bruit ton idée tortueuse !
Éclatements
Il fallait que la nuisance de ses rires
Entendît battre son cœur nonchalant ;
Il fallait une nuit lugubre sans dire
Qui pénétrât ma coque de satin blanc.
Juxtaposez bénévoles l’esprit insensé !
Allez plus loin que toutes les tourmentes !
L’espace éternel regarde l’amitié
Arracher l’herbe folle des suppliantes !
Le glas … la noire bêtise… l’ignorance….
Que faut-il faire, Seigneur ? Quelle espérance humaine ?
Ce cœur vieux de vingt ans est hélas trop humide.
Les ténèbres et la mort calcinent mes regards
De sombres tueries accompagnées de vomissures.
Ha ! Seigneur, que faire avant qu'il ne soit trop tard ?
11 mai 1978
L'extravagante
Forte sous la dénonciation symbolique
Elle se tord d'esprit critique et répugnant.
La course folle du cheval démoniaque
Exploite la tragédie avec des yeux contemplateurs.
L'extrême franchise et l'améthyste opalocéphale,
C'était vrai : j'ai vu l'œil pourri de mort lente
Voguer dans un ciel ténébreux et rougi.
Elle faisait saigner la verdure admiratrice;
Cupide femme, tes seins sont faits de pierre !
Regarde la flamme se projeter sur nos corps.
Elle cracha du sperme avec du sang juteux
Elle vomit sous l'aube bénévole
Elle pleura, pleura et se sentit mieux
Comme après l'amour deux étonnantes folles !
L'homme qui parlait dans sa tête
" Ton amertume se déploie en immondes frayeurs ? ”
Mais l'Autre dans ses yeux déplorables tremblait,
Ses gestes se désarticulaient. Bath ! Pauvre fou !
Il balbutiait d'étonnantes paroles
Et son regard trahissait sa faiblesse.
... Il aurait voulu parler. Les mots se cambraient,
Le regard était prêt à cracher d'autres furies,
Mais il se tut.
Hors de ses rêves, les syllabes s'échappaient,
Se cognaient gravement dans sa tête perdue
Et disparaissaient. "Homme, homme qui te languis,
Que dis-tu ? Cesseras-tu enfin de nourrir ton noir
Désespoir ? ”
Mais l'homme honteux, vil s'enfuit.
Ses troubles s'évadaient dans cette nuit sans fond
Et son mal et son mal encore le pourchassait.
Desmodée
Au premier chant funèbre qui s'ébroue dans la nuit
Je trépigne des poings et du cœur et des mots ;
J'appelle Desmodée qui m'écoute tout cuit,
Nous chantons des Te Deum comme deux salauds.
Et j'arrache des pages à l'ignoble écriture :
Plus pur que le satin et que le blanc corail,
Je vais doucement féconder la moisissure
Par la plume suprême du superbe travail.
Ô frère de l'infortune, de la pensée obscure,
Ô putride amitié qui parle de grandeur,
Nous naviguons tous deux dans l'ignoble candeur !
Ô le noble symbole sur mon cœur tatoué
Que j'aime ses éclats et sa haute parure.
Pour l'implacable frère, la sinistre pensée !
27 avril 1978- 14 décembre 1998
Le Satan de la mer
En sa faiblesse encore, affublé de tempêtes
Sous son joug maintes fois, le Mal se découvrit.
Précurseur de la soif, mimant des airs de fêtes
Lui somnambule héros penché sur ses écrits !
Et Large ! Ô destin ! Tu jugules des mers basses
Que houles et Monitors font sur tes joues.
En tes eaux, la marée se jette et se délasse
Et se perd et se perd vers des rivages flous.
L'ombre ne saurait défaillir ; l'heure est très grave,
Si ce n'est l'Archipel qui pointe vers son Havre,
Écumes déchirantes sur des quais attristés.
Il brûle les dangers de la forte saison,
Ô sinistre nageur échoué et perdu,
Qui en un jour prochain détruira sa raison ?
29 août 1978 - 4 janvier 1998
L'effluve
L'effluve qui secouait les amarres grandies
Sans se soumettre pour autant aux houles vives
Espérait un autre genre en ses yeux éblouis
Détestant le passage que fréquentaient les pas ;
En phases honteuses, miroitait toutefois le délice,
Assurait le triste sort que nul ne veut suivre
Sans la moindre indulgence, soumise aux maléfices,
Réclamait son orgasme, sa vraie place et son choix.
En sa raison encore ivre, - force qui décline,
Elle fait onduler les déplorables écrits
Qui croquent les cendres allégés d'étamines.
Sur cette bouche où coulent des diapasons mièvres
Il faut prouver la chance réelle du Messie
Puisque chaque jour le mensonge est un mot affreux.
28 août 1978 - 4 janvier 1999
Le Mal loufoque
Dépourvu d'imposants fiels
En ses pensées le Mal s'endort
Sinon de crier : ciel !
L'ennemi redoutable fait le mort.
Le suffrage vrai et bien aimé
De ses bras clairs et parfois forts
En solitude arraché
Lave l'esprit et parfois dort.
Sous ses mâchoires inertes
La véracité des pertes
Se cache dans le mouchoir
Et l'attente à ses yeux si douce
Rassemble maint et maint savoir
Sur cette bouche pâle, rose et rousse !
Finesse intrépide
Finesse intrépide, une branche se posa sur le cœur.
Un son étrange parcourut les murs de la ville,
Des diphtongues, des (archéologues), des déboires :
Tout s'amassa dans l'âtre débonnaire !
Des Vénus à peau tendre, des pompiers incendiaires ;
Ô l'étonnante satisfaction nuptiale !
L'orage, détresse putride accéléra le sang :
Ce rythme dont parle le poète, je le connais !
La vague, l'insaisissable destinée, tout déchoit !
Petites boulettes de papier, cœur humide,
J'ai su votre notoriété, j'ai su la maladie !
Pour éteindre ce verger, reboisons, reboisons
La contrée. Ha ! L'herbe verte et le muguet !
Je parle de ces prairies. Je parle, je parle, je sais !
P 12
Le songe larmoyant
Et du songe larmoyant par le ciel
Implorant la réalité fatidique,
Vaste drapeau, puissant pareil
Aux Amazones et aux Antiques
Creuse et enflamme les vrais accords
Comme une flamme ténébreuse
Qui s'éprend à raison ou à tort.
A gorge déployée, prône les sucs
Et autres délires accoutumés
Par l'oracle tu et mauvais :
La bannière sied en sa contrée !
Le fruit délectable irradiant
La pure morosité malchanceuse
Est omise aux regards du vent !
Les Suppliantes
L'imperturbable monotonie parfois agite
Les regards langoureux de haine et de malheur ;
La fin perpétuelle et mourante se précipite
Comme un déferlement au Temple des douleurs.
Des Suppliantes ouvrent des portes remplies d'espoir.
Des spectres enchantés, mains osseuses et tendues,
Proclament lestement qu'il faut entrer pour voir,
Le bonheur se veut autre et n'est jamais perdu.
Quand poussés par cette force sublime
Soulevant le poids de notre existence brumeuse,
Esclaves enchaînés à la Voix qui fulmine
Nous allons terrifiés vers les ombres le soir,
La peur s'empare enfin de toi, ô ma rêveuse,
Tu implores mon amour et cries ton désespoir !
La conscience de la chair
Quand encastrés deux corps gémissent dans la nuit
Les remous du décor offrent de vains plaisirs,
Et la sublime étreinte suivie de l'agonie
Rend plus sinistre encore les affres du désir.
Dévoyée, pensive, l'âme implore un autre coeur.
La noire punition s'achève dans la tristesse.
Le temps s'évade et fuit sur l'horloge et son heure
Et le plaisir s'oublie sous ces vaines caresses.
La porte entrebâillée d'où la fumée s'évade...
La honte et les remords chassent les cavalcades
Et s'extirpent de l'homme affligé par le sang.
Solitude de chair du dernier des vivants,
Toujours tu nous déchires pour tes viles découvertes
De cambrures et de seins et de chair entrouverte !
L'attente détroussée
Disposant d'imposants fiels
En ses pensées, le Mal s'endort.
Si c'est d'entendre le mot : "Ciel !"
L'éternel ennemi fait le mort.
Le suffrage vrai, bien infligé,
Qui par son tour en a maté des forts,
En solitude possédés,
Touche l'esprit et des yeux mord.
Sur des mâchoires inertes
La véracité des pertes
Pose confusément son mouchoir...
L'attente pour des âmes très douces
Espère maint et maint espoir
Mais son Satan sursaute et le détrousse...
Pièces courtes
Le temps pensé
L’Heure me dit d’écrire et se fait souveraine.
Tout s’éclaire en ce jour que jamais je ne vis.
Danseras-tu longtemps, Rayon, ou je languis ?
Dans mon âme épurée, je te cherche, ma reine !
Voici le temps pensé, dimension quatrième !
Enfin splendeur du moi, ô bien que je bénis !
Je suis ce que je puis, et la sagesse mienne
Me conseille au plus loin d’y chercher un maudit.
L’heure me crie soupirs dans ma mémoire blême
Et je veux en ma chair y cacher un banni.
Souffriras-tu encore dans l’horreur du système
Ou me plongeras-tu sous le noir infini ?
Voici le temps pensé, dimension quatrième !
Poète détesté au fond de son taudis, etc...
Ne me détruis pas
Ne me détruis pas aide-moi à être
Permets-moi de me réaliser
d'assumer un semblant d'œuvre
de produire une infinie parcelle de toi.
Donne-moi le droit d'obtenir
ce qu'il me faut
ce qu'il m'est nécessaire pour être.
Veuille me construire avec ta patience
avec ton souffle
avec ta gratuité
avec ta divinité.
Apparais-moi encore, apparaissez-moi
Lumière de Lumière, Lumière.
Descends, parle, tourne-toi, repars, éloigne-toi, va.
Blanche
Tu étais claire !
Belle est la pureté.
Tu t'enfuis, t'élevant au-delà de ton âme
Dans une parabole d'extase
Pour bannir à jamais la sombre réalité
Tu étais claire bien que nul ne comprit ton élévation
Dans la nuit même, tu étais le chemin de lumière
Nudité, pureté sans défense
Seins blancs, haleine douce
En paix dans ton monde à présent
Seul Dieu te souffla son amour
Nul homme jamais ne te prit
Sois l'hostie, tu es, sois
Tu étais claire !
Conseil à une future sainte
Méfie-toi des loups
Ils apparaissent dans la nuit
Nul pasteur ne te protégera.
Les loups sont sanglants, il n'y a pas de battues.
L'avenir est un feu qui purifie.
D'un pas allègre, va sur la montagne.
Les prophètes annoncent l'avenir.
Déshabille-toi
Mets-toi nue de beauté, de clair idéal
D'innocence de chair
Rends ton sang transparent.
Aime-Le, aime-les.
Attends. Remonte.
Sois pure, élève-toi.
Ni feu ni braise
Ni feu ni braise sanglante non,
Mais un esprit lavé comme soie
Qui se volatilise
dans l'éclair de la nuit.
Un cristal de femme
Crisse ou se déchire
Sur des objets nuptiaux
La belle répand
Dans les yeux de ses hommes
Des fluides enivrants
Ils hurlent puis s'enfuient
Vers l'aurore salvatrice
Ils crient de plaisir
Pour mourir à tout jamais
Le cri sanctifié
Entends la souffrance exhalée
C'est un cri sanctifié
Le sang hurle sur la face du Christ
Sur les braises acides
Les clous sont enfoncés dans la chair
Les épines labourent et tailladent le pauvre corps
L'espace se tait
Les Dieux sont silencieux
Les étoiles constatent
Mais ne savent que répondre.
Il supplie encore le poitrail et le ventre arrachés
Labourés de coups de fouet
Son ombre est un espoir
Dans le soleil sanglant
Est-il des messages
Est-il des messages,
des communications, des signes émis ?
Oui, dans l'espace. Un mélange cosmique
De renvois, de réponses, d'appels, de supplications.
Pensées, planètes, atomes, la matière, tout
S'échange, se chevauche, se combine.
L'univers parle. Nous lui répondons.
Étoiles, lumières, pulsions électriques,
Nous sommes un signifié, un signifiant,
Seuil et uni à tous, à tout
Présents dans le vide, dans le plein.
Seule la voix de Dieu importe
Le reste est méprisable, inutile.
Énigme soufflée
Le vent lèche vicieux les chairs des femmes
Avec raison,
Je dors moi dans un ouragan de colère,
D'injustice,
Je tremble de haine, de passion,
D'horreur.
Son souffle s'unit au mien,
Nous nous fortifions dans le délire.
La fin du péché est espérée.
Est-ce raisonnable ?
Est-ce certitude ?
Est-ce avenir ?
L'air claque dans ma chambre
Et ne sait que répondre.
Il y a la chair fébrile
Il y a la chair fébrile
quémandant l'orgasme
Qui offre sa poitrine
La chevelure est claire
Tu es vêtue de nudité
Soleil dont je me délecte
le temps s'oublie.
Sur un océan de draps
comme vagues bleutées
tu es sirène d'ange
entre houle, flux et reflux
souplesse et résistance
tu balances le mat de chair
pour le délire et le vertige
Glorifié sur son séant
Glorifié sur son séant, le jour s'impose
Statue blanche élevée, dominant et royal
Il y a certitude de grandeur, d'élévation,
d'exaltation,
Cette vérité est belle comme fille épanouie
Là-bas la mer lèche, et va à l'assaut
de la côte comme femme qui embrasse
le pubis d'une autre femme,
doucement, régulièrement
en salive d'écume
Puis se fait araignée blanche
Le soleil chaud et lourd
Exalte sa couronne d'or
Et se répand au-dessus de la mer.
Les yeux hurlent
Les yeux hurlent, les mains arrachent
des lambeaux d'espoirs quémandés en prières
Il suffirait de peu pour qu'un miracle libère
le torturé, le persécuté
L'ombre entoure de son lierre invisible
le saint en attente
sa vacillante carcasse
hurle sous la douleur de Satan
Ô double foyer de lumière, entendras-tu ?
En bas là parmi le troupeau de bipèdes
Il y a saignement ...
Chez les hommes, nul vulgaire ne croit :
Comment voir, toucher des formes délétères
Épées enfoncées dans la chair ?
Je suis sans être
Je suis sans être, épanouissement de mon néant,
Plénitude de mon vide.
Puis je plonge dans ce lac de pensées
Où grouillent confusément les perceptions du langage,
Où les grondements entendus par l'alchimique opération
Se transforment en cristal de musique.
Apparaissent les vagues successives d'analogie,
Images dérisoires ou sublimes symboliques.
Les concepts et leurs contraires participent
À la construction du raisonnement.
Les symétries, les parallèles
S'entrecroisent et s'imposent.
Jusqu'à l'effacement final
Pour la mort du poème.
Constance
Le présent est douleur
La chair est usée par la souffrance
Ils sont là depuis l'origine
La nuit vient à tomber, ils sont là
éternels
De cruauté, de vice, d'ignominie
Constants dans le Mal
en horreurs de tortionnaires.
Éclatent
Les hurlements de l'innocent
Le prince est percé d'aiguilles
La nuit implore, pour qui ? pour quoi ?
Faut-il sanctifier ?
Le présent est douleur.
La chaleur
La chaleur écrase la saison
Le juillet éblouissant
Jeune couronne d'été
Agonise de fatigue,
Alourdi par la masse pesante du soleil.
Nul désir de chair
Nulle volonté de fuite
Les entrailles brûlent mais supplient la glace
La lumière se répand dans ton corps
Tu es ouverte comme une fleur.
La braise se précipite en toi
Le feu gronde, tu implores
Tu resplendis d'extase
Offrant tes seins vainqueurs.
Aubes claires et bleues
Aubes claires et bleues
suspendues de rosée
miroitant sur les éclairs de neige.
Amours de cristal enflammées
de topaze, de flammes comme des fluides
qui circulent lentement dans l'éther.
Vols d'oiseaux qui déchirent
l'infini azuré
battements de soieries
légèretés caressées
dans l'idéal du ciel
tourbillonnez encore
dans un ballet nuptial
pour l'espoir du poète etc
Supplique
Apprends-moi
Apprends-moi à être, à comprendre
Permets-moi d'exister
de produire, de travailler.
Ô esprit par qui je suis
Ô substance de puissance qui me conçois
Vérité qui m'élèves
Pourquoi disparaître, pourquoi fuir ?
Splendeur éphémère de blancheur vêtue
Éclairant la nuit passant comme un éclair.
Fixe-toi en moi
Comme une certitude de valeur
Construisons cette vie
Et préparons l'ailleurs.
Question
Pensée pensée
qui se conçoit sans cesse
qui se nie et s'engendre
qui s'associe et se perd
dans l'espace de ma nuit
mot qui cherche mot
qui circule dans l'imaginaire
je veux mêler, faire fusionner,
engendre, croiser
de nulle part doit venir l'espoir
de gain de conquête
de résultat positif
Est-ce poésie que de supposer ainsi ?
Qu'est-ce alors ?
La pensée
La pensée surgit et s'impose
sur les feuilles rectangulaires
sur ses espaces blancs
elle cherche à construire
à édifier pour l'homme
Son langage sort de l'invisible
comme association de grains
comme petites briques de mots.
Le signe est unité de montage
il participe à la syllabe.
Syllabes : concepts d'échos
répercutés sur le papier
puis le texte apparaît lentement
comme femme au sortir du bain ...
Sainte
Tu étais claire
Elle est bien loin cette pureté !
Tu étais blanche,
tes lèvres sur ses lèvres
dans un mouvement constant
Tu étais si près, si proche
Tu ne t'inquiétais pas de la prochaine mort
Tu étais une croix sur le chemin
Épouse du Père sans méfiance,
sans regard, indifférente même
Sainte pour servir et aimer constamment.
Élevée dans le monde autre
sois, reste claire
sois éternellement.
Suis-je ardeur ?
Que pouvais-tu me promettre, ô sinistre poésie ?
C'est le moment d'agir, tu dois fructifier,
Évoluer, offrir et embrasser le feu ;
Devant mes yeux est la nuit, compagne comblée.
L'angoisse, ce présent de l'acte créatif
M'impose à chercher pour découvrir en moi.
J'invente le poème, je le respire, je le devine.
Une lumière noire s'élève, propose des figurines
Fugaces et délétères.
Sous ma calotte princière, c'est le soleil de nuit :
J'exploite l'image, je rejette le sommeil.
Introspection donnée à celui qui cherche,
Désir insoupçonné de trouver sans être,
L'esprit nourri de son élan ne saurait maîtriser son ardeur.
Pensée qui descends
Pensée qui descends dans la fraîcheur sauvage,
Pailletée d’or, j’espère ta liberté.
Insignifiante charge déjà perdue,
Dérobe-toi des yeux violeurs
Qui veulent pénétrer dans ta fissure.
Ô beauté insoupçonnée, iras-tu te cacher ?
Voudras-tu de ce spasme,
Car je dois t’étourdir ?
Ma soif que nulle bouche de fille
N’apaisa, ma soif, s’auras-tu l’épancher ?
Parée de voilures fines, tu succombes à mon charme.
Tu vis de soie légère, de brise câline,
De mon avidité,
Vois, je te donne la vie. M’aimes-tu ?
La chair et l’esprit
Pression de la chair sur l’esprit,
Le désir constamment s’impose,
Plaintive supplique qui ronge le lit.
Qu’une volée de pensées s’éloigne de l’épiderme de l’amant !
Pure soit son aventure qui chasse le désir malsain.
Que va-t-il laisser dans sa mémoire ?
Le jardin d’une femme en sang ?
Il n’est pas que d’aimer le corps, ici.
Soleil de mon orgueil, je te salue !
J’appelle ton suc nourricier,
J’espère en ta jouissance et te veux.
Pression de la chair sur l’esprit,
Le désir constamment s’impose,
Espoir de la raison, o fièvre détestée.
Profondément vers toi
Profondément vers toi
je me déplace.
Mes dieux se dédoublent,
pourtant je me sens seul.
Chair soumise à la souffrance,
chair pénétrée d’aiguilles invisibles,
embrassant l’étendue impossible
de l’immense génie
et sa beauté féconde.
Puis s’efface à regret
ma pensée sur le souffle de vie
jusqu’à l’ultime éclat venu
de l’inconnu, de moi,
de rien, vers le néant.
Offrandes
S’écartent les cuisses,
se tendent les reins
s’offre la poitrine
les muscles de la femme supplient
pour quelle jouissance extatique
le corps quémandera-t-il encore ?
Coulées de baves dans le cou
Fluides des sexes qui parlent, appellent et implorent
Assauts de chairs, vers quelles fuites
Halètements, gémissements encore
au plus profond des entrailles
dans la zone de folie
à hauteur aphrodisiaque,
organique, de jouissance ?
Finir seul
Finir seul
en résolvant le problème
de l’inconnu
du banni
sans source ni extase
dans la parfaite contemplation du moi
admirant son triomphe
avec la cruauté du mal
être sans être, sans l’autre
se chercher et comprendre
se savoir
pour accéder à sa gloire unique
voilà
La belle finitude !
Finalité
Tout ce qui se meurt dans la nuit
Sexes, vieillards, beauté,
Dioptases, comètes, vierges,
Se meurt pour une autre vie
Dans le grand esprit de la réincarnation
Allume-moi,
Ô torche vivante
Je m’éclaire de mille faveurs
J’accède à ma propre évolution
Nul besoin pour moi de renaître
Tourbillonnez astres, nébuleuses, cœurs de femmes
Je tends vers le repos
Je vais disparaître là-bas
pour un sublime sommeil
J’exploite une blessure
J’exploite une blessure
Telle est ma matière première
la bouche parle avec excès
avec emphase
triche, prétend ...
actrice italienne
J’ouvre donc des cicatrices
c’est une histoire
c’est l’histoire de l’autre
d’autrui
Que je m’approprie, que je transforme,
Que j’intègre
La poésie délire encore
Pour quelle finalité ?
Refus
Est : “ collapse et temps d’hier circlair
Abandon bidonnant de vernis
Basse escale invitant l’avenir ”
... Et fuite de la logique vers l’éther
Mais comment ? Comment autrement
Sans l’absurde avec le vrai, l’idéal, etc ...
Est-ce possible ? J’essaie - mais quoi !
Pour quels résultats en vérité ?
Est donc : “ Concentré d’invectives avec
L’azur, lézard ailé, battant faible écume ”
Non ! Ceci est trop - il faut en cesser là
Et prétendre obtenir par l’intelligence
La combinaison, la fusion, la jeunesse, le savoir
Une production d’écriture autrement supérieure
Jeunesse et règne et fin
Ineffable certitude
Qui me prétend maudit
Tu es constamment
Devant mes yeux
Jamais et jamais
L’espoir d’être compris, d’être lu
J’ai épousé la Muse,
Fille belle et féconde
Aux enfants méconnus
Que supportons-nous ?
Un constant mépris
Tout jaillit en nous
En forme heureuse, malheureuse :
Jeunesse et règne et fin
I
La bouche est harmonieuse
Elle obéit à la cervelle
Qui lui impose d’agir
Splendide, splendide et pourtant
Interdite
L’espace d’écriture coule
Par la salive
Il jouit de la langue
Il balise la feuille à noircir
La fille belle qui pousse
L’inspiration tourbillonne dans le vent
Une idée cherche, veut et se retire
Sur mes lèvres
Assoiffées d’idéal poétique
II
Je n’aime pas, je pense.
Si penser est un geste, je touche les choses
j’embrasse ton sourire
je caresse ta langue
Je pose des marques visibles
sur ta chair qui n’existe pas
tu vois, j’invente un rêve
puis tu apparais
Je fête ta naissance dessinant tes formes
que j’efface pour oublier
L’éclair du poème est intermittent
il est sans devenir
passé pour durer
Je crée donc une distance temporelle
III
Le soleil dessine un arc, élabore une parabole
J’explore le cercle et je pense au Parfait
Telle est ma petitesse
Je suis peu
Voilà une tête qui fait des bulles
jaunes et chaudes
Mon savoir est ridicule
Je reviens dans ma bouche
J’appelle ma langue
s’échappe la vérité
Je me vois nu, faible, et médiocre
à capturer des frissons
à supposer une construction
à travailler du délétère
IV
Je vibre sur une émotion
Je vais contre l’usage éblouissant, inutile
La pensée se couche, honteuse
sans résultat ni réussite
Mes yeux se portent vers le passé
le vide s’agrandit
j’y habite
Je me pénètre encore
dans ce volume d’espace invisible
J’y crée de la matière
voilà les mots
Je recommence agitant le miroir
sachant encore que le tout
ira dormir dans un Néant
Enterre-moi
Enterre-moi
Pour que je sois immortel
La pensée s’active
Refuse la mort
Et produit encore
Ni feux ni ombre
Ne se contredisent
Dans le cercueil ou au bureau
Les opposants s’épousent
Dans le présent du futur
L’œuvre y gagne-t-elle ?
Qui es le tu ?
En moi-même ! je suis l’autre !
Qui le croirait ?
Il déplace le présent
Il déplace le présent
Le voici dictant du futur
Sa bouche est divine
Il porte la ceinture
L’œil est pénétrant
Il s’adresse à l’invisible
Il se figure de l’espace
Cherchant la vérité
Le cœur épuré
La chair passée au creuset
Ses habits de clarté
Et l’histoire de son peuple
Qu’il pousse vers l’avenir
Lui indiquant la Loi
Sur son lit
Sur son lit de douleurs
Le corps déteste le corps
Je l’entends gémir
L’ombre le persécute
Il balbutie des lèvres
Pour personne pour l’absence
Apparaissent les Dieux
Par le mur transparent
Ô mes superbes Amours
Que le Savoir m’instruise
Que le Génie m’éclaire
Le mur se referme
Le Mal est encore là
Et la souffrance aussi
L’air s’élève
L’air s’élève
Et sur le sol
L’éclair de vie s’enfuit
L’orage de violence
Éclate dans ma mémoire
Jaillit hors de ma bouche
Tire sur mes membres
En quelque image disgracieuse
Que je m’impose à répéter
La vérité issue d’un beau mensonge
Sereine et audacieuse
Par le faux
Obtient l’exactitude
D’un conflit intérieur
Insignifiant
Insignifiant fut le triangle
Constellé de sperme
Auréolé de poils et de senteurs
Une histoire lamentable
Qui cherchait en ce lieu
Un passage éblouissant
Des hurlements fabriqués pour déchirer
L’azur dans l’impensable chair
Celles qui s’agenouillaient
Quémandant l’orgasme
Gémissaient sous le fouet
Et là dans ma hauteur
De dominant pervers
J’inventais un théâtre
L’éblouissante recherche
L’éblouissante recherche
Éclate dans le silence
De la nuit souveraine
Tout se situe à l’intérieur
Le je exulte, le moi se cambre
Il y a lutte d’esprit
Se boule et roule, et quoi ?
Se sépare et se juge
S’observe du regard
S’échange des propos
Animés de critique
Cherche à se combiner
Pour voltiger ensemble
Pour le jeu du poème
Chaque pensée
Chaque pensée
Engendre une pensée
Miroir et tombeau
Tant de feux inutiles
Dans l’avenir interrompu
Nourris de leur passé
Chaque image engendre
Une image-création et chair
Un poète concevant
N’étant que cela
Que mort future
Construit en délétère
Pour le secret du rien
Éblouissant et inconnu
Tout tient du Néant
Tout vient du Néant
La fertilité retourne à la mort
Fuyant vers l’avenir
La pensée s’éclabousse
Sur la page blanche
Les lignes nerveuses
S’organisent, forment des ressorts
Rude tension dans la nuit
Le sperme noir pénètre
L’espace vierge
Couché, à prendre
L’accouplement est visible
Pourquoi produire ?
Vers quel espoir ?
Tout jaillit pour l’avenir
Tout jaillit pour l’avenir
Ce qui était n’est déjà plus
Ce qui sera existe
L’œil perce plus loin, là-bas
Il se projette vers l’avant Il espère
Les choses sont prévues
Quel est l’étonnement à les concevoir ?
Est ce qui doit être
La substance future
Est soufflée dans le temps
Le prophète apprend
Alors tout s’accomplit
Il faut réaliser
Ce qu’Il avait pensé
Balancement
Entre le je suis
Et le je serai
Le poète pense
C’est l’espoir
La certitude
C’est l’avenir
J’ouvre ton oeuvre
Pour y voir un futur
Mais le temps s’effondre
Il s’écroule sur toi
La nuit tu espères
Tu prétends être
Pour t’en retourner
Dans l’insignifiance du jour
Je me nourris de rien
Je me nourris de rien
Le rien est là qui déteste l’infini
Je pénètre en moi-même
J’exploite mon oeil intérieur
Le jour est dedans
Je plonge dans mon regard
Le vrai est tout au fond
Dessous il y a de l’or
Des mots émergent
Glauque troupeau incohérent
Je les range, je les compte
Devant eux, le poète
Le gardien de leur sens
La voix et l’émotion
La nuit s’épanouit
La nuit s’épanouit en elle-même
Comme une immense femme noire
Dans une chaleur rose
Le temps aspire la durée, avale
Les secondes qui fuient vers l’avenir
Vivre c’est passer
Mourir est exister
Je veille pour devenir
Dans ma mémoire
Les souvenirs se déplacent
Entre le flou et le précis
J’accompagne mon Oeuvre
Le parcours d’un homme
À enterrer, à oublier
Non, je ne peux pas dire
Non, je ne peux pas dire
Tu es en moi ce que tu es
Visage et âme unis
L’injustice règne
L’œil dedans dehors
Vise, analyse et sait
Le temps consacre l’avenir
L’oint devient immortel
De toi à moi : qui suis-je ?
L’absolue vérité construit
Sa pensée avec intelligence
Pour ce réel d’exactitude
De faux, que sais-je,
Il interroge sa forme
Le passé
Le passé est le déterminant
L’origine, le point de départ
Qui a été et n’est plus
J’habite la bulle du présent
Sombre et noirâtre replié et caché
J’y invente le clair, sa lumière
Je prétends me projeter
Vers un avenir
Toi, tu diras : en ce temps
Tu étais et ne savais
Mais le passé a fui
Nul souvenir fugace
Ne comble les instants
Que j’essaie de capter
Les mots s’appellent
Les mots s’appellent
Les signes pénètrent dans les signes
La tête découvre ses secrets
Offre ce qui est enfermé
Soupière en ébullition
Elle malaxe de l’invisible
Prélève à la dérobée
Quelques pensées légères
L’idée est à saisir
Au milieu du magma
Elle est la flèche
L’horizon est couvert d’encre noire
Il se répand sur le papier
Il conçoit le monde
Le mot fabrique le mot
Le mot fabrique le mot
Engendre et conçoit
Le sens s’éloigne
Il y a recherche de pureté,
Il faut être bien né
Le temps lave le sang
Le moi dit : possible,
Non, peut-être, à voir
Il chasse, il exécute, il tue
La lumière plonge aspirée
Par le vide dans un espace vivant
Intérieur, extérieur
S’organisent des formes
Élaborées pour un devenir
La haine est dans le corps
La haine est dans le corps
La chair est en feu
Tout est cruauté
Le sexe est mort
La pensée fuit dans la nuit
Nulle possibilité
De jaillissement
J’ai épousé la médiocrité
Dans mon état de purifié
J’accède au néant
Mon devenir est difficile
Je tète à la poitrine noire
Du sang de béatifié
Tu vois : je m’élève
La plaie est à l’intérieur
La plaie est à l’intérieur
Qui la verrait ? Qui ?
Le sang charrie de la douleur
La chair ne sert qu’à souffrir
Elle frémit sous l’extase
Sans le plaisir de l’autre
On fabrique des images
Histoire de fuir un peu
Les relents de la mort
Masse blanchâtre, ceinture de clair
Invisible qui donc pourrait voir ?
Persécution mentale,
À toute heure, encore
J’habite avec la mort
Dès
Dès qu’il en prit conscience
À coups de pensées déployées
Il développa sa méthode
la sienne, oui.
Il produisit comme on s’accouple
Mécanique de fauve érotique
Sans jouissance pour autant
Sa certitude accéda à de l’inconnu
Ses fluides, ses spatules de l’esprit
Touchèrent d’autres envies
d’autres femmes de poèmes
Mais le Ciel condamna
fabriqua de la haine
l’aigle blanc eut la chair torturée.
L’épouse du poète maudit
Penchée, tournante, tournoyante, envolée
Elle se déplace dans ses jours néfastes
Elle dort sur des clous, des brisures de verres
Elle a froid, elle est brûlante
La voilà crucifiée au milieu des ombres
Fille du fakir, princesse de la douleur
Elle cherche des étincelles
Son époux est misérable
Magnétique attrait
Constante privation
Éphémère et sainte
Je nourris son supplice
Ô ma beauté interdite
Pourquoi m’as-tu suivi ?
À personne
Je ne lègue à personne
Ma part de poèmes, de rythmes
Qui s’élaborent
Dans mon désert
Enfermé en moi-même
Au plus profond de l’exil
Nourri d’imaginaire
Sans contradiction, mais sachant
Évidence immuable
L’organisation de l’homme est facile
Collectionneur d’images,
De sons, d’invisible
Proposant des fréquences,
Je fomente dans mon âme fertile.
Ténacité
Critiquant, critiquant et sachant
Le réel contenu obtenu
La médiocrité en moi
De l’acte poétique dépassé et ridicule
Derechef travaillant, travaillant
Éclairé de science et de vérités
Donc honteux et caché
Humilié et stupide
Innocent, agressé,
Virulent d’exactitudes
Proposant des solutions autres,
Refusées par le ciel,
Implorant encore pour rien,
Oui, lui - mais quand ?
Jusques à quand ?
Le va, le vient
Le va, le vient
Le rituel éternel
De deux chairs
Le passage, la trouée
Les langues roulées
Les regards
En tête-à-tête
Puis les rudes coups
Portés dans le ventre
La pensée s’écrase
Dans l’apothéose des corps
L’âme redescend
Constellée d’orgasmes
Redescend
La mémoire aime l’oubli
La mémoire aime l’oubli
Le souvenir fuit
Là-bas dans l’ombre
La pensée est brisures de cercles
De moins en moins parfaits
Qui s’évadent
Vers l’infini perdu
De dérive en dérive
La nuit couvre le jour
Carnassière et dévastatrice
La tête est lourde de songes
Le sommeil s’épanouit
Éblouissant
En longs soupirs
Où est ta fuite ?
Où est ta fuite,
ton refus, ta honte ?
Cette question est posée par un poète
qui se replie en soi-même
Tant que l’homme produit,
il vit tout au fond
très loin
à l’intérieur
De chaque poème naît un espoir
construit par l’alphabet
d’un ordre - désordre
La pensée s’épanouit derrière le visage
La pensée construit
pour imprimer du délétère
Souvenirs
Souvenirs
Vous versez l’oubli
Sans futur
Délavées les pensées
Disparaissent peu à peu
Ainsi s’écoule le temps
À travers notre mémoire
De clair-obscur
Tout s’efface dans l’oubli menteur
Notre regard intérieur
Masque le mensonge
Nos yeux se nourrissent
De vaines images
Encombrées de poussière
Pour ne pas
Pour ne pas décevoir
Ne rien faire
L’aurore est une bouche
Qui pose des questions
Si la passion s’en mêle
La raison est dans l’abus
Le Moi
Veut s’approcher du Toi
Quand il l’atteint
Il en cherche un Autre
L’homme seul
Communique avec Dieu
La mise à l’écart
Est acte de pureté
Un endroit
Il y a un endroit où le vrai se veut certitude
sans contradiction
sans dialectique
le peut-être s’abolit
le conditionnel est effacé
On possède le vrai
comme d’autres le mal ou le bien,
comme d’autres
Est-ce lieu du Parfait ?
Vu la porte céleste du lieu
porte invisible
existe l’Éternel
Je pourrais soutenir que tout était là
Quelque chose, quelqu’un
Le monde sera
Le monde sera ce qu’il doit être
en son lieu, en son temps réel
en son possible, à sa façon
comme une tête pensée par un Dieu
côtoyant d’autres têtes
La mienne petite et insignifiante
perchée sur un corps
avec une autre tête, la sienne,
belle ou moitié, la sienne collée
De l’immensité à l’infiniment petit
tout est su, pesé
et toi toutefois
toi vivant et si peu pourtant toi
Un autre monde
Un autre monde, certainement
avec des perceptions plus pures, plus vraies
où l’œil est perçant
Un monde parfait d’avenir, de passé,
de conscience exacte, de certitude
Un monde supérieur, éternel, régénéré
nourri de sa propre substance
où le temps est aboli,
ou intégré, du moins compris
Voilà pour l’hypothèse
est-ce possible ?
Monde pensé par des Verbes
d’éblouissements internes
Je dis : est-ce possible ?
Le possible
Le possible en ce monde
et dans les autres mondes
leurs possibles propres
ce qui est possible ici
peut l’être là-bas
Mais l’impossible
comme de diviser par zéro
comme de se projeter dans le passé
de connaître son avenir
L’impossible est préférable
est challenge
est résistance
J’accède à l’impossibilité d’être
suis-je moi ?
Par la main
Par la main
J’appelle la fille
Qui glisse hors de l’esprit
Toujours en moi
Est un avenir que j’ignore
Encore de l’ombre
Encerclé d’ombres
Vers quelle lumière ?
Je glisse dans l’espace
J’apprends à fuir
En constance d’immobilité
Accablé de morts
Accédant à la pureté
Du moins à sa recherche
Vient la pureté du songe
Vient la pureté du songe
Composé par l’ange
Ébouriffé de cheveux fins et clairs
Je souffle sur l’image
J’accroche quelques mots
Battements d’une idée
C’est capter un présent qui sans cesse
S’enfuit par légèreté de vent
Balancements encore
Comme le poids d’un saule
Qui dit oui, qui dit non
La pensée s’étire
Veut et se retient
Et doutera toujours.
De pas n’importe quoi
De pas n’importe quoi
Pour produire cette forme
Du doute et cherche
Avec l’élan
L’unique est parfois facile
Son sens perd donc de sa valeur
Ma nuit est aléatoire de risques
D’espoirs, de logique floue
Constellée de possibles
Tu possèdes peu
Lettres et chiffres infiniment sans notes
Et trop faible
Pour exécuter les ordures
Les charognes de Satan
Sous le crâne prétends-tu
Sous le crâne prétends-tu
Et dans l’ovale de ma bouche
Avec la main au calame
L’œil dicte sa pensée
Il veut, veut, veut
Pour construire
La jetée dans l’esprit
Le souffle combinatoire
J’exploite un risque
Des traces refusées par autrui
Sur le papier c’est l’âme de l’instant
Dans ton avenir déjà
L’espoir d’obtenir
Un produit meilleur
Un élan de vie
Un élan de vie
L’origine s’écoule
Avec du sperme
De toi à moi
Un seul lien
Puis la séparation
L’érection molle annihile
Tout espoir d’un futur
Je reste avec le Seul
La circulation du sang
M’irrigue en autarcie
Je porte mon squelette
Je vais de moi à lui
Et l’esprit s’irradie
Le temps compte
Le temps compte
Maintenant et toujours
Le temps amasse derrière soi
Le présent n’existe pas
L’élan pousse vers le futur
En exploitant un passé
L’onde de choc en cercles concentriques, évasifs
D’appels vers le futur d’oublis vers le passé
En pointillés imperceptibles
De lointain de là-bas
L’onde de choc
Le matin pour l’un
Le soir pour l’autre
La constance d’éternité pour Dieu
En attendant le procès
Lui, corps purifié,
Lui, bracelet d’oint en or,
il produit dans l’ombre sans compagne ou peu :
“ Le Mal s’agite, s’agite ”.
Il est vivant encore
mais cherche sa survivance :
“ Quelle belle mort, quelle ! ”
puis les chiens, le Mal, la violence
un espoir par le temps, le travail, les Dieux
Les voleurs, les tortionnaires, la pourriture
Les fils de Pétain, la Milice
A quand le procès ? J’attends le procès
dans son vide d’inconnu
de tant pis etc...
Orgueil
Ô puissance de soi-même
Les effigies, statues, images de murs
tomberont, eux pourtant vrais glorieux
car je les nomme et les sais
Qu’on me défende des chiens qui mordent
chiens invisibles mais tenaces
moi cherchant encore
vers ou cendres de livres
sur mémoire de jeunesse
Tu hurles à la consternation
c’est un, un qu’il faut arriver dans son espace
Non, je n’ai point plaisir c’est déception
descendant les oboles ?
sont venus les Dieux
La nuit attend
La nuit attend comme un veilleur le jour
Attend
Le temps donne 6, 8, 10 heures à la nuit
Tu cherches de l’intérieur
Jusqu’au lever de la page
Tu prends des lettres,
Tu y ajoutes de l’élan
C’est ton désir
Impatient, tu appelles le son
Porteur de souvenirs fuyants
La bouche, corolle ovale
Veut penser encore
Tu souffles sur des idées
C’est ton espoir
La pensée, la profondeur, l’éclatement
La pensée, la profondeur, l’éclatement
En synergie d’actions se combinant,
S’accouplant pour la sublimation du Moi
Tout ce que tu perçois
Enfoui en vibrations infiniment faibles
Tout ce qui t’apparaît
En images délétères ou symboliques
Produit des accidents de langage
Dans un capharnaüm harmonieux
Harmonieux ? Tumultueux et violent, oui !
Pénétrant en soi-même,
Tournant les yeux vers l’intérieur
Plongeant dans ces formes sensibles
L’esprit qui veille construit sa pensée
Ailleurs
Il y a un lieu, ailleurs
Pas trop loin d’ici.
Ailleurs existe donc,
Vous devez le chercher.
Ils disent : “ Nous n’avons pas trouvé,
Mais nous avons cherché ”.
Toi, tu attends vainement
Espérant je ne sais quoi
De futur, d’avenir.
Il te faut y aller
En oubliant le temps
Qui veut s’éterniser.
Que la mort m’emporte,
Qu’elle extirpe mon âme
Abolissant mon corps.
De chair
De chair quand tu descends dans l’ombre
La pensée bien faite sur les choses rationnelles
L’esprit avance avec sa certitude :
Le nu est parfait, sa peau à dévorer
Ici et là,
Ici-bas pour la reproduction,
l’appel physique, le besoin
On s’abreuve aux sources sexuelles
le lit, les poils, les odeurs,
les sécrétions, l’haleine, le lit
On spécule sur ses désirs
en sur quantité de possibilités citadines,
le pénis vibre, la vulve coule
Il se passe peu, presque rien ou rien
Ainsi hurle-t-il
Ainsi hurle-t-il : va vers la science
rejette la chimère
capte en plein vol la gravité et la vitesse
délaisse l’habit d’images
forge-toi une certitude
avance sur la vérité
L’ordre est à la rigueur, avec des
irrationnels ? des cercles qui n’ont pas
de surfaces finies ?
C’est donc une forme de connaissance
à parfaire
Les espaces sont des années
dans lesquelles je construis
un passé exact
Recherches de distances
Recherches de distances,
ce sont les mémoires
d’une même oscillation
d’un imperceptible à définir
sans connaître exactement l’origine
ce sont des tentatives
des volontés de savoir
des pénétrations très à l’intérieur
Des miroirs de plus en plus petits
pour une sorte de calcul infinitésimal
de décomposition de substantifs
de prélèvements de verbes
Il faut aboutir dans le profond du Moi
pour y extraire, - quoi ?
Mémoire
Mémoire : vaste splendeur intérieure
amas d’êtres, réels et d’images infinies
où s’intensifie le sentiment
J’oublie parfois la souffrance
Le souvenir se cache, revient,
se transforme, gomme ses apparences,
se nourrit de vérités erronées, - ce qui l’arrange
Je ne puis décider de mes souvenirs.
Le temps éloigne la certitude
mêle du pur à de l’impur
Le temps construit sur du délétère
égrène, efface, fabrique du mensonge
qui jure dire l’exactitude
Mémoire
En toi
Ce qui est en toi d’inconnus
d’actes futurs
puis ton probable, ton répétitif
ton progrès, ton peu, Toi
dans le Souffle espéré
avec son signifiant
Cette quête épileptique
d’un cerveau en constance de mouvements
comprenant son nul,
sa faiblesse
son médiocre
Toi en vérité
Mais quelles sont tes limites
tes objectifs, ton désir, ta volonté ?
En lui
Chaque fois qu’il pense, il s’use
dans des règles désuètes
chaque fois qu’il spécule, il doute
Jaloux de sa foi, de sa certitude scientifique
alors il s’évade
sur des corps d’oiseaux
sur des chairs de femmes
chaque foi qu’il exige du temps
une quelconque obéissance,
l’autre ironise, la pensée l’encercle
la rigueur le désespère
tout se même et s’emmêle
La vérité se rit de la sagesse
qu’il prétend posséder
Il faut donc maîtriser
Vie
Ainsi je travaille pour un rien impalpable dont je n’ai que très peu reçu
Fussent quelques graines de lumière.
En vérité j’ai produit.
A l’ombre d’autrui obsédé par le Temps
J’ai tâché de progresser
Enveloppé dans les livres des Anciens
Cherchant à imiter
L’adolescence avec des juillets qui croulaient à coups de triques
Célébrant encore le Génie de la Pléiade
Avec apprentissage, volonté, désir, puissance
Des rouges, des jaunes sur des vapeurs d’aquarelles, etc...
En attendant le fatal instant de Dieu
Sous ce soleil noir avec prisons de barreaux et de vers
Et au loin là-bas comme un rêve de femme impossible
On lèche, on crache, on suinte
On lèche,
On crache
On suinte
On se tord de douleurs
On supplie l’extase
On torture, on tue, on extermine
On implore, on supplie, on délire
Dans la trace de l’existence, de l’histoire
De vie dérisoire, inutile,
Particule ridicule
Infiniment peu
Qui rêve de vivre mieux
On crève cadavre de merde
On ne fait que perdre
Résonances I
Jérusalem
Jérusalem, je suis venu à toi
Ma voix prophétique
se nourrissait des paroles d’Isaïe
paroles d’avenir, paroles de vérité
dans une langue claire et pure
Je franchissais la porte
du savoir ancien et j’avançais
sous la voûte du futur.
Je suis venu, annonciateur de la certitude du fils de Dieu.
Quel Juif accepterait d’entendre ?
Car il a déployé son arôme
de messianisme, de Chrême, et d’amour
sur les toits de la sainte ville
mais personne ne l’a cru
Les papillons
Les papillons sont lourds
Papillons gras, de sexes de femme
Les papillons s’écrasent dans les moiteurs ternes
Leurs ailes sont des couteaux qui cisaillent la nuit
Leur déplacement des erreurs, des faussetés d’actions
Ils pénètrent, voltigent, agonisent
Dans les ouvertures,
Glissières d’orgasmes
Auréolés d’espoirs.
Les papillons se meurent dans les ténèbres
Ils remontent, bandent, érectent,
Les poils, les odeurs, le désir,
Puis l’égarement, la lente tombée
La renaissance.
Le soleil lèche
Le soleil lèche à nouveau les vitres
L’oiseau attend
Un printemps généreux
Et l’or encore laiteux coule avec abondance
Les seuils de porte humides semblent sécher
La révolution permanente des astres
Tombe sur ma tête rousse
Tandis que les sapins sont bleus
L’homme à la béquille
Poète invalide
Tirant sur un sale destin
Agrippe sa malédiction honteuse
Des milliers d’aiguilles sont enfoncés dans son corps
Agrippe, tire, etc...
On a renoncé
On a renoncé au désir
De prendre sexe pour sexe
Et imposé le mutisme
Malgré l’appel des corps
De chevaucher
La chair humaine
Après avoir subi
La haine de la mort
Il s’en est allé agoniser
Dans les contorsions
De ses étranges douleurs
Sur le seuil éternel
Le silence explose dans mon crâne
Où j’apprends à écouter l’horreur du vide
Que reste-t-il ?
Et il veillait écoutant grandir ses yeux
Il avivait des soies, des étoffes
des soufflés
à formuler
Eut-il cru au surnaturel ?
Eut-il une fois embrassé
l’esprit d’avenir, d’inconnu ?
Feux en soi
Feux éteints par la langue affolée
Qui a plongé ? Qui a porté ?
que reste-t-il ?
des riens
Deguy dit : des propositions
qui croire ?
La chair est une douleur
La chair est une douleur qui insiste, insiste
L’esprit imite la chair et souffre, souffre
Ils vont par deux leur chemin et s’infligent des pleurs
Et des supplices sur l’ensemble de leur existence
J’ai voulu habiter une absence pour être libre
de ne pas souffrir
tendre vers une vie insignifiante
pour ne plus endurer.
Je suis lâche, n’est-ce pas ?
Nous errons pitoyables, subissant des intensités
de haine et de violence, moi et ma femme
attendant ou poursuivant ce soleil rouge
tumultueux et assassin
pour achever cette immense tristesse
Longue marche
Longue marche inaccessible en soi-même
Le vent pousse, - on en a grandement besoin de ce vent-là !
La nuit a son parfum d’interrogation, son souffle de soupirs
La nuit - me voici !
La nuit, cette habitude d’écriture voluptueuse par le plaisir de l’esprit.
J’habille le silence
Des voix confuses et disparates s’entendent au loin
Quelques oiseaux hagards déchirent le vaste ciel
Construire dans l’absence, dans le rien un piètre espoir de poème
Produire pour mon hiver
Pour mon semblant de gloire ?
Nous avançons ensemble moi et moi
Les deux certitudes essaient de se comprendre
Comme la violence et la douceur s’accouplent pour l’orgasme
Écrouer
Écrouer la lumière qui valsait au fond des ruelles
Le non-sens est d’accord avec moi
Il y a absence de fête, de sexe, de plaisir
L’élévation certaine se conçoit au coin des regards
les voix murmurent quelque vérité
il y a encore mouvements des cités
des labyrinthes
des tunnels de chair
puis des hommes qui volent
dans l’invisibilité de la raison
Tout cela dans une pensée cosmique,
aléatoire,
impossible
possible
Sera-ce ?
Phrases Phrases d’énervements de recherches
Demi-cercle pensées virevoltées
Refus élisions envolées fuites éclairs
Images analogies compas comparaisons
Variables, variantes déplacements dérivées
Hyperboles de ma mémoire audaces, risques
Explosions figures projeter
Contorsions violences expulsions
Accords ensemble insistance
Saute-mouton grands écarts triangle
Fille de sexe de matrice ferme de fonctions d’Éros
Certitude fugace je prends, je jette
Sélec tion coupe
Sera-ce suffisant pour obtenir le poème ?
Architecture splendide
Architecture splendide d’équilibre de femme
toi de droites et de courbes
idéale d’obliques
je pense ton centre
Je suis en ton vouloir
de sexe tendu
quémandant, suppliant quelque orgasme
Tes espaces, tes interdits
Sexe, anus, vulve, seins,
pieds, mains, tête, chevelure,
volumes, odeurs, sécrétions
Tu imposes tes ordres
Je te conçois dans un impossible dessein
J’abdique et ne fais que te deviner
Mouvements des corps
Pulsation de plaisir,
La chair s’active,
S’humecte, désire
L’haleine chaude et lourde
Chargée de salive
Pour l’échange du baiser
Les langues mêlées
Les caresses, le soleil contre moi
L’ivresse, l’abîme, la folie
Les corps se fondent, se confondent
L’océan, les envolées, les battements,
Les vagues successives
Le retour sur le sable, les chairs ballottées,
L’écume de chair, le sommeil.
La ridicule histoire
Ici commence la ridicule histoire. C’étaient
Des petits bouts de fragments à accoler les un aux
Autres. Je prenais mes habitudes, j’allai dans mon
Jardin. J’y fabriquai une personne. Les boutons d’or
De l’enfance se mourraient et les premières pensées bleues
Semblaient éclore. J’y dessinais une femme splendide,
Inouïe, impossible. Non, elles étaient plusieurs, car une
Seule... Dans le vent soufflé, j’offris un cœur baigné
D’azur, d’écrits, de poèmes, de messages, j’offris,
J’y déposai des oiseaux, des rossignols, des lyres,
Puis loin, elle irréelle, caressant des substances rares,
Circulant dans le parc fabuleux. L’étang, l’énergie
Mentale, les élans, l’histoire de l’écriture, des tentatives…
... Pour finir sur un crépuscule de jardin embaumé, oublié.
Vieillissement
En toi-même, pour toujours,
Tu resteras harassé de fatigue
À la limite, espérant encore
Sublimant des illusions
Impossibles à atteindre
Tu es abattu comme un chêne mort
Au-dedans, vieux ramage épuisé
L’amertume ? Quelle amertume !
Non, rien, peut-être le regret
De n’avoir pu produire ce que, etc...
Donc soupirs, terre de soupirs,
De hélas, la déception pour cette fausse
Puissance, - un désir alangui,
Une capacité déjà épuisée...
Ne suis
Je ne suis que faiblesse et inutilité.
Je me crois stupide chez les hommes.
Suis-je digne d’eux ?
C’est sans peine que je préfère
Me cacher en moi-même
À l’abri de leur critique.
J’ai peuplé mon silence,
L’encombrant de poèmes
Ai-je rejeté la chair
Pour me construire un monument de livres ?
Je me suis asservi,
Rendu l’esclave de mots
Je vomis des fantômes, je hurle
Sur du vent : tel est mon pouvoir !
*
Quelle écriture !
Immense et piètre production,
Âme tâchant de construire
Je travaille avec le souffle,
Avec l’ivresse constamment je m’égare
Tu m’as soumis à de la petitesse
À de la médiocrité
Tu m’as chassé du ciel
Me voilà avec les chairs,
Pourquoi ? Pour rien, peut-être
Ne m’oublie pas.
Je dois bientôt revenir
Ne m’abandonne pas
J’ai tellement besoin de protection
Chanson populaire
La lune jongle dans la nuit
Avec sa sphère visible, invisible
Quatre filles se baignent à la rivière
Le bel homme les contemple, les désire
Les quatre filles s’esclaffent,
Rient et s’amusent
Elles se jettent de l’eau
Dans leur superbe nudité
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Il n’ose s’approcher
De crainte de les effaroucher
La lune est triste dans la nuit
Le beau jeune s’est enfui
Les quatre filles iront au champ
Mais jamais n’auront de mari
Sa transparence
Quand il revient, il voit sa transparence,
il l’habite
il conçoit à nouveau la pureté intime,
intérieure,
d’oint
il revient en lui-même, conscient
de sa perfection
de son idéal d’être
Il embrasse d’autres saints, d’autres saintes
tout s’éclaire blanc, éblouissant
de lucidité
Victoire du torturé
sur la souffrance
sur l’excrément de la violence du Mal
Toujours présente
Avec peu, avec rien l’esprit des roses
s’évade dans l’ivresse de la mémoire,
Je puis y embrasser l’oubli
et retrouver cette rose
bleue ou violette peut-être
S’efface le souvenir, le charme de ton passé
mais je te rends éclatante par la magie du vers
Oui, te voilà éblouissante
avec ta blondeur, ta beauté,
la multitude de tes orgasmes
avec tes bijoux, tes parfums
Oui, sublime femme d’hier et d’autrefois
toujours présente par l’essence du parfum
dans l’évasion du rêve parfois
Masse inerte
Je suis là, masse inerte dans ma chair
espérant quelque modernité d’écriture
masse pensante fixant un mur
une hauteur
un impossible
Désireuse d’élévation
de nouveauté
de grandeur
Je prétends, j’espère, je veux y croire
tout en sachant pertinemment
l’utopie de ces dires
de ces élans
de ces rêves
L'utopie
La Dentellière
C’est entre ces deux extrêmes
De flux de sperme
Et de flux de sang
Que la Dentellière
Tisse le souffle de la vie
Entre ces deux puissances
Contraires et complémentaires
Le corps jouit et supplie,
L’âme épouse les méandres
Du corps - est-ce donc cela
L’existence de l’homme
Avant d’atteindre l’Éternel
Ou de plonger à tout jamais
Dans son sinistre Néant ?
Cette même pensée
Cette même pensée hier tu l’exploitais autrement
elle gît là au fond du Moi
sifflements et murmures
Tu la sens, elle t’apparaît perte
Tu soupires, veux t’exalter
Tu cherches à faire vibrer l’émotion
pour percevoir, - quoi ?
L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus,
tu subis la vérité aléatoire
C’est une angoisse sous cette carapace cervicale
dans ce cortex spongieux
région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu
Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe,
la fluidité d’une image Je te laisse à ta confusion
De la mort
Effroi et forte crainte
Pour l’homme qui se meurt
Sans dimension spirituelle
L’homme immensément seul
Devant son propre néant
L’orgueil n’est plus, l’orgueil !
Ne reste que la dérision,
Que sa faiblesse, qu’un souffle
Insignifiant, exil du Moi serein !
Évadé, le libérant, le tirant
Vers le haut, vers l’extase préférée
Peut-être - il s’extrait, est sorti
Et là que voit-il ? Soit la lumière,
Soit le Gouffre éternel de la douleur.
Ici la mort
Ici la mort resplendit d’aise
d’assurance, de certitude, de pouvoir
puissante et éternelle
imposant sa vérité
Lumière rouge de haine et de méchanceté,
cendres chaudes et violentes
entourent l’innocent
Nourrie d’horreur et de cruauté,
de vexations et de blâmes
dans les confins de la bêtise
et de l’insupportable
Au néant ! Emportée par un feu de sang,
pour la torture juste de l’ordure et du pourri
Comment implorer Dieu ? Comment le convaincre ?
La nymphe
Conçois cet instant où elle se fige :
elle s’assoie, se lève, revient, pense
la fille aux jambes hautes
les doigts sur tes doigts
te permettant d’écrire.
Nous sommes sur l’axe de la pensée...
Nous voulons accéder à son extase…
Prononce-t-elle quelques mots ?
S’extirpe-t-il un rire
de ses syllabes mouillées de salive ?
Plonge dans sa bouche,
Veuille y extraire des fruits d’extase !
Ses seins, ses pieds, cercles de femme...
Cette nymphe mariée envahit ton intelligence
L’heure éternelle
Crainte et angoisse
Pour l’homme qui meurt.
L’homme suppute, suppose
Espère, supplie une fuite
D’avenirs, d’au-delà.
Enfin ! Il s’extirpe, quitte son
Enveloppe, monte, monte, s’élève…
…L’homme immensément infini
Devant la petitesse divine
Comprend, comprend trop tard !
Ne se nourrit que de son pardon
Jette son orgueil, son dérisoire
Épouse la vérité religieuse
Quand l’heure est passée,
Est dépassée, est éternelle.
La torche
Pourquoi lui en voudrais-je d’avoir autorisé
L’immonde torture sur un futur saint,
D’avoir tué la vérité
D’avoir étouffé les cris et les sanglots
Les longs déchirements qu’expirait sa bouche ?
D’avoir offert aux rustres et aux ordures
Le droit à la violence et au crime impuni ?
La grandeur d’âme découle-t-elle de la douleur
Infligée sur le corps de l’innocent ?
L’immense cruauté comme l’immense barbarie nazie
Doit-elle se nourrir de sang et de l’âme des purifiés ?
Quels siècles ! Quel système ! Quelle horreur !
Et cette torche maudite - qu’embrassera son ciel,
Pour quelles immondices brûlera-t-elle ?
Le pardon d’avenir
Seul lui pouvait nous instruire, nous apprendre
Le danger de ces mille chemins de traverse
Lui seul était le guide, la parfaite direction.
Tous nous avons œuvré dans le bois, dans la pierre,
Dans la matière, dans la chair,
À la fois prétendant savoir et ne sachant rien
À la culture parfaite, à l’érudition insignifiante
Homme d’esprit, homme de peine
Et chaque fois qu’il montrait du doigt la vérité
Nous le méprisions, refusions de le comprendre
Dans notre orgueil d’humain
Nous voilà aujourd’hui dans la douleur
Regrettant notre passé
Aurons-nous le pardon d’avenir ? Dieu le sait.
Conclusion
On se satisfait de peu, on saisit
Les premières solutions craignant de les perdre,
On les applique immédiatement
C’est l’éternelle déception, on insiste
Bêtement ayant la certitude de mieux faire
On prétend que le nouveau recueil
Sera de meilleure qualité
On jette l’ancien, on pense à de nouvelles
Possibilités en travaillant avec d’autres auteurs
En vérité, l’on est toujours soi
Et cette identité-là est difficile
À intégrer dans l’esprit de l’autre,
Qui méprise, rejette - allez voir
Ailleurs ! - Ailleurs ! Pourquoi pas ?
Résonances III
Poursuivre
Écrire un poème après une longue attente
Est un plaisir, un soulagement.
Il ne faut pas que des mots qui ne demandent
Qu’à vivre les uns à côté des autres soient laissés
Dans le pur imaginaire invisible de l’homme,
Que l’ensemble soit voilé par une lampe hasardeuse,
Et qu’un contretemps hostile efface une lancée poétique.
Nous devons discuter, venir, revenir et tourner
Sur les thèmes savants chers à notre pensée.
Nous devons poursuivre notre recherche intérieure
Pour contrecarrer cette irréversible fatalité du temps.
Le vieillissement, la décrépitude du corps est sagesse,
Écrit Yeats. Jeunesse passe, et semble l’ignorer...
Poursuivre encore et ajouter sur les Anciens.
Aigreurs
J’avance constellé d’évidences
Une vieille femme littéraire m’indique le chemin
Une personne respectable, transparente et pure
Pourtant je rêve, j’idéalise le corps de la beauté
Sur le feu du plaisir, pour l’orgasme éblouissant
Je pense à la douleur que j’ai subi que je subis
Encore, et la rage m’envahit comme un immense éclair
Un flot d’images claires explose dans l’ombre
Qui se nourrit d’interdits, de risques, d’audace,
- Du moins, je le prétends !
La forme du poème me trahit et ce philtre artistique
N’est qu’une pâte grossière de marc de café
Il n’y a nulle compensation à soulager sa peine
Telle est la voix de l’écriture, hélas !
Ont bondi
Ont bondi les images fades, inutiles et stupides
Qu’il fallait unir les unes aux autres
Dans un ballet littéraire ou poétique
Ce que le poète dédaigne
Ce qui résonne dans sa nuit
Est insignifiance d’homme
Il faut fabriquer de l’imaginaire
Par l’invisible, par l’impensable, il faut
Recréer cette lune millénaire
Son halo d’or brillant
Célébrer l’idéal de l’étoile
L’esprit doit concevoir
Sans victoire, sans marbre
Rempli d’amertume
L’éternise
Sa beauté l’éternise
de plus près ses sécrétions vaginales perlent
femme pure, impure, parfaite
Toi dans les délires de la Grèce
Tunique claire que tu lavas
dans le torrent de mon inspiration
où j’ai confondu ton image
avec l’idéal du génie féminin
Encore ton visage, toi que j’idolâtre
reformant tes courbes, tes volumes
en qui vont mes délices
Pour prendre ton corps, pour baiser
Tes pieds, amante, par pitié
Je suis comme un soleil qui te supplie
La table
La table appelle l’Écriture
Le soleil semble poindre
pour une illumination intérieure
Un souffle se lève, les ailes s’agitent
Et fouettent l’air rougi ; les dernières brumes s’effacent
quand d’autres vapeurs ou brouillards
s’amoncellent dans l’âme du poète
C’est une nuit d’ébène où le sang de la femme
veut se mêler à l’appel cristallin
C’est le rêve d’Icare pour idéaliser sa pensée,
une sorte de perfection impossible
L’éternel apprenti prétend encore
C’est une folie impossible
l’élan s’en retournera dans son échec
Conseils
Monte par le chemin inventif après l’interminable
tentative de rassemblement, d’associations de mots
Range tes idées, tes opinions
qu’elles s’accumulent les uns près des autres
Sois enfin la pensée qui s’élève
avec l’absence de réussite à ton côté
Comporte-toi en chef de raison qui d’un
mouvement circulaire lamine toutes les pensées défectueuses,
qui efface, gomme, fait disparaître
la faiblesse et l’insignifiant
Quémande à l’Esprit supérieur de t’aider
quelque peu, invoque, implore, supplie
La voix, la voix de l’Autre, du Dieu,
- car il s’agit de prier - il t’entendra peut-être
A peine
A peine ouvre-t-elle sa chair
par désir ou soupir
mon visage s’évanouit dans ses yeux
je rejette l’intelligence pour accéder
à son ventre de fille-nymphe
Je l’aide à défaire sa pudeur
Je pose l’ange sur l’extrémité de mon ongle
craignant qu’elle ne s’effarouche,
qu’elle ne s’envole
Je cherche la pureté attentive par le détail
de ses mains, par l’évidence claire de son oeil
Parviendrai-je au-delà de l’acte physique
à conserver quelque blanche émotion
sur son col de cygne, parviendrai-je ?
Les frères vagabonds
Je sais leurs chevaux vagabonder dans les airs cristallins,
enveloppant de bruits sourds leur éternelle renommée
apparaissant dans l’ombre du crépuscule,
surgissant dans l’éveil d’une aube sublimée
Ils sont le vent qu’ils inspirent, qui les inspirent
Ils transforment la nuit lourde en certitude de lumière
Certains s’évanouissent en gémissant,
d’autres soupirent et construisent d’étonnants nuages mouvants,
constamment renouvelés. Leurs élucubrations sont
Vanité, Orgueil, Gloire de soi et Rêves d’un éternel désir
O mon amour constamment cherchée, ma tête sur ta poitrine,
laisse reposer ma chevelure lourde de poèmes imaginés.
Je nourris l’heure solitaire d’exploits stupides et
regagnerai plus tard l’antre absolu de mes frères vagabonds
Quelles, elles ?
Reposent
insensées
encensées
dans les stances de la mémoire
se nourrissent du silence
Et quelles, elles ?
oubliées dans le puits du Moi
Agitées dans l’ombre
qui feront quelques particules dorées
à rapprocher de tes yeux
comme larme sèche
irisée de mots et d’effets
s’écoulent
irradient
Trace d’encre
Substances
inouïes la feuille délétère,
légère
puis la trace d’encre
le silence du poète,
aller percer l’invisible,
l’indiscernable,
et pour quels satisfecit ?
encore enfouies dans le néant de l’écriture
l’imperceptible battement d’aile, ....effacé,
envolé
la couleur fascinante du mot,
le sens, l’envie
le déplacement
La rame
Sur la berge de l’ancienne lenteur, je ne sais rien
De leur façon, de leur méthode, de leur rigueur,
Je ne puis aller bien loin. Et cela paraît si faible.
Ma tête constamment cherche le signe,
Veut abolir la forme stérile et prétend
Accéder au mystère. Je persiste dans la nuit.
La tâche terminée, je recouvre le tout d’oubli.
De cet effort, je jette la souvenance
Car je prétends que le résultat est insignifiant.
Ce n’était que cela ! Pourtant je prétendais pouvoir
Faire mieux ! J’avançais et de chaque côté le désert
Avec cette volonté mystique de progresser
Toutefois. Finir aspiré par une éternelle chute
Ou fuir dans Néant littéraire à tout jamais.
La pensée
Elle s’élargit enfin
Dans l’espace intérieur
Elle déplace la frontière
Elle prétend savoir
Elle pousse l’inconscient, se fortifie
Sur l’intuition active l’imperceptible
Elle est dans la durée,
Dans l’espace-temps donné à tous
Elle arrange des éléments
Préexistants, elle les modifie
A volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité
L’intelligence, la création, etc...
Est-ce travail habituel de la pensée ?
Construire un homme
Rien ne permettra de l’extraire, de la faire venir,
De combiner les mots, de les rendre actifs
Les uns avec les autres. Non. Pas d’inspiration.
Donc. Autre chose. Construis un homme. De l’intérieur.
Comment se faire et avoir raison ? Est-ce méthode
Intellectuelle, pénétration scientifique ? Qu’est-ce ?
Peut-on amasser toute la science ? Accéder à
L’unification du savoir pour en tirer la vérité ?
Comprendre l’au-delà, apprendre à se sauver.
La connaissance humaine est ridicule. L’on peut comparer
Les fourmis. C’est : conclusions ?
Connaître la vie, philosopher, généraliser,
Synthétiser, réfléchir, pénétrer plus encore
Se purifier et accéder à l’au-delà peut-être.
Résonances IV
Avec puits
Avec puits, plongeon, goulot de bouteille,
fuite désespérée en soi
Le barbare, l’invasion,
la paix intérieure, la fièvre,
Bûcher, tortionnaires,
condamnations, violences,
cruauté, honte, pourriture, chiens,
histoire lamentable, putes,
Avec franchise dis-tu - franchise
toi scribe de colombes, d’exil,
d’inconnus
veines et sirènes
Ourlet bleu, de lignes de femmes,
en perspective impossible, pour un corps interdit
Elle,
Elle, en perspective de salut
Un ange la pense pour son avenir
L’amour la mort l’extase l’absence,
que vais-je en faire ? - pense l’ange -
Pour l’au-delà aux larges perspectives
D’une Marie sans chimère, de beauté claire ?
Femme spirituelle - insensé n’est-ce pas ?
avec imaginaire de pureté.
Tu es mon signe,
l’augure de ma décision
je te vois en flammèches d’or élevées,
te suppose
Viens-t’en
Viens-t’en
Lacis
Lacis de jambes grises
vieilleries empaillées
qui ivres balancent à trois tournois de la renommée
chacun déployant à travers l’air
des nuées d’invraisemblances
donc cortège de faux, de femmes,
d’excès, de rien,
cela semble multicolore et s’éclaire
difficilement comme à l’orée d’un rêve
puis ce sont des mariages qui poussent
de tonitruants cortèges
Tout se perd dans l’imagerie loufoque :
les jambes, les vieilleries, les cortèges, et les mariages
N’est-il pas bon de pouvoir s’en retourner à la réalité ?
Savoir pourquoi
Savoir pourquoi tu m’es si difficile
avec tous ces fragments à inventer
Il y a désir d’ajouter pour réduire l’écart
Je cherche la puissance, moi l’homme ...
N’est-ce pas ridicule ?
Je gravite dans ma sphère idéale
bordée d’éclairs, privé de raisons
Je m’assoie sur de l’épais
Leurs mots construisent un univers d’illusions
Ce sont des mages, des faiseurs de fable, tes poètes !
Les lecteurs sont distants
J’écris pour me pénétrer
Pour fixer mes limites
Heureux celui à qui tu puisses plaire !
Observation logique
Au commencement c’est une intention,
un fragment de perception
à associer
Le poète dit : j’invoque dans le silence
la vibration émotive ....
......... peut-être
Combinaison phonétique mal agencée avec
un matériel de mots
- Observation logique -
Certains offrent avec limpidité, lucidité
d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner
des élans incompatibles
De la variation infinie
Le poème résonne
Recherche
Réfléchissons : il doit bien y avoir
une perception émotive plus fine, plus subtile
comme un fragment d’onde sensibilisée
possédant un spectre compressé
de propriétés inconnues,
mêlées, mélangées peut-être
difficiles à dissocier
mais réelles toutefois
N’est-ce pas dans cet espace
de vérités filantes
que le poète doit composer, connecter, redéfinir,
extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir
Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter,
symboliser, fusionner.
Clignotements
J’activais ces points-réponses,
mes yeux au centre
j’esquivais une réponse vraie, fausse,
qu’importe !
Je passais sur du délétère
croyant à ma force
c’est ça : je captais
Elle ondoyait sur des feutres crissants
Les paupières clignotaient,
aptes à percevoir le message
Je plongeais
dans des vagues océanes,
coulais, remontais quelques poissons d’argent,
- c’étaient mes points-réponses.
Précision
Ces perceptions grossières,
je veux les affiner - comprendre le point
son origine, sa vérité, son association.
Je me fuis pour me retrouver
ce n’est plus la clé pour le silence,
ce n’est pas un code à composer,
c’est la puce à intégrer, le plus petit
- de l’œil à la loupe, de la loupe au microscope
pour définir le caractère de l’apparition.
La conscience de l’image, sa pigmentation
ses points composés pour fabriquer la trace
l’origine de cette organisation
non pas la fonction d’apparition
mais la vérité sur le point
Construisant
Construisant, vidant
La corbeille de tête
Des bulles de vérités à douter
A éclater. D’autres bulles.
L’attention des yeux
La fixité échappe,
La finalité est douteuse
Comment élaborer,
Architecture avec de l’illusion ?
L’esprit face à l’âme
La raison et le spirituel
Le savoir explose
En gerbes de confettis
- Reconstruire le puzzle
Bornes détestables
Bornes détestables - limites haïssables
d’interdits de blocage de liberté concise
ennemies qui me brident,
que l’on m’empêche de déplacer
Mes bases, mes sommets, mes étendues
Ces bulles religieuses de belle atmosphère,
suffis-t’en ! suffis-t’en !
Les pas, la vitesse sur le cercle-limite
toujours tourner - toujours !
Hauteur intérieure qui espère faire exploser
ce couvercle bloquant
Je parlerai plus tard de la dimension temporelle,
principe à intégrer
dans l’espace poétique mien.
Une conscience…
Une conscience de difficultés
de solitude
d’exclusion
de soi à soi
libre mais seul
à l’intérieur la voûte
Toujours plus il faut concevoir
Épurer la raison,
éclairer la certitude
Travail intensif
Volonté interne - désir de s’élancer
C’est donc de l’énergie mentale mise au service
de la poésie.
Pour quel résultat réel ?
Quotidien
Le triomphe de ma bêtise
De mon insignifiance
Point de gloire chez les Anges
Et pour quelle compagnie,
Là-haut ? Je vous le demande !
Je poursuis le Mal qui accomplit
Sa violence. C’est donc le contenu
Avec son poison - sa
Camomille - un sac
D’ordures. Je ronchonne
Et cherche à mieux faire.
Que vaut le monde à cet instant ?
Quelle question ! Quelle utilité !
Poursuis, concentre-toi. Agis.
L’explosion
J’ai peur de ce contenu
Je produis du rien.
Les images de la lune,
De la femme et du vent
Je devrais m’en servir !
Puis-je comprendre et
Mesurer les espaces,
Les intérieurs dans lesquels
J’évolue ?
La bombe sous le bras
Pour l’explosion. Un
Avenir éclaté, une myriade
De petits Mois dépendants
Mais autonomes.
µ
Toujours, miroir en soi, hors soi
qui se double et se dédouble
Puis l’exercice scientifique de pénétration
de profondeur, de connaissance
La feuille grecque avec spéculation
refusant le mauvais hasard
Est-ce toi, toujours toi
qui cherches à te reconsidérer
à te modifier à volonté ?
dans l’éclatante volte-face
par mille effets conjugués
pour un dérisoire, détestable :
“ Ce n’était que cela ? ”
L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.
Husserl
Husserl s’est-il réellement trompé ? Sa description
Des actes de la conscience est-elle réellement fondée ?
S’est-il égaré dans son analyse phénoménologique ?
A-t-il considéré par une représentation de points-source
Des images offertes à la conscience ? A-t-il été
Au-delà de l’acte psychologique, dans le fondement
Même de la perception, de la réception des faits mentaux ?
Par-delà la logique, est-ce une étude philosophique
Nouvelle qui est ainsi proposée ? Ou une étude biochimique
De l’imagerie des messages ?
C’est vouloir trouver l’origine,
L’explication fondamentale, pure, transcendante, cela
Nécessite une objectivité parfaite de l’analyste lui-même.
Comme se définissent les actes vécus ?
Husserl s’est-il ?…etc
Incandescent, exalté
Incandescent, exalté, bouillonnant
inclus en lui
dans mes propres cieux, construisant son espace,
- le savoir de l’autre fait irruption
et s’associe au sien !
Dansons avec l’armure, - mathématique et poésie !
fixement caparaçonnées, soyons prudents, l’œil fixe !
Et là-bas la neige, la soie, l’éclat !
Et toi, le réfléchissant, oscillant dans tes brises,
qui devient visible là-bas ? Est-ce la Vérité ?
l’attente,
l’entendement d’une claire certitude
car l’Absolu du savoir est utopique, mais
s’apparente aux Dieux.
Du primitif à l’ange
L’étant posséderait en soi l’origine du primitif.
L’évolution lente et progressive de la raison ou
De la conscience offrirait un devenir à l’étant
Qui essayerait de tendre vers l’Etre.
L’étant est dans l’ombre noire quand l’Être est dans
La clarté parfaite. L’étant est dans la caverne
Quand l’Être accède à la perfection de pureté.
Comment passe-t-on de l’Étant à l’Être ?
L’Etre tire l’étant, veut le faire évoluer, progresser.
Il y aurait des phases de retour à l’étant, avec
Glissades, rappels, régressions.
Les possibilités subliminales ou transcendantales
Ne seraient accessibles qu’à une forme
D’élite intellectuelle.
Être, pourquoi ?
Être, pourquoi ? Le but ? La finalité ? L’être, le temps
Et le résultat obtenu. Être avec quoi, par qui ? Grâce à qui ?
Le rapport de soi aux êtres, aux choses ? Au visible,
A l’invisible.
Être en présence d’être, et se
Suffire de soi. Ne pas chercher le dévoilement,
Ne pas donner, ne pas faire - se suffire - en
Son propre état - encore-le-même.
Est-ce incapacité de progrès, d’aller outre, de blo-
Cage ? Le encore-le-même engendre de la
Dégradation par rapport à la civilisation qui avance.
Le temps et le mouvement du progrès ; adviendra qui
Voudra - c’est encore de la race des faibles ; le
Laisser-la présence est une régression dans un environnement
En constance de changement, d’évolution et de gains.
Le réel parcours poétique
Il faudrait ici une force immense sur la cendre
Ou le génie de l’autre, se purifier encore
Jusqu’à l’obtention du blanc spirituel.
Où trouver ? Comment extraire l’énergie ?
La production d’étoiles de poussières,
Pour l’infiniment rien …
Atteindre sa portée et finir dans le désastre
Et dans les ruines de soi-même …
Accéder au faîte de la montagne pour s’écraser sinistre
Et inconnu dans l’ignominieuse indifférence des hommes.
Tel est peut-être le réel parcours poétique
Du peu à l’envol, de l’envol à l’extase,
De l’extase à l’écrasement
Dans la médiocrité du vide et du désert littéraire.
Femme phosphorescente
Avec l’utilité du Néant
enjambant le cercle clair
elle avance obstinée et sage
pour construire dans le silence
Femme phosphorescente pensante et sexuelle
refusant la faiblesse, suscitant tant d’espoirs
dans la lumière naissante de l’écriture
brillant, éclairant çà et là
quelque ténébreuse recherche
soufflant sur des mots mystérieux et irréels,
dans l’arôme de sa bouche
Je désire son visage transcendé
et me colle à ses lèvres pour extraire le suc
de son savoir et l’exprimer ici
L’antre du tiroir
Ici le poème n’a pas d’avenir,
il se meurt et disparaît dans l’antre du tiroir.
Il va, se superpose sur d’autres feuilles,
ce qui s’inscrit semble dérisoire.
Constant à la recherche d’autre chose,
mais quelle nouveauté ?
Ici ce que propose la main ne dure pas.
La parole est faible et s’enfuit
comme un écho indistinct dans l’âme du soir.
Ici la paix est détestée, le travail est un leurre.
Dans la gestation de l’écriture,
le texte accompli est encore haï.
L’esprit demeure, persiste, espère
et prétend pour un futur.
Ténacité de l’écrivain
Écrire c’est prétendre découvrir autre chose,
c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace,
c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer
une sorte de ballet nuptial - le plus souvent
détestable, perdu en vérité.
C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain
désire ardemment obtenir une page ou un poème rares.
Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ”,
il invoque “ La jeune Parque ” mais il se sacre
de dérisoire - de son dérisoire.
Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans son
impossible Pari. Il échoue, se meurt et renaît. Enfin il y croit.
Et pourtant ! Que de déchets ! Et combien de maigres espoirs
Anéantis à tout jamais ! Enfin il insiste…
Pur désir
Pur désir mécanique esclave de l’insomnie
entre le sexe cérébral tendu et l’azur poétique
avec du rien dans son désert
cher inutile cultivant ta médiocrité !
L’inconnu sachant l’impossibilité réelle de plaire
Une vocation ? - Entendre l’ordre ou l’appel -
Exact !
Des mots en synergie d’actions - du moins le croire
Rendement intellectuel quand les autres s’accouplent.
Ils pénètrent des vulves et je m’essaie
à des jouissances spirituelles quelle rigolade !
C’est ça : des voluptés de l’esprit savamment
élaborées dans le génie de l’imaginaire pourquoi pas !
Et surtout les cacher ces poèmes de l’ombre !
De l’une à l’autre
Cette pensée décapitée dans l’ère de
l’innocence,
rejetée, songeuse et stupide comme
un coup cérébral qui a échoué ;
Cette autre pensée qui prend la place
de la première, se prétend meilleure, apparaît,
s’impose, tente de régner quelques instants
sur cette feuille de papier,
Banquet, razzia ou festin de propositions,
de solutions édentées, vieilles et corrompues ?
Nenni ! Refus, à évincer ! Car tout cela
semble insignifiant. Alors ? Pour une autre
inspiration , dans un autre moment,
demain peut-être.
En lisant Blok
Extraire quelques pensées éparses
en lisant Blok avec dédain
et indifférence de soi
en achevant péniblement l’année 98,
en espérant que l’année 99 sera fructueuse,
intelligente, gonflée de recherches et
de possibilités nouvelles par le cerveau
L’esprit se fatigue, l’âme demande grâce
mais il y a cette volonté stupide qui impose
à écrire ou produire n’importe quoi
Pour concevoir des produits insignifiants et mièvres,
pour noircir ou courir après la plume, sans doute !
Alors on écrit des fadaises, des faiblesses - on écrit !
Les résultats sont constamment désespérants
Une ivresse éternelle
Une ivresse éternelle avec l’espoir
de capturer l’interdit ou l’insignifiant
Une femme vacille dans le miroir flou de l’âme,
je l’imagine chair, beauté et sensuelle.
Je capture le rêve pour lui interdire de m’échapper,
de fuir dans l’infini de ma conscience.
L’irréel et le factice des vérités rares,
impossibles, avec une constance dans le
déplacement de la norme.
J’entasse mollement des décombres du hasard
et je décompte les combinaisons-gains
me détestant plus encore
La réponse : RIEN
La réponse : RIEN
Oubliez-moi !
Voici mon heure, et le poème stupide s’offre
à la raison, voix implorant l’aide des Dieux
voix suppliant la voûte céleste d’entendre
une humble supplique
Dieu est-il sourd ?
Voici ma voix projetée vers l’avenir,
ma voix cherchant un chemin parmi les ruines
de syllabes
inutile dans le méandre des milliards de prières
quotidiennes
Oubliez-moi ! Effacez-moi d’un simple
rejet sans estime ! Projetez-moi dans le Néant
puisque mon existence est un événement insignifiant
dans l’intemporel ou l’éternité de l’Univers
Les frères
Mon but, prétendre connaître ma possibilité cérébrale,
Désirer atteindre une sorte de maximisation du Moi.
Tout en utilisant l’image ou le support,
L’aide de l’Autre - l’Autre, c’est-à-dire
Le grand frère, le poète, le littéraire
Qui a vu, a produit, pensé des lignes, des pages
Et des recueils nouveaux et différents.
Car je ne suis qu’un médiocre imitateur,
Ne possédant nulle capacité de créativité.
Je quantifie mes faiblesses,
Je dois ingurgiter vos œuvres copieuses
Et si je parviens à être ce que je suis
Je le devrais également à votre travail
Et à votre compétence.
Triste mélange
J’ignore réellement qui je serai
Laisse-moi, ne me lis pas.
Le bouillonnement intellectuel
Les lancées intérieures telles des flammèches
A la recherche du bon feu
Tes faiblesses de style, ton impuissance,
Ton manque de subtilité, de finesse,
D’audace. Ta fragmentation incohérente
Alanguie la rose et bijoux bleus
Percée claire dans baie étrange
Le murmure de tes lèvres
La proximité de ton incohérence
Je ne sais ce qu’il faut extraire
Oublie-moi dans cette baveuse déception
Faiseur
Faiseur d’utilités - de poèmes - pourquoi pas ?
S’appliquer à la tâche servile
Renaître chaque jour d’une production
Défectueuse pour en tirer une autre,
Plus défectueuse encore
Aller dans la faiblesse, s’enliser.
Constamment se redéfinir,
S’essayer en soi en quelque sorte
Avec du matériel délétère
dérisoire
Mais comment offrir quelque chose de supérieur ?
dans quel miroir ?
avec quelle analyse ?
et pour quel lecteur ?
Le retard dans l’esprit
Ta Vénus en fourrure
souviens-toi de la tentation
de la domination
de l’excès de jouissance
de la recherche maximisée du plaisir.
Et Sex Pistols étaient la solution
Puis Husserl, puis la pensée post-Heideggérienne,
en vérité, tu cherchais là-bas plus loin
avec ce séminaire de 82/83
consacré aux Équations aux dérivées partielles
hyperboliques et holomorphes
Tu étais encore en retard malgré
Gisants de Deguy, ton Boulez et confrères.
Enfin, tu cherchais …
Profil-voir
Profil-voir d’un certain angle - telle face,
Tel angle et les deux associés ? La luma,
CAD la caméra 360°, le panorama tel qu’il est
Proposé dans les encyclopédies. Tout l’ensemble.
Encore d’en haut, d’en bas, dessous - dessus.
Non pas un seul qui regarde, mais à plusieurs, associer les pensées.
Toi et non-moi. Je n’étais pas dans ma certitude.
J’extrais, produis, analyse de manière contradictoire.
Brassages de paradoxes,
La fuite pour les extrêmes,
Le retour au centre.
Je te fais délirer, tangages de la raison.
Tourbillons, tourbillons, prends de la vitesse,
Puis stabilise-toi, en position dialectique.
Galéjade !
Encore
Encore de-ci delà proche et absent
éloigné mais encore oui si proche
déployé largement ouvert sur le ciel délavé
Empourpré de fantasmes de langages décevants
d’expérimentations douteuses il prétend régner.
Quelle galéjade !
Avalant ses branchages
pendu contre ses excréments
suppliant la barbe blanche
Et toujours dans son délire phonétique
prétendant associer des mots
pour lui, pour personne
sonne
Suites/Relances II, III, IV
J'entends
J'entends des musiques criardes
agressives et tendues
fibres de chevelures prêtes à casser
de chevaux qui hennissent de plaisir
et des soupirs de jeunes filles en orgasmes
envolées dans les tourbillons du vent
Des concordances étonnantes
entre sécrétions mielleuses
de femmes gémissantes
et guitares électriques
toi, mon amour nue,
tendue à l'extrême
quémandant l'explosion impossible
et jouissant à nouveau
Un autre je
Toi par l'énergie, le fantasme
Toi, élevée dans mes mains
Toi, la statue vivante
Moi, aimerai-je amant stimulant menteur
avec un autre je semblable au mien ?
La complicité des langues,
des bouches, des muqueuses
Mais la nudité évidente qui fraîchit,
la complicité des faces,
des variables de pensées?
A contresens pourtant lié
suspendu à ton délire,
nous cherchons.
Le Bicéphale.
Dé-pensé
J'ai dé-pensé me déplaçant
perforant ce mur d'incertitudes
cherchant le monde naissant derrière, ou à côté
Une pénétration sans expérience par ressemblance
Prolongée exploitant, refusant l'autrefois
Oui, rendre possible un avenir inconnu
Comment rendre un autrement vraisemblable ?
Suppose-le si je puis dire…
Il s'agit de transformer d'offrir la chose nouvelle,
celle qui n'existe pas
Des propositions déboussolantes
pour s'épater ou se détester
Peux-tu concevoir différemment
cette approche, dépoussiérer sans t'exclure?
Les chaînes de l’avancée
Les chaînes de l'avancée
poursuivre le chemin balisé
enveloppé dans l'humeur folle d'un avenir
C'est encore un prolongement
simple ou complexe
d'une vérité d'hier que l'on cherche à imposer
Marcher longtemps tenant ferme deux piquets
dans les mains scrutant des espaces clairs
longeant les lignes illimitées d'un avenir certain
Mais c'est encore à prouver!
Les blocs de chaque côté, les blocs
une sorte de Livingstone de la pensée
Tu connais l'origine, tu as une hypothèse
avance te dis-je, avance
Marcher
Les rues tanguent
Sur notre passage
Les rues tanguent
Est-ce la raison de l'ivresse,
De l'angoisse, de la phobie?
Un air plus frais frappe
Mes méninges,
Un air plus frais
J'avance
Dans le chaos de moi-même
Avenir sombre,
Nulle lumière
La peur, l'angoisse,
L'angoisse, la peur
La Cité et les Cathédrales
Vie pensée de faiblesse et d'angoisse, vie
Qui se froisse dans l'indifférence du Moi. Être,
Être humain - l'œil creuse l'objet en pers-
Perspective. Des cathédrales de papier, des estrades
Qui vacillent, des sanctuaires de poussière. Ainsi
Constamment dans la prière, dans l'ombre pour la joie
Extrême. Des cohortes de mots que je récolte
Le long de mes murailles de sueurs à boire.
Et pour quelle sinistre ou détestable désillusion?
Hypothétique réussite notoire qui offre
Au poète le droit d'entrée dans l'histoire littéraire !
Contemple la Cité et cette logique de mots,
De constructions de langage et d’assemblage
Formes irréelles ou fantomatiques, structures délétères.
La certitude
Jette ton dé, j'abolis le hasard
J'avance dans la certitude divine
Écriture hachée, désarticulée, libre,
mensongère et audacieuse
Écris, explique, agonise,
relève-toi, produis
L’avancée dans la nuit claire
pour un ailleurs le même le Ciel peut-être !
Je me voyais c'était réel
seulement pour ma personne qu'importait !
Eux voyaient à travers leur propre prisme
Eux parlaient de vérité, - de leur vérité
fragmentée, limitée, sectaire, parlaient toutefois...
Où se situait la certitude ?
Le Temple de l’Archéologue
Nuits enfouies, pénétrées
de bleu ou de noir
Vastes profondeurs infinies
lancées à la recherche extrême de l'intime
Visées intérieures dans le tréfonds
de l'inconnu
Désireux de remonter à la surface
les substances délétères, variables, insoupçonnées
Re- pour le visible
Y a-t-il un Temple d’Archéologue ?
Des traces de poussière, était-ce la vie ?
Déplacée dans la mémoire,
Écriture articulée avec des sombres
Et des claires, pieds grecs et latins parfois…
Les lignes invisibles
Va à l'œil, le mot
et retourne sur le papier !
Particules de signes croisés, entrecroisés
Dans un mini-déluge cérébral !
Voilà le doute, et son cortège
de points de suspension. Puis le silence.
Un silence, et commence à tourbillonner
Une idée claire de possibilités, de déformations
continuelles
accrochée, oui là, à la voûte intérieure,
toujours pour le poème
Repensée dans l'espace du hasard
à la chute réelle
Écriture de doutes et d'extase
Écriture qui fuit
sur les lignes invisibles…
Le sourcier
Puisant des paroles, sourcier
Un pas, l'autre, la baguette
De coudrier, les syllabes s'entendent,
Les pas, les pieds
La trace s'associe à l'ombre
Pour former de la mémoire.
Sur ma propre terre,
Faisant jaillir mon sang
Poète sauvage et violent.
Tel chemin à parcourir.
Dans une volée de vapeur
Comme une boule lumineuse
À saisir, activités du Moi
Changé et transformé.
Toi clair-obscur
En l'air, plus loin, que disent-ils ?
Ils condamnent, n'est-ce pas ?
Marche là-haut, toi l'exilé,
Le rejeté, le maudit !
Ils te haïssent et te frappent encore ?
Ils ont refusé de comprendre,
De voir autrement.
Leur logique était une logique
De force et de violence, d'applications
Haineuses avec des schémas réducteurs,
Des œillères de cheval...
Toi clair-obscur
Avec syllabes diffuses,
Ils t'ont détesté, n'est-ce pas ?
Le mouroir
Les yeux,
Seuls au monde dans le mouroir d'ici-bas.
J'arrive.
L'immense plongée, la chute.
Faible lumière zébrée.
J'apporte la haine, le sang, la honte.
Tout suinte le long de mes parois.
Mon ombre. D'autres ombres.
L'âme va s'étirant en position ouateuse,
Fileuse et glissant,
L'âme modulable
Comme un nuage de certitude.
Gésir, gémir, souffrir, mourir, dormir.
Avec la nuit, dans le tunnel de la mort.
Lancé hors de toi
Lancé hors de toi telle une gerbe
Poussé dans les relents de la nuit
Pour quel astre, quel ciel,
Constamment égaré ?
Ici, là-bas encore, affolé
Je tressaille recouvert de paillettes d'or
Je m'insulte, je supplie, j'exige un
Autrement, éloigné du mépris
Mon être phallique, poétique, détesté en Moi !
Déploiement de paroles sexuelles !
Je replonge bavant sur mes semences, je m’envahis
Apportant des calices clairs remplis de sang
Je me vois mort dans l'abîme du matin
Quand je pénètre au plus profond de mon esprit.
La Grande Grise
Silence, et cette impossibilité d'écrire
quoi que ce soit. Ténèbres et Ténèbres.
Ô la Grande Grise ! Que me proposes-tu
maintenant ?
L'esprit perdu, l'esprit suppliant une once d'écriture,
or puis pyrite - l'immense déclin, peine et autrefois.
La détestable conscience, en halo, en halo
s'élevant vers demain pour que l'essence de la poésie
subsiste encore.
Et qu'attendre ?
Ce poids de la vieillesse enfoncé dans le corps,
cette lourdeur de fatigue infinie
Avec la mort, tout s'en ira, tout s’en ira…
Reste là, accumule dans l’ombre.
Piqué-avançant
Piqué-avançant, - dans la chair -
" Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon ? "
Obtenant du non-sens rêvé, à la table
des fantômes.
Combine comme il faut, - algèbre et analyse,
chimie et doute - audace et risque,
choisis dans du variable conçu par la mémoire.
Crayon à bille qui roule, ligne noire éternelle,
suis-moi puisque je produis. -
Me liras-tu ? - Toi en toi, de pensées exquises
ou détestables ?
Le front éclate, l'or bouillonne et explose, résidus
de scories.
Avance, idée gueulante et bavée !
Tête astrale
Tête astrale, cherchant je-ne-sais-quoi
d'instable et d'éphémère
Les lancées bleues pour le monde d'à-côté !
empanachées dans une explosion gerboyante et
retombante... de médiocrité,... qu'ils disent
- Dans un feu de tempêtes; mille folies d'étoiles
bariolées !
Déjà l'horloge du Temps m'ordonne de plier
feuilles, de ranger livres, de me préparer au
procès du Ciel avec accusateurs, sans défense...
déjà !
Pureté d'un autre monde avec lettres belles aux
lèvres, peut-être !
Et pour quelle finalité ?
Névrose
Je ne puis m'enrichir - il n'est question que de ma médiocrité
- vaste haleine débordante d'excréments
et de pensées nauséabondes,
Le Vers s'implante alors - la mort, les rapaces,
les tortionnaires, les pourritures de pus, et au loin
une lumière tiède et discrète, insoucieuse.
La névrose s'installe, - elle vient, je l'éprouve dans l'angoisse
du quotidien. Puis une liane de phosphore qui irise là
un intérieur noirci par le vieillissement,
par la rouille séculaire d'une mémoire endormie.
Autres références : les champs tendus - comme des nerfs
cérébraux parés pour une entame, - parties d'échecs,
de poker menteur, de bridge subtil, - ou bataille simple -
certains coups sont évidents.
Les bien-aimés
Et toi, dans ton intime,
espérant quelque rêve d'or,
rare baume versé dans un calice,
subtile essence claire,
toi, jaillissant
comme substance aléatoire
pour jouir d'une éternité poétique,
qu'éprouves-tu encore
lorsque tu lis autrui ?
Mes bien-aimés ou vos crânes remplis
de réponses
Les uns pour m'élever,
Les autres pour me gaspiller
Qu'écrire
Hymne au Divin
Combien en cercles, toi pensé et repensé
en éternité de vrai, combien
Source d'amour intense, - sur la parabole
en interfaces, en confidences, avec la similitude
Par la profusion d'essence, par le souffle
- cohésion réelle et force !
Tu vois là-haut, - moi-même
et donner le Sel et l'Évangile
La plume à apprendre - pourquoi ?
qui se dit à soi-même : poète raté
sans rareté
Toi, sommité de savoirs et merveille !
M’élever
Purifié dans la haine du Mal, merci !
Figure
Figure où le vide
figure sans mémoire
de lumière déplacée vers un autre centre
jamais utile pour nul éclairage
Figure où l'image se penche dans le vide
et renvoie l'éclair fugace de grains d'éternité
Lumière/ renvoie pour atteindre le lieu
En poussées obstinées d'insistance puissante
Formes sacrifiées à l'inutile
de tiédeur de rien
de souvenances dérivées mornes couleurs
qui se désintègrent
Pâles sources de l’image
Je crois aux illusions
Conseils
Va au-delà de ton ombre,
Au-delà de toi-même.
Délaisse les hasards médiocres
De la femme et des poètes.
Puise au fond de ta chair
Les ressources de ton immortalité.
Active ton génie, nourris-le
À la sève de la sublimation.
Ce à quoi tu penses, jamais
Ne sera suffisant. Élève-toi !
De néant et de splendeur, gave
Ta nuit éclairée. Arrache-toi
Travaille avec les Dieux,
Eux seuls possèdent la vérité..
Écriture et soustractions
Mes silences d'écriture
Puis des scintillements d'images,
Pour que l'image apparaisse…
Poète aveugle, avance
Prince de la dérision
Incapable d'innover, d'ajouter
Quoi que ce soit d'utile sur autrui.
Mes silences de soustractions,
De moins, de plus faible que,
D'incapable, Que sont-ce
Que ces débris de poésie ?
Être soi, être faible, si peu,
Se suffire de rien dans l'indifférence
De sa propre honte.
L’Union
Les deux pensées divergent -
Je me dépense en toi - l'autre souffre
Sa démence, sa semence
Je crois en mon levain L'Union
Je me console - tu m'as foudroyé
La nuit reconsidère le vrai, le déplace
Le conçoit différemment
Dans la poussière extrême qui implique le poème
Je t'attends et cet espace intérieur
La sève monte avec exactitude
J'imite les filaments et les dendrites neuronales
Je m'entortille en moi-même
Ici s'anime le nombre de combinaisons
Et de choix - je me réserve du peu
La manne impossible
Le vent dépasse son droit d'élan
La métamorphose des poètes
Le soleil avec son oeil jaune
détermine la verticale
Phrases lentes, phrases saccadées offertes
dans un espace inutile
Un autre géomètre prend le soleil
et lui dessine son horizon
Que veux-tu ? Combiner, arranger, dériver ?
Détermine le silence, va au-delà des ressemblances,
apprécie ta fuite
Je te change en manne impossible
Ho ! pensée limitée dans mon dédale répétitif
Je me rapproche de ton extase
Filaments clairs
Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe
Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme
Puis ta houle intérieure, inventive
Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit
en dehors de ton temps
La pensée suppose, implose
Pour s'éjecter sur le rectangle blanc
L'œil qui étudie, le choix dans l'éclair
Le fluide tourbillonne sur lui-même
Revient toucher l'oeil
Le sens de la critique est aiguisé
L'effet-miroir - feuille d'écriture
Avide de sens, délimitant la pensée
Appartenance et faisceaux d'appréciation
Explications
Le vide la plongée le vide
Enchaîné au secret pour l'immense fuite,
Souverain dans le regard, à la recherche du
mixage,
C'est-à-dire un ensemble d'influences mêlées,
décidées, choisies, composées, interactivées
Il ne s'agit plus de symboliser, mais d'associer
en conservant la saveur de chaque influence
J’espère inventer un acte d'écriture,
essentiellement, - le progrès dans le langage
Chaque poème appliqué est une volonté d'ajout
Les fines suppositions ou l'offre de solutions
supplémentaires
Tu retires le centre et balances sur les bords et
tournes et tournes et tournes - pour trouver quoi ?
La déferlante
Tout se mêle, se mêle
et se démêle mais autrement
Est-ce additions d'opportunités ?
Maîtriser la déferlante de la mémoire…
…J'ai cherché, c'était hier, un monde
un songe ou une vapeur d'idée
J'avançais avec une pensée monotone et
monocorde J'avançais
Je percevais leurs souffles, je pénétrais
leurs labyrinthes subtils ou insensés
prétendant retrouver leur centre
Je rêvais de leurs formes, de leur méthode,
de leur formule - les poètes m'étaient
indispensables -
Le doute écrasant
Tu parles encore, Esprit,
Tu parles. À qui
Tu es venu de l'Invisible
Pour y chercher la Clairière
Les vipères, l'obscurité, là et là
Envole-toi sur le vent pour mieux comprendre
Chemin d'exploitation - la route claire
Les feux, les lumières qui pendent à l'âme
Et veulent indiquer la voie réelle ou idéale
Proéminence d'oiseaux ciseleurs
Comme des entailles qui prononcent des cris
Annonciateurs
J'avance toutefois avec le doute écrasant
À mes côtés
Vaine turpitude
Au milieu de ta voix
Les paroles plongent dans le Néant,
Voltigent ou volent tout autour.
La pensée pénètre dans son obscurité,
L’humeur respire quelque doute.
J’emporte ma raison
Vers l’interdit à atteindre.
L’onde à peine perceptible
Traverse ma demeure.
Le visage me questionne,
L’écrit m’apparaît
Constamment détestable,
Vaine turpitude
D’imagination décadente.
En marge
Percevoir la distance
La mesurer de l’intérieur
Évoluer dans une sphère idéalisée
Par la mathématique pure
Se déplacer, osciller,
Chercher le centre de la vérité
L’œil éclairé se fixe là
En 360 degrés
Pour décider
Le noyau l’éclate.
En marge de moi, d’autrui
Cherchant la distance
Créant l’espace
A côté
Pensées sculptées
Elle est venue la mort
Elle est venue la mort des sinistres ténèbres
Constellée de mensonges, de crimes et de tortures
Nazifiée et cruelle, vicieuse et ignoble
Sublimée par le Diable, et impunie de Dieu.
Dans la nuit déchirée, elle enfonce ses crocs
Et pénètre le corps hurlant la délivrance.
Elle arrache la chair dans des cris inhumains,
Et le saint en extase pleure des larmes de sang.
Mais quelles divinités accepteraient d'entendre
L'horreur de l'envoûté innocent et croyant ?
Le mal s'acharne encore et le mal persécute.
Ô Bergère, il n'est point de ciel qui me comprenne.
Le silence, le silence me répond votre écho
Et Satan en furie jouit et frappe encore.
Au peintre Mathieu
Eclairer l'ombre même, le noir inoffensif
Des rais foncés et rouges : l'orgueil des impuissants
Suffis-toi de ces lignes elles circulent, elles éclatent
Lance tes blancs tes crèmes invente des spirales
Poudroie un sacrement qu'il explose à leurs yeux
Condense l'énergie, va dans les fuites claires
C'est encore un spectacle que tu veux inventer
Cette création saura bien les surprendre
Tous ces gestes magiques éclairent nos esprits
Fuites, vitesses, vitesses vitesses encore dans ce
Gerboiement de pensées éclatantes, avec ces flux
Multicolores qui interpellent et nous imposent
À considérer l'activité mentale, cérébrale
Ou d'autres fuites ~ suites imaginatives
Demeurée qui éclate
Demeurée qui éclate figurines explosées expirantes
Danse sur le soleil au proche des catacombes
Pour la lune éblouie et là-bas l'extase
Dans l'or de la voyance et l'orgasme sexuel
Finitude de plaisir corrompre mes destinées
C'est étrange, c’est infiniment et fuir à tout jamais
Regarde, croise le sommet interdit l'élégance
Ce ne sont que des Empires encore la corruption
On te dit d'éclairer l'ombre des sémaphores
Un éveil de phosphores la fille désenchantée
Croître pour ta portée indigne et méconnaître
Avec ce savant mélange qui ruisselle dans la nuit
La folie médusée la haine entrouverte la peur
Qui te dit au lointain que tu conçois encore ?
Qui te dit d'expulser
Qui te dit d'expulser cette semence même
Dans la fuite du vent l'élégance s'impose
Eléonore s'élève et la fuite est certaine
Légère en transhumance la belle s'élabore
Contre la sphère pure, elle invente des courbes
Des spirales, des lignes elle invente toujours
Plus loin ce sont des anges dans l'évidence même
Qui s'octroient des baisers de bouches purifiées
Ce sont des robes claires dansant sur des nuages
Sur des songes d'extase quémandant l'idéal
La blanche haleine vole vers les doux précipices
Les sombres arabesques cachées dans les pénombres
Sillonnent nuitamment espérant un exil
Là-bas dans le lointain à l'orée des mensonges
Le surcroît
Le surcroît, plus fort dans la construction
De l'homme savant, de l'homme sachant.
Aujourd'hui encore, apparition claire, tourbillon
Ou écharpe d'inconnue à saisir.
Poussée, au-delà, élégante et aérienne, poudreuse,
Je te sais explosante, orgasmique, intermittente.
Ce qui en revanche m'apparaît - dans le dédale
Des bas-fonds - à la recherche de l'origine.
C'est certain : quelques lacunes - les miennes, les tiennes -
En plénitude de mensonges, d'erreurs, de bêtises, de calomnies.
Le rêve qui se poursuit, ensanglanté dans son apothéose
- le rêve oublié, vomi, rejeté, retranché, exclus.
Chaque fois de se dire : haut mutisme interdit, soporifique,
Fuyant dans l'inutile et pourquoi ?
Par une nuit profonde
Saint Jean de la Croix
Dans la nuit connaissant
Avançant et sachant
Ô l'heureuse aventure
Qui dans l'esprit perdure !
Dans l'ombre s'éclairant
De mille vérités
Toujours recommencées
Et encore avançant
Pour que l'âme éclairée,
De la chair libérée
Enfin béatifiée
Dans les cieux les plus purs
Atteigne son azur
Et ses saints déifiés !
Divers
Fréquentes fois
Fréquentes fois me viennent à l'esprit*
De douces souvenances
Qui hantent mes désirs
Des dames d'autrefois
A la mine bien fières
Arpentent en vrais soupirs
Ma chair inassouvie
Les belles s'évanouissent
Quand je veux les saisir
Déjà réapparaissent
Toujours me font souffrir
Je me languis en vain
Et je supplie encore de posséder
Leur chair de la nuit à l'aurore...
*vers de Dante
Résidences
Yeux
Yeux en moi aveugles
Yeux du dedans je dois mourir
Lancées et miroirs intérieurs
Par le souffle, en contre bas, j'explose
Sangs jetés dans le corps, mourir
L'un et l'autre - les deux
La chute, la faille, tombés
Cris pensés après cris repensés
Cristal de haine, aux abois
Je verse dans le délire
Tu vois, je souffre encore
Chair et nuit se tenant
Dans l'angoisse et l'horreur
La fuite la mort ton Néant
11 septembre 2001 NY
Les excès de feu
La herse qui pénètre ta chair
Le parti de la haine
La haine violente, tumultueuse avec ses foyers d'horreur et de cruauté
Les souffles de l'enfer hurlant désespérément
Les décombres et le sang
Les corps pulvérisés
Inanimés en cendres
Car telle est ta terreur
Ta certitude divine ou religieuse
Et encore la mémoire des déchirés,
Des déchiquetés, de la mort,
Des morceaux de désespoir et d'horreur
Source d'extase
Demeuré au plus haut et quémandant l'extase
Hurlant dans la hauteur l'effort surnaturel
D'accéder à ces grains de lumière éternels
Puis le vertige aidant, la chute pour l'écriture
Poudroyant , bouche ouverte, aspirant quelque éclair
Belle source invisible de particules fluides
J'entrevoie la promesse d'un exil poétique
Mais la tête inclinée implore une substance
Nouvelle et différente accompagnée d'odeurs
Ô poussière infinie qui scintille en mon âme
Et construit en sculpture le blême diadème
Parviendrai-je une fois à jouir de mon drame
Au plus profond, obscur, se meurt le coeur sanglant
Mais l'espoir est déçu et le rêve se meurt
L'inerte
L'inerte - à animer
Il ne parle qu'à soi
Mais les mots encore opaques
Semblent vouloir cohabiter
L'inerte s'anime
Il supporte le poids des mots
En rupture avec sa sensibilité
La sphère, aura, purs éclats - la sphère
Explose en espoirs inouïs
La matière coule torrentielle
Comme une lave rousse
Qu'écrire ? Quelles applications ? Qu'est-ce ?
Ceci est insignifiant. Le vide. Le rien.
Avec toujours l'espoir de produire autre chose.
Endormies sur le feu
Qui m'amène en ce lieu
Qui m'amène en ce lieu abject et insolent ? Qui
Produit outre quelque substance novatrice, salvatrice,
Qui produit ? Il y a cette grande ambiguïté - elle
Dérange, interroge, - on rejette - on fuit.
C'est la manière - comprenez-moi bien. C'est cette
Manière aberrante, audacieuse, au-delà du pos-
Sible - il ne s'agirait ici de parler de poésie...
Elle crie vers moi : prends-moi ! Je suis suppliante,
À genoux, prise, reprise et soumise. Elle quémande
Encore quelque saveur aigre ou vicieuse. Quémande.
Je ne suis pas malade. Que disent-ils ? Non. Je suis
À toi (La voilà qui pense dans son délire optiqueÀ toi (La voilà qui pense dans son délire optique
De femelle prise) -
N'aie crainte. Nous poursuivons -
Te dis-je - Eléonore transpire dans l'air incolore.
À la sauvette ! Pour le délire !
À la sauvette ! Pour le délire ! Dans l'enfouissement
Macabre de quelque folie bizarre, et de détruire
Eternellement une anémone qui pue ! Jette-la
Cette indécence qui ondule, poudroie, fabrique
Un nouvel aléa d'impossible à atteindre. Tu me
Dis encore que tu es indisponible. C'est du sang, c'est
De la fiente multicolore qui dessine les discours
De l'arborescence. Pourquoi portes-tu ton regard
Au-delà de cette limite ? Qu'attends-tu ? Que
Veux-tu expérimenter d'interdit ? On t'a déjà dit
De te taire, de cesser d'écrire - de mourir
Jeune et beau - de mourir. C'est un touche-à-tout
Fébrile et nouveau qui se distingue avec ses insuccès.
Toute modulation nouvelle s'enfuit indolente.
Et meurent dans les lointains
Ces forces de mourir, et meurent dans des lointains
Désabusés. Formes désormais dans des espaces
Virtuels de possibles et de suffisants ~ indices
Certains d'évolutions poétiques.
Qu'évoquerez-vous,
Ce soir, est-ce un amant ténébreux ou une folie
De pucelle démise ? - Vêtue de grains cérébraux,
Rhabillée à ma manière, prise dans des con-
Torsions étranges -
Puis de s'élancer hors, un
Instant la fuite, la recherche d'un autrement
Différent, compris ? Utile ? AUTREMENT !
Qu'importe toutes ces finitudes littéraires ! Pourtant
Est-ce un possible enclavé, entendu, compartimenté ?
Que faut-il s'entendre dire ? De Mallarmé à Deguy,
Que puis-je avec mes médiocres applications sans progrès ?
Les formes nouvelles
Exprimées dans certains cas les formes nouvelles,
Exquises - offre-les en écrivant - ni plus
Ni moins mais détaché de tous - subissant
Toujours la torsade de ton ivresse, chancelant
Sur l'air allègre des interdits et des possibles.
Cette fois encore pour varier vos manières.
Qu'appelle-t-on écrire ? Ces apparats subtils
Sans fond aucun, ces contenus déplacés sans gram-
Maire progressive. Et rien ! Et rien ! Qu'espérer ?
Banale histoire d'une impuissance poétique, applications
Faiblement intentionnées sans ravissement de l'âme.
Avoir et avoir fait si peu, sans nulle évolution
Aucune.
S'en retourner en soi, dépité, déçu,
Mais peu d'amertume toutefois. Et quel avenir ?
La main tendue
La main tendue inutile de l'approche ~ Mon
Texte est hilarant, mon texte ! ~ De me
Servir. Toi accablé dans l'or de tes insuffisances
Et tu danses ! (C'est une farce, ce délire) ~ Le tumulte
Mal maîtrisé. Et ces applications autres dans une fade
Sensibilité mienne. Ta poésie est chronique,
Répétitive, évolutive ~ faiblement ~ mais
Chronique.
Alors quoi ? Surgi du bouillonnement
D'inspiration nouvelle (- Que tu dis - A te lire !...)
À mille beautés d'un génie d'autrefois, si
Essayant encore - de mes lèvres, des mots pour des
Fleurs.
Ou l'erreur de l'inutile, de ta médiocrité
Constante. Que veux-tu proposer ? On se plie !
On se plie ! C’est vrai, tu cherches encore - pour rien !
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement
Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres
Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la
Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements
De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis
Que croît, s'élance et se fortifie la ramifi-
Cation de feuillage obscur ! La belle en glissades
De courbes, en fuites éperdues, en élans in-
Cessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et
Figurative, ou plonge encore dans l'immanence
Insouciante de la raison, dans la vasque remplie
De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
Pour les sels futurs
Oh ! Si peu pour un lien de subtils fusionnements
Là dans la vague éternelle une pensée s'émeut
Subtile grise, grise enfouie espérant
Quelque saveur extrême émanée par le songe
Qui se disperse et va s'effilant, il est apaisant
De s'arrêter ici - après un temps lumineux
De furtifs essais. Egarés, ébahis encore
Dans l'émergence du présent, il paraît juste
De supposer
Puis pulsions indomptées, effusions,
Essences, évanescences, fluidités limpides, - qui
Se dit à soi-même : est-ce moi dans l'enchevêtre
Ment des mots et des folies d'accords, est-ce moi ?
Fuyant encore paraboles et disgrâces pour agencer
La plume et répandre en sa chair les sels futurs.
Suspendue dans le feu
Suspendue dans le feu, cette fièvre rougeoyante
Avec flux de pensées, toi ta danse scabreuse
J'avance en songeant, je guide ton génie
Du moins je le prétends. Ta beauté corporelle
De femme lascive soumise et quémandante...
Je te reprends encore
Ta chair, le puits profond,
Corps défait, lié, ma fuite dans ton amertume
Gémis, craintive, gémis avec gène adécoïte
Mon regard désireux espère quelques suppliques
Je m'évanouis en toi, j'arpente tes méandres
Au profond, dans tes labyrinthes, tes issues
Interdites, impossibles, parcourant, parcourant encore
Ainsi je cherche en toi d'impensables secrets,
D'inimaginables délires - l'absolu du poète !
Les filaments de flamme
Dans ta vaine répétition, Sage et en souffrance
Je t'enracine - je te sais dépourvu - tes fibres
Aléatoires.
Plonge dans ta souillure, dans tes excré-
Ments d'écriture - acharne-toi à me vaincre. J'attends.
Je te donne des filaments de flamme - nouveau souffle ?
À répéter ? Gerbes de délires ou panier d'ordures ?
Toi, l'apprenti expert en torsades de pieds, en
Chutes répétitives, hésitant, te calmant, hurlant
Encore.
As-tu fait bon usage de ta triste
Moisson ? Mais expert à présent...moins efficace
Et incertain.
Esquive, échange, palabres, à touches
Mouchetées, - non, tu t'en retournes ver tes
Enchantements intérieurs, reliant tes tiges, entrecroi-
Sant tes premières heures et tes nouveautés éphémères.
Les éphémères
Dans ta répétition vaine, sage en basses souffrances
Je t'arrache tes envies, tu sembles dépourvu
Pourras-tu d'avantage ?
Fais varier tes souillures
D'extase dans ta polychromie bariolée d'images
Incertaines !
Tes pénombres inutiles tailladées de
Clair-obscur - toi clairsemé tu danses ! avec
Souffles et air de flammes - il suffit de t'éteindre.
Voilà la flûte sylvestre accrochant quelques notes !
Les tiges se croisent et s'entrecroisent dans la brise
Invisible. Ces instants délétères qu'il te faut cap-
Turer.
À peines entrevues, d'autres filles légères,
Sont-elles belles, irréelles, inutiles ? Des éphémères
Semble-t-il !...
Et toi dans ton Néant cherchant
Avec désespoir, et implorant la miséricorde.
Qui ventile
Qui ventile d'autres orgasmes - le moindre
N'est pas de mordre pour jouir. Ou de t'endormir
Dans des halos supérieurs - De rompre - Et de
Quelle manière avec la prudente activité tradi-
Tionnelle. Fuir cet amoncellement de hurlements en
Plaisirs malsains faussement assassins et attachés.
Allonge toute joie avec tes ambiguïtés ou tes
Situations classiques. Donc tu t'éprends, mugis,
Souffles ou râles - du moins tu t'exprimes nuitam-
Ment.
Avec cette curieuse sévérité, tu cries : à moi !
À moi ! À prendre dans la continuité de la vendange
Nocturne.
(Encore cette femme jeune qui retombe sur
Sa cuisse appesantie - de ce rythme - je le prends
Pour le dire - avec métamorphose des papillons)
Dans le vide
Figures disposées dans le vide
Figures pensantes et articulées
Dans les sinuosités angulaires escarpées
Et tranchantes qui se renvoient
Avec leurs logiques désordonnées des fragments
D'images bariolées
En approche de l'esprit, les constructions
Se désintègrent de couleurs en lumière,
Lambeaux de toiles mortes,
Vieilles souvenances oubliées
Figures déployées sur l'écran de la mémoire
Là le mensonge éblouit
Pour la renaissance des châteaux
En élaborations incomprises
Sa vengeance
Sa vengeance ~ encore dans la jouissance -
Harnais contre la cuisse ~ le miracle sexuel
Féminin - Tes chocs de lianes/fouet, triomphe
Contre la décrépitude. L'éclat de ton sourire
Perverse et soumise - prise et reprise ~ Très denses
Avec les souffles caractéristiques de tes suppliques -
Implore encore - Qui te fait mal à l'image du
Cheval.
Il s'agit de pieds, de ceintures, d'anges
Noirs - femmes assises sur des hommes - le torse
Ensanglanté offert - lui-même à l'envi et retourné.
Ventre, seins, chairs - invoquant les passions, les
Délires, les fanges sublimes, l'ivresse et l'interdit -
Oui, invoquant.
Là, en abondance de poils, de
Sang et d'excréments, on te devine vicieuse.
Elle est à entendre
Elle est à entendre. Si vrai, serait-ce le délire ?
Conservée, ensevelie dans les méandres inconnus. Avec
Ses cavalcades effrénées, la folie s'en empare encore.
Dis-moi si parfois une raison passagère
Evoquerait en elle un surcroît de conscience, de
Maîtrise pensée en quelque sorte ?
Là voilà qui
S'élance - déjà défaite et sans constance, offrant
Sa vulve impudique à son amant résigné ! Mouillée
Et solitaire - aspirant à entrer en moi - aspirant.
Pour quelle certitude poétique, quel assaut sensuel ?
(L'implorer chaque nuit) L'ivresse de son parfum
Débordant de soupirs. L'étreindre dans la spirale
De la folie volcanique, en tourbillons d'humeur
Ou casser piteusement les choses saintes exprimées ?
Elle, et coupée
Elle, et coupée si fortement - en cernant
Ses deux mains - ensevelie et presque ; agissant
Sur la vue plus loin dans l'entrée; puis l'écla-
Tement de ces rayons agressifs dans la nuée
D'invraisemblances. Toi, te détournant avec
Tes saccades glaciales, parcourant ton naufrage,
Feignant à l'explorateur encore. Dans ta solitude
Claire, égayée, éliminant le réel imparfait.
Ainsi soit-elle en guise de danse, d'élans scabreux
Ou de, folies passagères ; la voilà dépitée, refu-
Sant son règne, me reprochant encore mes vices
Sexuels cachés.
Oui, toi en fausses abondances,
En détestables pitances d'excréments puants et
Fangeux, tu m'inventes un délire incompris d'autrui.
Voici mon Néant
Voici mon Néant et quelques roses voltigeant
Dans la claire immensité crépusculaire. En sur-
Passant votre beauté. Et le grand amoureux que
Jamais je ne fus. Ô sublimes ingénues, déchirez--
Vous, déchirez-vous ! Dans le soir, ces bergères
Se morfondent en grâce divine, - hors de leur couche,
Ô Maîtresses !
Simplement commençons ! Et pour quelle
Clameur ? Pour quelles puretés printanières d'élans
En savoirs dans cette blanche spiritualité de la
Nuit profonde ?
Moi, je fertilise mes élans d'idées
Belles avec ce flot de femmes et de grâces, invo-
Quant toutes les héritières de me nourrir quelque peu.
Pour ce dôme religieux d'éternité chrétienne ou
Cette triste joie de vivre dans l'inutilité de soi.
Elle, et de ses mains, elle
Elle, et de ses mains, elle. Le pied de ma maîtresse
Plaquée contre mon sexe. Supplie-moi à l'entrée !
Mes saccades orageuses frappant contre ta bouche.
Ses désirs de femme-poulpe dans sa vulve visqueuse.
Encore une histoire de naufrage, de chair mouillée
Et chaude. Engouffre-moi jusqu'au coeur, implore-t-elle.
Ce qu'elle a d'étroit. Toujours en son milieu. À l'in--
Térieur. La douceur parfumée. Aspirant à l'envi.
Déverse ton ivresse, répands-toi sur moi en avalanches
De formes infinies. Apaise mon ravissement ébahi.
Est-ce certitude de bonheur avec ses attaches de cuir
Et d'or, ce plaisir éternel supérieur ? Liée pour toi.
Quelles intentions avec ton buste qui se balance par deux ?
Toujours mieux faire et de m'avoir. À genoux, gémissons.
Big Bang
Elle aimait la jouissance dans une saillie forte.
Aux pieds. Dos creusé par le désir. Provoquant
L'objectif. Comme six hommes qui la forgent et la
Reprennent. La poitrine battant en saccades. La
Crainte de faire venir trop vite l'orgasme. L'envie
D'être donnée à tant de sexes !
Les joies de son
Plaisir. Elle aimait. Nulle répulsion profonde,
Nul dégoût. La grâce honorée dans ses beuvrages
D'excès. Les intérieurs illustres. Jetée contre l'un,
Contre l'autre. Son nu profané.
L'activité essentielle
De sa langue. Les doigts poisseux et les fentes
Prises et obstruées. Elle, carnivore. Et de te salir
Avec nos expulsions. À nouveau, entends-tu ? Proster-
Ne-toi. Aspergée de nard onctueux et blanc.
Un mot cherche un mot
Un mot cherche un mot qui refuse de lui
Répondre Ici commence la guirlande accrochée
Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose
Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux
Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent
Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi
Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon
Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de
Sang jaillissent ici et là dans l’armature
Du Néant. J’attends mon auréole et je demande
Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers
La Coupole.
Des cercles et d’autres cercles évasifs
Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur
De haine circule dans la ville. J’écris encore.
Futur comme toi
Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé,
Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~
Dans la fraction du temps ~ intervalle qui sem-
Ble ne pas suffire ~ et appliquer toutefois.
L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères
Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupe-
Ments, les anticipations, les interdits organisés
À la demande, pour l’imparable extase.
Le trait redescend mat et impuissant, la pensée
Contingentée dans des délires douteux - optique de
Reproches et d’incertitudes.
Puis l’omission, le rejet,
Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute
Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvel-
Lement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?
Et de s’unir dans cet espace
Et de s’unir dans cet espace ~ au plus près dans
Les Yeux - ta présence m’emporte - tes paroles
Déplacées dans l’orgasme incessant chose en
Nous qui se mesure ~ l’analyse de l’obtention :
Ce n’est donc que cela ?
Corps disparu, constamment
En évanescence d’espoirs de jouissance ; et
De poursuivre encore - tels seront nos enfants
Débordant de pus et de faiblesse ~ les croise-
Ments de nos gènes et l’inventaire de notre
Dégénérescence.
Je m’extirpe, je m’échappe, je
Fuis hors de toi, femme dévastatrice, créatrice
D’infectes choses - me voilà à nouveau cherchant,
Elaborant de stupides avenirs pour des considé-
Rations douteuses. Je te reprends encore.
Là dans l’immobile
Là dans l’immobile, concentrée sur soi
Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre
Emportée ici pour disparaître dans la fuite
Oui, emportée…
Avec quel support et quel savoir ?
Féminité pour n’être pas
Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude
Qui ne saurait me convenir
Etre sur soi pour qui s’emporte
Comme de se dire ici et là et en cadence
La blancheur amortie dans l’air qui se dégage
Futur repensé déplacé à nouveau
Futur revisité et de prétendre : cela sera cela
Pour le bel inconnu qui toujours se suffit
L’espace est en soi-même l’univers à construire
Lancée hors soi
Lancée hors soi telle la lumière
Fatidique à tes yeux de s’endormir encore
Et sous quelles vélocités irréelles, la pensée
Pénétrante secouera son joug cérébral ?
Toi, dans ta détresse tu tressais l’impossible
Ravalant les contours, explosant en folie.
Je reviens, j’extrais, j’arrache l’or interdit
De mes pures entrailles.
L’esprit s’égare chez les
Filles et les putains, surnage dans des rancœurs
Diaboliques, exalte le Dieu-Phallus
Et se répand dans des espoirs absurdes.
Lancé
Hors soi, s’agrippant à la couronne céleste,
Suppliant sa part mystique, déféquant ses
Péchés, ma semence exaltée plonge dans son Néant.
Entremêlées encore
Entremêlées encore, s’accordant des formes vides,
Des espoirs insipides, entremêlées encore pour un
Joug d’écriture nouvelle, les filles s’élancent belles ;
Une et mille, tissées et repensées dans l’éveil
Du matin pâle, bouleversées en songe, oui
Tissées ;
progressivement en germe de romance qui
Jamais ne s’atténue, en germe flottant à
L’abandon et se voulant mourir d’extase.
Le vent défleurit, défeuille là les nuées blanches,
Les filles en volutes d’apparence semblent
Disparaître, les filles supplient quelques gémissements
Plaintifs.
Dans quel arôme de sueurs, dans quels
Tourbillons fluides les ingénues en battements
D’ailes parviendront-elles à m’inspirer un peu ?
À la recherche de l’élixir de grâce
Non à la trace mélodieuse constellée d’esprits
Noirs ~ écriture pensée et non dictée par
Quelque saveur externe,
déplacée dans la supposition
Douteuse ~ et lisible à quel niveau ?
La main s’octroie de fades aberrations et
Prétend y démêler un invisible ~ parmi les
Excès et les audaces.
Consternant ce mur à
Faire exploser en myriades de confettis pour
Reconstruire des guirlandes obscures !
Fait de
Réparations et d’invraisemblances, de déjections
Douteuses et de miasmes ridicules !
Quand donc
Nourrie de sèves salvatrices, régénéré dans
L’autre solaire, parviendrai-je à constituer
Un élixir de grâce pour me faire pardonner mon ignorance ?
La fille bleue
Repensé, calfeutré dans des délires optiques, -
Inadmissibles. Ce souffle lancinant illuminant
Mille grâces. Toujours en soi, cherchant pour
Un ailleurs. L’esprit de fantaisie s’y décèle
Toutefois.
Avançons dans l’obscur avec traces
Bigarrées - champ de tenseurs hautement im-
Probables.
S’en vient la fille bleue agrémentée
D’espoirs, véhiculée sur ces tenseurs ou ces ali-
Gnements incertains. Elle y déploie ses corolles,
Ses zébrures audacieuses - elle y déploie…Et,
Moi supposant, déplaçant, soufflant, rechignant,
Hurlant encore. Accorde, je te prie, quelque zèle
Libérateur à cette lourde main qui trame
L’impossible et toujours se déçoit en sa lutte.
De haut-là, qu’entends-tu ?
De là-haut, qu’entends-tu force de glaise
Et de glace C’est là que tu demeures enra-
Ciné dans ton idéal menteur
Grande marche
Dans l’impossible intérieur, promenant l’exilé
Sur le bout de ton cil, tu avances parfois
En pâmoisons d’extases, sur la lisière de
L’écriture
Froides-incendiaires tes filles sans
Chair, filles de l’estime toutefois. La folie
Nocturne embrasse le dépravé jusqu’aux excès
De l’interdit !
Lourds-légers tous ces corps empilés
Comme accumulation de poèmes produits - va encore
Toi trébuchant, franchissant les remparts de
De l’aberrance, entreposant dans tes bas-fonds les
Substances infiniment pures ou pourries de ta plume.
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la
Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle
Part. Au travers, se supposait au travers.
Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons
De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve,
Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir.
Dedans, l’unique construction délétère, fuyante,
~ De passer par un centre ~ avec réparations intimes.
Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint,
Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle
Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit
Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique
Le sceau sacral, et je prétends produire !
L’une d’entre elles suspendue
Filles saccadées dans l’exorcisme du Mal,
Perçues dans l’œil - filles sifflantes et suppliantes,
L’orgasme est à construire !
Arpentez l’âme,
Traces de vers, enroulée maintenant dans
Votre folie vibrante. À plus jamais, oui
Portées dans l’obscur pour cet immense tissage
Irréel !
L’une d’entre elles suspendue aux neurones
De la conscience. Nous habitons dedans. Respire
Pour qu’elle se détache, conseille Paul Celan.
Voix pénétrantes à l’intérieur, voix pour construire
Et pour se libérer de l’emprise mauvaise, il est doux
D’avoir filles claires élaborées dans son Temps.
Quand une giclée vicieuse venue de l’Inconnu
Déchire le bel ensemble aboli à jamais.
Le feu
Silence comme femmes en fusion, silence
Dans des mains transpirant des cendres chaudes
Elles, bénies sous des flammes de soupirs, gémissantes
De scories, hurlantes dans le feu passionnel
Brûlées et encerclées de flammèches, de che-
Velure volante, habillées et nues, habillées
Par la danse des flammes - toujours en soupirs
Et implorant l’extase de l’orage, mais le feu.
Encore le feu pour les faire jouir - ces lueurs
Rouges et écarlates dans la mouvance du vent
Toi, forgeron sous un flot de vin, effrayante
Fumée d’extase et de délire, te voilà
Calciné dans tes poussières de fantasme, ramassant
Pelletées de femmes irréelles et pourtant vivantes.
Entre l’or et l’ennui
Entre l’or et l’ennui, le feu et la folie ~
La nuit pour oublier, pour écrire ~ une poignée
De syllabes ~ mes semences ~ je songe à la
Volée d’extases inondant des filaments épais.
À toi tes grâces et tes paroles dans le silence
Profond et sinistre ~ dans le sang de l’absence
Nourri de ton venin ~ suspendu à ton espoir
Je suppose la pratiquant grandement. Poursuis.
Encore la pénétrant, l‘éclairant de mille audaces.
Et toujours ces besoins de semailles dans l’âme
Claire d’un matin en transis. Poindra-t-elle,
Cette aube nouvelle, se soulèveront-ils ces soleils
Qui émergent dans des océans sans fond ? Entre l’or
Et l’ennui, le feu et la folie surgit l’Esprit !
Solitude à genoux
Solitude à genoux. À genoux pour mourir.
Silence dans les glaciales catacombes. Une lueur luit.
Accueille, accueille mon âme. L’ombre, au plus
Profond dans son sinistre.
Vivre pour un ailleurs.
Un ailleurs autrement. Les murs supplient
La sainteté. Epais silence. Couvercle étouffant.
Qu’éclate un sanglot. Dans une bouche de soupirs.
Baisers de cendres. Une femme apparaît. C’est elle,
Scellant la poussière pour l’éternité. J’embrasse
La poussière et quémande la lumière.
Instants ulcérés
D’espoirs et de craintes. Instants comme infinis.
Puis son doux sourire. Un visage radieux.
“ Viens-t’en ! Viens-t’en ! Hors de ta peine. Hors. ”
Le retour idéal vers l’anneau de lumière, là-haut.
Le nuage en exil
Boule en l’air, en fuite ton existence. La
Semence, ta demeure et là. Grande marche
Véhiculée sur l’impossible. La certitude en
Glaise de saveurs, mais pour qui ? Veux-tu,
Très esthétique te déplacer quelque peu ? Vers
L’infini regard avec syllabes crissantes ou
Rouillées.
En lisière et voyage pour l’aptitude
D’un Midi dressé et clair. L’aptitude ! Je te
Fais devenir, et c’est lointain que d’y songer.
Ame-désert ~ désert-âme : avec cette rumeur
Légère que féconde la sueur étrangère. Si
Fluide, cette pensée claire de laitance en
Balance de lourds-légers ~ légers-lourds,
À saisir, toi nuage important conduisant ton exil.
Encore qui germe
Encore qui germe ~ formes d’avenir alanguies ;
Des voix, et je parviens vers Toi. Toujours en ma de-
Meure. Mêlées et démêlées, filantes. Il est là,
Il émerge. Cette survivance. Un et mille - je
Vous offre le Tout.
Saisis pour figurer l’oubli,
Esprit, écris - Pensée, éjecte. Pour ces grands
Aveugles - des lignages incessants. Dans l’œil
Du poète, cette lumière assourdissante, bondissante
D’ennuis et d’espoirs.
Les yeux éclaboussés.
La pensée en dedans. L’audace qui voltige.
Sur le bord de l’abîme. La réalité chancelante.
Filles, flores, éternelles, revenez nourrir l’âme
Désinvolte - redressez cette lourde masse de
Chair spirituelle qui ploie fatiguée par les ans.
Rajouts de Pièces courtes
Fragments imperceptibles
Fragments imperceptibles animés
D'un écho aérien,
Souffles fragmentés par un esprit sourd.
Dans la lumineuse nuit invisible,
L'or fondu en sourdes paroles coule
Ses segments incertains.
Tu conçois maigrement en suivant
Ce ruisseau.
Passe et repasse dans ta mémoire
Une solution d'écriture décevante.
Le message construit n'a nulle emprise
Sur ta conscience.
Des bribes que l'on jette comme des semences
Douteuses à la volée du vent.
Chair dedans
Chair dedans, et toute autre ?
Et toute chair prise
Dans un souffle dernier
D'extase et d'abandon...
Ma force vive en toi,
Toi qui exiges ma petite mort...
Je ne te remplis pas,
Concevant un espace supérieur,
Croyant encore aux chimères poétiques,
Appelant follement ces choses infinies.
La nuit pense et repense, opaque de songes.
Dans l'impossibilité d'atteindre
L'orgasme littéraire
Je tourne sur toi, je meurs, hélas je m'abats.
Pensé à partir
Pensé à partir de l'insignifiant
Dans le pur espace infini
En soi
Pour soi
Quels mots
Quelles solutions d'images
Quel apparaître ?
Ici ce sont encore des champs de persécution,
Des chaos d'écriture
Des pénétrations dans l'âme
Puis une direction mentale
Pour un réel à inventer
Qui miroite maigrement
Dans un futur illusoire
Reviens dans l'esprit
Reviens dans l'esprit, ~ rejets, expulsions et Muse !
Délabrements, existe avec nécessités de l'être qui fuit...
Donne-leur ce matin où le poème flotte,
Où l'idée est soufflée comme étamine claire ;
Accroche cela au ciel mauvais
De torrents, de tornades et d'éclairs aussi !
Accroche cela, oui, avec des flores, des oiseaux,
Des papillons d'extases et des folles nuitées !
Tous ces chaos fuyant dans des violences
De particules - ça prétendrait former
Un poème logique de possibilités à entrevoir !...
Te voilà mystifié, grommelant, homme à la parole
Coupée avec des yeux mouillés pour retourner vers l'intérieur.
Parle, parle, poursuis ce monologue. Ecris encore.
De clair arrondi
De clair arrondi sous des poussières taciturnes
Au sortir de l'eau avec l'air fluide
Parcourant quelque peu les tempes
Mes adieux : voyelles et sonorités interdites
Ceci serait le vrai : penser sans la douleur
Par le truchement des verbes animés
Encore chez soi, dans le mot
Et question de question
Pour réponses médusées, détournées, obliques
Parlant dans le silence, yeux ahuris
Cherchant quelque torve lumière
Le vent inutile vient se briser
Sur le front, flamboiement incertain
Sur mes lèvres inventives
Traversé d'espaces irréels
Traversé d'espaces irréels
Mon deuil de poètes morts mais présents
L'esprit filant pour quelques perspectives de vécus
À la dérive
Aperçu, mon aperçu, entrevu, là
Spirale tourbillonnante pour
L'agencement d'un poème nouveau
Signes et le dire
Sur la variable transparente
Des mots qui s'effacent
L'oeil critique au visage dur
Condamne la trace
Le goût de l'inachevé, lettre contre lettre
Dans le cristal de l'espoir
Oui, accrochée à toi
Oui, accrochée à toi
Par l'invisible lien de la mauvaise réplique
Suppose : dans l'oeil de la vipère
accrochée aux neurones défectueux
- Pour l'élixir, et la soupente mène au Néant.
Poursuis l'explosion délicate et absurde, existe
entre trois balbutiements verbeux.
Il s'asseoit sur son trône, prince ridicule
imbu de soi, mièvre et médiocre - il s'asseoit.
Il prétend : ses victimes, cuisses ouvertes, sexes béants,
trous d'extase - à la naissance de la folie...
Les poignards s'enfoncent dans la chair à critiquer
- Fantômes, ennemies, au-delà - et ce Dieu,
dangereux et puissant - que dira-t-il ?
Le désespéré
J'appelle désespoirs la mort et la torture,
Nuits offertes au Néant, à la sinistre haine
Oui, je sens suffoquer les souffles sirupeux
Plaqués contre ma face pour un toucher spécial
Mourir est un plaisir libérateur en soi
Mon éternelle peine s'épuise sans retour
J'ai aboli mes Dieux, mes chimères immortelles
Je plonge dans la nuit, catafalque de gloire
J'invoquerai les guerres pour enfin trépasser
La triste obscurité des douleurs infinies
Le pays interdit pour y poser ma chair
Et repenser le monde illuminé de crimes
Elle est venue la mort des sinistres ténèbres
Constellée de mensonges, de crimes et de souffrances
1
Ce qui subsiste après la haine
dans l'air rouge
L'humeur ancrée contre le front
Je recompose mon avancée,
j'analyse le délit, l'audace,
j'aplanis mon extase pour comprendre
2
Les muqueuses irradiées
l'arc-en-ciel intérieur
pense et se précipite en soi
toujours pour l'absolu
Glissades dans la cervelle chutant et chutant
3
Agité par le souffle
feignant à l'immobilité du bleu
qui se désintègre mollement
Jusqu'à l'obtention
Jusqu'à l'obtention de ce résultat insignifiant
Poésie de moi, de rien. Fustigeant mes figures,
Fustigeant retournées. Que peu les cherche, que peu.
Encore l'éclatement bariolé rempli de saveurs.
J'arrache, tu es devancé, liant les moindres mots -
Le mouvement est ajourné.
Qui file sous les pas, - seulement, comme du regard -
J'accueille le nouveau jour.
La pensée, en poudre et lui-même, éclaté éclatements
Pour une suspension de l'image.
À travers, dans la fuite, de ce qui donne,
Une foule d'humeurs.
Mais tu vois, je cours, je dors aspiré par le vent,
Flanqué d'une fraîcheur.
Le vent à l'extrême
Le vent à l'extrême enveloppe aussitôt fuyant, aussitôt
Pénétrant .Envolées de l'esprit aspirées par le gouffre.
Je pénètre la nuit, je m'étale et je dors.
J'étire mes longueurs sur l'infini des chairs.
Plus haut dans l'éther bleu éblouit ton orgasme,
Le plaisir éclaté se répand dans nos âmes.
Sans m'étonner, dans la nuisance du Moi,
Reconnu inutile, jusqu'à ce que le prolongement se meurt.
Immobilités fuyant les quelques orgasmes enchanteurs
De la nuit, principes bariolés de folie très légère !
Paroles : la cime sublime de s'entendre dire :
Non ! Jamais ! Ailleurs !
Ces produits inaudibles pour autrui : le frère devenu ennemi.
Le retour dans la cage littéraire. Soi, soi et seul.
Peut-être nue
Peut-être nue. Tes vocalises d'orgasme répandues
Dans la fraîcheur. Le souffle des roses.
La chair glisse au point ultime du non-moi.
Je fonds dans l'oubli y retrouvant tes aises.
Le coeur au fond du gisement espère y chercher
L'émoi répandu. La rumeur de nos haltes, les souffles
Accélérés, les murailles incomprises, et ce subtil
Parfum qui s'échappe nonchalamment de nos âmes.
Nudité d'orgasmes littéraires inondée de rumeurs sensuelles.
Sur les bords, à l'intérieur se rétractent les flux de pensées
Chauds. Nous sommes solitaires au fond de leurs chairs,
Prisonniers des muqueuses. Le plaisir illusoire sur des corps
Elastiques et la fuite inventive pour des combats nouveaux.
Tu vois, j'agonise selon ta félicité
La lumière bleue
En deçà, la lumière bleue parfois vacillante - la mienne,
intermittente qui se love contre l'esprit
Dans la forêt de l'intelligence se répand
une femme douce et généreuse
Pour restituer le chemin à suivre, la lente avancée
avec le doute et ses extrêmes
Bien sûr ! jamais ne pars, je fonds dans sa trace
pour l'écriture hachurée
Elle s'obscurcit puis s'éclaire par la flèche évocatrice
et s'effondre dans les buissons épineux
Paroles, paroles appliquées comme une gerbe
phosphorescente - c'est une fuite vers l'avenir
Mais quel espoir pour être ?
Qui est cette femme au plus profond du Moi ?
Le surcroît
Le surcroît, plus fort dans la construction de l'homme
Savant, de l'homme sachant. Mots appelés, les plus tendres,
Pour une part dans l'éveil. Aujourd'hui encore, apparition
Claire, tourbillon ou écharpe d'inconnue à saisir.
Poussée, au-delà, élégante et aérienne, poudreuse,
Je te sais explosante, orgasmique, intermittente.
Ce qui en revanche m'apparaît - dans le dédale
Des bas-fonds - à la recherche de l'origine.
C'est certain : quelques lacunes - les miennes, les tiennes - en
Plénitude de mensonges, d'erreurs, de bêtises, de calomnies.
Le rêve qui se poursuit, ensanglanté dans son apothéose
- Le rêve oublié, vomi, rejeté, retranché, exclus.
Chaque fois de se dire : haut mutisme interdit, soporifique,
Fuyant dans l'inutile et pourquoi ?
Cela, par effets
Cela, par effets, l'opacité absolue et nulle lueur :
Fondre dans l'aurore et plonger
Encore la plongée fuyante, en soi,
Sorte de spirale infinie de rien - nulle possibilité de
Dégagement, l'éternelle glissade sur les bords du vide
Le temps succédera au temps
Sont-ce des possibilités printanières, d'exil, de pureté
Transparente - qu'est-ce cet autrement ?
La remontée
Je tiens le mot pour
Espacé de silence, - espacé - figuratif et muet
La parole dessaisie murmurant pour cette image en formation,
En attente tendue, - l'inachevé est à disparaître...
C'est cela : à disparaître.
Et ce, au plus profond
Et ce, au plus profond
Avec centre et spirales éclatées
Froissé, décomposé, suppliant,
Espérant cette nouvelle aube
Puis le jour s'éteint
Ici et le prétendre encore
Fuyant la diagonale
Plongeant sur l'oblique
S'évaporant dans l'espace
De la pensée volatile dans l'éveil
Sur l'a-conscience qui se figure bourdonner
Au milieu de l'endormie
Lourde encore supposant quelques scintillements
Clairs qui sera et s'échappe pour rien...
Encore les espaces obstrués
Encore les espaces obstrués
Le vide à soi, le vide
Une faille peut-être
Espérant une nouvelle matière
Il suppose en creusant
L'espace décomposé en soi
Traduire l'infinité
Te rencontrer encore après bien des années perdu
dans ces labyrinthes d'écriture
pour ces impossibilités littéraires à atteindre
La structure démantelée est à refondre
De nouveau, il explose
Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint
Le sens du continu
Plus loin, dans l'étendue
Plus loin, dans l'étendue d'écrire, le paysage de la syntaxe
Echappée, en fuite, où tu es je ne suis
Pourquoi tant d'applications ? Nécessité d'écrire pour construire.
L'obéissance à Dieu.
Outil de créativité mentale avec applications concrètes.
Exploitation de la liberté du langage. Nulle entrave, nul interdit.
Déplacer autrement la vérité, découvrir une nouvelle vérité.
Fuyant dans l'immobile, foudroyé par la vitesse, fuyant encore
Le front ensanglanté dans l'air glacial
Qui est soi, en soi cherchant toujours
La déroute de l'estime, l'éternel refus
Matière délétère de mots à associer
Qui s'évanouit dans l'âme du poète
L'insignifiant déplace le sens
Si riche d'images
Si riche d'images à composer
Sur les ondes nouvelles, la pensée inventive
Sur le haut point de se comprendre, tirée la même, hors soi
Sans que jamais tu ne comprennes
Elle-même hors de la sphère buccale
cherchant dans l'air à apparaître
Soufflée pour l'orgueil imbécile
d'une vaine lamentation poétique
Ce qui sera à repenser soi-même sur l'être en apprentissage
pour convertir en certitude tout le su et le perçu
Quant aux images, elles nourriront
nos fantasmes délétères, - véhicules de liberté
au-delà des interdits pour libérer l'âme
des excréments de la journée
Au-delà du sens
Au-delà du sens, à la recherche d'un autrement,
Cassant la matière,
Restructurant la syntaxe, déplaçant le vrai,
Et pour quels surgissements ?
Au-delà du sens, ce que peut le non-signifiant
Ce qu'il prétend trouver
Différemment
Encroûté, insistant, piétinant encore
Contre le sens, le faisant exploser
Ou disparaître
Et d'avancer pour aller plus loin
Là-bas j'y suis
Prolonger, rajouter, soi sur soi,
Sans cohérence, sans organisation réelle
De toi à moi, que faire
De toi à moi, que faire ?
Ici en deux que je place et déplace, à repenser
Encore sur ta hauteur, moi-même à élever...
Suspendu dans l'esprit de la réplique,
Reprenant ton souffle
Avec la grâce de l'application
Unissant les choses libres et différentes.
Ma nuit et ton jour par frottements
Pour fluidifier nos différences et nos contrastes
Ou plonger encore vers la très grande estime,
Descendu là dans le Néant.
Cela sera-t-il proche ?
...Mais que vaut cette substance qui coule en moi ?
Essaie encore dans les extases pour les lointains.
L'exiguë
L'exiguë de la pensée, les limites cérébrales,
J'habite une douleur
Je m'appuie sur l'espoir d'être moi-même
Encore cahotant, piétinant, nourri de mensonges,
Le poids accentue les grimaces
Mais tout entier dans la parole
Cherchant différemment pour rien
Ce qui se situe à l'intérieur est essentiel
La source interne polluée
Ton coeur de pierre
Dénoue ta pensée
Ici commence l'immobile certitude de soi
Je t'emporte continuellement associant
Ta volonté à ta stagnante insistance
L'interdit qui éclaire
L'interdit qui éclaire
sur le versant obscur du vrai
autour et contre le vent
contournant toujours l'imposé
Invente une trace nouvelle, là-bas pour le futur
La nuit est lumineuse
L'altitude décrit l'espace
puis la forme à concevoir
Tu colores le Néant et agis selon
Le bleu s'émancipe, s'éclaire toutefois
fusille l'autre vrai - assassiné -
jusqu'en sa pulsion secrète - assassiné -
Ainsi descendu, en toi, descendu
au plus profond, sans nulle hauteur
Déplacé - repensé
Déplacé - repensé ailleurs et autrement
Le territoire de la repense !
Ecriture noyée, focalisée, hérétique,
Agressive et violente - Ecritures !
Sans être lu mais se lire - plié, à l'intérieur
Ecrasé par ses rayons monstrueux,
Roule en toi-même ou grimpe du moins agis
Dans ce champ mental, aie souci de toi. Non
point souci des autres mais souci des poètes
morts - avec leur substance, ma co-substance !
Voir à travers eux ! Ou fluidifier d'autres mots
Une sorte de réplique
revisitée, intemporelle - une sorte de réplique !
Et pour viser à quoi ?
De toi à moi cela est peu
De toi à moi cela est peu, la répartition semble difficile
Et dérobée ne t'imagine pas...
J'ordonne parfois pour de l'inutile. Le stimulant
N'existe guère. Soufflant tes mots, que puis-je avec toi ?
Ta sueur rafraîchit mon extase,
Nos lèvres remuent espérant quelques râles.
Les controverses de nos actions, les délices de
Nos extases, bondissant pour des excitations autres...
Tu jouissais de mes suppliantes attaques,
J'arpentais sur ton corps les pieds de la raison.
Nous franchissions les interdits sensuels
Et dépravés pour des résultats poétiques douteux.
J'harmonisais tes plaintes.
Que pouvons-nous à deux ?
Même indice, même schème
Même indice, même schème, même application
Ici encore cherchant pour rien ou si peu
Enfin cherchant encore
Qui va s'étirant et se rencontre, allègre en soi qui va
Souffrir et de se suffire
Tandis qu'écoute pensante ma tradition
Elle fluidifie, s'étire, remonte et se reconstitue
De nulle part, très à l'intérieur et quelle faiblesse !
Suspendue à d'autres souffles évoquant le vertige
Puis nouvel indice : poussière, grain, interstice
scintiller - cela vrai - et respirer doucement
Sous mes yeux dans mon regard, toi à l'oeil !
Tu m'as dit quel micas - sur ma fin de vivre
Et l'autre rive là-bas... là-bas l'autre rive
Source d'extase
Emporté sur le vent d'un orgasme menteur
Hurlant dans la hauteur l'effort surnaturel
D'accéder à ces grains de lumière éternelle
Puis le vertige aidant, la chute pour l'écriture
Poudroyant, bouche ouverte, aspirant quelque éclair
Belle source invisible de particules fluides
J'entrevois la promesse d'un exil poétique
Mais la tête inclinée implore une substance
Nouvelle et différente accompagnée d'odeurs
Ô poussière infinie qui scintille en mon âme
Et construit en sculpture le blême diadème
Parviendrai-je une fois à jouir de mon drame
Au plus profond, obscur, se meurt le coeur sanglant
Mais l'espoir est déçu et le rêve se meurt
Nuit d'aveugle
Paroles, et cette soif jamais assouvie
Paroles et pensées pour s'octroyer
Quelques fragments supplémentaires
Un instant, l'écrit, le trait et le rejet de l'agglomérat
Des routes, des réseaux, des sorties
- Longues avancées en soi -
Traces de plus en plus visibles - traces -
Surfaces parallèles - en décalage - surfaces -
Tombées, retombées dans tes versants
L'emporte comme s'étale - surcroît, s'efface et cherche
Défalquer dans la transparence, le reprendre
Avec soi pour saisir cette trace dans cette opacité mienne
S'y perdre en plongeant - Limites perpétuelles
Franchies - limites - Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle
Grande pensante
Ô silence, ô silence, dans l'or de l'exploit, fustigé !
Grande pensante ! Grande pensante ! Qu'en est-il ?
Déjà, là-bas une silhouette fine et désinvolte,
Un moi-même ami qui me permet d'écrire,
Un moi-même ami...
Silhouette claire et belle comme une réplique
Mentale, une réplique de l'esprit.
Et toi, bariolé d'images inutiles,
Essayant, produisant encore
Pour d'infimes stupidités... stupidités...
J'ai tendance à te suivre,
Je vais dans l'inconnu, ton inconnu.
Déglacé, souriant, feignant à l'exalté, je persévère
Ma douce Eléonore. Toujours décidée à me suivre ? Toujours ?
Et claire dans l'apothéose
Et claire dans l'apothéose de s'entendre dire :
Elongations fuites possibilités devancières accours
Moi besogneux toujours prêt extatique et
Glissant sur les longs coursiers irréels glissant certes.
Echéance de production insipide niant l'audace
Créative. Va me chercher Eléonore. Fluidifie
Sa taille, justifie ses seins, quémande encore.
Que je la prenne dans de chastes épousailles !
Ebloui de rien, façade multicolore de mensonges,
Applications identiques sans le moindre souffle d'élan
Nouveau.
Ceci est peu. Evolue, change, transforme,
Apporte quelques éléments purs dans ces futures
Découvertes sexuelles, d'amour, de poésie, de vice.
Voilà : éclabousse ta page de possibilités autres.
Là dans l’immobile
Là dans l’immobile, concentrée sur soi
Fausse vélocité d’une ardeur à transmettre
Emportée ici pour disparaître dans la fuite
Oui, emportée…
Avec quel support et quel savoir ?
Féminité pour n’être pas
Main sur le papier, vide de sens, cherchant la plénitude
Qui ne saurait me convenir
Etre sur soi pour qui s’emporte
Comme de se dire ici et là et en cadence
La blancheur amortie dans l’air qui se dégage
Futur repensé déplacé à nouveau
Futur revisité et de prétendre : cela sera cela
Pour le bel inconnu qui toujours se suffit
L’espace est en soi-même l’univers à construire
Les roses ensevelies
Giclais, et une fois
Giclais, et une fois ~ voudrais s'y installer
Douce fille aux crins jaunes
Comment se consumer en elle constamment ?
Je reviendrai avec les mêmes mouvements
Assumant de très légers arrêts
Ô rêveuse de l'absurde
En élans, en bascules
En gémissements plaintifs
En poses démonstratives
Mon âme sur elle
Je pratique l'élégant féodalisme
De poses et de jambes enlacées
Sera-ce suffisant pour crédibiliser
L'envie de se revoir nuitamment ?
La belle abandonnée
Elle, et encore, elle pour de si clairs
Parfums suaves ~ endormie dans
La pâleur des fleurs
pour cette flottaison blême
Accoudée à la lumière crue qui berce
Ou balance des cordes à l'infini
Dans cette douce solitude exquise, elle de
Lait dévêtue à la peau beige ;
ses formes
Lourdes qui s'étalent dédaigneusement sur le
Sofa fatigué, des formes épanouies chargées
De mémoire, repues d'extase, abandonnées ~ là.
Généreuse, à la chevelure abondante, chatoyante
Respire-t-elle, songe-t-elle aux flots d'orgasmes
Satisfaits, aux nourritures charnelles d'autrefois ?
L'imperceptible frisson d'aile l'éveille tout à coup
Un temple pur
Un temple pur
Construit sur l'invisible
Les esprits y pensent
Le temps est éternel
Là des colonnes
Non nulle colonne
Un voile infiniment clair
Recouvre l'édifice
Le soleil, le feu,
Le vent, l'éther
La construction oscille
S'affaiblit et grandit
Sous l'aile de la brise divine
L'édifice s'épanouit
L'âge se fait amer
L'âge se fait amer
Le corps s'exalte parfois
Les enfants liront nos poèmes
En écriront de nouveau
C'est la victoire de l'indifférence
Du replié-oublié sur soi-même
Sa tête jamais ne se lasse
Pourtant remplie de fatigue
S'envole déjà l'amertume
De l'échec supérieur
Des pointes poétiques poussent
Certains s'extasient déjà
Transmutez, forgez, déplacez
Et inventez le nouveau centre
Intérieur
S'éloignant de la fille très pure que nulle liaison
Même infime ne suppose
Jeune claire élaborée nourrie de sources
Sauvages - d'ailleurs nous frémissons
Quand elle s'élève
À genoux déployés, ses seins sont frais
Et tendres - jeune sainte nue priant
L'Espoir et l'Esprit
Poursuis belle l'humble prière - ignore
Notre présence - livre-toi à la Clarté -
Implore
Qui est cette fille ? Qui est la soeur,
Symbole de chair ou de pureté à ses côtés ?
Et qui dans l'Au-delà entend, s'inquiète et se déplace ?
L'ange
Tu flottes mais ne penses guère ; tes envolées
Nocturnes ne sont que des effets trompeurs.
Tu fluidifies ton vrai : l'extase s'enfuit
Dans les méandres de l'inconnu ~ là-bas.
Je touche l'ombre aérienne, et la folie
Tournoie dans l'interdit à pénétrer.
Les formes immortelles poudroient un impossible
Froissement d'ailes - des flots de roses
Envahissent ton âme - tu les respires confusément.
Beauté, ma toute pure, va rafraîchir tes seins
Dans les frémissements clairs et les opales sublimes,
Va quérir l'immensité fugace où l'éphémère
Intemporel qui nimbe ton visage clair
~ une manière
D'ange déploie tout à coup ses ailes purifiées.
Adam et Eve
I
Eva, formes futures,
On va le penser ton nouvel érotisme !
Beauté toujours plus étonnante,
Titillations et massages,
Dressage et cuir ou fentes obstruées par l'interdit !
De te contempler - le beau en l'air -
L'autre centre ! Je conçois tes charmes
Les canonisant ~ oui canonisant tes cons
Elles prennent racines ces touffes noires
Qui s'étalent, s'agrippent et se répandent
Dans des sinuosités étranges
Et tes sœurs, ces filles-cibles ~ tire à vue !
Grands dépôts de chair à convoiter
Ou futures réserves d'orgasmes à gémir !
II
De trésors de poils de besoin d'expulser
De beaucoup rêvées en-pénétrées-en
Avec beaux orifices et fentes par la langue enivrée
Toutes les présences filles femmes claires
Etendues pensantes ou accroupies
En bestiales en sublimes en
Travail miel foutre sueurs et soumissions
Présences latentes et abandons
Soleil ombre lumière et brunes promises
Jamais de lassitude pour le rut subtil
Fuyant les chastetés idiotes égaré dans
Des lieux de grandes puretés
Vous voilà convaincues
Concubines gémissantes et aimées ?
III
Etamines pistils et corolles
Dans la sublime multitude des filles nues
Nues et douces comme de jeunes tiges ou fleurs
De se donner nuitamment
En suspens de courbes et de droites
De volumes et de légèretés de chairs
Belles, à l'abandon, de se dire : je les cueille
Par-dessus, en avant, dedans
A hauteur de sexe batifolant tendu
Chairs éclairs de désirs
Adam dans la composition du jardin des délices
Parmi toutes ces belles, de jardinier
En amateur de la nature, que choisiras-tu ?
- De butiner, de voltiger ou de respirer ?
Questionnement
Ô calme mortuaire, faiblesse de l'écume
Vers la lune amollie et le soleil pensant
On se vautre hélas dans son rouge incendiaire
L'ardeur s'apaise à soi dans la vie qui s'esquive
Muette la beauté allongée, gémissant
Un vain soupir d'orgasme rectal sur
Cette couche soufflante de creux donné ou
De chair nue, voici le bien-être précaire !
Et là-bas qui cerne et s'irise, et s'élève
Lentement comme un guide suprême, maître de
La lumière ?
Abaissante destinée de l'accouplement
Plongée dans le vide-femelle, nourri de matière,
Exultant quelque fécale saveur aigre ou
Odorante, - qui vaincra l'éternité ? - Qui ?
L'autre cité
L'autre cité tu t'aventures encore à
L'affût de quelque spectre rare diapré en
Couleurs irisées recherches de brumes éclatées
D'évanescences obscures d'incendies rougeoyants
Recherches
Les néons le mouvement caché la rumeur des
Ruelles il n'est pas de lumière dans l'univers
Clos à droite, estrades, putes asphyxiées
Mais celles-là mêmes : friandises rapides bois
Cieux sereins
encore avance et titube
Dans le crépuscule don intérieur aux heures
Incroyables Là-bas Académies, Aréopages :
À éviter
Oui, la fluide lumière, généreuse
Et productrice, avivant la pure application de
L'esprit du moins l'intelligence le prétend encore !
Combien tu sèmes
Combien tu sèmes de matinées presque écloses
D'esprits assombris par la haine et le remords
En mini clochettes de dzing zing zing
D'écriture poudreuse : " Je suis là !"
Encore
Dans la carmagnole mascarade - de moules
Ardentes, de raisin cuit.
Va en guerre, cervelle
Ardente, à l'affût de quelque image insolite,
Précaire, inutile ou à tordre.
D'avantage de
Petites fourmis obséquieuses et alertes - de lignes
D'encre surarticulées qui se déplacent nuitamment.
Combien en tentatives vaines de semailles claires
De se répéter autrement oui, moi qui frôle
Avec les souillures en scintillements noirs
Peine précieuse ? Fol esprit qui divague ? Qu'est-ce ?
L’héritage
Ô combien vous m'apparaissez ! Oui, dans mon aube
Laiteuse, calque d'une aube d'ombre, calque - en
Répliques de filiations dérivées - de moi à l'autre,
Un soi-même déplacé, s'effaçant encore pour renaître
Ailleurs - enfin à côté !
Et pour quel équilibre
D'inattendus, d'inaperçus, en filigranes de saveurs,
Effractions ciselées sur autrui, lumières imperceptibles
D'écriture nouvelle ?
Je viole vos temples, j'efface vos
Veto - je me contamine à votre chair - en sous-
Main, par-dessous la réplique est facile ! Disparues
Ici, réapparaissant là, en prolongements flous et
Incertains.
Dans ma nudité mentale, vous imitant
- Rejetant ma culture, supposant vos intuitions,
Il est doux, frères inconnus, de poursuivre votre postérité !
Radieuses et limpides
Longtemps combattre en soi en déviances et appartenances,
Toujours questionné l’être cher tapi au fond de soi
Avec ses souffles inconnus en plaintives insistances
Quand l'ombre se déploie sur l'esprit éclairé
Ô filles, filles émerveillées de mes claires plénitudes
Dans le faux crépuscule de ma chair embaumée
Endormies, vous radieuses et limpides espérant
Je ne sais quelque conquête d'or de toison tissée
Encore fraîches et légères sur la sphère azurée
Mon errance se meurt vers l'espoir le plus pur
Pourtant je crains ces noires divagations obscures
Et je baigne ma tête couverte de surdités !
Belles étreintes de phosphores inconnus, présentes en
Saurez-vous à jamais me vouloir éclairer ?
Rencontres
Parmi des coquelicots obsédés et asexués
Erection de sang rouge avec maladie proli-
Férante. En sueurs, en contacts, en indices
De chair – d’ha ! Ha ! Avec des matrices stu-
Péfaites, prises, élastiques, étalant leurs sécrè-
Tions vaginales.
Parties de pus et de stupeurs,
De pénétrations vaines, de cris qui déchirent la
Chambre. Tu cherches quoi ? Bah ! Bah ! Et mille,
Et une - la plus suave, la plus suante - finement
Allongée dans son luxe de débauche et de plaisir.
Oui, encore, de longues jambes à l'infini pour sublimer
L'éternelle beauté - et lyre, Eléonore, ou
D'autres femmes bleues à la crinière claire s'enfuyant
Dans l'âme éperdue du poète-théorème en vaines applications.
Le rut civilisé
Prises par le rut civilisé d'aimables ronds de jambes.
Elles, débordantes de sécrétions, encore sanglantes
Ne cessent d'espérer et de se lamenter - eux, ne
Cessent d'érecter et de vouloir jaillir. Unions ?
Allez ! Allez ! Boyaux contre boyaux. En mysté-
Rieuses taches, encore de vous unir.
Soufflant,
Soufflant, toujours énormes, têtes dans les bras
À la recherche de l'orgasme envahisseur.
Quel
Terrible monticule de désirs à apaiser pour cette
Mesquine fécondation qui perpétue la race !
Plus loin
Encore en pénétrant dans vos désirs pour fuir
La mort, la vraie, la grande !
Aspergées de
Sperme gras, mêlant des sueurs et des salives
Douteuses, il est bon de recevoir la chair en soi !
Petites hardiesses
De légères petites hardiesses de langues tendues
Et chatouillis. Très fines et délicates - quelles
Gentillesses ! S'introduire dans tes rêves allongée
Avec miel et sécrétions orageuses, avec traces
Odorantes et douces - fentes et fantaisies de
Baisers amoureux.
Affinités sucrées, salées dans
Des entrelacs d'or-rouille, de muqueuses de
Chairs et de peau.
L'en-toi dans l'intime
Pour m'abreuver de désirs aqueux ! Et de bons
Languirs tintés de clairs gémissements, de lentes
Montées en extase pour atteindre un paroxysme !
Et tes subtils balbutiements en soupçons de
Soupirs qui montent comme une plainte délicieuse et
Semblent dire : poursuis encore dans mon trésor !
En chairs si douces
Des tenues claires en Eve d'apparat avec de
L'or entre les jambes. A l'infini, puisant et
Remontant. Bel amant présomptueux en subtiles
Tentatives rectales imaginant l'interdit. Pous-
Sières d'orgasmes en jaillissements multicolores.
Bienheureuses après ruts tendres et désirs recom-
Mencés.
Derrières elles, ou sur le flanc, rampant,
Léchant - succulentes goulées nocturnes - ou
Giclées en gelées exquises. A vous de prendre, à
Vous. Quémandez, suppliez et implorez
Encore !
Rendant heureuse l'intime prestation noc-
Turne de vos délires corporels, ensevelissant
L'intelligence ou la réduisant à un état de vas-
Salité féminine, il est bon de mourir en chairs si douces !
A l’unisson du solitaire
Celle-là, celle-là mienne si je puis te contempler
En petits indices de jouissances - en extrapolation
A l'unisson du solitaire. Comment te le dirai-je ?
Je reste avec l'image, avec la spéculation intérieure
De : était-ce possible ? Un réel ailleurs ?
Mini-monologue dans l'univers courtois de la fausse
Indifférence. Allons danser : Ho ! Ces beaux seins,
Ces friandises fessières, ces jambes allongées, ces...
Agrippe, a-grappes en virtuelles de pensées auda-
Cieuses dans le faux : je me perds. Menteur !
Et une et deux, et bouge à côté, et raie et bouton
De : leur plairai-je ? L'autre blonde également.
Dans le vent de la sortie pour le retour du cé-
Libataire animé de fantasmes et d'échecs cuisants.
Les chimères connues
Infiltrons-nous ici, tâchons d'être loquaces.
Préservatifs : passez ! Etranger en soi-même,
Dans l'autre également. Petits bonnets gluants.
Cette fine pellicule qui toujours nous sépare,
Qui limite ma chair dans les muqueuses tiennes...
Au plus fort du nombril et de l'anus aussi
Engraissant le très pur désir de l'interdit...
Débattons-nous encore pour l'étrange va-et-vient
Dans ces chimères connues - sublimes et nues !
Accourrez ! Accourrez ! O beautés de l'esprit
Car vous êtes légion à défiler au lit
En blondes, en rousses, en blacks : le vaste imaginaire
Qui s'efface aussitôt les giclées expulsées.
La chair inassouvie désire recommencer !
Variantes de Collages
L'ange de rêve
[Je t'adore comme un ange étouffé (de rêve )
Ma lumière tu étais très belle
Tu m'apparues Reine, Déesse ou fée
Je veux m'éloigner de ces haillons hagards
Et retrouver celle que j'ai toujours aimée]
Je t'adore comme un ange de rêve
Ma lumière tu m'as toujours éclairé
Tu m'apparus Reine, Déesse ou fée
Quand je passais près de toi, la belle
Je veux m'éloigner des souffrances terrestres
Sans coeur et sans espoir comment puis-je voler
Au nom de tous les saints je demande Hermès
Le messager d'amour, Hermès va lui parler
Et dis-lui que je l'aime, que je l'attends encore
Le soleil bleu
À la dernière clarté d'un soleil bleu
Les rayons mortels de la pureté divine
Ou la fraîche saveur des blés coupés
L'hirondelle morte ; becquetées aux petits
Toute ma jeunesse respirée sur ton sein
Craintif, je m'enivre de ta chaleur
Nuits légères, pureté des clairs glaciers
Roulant sur des mers d'écume qu'elle effleure
Souffles d'amour, d'haleine brûlante
Douce comme la chair des femmes
Tendresses accomplies en l'heure passive
Hontes qui fuyez le destin recommencé
Je me meurs joliment mes pleureuses
Dans la sève d'un amour prodigué.
Les rejetés
La pucelle, pas la pute
Ce ne seront pas ces putains frigides
Empressées à la passe publique
Ou dans quelques noirs quartiers
Vendant leurs bijoux exotiques
Non ! Ce soir courons la pucelle charmante
Gênée timide à la mine complexée
Tremblante de honte et d’inexpérience
Courrons l’hymen à déflorer !
Éloigné du salaire bestial des catins
Conservons le billet de cent francs
Et invitons la pucelle au bal dansant
Joli petit cul d’un adorable festin
Bouffons nos gueules jusqu’au matin
Et finissons la nuit en se branlant
Les miroirs obliques
Que de
Que de, que de pulsations interdites, de déplacements
obscènes, de folies à satisfaire !
Tant de strass et de spasmes ! D'ondulations incertaines, de
je-les-ai, donnez-les moi toutes !
Mouvements de traverse dans la chair en surabondance de
désirs, de soupirs qui nous porte !
Liberté serrée : elle va, je viens. La chair est peu, n'est-ce pas ?
De toujours supposer, de ne rien caresser - voilà tout : de
comprendre sans monter. Point d'éros. Point.
En cultures a-sexuelles de blocages, de honte, de brimades
- je me défends d'éja. Culer.
Voici mon plein, voici ton vide ! Je procréé dans ce grand
éblouissement final n'ayant guère obtenu. Ou seulement
quelques audaces insignifiantes.
Ils inspiraient
Ils inspiraient, un à un, jamais ensemble - à la suite - non pas les rues, non pas les
rencontres - les catalogues - ils inspiraient !
Pour mon évolution, et j'espérais - dévot admiratif, je travaillais. Sur toute chose, dans
les applications ! - Leurs génies : mon royaume.
Quand d'autres erraient - à chacun sa méthode, à chacun son système. Ma pauvre
personne tentait d'obtenir des résultats !
Dégueule, et les langues ? Dégrade-toi, cherche et trouve. Avec défaillances ici.
Contre tes hoquets, des feux de joie. A jouir dans l'invisibilité. Echanges pondérables de
soi à soi. Encore dans l'ivresse de l'inconnu.
Et pour te figurer il pleuvait des roses. Avec d'étranges coups de poing. Echangés en.
Je fustigeais mes poses et j'allais dans l'Inconscient.
Fallait-il laisser courir dans la folie les potentialités pensées ? A force de Narcisses
décomposés en moi-même, les propositions s'élaboraient - médiocrement,
maladroitement - je l'accorde, mais elles s'élaboraient.
Eve, Eva
Eve, Eva, fournies, fournies ! On va de
Belles en belles formes. Et toujours alanguies
Sur des sofas dorés - blondes d'abandon en
Parures sexuelles et alléchantes ! A mille vignes
De sevrage titillé ! Entrez au bois et passez
Par le centre !
Concernant le charme : des flèches
Sublimes avec tir à vue en boutonnières, en
Bas pour le superbe !
Vos braises hurlantes en multi
Couleurs de désirs. Adam futur, qu'en dis-tu ?
Multiplie-les par le désir - chairs allongées !
La mourre de beaucoup, retourne-les-en cheve-
Lures rouges ou platines ou noir métal, toisons
Succulentes et poitrines dressées, parais-tu apaisé
Nourri de tes fantasmes en chevauchées rêvées ?
De toi à moi
Minimonologues : de toi à moi : quelles filles !
Sur-beautés inconnues de mon oeil, de mon sexe !
En espoirs de solitaire, sublimons le pervers -
A lécher goulûment toutes ces hyper chairs dédiées
Au culte d'Eros. Séductions, censures, fantasmes
Et audaces -
Tu m'excitais, je m'endormais -
Gémir avec toi, pâle réalité stupide de l'orgasme.
Tenues et nues, miel et lumière tamisée s'infu-
Saient dans l'irréel - imprégné dans tes nuits
Pour tes Vénus sans tremblement.
Auras, sylphides
Et nymphes ~ très pure idéalisation de la
Femme parfaite - le moi astral embrasse
Les silhouettes fines, se déploie pour l'ombre
Délicate et se meurt assouvie, apaisé nuitamment.
Vues de Lola
Etendue en désordre ~ oeuvre-femme en
Avalanche de chair ~ vues de Lola :
Je pénétrais ses biens profonds. Ta figurine,
Elle bondit, je me morfonds. Dans ces
Bouches étroites : sexe, sels et saveurs qui
Vont émergeant vers des gouffres-éclairs de
Passions, de pulsions - d'incendies.
Mais est-ce à moi de te posséder et d'entrer
Pour convaincre ta dernière vertu ? L'image
File et débande pour reprendre de l'ardeur.
Blonde de splendeur malmenée, écartant l'entre-
Jambes, - le plus tendu -, çà et là en éva-
Nescences de toi, encore évanouie, apparaissant,
Disparaissant, Lola, encore jouissant, le sais-tu ?
La miséricorde
L'ombre des lointaines - ces silhouettes oubliées
Qui vainement courent en mémoire - empreintes
Grises, vous sillonnez encore dans une âme déserte !
Figurines floues qui appelez là-bas,
Eternelles de temps vous apparaissez parfois !
Dans ces chemins tortueux, écrasés sous des
Brouillards épais, je sais l'appel vers vos
Ténèbres sombres.
Verdissez, verdissez encore
Tiges légères de l'avenir ! Pliez-vous dans
La brise du vent, indiquez-moi la voie
Du lendemain.
L'âme libre, je m'en irai heureux,
Espérant un nouvel exil, espérant et suppliant
Un Dieu de me comprendre avec miséricorde,
Avec mansuétude et pardon - je demanderai.
La grille
La grille. Le grillage, en soi. La fenêtre.
L'être-en-soi-même - d'évolutions très pures.
Stagnations. Espoirs. Là tout près, source
Elégante. Heures et racine : temps et origine.
Apprentissage. Dans les Anciens. Toi, moi, oui :
Caché. S'essayant à des sucs nouveaux, s'essayant
Avec nymphes, auras, divinités presque bleues.
Le repoussoir poétique. Les murailles imprenables. Les
Rejets constants. Les médiocrités littéraires. L'on
Prétendra que j'étais rebelle !
Les lâches accusateurs,
La violence constamment enfoncée dans la chair.
Mon nom est le Mal !
Evidemment contre l'Accusateur !
Mais quoi ? Et comment ? Petite Force bonne, que
Feras-tu contre Légion ? Supplie l'Immense encore.
Le bannissement de l'Elue
S'est effacé insidument dans le domaine de
L'Elue - en perspectives tiennes - ce pas aérien
S'épaississait sur d'autres fleurs - les lignes droites
Et les lascis de jambes - balcon et hyperboles,
Mélanges de cheveux, visions bouillonnantes - la
Chair des filles jaunes avec tilleuls et abricots.
J'avoue les vingt ans dans un état d'excitations miennes -
Le colloque de l'aveugle - en vexations d'interdits. Toutes
Ces femmes positionnées en a-saintes de génuflexions
Sexuelles - goulûment salives et sécrétions au plus profond -
Je me défais d'Elle - je soutiens d'autres lourdeurs -
Des vertus triplement visitables. S'est enfui tristement
Dans l'usure de l'impossible, vaine désillusion d'autrefois.
L'espoir est mort seulement encombré d'images inutiles.
Le sylphe nostalgique
Pleurez ! Et fixez-vous à moi, en cercles
Fuyant de revenir inlassablement, de revenir ;
D'expirer en oublis et de pleurer encore, pour
Un autre firmament de souvenirs, et la lumière
Décline pour renaître à nouveau.
Car je veux raviver vos consciences nostalgiques
Avec un chant lointain émané en mémoire
Qui doucement s'éloigne et semble caresser
Par instants une oreille curieuse cherchant
À se dresser mais qui déjà se rendort.
Je meurs
Dans vos soupirs, alangui, gémissant ou suppliant peut-être.
Je tombe et je m'abats, je trouble vos raisons. Je veux
Vous aimer avec cette voix lugubre et triste qui
Toujours vous invoque dans l'horizon éternel du temps.
La vasque puante
Aux termes d'acquiescer. De se dire avec le retrait.
Mais la prudence. Sur la durée. Pour succéder.
Accorde-moi quelque obole ! Insiste avec
L'abstraction !
Nous l'avons dit en déplacements d'orgasmes, en
Fugues ascensionnelles quand s'immobilise le
Symbole décourageant d'hier.
Elle se décomposait. Elle devenait fluide, visqueuse,
Inexploitable. Malgré les transactions, les transpositions,
Les audaces.
Je déclinais mes pâles humeurs, j'inventais des
Intentions, j'envahissais sa chair splendide !
Tous mes souvenirs s'écroulaient dans une vasque
Puante où croupissait la seule poésie du passé.
Pensée tu verses
Pensée tu verses, et tu t'amoncelles
Vaine et perpétuelle pour fondre dans ta nuit
Sous moi, s'accumulent mille ans
De lâches frilosités et de tentatives aussi
Tu extirpes de stupides banalités - tes essais,
Complices et favorites, voués à l'égarement
De tes sens
Continue et confonds - prête serment
A l'eau, à l'écart en vaine préparation
De rituel, de baptème-tien - mixture
Hétéroclite où l'impur participe à la symbiose,
À la synthèse - je plonge dans ton cru
Pour l'évasement de mon ciel
Pensée, tu verses !
À la Klimt
Pareillement de vous donner l'idée. Je te repeins
En bleu. Ni abjection ni amour. Pareillement.
Dans l'ébahissement de ta vulve luxuriante.
Cette splendide femme à l'Italienne. Son Nu.
De ce triple désir au plus profond d'elle-même.
Encore ses vastes yeux pétillants de malice.
Sa forte chevelure noire sertie de diamants.
Ses seins éblouissants et chastes. Point de coït,
Point de coulissements - enchanté, je me vide.
Et tous ces tissus étalés, entrelacés d'or et
De rouge cru - ces spirales de triangles entremêlés
À la Klimt comme des couvertures d'arrière-plans.
Je me suffis avec cet air de conscience, j'éclipse
Mes désirs et je jouis de cette peinture entrevue.
À l'assaut !
À l'assaut ! - Ces filles belles étaient imprenables,
De leur sauvagerie de crinière épaisse et bouclée
Sachant apprécier la perfection extrême de leurs
Détails.
Tu m'as confié tes femmes, je me suis
Nourri de leur suavité. Bondissaient chatoyantes,
Ou soumises attachées suppliaient quelque délicieux
Supplice de la chair à aimer.
Encore les courbes
Et les volumes précipités vers l'estuaire féminin
Pour l'homme misérable que je suis, quémandant
Quelque soif, délaissant la basse matérialité
Pour l'idéal impossible.
Ayez quelques défaillances,
Unissez-vous à moi ! Adulez ma plastique ! Je
Suis mâle viril pour transmettre la vie. Hélas ! Les pers-
Pectives de beautés méprisent le mendiant qui implore.
Oeuvre-femme
Oeuvre-femme, toi en rebondie, d'hier et
D'autrefois - le souffle de la mémoire
Caresse l'âme fertile...
Toi, oui, en croupe
Arrogante, en génuflexions suppliantes, en
Avalanches de chair - lavée et or, te
Souviens-tu ?
J'arrachais à la divinité
Tous ses sucs intimes et filtrais l'eau claire
De ses entrailles.
Elaborant quelques figures
D'amour, enchaînée, enlacée, la beauté
S'envolait dans la délivrance, offrant ses pieds
Parfaits et sa part de souffrance à ma douceur
Perverse et subtile.
Et ses grands yeux noirs
Où la brune et l'ivresse se confondent gémissaient
D'extase aimant à répéter : " Je comprends mon compagnon."
Florence
Dans quelle profondeur, Florence, léchant tes
Plaies, me repaissant encore de ma propre culture
Avec amas de chair, de filles, de femmes - c'est ma
Fuite inventive - nous deux collés dans ce pseudo-
Mariage ~ notre volupté cérébrale ~ toi, si près,
Toi, accrochée en moi - je connais l'horreur de
L'étouffée ;
se comporte sans sourciller et s'im-
Mobilise là dans ma symbolique sexuelle
D'intentions ;
va succéder en applications mystiques,
En entrelacements de forêts vierges, en bras ruis-
Selants de philtres sensuels pour plier ses genoux
Et se soumettre encore.
Ma belle fluidité
D'exquises saveurs, toi si longtemps suppliante,
Je vomis sur tes fanges et je t'aime encore.
La parfaite indifférence
Je m'étrangle à vos genoux ; je m'enlaidis à
Vous revoir ; je me fixe en vous tordant les lèvres
Dans cette pâleur âcre de douceur sensuelle.
Suppliez ce sommier de gémir quelques râles. Etes-
Vous ravie ? Mon érection était croissante. Adorez
Cette chaise et restez-y assise, là nue, encordée,
Comme il vous plaît. Votre beauté est un spectacle.
Nos yeux accouplés sont du velours exquis. Vos seins
Se dérobent ~ cet accoutrement est pitoyable :
Lu nudité est incessante et déploie ses extases,
Je vous préfère ainsi.
Cependant que j'avive
En moi un subtil appétit de chair, que la
Froide amante s'essaie encore à des folies lubriques,
Le tout se meurt dans la parfaite indifférence.
Nostalgie
Qui lui confère du bruit en sa demeure
Avec l'enlacement des jambes et des jours
À n'en plus finir
Quand il place le cercle, la lumière lui sourit
Il se penche sur sa lampe,
Et fuit vers son orgasme
Cherche ainsi une légère veine
D'opale et d'extase
Dans l'éloignement de la beauté
Si longtemps espérée mais jamais connue
Dans la feuillée d'hier, il prie encore
Désireux d'y retrouver quelque folie fugace
De délice ~ tout cela semble pourtant
Achevé : il va s'éteindre tristement
Les filles crues
Là, pliées, jetées, en amas de confusion
Sur mon axe méditant l'orgasme - offertes
Aux vignes verdoyantes - plus bas, mais rougeoyant
Encore - des filles crues en cascades de cris
Aigres : quelles plongées dans la béatitude
Poétique ! Si chaud le vent hautain pour les faire
Jouir à nouveau !
Tandis que des cuves de lait à
Loisir semblent s'étaler sur des nuages clairs.
Est-ce illusion ? Sensation de l'infortune à
Satisfaire ?
Voici mon champ clos et la montée
De mes tonnerres - À la volée, toutes mes semences
Plaçant Octobre dans l'espoir d'un futur.
Filles, filles crues dans l'immense nature d'un moi-même
Déployez-vous enfin, quémandez la vendange nouvelle !
L'été et la mort
Elle s'étend sur les airs, elle se répand se répand
Espérant je ne sais quel impossible à atteindre
C'est encore vous en moi, m'aimant toujours
Réduisant cette fugue à son contour incertain
Sur cette tranche d'été il s'enlace s'enlace
La chaleur âcre est fuite immense en soi
Les flammes noires calcinent l'ensemble ; d'autres
Brûlures font souffrir horriblement le corps.
Qui le blâme ? Qui l'exécute ? Qui le maudit ?
La lâche envie du Mal l'agresse encore.
Le feu, la fumée, d'autres fumées circulent
En une odeur aigre rappelant l'horrible mort.
L'été écrasant ses couleurs, l'été brûle le
Sang expulsé pour d'ignobles souffrances, hélas !
Deux femmes approchent
Deux femmes approchent toutes deux claires et
Désireuses ~ Je me rappelle les vertiges
Et les contours blonds - proches et contraires.
Le réel côte à côte est une offense et un désir.
Les deux me blessent et me supplient ~ La fumée
Se mêle et se démêle dans cette ambiance
Enivrante.
Qui réapparaît ? Au pied de qui
Vais-je supplier ou gémir ? À l'endroit même où
Les confidences sont des offres sensuelles nouvelles.
Les bords humides de vos chairs endiablées, les
Flammes intérieures ranimant la passion excessive,
À hauteur de volumes, au plus profond, en.
Dois-je mourir encore ? Fondre dans quelle toison ?
À qui appartiendrai-je ? Les deux m'ont appartenu.
Le Temple du vice
Finiront-elles par lacérer ma chair impie, par
Ecarteler mon désir jusqu'à l'émotion ultime de
L'orgasme ?
Je m'écrase sur vos seins endiablés,
Sur vos fesses rebondies, sur vos entrelacs de chairs
Et de poils.
La jouissance de vos formes est obsédante,
Je lutte contre des flancs de femmes matures, je pénètre
De jeunes fentes tout émoussées. Ma solitude est perverse,
Mes nuits ténébreuses sont des éclatements de luxe.
Mes intentions me perdront.
L'hymen, et les seins, les
Oeufs goulûment absorbés par toutes sortes de
Bondage et de vices maîtrisés ! C'est chaque nuit,
À chaque heure, à chaque seconde !
Dans ce Temple du vice
L'imaginaire déplie ses hallucinations sexuelles.
Je me vautre dans les basses immondices de la bestialité.
I
Eros et les transports Tu ne peux élucider
D'un geste grave et froid en opposition de Princesse
À la taille rouge, au sourire de marbre
Je plonge dans les belles apparences remplissant
Mon univers d'un idéal de rêve J'y cherche
Une passerelle de fille pubère ou de femme
Mature Etes-vous beau ce matin ? Je dois
Te perdre ou te maudire Je prolonge la science
Du sexe cherchant de nouvelles larmes, plaisantant
Dans des espaces d'orgasmes à satisfaire
Et cette ardeur
Pour trouver un passage, pour élaborer une sublime
Maîtresse, élaborant de claires régions inaccessibles
Dans la douceur d'un été-automne ou d'un feu cru
De lances et de flammes enfin ! à découvrir !
II
Devant tes formes concrètes qu'y a-t-il à concevoir ?
Refusant le torride attrait de ces instants sauvages,
Cherchant quelque assistance // c'eût été très joli
Ces nymphes désuètes crissant d'un sifflement aigu
Pour l'entrecuisse ou l'orgasme rectal // je dois
M'y installer tout entier avec zèle pour le possible
À découvrir // Sévèrement, hélas, avec ton amie
Ennemie, sublime à fouetter le sexe : dans ces
Buissons ardents comment retrouver vos myrtilles
À titiller d'une langue pointue ? J'ai su baver //
Je voulais remplir des régions, contempler, bondir
Ou activer autrement les semences érotiques qui
Nourrissaient mes fantasmes // Médiocres limites
D'impuissances reconnues et de jouissances atteintes.
2,8 x 5
Qui fluidifie, s'élève et s'abaisse, de te
Le dire nuitamment en hypnose d'attaque en
Gestes dévolus en finitudes d'obtentions.
Sur
Les artifices de la poésie modernité - quand j'y songe,
Elle me tue. Etiez-vous marxiste ? Ferez-vous
Des profits avec l'économie numérique ?
La grande
Ambiguïté de demain : avec qui écrirez-vous ?
Qui seront les Immortels ? Le hasard des plumes
Sèches. La beauté des morceaux classiques.
Les bases
De la contemporanéité. Avec quels cloportes ? Les
Traductions immédiates ? Chaque pays a ses Pléiades.
Les énergies collectives, les initiatives individuelles.
Et toi toujours sublime et pure, nourrissant les génies,
Laissant le temps accomplir son oeuvre posthume !
Les deux sources du désir
Hors de ces tourbillons d'orgasmes et de jouissances,
De ces micro-suicides de chair - éloigné de ces
Appâts aux formes parfaites - à cent
Mille lieues de corps désirables aux beautés a-
Languies.
Vais-je percevoir l'idéal spirituel
Ou converger vers la sanctification du bon
Croyant ? Les deux sources du désir ne s'opposent-elles
Pas ?
L'époux dit : tes seins sont deux faons
Rebondies et succulents. Le sang et le miel, le
Miel du bon lait et le lait se compare au vin.
Ô boissons, aliments, ambroisie et nectar,
Désirs avides et abondances miraculeuses !
L'amour
Est une affection de chair et d'esprit, Christ et Vénus
Un bas-ventre d'élévation, des soupirs d'intelligence.
Quelque apparence
Sensiblement quelque apparence de formes in-
Soupçonnées - de se déplacer en figures alertes,
Vagues mais perceptibles dans l'oeil fatigué.
De belles fluidités savamment élaborées
Disparaissent là pour réapparaître encore.
...Passaient en grâces subtiles, circulant en
Bras démesurément souples infinis en, infinis.
Et l'ombre même de fuir allongée qui l'entoure
Confusément élaborant un rêve clair avec
Silence ou murmure de sensations perçues.
Etouffant l'ange, l'effaçant parfois, nul
Ne se précise mais vit dans l'indécis, dans
L'imperceptible en perspective savante d'irréel.
La ligne s'évade enfin dans la noble clarté, là-bas.
La fleuriste
Succombant à toutes ses odeurs, dans l'éva-
Poration claire de parfums oubliés, cette étonnante
Fleuriste se cambre belle avec ses tatouages
Chinois
Je fuis dans mon passé et flaire à nouveau
Ces subtiles fioles d'autrefois pensant à quelques
Éventails ou ventres de femmes telles des mandores
Bombées
Elle abusera des lanières crues de sa che-
Velure, des rayons rouges et bleus qui la parent
À nouveau, elle inventera des soies multicolores
De déplacements pour s'enfuir vertigineuse
Dans les fluides évanescents de l'invisible
La reverrai-je dans l'éblouissement de mon imaginaire ?
Dansera-t-elle dans l'éphémère subtil de désirs
Inassouvis ? M'apparaîtra-t-elle à nouveau ?
Virginie
Oui, des mécaniques érotiques débordant d'extases
Vers des vulves sanglantes ou sanguinolentes ~
Virginie, ma beauté, déploie de claires fluidités ~
Sans découcher, fouettant la vile chair pour la
Faire jouir ~
Des sortes de mammifères qui s'accouplent
Fort bien également ~ De belles pleurnicheuses
Gémissant et suppliant ~ Celles éprises dans l'ordre
De la soumission, éblouissantes d'évanouisse-
Ments ~ Puis jeune fille si douce en rut,
Gracieuse, à l'épaule souple ~
Vertigineuses,
De fesses, de chairs et de seins, là-haut et nous
Agenouillés admirant les perspectives ~
Et ses jambes
Repliées pour la libérer avec ses orgasmes
Hurlant dans l'explosion de semences masculines ~
La belle Impératrice
Sous cette porte dominante elle s'essaie à des
Poses : - Me suis-je évanouie en mes chastes demeures ?
Je mêle vos orgasmes aux plaisirs de mes sens.
Mes pieds sont à aimer. Léchez-moi à genoux !
Conservez ce masque ! Ce cuir est une seconde peau.
Quels sont vos sentiments en perspective de désir ?
Pourquoi vouloir me tuer ? Est-ce appétit d'ima-
Gination de femme spéciale ? Léchez mes doigts
Et admirez mon maquillage. Ce rouge cru
S'associe aux boucles noires de ma chevelure.
- Mes tremblements subtils. Donnez-moi une récompense
De fouet. Je comblerai vos gémissements avec
De sublimes sévices, ma belle Impératrice !
Je ne suis qu'un chien du peuple quémandant le plaisir.
Berlines et arrogance
Berlines et arrogance, quand je la vois
Monter avec tranquillité ~ avec allures de
Belle indifférente à la chevelure évaporée,
Dansant dans les faux éclairages de la nuit.
Le premier escarpin qui fend la robe sur les marches
Est un appel au désir. Avec qui peut-elle
Parler ? En voilà un dans ses génuflexions
Zélées cherchant à la séduire avec des dents
Blanches qui s'éclairent tout à coup émaillées
D'or.
Mais elle, soignée et distinguée, attend
Patiemment l'arrivée de son compagnon, hidalgo
Sec et maigre, au visage buriné, repu du soleil
Et du bronzage de la veille.
Et moi, vulgaire
Paltoquet, aux bas des marches, j'attends désespéré
Qu'elle daigne me jeter un regard, vainement hélas.
La femme effacée
Et ses pas alanguis dans l'esprit qui s'aère
Filant sur des orgasmes de fluidité exquise
Quelque chose de pur dans le mystère mien
Charmant, disparaissant vers l'exil à franchir
J'efface sa douleur sur des vents en délire
J'arrondis son visage et je berce ses traits
Belle mais belle encore, ajournée en demeure
Ou douce détournant sa chevelure claire
Puis des flammes d'azur tombent sur l'horizon
Encombrant de leurs voiles l'infini à décrire
Des poussées d'or s'esclaffent en tintamarre épais
Et là dans mon sommeil sa frêle invitation
M'offre des mots obscurs dans l'espoir à renaître
Je m'allonge hébété ne sachant que penser
Deux rêves mis en paroles
I
Ta poussière d'or est d'acquiescer avec le droit,
De parler en public et de décliner le Néant.
C'est une force qui guérit du Mystique, qui
Tourmente le baiser avec deux, trois symboles
Composés dans le temps.
Tu ressens mon erreur ?
Attention : l'épisode se lit avec prudence dans
La joie du retrait. Il faut bien définir
La façon équivoque qui déjà l'immobilise.
Mais de sexe ou de sang elle envahit nos places,
Se répand avec l'excellence d'une humeur endiablée.
Il faut donc avancer avec ce groupe parallèle.
La chambre est nuptiale, - tant de robes et d'agrafes ! -
La chambre est l'apanage des plus défavorisés.
Conseille toutefois de déplacer le faux.
II
L'élément régulier est entré en mensonge,
Sur la table écossaise il dormait à gémir.
Sa pensée se déploie en subtilités amorphes.
Une partie est là et l'autre se répand.
Cette bouche invitée est une offre inusuelle
Dont la délicatesse exquise...Voilà la circon-
Tance, l'élément tapageur ornant ta douce
Bague. Va te lécher et lèche ton Aphrodite.
Qui orne sa pensée d'éruptions volcaniques
Dont l'effet naturel se répand sur vos couches.
Vers quels effets manquant de collines fluides ?
Mais lui en interdits s'entasse grassement.
Derrière la cuisse, passez - soulagez l'excrément
Qui vomit ses extases et décrit son soupir.
Fusionner l'irréel
Absent et incompris - reconnu, méconnu
Et de ressusciter en soi - je suis dans mon espace
Suspendu un instant - le temps me fait défaut.
Encore, et de-là même envisageant ma propre
Eclaircie - je sais me surprendre - le trait,
Le blanc, l'obscurité, - dégageant la profon-
Deur. Du volume pour happer l'air. Altitude.
L'évanoui, l'insaisissable - qui peut se prononcer
Pour moi ? Plus loin, redoublant, se dissipe,
Une fraction de temps, - la pensée incorporée en moi.
Un intervalle pour transformer le sens - toujours
En suspens - recoupant, qui m'emporte. Mais
J'avise, j'hésite, je me renverse, mon appui
Dans mes yeux, sur la main pour fusionner l'irréel.
Encore suspendue
Encore suspendue - elle a dû d'éclipser
Dans son provisoire - je le discerne dans l'ex-
Anguë. À l'extrémité de l'une à l'autre,
Je prétends dessiner un visage. De l'obscurité,
La lumière surgit. Par-dessus, à plonger,
Avec des substances fluides, loin de l'empâ-
Tement qu'inflige le cerveau. Dans la clarté
Avec les yeux du vivant, comment puis-je la
Soutenir ? Dans quelle transparence, avec quelle
Opacité ? Les traits de nouveau se séparent,
J'espère la jonction. Enfuis qui recommence
Et se termine en moi.
Me traversera-t-elle
Pour me voir ? Ayant disparu, s'est-elle éteinte ?
Elle m'enjambe et recompose son inspiration.
Surgies
Flamboiement - rougeoiment - possiblités en
Tout à coup, et surgies dans l'éveil du jour -
Il explose en vérités hallucinantes sans
Ordre logique - accidents dans la
Nuit survenue - accidents de synthèse gerboyant
Pour le dehors.
Où cela apparaît-il ? Devant
L'oeil du poète. Sa feuille est une toile. J'aboutis
À l'obscurcissement de la clarté - je découvre des
Fils-miens à tisser et à repenser. Encore des écla-
Boussures de lumière montante. Et ces taches
Soudain dans mon vaste ciel !
Dévoilant, en soi, clair,
Puis une durée tournante qui s'interrompt. Le
Mouvement doit être explicité, en gerbes tombantes
Car l'opaque à l'esprit appelle une éclaircie.
Suinte une source pourtant
Hauteur en soi, de substances répandues, de
Pensées jamais atteintes, laissant la vérité
Pénétrée le mensonge, de là quelque chose
Comme un être nouvellement conçu.
L'échappée
À mesure que la rencontre se suppose là encore.
Ainsi plus claire, de se dire : passe et obtiens
Ce mélange dégagé de toute intrusion (mais
Est-ce possible ?)
Chose qui avance à la mesure de
Soi, noyant le vertige ou de sillonner vertica-
Lement - la nouvelle présence apparaît, matière
Porteuse de concepts autres médiocrement élaborés.
Sans avenir, la foudre-acier déchire l'espace-mien
Portant l'accompli dans les rencarts du Néant.
Dans le noir de l'asphalte suinte une source pourtant... ( )
(a) Dernier vers de André du Bouchet
La saisie de substance
Tel ou tel en soi, de se rejoindre en un
Avec une parole déployée qui toujours en
Lui-même se replie pour déborder avec
L'un et l'autre - avec personne, avec autrui.
Et de recommencer dans ses plus purs excès
Afin de découvrir des accidents de langage,
Pour concevoir de nouveaux sens élaborés dans
Une éclaircie.
Se découvre en se pénétrant.
Tu t'interromps et dévoiles la pensée opaque
Qui a l'esprit jaillit ~ source sur d'autres
Mots. Parlant de rien. C’est une saisie de
Substance se déplaçant dans l'orée du Moi.
Pour ta fraîcheur de ciel, la pensée bigarrée
Ondule, bifurque et déplace l'illogisme du vrai.
Appellation – poème
Plénitude avec pensée qui l'emporte, porté
Sur sa limite y délaissant quelque sève
Au moment de tracer ~ [saisissant] le peu
D'une [main] déjà ivre, ~ le crois-tu, il se
Retrouve en toi un objet qui s'éteint.
La [main] se remplie de vérités à l'instant de
Mourir. Incertitudes miennes qui déploient leurs
Corolles claires, vagabondes ou nuancées.
A-t-il atteint le presque d'une [saisie] subtile
Abandonnée là comme parole de langage rompu ?
L'espace entrecoupé de chocs se clarifie d'ondes
Légères - le mot après le mot tarde dans son
Tracé et s'écrase sur la feuille de papier.
L'appellation offerte s'apparente au mot poème.
Elle s'ouvrira
Dans ses prolongements à l'infini, suspendu
Mais en leurre, elle se contient, explose, se
Retranche ~ elle va s'édifiant. Ce qui
Eblouit en gain de conscience sur l'instant
Apparaît, ce qui m'emporte et qui s'enfuit hors
De ma portée...
Conçois ce vide avec du vent,
Engendre cet espace, élabore en glissant.
De là-haut, ouvre à plat.
Ceci est une amertume
D'écriture, une matière proposée. Tu dois trembler
En offrant une vaste éclaircie.
C'est le temps
De descente qui régit l'improbable. Par ton souffle,
Exalte tes saveurs, ressoude là où elle
S'est interrompue, précipite-toi dans cette
Descente.
Devant toi, enfin elle s'ouvrira.
Insistances
Ici encore de dire pour plonger en profondeur
D'esprit qui poudroie sa substance, poussière
Egalement Ici demeure sur la fraction du
Temps d'une parole à l'infini avec fragments
Scintillements avec
Ici fractionné cherchant une
Clarté, suspendu en soi momentané de vol,
Parole fuyante, parole placée au plus juste
De sa pensée, en tous points perceptible, et
Froissée, recomposée
Ici phrase tournée avec relief
Plus haut, pénétrant son centre, indice de saveur,
Murmure de souffle pour accéder au paroxysme
Et d'insister toujours
Ici, certes avec médiocrité
D'applications, avec déceptions, avec espoirs
D'aller outre pour ajouter toutefois.
L'éclat de sa beauté
Elle, et l'éclat de sa beauté, déjà basse
Et encore entrouverte, à l'instant de jouir
Avec soleil, champ visuel amoureux que nulle
Pudeur défend...
Le plaisir demeure dans une plénitude
Que je dénude. Je recompose ma pensée sous
Cette architecture de femme, façade et
Corps de bâtiment avec le même souffle qu'autrefois.
Son étendue endormie - le fond du jour l'embrasse,
Parvenu à ses pieds l'air frais la caresse, et moi
J'interprète ces courbes et ces formes, je spécule
Sur la mémoire sensuelle laissée après les débats,
Je réorganise l'appel de sa chair, je conçois
La raison de cette chevelure floue, j'attends le miracle
Du génie sexuel féminin qui s'illumine tout à coup.
Déviances
En avant de soi
Jusqu'à ce fluide libérateur solidifiant les éclats
Déplaçant les vertiges en avant de soi
Là où il s'interrompt, je me rejoins
Plus haut, en arrêt sur le souffle
Voltige et se heurtant au vent
Les spasmes en saccades se fracassent
Suivant la trace, vers l’inertie
D'autres flammes s'immobilisent, encerclent
La poussière, élaborent de nouvelles sculptures
La pensée s'éblouit, je fais corps avec elle
Ce qui me sépare le pied poudreux
Le feu envahissant ma chair, de retour il m'emporte
Hors de nous, enveloppés, il nous effleure
Quand nous cherchons désespérément à rafraîchir
Demeurée au plus haut
Demeurée au plus haut par l'esprit qui inspire
Paroles se justifiant dans l'âme supérieure
Elevée, endormie, conçue par le génie
Sous le silence la fraîcheur de l'exil
...Pour un nouveau poème
Ensorcelée, traversée,
Elle est à naître ~ blancheur qui se défend
D'accéder à sa source ~ poussières d'or dansant
Sur le feu du désir
Le vise est à retenir, il se
Prétend à l'intérieur. Que reste-t-il à
Trouver qui scintille toutefois ? Une paroi
Poudreuse suintant quelques transpirations
Incomprises
Respire dans l'entrevue, imite le
Vertige, nourris-toi de candeurs dans l'absolu du ciel.
La ligne inanimée invente un avenir à poursuivre
Le Phénix
Mémoire et oublis. Paroles précipitées dans
Les rencards de l'indifférence, paroles décapitées
Pour le Néant suprême - au plus profond du Moi !
Et toute cette consistance de syllabes puissantes
Perdues comme des notes de musique frappant un
Plafond d'autrefois - amas de consonnes et de
Voyelles, qui était pourtant langage !
Pourquoi
Fuir dans ce catafalque de la mort avec sa
Hôte élémentaire d'écrits raturés ?
Pour absor-
Ber, réingurgiter, mastiquer encore la subs-
Tance, et se confondre malgré tout avec les éléments
Disparates qui ne sont pas siens, et faire du
Poème nouveau un sublime Phénix adulé ou
Méprisé, mais Phénix de sa voûte poétique toutefois !
Elle
D'avoir été, - ce qu'elle sera, et de plus loin
De pensées résiduelles en gisements nouveaux
En dépossession de savoirs
Ou d'accidents à partager
Provisoire, en survie,
Dans l'entre-temps, pour l'avenir
Elle se concentrera, condensera la matière
Pour exploser, resserrera ses écarts
Admettant ses vifs sens inconnus
Qui la détruira pour qu'elle renaisse
Et s'élabore sur ses paroles ?
Toujours indépendante - ils veulent l'anéantir,
Prononcer sa mort - les meurtriers !
A jamais tu oscilles et t'éternises encore
Toute image rejetée
Exilé au futur par la pensée tracé
Au travers de l'apparence avec résignation
Rien cherchant à s'en saisir rien encore
Figurant l'immédiat déliant son attache
Soi-même dans son silence fixé à l'apogée
Inaccessible à l'âme
toujours il veut jaillir
Dans ce vide composé l'espace par éclats
Figure l'inaccessible la présence supplie
L'intelligence implore
Ce qu'il ne pourra jamais
Atteindre sur son assise le support
Revisité à la mémoire étirant ses vertiges
Affranchi dans l'oeil mais l'âme s'égare
Toute image rejetée par le poète aveugle
Qui se nie constamment mais qui toujours espère
La déception
En avant de soi subitement en mémoire
Flamboyant vers sa clarté l'inconnu explose
Espérant une nouvelle fonction mentale
D'extrapolation, d'excès, d'autrement
Respiré là, doutant porteur de hochements d'être
Dans la confusion, l'esprit insiste...
S'acquitte-t-il
De sa charge d'obéissance ? Obtient-il l'appli-
Cation escomptée ? Le mot renvoyé au poème
Offre-t-il quelconque substance utile ou nouvelle ?
Nulle découverte ! Irréversiblement médiocre !
Cruel langage ! Moi qui n'ai pu accéder à
La rare parole comment parviendrai-je
À me sublimer ?
L'avenir, dans sa fraîcheur,
Promet quelque substance mensongère, évidemment !
Jets et sprits
Jets et sprits dans l'espace-mien. Toujours
En soi. Si cela est penser, je fluidifie mes
Mouvances, j'éclaircis mon Temple. Mais pourquoi ?
Est-ce matrice cérébrale à produire ? Lancées
De l'intelligence ? Il faut dans l'épaisseur, par
Le travers disparaître et aller. Le profond avec
Insistance, dans le temps, calculable, réfléchi.
Encore la nuit. Ce qui importe. Les souffles précédant
L'étendue à survoler. Le Moi veut disparaître
Pour un autre moi : là-quel-monde-à-remplir ? Pour
Encore se rejoindre. Une nouvelle errance et la raison
Perdue. La relation avec la conscience. Ta cendre et
Ta poussière. L'inutile à découvrir peut-être. Les
Froids tirant sur le rien qui d'un trait se refusent.
Le martyre
Etendu dans le sang pourri,
Les vapeurs de flammes lèchent le corps dépecé
La chair est calcinée
Les deux enfants purs
Eclairent une bougie dans mes mains,
Ils me gardent
Les envolés, les élevés, là-haut
Le coeur idéal transformé
Palpite
Tu n'étais qu'une source née dans la
Profusion de lumière
Toi, sublimé, tu glisses sur les ondes
À présent jouissant de l'invisible
Pour l'éternité
Poète-oint
Elan de croire encore, avec
au milieu la tige du Christ
Toujours ce ciel rouge déchargeant
son incendie
Moi, là, précipité dans la violence
cherchant à pétrir
la langue-oeuvre, bafouée également
Les aiguilles pénétrant les veines
~ Que circule l'amertume noire de
la haine ! - Ces fragments éclatés,
pour quelle profondeur de rien ?
Et : crachant
Sa bave de poète-oint défroqué
De rimaille
Le souffle éternel
Me donnera-t-il raison ?
Les enchaînés
Toi, trace élégante, toi, silhouette dans
Mes voyages nocturnes, nous marchions mot-à-
Mot - j'enjambais tes écarts. Lourd était
Mon corps mais tu m'accompagnais. Dans les
Profondeurs amères des gouffres, je te plongeais,
Je te ressuscitais au-delà de mes eaux. Ta
Danse, tes charmes, par-dessus les chemins, tou-
Jours claire, tu m'invitais à te poursuivre, à
Déplacer ta chair pour combler mes nuits et mes
Néants. Moi, le dépravé dans l'extravagance,
Egarant ta beauté coiffée de lanières bleues,
Nourri ou expulsant ses paroles fangeuses, je
Poursuivais ce parcours de l'invraisemblance, croyant
A notre liberté, avec la fuite impossible des enchaînés.
Les philtres amers
A moitié-mort, nourri au sein de la vie,
Gisaient autour de moi les images de cendres.
J'entrecroisais mon âme à celle des génies
Et je buvais le sang dans des philtres amers.
Les lits étaient froids. Je grandissais encore
Jusqu'aux aurores. Mon ombre épurée s'évadait
Jusqu'à toi. La tour était obscène, j'y inventais
L'orgasme défendu, impossible, - j'inventais
Toutefois. Je traversais mon existence délaissant
Le sablier. Je croyais naïvement aux songes chimé-
Riques et je flottais dans mes extases. Adepte du
Feu, de l'or et du sperme, je transmutais mes
Délires en jouissances perverses : j'y soumettais
Mes femmes - elles étaient nues, fouettées et heureuses.
Elabore toutefois
Elabore près de tes syllabes noires ; dans
L'ombre du poème, se conçoit ce pur échafaudage
De pensées invisibles ; des fluides d'écriture
Circulent dans ton âme désuète. Du phosphore
Pour capturer l'instant. Tu pleures dru sous tes
Hallages impossibles. Une avec ses seins t'envoie
Des messages sexuels. À coups de reins répétés,
La semence se répand. Si dense, profondément
Expulsé - rencontre et capture. Toi, l'écoeuré
Bavant encore tes jets nocturnes, qu'inventes-tu ?
Que prétends-tu ? Rien que de la mélasse insi-
Gnifiante. Agrandis ton gouffre, plonge dans
Ton Néant aberrant.
- Le tien, le monde, a surgi
De rien. Grandis pour des horizons purs et aériens.
Les tristes lauriers
Attaques de derrière la souffrance, gémis-tu,
Gémis-tu ? Les forces détruisent et tu roules
Inaccessible dans ta trouée invisible. Se dresse
Pleinement l'incendie-cendres, en toi. Mille fois
Détruit, transpercé par la pique. Bois le sang
Aigre qui t'encense. Le moins en toi, tout
Est rein. Assume, supplie, insiste.
Le délire
Redoublé, l'écriture médiocre. Je me nourris de vous.
Le suc, la moelle et le calame. Le ici-bas persé-
Cuté. Bois ta brique cuite au fond de tes pensées.
Autour de ton front, ils se dissiperont. Va dans
L'écume. Plus près est la cinglante. La chair
Purulente de bave et d'excréments t'invite toutefois
Du côté de ce deuil à lécher tes tristes lauriers.
Et déjà gloire !
Et déjà gloire ! Tu fus dans tes extases un délice
Opportun à consommer en prescience. Ceci n'existe
Pas mais est pourtant ! Dans ta langue véritable,
Offriras-tu quelques mimiques surnaturelles à percevoir ?
Ils sont dans l'expectative et le non-sens, te dis-je !
Te voilà Félicité fugace qui réfléchis et entames
Des idiomes hors communs. Appartiendras-tu à la
Corbeille des singularités à maudire ou à excommunier ?
Je t'insuffle des torpeurs-fureurs et te fais supplier
Devant la montagne hugolienne. Egarements,
Mépris, éjections, productions abyssales, - quel
Etait mon possible ? Quel était mon avenir ? Repoussé !
Nourris par les Dieux, constamment affamé, dans les temps
Futurs peut-être, une suite inventive pour m'aimer.
Nuits obscures
Des haines pourrissent, fascinées et tremblantes
S'aiguisent en idioties de folies meurtrières
Passées fleuries pourries en violences et douceurs
Toutes ces roses qui vous fouettent la gueule
Méchamment
De chacun, en soi-même pour produire dans ses
Nuits obscures
Je me traîne vers l'impossible soucieux d'y découvrir
Quelque trace intéressante
La feuille se dérobe constamment
Ecriture vraie-illisible
Esprit-syllabes en devenir peut-être
Qu'as-tu à libérer de chagrin lumineux
L'âme seule se déchire en soi-même
Toute parade
Tu t'étouffes dans ses creux ? Premières glissades
De l'étreinte tout bas. Et cette fille ficelée
Sur son séant. En dehors de leurs trous. Vastes
Devenirs de chevelures crépusculaires embaumées
D'odeurs rustiques. Ma belle absence : songe
Que je ne suis en toi qu'au moment de plonger.
Les souffles irréguliers de tes saccades sexuelles.
J'entreprends le jeu de la douleur simulacre,
Petits excitateurs de nos parties nouvelles.
Il me plaira de t'infliger la douce terreur.
Je t'emporte dans les belles torsades pour te
Figurer des sensations de fouet. Le positionnement,
L'aimable séjour, la fumée maintenant, - j'emploie
Toute parade pour te ployer quelque peu, bel amour !
La soie noire
Rêvassez, belles pulpeuses, dans l'aurore de l'orgasme !
Elles apparaissent mystérieuses et lourdes parfumées
D'odeurs interdites. Dans l'ultime profondeur, elles
Surgissaient chairs bleues et subtiles. Avec doigts
Fins et délicats, subtilement vernissés,
En avalanches de corps, énormes et impossibles.
Comment déchaîner ces forces sexuelles, moi victime défaillante ?
À quoi pensent-elles parsemées d'éclats dorés,
Alanguies dans des poses provocantes ?
J'embrasse des
Façades, je déflore mes gardiennes, cascades de jambes
Et de bouquets sauvages, j'adule à genoux
Quelque subtile perversité interdite.
Quand donc
Ces pernicieuses de la soie noire deviendront-elles
Des possibilités réelles offertes à ma chair suppliante ?
I
Le non-écrit en soi demeure
Toi, porte cela au-devant - va à l'oeil
Longue est la trace qui se poursuit infiniment
Chose proposée, insignifiante
- Que dit la spatule-pensée sur le papier ?
- Le faible-exploitable a un avenir
II
Ecrit passablement dans le clair-obscur
Monté là-bas vers l'avenir
Applications de syllabes voilées
Restant échec à domicile
Re-rimé, re-pensé, toi là en dessous
Aspirant à quelque souffle lumineux
Mots qui te libèrent du re-dit
L'avancée nocturne est un désir subtil...
Le poème de personne
Mon silence rime en soi-même, d'un battement
D'écriture pour retenir le temps
Le poids que décriait mon âme, le poids
Détermine la valeur
Dans le sens du cercle, l'esprit décrit
Une parabole, flottant sur son aire
Cette poussière d'écume est le seul espoir
À invoquer pour concevoir quelque chose
Orphelin en ta chair, je songe à quelque
Obscur avenir de poèmes - je songe effrayé
Libre, lié je fuis entouré d'ombres diaboliques
Suppliant la lumière de m'éclairer quelque peu
J'offre des prières aux vents inconnus pour délivrer
Mes vaines lancées en pure perte, hélas !
Sphère sublime et bleue
Génie avec très tendre vocalité, pensé là
En cristal endormi, émergeant peut-être
Sous éclats de rayons - du moins gaze léger
Oiseau-plume de senteurs évaporées, brodé
D'attentions délicieuses en souffles aériens,
En traces fines et claires.
Sonne, sonne, sonne
Le cristal qui te met en demeure d'exister. Ou
Sors évanoui en lambeaux poétiques de rien.
Les flux de lumière sont posés à tes pieds, les
Degrés de la pureté t'appellent à la lente
Remontée.
La fixité de la neige, les blondeurs
Irréelles qui dansent sur des images - encore
Evanouies mais espérant un envol inconnu,
Seras-tu sphère sublime, bleue et transparente à la fois ?
Enfer
Le mal contre la race - par-delà !
La pensée profanatrice - le médium !
Voici l'enfer avec ses feux
Corrompre toutes choses et profaner
L'obscurité en soi, en eux - l'obscurité !
Les odeurs putrides, les coeurs mutilés
J'empoisonne les sources, j'annihile toute fertilité
La lumière, la beauté, le cristal : j'entrave,
J'invoque le Néant.
Ils supplient la clarté, je plonge
Dans le labyrinthe
Je suis le criminel sans trêve, éternel !
Des multitudes sont mortes
Et je torture encore
À Paul Celan
Pensées de prières, tu étais vert-de-gris
Les tiennes - t'y rejoignant toujours
À l'ami, à la mort : recrache toutes tes semences
L'univers dévoré est petit entre nous
Ton ombre se tient sous ton visage
Inquiète et songeuse attendant le miracle
Moi également,
J'ai préféré la pierre aux mille couleurs
Du bleu topaze à l'acacia étrange
T'es-tu couché près de la fille à la lèvre perverse
Les mers de lait encombraient ta noble tête
L'écorché vif sait te parler de l'autre route aussi
Je suis des décombres, des cadavres de haine
Espérant dans l'au-delà te rejoindre peut-être
Le non-écrit
Le non-écrit à saisir dans l'espace
En langue nouvelle, libère le feu
Rejeté par le haut, tu portes le cri d'autrefois
Te voilà bancale en toi-même, tué
Au milieu des maléfices
Es-tu à lire ? - L'étoile danse, danse, danse
Chemine vers le haut. La petite fée gargouille
Et traverse d'un trait le repère-mien
Que dit le dur critique immensément en toi ?
Ecris vers l'impraticable pur, vrai, - écris -
Côtoie l'avenir incomplet
Coule tes syllabes dans l'insensé, bondis !
Il y a l'inaudible à extraire, les reflets lumineux
À comprendre. Saisis-toi dans l'ensemble !
Enée
Puis de redescendre encore sur la rive
Nous allons par mille efforts sur l'onde divine
Cette sombre nef en voiles tout à coup
Le mat dressé
La proue bombée, la déesse aux seins exaltés
Les voiles regorgeant de souffles divins
Le soleil écrasé par son poids, rouge,
Qui se meurt là-bas, nous allons.
Sans glaive, sans écume, sans haine
La marée refluant. Je descends le premier
Tel Enée. Je dis ma prière aux morts,
J'honore les Anciens.
Je pense Ulysse, Ithaque, les nobles rives,
Je pense.
Gouffre d'or
Gouffre d'or poussé en toi, au plus
Profond est le silence ! Couronné dans la nuit,
Tes seuls battements entre blasphèmes et prières
Ce sont tes gémissements !
Viens-t'en chez les filles et les putains
Ranimer ton ardeur vulgaire : fondu en elles
La force phallique est encore présage humain !
Avec tes doigts englués de semence,
Où sont les grands calices de ton ère messianique ?
Les chemins sont bordés de tant de morts,
La haine te poursuit constamment !
Pense à Pétrarque, pense aux géants !
Anime quelque peu ton potentiel intime,
Finiront-ils peut-être par comprendre !
Post-homme
Lourd, lourdement sur les chemins de partage
Tu étais voyageur ailé et tu te mouvais
Laisse la trace d'un vrai prophète, annonciateur
De choses nouvelles - post-homme,
Post-écriture et poésie de l'au-delà !
Raison de vrai, éclairé et lumineux,
À quand, vers où, cela sera ?
Qui vit en soi, au fin fond de son âme.
Ton rire axial : demeure là dans ton quotidien.
Mort de tête, épouse l'ombre - c'est le remède
De l'avenir !
Repas frugal, contemporain dans la loi des
Substances, anti-social et pro-juif,
La mort torture et tu produis encore !
Etendu à présent
La cervelle écartelée de part en part
Gelée explosée sphère royale vint un homme
D'autres formules obscurci dans ta nuit
Comète locale déplacée dans le temps j'avance
Salut au beffroi de la raison, salut !
Sa mémoire l'éternise l'Univers en soi
Le songe perdu dans le fil de la raison
Profondeurs gâtées folies des métaphores
La vérité est entrée cette nuit
La lumière a tremblé clairvoyant, que dis-tu ?
Oeil de loupe assez d'invisibles pour voir !
Tu flottes dans tes airs nuit et sources pensées
Te voilà enseveli endormi presque mort là
Derniers restes : vapeurs, étincelles étendu à présent
Mouvements*
À l'ombre ouverte et là-haut
Clairvoyance déborde et répands-toi
Usées d'avoir été pensées mais saisissant encore
L'éclair à transpercer
Sorte de fumée à flot et mouvance à confondre
Sur les bords, vers l'extrême, dit-on la profondeur ?
Enfouie sur les éternelles, les sempiternelles impossibilités
Puits de honte sage combat le bel échec
Les soulèvements et les masses au combat à penser
La mémoire renverse le souffle et le souffle s'enflamme
Filaments et cristaux déferlent et s'entrecroisent
L'éclair transpercé par des fluides multicolores
Cinglant, agressif, enfouis sous des cercles,
De nouveaux impacts purulents défleurissent là
*Eléments pour une peinture abstraite
Le non-moi
Le non-moi éblouissant d'absence,
La lumière noire opaque d'ombre et de morts
Clarté frémissante et troublée
L'or et la soie frissonnant entre mes doigts
Nous marchons sur une étendue purifiée
Implorant le silence de nous mieux inspirer
L'espace infini se replie en soi-même
Creuse pour moi une nouvelle profondeur
Les mots refusent d'apparaître là dans leur clarté
Ici-bas le Néant est la seule vérité
Le Temps nourrit mon absence : est et sera
Tout à fait dans le rien
Quel espoir me fera naître et grandir
Dans mon attente vaine, je pleure amèrement
Traînées de poudre
Traînées de poudre de soie dans l'intérieur en
Essentiellement si ces raisons ne sont pas admises
Fluidité, déroule déroutante
Ensevelie, avance dans ton or
L'acte de poétiser est toujours incompris
Subtiles stances barbares
Avec cerveau en créativité masturbatrice unique et personnelle
Il fit éclore plusieurs petits produits exquis
Il étouffa sa certitude
L'architecture imaginaire se déployait lentement
Secret là intime plongeant avec ire
Dans les entrailles de l'incompréhension,
Sera-ce changement de tête ?
Colline, montée
Colline, montée, dévidée et failles
douce incertaine pente
et pas avides de rapines
d'alvéoles déployés ici et là
Plus bas l'abcisse
la fuite le filament bien dessiné
remonte aspire au ciel
d'être et reviens
Poursuis mets-toi mets-toi en bas
en petites tendresses de valeurs de roses
Persuadé ? - agis néanmoins
Contre les lumières fuites d'automnes irisées
avec perspectives en clair tendant vers le futur
vertiges d'échos annonciateurs vrai peut-être
Substances et distances
Raretés inintelligibles
Ô raretés inintelligibles en silences de mues, qui envisagent le bien intime aimé ?
Je vous secoue ligne après ligne en déroulement de lignes amies.
Le vers impressionné par l’Art abstrait américain – le vers, que propose-t-il ?
La lumière monte où l’ombre se creuse
De toujours à jamais-pourquoi-pas
Ô vagues torpeurs en renoncements du Moi
Se précipite – et plus loin – insiste, s’acharne
Je modifie l’appui, je m’emporte en restes dépouillés
Bouillonne en ma bouche pour des octaves supérieures
Ecrase la brume – tout se cogne - d’en haut, des fissures passagères
Vrille et s’acharne en saupoudrages et se vrille en mouvement hélicoïdal,
puis en soi, englouti là.
L’étreinte dangereuse, l’étreinte puis l’expulsion et jouissant et râlant au passage
Et ce désir inassouvi
Autre tombeau
Ici gît et de la plus belle des morts sous le tombeau laqué comme un miroir
Prolongeant la nuit froide et sinistre
Ton sang, ta main souffrante, incruste-toi,
Entre dans le sol, disparais enfin
Et cette poussée hors du seuil vers la raison
Sublime et achevée, pour l’au-delà vivifié et cette poussée
Glisse-toi dans ce tunnel, conçois ton épaisseur
Débite ta vie passée en scènes épuisées ou sulfureuses
Prodigue des preuves – qu’ils mesurent ton espérance d’avenir
La voix dilatée s’épuise
Entends mi-haut les gémissements de tes pleureuses
Qui, toi, pour ton effacement terrestre
Qui, toi, mortifié, suppliant, croyant toutefois
Le goût du Christ est dans ma bouche - J’implore là
Les futurs indécis
Toujours dans la misère auprès de l'obscur,
Crépuscule interdit cherchant quelque lueur
Avec appels au secours quémandant la connaissance.
Dégradées, stériles, ces lunaisons d'artiste,
Faces d'équinoxes et d'éclipses unies - pour rien !
(Notez l'humble défi à jamais honoré - notez)
Mais en promesses ou futurs indécis, réinventant
Des lois, réinvestissant dans l'aléatoire
Littéraire ou poétique, rendant réversible toute
Décadence subie.
Toi, tu acquiesces et prétends
Que c'est possible ce condensé de spectres d'idées
Chancelants dans l'ivresse cérébrale.
Ta vérité,
Egarement fatal, proche à surgir, dans le
Délétère, tu es encore là. Que dis-tu obtenir ?
La vieille crécelle
Faible, ensemencée de syntaxe radicale, fausse
Où l'ignorance excelle - produit-bulle d'images
Faciles à tire-larigot - en redondances encore
Recommencées !
Qui vient à percer ? - Mais non - rien !
Tandis que bistre ou bigarrée, elle s'essaie à ses
Poses. Là voilà ivre ou vieille crécelle
Contemplant dans la glace son visage d'autrefois.
Puis d'autres battements syncopés d'ici ou d'ailleurs
Venus, à intégrer ou comprendre - car là est
Le réel avenir - timbre, tintement ou
Tintinnabulement nouveaux avec grasse grammaire
Pour surseoir dans un au-delà littéraire inconnu
Ou plonger dans l'entonnoir du vide et du néant.
Chant du cygne ou renouveau à espérer ?
Autre lune
Cette lumière, faible d'écumeblanchâtre encore
A l'aube de lune au-dessus des volcans
Qui claire et mousse s’affaisse lentement
Et s'esquive apaisée et là se consume
Belle de marbre, alanguie pour aller gémir
En poses se déplace et doucement s'incline
Ceux qui prétendent que l'ambigu flou
Est préférable s'y irisent et concluent
Encore à l'effet acceptable - ceux qui.
Mais toi tu m'enseignas l'Ether, en guide.
Elève, j'ai glorifié le Maître, et j'ai
- Suprématie admirable - arraché les cris
A la destinée humaine, appelant le Divin
A m'aimer pour me mieux faire paraître.
Souterraines
Souterraines, et constamment inaccessibles
Voudrait se résigner dans les fanges inférieures
Allaient en eux pour des affaires saignantes
L'anus éclaté et gémissant d'extase - évidemment
Sa force peu commune pour insister dans la chair
Avec la volonté de pénétrer des serrures de petite taille
Pour se procurer des jouissances royales et se répandre
Dans les somptuosités charnelles des plus belles
Encore en vous, vos interdits triplement exquis
Quels raffinements éprouvés avec invitation de
Jeunes filles et de mères
Ce qu'il faut de jouissance
Et de vapeurs pour longtemps prolonger le mystère
De couiner et demeurer dans les fentes altières
De vos sublimes beautés, invitations à gémir !
Pour vous, en moi
Pour vous, en moi, je vous dédis ces quelques abondances
De : oui, bois - oui, jouis - et supplie encore
En naissances de souffrances - en plaisirs obscurs
Laissez un peu partout hurler les " Je t'aime "
Désengluez vos formes lourdes - vos de "sexe"
Pour le soupir et pour le plus profond en vous
Sous la brise - que ton esquisse de déplace-
Ments de corps soit pour la folie intuitive
Mais éternel dans ma tête - fille splendide, fille
Sublime ou Madone - que...
De toi à moi
Perdus nos sens ! et gémir en échos de lumières,
Découper dans les rais le plaisir et réduire
L'impossible fugacité de ton élégante beauté
Immortelle - je t'aime - tu le sais et toujours te convie
En Syracuse
Pour toi, en Syracuse d'audaces, tu m'émeus
En fondations et diversités interdites
C'est donc ceci : tu jouis et t'accomplis
Laisse parcourir en moult enchevêtrements
Les icônes et les ingrédients bouillonnants
D'extases et de rumeurs - encore je te prie
Que ton esquive, que ta révérence s'expriment
En échos de lumières - ne sois pas à découper
Dans l'impossible figuratif. Mais qu'il y ait
Poids et certitudes fugaces réduits à ta
Conception. Follement ivre, la vérité
Se déploie en soi-même et prétend au pire.
Qu'en est-il de ce vrai ? Qui possède la raison ?
L'esprit de synthèse ne s'unit-il pas au pire ?
Jeunesse
L'ombre au-dessus de la nuée
et là-bas la vague infiniment peu
qui touche la chose - moins que ça
avec battements de plume
Puis ces flots de jeunesse, ces folies d'invraisemblances
- Il faut pénétrer autrement les brouillons exposés.
Enfin les éclairs, les brouillards, les apparitions
pâles en pleine clarté, gouttes de sang et de neige
L'aveu pour l'impossible, la tentation des oeuvres
géniales, les fulgurances et les lointaines
Et la source pour le vrai-oui avec autrement
Sur les revers, sans topologies nouvelles, sans tout !
Il fallait s'exclamer avec le latin vierge
et le littéraire de je-ne-sais-pas - il fallait !...
Histoire de le dire
Pour son nouveau désordre
En tout et délibérément
De-ci, de-là sautillant sur le cercle
Convergent vers son idéal
Et qui sait de se dire : joindre
Plonge car c'est le temps !
Au fond du Moi, je t'ai vu
Avec cet oeil nouveau, acéré
Comme un parfait diamant.
C'est vrai : tu étais sanglante
Mais c'est encore de jouir
Ou de pénétrer autrement.
Je me déploie tous les jours
Pour un autre luxe, en filant.
La forme intérieure
Oui, encore construire une forme intérieure
Qui se déplacera où elle le souhaitera ;
Repenser doucement les lignes d'une image,
Maîtriser lentement les dérives qui se déploient.
J'aime cette nouvelle transparence
Epanouie en un jet d'eau
Car l'eau est la seule transparence
Où l'intelligence pure se conçoit.
Les choses claires deviennent des formes,
Les formes échappent à la matière.
Comprendront-elles cette nouvelle matière ?
Le temps ainsi pensé fonde un monde autre
Où l'ensemble des images se développe
À sa manière. Ce monde nouveau est-il compris ?
Le regard
S'éveiller profondément dans le gouffre,
C'est encore fuir le triste monde.
Le regard caché pour toutes choses
Célèbre la grandeur intime que nous possédons.
Oui, encore est l'immense désordre
Qu'on appelle liberté - nul n'interdit
La folie qui s'y pense. L'opacité d’autrui
Ne peut réduire l'activité interne qui se répand.
La fracture entre moi et l’autre est programmée.
Toute attention se concentre sur la possibilité
Poétique que la nuit littéraire déploie.
L'intelligence tourne son oeil vers l'intérieur,
Appelle de nouvelles fonctions cérébrales inconnues
Pour répandre le miel par les orbites coulant des yeux.
L'avertissement de la foi
Quand s'éveillent de nouvelles possibilités internes,
L'intelligence croît et croît.
Des cercles concentriques et corollaires
Se juxtaposent - des espaces inconnus
Se développent et s'offrent.
Des prémices de compréhension paraissent
Plus évidentes, et la volonté pénètre
Plus profondément encore les portes
Qui sont enjeu et challenge
D'un moi sublimé.
Mais une sonnerie parfois éveille l'attention.
La loi religieuse réduit ou séquestre
Ces séquences cérébrales intempestives pour
Rendre gloire à l'immortalité du Tout-Puissant.
Le pervers
Et moi, encore dans le pré-obscur
Ne sachant que chanter
Dans l'apothéose animal-mien
Espérant quelque idéal spirituel épuré
Des femmes sensuelles en fausses émotives
Quémandant ou appliquant le sexe pour le sexe
De plaisir animal ou de jeux à
Plusieurs - ou entre elles - cela est plus doux !
Que faut-il inventer de normal,
De raisonnable - de j'ai péri - j'ai surgi
Avec réserve - joyau d'orgasmes dans les
fentes ultra-douces ?
Oui, fais-toi fouetter,
Nu, gémissant de sudations avec feu et
Lumières de corps et d'extases répétitives -
De c'est bon la femme ? C'est bon, n'est-ce pas ?
Post-surréalisme
Ne mugissent pas les beautés attachées
À l'anneau de bonheur infiniment las
Il faut se supplanter au monotone orgasme
Qui quémande un pastel pour vivre entre les givres
Pourtant la nuque étroite, le chevalet se meurt
Dans l'éminence même du cristal abrégé.
Je gémis, je gémis invoquant le clair espace
Où colossal et géant je subis des défaillances
Des somnolences encore dans mon opacité
Quand les champs magnétiques sonnent un faible
Horizon. L’heure contourne une lune fade sans effet aucun
Déjà la nostalgie ténébreuse de la barque
Alanguie, alanguie, ta forme va dormant
Au plus profond du rien, l’espérance est étroite
La dérive
Où suivre notre dérive vers le délétère ?
La poussière se répand sur tant d'ombres !
Le soleil éclaire une flétrissure
Et se prolonge sur trop de décombres !
Est-ce ici une agonie ou la futilité de l'homme ?
Mais tout s'enfuit comme un flux furtif,
La pensée-mère se perd au plus profond
Et semble se suffire d'un désert d'amertume.
Nos contradictions consenties multiplient les ombres
Et les crépuscules - nous voyageons en-dedans
Pour une perception indécise.
Quémande-la
Cette transparence pour que grandisse le silence,
Pour que toute chose trop proche fende les ténè-
Bres - implore dans l'âme et prie - oui, suffoque.
Les possibilités mutantes
Disparaît cette transparence en forme désuète
De silence - sans ruptures ni chutes,
Face au cristal qui s'est fait ombre, prétend
Roberto Juarroz. L'asphyxie est moins
Suprenante. La beauté claire se mêle au
Ténèbres.
L'éveil bouleverse toute ombre,
Il se peut que nul ne fende l'Inconnu à percevoir.
Des courants sont comme des fluides qui se répandent
Nuitamment.
L'Etre toujours en contraire d'idées
Subit des signes arrogants dans sa vision pensante.
C'est le poids d'une rose qui mugit au fond
De lui.
Il n'y a plus de vérité, - tout plonge
Dans le vide. Là, les filigranes flottant
Qui se mélangent aux choses sont des possibilités mutantes.
Le vol du cygne
Le vol du cygne que plus rien ne brise
Là pur encore dans l'ultime transparence
Et plus funeste assombrissant l'obscur
M'apparaît beauté d'apothéoses et beauté telle.
Développant le silence par vocations funestes
Et de le dire dans l'ultime parler, de
S'entendre en ces mots : oui, en vraie beauté
D'inconnu tel. De l'aimer en si vrai. De.
Comme l'ombre qui crée quelque lumière
Là en apogée d'insignifiance - comme
Un solstice d'oiseau inassouvi. Je gémis
Et me pourfends en. Mais toi, que dire, que.
Sous cette visqueuse vérité de gloire inconnue,
L'extrême métamorphose se prévaut encore !
Mieux devenir
Chacun veut recommencer
Et ce serait une destinée
Nouvelle, avec beauté d'ombres et
De lumières - hallucinante
De plongées et d'élévations !
Avec joies sexuelles, gloire et
Travail, accumulation et de
Religion belle ! - De séquences
En séquences pour enrichir l'homme et
L'Humanité !
Mais qui ? Quel appel
Vers le Sauveur pour entendre cette supplique
De présent meilleur ?
Dieu se tait, Dieu
Refuse d'entendre les gémissements de
Tout être qui se prévaut de mieux devenir.
Messages
Messages - comme de se dire quoi ?
Ouvre l'espace - ceci est en suspens
A l'instant je défaille d'effroi
Beauté, basculée sans l'ombre d'un émoi
Fille, tes sangles, déjà je te saisis
Et dans ma nuit blême, tu aimes et gémis
Le vit éclate au milieu de tes reins
Je distille l'orgasme espéré un matin
Doucement fluette, tu m'es offerte
Mouillée de corps - tu crèmes bien
Sans nulle peine, à l'instar du désir
Dans le clair épilé de cette sanglante fille
Je suffoque pour un désir - j'espère encore
Veux-tu me brouiller - et le réveil est exaltant
Paysage
Sa transparence claire est un écho
Dans le miroir de l'eau
Sur les cercles impossibles, le désir
S'octroie un interdit à gémir
La beauté atteint lentement l'autre
Rivage et confirme les limites
Dans les joncs inconnus
Un tremblement subtil permet d'accéder
Aux décisions et aux inconstances
Du vent. Qui veut pleurer dans les rythmes muets ?
Le nuage offre son indifférence. Seule,
La main douce acceptera de pleurer sur elle.
Quelle terre promise pouvait errer pour son sevrage ?
L'écho s'oublie en soi-même, hélas !
L’idéal
S'offre l’idéal dans les choses claires
Qui le supplient - une étendue faite d'eau
L'invoque et le prie
Jamais nous ne connaîtrons le profil de cette
Fille-vierge qui désespérément efface
Ses pas, abandonnant ses habits inutiles
Et fuyant, fuyant toujours
L’idéal s'enfuit dans le tréfonds du miroir
Et disparaît avec la soif. Les visages
N'échangent plus de regard.
Le mouvement assuré du vent, l'haleine douce
Des dernières rumeurs, les fluides précipités
Vers la belle inconnue
- effrayé, il s’éloigne encore
Variances
Autre Christ
La Transfiguration dont je dispose
Ou peut-être est-ce un point de non-rencontre
Avec les différences ici et là
Tous les deux vers le bas
La Transparence suppliera-t-elle
La Transfiguration ?
Dans mon inachevé, suis-je une partie de l'infini ?
Le souffle se déploie dans l'inertie
J'ai décidé de renaître
Le vide, très à l'intérieur, avec myriades de trous noirs
M'implore d'exister quelque peu
Le silence est la seule réponse
Je suis mais disparais
Je quémande au Père d'être quelque chose
Les questions-clés
A fini par exploser
Dans des délices d'audaces impossibles.
Ci-gît dans la pénombre de soi-même
À la recherche de l'interdit.
Etre et non-être dans les recoins
De l'impossible - au plus profond
De l'Univers - tu vois - je cherche encore.
Mais tout m'échappe. Le Temps se fait
Revêche - Je deviens somptueux dans
L'espace où jamais je ne fus !
Coulées pures questionnant les pointes fines
- De filles entrevues dans l'Au-delà
Invisible - Sont-ce des questions-clés à
Devenir ? Qu'est-ce encore à savoir ?
Je m'interroge et jamais ne saurai
Déjà femme, je suis I
Déjà femme, je suis et déjà je. En douleurs
Répandues, je fais don. De compatir en entre-clos,
États et lieux avec fentes diverses, déchaussée et
Déjà nue. Avec pentes et muqueuses, et sexe d'homme
Tatoué sur moi. Tout est gravé à l'intérieur.
Qui est
De le fouetter avec sources et crins, - douce/violence
De gémis-en, supplie-là, oui dure encore. Avec
Entraves et branlées, cierges répandus brûlant de la cire
Au nom de : je te travaille.
Ainsi toi en titillements
De : lèche encore. Oui, gémis. Oui, pleure.
Quel chef-d'oeuvre ! Quel sacrement d'homme humilié,
Pénétré et implorant !
Pur sacrement de plaisir/gémir
Toi en sursauts de lancées sporadiques, en éjaculations
Hurlantes, en dépassement d'ivresse charnelle, là, heureux !
Déjà femme II
Déjà femme je suis, déjà femme, dans la
Flamme fallacieuse de mon désir - à me
Donner dans l'entre-chair, je me complais.
Je mettrais à nu la transparence de mes seins -
Je vous laisserai me figurer dans l'entrelacs de mes
Désirs - j'offrirai à l'aube le titillement
De mes douceurs secrètes.
La lune blonde sera
Une fuite indiscrète entre mes mains. Les étoiles
Disposeront de doux scintillements sur mon corps
À aimer.
À présent, viens en orgie de chair,
En passages de ramées, accours, gémis et suinte.
Dans le murmuré, ce sont des phases de splendeurs !
Et toi en sursauts de plaisirs saccadés, en explosions
Lascives et gémissantes, honore ma beauté à aimer.
Toi, mon rare
Toi, mon rare, mon avare mais d'eux-mêmes à éviter
Pour le non-utile - le facile acquiescement de
Dire oui. Le beau de la politesse ! Quel sympatique !
Quelle mesquinerie ! Encore de s'attrouper autour !
" Ecrivez-vous le soir ? Le bleu est subsonique ! Je
M'entremêle dans mes délires fangeux. La beauté est
Croissance de chair. Finissons-en ".
En discrétion
Enracinée, de poète à l'écart travaillant dans, -
Travaillant avec - avec génies et sur-génies pour
La recherche impossible, inouïe, au-delà, pour.
Oui, délaisse mais forme-toi avec lumières, éternités,
Fluidités équivoques dans lesquelles est ton bien - re-
Viens, retourne.
De jamais éprouvées, en évoquées,
En confusion, j'enfle dans mon mystère et reste moi.
L'Océan cérébral
Gémis, et claquent ces pensées fugitives dans
Les dédales d'un moi consumé avec fluidités
Phosphorescentes.
// Je pense par intervalles -
Succombant dans mon silence merci - de non-
Merci //
Seulement tu respires - en fille dérangée
Avec la question de l'éternel savoir. La pensée,
L'étoile, la lumière - tu cherches encore.
Nous
Pénétrons dans l'Océan cérébral au sel du vrai.
Au travers, tu sembles dérangée. Eux, plus silen-
Cieux s'en viennent et c'est excuse de penser
Etre un devenir avec ces gens autour de soi !
Tu es fille, il te faut une belle clairière. Toute
La nuit rougit, exploite, pénètre encore ces espaces
D'audaces cérébrales où l'Inconnu mugit toujours.
Subtile supériorité
Subtile supériorité en herbes de ramures qui
Serpente à l'orée du bois, qui s'oriente
Vers l'énigme interdite, pourtant chargée de
Ronces. Ho ! Serpents dans l'ombre de l'effroi !
Ici tout est empreint au murmure qui s'anéantit
Dans le vide et gémit ou semble vivre.
Ô toi mon esprit en permanence de recherches,
Plonge au gouffre, accède aux limites et
Pourfends-les !
Il est de vains traquenards et
De pures énigmes, des risques aberrants dans les
Substances claires de l'Intelligence accompagnés
De vomissements et de sales déchets honteux et puants !
Mais toi va, au-delà de ces précipices fangeux
Et tente d'accéder à un espace divin illimité.
Quelle pensée ?
Quelle pensée, te dis-je, de racine inconnue
En folie paresseuse entrechoquée de mouvements
Sourds, vas-tu dire pour qu'elle cesse - pour
Qu'elle cesse de présenter le détestable accord ?
Le sens est absorbé dans cette transhumance sèche.
En ombres de saveurs, en circonvolutions exquises,
Elle est là qui se déploie et prétend, prétend
Etre.
Délaisse-la, chétif avorton espérant quelque
Obole supérieure.
Je te sais revenir, en épi de
Jaillissements, en folie obséquieuse - en sac-
Cage, - j'exulte. Veux-tu que je défaille,
Que je m'embourbe dans mon miroitement clair - que ?
Je ne fais que reverdir mes herbes belles, pour le
Printemps, pour le sang des immortels te dis-je encore !
I
Là devant il y a un espace
Il y a le vide également
La pensée s'y projette. Mais la pensée
Ne saurait représenter l'avenir de ce
Néant. Il y faut des couleurs, de la vie,
Des ombres savantes qui marchent ou d'autres choses
Encore. Mais quoi ?
Au plus profond, il y a un refuge
Avec des cavités pour que des choses existent
Ceci n'est pas le Néant ni l'Enfer
Mais une autre existence où des densités
Et des diversités sauraient s'y côtoyer.
Quelles sont les conditions pour que ces formes de
Fantômes offrent plénitude de vie à ce vide ?
II
Ceci n'est pas une illusion ni un non-sens - c'est
Un lieu possible pour que quelque chose soit.
C'est là devant soi, et cet infini étonnant
Attend qu'on le remplisse. Engendré et créé
Et espérant.
Je plonge, je pénètre dans des grottes
- Des pensées s'ouvrent, des réalités s'offrent.
J'avance vers d'autres ouvertures, mais tout me semble
Vierge - un autre vrai est à inventer, des
Prémisses corollaires pourraient s'y associer.
L'homme cherche à les atteindre pour accéder
À des audaces nouvelles. Il n'y a nulle
Limite. La destruction est destruction du passé,
Du réel d'autrefois. Une vérité transparente
Apparaît là. Mon âme saura s'y baigner.
La nouvelle pureté
En toi, tout cristal de neige, en hypothé-
Tique subtil de lumières et de pointes. Au-delà
Du gel, ta beauté matinale m'apparaît telle
Quelle !
Sont-ce des clartés intermittentes de non-
Vie, de non-mort, de : importantes fièvres
Aveuglantes ? Tu sais le moindre ! Je me déplace
En très doux.
J'accumule tes repentirs pour te puri-
Fier ~ changements d'être constellés de fièvres
Humides pour satisfaire un orgasme impossible !
Moi,
En, je dois inventer la fille qui suffoque et
Semble compromise en jouissance et échos interdits.
Il me faut créer une pureté nouvelle - un lavement
Cérébral d'intelligence corporel à désexuer.
- Oui, contre mon vide idéal, ta perte sera sauvée.
Vieil or et mou
Vieil or et mou - je te dirais déféquer
Dans des figurines pures et auréolées. Mais je
Songe à quelque violence de fouet et de physiques
Durs de femmes à obéir - là qui branlent,
Assassinent, dominent et soumettent avec douleurs
Et jouissances.
La première m'est innocente et va
Jusqu'au profond de l'intime du corps. La seconde est feu
Et pousse ma chair pour un orgasme de flammes. Nue
La troisième m'empale sur un trépas inventé. Oui,
Branlé, fouetté à la gueule, claqué par ces
Gueuses perverses - je subis et jouis immo-
Déremment.
Je quémande la fin de mon supplice et lèche
A gorge déployée tous ces trous obscènes et odorants
De plaisir. Je gémis, gémis, gémis et jouis encore.
Azurs repensés
Vers des azurs repensés - recadrés en quelque
Sorte. Ils accédèrent à ma misère. Ceci est le
Choix primitif - comme un cristal alternatif, dénué
De tout givre. Maintenant je me recompose en
Lambeaux de frissons, en - c'est à vue d'oeil, dans
L'optique d'un changement, d'une évolution, d'un autrement.
Admirables immobilités recouvertes de vapeurs
Ou de rosée dans les interstices inconnus. Oui, ce
Sont de nouveaux précipices - myrrhes épaisses
Pour recracher les saveurs d'un été ou d'un monde
Oublié.
Invoque une météorite ou une sonde cassée.
Qu'est-ce là devant soi - quel espace apparaît enfin ?
Que puis-je prétendre voir ?
Seulement aux abords
Du visage - là devant soi - en expectatives de rumeurs.
Les rêves-miens
Oui, ce sont des rêves-miens - je veux à présent
Extirper avec fouets et échasses pour piétiner
À hauteurs de sexes et de testicules d'hommes renversés.
Là bien ouverts dans le souffle du bois, des culs
Riches et luminescents soumis et tendres à l'extrême.
Des gorges sur touffus - Léchez ! Léchez - c'est
Suppliant ! Ce sont des épanchements de sueurs
Et - je traverse mes fantasmes en applications
Sexelles et vicieuses. Prenez mon rire !
À coups de
Fouets et d'épines sous la guillotine, leur gémis-
Sement est plus fort ! Pour tout labeur dans des
Trous éclatés. La gorge étouffée contre mon
Pied nu, et j'asphyxie !
Mon bien-dormant pour
Le plaisir de mes songes, je me caresse doucement...
Renverse-toi
Renverse-toi et dégoise dans le pur assassinat
De ces choses inchangées. Ici toute contrée
Est morte, toute vieille pute s'esclaffe en
Puant.
Pisseux, foireux - tel est ton véritable
Nom. Retourne-toi en scato buissonnant
Dans les airs.
Accroche les torches baladeuses
Dans ces bactéries voraces !
Elle est là qui s'enroule
Et se déroule dans ses excréments printaniers. Oui,
Mange, bois, essuie-toi sur le haut de
La cuisse - c'est le supérieur !
Mais toi, enfume,
Insiste - le monde entier te regarde !
Toujours en désirs violacés - d'ivresse folle
- De se dire - j'aime - pourquoi pas ! Oui,
En haut de cuisse et de jouissance fine - prends-la.
Savantasse et soti
Rien de ce qui existe en hurlements de rien,
En sensibles abandons de présent - de futur -
De futur - pour s'évader et inventer en produc-
Tivité avec autrui - en compagnie.
Oui, savantasse
Et soti prétendant posséder le nouveau vrai -
Du moins une de ses rumeurs.
Tu dois fertiliser ce
Monstre pour en extraire des vérités inattaquables.
Est-ce là devant qui le "réel" s'extrait ? Je
Me soumets à ta plongée, à ce monde aspirant
L'âme claire.
Maladroite est ton humeur, de
Réduis-toi au partage dans la lancée de l'in-
Connu. Jamais nous ne parviendrons à être ce
Qui est une réduction de rien. Mais encore, tu avances
Jusqu'à l'éclatement splendide de mes folies diverses !
Le pacte
Longtemps longtemps pensant à moi
Et je déplorais l'insignifiant brigandage
Enfin nous pactisions La nuit courbait son échine
Nous étions envahis par l'ombre du Néant
Oppressés par la cage qui nous écrasait
Tu ne voulais plus voir - certains fraternisaient
dénués de toute défense
Tous ces pans s'effondraient dans l'ordre de Syracuse
il fallait inventer un pacte naissant, un langage inouï
pour crédibiliser son peu de foi
Les plus audacieux proposaient de pâles esquisses
accompagnés de mots
Nous devions découvrir de fertiles estampes
ou encore conquérir des citadelles ouvertes
Comment s'extraire du piège, du labyrinthe impossible ?
Encore pensant pensant à toi
Efforce-toi d'être dans la pénombre de l'inutile
La beauté glorifiée
Sois toi domptée en lubies de fantasmes-miens
Coups de sang de feu et de savoirs subtils
Gémissements en : je tremble et vacille et brise
Toutes mes lignes et tiges invisibles de vrais plaisirs
Je te confie ma sublime substance avec : sois à
L'extrême, sois et nourris-moi de tes turgescences
Claires. Ou je bois à tes poisons empestés de
Foetus occultes en humide chatte à respirer.
En marche arrière, en reprise, amusette et
Douce auréole à lécher pertinemment, en petits
Coups de salives/désirs, ou suffoque dans ma
Chair digne, déverse tout flux avec j'arrive à
Ta hauteur pour l'effort intense qui nous enivre
Je te quémande d'autres mérites, ô beauté glorifiée.
L’ultime chimère
L'ultime chimère des voix du monde
N'est plus une limite à imiter
Il faut sans contrainte accéder
À l'au-delà et aux sources de l'interdit
La pensée qui se renouvelle sans cesse
Acclame des désirs tumultueux
Va trop loin dans l'idéal ou les catastrophes
- Cela est peu - cela est peu
Comme une pensée fugitive
Je me glisse dans la nuit,
À la nuit j'offre mon délire
De nouvelles formes naissent purifiées
J'élude. Tout est à connaître
L'immense volonté est à construire
La chair des filles-fauves
De ce rien et de ne point supposer
Dans l'espoir qui se joue dans son génie génitif
Ainsi pour contrebalancer le tableau ludique et fier
Je sais, je sais - je t'abaisse en entre-rôles.
Dérivées de pensées dans la masse incertaine, dérivées
Que prétends-tu dans cet ourlet indécis - la bride ?
C'est un sexe imprimé qui implore son extase
C'est la joue bafouée, emmurée contre le passage.
Pour un clair sévice honorant la torture,
Le vice du plaisir ou de la chair se déploie,
Se déploie dans la nuit.
Pourquoi dans l'astre clair
À la hussarde, confondant les couleurs infusées
Là où nulle ronde ne surgit, invoquer l'orgasme
Belliqueux planté contre des chairs de filles-fauves ?
L'orgueil du renouveau
Semences sombres aux cris de la paroi de se
Dire : tant d'échos et d'écarts dans l'esprit
Toujours clair qui parfois gémit. Plongeant dans
La chair sur des axes interdits que des identités
Confondent avec des ombres ou des songes.
Là
Sourd et terrible qu'un souffle hors de soi réduit
Au deuil le plus noir, sans espoir d'un quelconque
Soleil - je puis souffrir désespérément.
Ici,
Tout succombe dans le vide - qui remonte ou
Redescend vers un échec de lumière, qui ? Toi
Amasse des poignées de poussières pour faire se
Dresser l'orgueil du renouveau ! Déploie hors
De ce vide intérieur des lignes convergentes vers
Un lieu d'équilibre. Du plus profond, échappe-toi.
L'aléatoire de l'impossible
Poursuivons de se défigurer le plus simple
n'est pas d'être le plus précoce qu'il a l'air
d'accoucher je croise les lignes sur une tête de lin
Dans la soie et les dentelles, la divinité m'est
insupportable tu te faufiles en petite méthode
brodée c'est finalement une belle composition
en lambeaux d'impossibles
(Que pouvais-je moi planté dans cette fosse de
fossiles Produire de l'incohérence Accorder
une acoustique à des crécelles d'autrefois ?)
Debout assis sur l'emplacement, choisissant le
hasard, je m'insurge là où il n'existe pas Encore,
j'entends des douleurs Voici ma parité : d'être et
de n'être pas dans l'aléatoire de l'impossible.
Le coq rouge et bleu
Là-haut, avivant quelque teinte de splendeur ;
Englué-là en subtile silhouette fine, en
Aval pour la force qui bascule en avril,
Le voilà coq rouge et bleu respirant dans sa
Brume.
Sont-ce des élancements de chocs erratiques,
Des idéalisations dans un sein superbe ?
Fait de
Virages, le tout est à reprendre - le transfert
Est au chantant. Il doit repenser en subtiles
Arabesques, en effusions de rivières claires, il
Doit - plutôt que de - et de sécher les blessures,
En formidables essais à détruire.
Crie dans l'essentiel,
Attise un autre feu, - non point en simulacres de
Nuages vierges, mais de masques de guerre en
Fer !
Que cette théorie soit une suite qui s'invente !
Les soeurs crépusculaires
Que danse, danse ce fantasme dans cet espoir saint !
Que ce stupide séraphin affabule encore !
Il travaille toujours, et ses forces semblent érodées.
Tu m'éveilles sur tes folies expansives. Je suis
Un dieu de la ramée au geste clair sans ride.
Toute arabesque, toute auréole pourra se substituer
À quelconque essence. Je m'endors dans mes écueils.
Celle qui est signe. À la clairière, sur le front,
Se reposant - qui m'ensoleille depuis des millénaires,
Et la douceur de ses seins est un bouquet d'extase.
C'est une fille-libellule à la jambe longue et
Fine s'octroyant quelque extase dans les airs
Cristallins - fille avec vierges vers des
Bouquets, soeurs crépusculaires à jamais immortelles.
En certifiant l'avenir...
La pensée archaïque est déjà déchue
- plus jamais recherchée en osmose de grandeur -
Ce qui la détermine et peut la distinguer, est-ce
le fruit d'une évolution ou de la transformation d'une époque
achevée ?
...Tout cela était le fait des choses d'autrefois et
semblait soumis à disparaître quand des parcelles
or ou dorées s'échappaient du Néant, et voulaient
remonter à la surface du renouveau.
Les uns coagulés aux autres par l'esprit de synthèse
proposaient des solutions aptes à être exploitées.
Tout à coup des choses furent que certains allaient
chercher. La certitude ancienne continuerait à disparaître.
La certitude nouvelle allait s'imposer et offrir par la voix
des disciples de nouvelles propositions enrichies.
Les bleus irisés
Voltigeant en ombre impossible, et là un vertige
En prise aux rires clairs et limpides. L'or
S'égare en compensations de matrices ivres. On
Intègre la sève. La plume serpentine est une
Sonate à éclore. Tout est donné au léger.
Voilà les rares couleurs, et la fugue tout à coup
Disperse ses cris et ses raideurs. Ici
Ce sont bas-reliefs construisant la chaîne des
Inédits. Les danses fougueuses s'émancipent dans
La joie. Il semble suspendu à un corset
De cuir. Le délire mental est une partie intéres-
Sante à considérer.
C'est encore le beau métabolisme
Du poète en folie. La lyre s'émancipe peu à peu
Dans une tournée d'orage à dépeindre nuitamment.
Les chapelets grège
Comme pour osciller dans des chapelets grèges,
Enfouissant la violence qui se dévide nuitamment,
Là, au calme, aux portes d'un Ether, la volonté-fièvre
S'apaise tout à coup. Apeurée, en
Boulimie de douleurs sauvages, la pensée
Synthétise de nouvelles audaces et prétend déployer
De rares absurdités.
Sont-ce des instincts
Clairs en tête empierrée qui suintent et
Offrent des moisissures de produits inhérents,
Incohérents à la conscience pure, par effets
Compensateurs, sous une sorte d'analyse aléatoire ?
L'esprit résout en sombres traverses et souffle
De basses subtilités qui s'imprègnent bêtement
Sue la page empestée de noires candeurs poétiques.
Nouvelles laitances
Le jeu s'allonge à deux ? En post-beauté, si
Le feu montait ? - Distinguant mes attributs,
Je te reprends à califourchon déplaçant nos
Scandales de vices endiablés. Sous une gerbe
De laitance, je me déploie et tu gémis encore.
Je plonge dans l'obscurité.
Calfeutrant mon front,
Je prétends m'endormir. Je me régénère encore.
Je lance dans mon vide des fantasmes obséquieux.
Pourquoi accélérer l'apothéose quand la chair se
Retient et implore le plaisir ?
Vers ton Néant, vers
Ton orgasme où le feu est un éblouissement
Cérébral, mais retombant encore dans mon ridicule
Poisseux accumulant souffles, relents et fatigues
De l'âme. Le tout est encore à recommencer.
Nostalgie
Dans cette bleuité s'éclipse sa transparence ;
Ici sous le ciel lumineux s'éteint son propre
Désir. Infiniment en toi, je sens mourir
Ou s'épuiser ton sanglotant soupir qui me
Rappelle les lointains de l'enfance d'autrefois.
Qui s'élève en ce lieu pour un rayon d'opale ?
Avec tendresse là, je crois aimer
Le baiser le plus doux. Inaccessible belle, frêle
Aux larmes qui jonchèrent le long de ma jeunesse,
Me seras-tu beauté d'hier aux heures perdues ?
Le voile du temps recouvre lentement mes souvenirs,
Ce qui était n'est plus, disparu dans l'ivresse
De l'oubli.
Tout est nimbé de transparence,
Et la mouvante lumière confond ses subtils nectars.
Les créatures princières
Là-haut, atteignant quelque force - englué
Dans une silhouette de femme qui me désespère
Constamment. Quand la nuit bascule en forme
De rien, quand les blocs erratiques s'écrasent
Dans mon âme, je dis :
- Déplace les idéalisations
De beautés pures, ceci est un solstice d'été !
Chantant, hurlant, implorant des idéales crépusculaires,
Je crois gémir encore et je me désespère éternellement.
D'autres sources : - Supplie en mars,
Là, lèche contre la blessure - c'est une créature
Engluées de forces maléfiques qui veulent détruire !
Tu dois te libérer. Blottis-toi dans l'extravagance
Délire encore. Fais de ton mieux. Là-bas
Sont les exploits fabuleux des créatures princières.
L'éventail circulaire
Reconnaissant son propre système, s'en inspirant
Encore, il gémit quand viennent les cendres de
Mai. Apprendre à maîtriser la force conti-
Nuelle. Quelles dépenses d'énergie orientant
Son impossible exil ! Que la beauté du
Non-ordre fracasse cette pensée auréolée
D'objets concentriques dans les moiteurs âcres
D'une nuit bariolée !
Retourne l'objet - il est en lutte.
Déplace ta rancoeur - elle se déploie encore.
D'autres lumières circulent - il faut suivre
Les bords. Vrai ! Des sources circulent et semblent
Des flux fictifs dans une mémoire qui abonde.
La volonté profonde, la vérité du soleil ex-
Priment encore l'épanouissement de l'éventail circulaire.
De toujours
De toujours s'enflammer dans des désirs obscènes.
Pénétrant cette porte et tu demeures à l'extérieur.
C'est de la folie ! Cette fluidité t'est déjà soumise.
Demeure en. Partage l'impossible. Sois dans l'interdit.
J'exige le Néant - ce Néant. Tu m'indisposes.
L'effet à venir est une esclave absurde.
Ombre pure, ombre vaine - et c'est grande déchéance
que de se morfondre dans cette aberration.
L'analyse potentielle se déploie dans ses carcans.
Il se déploie - pense - pense autrement -
et son ample lumière est une source d'orgie.
Il explose en délires obscurs, en ivresse d'extase
comme un magma trop lourd - vrille, souffle,
expire ou dégouline encore. Apaise-toi.
En toute gourmande
Qui m'entraîne en ce lieu ? Qui eut peur de ces
Faibles pensées primaires, sottes, inutiles et
Stériles ?
C'est à lécher en toute gourmande de se dire :
Je suis à atteindre. Ceci est mon ultime
Espoir.
Et le tout va et balance dans des audaces
Extravagantes. Quel beau morceau d'art classique
Que ces audaces incongrues !
La jeune alerte exprime
Tous ses désirs. À la hussarde ou au hasard.
Elle crie : " Ce sera toi, l'amant s'écroulant dans
Des torches flamboyantes. Tressaille, contente-toi de
Ces seins pour toute tentation ou dévale en moi par
Toutes les manières. Je veux, veux m'épuiser jusqu'à
L'orgasme perpétuel et m'occire dans des poses virtuelles,
La finalité étant de voler quelque peu ces nuages instables.
Procédés
Je dois procéder par extases impossibles ou encore
Me dilater avec ces sorcelleries admises
Et ces simulacres absurdes - c'est-à-dire : il me faut
Plonger dans l'abîme clair, effectif et vivant avec
Le fantôme de l'autre qui se déploie éternellement,
Avec incantations magiques - éclairs et fantasmes
De l'interdit.
Sera-ce souterrain comme de décrire
Un devin - un spectre auxiliaire participant
À la nuitée dans l'absolu ?
Au nom de la révolution
Barbare, quels signes, quelles disparitions tout à coup
Pour se morfondre dans l'absolu et le dérisoire ?
Ton corps le sait. Ta pensée l'expulse.
Je vais faire disparaître le pervers
Et le diabolique inopérants. Ceci sera pour notre amour.
Claire
Claire qui n'y est pas - et pour s'entendre dire :
Je suis en toi exténuée, avivant mes valeurs,
Suppliant mes extases - tu sais combien je t'aime !
Dans mes cheveux rugueux, ce sont de nobles diadèmes
Un pur étalement de boucles soyeuses.
Je dors en douceurs fertiles, désable-moi dans
Tes audaces - je te supplierai à genoux.
À la fois dégagée des candeurs d'autrefois
L'air est moite et je mue dans mes filtres chauds.
Ou nue sous ta corde, endiablée et soumise
Ton pied contre ma joue, j'invoque des belles
Extases, j'aboie, je lèche, je quémande.
La condition de celui qui sait humilier. Tout
Gémissement nouveau est un plaisir à satisfaire.
Par cette fente
Par cette fente - profondément
Sur l'étendue où ça s'écarte
Le droit à la puissance - le
Rapprochement de deux chairs
Là où se pensent les orgasmes à
Satisfaire - l'homme y abdique
En gémissant - c'est la promesse
Du donnant-jouissant à deux ou plus !
Pour ignorer le temps dans un feu
D'éclairs. L'immense clarté vers
Un puits profond avec ébats pour
Le conscient pas-là. Suppliant
Elle veut toujours jouir. Errer
Dans l'ivresse de l'orgasme, au-delà. Oui.
La ramée
Exigeant, avivant quelque nouvelle force,
Les blocs lourds s'écrasent nuitamment. La pensée
Solaire offre d'autres conjonctures. Tout suinte
Sur le levant crépusculaire. Ce sont des enchâs-
Sements, des sifflements acides.
Ce sont encore de vaines aubes espérant un lointain
Scintillant fait d'audaces cérébrales et d'ap-
Plications interdites.
Pourtant un niais prétend
Sous son vitrail multicolore substituer une essence
De fleurs belles - il prétend de ses doigts purs
Manier l'ombelle et le souffle haut.
Qui cherche
A se supplanter dans les mirages impossibles, à
S'imposer dans les clartés aigres de son audace ?
La ramée oscille en signes distinctifs et incompris.
Le porte-fièvre
Vacuité en porte-fièvre de décide-toi là.
Fils d'or et d'instinct - au loin, des spirales
Dorment encore. Ce sont des filaments clairs
Sur une sorte d'éther cotonneux. Plus subtils,
D'autres cercles, au loin diaprés, comme
Phrasés, émanents, à l'infini.
À présent,
Violence qui synthétise des noirs et des embruns.
Sous une laitance dense avec vols et émois,
Post-beauté pour la tourterelle voltigeant
Dans la vitesse de ma pensée.
En mai, de te
Reprendre dans mon espoir dégarni pour te subs-
Tituer en quintessence impossible.
Dialogue apeuré
De : offre-toi en meilleur. Creuse, entoure cette
Energie d'écriture, subtile poésie incomprise.
L'orgueil du purifié
Nuit, enfin. Nuit pour ouvrir ? Si long en si peu. Toi, avance.
Se dresse l'abîme au plus profond des ruines,
Enfouie dans la mémoire du temps.
Quel avenir pour l'âme ? La certitude s'efface.
Dans l'invisible, il ne reste rien.
Tu prétends au murmuré - d'élan soufflé en volatile insignifiant.
Tu respires une forme qui se meurt sans substance ni matière,
Pour une intelligence immobile fuyant la clarté des choses.
Tu vois, je suis indivisible certain que la durée disparaît
Dans ce mensonge de création qui n'est pas.
Scintille ici et là dans tes sinistres clairières. Dévore en mon
sein tes futures offenses. Moi, je m'octroie la sublime lumière
qui avive en ma chair la limpide fluivialité - loin des eaux
dégoulinantes de sang et d'excréments. Tel est l'orgueil du purifié !
Fluides clairs
Ce flux de fluides clairs
De pensées aiguisées par le sens
Vivifié par le présent proche,
Bat en elle et compose le futur
Elle plonge au plus obscur
Se retrempe dans son Néant
Ignore toute transparence
Se déçoit dans sa vélocité
Fustigée, méprisée
Elle se targue de soi-même
Se déploie dans son infini
Elle implore la lumière
Supplie l'espoir d'un au-delà
Sachant son avenir meilleur
Nuit noire
Nuit noire et pourquoi tout à coup
Faut-il se corrompre
Tout conspire dans la basse lumière
A n'être rien
Eclats de salives blêmes
Qui défait l'écheveau du cerveau
Miroir de feuille difforme
Qui nie et renie l'objet créé
La pensée s’échafaude
Dans le Néant subi
Une flambée d'injectives croit encore
A l'idéal poétique
La chute, le puits - constats médiocres
Dans l'éphémère à effacer
Apparences
La poudre de printemps
Tes chevilles, jeune fille dans ta poudre de printemps
Fille élancée, beauté particulière, avec ces avancées hautes,
Altières, et glus de sang au fond de toi
Dans maints rêves, est cette fille svelte
Je te vois légère sur tes pieds nus
Le bleu de l'étoffe caresse ton épiderme clair
S'y jette une pluie de pourpre, de lumière et de feux
Entrecroisés encore
Le tout forme une seule ombre avec ton sourire
De menthe douce sur ton visage
Tu es mon éden, cette floraison de vignes
Dans la beauté de l'idéal
Et moi, je te supplie humblement dans l'incandescence
De ma vieillesse, me soumettant encore
Les belles pertes
D'un corps se dodelinant dans les charpentes
Corps mugit sous longue suppliante
D'un corps se souvenant de ses jouissailles
Corps dessous avec abstrait
Ici c'est la symbiose du plaisir
Avec râles et mugissements
Prières également
Le déplacé pour te souffrir
Pour t'imaginer telle autre
L'effort du plaisir est un ordre à venir
Toujours en moi, te finissant - voilà mon idéal
En folie de belles pertes
L'immobilité éternelle de ces fleurs feues perdues
Dans mon délire est un orgasme à obtenir
Modèle dit :
Modèle dit : de penser autrement
C'est ça : flotte et vacille dans l'entrepôt
ou les déboires
Du moins pour l'obtenir ce son avec sa cloche !
Le fou fusionne pour sa chimérique
impossibilité ~ de tendres rumeurs ;
L'idée du soufflé avec du vent
par-delà les airs
Il suinte de la poussière grise
Sur tes cordes vocales - croasse encore
L'intuition relative et l'idéal du chant
Tu grinces, petit souffle, et cela est
Médiocre dans ta rauque inaptitude
La conjoncture des fleurs est-elle meilleure ?
Les arrêts songeurs
Par arrêts songeurs, invoquant un
Procédé de placages d'images
- De ça pour ça, d'imitations -
De dérivées admises, audacieuses parfois
Ils soudoient avec l'ombre qui plonge
Et va au crin de la langue, ces poètes
A risque - rétrécissant leur fureur
Dans la poussière de la malversation
Esotérisme cérébral, ô poètes blessés
Qui s'envolent avec violence parasitaire
De rose pour surplomber le marécage
Infâme du Néant où clignent quelques
Appels désespérés, pâles lumières torves
Dans l'incendie spirituel de l'âme
Elle, égarée et nue
Elle, égarée et nue en jouissances saccadées
Suspendue, écartée, en toi, fleurissent tes odeurs
Elle s'immortalise dans mon foyer interdit
Elle possède des dons surnaturels
En spirales de fille prise qui accouche
Perverse, tu dois déglutir en saccades de rots
Et de plaisirs insignifiants - du moins pour le partage
Elle espère constamment que sa résistance s'achève,
Qu'il supplie humblement la fin de ses soupirs
Toute la nuit, elle a pensé l'étrangler
Fais la circuler - écrase-la avec ses spasmes
Et ses désirs - elle accouche ses grains
Et ses raisins, rossés, en spirales.
Ton ingénuité est un orgasme. Défends-toi avec tes reliques.
La saillie
Attaché à la chair de l'autre
dans ta saillie avec représailles
Il arrache des cris sublimes
à ce huis clos où la douleur revient sans cesse
Il se heurte au combat cérébral
Elle console de la vie, elle la dévide
en jouissances fugaces de conscience suspendue
l'abrutissant avant de l'endormir avec des maux
Renverse-le sur le flanc de tout son poids
pour contrer sa résistance
Dans la douleur installée, réveille-le encore
Elle espère constamment que sa résistance s'achève,
qu'il supplie humblement la fin de son plaisir
Toute la nuit, elle a pensé à l'étrangler
Sa thyrse
Au milieu du sens,
Qu'en est-il ?
Elle est son mystère,
Sa thyrse !
Coffre de l'Inde.
Il a ses replis,
Il alimente ses phosphores.
Voit-il sous ses vitres ?
Il hante sa mémoire,
Vit d'hallucinations.
Il imagine un ruban
Pour sa pensée.
Elle s'échappait dans le désir
Il la revoit éternellement
Les subtilités perverses
Ce sont encore de subtilités perverses qui se déploient à l'infini.
L'ère des bactériennes et des velues étant révolue,
Pourquoi s'attarder si chétivement ?
Elle s'avise à qui mieux mieux dans le dortoir des Novices.
Je la sais quémander un exutoire pour sa jouissance.
Elle est au bas étage du plaisir et se prétend sublimée.
Défroqué, dénudé ou en costume repeint,
J'exerce cette saveur comme un chant détestable.
Il se voulait esclave, soumis à la pulpe crémeuse
Volant des idées chères à la destinée...
Je fus dans l'ordre impalpable, regrettant
Les idées mêmes, calfeutrant mes pensées.
C'est toujours la couleur claire qui offre ses aumônes.
Délaisse ces instants - cela ira mieux.
Certitudes observées
Il est ridicule de s'éterniser
Le chemin du discours ne mène nulle part
Ici le sac est envoûté
Une suite de rimes à oublier
Qui peint des racines à l'infini
La buée s'accumule dans des fentes diverses
La chair est impossible
Le silence t'effraie ! Et à quoi donc ?
Tu te divertis dans ton propre piège
Seul là, seul, à se jeter sur la Croix
Je veux pour abolir le silence
La fascinante apothéose du Néant
Ton corps en nudité est un triomphe
L'achèvement est une issue
De toi
De toi, dans ton plus limpide
Existant à travers les saveurs
Avec plus ou moins d'étincelles à démêler
Inventant le crime, publiant son exploit
Ici tout est pour le Haut
Reconsidère ma motivation
J'exploite d'obséquieuses vasques de plaisir
Avec l'horreur qui pullule
Toi, encore, en fadeurs d'aigre fin
Démêlant le vain plan, bariolant les couleurs
Conçois dans le supérieur et adule-toi
Je veux mourir nuitamment
Dans le principe de l'amour clair
Déplaçant mes espaces vers d'impossibles inconnus
La faible intensité
C'est la faible intensité
Qui appelle !
C'est affaire de saveurs !
Je me conduis dans l'euphorie,
J'élabore la théorie belle.
Aspiré vers le plus,
Puis-je espérer encore ?
Je plonge dans la brume
Qui m'enveloppe déjà.
Renforce-toi avec tes nuages.
Le Sel élabore sous peu.
Le soleil est désir expirant,
Je soupire malgré lui.
La lumière supplie l'Opéra.
Qui suis-je ?
Ma gloire, est-elle illimitée ?
Gloire d'objets fangeux et inutiles,
Silhouette de prêt-à-porter stupide...
Que m'inflige cette mémoire ?
- Du moins, quel rien à décrypter
A recomprendre ou à reconsidérer
Autrement ?
J'espère de nombreux caractères
Ivres et nouveaux - différents.
Je surabonde dans mon enclos invoquant
Quelque possibilité passagère. Ma trace
Est commune. Je me confonds et je déchiffre
L'interdit d'autrefois où des empreintes
Immortelles apparaissaient ici et là. Qui suis-je,
Là dans la portée de mon interrogation ? Oui !
Scintillation des choses inouïes
La scintillation des choses inouïes
Les fleurs parvenues à leur extrême
Les exaltations dans la blanche rumeur
Les surprises soumises à des délires suprêmes
Soumets-toi à l'offre des absurdes
Allonge-toi dans les ténèbres mêmes
Là sera ta jubilation, ton délire d'orgasmes
La reconnaissance des fleurs fanées invisibles
La double vague dans le berceau des langueurs
L'impromptu à échoir dans le délire des lumières
Et qu'est-ce encore pour nos jouissances infinies ?
Ho ! Beautés inconnues tombées dans le vide
Tel est notre étrange mystère dépourvu
De tout vice, expliquant l’immense difficulté à vivre
L'étendue silencieuse
Au faîte d'une étendue silencieuse
Implorant le plaisir de mieux apparaître
Implorant - implorant toutefois
Aspirer la chose semble nécessité
Sexuelle. Mais il y a des délires
Et tout tangue - tout est flammes
Dans ces folies physiques !
La beauté
Revient de loin, soumise, prise et reprise
Dans les châteaux de l'estime - oui.
Elle aime encore - elle reçoit et gémit
Quand l'homme superbe et conscient
Agite la folie passive de l'orgasme futur
C'est selon : de toi à moi - subtile
Ou perverse, gémissant, quémandant enocre !
L'étendue impossible
Au faîte d'une étendue impossible
Avivant quelque saveur interdite
Tu vois, je tombe et succombe
Espérant quelque essai supérieur
Dans l'Eternité d'un ciel ténébreux
Elle est là qui gémit et supplie
Qui implore l'Idéal interdit
Mais qui, en vérité, n'obtient rien
Je propose une folie autorisée
Douce, abstraite, chimérique, royale
J'essaie d'exister dans un possible aléatoire
Mes horizons gémissent dans la gloire
De n'être pas - mes lèvres vicieuses quémandent
Des perversions bizarres - je suis là où tu n'es pas
Le talisman
L'Usure a soif
L'Usure à défaire la laitière
Au plus profond de toi,
Je sens un mal définitif
A toujours te travailler
J'espère nos pluriels dérisoires
Clauses de nos désirs interdits
Je cherche l'abondance
De nos jeux obsessionnels
Ce sont des outils quotidiens
Implorant des délires, soumis à des désirs
Gémissant toutefois
Je m'en remets à ton talisman
Quémandant de nouvelles querelles obscures
Les chiennes idolâtres
Et là dans l'étouffant silence
Avec divagations perverses
Soumis à l'inconnu, le corps espère
Le corps gémit - fouet après fouet,
Coups de suppliques et d'implorations,
D'obéissance et d'extase également.
Je souffle et soupire, le collier à la bouche
Dans cet espace éclaté où les gémissements
Forment l'ordre, où la chair implore
Et se débat dans des audaces perverses
Pour jouir plus fortement encore.
Mon horizon
Sadique abat leurs muqueuses - ce sont
Des chiennes idolâtres quémandant des hurlements
Lascifs - je les lèche et les supplie encore.
Apparence de paysage
Au seuil de l'apparence
Suppliant entre nous deux
Ta durée semble vague
Infiniment partagée
C'est le clair de l'eau qui flotte
Entre ses lagunes, c'est la tièdeur
Que le vent dissipera
Le bleu s'évade doucement
Nulle terre n'arrchera le silence
Nulle plainte cependant n'apparaît
Le tout est parade de révolte ???
L'intime s'exprime, exulte
Ses douleurs rouges incendiées
Avant qu'un paysage ne flamboie
L’utopie
La scintillation des choses inconnues
L'amertume abjecte infligée à ton corps
Le réactif stupide refusant les deux pôles
Et la grandeur glacée soumise au râles infectes
Tu vois : de tous côtés, tout est médiocrité
Je te dévoile dans ton impossible à atteindre
J'exulte toutefois, espérant ton orgasme
Je me défais dans des circonvolutions stupides
J'invoque la grandeur d'un Dieu de me voir autrement
Encore : je pousse outre mes folies pour te plaire
Malgré ton mécanisme, je spécule encore
Je sévis sous des persécutions douteuses
Je suis entre l'éanarque et le consubtantiel
Réveillant les morts, croyant parfois à mon infini
Les perceptions
C'est la portée des perceptions - tout est
essentiellement sourd.
Il s'agit de savoir comment l'humeur glisse.
Dans les méandres abjectes, la pensée demeure.
Déniaise-toi dans ton plus haut.
Les solutions absurdes te sont déjà offertes.
Elles renforcent le rythme et l'attention -
c'est pour le projet de l'âme ~ inspirée
en décomposées - pour jouir - évidemmment.
Des idées syllabiques engendrent
des formations douteuses - je vole dans ton éclat
et m'accoutume à tes silences.
Ils m'indiquentla sphère à porter. Je m'habitue
à tes délires y observant une force de bonne aloi.
La main alerte
Avec la main alerte
Histoire de penser : je puis écrire
Tentatives pour produire autrement
Ce sont des arabesques graciles
Avec labyrinthes fangeux
Je sais : je suis un précurseur
Sans être savant
Le circuit va en forces progressives
Le nerf est à la dérive
En s'épuisant nuitamment
J'efface le chemin circulaire
Je doute du nouvel avenir
Va, eau vive de mes idées
Ton exutoire sera meilleur
Profession : Poésie
Par maintes feintes
L'esprit peut exprimer son calcul cérébral
Je délaisse les services
Et me répands dans la folie industrielle
C'est vrai : je suis un géant
Et j'engrange des nullités d'extase
Dans l'envahissement de mes pensées
Sous ce ciel bleu turquoise et infini
J'idéalise un segment de ma vie poétique
Et je déclare des feux obscurs - là,
Très à l'intérieur
Mon fonctionnement est incompris
Je suis un inutile - le cas à condamner
J'essaie de vivre, pressé par les extrêmes
La grâce futile
Penser par là - on peut supposer
Avec la grâce futile ou le baiser discret
Question de lumière tamisée
Le chemin est de travers
Mais l'onde s'esclaffe nuitamment
Buttées dans ces massifs noirs
Où nulle éclaircie n'encourage le lecteur
Il entre dans une spécialisation lointaine
Le présent côtoie l'indécis
La forme des ombres se déplace
La vérité s'enchaîne
Sur ces lieux, jamais assouvi
Il est dans la rigueur
Le réel déploie une autre forme impossible
En plein affrontements
En plein affrontement d'oiseaux dévidés
Turgescences d'orgasmes
Et pensée soulevée par l'infâme clameur
Tu vois : je me défais selon
Ils sont yeux rouges arrachant les étoiles
Eveillant des rêves obscurs
Dans l'effroi du Néant
Que faiblesse qui trahit un peu de chose feinte
Mais buttant contre les nuées
Tous ces combats s'avèrent perfides
Les voilà succombant dans l'espace broyé
Dispersant leurs clameurs, leurs souffles et leurs râles
Par l'obscurité des choses infinies
Je tremble encore fuyant mes horreurs
L'autre rivière
Je te transporte dans la plaine
Croyant à mes blessures
Tout est intact et calibré dans les coins
Ce sont des monstres d'investitures
Cherchant bestialement l'impossibilité
du vrai - cherchant - cherchant encore -
mais allant dans le Néant, en vérité.
Ne tremble pas - une autre rivière t'est destiné -
ce seront tourbillons et écumes - phares transférés
vers l'Eternel.
Il te faut croire en moi - ceci n'est rien - croire en moi
Voilà les torrents projetés indifféremment
dans l'aléa de l'inutile - en contre-pensée,
pour la vérité, exactement
La quête du vrai
Je te transporte dans la plaine
Croyant à mes blessures
Tout est intact et calibré dans les recoins
Ce sont des monstres d'investitures
Cherchant bestialement l'impossibilité
du vrai - cherchant - cherchant encore -
mais allant dans le Néant en vérité
Ne tremble pas - une autre rivière
t'est destiné - ce seront tourbillons et écumes -
phares transférés vers l'Eternel
Il te faut croire en moi - ceci n'est rien.
Crois - crois en moi - ceci n'est rien
Voilà les cailloux projetés dans l'indifférence
de l'aléa inutile - en contre pensée - pour la vérité
Les flocons-éclairs
Vers quelle marche il s'ensuit ?
Ruines, déchets et fossiles !
Vers quelle porte inutile ?
Détruit et quelle souffrance stupide !
Le modèle est très loin, ailleurs
Tes yeux sont le symbole de l'impossible à atteindre
Il y a le trouble avec les flocons-éclairs,
avec la contrainte, dans l'absurde
Chercher l'exil paraît heureux
Poursuivre est le but à atteindre
Au plus profond, toujours en soi
Le chemin n'a jamais existé
Passer par là et fuir vers l'infini
Pour s'engouffrer dans nulle part
Les aléas chimériques
Là dans le jet et le supplice pour surabonder en déficience,
avec l'esprit malsain pour fuir à grande vitesse.
Je dois vivre, vivre dans un ghetto et délaisser les orgasmes
irréels qui constellent mon palais.
Ma vie est un tracé de supplices où j'essaie de jouir,
de jouir encore - je sais : vous me comprenez.
Pousse, force, insiste, m'explique l'esprit qui veut m'offrir
le plaisir.
Quel plaisir ? Une finitude absurde auréolée d'aberrations.
Je sais : j'espère et je gémis encore.
Avec le plus grand. Je renonce à quelque solution nouvelle.
Je quémande l'Au-delà de mieux faire. Je me morfonds et
je tergiverse dans ces aléas chimériques, dans ces douces folies
implorant un avenir meilleur.
J'imagine un motif
Produire pour être et paraître
Dans la dignité de l'être-rien
Je voudrais tant me soustraire à l'injustice
Mes soumissions me semblent inutiles
J'ai besoin de m'entretenir avec des structures
Le tour du Néant est un mal à admettre
La tendance est passagère mais elle se noie sciemment
Je dois me répandre dans des morphismes absurdes
Le nouveau système est un principe stupide
J'ai besoin de délaisser cette matérialité abjecte
Le nu est inventif
Le long de mon pénis, la chair m'apparaît vaine
Il faut déduire un nouvel impossible,
Au-delà du crédible - j'avance sous peu
Autre fièvre
Est-ce fièvre happée
dans les crimes et les nuisances ?
Et là au fond de moi,
que sont-ce que ces tourments ?
La belle partagée
avec nectars avivant des douceurs claires,
noyée dans sa fraîcheur matinale
je la sais soupirer faiblement
Voici des fruits chargés de parfums,
puis des lavandes vagabondes courrant
au milieu des fleurs
Peut-être est-ce fortune d'aube ?
Tout un empierrement de pensées
s'exhale lentement.
Les Bacchantes
Est-ce fièvre berçante
dans les soubresauts de l'inconnu
Ou pensées flamboyantes
tourmentées, mises à moitié nu ?
Elles sont lointaines et solennelles
et s'attribent l'injuste bu
Elles chantent dans les sombres tavernes
ou se répandent dans les rues
Les voilà immenses et ignobles
s'attribuant de sinistres rôles
Sont-elles femmes Bacchantes
à prendre, à lécher ou gémissantes
dans ces sublimes fêtes orgiaques
ou le plaisir est supplicié ?
TABLE DES MATIÈRES
Préface au Grand Livre des Sonnets
Recueils ayant participé à la composition de cet ouvrage
L’huile fraîche Le germe et la semence Le moût et le froment
Le manuscrit inachevé Parfums d’apaisement La racine et la source
Le sac et la cendre Le buis et le houx Le grain et le regain Le lin et la laine P 12 Collages Losanges
Prières - Phrases – Exil Sachet d’herbes Douleurs extrêmes Sueurs sacrées, éloge de l’orgasme, la faucille sanglante Le livre blanc Les sonnets 84 Grappillages Souffles Nouveaux I Souffles Nouveaux II Messages I Messages IV Le sac et la cendre Parfum d’apaisement La racine et la Source Les interdits Douleurs extrêmes Messages VI Résonances I Résonances II Résonances III Résonances IV Résonances V Résonances VI Le grain et le regain Suites/Relances Pièces courtes Suites/Relances II Suites/Relances III Suites/Relances IV Le Lin et la Laine Pièces courtes Résonances I Résonances III Résonances IV Suites/Relances II, III, IV Pensées sculptées Endormies sur le feu Rajouts de Pièces courtes Les roses ensevelies Les miroirs obliques Déviances Substances et
Distances Variances Apparences